Le street art, une discipline unisexe

#EPJTMV À Tours et ailleurs, les femmes ont largement leur place dans le graffiti. Peu importe le genre de l’artiste, ce sont les oeuvres qui comptent.

« Dans les années 80, j’avais juste le droit de tirer les chariots avec les bombes dedans », raconte Gil KD. Après avoir commencé par des petits collages de filles aux détails rouges, elle peint notamment des femmes asiatiques et africaines dans les rues de Tours. Aujourd’hui mère de famille et infirmière, Gil KD assure que la situation a bien évolué pour les artistes féminines. Bien qu’elle regrette une moindre médiatisation.

« Beaucoup ont pris des blases non genrés. Souvent, on ne sait simplement pas que ce sont des femmes qui signent », explique-t-elle.

Ce n’est pas le choix qu’a fait l’artiste Madame, native de Tours, qui baigne dans le milieu depuis une dizaine d’années. Elle tombe dans la marmite alors qu’elle photographie la nuit un graffeur en pleine action. Un jour, il remarque les petits collages que la Tourangelle réalisait seule depuis longtemps. C’est le début de l’aventure.

 » Ce qui compte, c’est l’art « 

Pour Madame, le genre n’est pas un sujet dans le graffiti. Elle insiste : « Ce qui compte, c’est l’art, et non pas de savoir si c’est fait par un homme ou par une femme. Il y a plus d’hommes, c’est sûr, mais je n’ai travaillé qu’avec des gens curieux et bienveillants ».

Des graffeuses Luciole à Cria, elles sont plusieurs à avoir coloré les rues de la ville. Trois femmes sont également bénévoles à la tête de l’association Le M.U.R, qui met en lumière l’art urbain à Tours. « Les femmes ont souvent des messages ethniques ou féministes », ajoute Gil KD. La peinture reste et c’est ce qui compte.

Madame, qui s’est depuis professionnalisée à Paris, n’entend pas oublier la rue pour autant : « Il y a le côté pro, mais ça me tient à cœur de ne pas oublier d’où je viens artistiquement parlant ». Ces artistes espèrent avant tout que Tours continue de s’ouvrir au graffiti. « Ça me gênait quand je venais à Tours de ne pas voir d’œuvres dans la rue », reconnaît Gil KD. Aujourd’hui, elle pense aux futures générations : « L’art de rue est un éveil sur l’art pour les mômes qui passent devant. »

Dossier réalisé par Élias Insa, Sellim Ittel, Zeïneb Hannachi, journalistes en formation à l’Ecole publique de journalisme de Tours

Photos : Mathilde Lafargue, Kelvin Jinlack

Laurence Dréano expose à Saint-Cyr : « Je sculpte des femmes qui portent le monde »

L’artiste tourangelle Laurence Dréano expose cinq années de création et de sculptures de femmes aux formes voluptueuses.

Laurence Dréano exposera à Saint-Cyr-sur-Loire (Photo Flore Mabilleau)

Depuis quand n’avez-vous pas exposé ?

C’est ma première exposition majeure depuis le confinement et je l’attends avec impatience ! Cette exposition – pour laquelle on m’a donné carte blanche – est prévue depuis deux ans. Je vais montrer plus de 50 œuvres, représentant 5 années de création, avec des petits formats – comme mes créations en verre de Murano – des grands formats, dont une sculpture inédite de 3,70 m qui s’appelle Retrouvailles.
Mon livre Aquarelles et Conversations qui rassemble les aquarelles que j’ai peintes chaque jour durant le confinement, ainsi que des textes, sera aussi dévoilé. J’ai beaucoup travaillé la mise en scène de cette exposition. Les visiteurs pourront notamment découvrir une salle immersive de mon univers, grâce à une fresque de vidéo mapping.

Quel est le fil conducteur de cette exposition ?

C’est toujours l’idéalisme, l’élan, l’accueil, l’optimisme, toutes ces valeurs considérées comme désuètes et fleur bleue. Mais mon discours a aussi un côté féministe. Depuis mes débuts il y a 15 ans, je sculpte des femmes qui portent le monde. Elles sont maternelles, légères, mais aussi fortes !
J’ai travaillé sur Olympe de Gouges pour la maternité du CHU de Tours. J’ai réalisé L’Insoumise, en 2014, dans le cadre d’un programme de résidence sur les droits des femmes à Notre-Dame-d’Oé, j’ai travaillé sur un poème d’Andrée Chedid défendant la liberté… Cette nouvelle exposition s’appelle Les sens i Elles, fruit du questionnement sur ce qu’est notre essentiel, après cette période de confinement, et sur la place des femmes dans ce monde.

On compare souvent vos sculptures aux Nanas de Niki de Saint-Phalle…

C’est une belle référence à une artiste qui a défendu les droits des femmes, même si notre travail n’est pas du tout le même, à de nombreux égards. Mon père, architecte, a fait les Beaux-arts à Paris la même année qu’elle et mes premières découvertes de la sculpture, sont les siennes, au Palais de Tokyo, où l’on entrait carrément dans ces femmes, ce qui m’a sans doute marqué. Mais son œuvre est très violente, très revendicative. Or, il n’y a aucune violence dans mes sculptures, au contraire.

Propos recueillis par Flore Mabilleau


> « Les sens i Elles », du 24 septembre au 11 octobre, au Pavillon Charles X, parc de la Perraudière à Saint-Cyr. Vente aux enchères le 25 septembre, à 18 h 30, au profit de l’Association pour la Recherche sur l’Autisme et la Prévention des Inadaptations (Arapi).

 

L’artiste Pio croque la vie comme ses dessins

Les galeries d’art tourangelles exposent souvent des noms bien connus dans le milieu mais parfois, aussi, lancent des petits nouveaux, aux parcours singuliers. Pio en fait partie. Autodidacte, le dessin n’est pas son métier mais sa passion. Le jour, elle travaille dans un club de rugby. La nuit, elle dessine. Son trait est frais et réjouissant tout comme sa personne. Rencontre.

Elle est de la nouvelle génération d’artistes, celle qui se lance sur les réseaux sociaux. Instagram et Facebook l’ont fait connaître auprès du public et du monde de l’art tourangeau. Qu’elle s’en souvienne, elle a toujours dessiné. « J’ai fait des arts plastiques au lycée mais je n’ai pas poursuivi car ce n’était pas un métier pour ma mère. »

Aucune frustration pour autant, Pio est du genre positif et si elle s’occupe de comptabilité et de secrétariat au sein de l’US Tours rugby, elle s’épanouit totalement dans ce milieu sportif. « J’ai besoin de voir du monde ».

Une artiste pas seule dans son monde et la tête sur les épaules. La nuit, elle développe son univers créatif et poétique, lorsque sa fille de 7 ans dort enfin. En fait, Pio s’est vraiment remise au dessin il y a deux ans, avec sa fille, qui tente parfois de l’aider sur ses œuvres mais « se voit opposer un refus à son grand désespoir », s’amuse-t-elle, la voix douce. « C’était comme s’il me manquait un truc avant dans ma vie et que j’avais enfin réussi à exploiter mon grain de folie. »

Un stage à l’atelier Célavie et ses premières œuvres se retrouvent sur les murs d’un magasin de tapisserie, SOFA. Puis son frère, musicien, mixait au Citizen, dans le vieux Tours et voilà ses œuvres affichées dans ses lieux d’expos alternatifs.

Prise de risque gagnante

« Et de fil en aiguille, c’est le mélange des rencontres. Pour moi, la Boîte noire est la référence artistique à Tours du point de vue de l’originalité des œuvres et de son large éventail. C’était là que je voulais exposer. J’y traînais souvent pour voir ce qu’il s’y passait et puis, un jour, j’ai osé demander à Agathe comment on faisait pour exposer chez elle. J’y suis allée au coup de poker. »

Une prise de risque gagnante. Elle vient d’y être exposée pour les Petits formats de janvier. Des œuvres « qui tournent toujours autour d’un personnage, avec la thématique de l’enfant, de la femme et de l’oiseau. Je suis dans l’expression intuitive. » Un mélange d’encre de Chine et d’aquarelles « aux textures aériennes ».

Le côté élitiste de l’art ne lui parle pas. « Je suis ouverte et je veux partager mon plaisir. Il y a plein de fois où je me suis baladée dans les galeries et je ne pouvais pas m’offrir les œuvres, trop chères. Je trouve ça dommage. L’art ne doit pas être réservé à une catégorie. » Son parcours singulier le prouve. « Je n’ai pas fait les Beaux-arts, je ne viens pas d’une famille d’artiste, cela ne m’a pas empêchée d’aller vers ça. »

En ce moment, Pio entame une pause dans ses dessins et cherche l’inspiration dans les galeries parisiennes où elle furette ses yeux curieux.

A.D.

> Facebook Pio Pio

> Instagram #artistepio

Coup de projecteur : Fabien Mérelle

Tourangeau depuis maintenant dix ans, Fabien Mérelle a exposé ses dessins dans de nombreuses galeries à travers le monde. Il présente ses créations pour la première fois sur ses terres, au CCC OD.

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PARCOURS

Fabien Mérelle, père de famille décontracté de 37 ans, a été élevé en région parisienne. En grandissant, il a gardé le dessin comme moyen d’expression. Étudiant aux Beaux-Arts à Paris, il a passé quatre mois déterminant à Xi’an en Chine. « J’y ai appris les rudiments des techniques chinoises à l’encre de Chine. C’est aussi depuis cette période que je laisse plus de vide dans mes dessins. À côté d’éléments à la fois très réalistes et détaillés, ces blancs permettent à celui qui les regarde d’imaginer le reste du décor », explique-t-il.
Dès la fin de ses études, il expose à Paris, entre à la Casa Velasquez à Madrid… et Tours !

ABRI

Le dessinateur s’est peu à peu approprié le territoire, notamment par la Loire, le bois flotté et les bancs de sable qui forment des îles. Son exposition, « Abri, pierre, bois, encre, papier », s’inspire ainsi de « la région qui est devenue pour moi une sorte d’abri, loin de Paris et de la tentation de se comparer aux autres artistes, et un lieu où mon grand-père s’était réfugié pendant la Seconde Guerre mondiale. »

UNE_MERELLE

PYJAMA

« J’aime être chez moi pour dessiner. Quand j’ai commencé à me représenter dans mes dessins, j’habitais à Paris. Il était 11 h et j’étais en pyjama, c’est resté et je continue à me représenter ainsi dans la chronique du quotidien d’un homme lambda, avec sa femme et ses enfants. C’est à la fois moi et pas moi, car j’ai besoin de me projeter différemment comme le faisaient Charlie Chaplin ou Buster Keaton dans les films burlesques du début XXe siècle. J’ai besoin de détourner le réel pour raconter ce qu’il y a dans ma tête. »

LÉONARD DE VINCI

Fabien Mérelle voue une grande admiration à l’artiste Léonard de Vinci. Il a donc été invité à une exposition collective du château du Rivau sur le thème de la Renaissance. Il y présente deux sculptures, « mises en relief de mes dessins ».

> Au château du Rivau jusqu’au 3 novembre. 9 rue du château, Lémeré. Tél. 02 47 95 77 47. Tarifs : 5 à 11 €.

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Entrer dans le monde de Fabien Mérelle, c’est découvrir un univers à la fois très réaliste et très onirique. Par exemple, son personnage se métamorphose parfois en arbre, ses dessins d’enfants côtoient ses dessins d’adultes, les pierres lui servent de support…. Passionné du musée d’histoire naturelle de la Rochelle, il aime aussi dessiner les oiseaux, dont trois qui forment sa propre mythologie : « le faucon, représente mon grand-père italien, le merle c’est mon père et la tourterelle, n’est autre que mon grand-père français. »

Pratique :
Jusqu’au 22 septembre au CCC OD, Jardin François Ier à Tours. Galeries du second niveau. Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 h à 18 h et le samedi jusqu’à 19 h, nocturne jeudi soir jusqu’à 20 h. Tarifs : 4 € à 7 €. Gratuit moins de 18 ans. Tél. 02 47 66 50 00 et contact@cccod.fr

Condition de la femme artiste : elles témoignent (3)

Qu’elles soient comédienne, plasticienne, musicienne ou encore illustratrice, ces personnalités nous parlent de leur condition de femme artiste. [Troisième partie]

JULIETTE

CHANTEUSE, PIANISTE, AUTRICE, COMPOSITRICE, MARRAINE DE LA 20E ÉDITION DU FESTIVAL BRUISSEMENTS D’ELLES

(Photo © Yann_Orhan)
(Photo © Yann_Orhan)

« J’aurais peut-être tendance à penser que les femmes artistes sont comme les hommes artistes. Pour moi, la vocation d’être artiste, quel que soit l’art qu’on exerce, c’est la même démarche, sauf que derrière, il y a l’organisation de la société dans laquelle on vit. Une sociologie qui fait que le destin d’une femme artiste, sa position, sa façon d’exprimer son art, ne sera pas tout à fait aussi libre, directe, simple, ni aussi facile que pour un homme.
La différence est sociale selon moi, je ne crois pas du tout à un imaginaire proprement féminin par exemple. Moi, j’ai trouvé ma place en m’en foutant. J’étais libre d’écrire ce que je voulais. Après tout, on sait que ça va être compliqué, avançons, on verra bien ! Si j’avais été une grande blonde, que je n’étais pas lesbienne, je pense qu’effectivement j’aurais pu aussi me poser d’autres questions : essayer d’être une “ intello réfléchie ” en étant canon, c’est super compliqué. J’ai une certaine place aujourd’hui, dans le monde du spectacle et auprès du public, mais je pense que d’un point de vue médiatique, peut-être qu’on parlerait plus de moi si j’étais un homme. Et en même temps, ce n’est qu’une sensation, ce n’est pas un regret.
C’est de toute façon plus compliqué dans l’humanité pour les filles, sauf que maintenant on en parle et, petit à petit, ça finit par imprégner. Même les hommes trouvent ça injuste.
Au niveau d’une vie, on voit des choses qui vont dans le bon sens. Aujourd’hui, je trouve ça génial que les femmes modernes ne soient pas systématiquement féminine, masculine ou queer, le fait d’arriver dans la vie en disant “ je n’ai pas envie d’obéir aux contraintes de mon genre ”, c’est formidable. C’est la chose la plus importante qui est en train de se passer, j’aurais été folle de joie d’être jeune aujourd’hui. »

CLAIRE DITERZI

ARTISTE ET DIRECTRICE DE COMPAGNIE TEMOIGNAGE_DITERZI

« Quand tu es une belle femme, les gens ne voient que ça et c’est un peu un problème, parce que ça gomme le reste. Le mec qui s’intéresse à toi, tu ne sais jamais vraiment si c’est à ton travail qu’il s’intéresse ou à ton physique. Un mec, lui, est immédiatement crédible. Après, quand tu vieillis, tu perds l’avantage du physique et souvent, c’est à ce moment-là que les femmes cessent d’intéresser. On n’aime pas les femmes qui vieillissent. Un homme, on dit qu’il vieillit bien, une femme on dit qu’elle a de beaux restes. Tout est dit. La question centrale qui se pose, finalement, c’est celle de la légitimité à créer, qui est socialement beaucoup moins admise pour les femmes. Mais tout cela tient à l’imaginaire collectif. C’est profondément ancré. Malgré nous, nous sommes tous misogynes et moi la première. La figure de la sorcière est toujours là. La femme qui est libre, qui est intelligente, qui pose des questions et qui a les yeux verts, elle dérange et on la crame. Par exemple, quand j’ai fait la Villa Médicis, je m’en suis pris plein la gueule. J’aurais été Vincent Delerm ou Grand Corps Malade, on ne m’aurait pas attaquée comme ça, j’en suis sûre. »

AURÉLIE LECLOUX

TEMOIGNAGE_AURELIEILLUSTRATRICE ET COLORISTE DE BD

« Le milieu de la BD est un milieu d’indépendants où il faut faire sa place et on en demande souvent plus à une femme. Les hommes seront moins embêtés sur les délais, par exemple. Il y a aussi une question d’affirmation de sensibilité, de son trait, c’est important d’oser affirmer son regard en tant que femme et artiste. Avoir travaillé dans d’autres domaines avant de devenir illustratrice m’a donné des points de comparaison sur la façon dont on peut exister en tant que femme et professionnelle. En treize ans, j’ai parfois senti des différences de traitement avec certains éditeurs et au sein des équipes.
Je me suis toujours adaptée, ça fait partie du job, les femmes coloristes sont très majoritaires, on est considérée comme plus malléables que les hommes.
À l’inverse, chez les auteurs édités, les femmes sont très minoritaires. En 45 ans, c’est la troisième fois seulement cette année qu’une auteure de BD a reçu le Grand prix de la Ville d’Angoulême, même si ce n’est pas parce qu’on est femme qu’on est forcément talentueuse ! »

Témoignages recueillis par Pauline Phouthonnesy, Matthieu Pays et Elisabeth Segard

La parité femmes-hommes dans l’art en chiffres

Parité et égalité hommes-femmes dans le monde de l’art ? On en est encore loin. La preuve en chiffres.

