Chroniques culture : le festival Riip Fest, un thriller du Nord et le plein de BD et de comics

Dernière salve de chroniques culture avant les vacances ! On vous parle du Riip Fest, un festival metal hardcore qui casse aussi les préjugés, on part dans le froid nordique avec un thriller glaçant et on finit sur le plein de BD et même un comics estampillé horreur…

RIIP FEST : UN FESTIVAL QUI CASSE LES CLICHÉS

Le Riip Fest – septième édition déjà – revient en Touraine, du côté de Notre-Dame d’Oé. La bête débarque ces 7 et 8 juillet salle Oésia et propose deux jours de musique extrême, avec une quinzaine de groupes estampillés metal et hardcore à l’affiche. Mais voit bien plus loin que le bout de son nez !

On vous en a déjà parlé dans tmv, les festivaliers auront la chance, déjà, de voir les légendes Cro-Mags et les monstrueux Memoriam, deux exclusivités nationales cet été. À leurs côtés, on retrouvera aussi une tripotée de décrocheurs de mandales, comme Born From Pain, Brothers Till We Die ou encore Grove Street. CERTES.

Mais avouons que le Riip Fest a également le mérite de proposer une expérience plus poussée et ne s’arrête pas qu’au gros son. En effet, sous cette musique parpaing se cache une jolie philosophie, puisque durant ces deux jours, les organisateurs feront venir quatre associations militantes, notamment les très respectables Stop Harcèlement de rue, mais aussi Entraid’Addict, Hardcore Cares (cause animale) et Coiffeurs Justes (recyclage de cheveux). Alors on dézingue les préjugés et on dit bravo.
Aurélien Germain

> Salle Oésia, le 7 juillet dès 17 h 30 (27 €) et le 8 juillet dès 14 h 30 (32 €).


LE COIN BD et COMICS

LA NUIT DE LA GOULE

« Un passionné enquête sur La nuit de la Goule, un film d’horreur qui aurait disparu dans un mystérieux incendie. Il retrouve son réalisateur qui vit dans une maison de retraite. Mais le maléfice de la Goule pourrait bien se réveiller… » Avec tel pitch, le lecteur sait dans quoi il embarque dans La Nuit de la Goule, le dernier-né des comics Delcourt.

Pas de surprise ici, on navigue en plein récit d’horreur, à la colorimétrie parfaite et pertinente (les tons gris, ternes, bleus, virant ensuite au plus flashy dans le dernier tiers), aux cadrages très cinématographiques, pour une histoire qui coche toutes les cases. L’ensemble est assez classique, mais le duo Scott Snyder/Francesco Francavilla réussit tout de même à proposer une série B horrifique divertissante comme tout.
A.G.

LA SÉLECTION BD

Pour préparer l’été, on commence avec une grosse dose d’humour comme on aime avec « Spoonfinger » (éd. Bamboo), le nouveau Spoon & White. Ils s’y sont mis à quatre (Léturgie père et fils, Yann et Isard) pour cette nouvelle aventure londonienne de nos deux policiers gaffeurs au possible.


« Les Petits Diables » d’Olivier Dutto reprennent du service avec ces « Vacances diaboliques » (Soleil). La première grande aventure long format de Tom et Nina, notre duo préféré, confronté à la présence de leur ignoble cousin Francis !

Riad Sattouf sera l’un des invités d’honneur des Rendez-vous de l’Histoire de Blois en octobre prochain. On se précipite donc sur ces « Cahiers d’Esther » (Allary) dont le tome 7 est un bijou de sensibilité et de grâce.
A peine terminé, on se replonge dans l’ambiance avec « Hellfest Metal Love » (Rouquemoute) : Bernstein, Hodecent et le génial Pixel Vengeur s’en donnent à coeur joie dans ce deuxième tome qui transforme la warzone en lovezone ! Énorme.
Pour finir, le Tourangeau Christopher s’est adjoint le scénario de Hofer pour faire revivre la délicieuse « Audrey Hepburn » (Michel Lafon) à travers ce biopic passionnant, de celle qui bouleversa les canons d’Hollywood avec son talent incroyable.
Hervé Bourit