186

En millions de dollars, les revenus combinés des 10 actrices les mieux payées à Hollywood.

VERSUS

488,5

En millions de dollars, les mêmes revenus combinés, mais cette fois des 10 acteurs…

28,7 %

La représentation des rôles féminins dans les personnages principaux des films.

PORNO Capture

C’est le seul milieu où les femmes gagnent davantage que les hommes… alors qu’elles sont pour la plupart traitées comme des objets…

60 %

La part de femmes dans les écoles d’art.

Cinéma

Une femme réalisatrice est 42 % moins bien payée qu’un homme.

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43 %

Dans le monde de la BD, une femme sera 43 % moins bien payée qu’un homme.

2 %

La part de femmes ayant reçu le César de la meilleure réalisation.

5

Le nombre de femmes ayant obtenu l’Oscar dans la catégorie « meilleure réalisation »… en 91 ans d’existence.

Cate Blanchette

Présidente en 2018 du festival de Cannes, elle n’est que la 12e femme à avoir eu cet honneur en 71 ans.

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1987

L’année à laquelle le couple Holladay a créée le National Museum of women in the arts pour abriter une collection de 4 000 œuvres.

Hound Dog

Le célèbre single d’Elvis Presley en 1956 a d’abord été enregistré par… une femme, Big Mama Thornton, en 1953.

Capture1897

L’année qu’il aura fallu attendre pour que l’École des Beaux-Arts en France s’ouvre aux femmes et devienne mixte.

16 %

La part des œuvres créées par des femmes qui ont été acquises par le Fonds national d’art contemporain en 2013.

82

Le nombre de stars et femmes du 7e Art qui ont participé à une montée des marches historique et 100 % féminine, lors du Festival de Cannes 2018. Elles réclamaient l’égalité salariale dans le cinéma.

45

Le nombre de festivals de musique américains et européens qui se sont engagés à respecter la parité hommes-femmes dans leur programmation d’ici à 2022.

Zéro Capture

Aucune femme n’est présente dans le top 10 des DJ les mieux payés de la planète.

14,5 %

La proportion de concerts d’artistes féminines dans les dix festivals de musiques actuelles les plus fréquentés. Outre-Atlantique, le chiffre est sensiblement le même.

Sylvia Massy

Cette Américaine est l’une des productrices les plus cotées : elle a produit certains albums de Tool, System of a Down, Johnny Cash ou encore les Red Hot Chili Peppers.

Sources : Forbes, rapport annuel annenberg.usc.edu, Ouvrage « Judy, Lola, Sofia & moi », 20 minutes, Arts visuels en Région Centre AAAR, Le Monde, rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, djfrenchy.com, Telerama. Pitchfork.

Condition de la femme artiste : elles témoignent (2)

Qu’elles soient comédienne, plasticienne, musicienne ou encore illustratrice, ces personnalités nous parlent de leur condition de femme artiste. [Deuxième partie]

LAURENCE DRÉANO

TEMOIGNAGE_LAURENCEDREANO
(Photo © Christophe Raimbault)

SCULPTRICE ET PEINTRE TOURANGELLE

« C’est difficile de réussir dans l’art en général et c’est encore plus difficile quand on est une femme. On n’est plus à l’époque de Camille Claudel, mais quand j’ai commencé, il y a une quinzaine d’années, je devais faire face à un monde de prestataires masculins (mouleurs, carrossiers, transporteurs…) dans lequel ce n’était pas toujours simple de se faire respecter ou d’être crédible.
Parce que vous êtes une femme dans un milieu industriel, parce que vous arrivez avec vos “ petites poupées avec des fesses généreuses ” et que vous venez choisir “ vos petites couleurs ”, ils ne vous prennent pas tous au sérieux. La solution ? La persévérance, même si c’est vrai pour tous les artistes. Il ne faut pas démissionner. Les acheteurs peuvent être aussi de véritables “ goujats ”. J’ai eu le droit à des remarques comme “ je peux toucher ? ” en parlant des sculptures et de moi, ça tenait parfois du harcèlement.
Aujourd’hui, ça s’est calmé. Je tiens au mot sculptrice, c’est aussi un travail de femme. Mes créations sont un traité de l’idéalisme, la façon dont j’aimerais voir le monde, l’élan de générosité et l’accueil spontané, la maternité, la femme forte, victorieuse et joyeuse. »

AURÉLIA MENGIN

RÉALISATRICE RÉUNIONNAISE DE FORNACIS, FILM TOURNÉ EN TOURAINE TEMOIGNAGE_REALISATRICE MENGIN

« Ça a été et ça reste un vrai parcours de combattante lorsque l’on est une femme réalisatrice. Le cinéma est un milieu très masculin. Malgré les nombreux courts-métrages que j’ai réalisés et l’obtention de prix, ma crédibilité en tant que réalisatrice est régulièrement remise en question. Le fait d’être une Réunionnaise rajoute encore un niveau de difficulté pour être prise au sérieux par les producteurs ou les distributeurs en France métropolitaine.
En revanche, mes équipes techniques, en partie masculines, respectent mon travail et s’engagent avec une vraie conviction sans remettre en question mes choix artistiques. Je travaille avec des hommes très talentueux qui disposent d’une grande sensibilité et d’une part de féminité. Des hommes en qui j’ai une grande confiance et qui n’ont jamais manifesté de comportement sexiste envers moi. J’étais toute jeune quand j’ai démarré, et durant plusieurs années, mes rencontres professionnelles ont échoué et n’étaient pas constructives. Trop souvent, je me rendais compte que mes interlocuteurs ne s’intéressaient pas du tout à mes films, mais plutôt à mon cul. Ce constat est tristement banal, je ne suis pas la première et malheureusement pas la dernière.
Vieillir dans le milieu du cinéma lorsque l’on est une femme présente au moins un avantage non négligeable, c’est que passé les 37 balais, le stade de la ‘’jeune proie’’ est terminé et on peut enfin parler cinéma. »

NINA ROUYE

(Photo © Nina Rouyer)
(Photo © Nina Rouyer)

MUSICIENNE (VIOLE DE GAMBE)

« La musique classique reste un milieu assez machiste. Il faut jouer des coudes, adopter certains codes pour se faire accepter. Au début surtout, on est souvent confronté à des démonstrations un peu grossières, on est obligées de montrer que l’on peut avoir un gros son, que l’on a une grosse technique pour se faire accepter. Après, une fois que l’on a montré que l’on a du caractère, que l’on a placé le bon mot au bon moment pour ne pas se laisser marcher sur les pieds, on est assez tranquille. C’est comme une forme de bizutage.
Passé cela, quand on propose quelque chose d’un peu différent, on est sans doute mieux entendue. Le fait d’être une femme, alors, peut devenir un atout. Personnellement, j’ai eu aussi à subir des réflexions franchement sexistes. Pour ce qui est des rémunérations, la “ règle ” des 20 % de moins quand on est une femme s’applique souvent, malheureusement. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de le constater. »

Témoignages recueillis par Pauline Phouthonnesy, Aurélien Germain et Matthieu Pays

Artiste, un parcours de combattante

La prise de conscience des inégalités hommes-femmes semble amorcée. Pourtant, dans les milieux artistiques, le chemin reste semé d’embûches pour les femmes.

FEMMES_OUVERTURE

« J’aurais voulu être un artiste », chantait Claude Dubois dans Starmania, en 1979. Quarante ans plus tard, ce rêve, beaucoup d’hommes et de femmes souhaitent encore l’atteindre.

Selon différentes études, ce chanteur aurait même eu plus de chance à notre époque puisque le nombre d’artistes déclarés aurait triplé, voire quadruplé, depuis la sortie de la célèbre comédie musicale. Mais cela reste une sphère très compétitive, qui implique bien souvent un mode de vie précaire, instable et une carrière qui peut s’arrêter du jour au lendemain.
« Et les femmes, qui sont peu nombreuses à entrer, quittent encore plus ce milieu au bout de dix ans parce qu’elles n’arrivent pas à trouver leur place dans un univers qui leur est encore plus hostile que pour les hommes », précise ainsi Marie Buscatto, professeure des universités en sociologie à l’Université Paris 1.

Si vivre de sa passion est une ambition pour certains, cela relève de l’utopie pour certaines. Depuis ses premières études sur l’univers du jazz en 2007, qu’elle vient de rééditer (1), la sociologue a constaté que « rien ou presque n’a changé. Dans le jazz, moins de 10 % des musiciens sont des femmes, dont 4 % de femmes instrumentistes.

Et sur l’ensemble des chanteurs de jazz, 65 à 70 % des femmes sont chanteuses. Aujourd’hui, on est sur le même type de réalité qu’il y a dix ans, en jazz comme dans toutes les pratiques musicales : des concerts masculins ou très majoritairement masculins et des femmes, quand elles sont présentes, parfois batteur, parfois contrebassiste ou trompettiste, très souvent chanteuses », analyse-t-elle à l’autre bout du fil.

DES STÉRÉOTYPES QUI ONT LA VIE DURE

Pour Sylvain Dépée, directeur du pôle chanson de la région Centre-Val de Loire, les Bains-Douches à Lignières (Cher), les chanteuses sont plus présentes dans la chanson française et percent plus difficilement dans le monde de la pop, du rock ou encore du rap. Derrière l’image « moderne » de ces courants musicaux se cachent alors les plus anciens mécanismes machistes.
Chaque art et chaque esthétique ayant ses propres particularités (modes de formations, recrutements, création du réseau social…), la place des femmes diffère dans chaque milieu.

FEMMES_ENCADRE

Bon, bien sûr, il y a toujours l’exception qui confirme la règle et la palme revient… à la musique classique ! Eh oui, elle est « la seule musique qui s’est vue féminisée au niveau professionnel de manière plus importante depuis 30 à 40 ans et notamment la musique d’orchestre, par les instruments à cordes », décrit Marie Buscatto. Toutefois, ces artistes peinent à percer dans les positions hiérarchiques les plus élevées.
On comptait en 2016, dans le monde, seulement 21 femmes cheffes d’orchestre à renommée internationale pour 586 hommes. En France, on les recense sur les doigts d’une seule main.

DES CONCOURS À L’AVEUGLE

Et si l’émission The Voice, avec ses sélections à l’aveugle, détenait une partie de la solution ? En effet, ce qui a notamment permis à la musique classique de tendre vers l’équilibre, au niveau du pupitre, « ce sont les cursus en conservatoire, dans lesquels il y a une majorité de femmes depuis de longues années, notamment en piano, alto, violon, flûte… et des concours avec des auditions à l’aveugle, qui permettent de recruter des candidats sans connaître leur sexe », précise la sociologue.

Marie Buscatto, sociologue.
Marie Buscatto, sociologue.

Selon l’étude statistique des économistes Goldin et Rouse, qui a été faite aux États-Unis en 2000, quand six des plus grands orchestres du pays ont décidé de mettre en place des auditions à l’aveugle, il y a eu plus de 30 % de femmes recrutées dans ces orchestres après ce changement.
En France, ces auditions « paravents » ne sont pas systématiques et leur impact n’a donc pas pu être étudié. Une formation et des auditions plus « objectives » qui ont bénéficié par exemple aux Violons d’Aliénor, un groupe de cordes jouant un répertoire du XVIIe au XIXe siècle, composé de quatre étudiantes en section musiques anciennes (qui compte 6 hommes et 6 femmes) au pôle Aliénor à Poitiers, centre d’études supérieures de musiques et danses.

« On n’a pas ressenti de frein parce qu’on était des femmes. Aujourd’hui on n’y pense pas, on fonce, on va au contact des lieux de diffusion », constatent-elles.

Mais le son de cloche n’est pas le même selon les instruments et selon les stéréotypes de genre auxquels ils renvoient. Au sein du même pôle, dont une partie de l’enseignement se situe à Tours, seulement 2 femmes étudient les cuivres (trompette et cor) sur une classe de 10 et aucun des 5 élèves de percussions n’est une femme. Julie Varlet, trompettiste de 23 ans, a ainsi commencé son instrument à Dax (Landes), pays des bandas, à l’âge de 7 ans.
« J’ai toujours été la seule fille ou presque, mais ça ne me dérangeait pas, par contre, j’ai eu plus des problèmes avec des professeurs “ de la vieille école ” qui me faisaient des réflexions sexistes. Par exemple, ils disaient que je jouais “ trop féminin ”, pas assez fort », se souvient-elle.

À Tours, son professeur aborde plutôt la question du genre par l’anatomie et lui a conseillé de faire du sport et des exercices de respiration pour améliorer sa capacité pulmonaire. Ainsi, pour que les femmes passent de muses à peintres reconnues, comme le souhaite l’association Aware (Archives of women artists, research and exhibitions) qui tend à replacer les artistes femmes du XXe siècle dans l’histoire de l’art, et pour qu’elles puissent à leur tour vivre de leurs créations, il faut changer les mécanismes sociaux. En développant la formation et la parité parmi les recruteurs, en changeant les stéréotypes négatifs (manque d’autorité ou de force, d’efficacité, objet de désir…) et en donnant plus de place aux femmes artistes dans les écoles et les médias.

Ces dernières n’ont d’ailleurs pas attendu pour se regrouper en collectif, car l’union fait la force. Et même si les choses semblent avancer, il est temps que celles-ci changent vraiment, pour que toutes et tous aient les mêmes chances d’exprimer leur créativité.

(1) Marie Buscatto, « Sociologies du genre », Paris, Armand Colin, 2019 [2014] ; Marie Buscatto, « Femmes du jazz. Musicalités, féminités, marginalisations », Paris, CNRS Editions, 2018 [2007].

>> Retrouvez notre dossier intégral sur la place de la femme dans le monde de l’art dans notre numéro 324 <<

Claire Diterzi de retour à Tours

Après des années de vagabondage et aussi des années parisiennes, Claire Diterzi est de retour à Tours. C’est là qu’elle a décidé de vivre et d’installer sa compagnie. Double rencontre avec l’artiste et Benjamin Pionnier, directeur de l’Opéra de Tours, qui l’a accueillie en résidence : une évidence dans la politique d’ouverture du lieu à d’autres répertoires et d’autres publics.

Claire Diterzi travaille avec la cheffe de chœur, Sandrine Abello, de L’Arbre en Poche.
Claire Diterzi travaille avec la cheffe de chœur, Sandrine Abello, de L’Arbre en Poche.

Trois questions à… Claire Diterzi

Alors, ça y est, Claire, vous êtes de retour à Tours ?
Oui, je voulais implanter ma compagnie ici. C’est un retour dans ma ville, que j’adore et que je suis vraiment heureuse de retrouver. Je me sens comme Scarlett O’Hara qui crie « Tara, Tara ! » à la fin de Autant en emporte le vent. Moi, c’est « Tours, Tours ! », mais c’est pareil ! Ce qui compte chez elle, c’est la Terre d’où elle vient. Je me rends compte que je n’avais pas d’ancre, je suis allée au Japon avec Decouflé, j’ai voyagé partout avec mes spectacles, j’ai vécu à Paris. Et là, je comprends l’importance d’un territoire. L’autre jour, je suis allée voir la création de Thomas Lebrun au CCNT. Quelques jours plus tard, j’étais au Théâtre Olympia pour la dernière création de Vincey…

Et puis, il y a cette résidence au Grand Théâtre, qui va se prolonger avec le projet symphonique au mois d’avril…
C’est une commande de Benjamin Pionnier, c’est très important de le préciser. On s’est vus il y a deux ans, à Paris, au bar de l’Opéra Garnier. Il m’a dit « Écoute Claire, je m’occupe de l’orchestre symphonique et j’aimerais bien jouer ton répertoire ». J’ai cru avoir mal compris ! J’ai passé des mois à sélectionner des chansons qui se prêtaient à ça. Certaines, je les avais composées pour Découflé, d’autres pour le cinéma, d’autres pour un album…
J’ai engagé un arrangeur pour orchestre, Sylvain Griotto qui a écrit les partitions pour orchestre de cette quinzaine de chansons. Il y aura donc les 45 musiciens, deux choristes et moi au chant.

Conserverez-vous cette notion de théâtre musical ?
Ce qui est sûr, c’est que ce ne sera pas les chansons de Diterzi avec douze couches de violons dessus. On va jouer avec les codes. Il y aura sans doute des choses que je fais dans le spectacle Je garde le chien, où je divulgue des bribes de mon journal de création et où j’illustre ce texte d’images projetées et de chansons simplement lues. Tout ça va avec le désir de revenir au sens propre et profond de la chanson, au sens du texte.
Et puis le plaisir de chanter a cappella. En ce moment, je découvre les arrangements de Sylvain et, parfois, il y a juste un solo de harpe ou de flûte, un minimalisme qui me va bien. Et après, ça repart en vague… J’ai hâte de jouer ce spectacle !

>>Je garde le chien… Et l’orchestre // Avec l’orchestre de la Région Centre Val-de-Loire, sous la direction de Benjamin Pionnier. À Thélème, le 17 avril

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Trois questions à… Benjamin Pionnier, directeur de l’Opéra de Tours

Claire Diterzi est en résidence au Grand Théâtre, pour deux projets. Un choix qui peut surprendre a priori…
Claire Diterzi, elle est rock, elle est proche de la chanson contemporaine. Elle est, en fait, assez difficile à classer. Mais, surtout, elle a un univers qui n’est pas très éloigné de ce que l’on appelle les musiques savantes. Moi, mon univers, c’est l’orchestre, l’opéra et elle n’en n’est pas très éloignée dans la mesure où elle parle de théâtre musical. Le théâtre musical, c’est une forme d’opéra, ce n’est pas très loin de la comédie musicale ou de l’opéra comique. C’est une forme de concert avec du texte et de la musique. Dans l’Arbre en poche, par exemple, il y a un contre-ténor. C’est un mix entre des formes classiques et du rock. Claire est vraiment une artiste complète qui n’a pas de limites. De même que nous, nous essayons de pousser un peu nos limites et de brasser les publics. En plus, elle n’est pas anodine comme artiste : c’est quand même la seule chanteuse rock qui a fait la Villa Médicis.

Comment est venue l’idée d’un spectacle avec des versions symphoniques des chansons de Claire Diterzi ?
Moi, quand j’écoute les chansons de Claire, j’entends une version plus orchestrée, plus large. Elle, elle a un répertoire de chansons qui par toutes les couleurs qu’on y trouve, par sa science musicale et sa recherche d’écriture se prête complètement à l’orchestration. Et l’orchestre apporte une dimension supplémentaire. Donc moi, je le vois vraiment comme un échange artistique, au niveau des équipes et des musiciens. Et cela veut dire aussi que tous les publics peuvent se retrouver dans la démarche. Il y a un vrai travail de fond, dans la création, c’est le principe de la résidence que d’arriver à bouger les murs, comme elle le dit elle-même.

En plus, elle est Tourangelle !
Eh oui, c’est la petite gamine des quartiers nord qui est passée par le Conservatoire qui a découvert le monde sur la scène du Grand Théâtre quand elle était gamine. Maintenant qu’elle a cette reconnaissance nationale et internationale, elle boucle la boucle en revenant vivre et travailler dans sa ville. C’est une très bonne nouvelle pour Tours !

Claire Diterzi, sur un arbre perchée

C’est drôle, c’est foisonnant, c’est libre et hors norme. L’arbre en poche, le spectacle de Claire Diterzi au Grand Théâtre les 14 et 15 décembre, est une ode musicale et théâtrale à l’émancipation. Pour les enfants, pour leurs parents et les parents de leurs parents ! Décryptage avec Claire Diterzi.

(Photo crédit Christophe Manquillet)
Claire Diterzi (Photo crédit Christophe Manquillet)

BARON PERCHÉ

Le baron perché, d’Italo Calvino, raconte les aventures du jeune baron Côme du Rondeau, petit noble italien, qui décide un jour de se réfugier dans un arbre et de n’en plus descendre parce qu’il refuse de manger des escargots. Un livre essentiel, sur la désobéissance et l’émancipation. « La fille de Calvino a refusé de me donner les droits d’adaptation du livre. Mais, pour moi, c’était comme une question de vie ou de mort d’adapter ce texte, alors, j’ai cherché toutes les solutions possibles. J’ai pressé ce roman comme un citron et j’en ai extrait tout le jus. Ensuite, j’ai discuté avec des amis metteurs en scène, philosophes, dramaturges pour en sortir le spectacle L’arbre en poche. »

SORCIÈRE !

« Dans le spectacle, je suis la sorcière. La sorcière, c’est une figure féminine qui incarne la liberté, la jalousie, mais aussi une figure qui dérange. Et je trouvais ça intéressant de la réhabiliter et de dire, oui, je suis une femme et au-delà de la femme, une artiste qui dérange. Le fait de vieillir pour une femme est aussi un tabou dans la société actuelle, qui est très jeuniste. Et encore plus dans le domaine de la musique et de la chanson. Et moi, je vieillis, j’ai plein d’emmerdes, pleins de trucs qui déconnent. Et ça, c’est un vrai tabou. C’est un spectacle féministe de ce point de vue. » « Dans ce roman, la question centrale, c’est l’émancipation. Et pour moi, c’est devenu LES émancipations. »

FUCK LES ESCARGOTS ! DITERZI_BARON

C’est pour échapper à un plat à base d’escargots que le jeune baron se réfugie dans son arbre dans le roman de Calvino. Quels sont nos escargots à nous ?
« Le spectacle sert justement à ce poser cette question et c’est le propre du théâtre, de la création. Et pour tous les âges, il y a des réponses possibles. C’est pour cela que c’est un spectacle qui se voit en famille car l’émancipation, cela marche à tous les âges. En ce qui me concerne, ce spectacle, a changé beaucoup de choses dans ma vie, très profondes et très intimes au niveau personnel et au niveau professionnel. »

PERCUSSIONS

Sur scène, il y a six percussionnistes qui jouent sur des appeaux, des verres, des bouteilles accordées au dièse près, des percussions corporelles, des crécerelles… Attention, il n’y a rien de ce que l’on voit d’habitude dans les orchestres. Que des choses qui tiennent sur une table.
« Tout ça vient d’une rencontre que j’ai faite quand j’étais à la Villa Médicis avec un compositeur qui s’appelle Francesco Filidéi. Il y avait, donc, six percussionnistes derrière une table, assis en rang d’oignon, en costume-cravate, les cheveux blancs et le nez sur la partoche…. Et j’ai été estomaquée. C’était organique. C’était la nature. Je voulais ce morceau dans mon spectacle mais, bien sûr, avec des interprètes que j’aurais choisis. Alors j’ai cherché et j’ai trouvé des percussionnistes de folie qui seront là sur scène au Grand Théâtre. Ils ont appris la partition par cœur, ce qui était une gageure et, du coup, on est vraiment dans le spectacle, pas dans la performance. »

LA MACHINE

« Au début de la création, pour la scénographie, je voyais un grand trampoline et mon chanteur avait un doublure acrobate qui dansait sur le trampoline et le chanteur revenait de l’autre côté. J’ai travaillé avec les gens de La Machine, à Nantes pendant des mois et des mois. Je voyais les artistes dans l’espace. Mais le contre-ténor qui est dans le spectacle est noir et je n’ai pas pu trouver d’acrobate noir assez fort en trampoline pour le doubler. Et finalement, j’ai dû renoncer à cette scénographie. »
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JE GARDE LE CHIEN

« C’est le nom de ma compagnie. C’est important pour moi de choisir la façon dont je veux être administrée et produite. À l’époque de Tableau de chasse, j’étais au catalogue de Naïve, qui me vendait comme ils vendaient Coeur de Pirate ou Olivia Ruiz et en s’en mettant plein les poches au passage. Mais moi, je ne me sentais aucune affinité avec tout ça et j’ai décidé de tourner le dos à ce mode de production. J’ai monté ma compagnie en forme de société par actions simplifiée. C’était ma façon à moi de dire “ Fuck les escargots ”. Je revendique l’idée d’une chanson contemporaine, comme il y a du théâtre contemporain ou de la danse contemporaine. Surtout qu’aujourd’hui, il n’y a plus de place, ni de lieu, ni de label pour la chanson alternative. »

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PLATON

« Dans l’allégorie de la caverne, tu as six types qui sont enchaînés dans une cave. Et les types, bien sûr, c’est nous. C’est nous devant nos écrans qui sont partout. Et il y en a un qui s’échappe, qui monte et qui rencontre la lumière. Il est subjugué et il se dit que c’est beau la vie, le ciel, la nature. Alors, Il redescend dans la cave et veut convaincre ses cinq camarades de remonter avec lui. Et il passe pour un con, personne ne le suit. C’est ça le Baron perché et c’est ça ce spectacle. C’est l’émancipation collective en même temps que l’émancipation individuelle. »

ANAGRAMME

L’arbre en poche, c’est un anagramme. C’est l’anagramme de « Le baron perché ». Pas mal, non ?

L’ARBRE EN POCHE
>>Opéra-conte de Claire Diterzi, à l’Opéra de Tours. 14 et 15 décembre, à 20 h. À partir de 6 ans. 8 à 25 €.

Aurélie Gandit : l’art dansé

Aurélie Gandit a l’art dans la peau. Pour allier ses deux passions, l’histoire de l’art et la danse, l’artiste nancéenne crée des visites guidées chorégraphiées dans les musées et les centres d’art contemporain. Mi-juin, elle va danser sur « Les Nymphéas d’Olivier Debré » dans la galerie blanche du CCCOD.

© Matthieu Rousseau
© Matthieu Rousseau

BIO

Originaire de Nancy, elle vient de fêter ses 40 printemps, dont 36 de danse classique et contemporaine. Après une formation en histoire de l’art, elle a travaillé dans des musées et centres d’art contemporain. Mais sa première passion la rattrape : elle démissionne pour suivre une formation de deux ans dans la danse. Un jour, une idée émerge : « Pourquoi ne danserais-je pas ce que je raconte lors mes visites guidées au musée ? » Ainsi naît son concept de visite dansée.

CITATION

« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. » Cette citation de Robert Filliou touche particulièrement Aurélie Gandit : « Les œuvres d’Olivier Debré se rattachent à la Loire et évoquent la puissance de la nature. Elles me font revenir à la nature. Chaque jour, lors de mes résidences au CCCOD, je vais sur les bords de Loire. L’art ouvre

le regard et l’attention sur la vie, qui se passe à l’extérieur du musée. »

VISITE DANSÉE

« Parfois je raconte comment j’interprète l’oeuvre ou ce qu’en disent les critiques, parfois je danse, parfois je fais les deux en même temps. Sans plateau, ni musique, ni jeu de lumière, je partage le même espace que le spectateur. Je ne danse pas les oeuvres, mais le discours sur les oeuvres. C’est un aller-retour perpétuel entre le corps et l’esprit : comment le corps ouvre le regard sur l’oeuvre ? Comment la réflexion et le discours nourrissent la danse ? »

COMPAGNIE

Elle crée la compagnie La Brèche en 2007 à Nancy. Son objectif : développer des projets chorégraphiques dans les musées et sur scène. Aurélie Gandit tisse des liens entre arts visuels, texte et danse. Parmi ses créations phares, des visites dansées au centre Pompidou de Metz et au musée des Beaux-Arts de Nancy.

OLIVIER DEBRÉ

« Je suis très impressionnée par l’exposition “ Les Nymphéas d’Olivier Debré» ” qui occupe la galerie blanche du CCCOD. La taille et la qualité des peintures permettent une immersion totale du corps physique et mental. Ces oeuvres abstraites, avec une référence sensible et subtile à la nature, invitent à la contemplation. Olivier Debré vivait l’art comme une expérience : il s’émerveillait face à la puissance du fleuve ou l’apparition d’un rayon de soleil. »

TOURS D’HORIZONS

Rendez-vous pour 4 visites dansées dans le cadre du festival de danse Tours d’horizons organisé du 5 au 16 juin par le Centre chorégraphique national de Tours (CCNT).
Jeudi 14 juin à 10 h 30, vendredi 15 juin à 19 h et samedi 16 juin à à 10 h 30 et 19 h au CCCOD. Paysages de la sensation.
Une visite dansée au Centre de création contemporaine Olivier Debré. Par Aurélie Gandit de la compagnie La Brèche (Nancy). Durée : 50 min. Tarif unique : 8 €. Réservation vivement conseillée auprès du CCNT.

Bien choisir son tatoueur, tout un art

Old school, newschool, polynésien, dot, lettrage…Tous ces noms correspondent à des styles pratiqués par les tatoueurs tourangeaux. Entre artistes spécialisés ou polyvalents, à Tours, les amateurs de tatoos ont l’embarras du choix. Pour ne pas se perdre, voici quelques conseils simples pour bien choisir son tatoueur. #EPJTMV

Alexis est venu se faire tatouer la date de naissance de son frère chez Gody Art Tattoo. Une adresse conseillée par son frère. Photo : Tiffany Fillon

Feuilleter les books

Tous les tatoueurs de la ville vous le diront : avant de se lancer, il vaut mieux passer dans plusieurs boutiques pour regarder les books. L’occasion de se rendre compte de la diversité des styles. Certains n’hésitent pas à recommander un concurrent plus spécialisé. C’est ce qu’explique Grifter le gérant de Ray Tattoo, un salon davantage spécialisé dans le réalisme: “Si un client désire un tatouage “japonais tradi” je vais l’envoyer chez Coco Bongo. S’il veut du lettrage, je vais plutôt lui conseiller le Cabinet noir.”

Jetez aussi un coup d’oeil sur les pages Facebook des tatoueurs. Ils y postent des photos qui ne reflètent pas toujours la totalité de leur travail. Raphaël Bihermand du Cabinet Noir conseille de passer du temps avec le tatoueur pour voir s’il vous correspond. Entre le tatoueur et vous, le feeling doit bien passer. Même si se faire tatouer est rarement une partie de plaisir à cause de la douleur, vous vous sentirez en confiance et serez plus détendu.