LE ROMAN

X RAISONS DE MOURIR

La presse ne tarit pas d’éloges sur Stefan Ahnhem. « Star de la galaxie scandinave », « prodige », « maître dans l’art du suspense », et bien d’autres… Et en lisant son dernier roman, « X Raisons de mourir » (chez Albin Michel), il est vrai que l’auteur maîtrise tous les codes et sait emmener son lecteur dans les contrées froides du thriller bien troussé.

Ici, on suit Fabien et Astrid, deux flics qui ont aussi leurs faiblesses et leurs petits secrets, à travers le Danemark et la Suède qui se retrouvent confrontés à une série de meurtres atroces. Enquêtes criminelles et vie privée des personnages se retrouvent entremêlées, à travers ce thriller mâtiné de polar, efficace et rythmé.
Très sombre, mais rapidement addictif.
A.G.

Chroniques culture : le blues abrasif de Frank, l’affiche du Riip Fest et le retour du Department of Truth

Attention, coups de cœur à tous les étages cette semaine dans nos chroniques culture ! On commence par la musique de Frank, avant d’enchaîner sur les nouveaux noms du Riip Fest, et on finit avec un peu de lecture et le tome 3 du comics Department of Truth.

L’ALBUM DU MOIS

FRANK – I’M A PHONY AND A FRAUD

C’est peu dire qu’on attendait ce groupe au tournant… Car derrière Frank, il y a des trombines qu’on avait déjà croisées dans les contrées tourangelles il y a quelques années. Aux manettes ? Elise et Seb, deux ex-Spooky Poppies (lire tmv #350) qui ont eu la mauvaise idée de quitter Tours (bon, on les pardonne, allez), mais quand même la bonne idée de ne pas nous abandonner et lancer Frank, un concentré abrasif de blues-rock. Preuve en est avec ce tout premier album, « I’m a phony and a fraud », aussi bien troussé que composé.

Au menu, 9 titres sans redite et sans fioritures, où tout vient des tripes. Une fois encore, Elise brille dans des compositions habitées (le très touchant « Saïd » qui clôture le disque), où sa voix rocailleuse aux accents « joplinesques » fait des merveilles.

Derrière, la section rythmique assure, que ce soit sur « Honest » (un trip tout chaud aux sonorités ZZ Top et un refrain impossible à enlever du crâne) ou encore sur « Spinning Wheel » (son riff si efficace, sa basse qui tricote), le futur hit du groupe.

Au final, c’est un blues mâtiné de rock qui sent la bière, la mélancolie, l’authentique ; du brut de décoffrage. Et qui reste beau, tout simplement.

Aurélien Germain

> facebook.com/FRANKISABAND
> en concert à la Foire de Tours le 13/05


FESTIVAL

LE RIIP FEST ATTAQUE

 

Et ça continue ! Si vous avez un peu trop somnolé durant ces vacances, il se peut que vous ayez raté la dernière annonce du Riip Fest. Le festival tourangeau avait déjà surpris son monde en dévoilant sa tête d’affiche (les pionniers du hardcore Cro-Mags).

Voilà que les organisateurs ont divulgué le reste de la programmation. Notons déjà cette exclu, avec la venue de Memoriam, ainsi que les barons Born From Pain. Pour le reste, il faudra notamment compter sur Grove Street, Brothers till we die, ou encore Final Shodown, Overpower, No Glory et bien d’autres… Rendez-vous est pris pour les 7 et 8 juillet, à la salle Oésia.
A.G


LE COMICS

DEPARTMENT OF TRUTH – TOME 3

Un premier volet renversant, un second captivant, un troisième… encore plus fascinant ! Difficile de croire que l’œuvre de James Tynion IV ne souffre d’aucune baisse de régime et, mieux encore, se surpasse à chaque fois. Le concept de Department of truth (édité par Urban Comics) est toujours aussi extrême, voire complexe (en gros, théories du complot se mélangent à une deuxième réalité et d’autres principes très abstraits).

La construction, elle aussi, reste difficile. Pourtant, l’édifice narratif ne cède jamais et cette série mythologique emporte tout sur son passage. L’atmosphère graphique est exceptionnelle, d’autant que ce tome 3 « Monde Libre » se lit comme une parenthèse dans l’histoire (une histoire = un dessinateur différent = des visuels dingues).

On passe de Lee Harvey Oswald aux Hommes en Noir, en passant par les ovnis et l’alunissage. Touffu, ardu, subjuguant, troublant : Department of truth retourne le cerveau. Vivement la suite !

A.G.

Chroniques culture : le gros rock de Nash, le beau coup du Riip Fest et la série Sky Rojo

Cette semaine, on monte le son avec les Tourangeaux de Nash et on se réjouit de la bonne nouvelle du Riip Fest. Sans oublier de se poser quelques instants devant la saison 3 de Sky Rojo.

MUSIQUE

NASH – PRISONER OF MYSELF

On avait laissé les Tourangeaux de Nash en janvier avec leur single « Hear me out » qui nous avait tapé dans l’œil – et surtout dans les oreilles – et qui n’augurait que du meilleur pour leur nouvel EP, « Prisoner of myself ». Le mois de mars est là et, avec lui, la sortie de l’album, donc !

Le duo confirme ici tout le bien qu’on pensait de lui en balançant six titres efficaces, sans fioritures, gorgés d’un rock qui fait taper du pied (« Rock Yourself » et son côté très AC/DC), poussant les potards au max (le puissant « She Has no name »).

Comme nous l’écrivions à l’époque, on pense souvent à Rival Sons et Royal Blood pour les influences, Nash parvenant à aligner les bons riffs bien costauds avec un son fuzzy qui leur est propre (particulièrement vrai sur « Between your eyes »). Reste désormais à jouer tout ça sur scène. On a hâte !

Aurélien Germain

> https://www.facebook.com/nashbandofficiel

FESTIVAL

LE GROS COUP DU RIIP FEST

Belle surprise pour les fans du Riip Fest ! Le festival a en effet annoncé le premier nom de son édition qui aura lieu les 7 et 8 juillet prochains, à Notre-Dame-d’Oé : la légende du punk hardcore new yorkais Cro-Mags sera la tête d’affiche du samedi, pour une exclusivité française. Autant dire que la scène de l’Espace Oésia risque de trembler !

Lancés dans les années ‘80 par leur album « The Age of Quarrel », les Cro-Mags ont écumé les scènes, jusqu’à celle du Hellfest, lors d’un show mémorable en juin 2022. Les places pour la 7e édition de ce Riip Fest sont déjà en vente (de 20 à 25 € la journée / 35 € le pass 2 jours).

A.G.

> facebook.com/RIIPFest

La série

Troisième et dernière saison pour la série espagnole Sky Rojo ! Pour celles et ceux qui avaient apprécié les deux précédentes, aucune surprise à l’horizon ici. Mais le plaisir de retrouver ces trois héroïnes est intact, trois ex-prostituées lancées dans une cavale foldingue pour échapper aux griffes de leur ancien proxénète, un paquet de quatre millions d’euros sous le coude.

Une troisième partie consacrée à la vengeance donc, et qui pousse clairement le curseur au maximum, sans souci du « too much » ! Au final, un tourbillon pop jouissif, aussi hystérique qu’improbable, tantôt violent, tantôt fun ; Sky Rojo parvenant même à jouer la carte de l’émotion.

A.G.