Bien choisir la zone à tatouer

N’oubliez pas que le tatouage, c’est d’abord une plaie. Romuald Noulin, tatoueur et gérant de l’atelier Epiderm’ink précise que “la douleur ressentie lorsque l’on se fait tatouer est propre à chaque personne”. Mais si vous ne voulez pas souffrir énormément, Romuald Noulin préconise d’éviter les “zones intérieures du corps, comme l’intérieur des cuisses ou l’intérieur des bras.” Ces régions du corps sont sensibles et la peau y est fine. Dans tous les cas, demandez conseil à votre tatoueur.

Un artiste sérieux n’acceptera pas de vous tatouer n’importe où. C’est un professionnel qui connaît bien son métier. Faites lui confiance ! Sur les réseaux sociaux, la mode est aux tatouages sur les doigts. Le gérant de Ray Tattoo le déconseille à ses clients. “Ce genre de motif vieillit mal. Il nécessite des retouches qui coûtent cher.”, détaille-t-il.

La formation hygiène et salubrité est obligatoire lorsque l'on veut ouvrir un salon de tatouage. Photo : Tiffany Fillon
La formation hygiène et salubrité est obligatoire lorsque l’on veut ouvrir un salon de tatouage. Photo : Tiffany Fillon

Les règles d’hygiène

Bien choisir son tatoueur implique aussi de s’assurer qu’il respecte les normes d’hygiène. Tout tatoueur doit avoir suivi une formation hygiène et salubrité dans un établissement habilité. Un document écrit qui atteste de cette formation doit être affiché dans les locaux. Regardez aussi si une pièce est exclusivement dédiée à la pratique du tatouage et si elle est propre. “Il est primordial de bien nettoyer la salle”, précise Dadoo de Body Custom. Le tatoueur doit aussi utiliser du matériel à usage unique et stérile ou bien stérilisé avant chaque utilisation. Il doit aussi vous désinfecter la peau avant le tatouage, se laver les mains, porter des gants et ne pas porter de bijoux.

Le ministère de la Santé déconseille fortement “les tatoueurs et les perceurs ambulants tels qu’on en trouve sur les plages ou les teknivals”.

Pour découvrir les tatoueurs tourangeaux et choisir celui qui vous correspond le mieux, cliquez sur notre carte interactive qui précise les spécialités, nom des tatoueurs et horaires de chacun.

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Bien écouter son tatoueur

Avant de vous lancer dans la réalisation d’un tatouage, suivre les recommandations du tatoueur est indispensable. “Nous donnons des conseils qui relèvent du bon sens : ne pas faire de sport intensif avant un tatouage, ne pas boire de l’alcool, éviter les médicaments qui fluidifient le sang. Il faut aussi être bien reposé et avoir bien mangé. Lors des menstruations, il est également déconseillé de se faire tatouer parce que le corps est plus faible”, indique le gérant de Ray Tattoo.

Se faire tatouer n’est pas anodin et il existe quelques contre-indications. “Le client ne doit pas avoir le SIDA, être atteint d’hépatites, faire du diabète de type 1 ou encore avoir des allergies”, rappelle Brice de Street art family. [NDLR : on n’attrape pas le Sida en se faisant tatouer. Il faudrait qu’une des deux personnes soit atteinte du VIH et que les deux personnes se piquent avec la même aiguille, pour transmettre le virus]

La phase de cicatrisation est également très importante. “Après s’être fait tatouer, il faut éviter la piscine et la mer. Il est préférable de porter des vêtements amples  en coton et il faut impérativement appliquer une crème spéciale trois fois par jour pendant une semaine environ” conseille Dadoo de Body Custom.  

Chez Gody Art Tattoo, toutes les aiguilles sont jetables pour prévenir les risques de maladies. Photo : Tiffany Fillon
Chez Gody Art Tattoo, toutes les aiguilles sont jetables pour prévenir les risques de maladies. Photo : Tiffany Fillon

Et le prix, alors ?

Une fois le salon et le modèle choisis, il ne faut pas oublier qu’un tatouage a un coût. Difficile donc de faire une moyenne. Le motif, la couleur ou encore l’emplacement, autant de choses qui peuvent faire varier le prix d’un tatouage du simple au double.

“Un petit tatouage au niveau du poignet sera par exemple moins cher qu’un tatouage dans le cou, une zone beaucoup plus compliquée à tatouer”, explique Romuald Noulin tatoueur et gérant d’Epiderm’ink. Pour un travail de qualité, compter en moyenne autour de 100 euros pour un petit tatouage. “Il faut se méfier des prix bas. Un tatouage on le porte toute une vie donc c’est logique d’y mettre un certain prix”, insiste le gérant de Ray Tattoo. Pour autant, un tarif élevé n’est pas obligatoirement gage de qualité. “Il y en a certains qui tatouent pour l’appât du gain” confie Gody de Gody Art Tatoo. Avant de sauter le pas, bien se renseigner sur son tatoueur et être en confiance est donc primordial.

Interview de Sylvie Body : “Un dermatologue ne peut pas vous dire que le tatouage est une bonne chose”

Sylvie Body, dermatologue spécialisée en médecine esthétique, installée à Tours pratique le détatouage. Une technique qui permet de se débarrasser d’un tatouage. Pour la dermatologue, le tatouage reste une pratique à risques.

Quels sont les risques d’un tatouage ?
C’est difficile de demander à un dermatologue ce qu’il pense du tatouage ! C’est comme si vous me demandiez ce que je pense de l’exposition au soleil ! Je suis plutôt pour des formes de tatouage qui dureraient 3 ou 4 ans. Aujourd’hui ils sont définitifs. Est-ce qu’un joli poisson fait à 18 ans sera aussi apprécié à 70 ans ?
Il y a trois types de risques liés au tatouage :
* contracter une infection comme le sida ou l’hépatite.
* développer des allergies à l’encre qui provoquent des démangeaisons mais aussi des cicatrices cheloïdes. (sur-cicatrisation qui ne s’améliore pas)
* être déçu par le dessin. Je reçois beaucoup de clientes pour un détatouage de maquillage permanent, des sourcils tatoués noirs très épais par exemple.

Comment éviter ces risques ?
Il faut vérifier l’asepsie (prévention de microbes) et l’hygiène du salon. Le tatoueur doit utiliser des aiguilles à usage unique. Éviter aussi l’encre rouge qui cause  beaucoup de problèmes d’allergie. Enfin être sûr du motif.

En quoi consiste le détatouage ?
Autrefois, on brûlait le tatouage mais aussi la peau. Grâce à un laser précis aujourd’hui, on peut enlever un tatouage sans cicatrice et sans chirurgie. Il faut beaucoup de séances pour arriver à un résultat. Les pigments jaunes et verts sont les plus durs à enlever. Avant, on voyait beaucoup d’ex-détenus qui voulaient effacer un “Je t’aime maman”.  Il y a toujours beaucoup d’erreurs de tatouage, les gens changent d’avis au cours de leur vie.

Tiffany Fillon, Emma Gouaille et Valériane Gouban

Maho XO, artiste dos au mur

Faire de sa passion d’enfance une reconversion professionnelle, c’est le pari de Mathieu Holbert, alias Maho XO. Son truc à lui ? Dessiner et peindre des motifs géométriques aux origines multiculturelles. Tmv est allé à la rencontre de ce street-artist tourangeau sur son lieu d’expression.

maho xo

2012. Retour cinq ans en arrière, à l’époque où Mathieu Holbert connaît un tournant dans sa vie. « Je me suis cassé le dos au travail », lance-t-il sèchement. Cet accident l’a immobilisé pendant vingt-quatre mois. Le temps de se préparer à une nouvelle carrière. « J’ai fait en sorte d’éviter les opérations et de limiter les efforts », explique l’intéressé.

Ses missions d’intérim lui ont permis de préserver une relative liberté. « Je gardais la possibilité de rebondir quand je le voulais. » Le déclic est arrivé grâce à un ami, qui l’a motivé à « reprendre le crayon. Depuis, ça ne m’a plus lâché ! » Adolescent, ce sont les BD de Marcel Gotlib qui ont développé sa fibre artistique.
L’homme de 40 ans s’est désormais trouvé un autre terrain de jeu : les ateliers de la Morinerie, à Saint-Pierre-des-Corps. Son mur est situé derrière les imposants bâtiments, au bord d’un champ. Ici, il met en pratique ce qu’il a pu bosser en atelier. Ou pas. Les inspirations lui viennent parfois sur le trajet, à l’image de sa dernière réalisation, « Palmiers ». Une soixantaine d’oeuvres, aux couleurs Pop Art et aux styles aztèques, africains et asiatiques se côtoient, sans compter celles exposées en galeries.

Maho XO (c’est son nom d’artiste) se dit attaché à l’art primitif et aux symboles. « Les icônes existent depuis la nuit des temps, et il y en aura toujours. C’est quelque chose que tout le monde comprend. » Le peintre Paul Klee et les graffeurs Grems et Roa font partie des personnes qui l’ont marqué.
Mais il reste compliqué de le classer. « Je refuse les étiquettes car je ne connais pas les codes de chaque mouvement. » Maho ne se revendique pas muraliste non plus. « Je ne porte pas de revendications politiques. » Finalement, même s’il juge que la définition n’est pas assez claire, il considère que le street art sert de repère à son public. Le Tourangeau apprécie de pouvoir gérer ses horaires en fonction de ses envies. Être son propre patron a également des inconvénients. « L’argent, c’est un problème au départ, avant de parvenir à des solutions, relativise Mathieu Holbert. Le fait de se sentir bien dans ma peau réduit l’importance des sous. Maintenant, je suis davantage heureux ! »

En trois ans d’activité, il ne s’est jamais lassé. Et il remarque une évolution positive autour de son boulot. « Les gens font mieux la distinction entre les tags dans la rue et mes dessins et mes peintures. » Plusieurs organismes ont récemment fait confiance à Maho. Il vient de dessiner un alphabet imaginaire sur les vitres du jardin Botanique.
À découvrir, aussi, sa prestation de live painting (28 juin), dans le cadre de l’exposition consacrée aux Shadoks, à Azay-le-Rideau. Cette curiosité et cette notoriété l’encouragent à se projeter. Il ne se refuse aucun rêve. « Je voudrais faire le tour du monde, histoire de colorer les immeubles des villes. Ce serait un peu un musée à ciel ouvert, en réponse à un monde trop triste. »

Simon Bolle

> Jusqu’au 29 octobre, l’exposition Shadoks pose ses valises à Azay-le-Rideau, salle des Halles (sur la place du 11-Novembre). Du mercredi au dimanche, de 10 h à 19 h. Tarifs : 5 € (plein), 2,50 € (réduit) et gratuit (moins de 10 ans).

Chemiakin : parcours d’artiste à Loches

Il faut aller à Loches pour découvrir Chemiakin. L’artiste russe présente, dans six lieux différents de la ville, plusieurs aspects de son travail. Une découverte sensible et colorée, d’une oeuvre et d’un artiste profondément attachants.

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Chemiakin s’habille en noir. Parce que la couleur, elle est dans ses œuvres baroques et foisonnantes quoique toujours teintées d’une pointe de désespérance slave. Chemiakin s’habille en tenue militaire. « Parce que dans les habits civils, il n’y a pas assez de poches. Il me faut des poches pour mettre mes calepins, mes appareils photos, tout ce que je ramasse. Et mes revolvers ! », ajoute-t-il en riant.

Chemiakin est fils de militaire. Son père était officier dans l’armée soviétique. Il est fils de comédienne aussi. « J’ai plusieurs influences… », résume t-il dans un sourire. De nombreuses influences, en effet et, surtout, un imaginaire inépuisable. Et, ils sont quelques-uns à le savoir, trop d’imagination, c’est embêtant quand on voit le jour à Moscou, en 1943.
Au lycée d’art de Léningrad où il entre en 1956, il ne pourra évidemment pas se fondre dans le moule du Réalisme soviétique et on le traitera de fou. Direction l’asile où l’on soigne les cas de son espèce, à l’époque. Onze ans plus tard, nullement guéri, il fonde le « le Groupe de Pétersbourg », basé sur l’étude de l’art religieux de différentes époques et de différentes cultures. Toujours pas dans la ligne… Image13

Image7En 1971, il doit quitter son pays sous la pression gouvernementale. « À cause aussi, précise-t-il, de l’Intelligentia de l’époque qui s’est comportée de façon vraiment dégueulasse (en français dans le texte, NDLR) ». En exil, certains artistes de sa génération se diluent dans la culture occidentale. Pas lui. Lui continue à tracer son sillon, à travailler. Il peint, il sculpte, il photographie, il dessine, il taille… Des milliers d’oeuvres, de toutes sortes. Après dix ans passés à Paris, il traverse l’Atlantique et plonge dans le bouillonnement new-yorkais. Il devient une figure de la dissidence russe. Il expose partout, dans le monde entier.
« J’ai dû faire plusieurs fois le tour du monde, mais je ne connais pas tous ces pays », s’amuse t-il. Il devra attendre 18 ans, en 1989, pour revoir la terre de sa jeunesse. Dans la Glasnost de Gorbachev, une vaste rétrospective lui est consacrée à Moscou. Il fait le voyage, mais il est Américain, maintenant…

Puis, en 2007, Chemiakin renoue avec la France et se pose dans ce Lochois qu’il aime tant. Lui et sa femme Sarah possèdent une propriété dans la cité médiévale. Ils rêvent qu’un jour, le lieu accueillera un Centre d’art contemporain. En attendant, Chemiakin tient sous son aile protectrice une demi-douzaine d’étudiants russes venus de l’université de Saint-Pétersbourg, de petites pousses d’artistes qu’il couve paternellement.

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Devant les Caravage de Loches, il se penche avec eux sur le drapé de la robe de Marie. « Regardez ce bleu, avec la lumière qui se pose sur le tissus, il prend des teintes très différentes. Nous travaillerons demain avec du noir et uniquement du noir. Il faut que vous gardiez en tête ce que vous voyez là… » Chemiakin est un passeur aujourd’hui. Un passeur d’humanité qui se protège sous des habits noirs et des treillis militaires.
Dans une rue de Loches, sur un trottoir, il devine une forme, un caillou, une feuille, invisible de nous. Il la prend en photo, du haut de sa stature courbée. Il verra demain, un autre jour, chez lui, si un trésor s’y cache. Si cet instant d’éphémère a, comme il le préssent, quelque chose à nous dire, qu’il pourrait nous révéler.

> Chemiakin se met en scène à Loches, jusqu’au 5 novembre 2017. 

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Les Gardiens de La Boulangerie

Zoom sur Juliette Gassies et Frédéric Dumain, à la tête de La Boulangerie.

Image13Juliette Gassies

Elle vit sa vie en couleurs. Née à Tours en 1965, Juliette Gassies a grandi dans une maison d’artiste. Son père enseignait à l’école des Beaux-arts de la ville et menait son activité de peintre en parallèle. Après avoir elle-même étudié à l’école des Beaux-arts, elle enseigne l’art plastique et développe son style autour de la peinture.

Dans son atelier, au deuxième étage de la « Boulangerie » à Saint-Pierre-des-Corps , les toiles sont recouvertes de touches colorées. Son trait est graphique et réaliste. Elle multiplie les séries au gré de ses envies: les fruits exotiques, les oiseaux, des cartes postales détournées ou encore des nageurs. « Elle a beaucoup d’imagination, de talent et surtout de simplicité », commente une de ses élèves, Myrtille Bout. Elle exposera fi n février à la Boîte à livres et en mai à XL Art, dans l’espace Nobuyoshi à Saint-Antoine-du-Rocher.

Frédéric Dumain Image11

Arrivé en 1987 à Tours, il a passé son enfance à la Rochelle où il est né en 1968. Comme Juliette Gassies, il étudie à l’école des Beaux-arts de Tours et enseigne son art dans l’agglo et arrive à Saint-Pierre-des-Corps. Au premier étage de La Boulangerie, juste en dessous de sa comparse, il a aménagé un bureau et un atelier où il entasse ses expérimentations.

Sa ligne directrice est l’image du corps. À côté, il s’inspire aussi des natures mortes et des paysages. Son truc, c’est la composition de photo et son traitement par ordinateur. Il donne à des portraits de famille des aspects mystiques. L’artiste contraste cette image avec un développement sur plexiglas, plus contemporain et même rétroéclairé. « J’agrandis, je réduis, j’ajoute des motifs Art déco… dans l’esprit des cabinets de curiosités. »

> LES COURS

– Enfants de 5 à 15 ans, mardi soir ou mercredi après-midi, une heure hebdomadaire.
Tarifs : pour les Corpopétrussiens 27 € / trimestre ; ou 95 € / trimestre. Matériel fourni.
– Adultes, du lundi au jeudi, deux heures hebdomadaires. Inscription à l’année 40 € + 135 € par trimestre.
Renseignements et inscriptions au 02 47 63 43 45 et sur le site http://diagonalelaboulangerie. blogspot.fr

Pour retrouver notre reportage dans les locaux de La Boulangerie, c’est PAR ICI !

Sya, le dessin dans la peau

Entre caricature et portrait BD, le Tourangeau Sya est un stakhanoviste du dessin et de l’illustration. Ses feutres et ses crayons, il ne les quitte jamais. Portrait d’un artiste multi-facettes.

(Illustration Sya)
(Illustration Sya)

Il arrive en vélo. Chapeau melon sur la tête, à la Charlie Chaplin. Tout de noir vêtu. Lui, c’est Sylvain Lallouet, connu sous le surnom de Sya. Sya, 38 ans, est un amoureux du dessin. Depuis quelques années, il s’est fait une réputation en Touraine.

On le dit caricaturiste, mais ce n’est pas tout à fait ça. « Je ne fais pas de gros nez, de détails exagérés. Ce n’est pas mon truc, je ne suis pas méchant », sourit-il. Les portraits qu’il réalise se trouvent en fait à la croisée de la caricature et du dessin de BD, surtout.
L’été, il squatte la place Plum’ et, muni de ses feutres, croque les passants. L’hiver, il écume les marchés de Noël, se promène entre les Nouvelles Galeries ou encore la Fnac (lire ci-dessous), entre Tours, Chinon, Veretz et Loches. Toujours avec ses crayons et son carton à dessins sous le coude.

D’ailleurs, ce jour d’interview, ça le démange. « Je vais vous dessiner pendant qu’on parle. » En quelques minutes chrono, ses feutres noirs ont parlé. Depuis tout petit, Sya nourrit cette passion. « J’ai appris à dessiner avec les Marvel que je décalquais. J’adorais MacFarlane, l’homme qui a modernisé Spiderman. Et puis j’étais aussi fan de Cabu qui dessinait en direct dans l’émission de Dorothée. » Après son bac, cet originaire du Mans intègre l’école Brassart de Tours. Le milieu de la pub « paye bien », mais le « boulot en entreprise, ce n’est pas mon truc », dit-il.
En 2006, il « tartine cinq à dix illustrations pour un psychologue gestuel ». Puis, tout s’enchaîne. Il manie le crayon dans les pots de départ, les fêtes de village, les mariages – où il dessine jusqu’à 4 h du matin – ou pour une troupe de théâtre : « Je faisais des dessins pendant l’entracte ! » Les contacts se font. Il finit aussi par collaborer avec les clubs le Marquis et le Milord.

Sya a plusieurs cordes à son arc.
Sya a plusieurs cordes à son arc.

Sya, « artiste multi-facettes », outre le dessin, exerce aussi dans le graphisme, l’illustration, la déco. Capable aussi bien d’un esprit bande-dessinée que de portraits réalistes ou de tableaux surréalistes à la Dalí. La semaine, entre midi et deux et une partie de l’après-midi, il est animateur pédagogique dans des écoles tourangelles. Là encore, le dessin n’est jamais loin. « J’apprends aux enfants les bases, du manga par exemple. » D’un coup, Sya relève la tête. Il rajoute un détail sur le croquis qu’il réalise. Là, il vient de tracer deux petites pommettes. « C’est quand vous souriez… Le détail est important. »
Esquisse terminée. Feutre posé. Un geste que ce boulimique du dessin répète à longueur de journée. « On me demande toujours si je n’ai pas mal au poignet, après avoir “caricaturé’’ pendant des heures, mais non. C’est surtout à la tête ! Car il faut sans cesse analyser les visages. » Des visages, il en voit des centaines. « Mais tout ce que j’essaye, c’est de faire marrer les gens pendant cinq minutes. J’espère leur vendre un peu de bonheur. C’est déjà ça. »

> Sya sera présent du 28 au 30 décembre, l’après-midi, à la Fnac (portraits gratuits).
> facebook.com/sya.artworks

Qui se cache derrière les tags du Soleil Levant ? (2)

#EPJTMV Après avoir révélé nos premières découvertes dans notre épisode 1, place à d’autres graffs, toujours réalisés par la même personne. Et on connaît désormais son identité…

Épisode 2 : D’autres graffs, une seule artiste

On sait dorénavant qui se cache derrière ces graffs. Mais avant de vous le révéler, continuons le cheminement de notre enquête à la découverte de ce tagueur.

Tag Blanqui
Les couleurs de la robe ravivent le quartier Blanqui. Photo : Manon Vautier-Chollet

Les internautes ont été des alliés de taille pour trouver d’autres graffs dans les rues de Tours. Deux nouveaux au compteur. Quoi que bien différents, ils conservent toujours le même esprit. On reconnaît la patte de l’artiste.

Quartier Blanqui, près de l’église. Une nouvelle fois devant des pissotières. La femme représentée est ici de face. Elle a troqué son kimono rouge pour une robe bouffante beaucoup plus colorée : bleu, jaune, rose, rouge, vert… On suppose à cet instant que l’artiste est une femme. L’utilisation de pochoirs en forme de papillons nous met sur la voie.

Venez découvrir les différents tags présents sur Tours ici :

[nrm_embed]<iframe src= »https://uploads.knightlab.com/storymapjs/68b32ca2055760e642d484880ac9743b/retrouver-les-graffs-de-tours/draft.html » frameborder= »0″ width= »100% » height= »800″></iframe>[/nrm_embed]

Le tagueur a aussi laissé son empreinte près de la place de la Victoire, rue des Quatre-Vents. Le graff est fait des mêmes couleurs que celui du quartier Blanqui. Il s’accorde à merveille avec l’environnement qui l’entoure. On peut le voir dans un renfoncement, entouré de branches de vignes sur les murs. L’Asiatique surplombe un banc tagué et porte un kimono coloré.

Tag place de la victoire
Dans un recoin, rue des Quatre-Vents, un tag se marie parfaitement avec le décor. Photo : Manon Vautier-Chollet

Les internautes ont aussi apporté leur aide pour retrouver l’artiste. Sur la page Tu es de Tours si… ils ont activement répondu à notre demande. Nos supputations se révèlent justes. L’artiste est bien une femme. L’identité semble évidente pour certains. Mais pas pour tout le monde ! Nombreux sont ceux qui se questionnent et s’enthousiasment devant la photo du tag qui illustrait notre demande. Maintenant, il reste à savoir si d’autres graffs se cachent dans les rues tourangelles. Et on n’en doute pas !

Une Tourangelle

A présent, on comprend la signature inscrite en bas des créations. On peut dire qu’on y était presque… ou pas. Ce n’est pas CIB, ni CIG et encore moins CGI mais tout simplement Gil. Derrière cette signature, Gil KD, une artiste peintre tourangelle. Tmv  la rencontre très prochainement… Restez connectés.

Philippine David et Lénaïg Le Vaillant.

Saison CCC OD : voilà ce qu’on va y voir !

Il y a quelques semaines, nous vous faisions découvrir le bâtiment du CCC OD tout vide et tout nu, juste avant l’arrivée de l’équipe dans les locaux. Depuis cette semaine, on sait ce que l’on va y voir au cours de ses dix-huit premiers mois de vie. Voyage temporel et artistique.

OLIVIER DEBRÉ : UN VOYAGEUR EN NORVÈGE
DU 10 MARS AU 3 SEPTEMBRE 2017
« Le but, explique Alain Julien-Laferrière, directeur du CCC OD, c’est de partir en voyage en Norvège avec Olivier Debré. » La Norvège, c’est l’une des destinations préférées du peintre. Il y réalise un ensemble de toiles inspirées par la nature nordique, assez méconnues en France. « Quand il peignait là-bas, Olivier Debré faisait évoluer sa palette et même sa façon de peindre, détaille Alain Julien-Laferrière. Il y part et il revient toujours avec la Touraine dans ses bagages. » Autour d’une seule oeuvre de la donation Debré, l’exposition présentera 70 toiles issues des plus grandes collections norvégiennes et qui ne sont jamais sorties du pays.
> SALLE BLANCHE

Olivier Debré, «Oppdal», 38 x 55 cm, 1979 / collection Per Haugum
Olivier Debré, «Oppdal», 38 x 55 cm, 1979 / collection Per Haugum

PER BARCLAY : CHAMBRE D’HUILE
DU 10 MARS AU 15 SEPTEMBRE 2017
Déjà au naturel, la Nef paraît immense. Mais avec l’installation de Per Barclay, elle va prendre une dimension plus grandiose encore. Per Barclay, son truc, c’est de répandre une sorte de miroir d’huile au sol d’un espace le plus vaste et le plus insolite possible. Ensuite, il prend des photos où l’oeil se perd dans des proportions improbables. Ce sont les photos les oeuvres d’art, l’installation pour spectaculaire qu’elle soit, c’est l’atelier. « Cette fois, nous allons pouvoir pénétrer dans l’atelier de l’artiste, souligne Alain Julien-Laferrière. L’installation sera même visible gratuitement tous les week-ends. »
> DANS LA NEF

Per Barclay, «46, quai le Gallo, Boulogne» 2011 / © Per Barclay - Courtesy Rue Visconti
Per Barclay, «46, quai le Gallo, Boulogne» 2011 /
© Per Barclay – Courtesy Rue Visconti

LA JEUNE SCÈNE NORVÉGIENNE
DU 10 MARS À DÉBUT JUIN
« Aujourd’hui, les pays scandinaves affichent une vitalité créatrice impressionnante, rappelle Alain Julien-Laferrière. Les polars, la musique, le cinéma… Beaucoup de choses viennent de là actuellement. » Le CCC OD a choisi de donner carte blanche à l’artiste Thora Doven Blake qui a sélectionné dix artistes qui sont au top de la création contemporaine. Certaines oeuvres seront créées spécialement pour cette exposition, d’autres seront totalement inédites en France.
> SALLE NOIRE

Tori Wrånes, «Bobo, this I can’t tell you » Henie Onstad Kunstsenter, Norway 2011 / Photo: Eirik Slyngstad
Tori Wrånes, «Bobo, this I can’t tell you » Henie Onstad Kunstsenter,
Norway 2011 / Photo: Eirik Slyngstad

LEE UFAN
À PARTIR DE JUILLET 2017
C’est, sans aucun doute, l’un des artistes coréens les plus connus au monde actuellement. « Sa recherche de l’épure absolue est quelque chose qui touche beaucoup de personnes, explique Alain Julien-Laferrière. Il a rencontré un grand succès en investissant le château de Versailles en 2014 ». Mais l’exposition à Tours sera sa première dans une institution culturelle en France.

KLAUS RINKE
D’OCTOBRE 2017 À MARS 2018
« Une des fonctions de la Nef sera de réinterroger l’oeuvre d’un grand artiste. Klaus Rinke, qui est une des figures majeures de l’art contemporain allemand, sera invité à réinventer “ L’instrumentarium ”, une installation qu’il avait réalisée au Centre Pompidou en 1985 », explique Alain Julien-Laferrière. À l’époque, il s’agissait d’un arsenal d’instruments de récupération, de mesure et de circulation d’eau prélevée dans le Rhin et dans la Seine. à Tours, Klaus Rinke imaginera une installation qui mélangera les eaux de sept grands fleuves d’Europe, dont la Loire, naturellement. En parallèle, une exposition collective retracera l’extraordinaire vitalité de la scène artistique de Düsseldorf, des années 50 à aujourd’hui.
> DANS LA NEF

CÉCILE BART
EN 2018
« Cécile Bart travaille sur la couleur, le châssis et c’est la lumière qui apporte la transparence, explique Alain Julien-Laferrière. Pour la première fois, elle associera lors de son exposition à Tours, ses deux autres passions, que sont la danse et le cinéma. » Des images de scènes de danse issues du cinéma seront, en effet, projetées à travers ses peintures/ écrans.
> SALLE NOIRE

JORDI COLOMER
EN 2018
Jordi Colomer, c’est une vieille connaissance du CCC, puisque le centre tourangeau avait produit son installation Le dortoir en 2002, où il filmait, 24 heures durant, un immeuble entièrement reconstitué et ses habitants, après une soirée festive. Le film sera visible pour la première fois en intégralité (il faut avoir le temps, quand même…).
> DANS LA NEF

Capture

→ en pratique

Horaires (à partir de mars 2017) Saison hiver : du mercredi au dimanche, de 11 h 30 à 18 h. Nocturne le jeudi soir jusqu’à 20 h. Saison été : Lundi, de 14 h à 19 h. Du mardi au dimanche, de 11 h 30 à 19 h. Nocturne le jeudi soir jusqu’à 21 h.

Tarifs : réduit 3 € ; plein 6 € ; avec guide multimédia : 9 €. Gratuit pour les – 18 ans. cccod lepass (accès aux expos et aux activités pendant un an) : 25 € pour une personne, 40 € en duo, 12 € étudiant.

Retrouvez notre reportage photo d’un CCC OD « tout nu » ! A revoir juste ICI.

Camille Roodgoli Nejati, l’art(iste) atypique

Camille Roodgoli Nejati, jeune artiste tourangelle autodidacte, n’a qu’une envie : partager et faire découvrir son art atypique et ultra-coloré au plus grand nombre. Avis aux intéressé(e)s !

La marmite de l’Art, Camille Roodgoli Nejati est tombée dedans quand elle était petite. Un papa peintre, une maman spécialisée dans l’aquarelle : « Oui, c’est sûr que ça semblait naturel avec des parents artistes », commence cette jeune Tourangelle de 24 ans. « Pourtant, mon père voulait que je soie avocate. Il ne souhaitait pas que je trempe dans le monde de l’art. » Trop difficile. Trop compliqué. Mais finalement, Camille se lancera quand même. Parce que l’art, c’est toute sa vie. Sa amour, depuis qu’elle est toute petite.

Alors après des études de droit, elle tente par correspondance la Mise à niveau arts appliqués Manaa. « Mais il y avait trop d’arts graphiques », souffle Camille qui alterne sa vie tourangelle avec la capitale. Un refus des Beaux-arts de Paris ? Qu’à cela ne tienne : Camille se débrouillera seule.
Elle, de toute façon, est une artiste autodidacte. Son imagination débordante aide. Elle a trouvé son propre style. Singulier, coloré. Mélange à la fois peinture et photographie, s’aide de plusieurs matières. « Aussi bien du stylo gel, que de la feuille d’or, de la poudre de paillettes ou même du vernis à ongles ! », précise Camille, dans un large sourire bordé de rouge à lèvres. Elle est pimpante. Comme ses œuvres. « J’aime beaucoup la couleur. Ça apporte de la gaieté à mon art. » Pour créer, elle part d’affiches ou bien de photos. « C’est ma base. Puis je retrace les traits avec un stylo, recouvre de Blanco®. Quand cette base est recouverte, je rajoute tous mes matériaux », explique-t-elle.