Le RIIP Fest revient : le hardcore casse les clichés

Le Riip Fest revient pour faire la part belle au hardcore, un genre musical méconnu. Le festival promeut des valeurs environnementales et le respect d’autrui. Sans
langue de bois, Émile, vice-président et programmateur, casse les préjugés.

Au néophyte, comment décririez-vous le hardcore et ses valeurs ?
Le hardcore est né du mouvement punk. C’est une musique puissante, violente, intègre, dansante. Ça a du sens. Derrière le bruit, il y a une âme. Victor Hugo disait : La musique, c’est du bruit qui pense. Eh bien, le hardcore, c’est du bruit qui pense. En fait, c’est une branche proche du hip hop, aussi bien dans les codes et la danse.

Précisons quand même aux lecteurs qu’on n’y danse pas la valse non plus ! (rires)
Oui, bien sûr ! (rires) C’est un peu plus impressionnant que la danse de salon. Ce n’est pas du lindy hop évidemment.

Le Riip Fest fêtera ses 5 ans en juillet. En regardant dans le rétro, que voyez-vous ?
Pas mal de choses. Une belle évolution et des retours on ne peut plus gratifiants. On a découvert un public et un public nous a découverts. De quoi donner envie d’aller plus loin. Bref, de belles rencontres et de fortes chaleurs ! (rires) Evidemment, il y a eu des années plus fastes que d’autres, mais il y a eu un bel élan et du soutien. La preuve lors de notre 3e édition : le même jour, à Terres du Son, il y avait Gojira en face (célèbre groupe de metal français – NDLR). C’était dur, mais on a été aidés, notre post Facebook partagé même à l’étranger et 2 000 € de dons nous sont parvenus !

Le but premier du festival, c’est de soutenir la scène locale voire régionale ?
Oui ! On a environ un cinquième, un quart de programmation locale et régionale sur notre affiche. C’est important. Un festival, c’est aussi pour mettre en avant des petites pépites qui ne demandent qu’à se développer.

Vous avez une particularité : celle de sensibiliser à la cause environnementale…
Cela a toujours été une belle valeur de notre festival. Notre équipe de sécurité – je n’aime pas trop ce terme, car tout se passe toujours bien ! (rires) – fait des maraudes pour sensibiliser le public au tri des déchets notamment. Des poubelles spéciales sont mises en place pour tout ce qui est verre, tout-venant, carton… On était conscients de cet enjeu bien avant le succès d’Europe Ecologie ! Et c’est un message souvent véhiculé dans le metal et hardcore. C’est important de sensibiliser, d’autant que nous sommes nombreux dans l’équipe de l’association à être travailleurs sociaux. De quoi permettre aussi de véhiculer une autre image, loin des stéréotypes difficiles à faire tomber : on nous voit encore comme des égorgeurs de chèvre ou des hooligans.

Le Riip Fest, c’est aussi pour casser les préjugés donc ?
Complètement. Venez partager avec nous ! C’est un moment interculturel et intergénérationnel. Beaucoup de gens sont bourrés de préjugés. Les médias n’aident pas, ils désinforment plus qu’ils n’informent. Alors que nombreuses sont les personnes nous ayant dit : « Mais qu’est-ce qu’ils sont bien éduqués et polis, les festivaliers ! »

Vous dites vouloir sensibiliser « au droit à la différence et au respect d’autrui ». 
Le droit à la différence passe par la diversité des genres musicaux qui ne sont pas à la radio. En France, on prône le droit à la liberté, mais encore faut-il avoir vraiment le choix. Combien de métalleux sont associés à des exclus sociaux à cause de leur look atypique ? Moi, ça m’interroge en tant qu’éducateur spécialisé ! Arrêtons d’avoir peur de l’autre et de la différence. On peut être percé et tatoué et être intégré. En 2018, un mec en costard est arrivé au Riip Fest. J’ai eu peur que ce soit un inspecteur de la SACEM ! (rires) En fait, il sortait simplement du travail et aimait la musique hardcore !