Le résultat ? Un monde imaginaire rappelant aussi son amour et sa sensibilité pour l’univers de la Mode. Sur ses œuvres, les habits brillent, les chevelures sont flashy et sautent aux yeux. En parlant de ses créations, on lui dit qu’aussi bien dans les vêtements que dans la beauté du corps de la femme, il se dégage quelque chose de très coquet dans les choix. Camille hésite, sourit de nouveau. « Le corps de la femme est beau, ses courbes sont jolies. Alors j’essaye de le mettre en valeur. »
Si Camille a déjà exposé quelques fois, elle déplore toutefois les obstacles qu’elle a pu rencontrer. « Lors de mes premières expositions, à 19 ans, on ne me prenait pas au sérieux à cause de mon âge. Pourtant, les retours du public étaient positifs. À Tours, on ne donne pas spécialement la chance aux jeunes. » Encore plus difficile quand on est une femme, selon elle. Pas forcément par sexisme, non. « Mais manque parfois cette modernité. Il y a tout de même un côté conservateur parfois. »

Se faire connaître sur Tours, difficile dans le monde de l’art ? Camille Roodgoli Nejati, elle, ne demande que ça. Diffuser son art atypique, comme elle dit. « Il faut y croire ! », lance-t-elle. Toujours avec un grand sourire.

>camilleroodgoli.wixsite.com/arty
>instagram.com/camille_roodgoli
>facebook.com/Camille.RoodgoliNejati

MAVILLE_Artiste oeuvres
Cliquez sur la photo pour agrandir.

Poussez les portes du CCC OD

Et si on poussait les portes du CCCOD ? Mais si, vous savez, le Centre de création contemporaine Olivier Debré. Tmv y a fait un petit tour, pour vous montrer l’envers du décor.

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On préfère vous prévenir : vous allez en entendre parler. Et c’est normal. L’ouverture du CCC OD à Tours, c’est un événement de la dimension de la construction du Vinci ou de l’arrivée du TGV pour vous situer la chose. Mais c’est quoi, au juste, le CCC OD ? Eh bien, c’est un peu comme si le CCC de la rue Marcel- Tribut avait avalé un tonneau de potion magique pour devenir le plus grand Centre de création contemporaine de France. Rien que ça. 4 500 m2 dont près de 2 000 m2 de salles d’expos qui permettent de tout faire, de tout exposer, de tout oser. Cette semaine, l’équipe du CCC OD entre dans ses locaux. Alors, nous, on y est allés juste avant, jeter un petit œil. On vous fait visiter ? Effet « whaou » garanti !

>>> Pour tout savoir du CCC OD, côté chiffres et dates, cliquez ICI <<<

Elle court tout autour du nouveau bâtiment, la galerie de verre. Toute la construction semble reposer sur elle, mais il n’en est rien. Les prodiges de l’architecture font que tout le poids est réparti vers le haut. Le soir venu, la galerie s’éclaire et le cube de pierre semble flotter dans la nuit.

Associer l’ancien bâtiment avec une construction moderne, c’était tout le défi proposé aux architectes portugais. Minéralité, solidité et fluidité, le bâtiment, de l’extérieur, ne dévoile pas tous ses secrets.

C’est par cet escalier que les visiteurs accéderont à l’étage.
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La Nef, une salle de onze mètres de hauteur qui permet d’exposer les œuvres les plus monumentales. Ouverte sur l’extérieur, elle permettra aux Tourangeaux d’entrevoir, par les immenses baies vitrées, une partie des œuvres présentées.
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Nous sommes ici dans la « salle noire ». Située au rez-de-chaussée, juste en face de la nef, elle est conçue pour permettre un noir absolu. On pourra y exposer des œuvres multimédia, de la vidéo, des créations qui travaillent sur la lumière.
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CA VEUT DIRE QUOI CCC OD ?

OD, ce sont simplement les initiales du peintre Olivier Debré, dont la famille est profondément liée à la Touraine. Toute sa vie, le peintre a magnifié les couleurs et le mystère de la Loire. Les cinq plus grands tableaux qui avaient été réalisés en 1991 pour les cimaises du CCC ont fait l’objet d’une donation à Tour(s)Plus. À cela s’ajoutent une sélection de 150 œuvres graphiques (dessins…) et le prêt permanent de 140 tableaux. C’est dans cette « Salle blanche » que les oeuvres d’Olivier Debré seront exposées. Mais le lieu n’a pas vocation à être un musée Olivier Debré. C’est un Centre de création ouvert aux artistes contemporains du monde entier.

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Légendes : Matthieu Pays
Photos : Christophe Kibleur

« Aucard, c’est une ambiance, c’est un village »

Du 31 mai au 4 juin, le mythique Aucard de Tours de Radio Béton investira de nouveau la Gloriette. On a interrogé Enzo Pétillault, programmateur, qui nous dévoile les dessous du festival.

Aucard
Enzo, programmateur à Aucard de Tours.

Quand commencez-vous à travailler sur Aucard ?
Concrètement, ça ne s’arrête jamais. Je fais des concerts, on fait jouer des groupes qu’on défend à Radio Béton, il y a des artistes que j’ai vus il y a plusieurs années, etc. Mais la programmation, la prospection démarrent vraiment en octobre. Le bouclage a lieu vers la mi-mars. Ensuite, on entre dans le « très dur » : ce vendredi 27 mai, on investit la Gloriette (le festival débute le 31 mai, NDLR). A la fin d’Aucard, on démonte tout pendant trois jours.

La prog’, c’est un plaisir perso ?
Je me fais beaucoup plaisir. Mais avant tout, on veut trois choses pour Aucard avec Pascal Rémy : un lien avec Radio Béton, un lien avec l’histoire du festival et des découvertes, de l’innovant. Mais ce n’est pas qu’un plaisir personnel. Par exemple, les $heriff, c’est quelque chose qui ne me parle pas, mais c’est hyper important qu’ils jouent, car ils étaient là dès les débuts d’Aucard ! Debout sur le Zinc a joué il y a 10 ans et eux-mêmes ont demandé à revenir.

Il y en a beaucoup qui viennent vers toi ?
Certains, oui. Ou alors ils sont plus arrangeants. Par exemple, les Wampas, l’an dernier, qui nous avaient fait un tarif moins élevé qu’ailleurs. Ou encore Biga*Ranx qui nous avait fait un prix au ras des pâquerettes, car c’était chez lui et ça lui tenait à cœur de venir. Aucard, c’est le festival des Tourangeaux.

En parlant prix, quel est le budget d’Aucard ?
Il est petit comparé à d’autres. On a un budget de 350 000 € tout compris, dont 80 à 90 000 € pour la programmation. Sauf l’an dernier, où on a mis 10 000 € de plus pour notre anniversaire. Il n’y a pas tant de marge que ça. Il y a un peu de risques. S’il pleut, on est dedans direct ! Les Tourangeaux comprennent que c’est un festival pas cher. Même si, cette année, on a augmenté de 2 € la soirée et 5 € la semaine (lire ci-contre).

Vous avez des aides financières ?
Oui, des aides de la Ville avec 48 000 € contre 50 000 € l’an dernier. Mais aussi de l’agglo, de la SACEM…

Pour les cachets des artistes, y a-t-il une fourchette que tu t’imposes ?
Vu le tarif d’entrée, oui ! Pour une grosse tête d’affiche, j’essaye de ne pas mettre au-dessus de 10 000 €. Ce qui n’est pas beaucoup pour un gros groupe… The Shoes avait par exemple accepté ce prix au lieu de ses 20 000 € habituels.

Pourquoi c’est tabou de parler d’argent ?
Je ne sais pas. En France, dans le milieu du spectacle, les gens ne veulent pas savoir que c’est une économie. Certains chiffrent paraissent énormes, mais il faut savoir qu’il y a les frais inhérents au groupe, que 15 % vont au tourneur, etc. C’est bizarre, mais on ne veut pas comprendre que l’art coûte de l’argent. D’où le besoin de subventions.

Les « coulisses » d’Aucard, ce sont des artistes sous des tentes, avec un baby-boot, à la punk. Il y a déjà eu des demandes un peu étranges ou des caprices ?  
La plupart ont leur rider (une liste de demandes – NDLR), mais on respecte quand même. Il est arrivé qu’un DJ nous demande deux bouteilles de champagne. Dans ce cas, je demande : « euh, t’es sûr qu’il en faut vraiment deux ? » Mais sinon, rien de particulier.

Comme chaque année, beaucoup vont se demander pourquoi les horaires de passage ne sont pas divulgués avant ?
C’est une vieille tradition à Aucard. Ce festival, c’est de la découverte. On aime que le public vienne pour tout et pas que pour un groupe. Il y a aussi un côté économique, soyons honnête : c’est toujours mieux que les gens viennent à 20 h, plutôt qu’à minuit ! D’ailleurs, j’en profite pour dire qu’il faudra venir tôt pour ne pas rater notamment Debout sur le zinc et Suuns ! Mais bon, on n’est pas  »relou » : la sortie n’est pas définitive jusqu’à minuit, contrairement à beaucoup de festivals !

Cette année, quel groupe te fait vraiment plaisir ?
Je suis fier d’avoir Mystery Lights. C’est leur 2e concert en France. Ils sont de New York : un gros rock 70s, mon coup de cœur ! Ou encore les Onyx. C’est mortel d’avoir des légendes !

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=KdaR4rAd5pc[/youtube]

Pour quoi vient le public ? Les têtes d’affiche, les groupes locaux, l’ambiance… ?
C’est un tout. Je pense que 50 % d’entre eux viennent « parce que c’est Aucard ». L’autre moitié est attirée par un groupe, une tête d’affiche, etc. Aucard, c’est une ambiance à part, c’est un village.

Aucard, c’est un peu une famille, non ?
Oh oui ! Même dans le public, c’est une ambiance à part, c’est dingue.

J’ai entendu dire que cette année, il vous a été demandé de ne pas dépasser 85 décibels. Soit presque le bruit d’une machine à laver en mode essorage…
Il y a un arrêté préfectoral en Indre-et-Loire depuis 2 ans. Sauf qu’un public qui applaudit, c’est déjà 85 décibels. C’est fait par des gens qui n’y connaissent rien. Baisser à 85 au lieu des 103 réglementaires, c’est bête. Mais la mairie est obligée. On a expliqué que c’était pas possible, à part en ne faisant que de l’acoustique. Aucard respectera les 103 décibels, la limitation nationale. On a eu une dérogation et pour l’instant, il n’y a pas de souci.

L’an dernier, Aucard a fêté ses 30 ans… Alors, qu’en retiens-tu ?
C’était génial qu’il y ait autant de monde. On a fait 22 000 entrées. Il y avait de l’ambiance et des concerts de dingue, comme Rich Aucoin par exemple. Les artistes étaient adorables, ils aiment vraiment Aucard. Le public était au taquet, même pour des groupes moins connus. C’est toujours cool pour eux de jouer devant 3000 personnes !

L'an dernier, Aucard a marché sur la ville (Photo NR)
L’an dernier, Aucard a marché sur la ville (Photo NR)

J’aime beaucoup aborder ce sujet : et les bénévoles alors ?
Une bonne partie d’entre eux revient chaque année. Ils posent leurs jours de congé pour venir monter un chapiteau, servir des bières. C’est fou. De toute façon, l’esprit bénévole, soit tu l’as, soit tu l’as pas. Cette année, on a reçu beaucoup de demandes sur les réseaux sociaux. Pour notre festival, les bénévoles se déguisent suivant le thème, ça rajoute du charme. Cette année, c’est « savants fous et fous savants », il y a ce côté fun chez nous.

Soyons fous : imaginons que la mairie te donne les pleins pouvoirs, 4 millions de budget MAIS obligé de faire une programmation grand public. Qui choisis-tu ?
Euh… Gorillaz, Daft Punk… Les Rolling Stones, tiens ! (sourire) Pas beaucoup de Français, je crois…

Pas de Patrick Sébastien…
Oula non ! Peut-être Jean-Michel Jarre, tiens. (bon, bah on fera pas tourner les serviettes à tmv – NDLR)

Tu regrettes certains choix dans la programmation ?
Je ne suis pas du genre à vivre dans le regret. En octobre, on a beau avoir une prog idéale, c’est complètement différent à la fin, mais on est super heureux. Chaque année, je suis fier.

Certains voient encore Aucard de Tours comme un festival « punk à chien ». ça t’embête ?  
C’est marrant, car certains voient ça, d’autres me disent « oui, mais il n’y a que de l’électro ». On ne peut rien faire contre les images, mais ça m’est égal. Il y aura toujours des mécontents ! On ne s’en sort pas si mal, au final.

[vimeo]https://vimeo.com/162170545[/vimeo]

Que penses-tu de la vie culturelle tourangelle ?

Il se passe pas mal de choses, mais il y a clairement un manque de lieux de diffusion. Tours possède une vie de bars géniale, avec beaucoup de rock, d’électro. Moins pour la chanson et le hip-hop. Et en dehors du Temps Machine, il n’y a pas vraiment de salle avec de bonnes conditions pour un concert, comparé à un bar. Le Bateau ivre, il faudrait vraiment que ça rouvre ! Il y a aussi Phoenix Events, Le Pont Volant (ex-La Belle Rouge – NDLR), mais ça reste loin pour certains. C’est dommage qu’il y ait ce manque d’infrastructures, malgré l’importance de notre vivier musical. J’ai entendu dire qu’en France, Tours avait le plus gros ratio groupes de musique comparé à la population.

En fait, Aucard est un vieux papy maintenant. Mais est-il immortel ?
Rien n’est immortel. Mais Aucard a retrouvé une jeunesse.

Propos recueillis par Aurélien Germain

>> Aucard c’est aussi sur FACEBOOK et TWITTER !

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Une minute sur le web #62

C’est la rentrée ? Hein, quoi, comment ? Tant mieux, c’est parti pour une petite visite guidée des tréfonds du web pour tout ce qui buzze, tout ce qui est wtf… mais cool.

Cheone est artiste, peintre et italien. Il utilise les murs et les façades pour réaliser de magnifiques fresques qui trouvent leur prolongement sur le mobilier urbain. Bluffant !
> cheone.it ou Cheone sur Facebook.
Cheone

BON PLAN
PANDA POWER
Les pandas, c’est cool (Zoo de Beauval, si tu nous lis !). C’est peut-être pour ça que l’hôtel Panda Inn en Chine est entièrement décoré à l’effigie de l’animal. Couverture avec des pandas, tableaux de pandas, formes de pandas (on n’aura jamais autant utilisé le mot panda) au sol… Le must ? Même le personnel est déguisé en panda.

panda

L’APPLI
TRADUCTION SIMULTANÉE
Google traduction, l’application gratuite qui monte, qui monte… Celle-ci permet de filmer n’importe quel texte, panneau ou menu, etc., grâce à son smartphone. Le texte est immédiatement traduit dans l’une des 27 langues choisies (le géant américain en a rajouté cet été), sans même avoir une connexion internet.