Le hardcore est connu pour ses préceptes vegan et végétariens. Ça vous touche au Riip Fest ?
Oh je le vois de très près, je suis végétarien depuis 8 ans. Il y a effectivement une restauration végé au Riip Fest. Les festivaliers aiment nos produits végétariens, car ils sont faits et préparés par des végétariens. On fait aussi du vegan, mais c’est important de laisser le choix, donc il y a aussi de la viande. Mais… il y aura aussi des hot dog vegan (sourires). Un omnivore pourra goûter aux deux extrêmes. Ce n’est pas un effet de mode chez nous.

Comment ça se passe avec la municipalité et les élus locaux ?
Bien. On est tolérés par les élus. On a un soutien matériel. Ce qui est déjà, en soi, de la tolérance. Donc respect. On aimerait des gestes plus importants, bien sûr, mais ça demande du temps et de l’échange. La salle Oésia nous a bien accueillis. On est tranquilles. À l’époque, on était à l’Espace Gentiana à Tours. C’est fini, mais on aimerait faire un « Winter Riip » là-bas, un festival pour l’hiver.

Vous vous positionnez comment vis-à-vis des médias régionaux ? Le hardcore est mis de côté, non ?
Sincèrement, on est même ignorés. Les gens ne savent pas qu’on existe ! C’est le prolongement du fait qu’il n’existe pas de culture rock en France. Donc pourquoi il y en aurait pour le hardcore ? On est comme des Gaulois à se battre contre les Romains.

Ça vous énerve ?
Oui complètement. Je suis arrivé à Tours en 2002. A l’époque, ça bougeait, il y avait des concerts punk dans divers endroits. Là, c’est compliqué. C’est inquiétant quand on sait les pressions sur les lieux de diffusion.

Au Riip Fest, quel est le public ?
Je dirais que c’est du 20-40 ans. Les hommes sont plus importants, mais il y a aussi pas mal de femmes. Bien plus qu’on ne le pense ! D’ailleurs, à chaque fois, elles disent que tout se passe à merveille ici. Elles n’ont aucun souci, même si elles sont en mini-short et brassière. Et c’est malheureusement loin d’être la même chose ailleurs… Sinon, deux tiers du public est extérieur à la Région Centre.

Parlons chiffres… Quel est le budget du festival ? Et à combien on évalue les cachets ?
Le budget est de 20 000 €. Tout fonctionne grâce aux festivaliers, puisqu’on n’a pas de subventions. Au niveau du cachet, un groupe situé en bas de l’affiche sera surtout défrayé. Mais pour un gros artiste, il faut compter trois zéros.

Parfois, vous vous sentez seuls avec l’asso et le festival vis-à-vis des politiques culturelles de Tours et son agglo ?
Oh oui. S’il n’y a pas, dans la politique locale, une personne indirectement passionnée, il n’y a aucune chance qu’on soit soutenus. On se bat contre des courants d’air. La tâche est dense, mais pas impossible.

Propos recueillis par Aurélien Germain / Photos : Maxime Hillairaud 


> RIIP FEST, les 12 et 13 juillet, salle Oésia à Notre-Dame d’Oé. Tarifs : Pass 2 jours : 30 € (résa) ou de 20 à 25 € la journée (résa). Site internet /  Event Faceboook 
> Avec Nasty, Back Down, Arkangel, Brutality Will Prevail, Verbal Kint et bien d’autres.

RIIP Fest : « redynamiser la scène locale tourangelle »

A l’occasion du RIIP Fest, les 7 et 8 juillet à Tours, tmv s’est entretenu avec Emile, son programmateur et vice-président de l’asso en charge de ce festival metal/hardcore. Dézinguant les préjugés sur ce style musical, ce passionné au franc-parler (d)étonnant nous a parlé environnement, respect d’autrui,humanisme, et bien sûr musique et gros son.

Tout d’abord, commençons par les présentations qui s’imposent ! L’asso Riipost, c’est quoi, c’est qui ? Et surtout quand est-ce que l’aventure a débuté ? 