LA VIDÉO
SUPER PAPA !
Daniel Hasimoto est de retour ! Spécialiste des effets spéciaux, ce papa est connu sur la Toile pour ses vidéos mettant en scène son fils dans des mini-films d’action bourrés d’explosions. Dans sa nouvelle oeuvre, il se la joue Dents de la mer avec un fiston prêt à sauver sa sœur d’un requin.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0Y5c7YZVScE[/youtube]

LE TUMBLR
FOLIE VINYLE
Énorme : Vinyl Stores est un tumblr qui compile des photos de disquaires aux quatre coins du monde avec adresse, date d’ouverture et genres de musique vendus dans leur magasin. De la France au Chili, en passant par les États-Unis ou encore la Malaisie : un véritable tour du monde 100 % vinyle.
> vinylstores.tumblr.com
vinyle

INSOLITE
AH, L’ALCOOL…
Fin août, Pawel Fadjek a décroché la médaille d’or du lancer de marteau aux championnats de Pékin. Deux jours après, il ne l’avait plus. Pourquoi ? Oh, c’est que le Polonais a tellement fêté ça (hum hum) qu’il a payé la course en taxi… avec cette fameuse médaille d’or. Paraît-il qu’il n’avait pas de monnaie sur lui. Normal.

WTF
CHATS ET BALLONS
Okay, c’est ridicule et inutile, mais on vous fait partager ce tumblr qui remplace ballons de foot, basket et d’autres sports par des chats. C’est tellement bête qu’on aime…
> À voir sur sportballsreplacedwithcats.tumblr.com
BUZZ_CHATONSBALLE

Patrick Chamblas : le swing pour enfants

Patrick Chamblas a tout pour plaire aux familles : son swing est fait pour les enfants. Il est même « né dans un piano ». C’est lui qui le dit !

Patrick Chamblas
Patrick Chamblas déclare « être né dans un piano », il y a maintenant plus de quarante ans. Ce musicien extraverti, licencié en musicologie et intervenant vacataire dans l’Éducation nationale a découvert l’envers du décor de la scène en 2003, alors qu’il effectuait une tournée avec des copains musiciens. Depuis, ce pianiste poursuit sa route à la rencontre de son public.

Il sort le 5 février un livre CD, L’Arbre à swing. Un nouvel opus de huit chansons et quatre poèmes, accompagnés par les sonorités jazz manouche de la guitare et de l’accordéon, aux couleurs rythmées et ensoleillées de Django Reinhardt. C’est évident, cet auteur compositeur interprète s’inspire de toutes les musiques, des grands classiques de Beethoven, Mozart, à celles qui ont bercé sa jeunesse comme celles de Georges Brassens, de Claude Nougaro ou de William Sheller. Des guides spirituels qu’il admire par-dessus tout. « J’aime quand la chanson tricote avec des choses qui ont de l’envergure », confie-t-il.
Un goût de la perfection que son public peut apprécier dans ses textes travaillés à la virgule près. L’artiste perfectionniste, qui avoue avoir un penchant pour la contradiction, souhaite avant tout « offrir, avec la musique, une échappée de la vie quotidienne ». Ce qui ne l’empêche pas de faire passer des messages à son public, notamment dans son dernier album, avec une prise de conscience sur l’importance de la sauvegarde de la nature, au travers de Petit Arbre, ou encore Je vais en balade.

Anne-Cécile Cadio

Le 21 février, à 21 h, au Bartok, à Tours, et le 7 mars, à 14 h 30, à la médiathèque d’Amboise.
>> patrickchamblas-concerts.blogspot.com

Tours : les quinze qui vont faire 2015

2014, c’était chouette, mais maintenant il faut passer à la vitesse supérieure. Nouvelle année, nouveaux projets et tmv s’est penché sur les quinze qui pourraient bien faire parler d’eux prochainement.

POURQUOI CE SUJET ? Parce que nous adorons mettre en avant des talents locaux dans tmv. Peu importe si ces personnalités soient connues ou anonymes, pour nous, le plus important c’est d’encourager des initiatives citoyennes et innovantes qui font bouger la ville.
 
 

BIGA*RANX, musicien

Biga*Ranx
Biga*Ranx

C’est qui ? Le jeune prodige du mélange reggae et hip hop. Gabriel Piotrowski de son vrai nom, né le 27 septembre 1988 à Tours, amoureux de la Jamaïque et qui enquille les succès et les scènes.
Pourquoi il fera 2015 ? Parce que tout lui réussit. À tel point que ce musicien d’une gentillesse rare, qui a commencé à l’âge de 14 ans, va se produire à… l’Olympia (Paris) le 14 mars. Eh ouais, rien que ça ! Une façon bien costaude de promouvoir son nouvel album, Night Bird, qui sortira au printemps. Big up !

RÉGIS OLIVIER, entrepreneur

Régis Olivier
Régis Olivier

C’est qui ? Le directeur général d’Axess Vision Technology, entreprise à Saint-Pierre-des-Corps au top de l’innovation avec leurs endoscopes jetables : un matériel écartant tout risque de contamination croisée et de transmission de bactéries résistantes entre patients (on vous la fait courte).
Pourquoi il fera 2015 ? La PME prévoit neuf recrutements cette année et une production de 15 000 endoscopes. Ils ont aussi signé un contrat avec le CHU de Rennes, habilité à recevoir des malades touchés par Ebola.

LAZY COMPANY, la série

C’est qui ? Une série explosive, écrite par Alexandre Bodin et Alexandre Philip, et made in Touraine. Le pitch ? 6 juin 1944, 700 navires de guerre, 156 000 hommes et quatre guignols, limite abrutis (bon ok, c’est pareil) qui vont changer le cours de l’Histoire.
Pourquoi ils feront 2015 ? Le tournage de la délirante troisième saison a débuté dans nos contrées. Aurélia Poirier, actrice tourangelle au visage d’ange, y tient toujours un rôle. Diffusion prévue à partir du 31 mars sur OCS City.

MYLÈNE GONCALVES, hockeyeuse

Mylène Goncalves
Mylène Goncalves

C’est qui ? Cette Tourangelle formée aux Remparts de Tours fait partie de l’équipe de France de hockey sur glace. C’est une des égéries de la discipline.
Pourquoi elle fera 2015 ? L’équipe de France jouera cette année la Coupe du monde à Rouen, en avril, et des joueuses comme elle pourraient faire la différence. Depuis quelques années, la priorité de la Ligue française est que la discipline soit de plus en plus pratiquée par les femmes. Mylène Goncalves pourrait bien réussir à monter une équipe féminine à Tours un jour.

DOSS_LEGENDE2BISIN A FRACTION, le groupe

C’est qui ? Quatre musiciens de l’école tourangelle Tous en scène qui ont créé leur groupe et font péter les watts. Le résultat, un mélange hybride entre pop progressive, touches de folk, mâtiné de reggae. Et c’est techniquement irréprochable.
Pourquoi ils feront 2015 ? Car Pierre, Cédric, Yohan et Kiefer ont eu la bonne idée de s’inscrire au tremplin musical parisien, le Fallenfest. Le 24 janvier, ils seront donc en finale à… la Cigale. Boum ! De quoi leur ouvrir toutes les portes pour cette année.

FRÉDÉRIC MESSIREJEAN, citoyen responsable

C’est qui ? Un Tourangeau qui veut faire bouger les choses et agir avec son collectif Tourangeau pour une énergie citoyenne.
Pourquoi il fera 2015 ? Parce que son projet est top : une coopérative de production d’énergie photovoltaïque sur la toiture d’un bâtiment public de l’agglomération. Pour que cette idée de panneaux solaires sur toits devienne réalité, il lui faut des financeurs. Ce n’est que le début de l’aventure, mais les intéressés peuvent le contacter sur fred.messirejean@gmail.com

DR ÉTIENNE OLIVRY, médecin nostalgique

Etienne Olivry
Dr Etienne Olivry

C’est qui ? Il a écumé le monde de la médecine et de la communication médicale pendant 27 ans. Désormais, il est artiste et carbure aux bonnes idées.
Pourquoi il fera 2015 ? Le Dr Olivry a décidé de faire renaître La Gouazette médicale des années 80 en version numérique sur tablette. Pour la résurrection de ce journal culte des facs de médecine, à l’humour absurde façon Fluide Glacial, il recherche 4 000 € et fait appel au financement participatif (direction kisskissbankbank.com : vous avez jusqu’à la fin du mois).

ZAYNA, HÉLÈNE ET LOISE, étudiantes à l’IUT de Tours

C’est qui ? Pour leur projet tuteuré en gestion, elles ont proposé au Fun lab de Tours d’accueillir un repair café. Le principe : vous venez avec un objet cassé et des professionnels vous apprennent à le réparer bénévolement pour lutter contre l’obsolescence programmée.
Pourquoi elles feront 2015 ? Parce que leur initiative va se pérenniser. Après une première séance samedi dernier, les trois étudiantes souhaitent que ce Repair café au Fun lab soit durable, comme la démarche qu’elles défendent.

DOSS_ MENANTNATHALIE ET FRÉDÉRIQUE MENANT, artistes

C’est qui ? Nathalie et Frédérique, deux soeurs, se sont installées en décembre dernier à l’Arcades institute. La première pour réaliser ses Mues, des moulages en plâtre de morceaux de corps de femmes. La deuxième, derrière la caméra, pour filmer cette superbe résidence.
Pourquoi elles feront 2015 ? Parce que leur travail, qui sera exposé en février prochain à l’Arcades Institute, va vous bouleverser. Et qu’elles se sont mises de mèche avec l’association Joséphine pour la beauté des femmes qui fêtera ses 3 ans cette année.

PAULINE BOURSE, metteuse en scène

C’est qui ? Diplômée de Nanterre en mise en scène, elle s’est imposée comme la valeur montante du théâtre tourangeau. Après avoir adapté Voyage au bout de la nuit de Céline, elle promeut un théâtre politique, intelligent et interdisciplinaire.
Pourquoi elle fera 2015 ? Pauline Bourse a été nommée à la tête du Théâtre universitaire de Tours en septembre 2014. Après une série de conférences et d’invitations, elle prépare une création sur l’oeuvre de Bertolt Brecht avec sa troupe pour avril prochain.

ALLASANE TOURÉ, footballeur

Allasane Touré
Allasane Touré (Photo P. Deschamps)

C’est qui ? Ce défenseur central formé à Lens a dû travailler comme un dingue pour s’imposer dans cette équipe de Ligue 1. Après avoir rompu son contrat avec l’AFC Astra Giurgu (Roumanie) au bout d’un mois, il cherche une certaine stabilité et des challenges sportifs. Il va être servi avec le TFC.
Pourquoi il fera 2015 ? Parce que le défenseur pourrait apporter cette touche athlétique supplémentaire au TFC, celle qui fait la différence. Polyvalent, il fait partie de ces joueurs qui travaillent dur pour mériter une victoire.

Mathieu Giua
Mathieu Giua

MATHIEU GIUA, journaliste

C’est qui ? Blogueur actif, prof d’histoire, écrivain (si, si, tout ça), Mathieu Guia a déjà pas mal baroudé en terre tourangelle. En septembre dernier, il a fondé 37 °, le premier pure player d’informations générales et locales à Tours.
Pourquoi il fera 2015 ? Parce que lancer un média sur le web, de nos jours, c’est un challenge compliqué et qui met du temps à se développer. Franchir la barre d’un an d’existence pour 37°, ce serait la preuve que la pluralité des médias à Tours est bien vivace.

GUILLAUME METAYER, blogueur

C’est qui ? L’auteur du magnifique blog reugny-neuille.blogspot.fr, consacré à la Touraine du terroir. Nourri d’une collection de photos d’époque, d’archives ou actuelles, il raconte la vie de Reugny et Neuillé-le-Lierre. Et il n’a que… 19 ans !
Pourquoi il fera 2015 ? Car son travail fouillé (de véritable chercheur !) force le respect. Il a aussi édité son premier ouvrage : L’Histoire de Reugny et de Neuillé-le-Lierre. Les 230 exemplaires ayant été vendus rapidement, il s’apprête à rééditer son livre.

DIY BIO, étudiants biodouilleurs

C’est qui ? Un groupe d’étudiants qui, depuis un an, tente de faire émerger le mouvement Do It Yourself dans les facs de science de Tours. Leur but ? Rendre abordable la biochimie, la chimie-organique ou encore les biotechnologies, pour que le grand public et les étudiants s’emparent des sciences sans se prendre la tête.
Pourquoi ils feront 2015 ? Après une animation à la Guinguette et une réunion, ils mûrissent le projet depuis déjà un bout de temps : cette année devrait être celle des projets.

PATRICK SAVIDAN, philosophe

Patrick Savidan
Patrick Savidan

C’est qui ? Fondateur et président de l’Observatoire des inégalités, ce philosophe propose une pensée en s’attaquant au concret. Un de ses bébés : la justice sociale.
Pourquoi il fera 2015 ? Parce qu’il offre une pensée intelligible et intelligente sur l’intégration en France et sur l’égalité des chances. Et après ce qui s’est passé à Charlie Hebdo, nous allons avoir besoin de l’aide de penseurs comme Patrick Savidan. Alors, un conseil ? Lisez son livre Le Multiculturalisme (collection Que sais-je).

MAIS ENCORE
>>>On aurait pu citer Gary Constant (festival Mauvais Genre, 9e édition en avril), Jack Jouan (7e édition de Tours tattoo, convention tatouage à Tours), l’asso Tours Capitale club (ouvrir des bibliothèques dans les centres d’hébergement d’urgence)…

Par Aurélien Germain et Benoît Renaudin

Mounir Fatmi, identités multiples

On est allé voir les œuvres de cet artiste marocain majeur au CCC. Bluffant…

(Photo François Fernandez)
(Photo François Fernandez)

Le sol de béton brut du Centre de création contemporaine fait résonner les pas des curieux. Les murs blancs du CCC s’animent de nouveau, cette fois avec les œuvres de Mounir Fatmi. Première pièce : une vidéo tourne en boucle. Un homme s’enduit les mains de cirage sombre. Sa peau devient de plus en plus noire. Expérience similaire à celle vécue par John Howard Griffin. On retrouve le portrait de ce journaliste et médecin américain sur un autre mur de l’exposition. Photo après photo, sa peau blanche se noircit.
Griffin, insoumis
Dans les années 1950, cet intellectuel a décidé de changer de couleur. Devenir noir en pleine ségrégation, un bouleversement dans sa vie : le seul travail qu’on lui propose sera cireur de chaussure. Il écrira un livre qui marquera cette période troublée aux États- Unis. Changer son identité. Dans une pièce obscure, un petit projecteur montre un homme en train de dormir. Sa poitrine se soulève. Il est à moitié chauve. C’est Mounir Fatmi qui s’est déguisé en Salman Rushdie. L’artiste l’explique : il a demandé à l’auteur des Versets Sataniques s’il pouvait le filmer en train de se reposer, mais sans le convaincre. Mounir Fatmi a donc rejoué ces nuits où l’écrivain dort dans un appartement sécurisé contre la menace terroriste qui pèse sur lui. Obligé de se déguiser pour sortir dans les rues londoniennes, Salman Rushdie traverse également les œuvres présentées au CCC.
Changer d’identité
Mounir Fatmi s’intéresse à ces travestissements, ce besoin de vivre au-delà des apparences, d’aller à l’encontre des conventions édictées par des groupes religieux ou les sociétés. Dans une vitrine, son propos se précise : les principaux livres religieux sont recouverts de tâches d’encre. Il fait fi des écritures sacrées, préfère en ressortir l’encre qui les compose, la faire déborder. Ce cube de glace maculé fait face au portrait d’un monstre hybride : celui de Joseph Anton. Une illustration stylisée du pseudonyme utilisé par Salman Rushdie qui mélange les coups de marqueurs noirs et les visages de Joseph Conrad et Anton Tchekov. Hybridation des cultures, Mounir Fatmi s’amuse de ces mises en relation, il explose les codes. Et il le fait magnifiquement.
 
ALLER PLUS LOIN
l’expo >> Le CCC accueille Walking on the light jusqu’au 18 janvier, ça vous laisse le temps d’y passer. Pour ceux qui ne sont jamais allés au Centre de Création Contemporaine, il se trouve à quelques minutes de la gare au 55 rue Marcel-Tribut. L’expo est ouverte du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h. L’entrée est gratuite. Plus d’infos au 02 47 66 50 00 ou sur ccc-art. com
pour les kids >> Parce que l’art contemporain, c’est aussi pour les enfants, le CCC met en place des ateliers pour les petits. Mounir Fatmi a imaginé un atelier où les enfants apprennent à connaître l’autre. Photo, dessin, histoire, le temps d’une après-midi les artistes en herbe imagineront ceux qu’ils ont en face d’eux. De 5 à 15 ans. Les samedis 29 novembre, 13 décembre et 17 janvier à 15 h. Inscriptions auprès du CCC.
contribution >> Mounir Fatmi lance un appel aux visiteurs de l’exposition. Il vous demande simplement de répondre à la question : qui sont les autres ? Pour contribuer, direction son blog : theothersaretheothers. tumblr.com

Art contemporain : portrait de Jean-Baptiste Caron

L’Eternal gallery invite, jusqu’au 9 novembre, les oeuvres de ce jeune artiste contemporain. Rencontre.

CULTURE_PAP_OUV
Grande silhouette longiligne, Jean-Baptiste Caron manipule avec précaution des poids normalement utilisés pour la pêche. Il les place à l’extrémité d’un fil ensuite relié à un ventilateur. Au bout de quelques minutes, l’artiste se lève, appuie sur un bouton, la soufflerie se met en marche. Le système de fils jaunes reliés entre eux entraîne les deux fenêtres de la pièce. Une brise s’engouffre.
« C’est la Fabrique des courants d’air, répond laconiquement Jean-Baptiste Caron. C’est la première fois que j’utilise de vraies fenêtres. J’ai déjà réalisé cette installation, mais en intérieur. »

L’Eternal Gallery l’accueille dans un des octrois, rive droite, afin qu’il installe ses oeuvres. Né en 1983, Jean-Baptiste Caron fait encore partie des jeunes artistes en devenir. Si ses oeuvres sont régulièrement présentées dans la galerie parisienne 22,48 m2 ou avec d’autres plasticiens, c’est la première fois qu’un lieu lui propose une exposition personnelle.
Une fois qu’il est sûr que son système de ventilateurs fonctionne, Jean-Baptiste Caron descend les marches. Il se place devant la grande estrade grise où sont posés ses autres travaux. « C’est encore en cours de montage, mais j’ai ramené plusieurs oeuvres. » Au centre, une grande sphère de béton. « Si vous vous approchez, vous pouvez remarquer qu’il y a une peluche noire qui lévite. Elle provient de mon nombril. » Jean-Baptiste Caron approche sa main de l’amas de poussière mais sa main passe à travers. Prestidigitation ? Le grand bonhomme économise ses mots. Il préfère laisser parler la magie de ses oeuvres.

Entre poésie du minuscule et rêveries imaginaires, ses sculptures versent dans un minimalisme réjouissant. Loin du spectaculaire, elles offrent malgré tout une part d’illusion. Chacune cache un mécanisme en fait complexe. Sous leur apparente sobriété, ses sculptures sont la somme d’heures de travail, de recherches, faites de hasard et d’accidents. « Je m’attache souvent à des détails, raconte Jean-Baptiste Caron, les yeux fixes, pénétrants. J’aime observer la poussière dans une pièce, voir des particules sur un radiateur. » Il s’interrompt. Un cliquetis provenant des ventilateurs au premier étage se fait entendre. Silence.
Benoît Renaudin

>>EN BREF
LA FORME DÉFAITE
C’est le titre choisi par Jean-Baptiste Caron et Eternal Gallery pour coller à l’esprit des oeuvres présentées. Ce lieu d’exposition est ouvert le samedi et le dimanche de 15 h à 18 h. En semaine, vous pouvez prendre rendez- vous pour venir visiter l’expo. Eternal Gallery, place Choiseul. Plus d’infos sur eternalnetwork.fr ou au 09 73 63 17 05.

UNE OEUVRE
S’il fallait choisir une seule oeuvre de Jean-Baptiste Caron, ce serait Alea jacta est (le sort en est jeté en bon latin). L’artiste a pris un pavé parisien et l’a moulé pour le reproduire en grès. Mais à chaque fois, le moule réduit la forme originale, les détails s’accentuent. Pendant plusieurs mois, il a reproduit onze fois ce pavé qui rapetissait à chaque cuisson. À la fin, la dernière sculpture est aussi grande qu’un dé à jouer. Hasard ?

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INSPIRATION
Jean-Baptiste Caron est fasciné par le travail du plasticien Philippe Ramette. Suspendu dans les airs, assis sur une chaise dans le vide, en train de traverser un miroir, cet artiste se met en scène dans des positions impossibles. Il ne retouche jamais ses clichés.

Une minute sur le web #25

Le buzz de la rentrée, c’est un artiste de street incroyable, une maquilleuse hors-pair, de la cocaïne dans un soutien-gorge et un super héros haut comme trois pommes…

BUZZ_PRINCIPAL
Il s’appelle Pejac, se revendique (à raison !) artiste de rue et appose ses oeuvres en noir et blanc partout où il passe. Simple, sublime et poétique. À découvrir sur instagram.com/pejac_art

LA VIDÉO
SUPER (MINI) HÉROS
Ce gamin peut frimer… Il se retrouve dans des vidéos tournées par son papa, pro des effets spéciaux ! Du coup, le bout de chou se retrouve avec un sabre laser, une voiture turbo, des super pouvoirs ou encore attaqué par des boules de feu. Renversant.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=PHjvySrshVI[/youtube]

LE CHIFFRE
1,7
C’est le poids, en kilo, de cocaïne qu’une Vénézuélienne avait caché… dans ses implants mammaires. Elle a été arrêtée à la douane de l’aéroport de Madrid, par des policiers intrigués par son comportement.

LE TUMBLR
TA TÊTE AU RÉVEIL
La folie selfie continue ! Désormais, la mode est à l’autoportrait au saut du lit. Inspiré de la chanson de Beyoncé, Flawless (sans défauts), un tumblr compile les selfies de filles anonymes qui se prennent en photo, mine chiffonnée par l’oreiller, sans maquillage et naturelles à 100 %.
ICI >> iwokeuplikethisflawless.tumblr.com
BUZZ_TUMBLR

FAIL
ZARA POLÉMIQUE
Le bad buzz de la semaine vient de Zara. L’enseigne de prêt-àporter a mis en vente un pyjama pour enfants, rayé et muni d’une étoile jaune où était écrit Sheriff. Scandale sur Twitter qui y a vu un « style » douteux, faisant penser aux déportés juifs. Après la fronde, Zara a décidé de retirer l’habit de la vente, se confondant en excuses.
BUZZ_ZARA
APPLI
SNAPCHAT BIS
Instagram (filiale de Facebook) a annoncé la création de Bolt, nouvelle appli copiée-collée de Snapchat. Là aussi, il s’agit de s’échanger des photos qui s’autodétruisent, avec une interface minimaliste. D’abord lancée en Nouvelle-Zélande et à Singapour, l’appli devrait débarquer sur Android et iOS chez nous d’ici peu.

FUN
MAQUILLE TA BOUCHE
Laura Jenkinson, une artiste londonienne, a eu une idée : maquiller des personnages de dessin animé sur sa… bouche. Oui, comme ça, hop. Popeye, Shrek, Pumba, ou Bugs Bunny, tout y passe. C’est réaliste et complètement bluffant ! Reste bouche bée sur laurajenkinsonmua.blogspot.co.uk
BUZZ_BOUCHE

Atelier peinture pour les kids de Touraine

Vous voulez que vos enfants s’expriment ? On a trouvé un atelier art plastique très sympa sur Tours.

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 » N’écris pas sur les murs, fais attention à ne pas déborder… » Qui, en tant que parent, n’a jamais prononcé ces phrases à l’encontre de ses enfants ? En Touraine, il existe un lieu magique où toutes ces contraintes n’existent pas ! Franchissez donc le pas d’une maisonnette au 15 rue de Sully à Tours. Au fond d’un couloir, une pièce colorée accueille, chaque mardi, les Ateliers de Charly.
Des ateliers d’expression libre proposés par la Tourangelle Charlotte Faber. Cette diplômée de l’École Brassart, graphiste et peintre dans la vie, a décidé de faire découvrir les joies de la peinture aux petits Tourangeaux. Depuis septembre dernier, la jeune femme suit chaque semaine une dizaine d’enfants, âgés de 4 à 12 ans. La méthode de l’intervenante est inspirée d’Arno Stern, proche de l’art-thérapie. « Chez moi, chaque enfant avance à son rythme, il n’y a pas de jugement. D’ailleurs je ne les corrige jamais. Je suis là pour les encourager », prévient la plasticienne.
Dans le silence, les travaux avancent. Mina termine son arc en ciel, Noé son château fort. Car chez Charly (le nom d’artiste de la jeune femme), « on perd la notion de réalisme, on est plus sur l’imaginaire, tout est possible ». Le tintement d’une clochette nous fait comprendre que la séance est finie. Il faut remballer le matériel, les feuilles sont décrochées du mur et conservées…

Fête de la Musique : Le programme

La fête de la musique c’est samedi ! On a sélectionné pour vous les concerts à ne pas manquer !

Samedi, c’est le 21 juin. Et comme chaque année depuis 32 ans, c’est non seulement le premier jour de l’été mais surtout celui de la Fête de la musique. Comme on est assez fan de notre scène locale, on a compilé l’ensemble des lieux où se dérouleront les concerts dans la carte ci-dessous. N’hésitez pas à cliquer sur les icônes pour plus d’infos sur les artistes présents ! Et pour plus de confort de lecture, vous pouvez aussi télécharger la version numérique de notre numéro 136, spécialement consacré à la Fête de la musique.

TMV - Fête de la Musique
Orange = Multi-styles / Bleu ciel = Rock / Noir = Metal / Vert = Electro / Rose = Classique – Chœurs /Blanc = Musique religieuse // Les cœurs indiquent les choix de la rédaction, les P les parkings du centre-ville et les croix les secours.

Vonnick Mocholi, dans un silence

Départ trop prématuré d’une artiste majeure de l’underground bruitiste. Hommage.

VONNICK
Créatrice avec son compagnon du groupe de musique électronique Alma Fury et initiatrice du Festival Total Meeting, Vonnick est décédée suite à une longue maladie particulièrement éprouvante. Personnage incontournable de la vie culturelle tourangelle, elle avait débuté sa carrière artistique dans les années 80’s au sein du groupe Clandestines qui avait partagé plusieurs scènes avec Noir Désir, avant de se tourner vers la musique expérimentale et devenir une artiste mondialement connue dans son secteur d’activité, celui des musiques inclassables et innovantes. Alma Fury aura localement mélangé les pratiques en collaborant avec des plasticiens locaux comme Diego Movilla et sorti plusieurs disques de référence dans le domaine bruitiste.

Le bateau ivre refait surface

Le collectif ohé du bateau lance la Distillerie culturelle pour remettre le navire à flots.

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Ohé du bateau ne lâche rien. Le 12 et 13 octobre, le collectif tourangeau organise un grand weekend événement pour montrer que son projet de reprise du Bateau ivre est possible sur le plan culturel. Concert de musiques amplifiées, baroque, classique, plasticiens, théâtre : tout le monde devrait s’y retrouver pendant ces deux jours. Une scène devrait être installée en face de l’ancienne salle de concert.
Le Collectif a même eu l’accord d’utiliser la scène du Bateau. « En mars dernier, la proposition de la mairie pour la location du Bateau ivre a été un vrai coup dur pour nous, Christophe Dupin, membre du collectif. 5 000 € de loyer alors que nous en demandions maximum 1000 par mois pour être viable économiquement, c’est clairement un désengagement politique. Après avoir réfléchi ensemble, nous avons décidé de continuer. Nous avons alors créé la Distillerie culturelle. »
L’idée est simple : il n’existe aucun lieu culturel transdisciplinaire sur Tours. La Distillerie deviendrait un pole pour toutes les compagnies de théâtre, les groupes de musique, d’artistes qui veulent émerger dans le milieu culturel local mais qui n’en ont pas les moyens. « Nous avons constitué des laboratoires, explique Christophe Dupin. Tout le monde peut en faire partie, associations comme citoyens. Dans ces labos, nous réfléchissons à la programmation et la gestion de la Distillerie. »
Le projet de la Distillerie : ohedubateau.com

"Le tram, un lien dans la ville"

A partir du samedi 15 juin, la mairie accueille une exposition sur les coulisses de la création du tram à Tours. On y découvre notamment l’ampleur du travail réalisé ici par l’artiste, Daniel Buren. Interview.

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Comment s’est construit votre travail sur ce tram ?
La première idée que j’ai proposée, avant même que notre équipe soit sélectionnée, c’était ces bandes sur le tram qui se prolongent sur le sol, au niveau de la station. Ensuite, on m’a demandé de travailler sur des choses en périphérie, les deux terminus et les points forts du trajet : la Tranchée, la place Choiseul, la gare, Joué-lès-Tours. Puis, est arrivée l’idée de signaler les stations par de très grands totems qui montent à sept mètres de haut. Ensuite, nous nous sommes dit que le tram ne devait pas se contenter de couper la ville de son sillon, mais qu’il devait s’y infiltrer, s’y fondre. J’ai suggéré différentes propositions et nous en avons retenu sept. C’est une chose rarissime qu’un artiste se voit confier un travail si important dans un espace public, un travail qui couvre une ville entière. Cela apporte certainement une homogénéité à l’ensemble. Et c’est important car le tram, c’est fait pour relier tous les quartiers entre eux. Même s’il est le seul qui bouge, il constitue le lien homogène, reconnaissable partout.
La technique, la sécurité, le financement, comment intégrer un projet artistique dans un cadre si contraignant ?
Je pars du principe, depuis toujours, qu’une oeuvre est le fruit des contraintes auxquelles l’artiste était confronté au départ. Longtemps, ce qui m’a intéressé, c’était de dévoiler les contraintes cachées, liées à la galerie ou au musée où j’exposais. J’ai toujours essayé de jouer avec et de révéler celles que personne n’avait jamais vues : l’architecture, la couleur des murs… Dans l’espace public, les contraintes sont très importantes. Il faut savoir ne pas se fourvoyer en tentant de les contourner. C’est la façon dont on a résolu les contraintes qui donne forme à l’idée que l’on veut développer, comme un moule.
Que voudriez-vous que les Tourangeaux disent de votre travail ?
Je ne sais pas si cela va toucher les gens… En tout cas, ce n’est pas fait pour les révolter ou les provoquer. Il m’est arrivé, comme on le sait, de tomber dans de sacrées bagarres sur l’espace public, mais je n’ai jamais rien fait pour provoquer de telles réactions. Les créations qui ont ouvert aux polémiques, comme au Palais Royal, par exemple, ont été ensuite, très vite, acceptées et intégrées par les gens. Les polygones, les enfants jouent dessus, comme sur une aire de jeux. Ce n’était pas fait pour ça, mais c’est ce que cela est devenu et ça me va. Si j’ai un espoir, c’est que les Tourangeaux s’approprient ce que j’ai fait pour le tram de Tours, qu’ils l’intègrent dans leur vie et dans leur ville.
Propos recueillis par Matthieu Pays
« 15 km2 d’émotions », exposition à la mairie de Tours, du 15 juin au 15 septembre. Entrée libre