RIIPOST c’est à l’origine la rencontre de 2 personnes respectivement membres de BEYOND THE STYX: Matthieu DUPOU (ex-bassiste / ex-président) & Emile DUPUTIE (chanteur / programmateur) qui, soutenus par un petit réseau de musiciens et d’amis locaux, ont souhaité début 2012 redynamiser la scène locale tourangelle en matière de musique « hardcore » et « hybride » (à savoir metal hardcore, post-hardcore thrashcore, metalcore, deathcore…) tout en mettant en valeur la musique extrême à travers le soutien la scène locale de matière respectueuse et respectable. En véhiculant le leitmotiv suivant: « Accueillir chez nous, comme nous souhaiterions nous-mêmes être accueillis ailleurs. »
Depuis, l’association à énormément évolué… Nous sommes passés en 5 années de 5 membres actifs à près de 15 membres actifs et plus d’une douzaine d’adhérents…
Les concerts ont quant à eux respectivement évolué : en nombre (moins important), ainsi qu’en coût et en affluence (beaucoup plus importants), dans l’optique d’attirer toujours plus d’amateurs et de curieux.


Vous êtes axés metal hardcore. C’est un style qui a une certaine philosophie tout de même. Quelle est ta vision du hardcore ? Comment décrirais tu ta relation avec ce style?
En effet. Enfin… Disons plutôt que le hardcore dispose de valeurs que le metal effleure à peine ou alors en apparence. L’idée n’étant pas de diviser le public, mais de rassembler autour de valeurs notables, telles que l’humanisme par exemple : développer son libre arbitre et son esprit critique, favoriser la rencontre de l’autre et de la différence, respecter son prochain, son entourage, son environnement…
Ma vision et ma relation au hardcore est passionnelle, empreint d’une philosophie qui m’a percuté de plein fouet il y a 4 ans au Ieper Fest (un festival de metal hardcore très connu en Belgique, NDLR). Désormais, c’est comme si elle s’était inscrite dans mon ADN.
Si je devais la résumer en quelques mots, je me limiterais à ceux-ci : « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Pas de place pour la haine ! J’emmerde toute forme de ségrégation : fasciste, raciste, sexiste, homophobe et toute autre idéologie nauséabonde visant à diviser et à isoler la diversité.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=qTfZwnE7JX0[/youtube]

 

En mai, tu me parlais par mail de « soutenir la cause environnementale » via le fest. Peux-tu m’en dire plus ? 

En effet. Pour commencer, il s’agit tout simplement de sensibiliser chaque jour le public directement avec des gestes simples comme trier, ne serait-ce que ses déchets sur le festival, en extérieur principalement, cela grâce à la bienveillance constante de notre équipe de sécurité notamment.
En parallèle et en qualité de végétarien convaincu depuis déjà 5 ans, il me parait indispensable de militer activement en proposant différents produits locaux et de qualité, composés pour les 2/3 sans chair d’origine animale. Un festival, c’est aussi le moment de découvrir autre chose dans son assiette, de se laisser surprendre.

Quoi d’autre ?

Par ailleurs, nous sollicitons aussi un maximum notre public pour qu’il utilise les cycles, les transports en commun, les covoiturages… Il y a un message au delà des concerts, nous ne sommes pas en festival metal hardcore « pour nous la mettre », n’en déplaise à certains… Des valeurs nous unissent, des valeurs autour desquelles nous souhaitons pouvoir échanger et partager.

RIIP Fest
Photo RIIP Fest Facebook

Le RIIP Fest en est à sa 3e édition. Que retiens tu des deux précédentes ? 

Enormément de rencontres et d’épreuves, très riche en expérience pour l’avenir. Au début, nous n’étions rien et nous sommes partis de rien. Au vu de l’affluence et des différents retours (artistes, bénévoles, partenaires et public), l’avenir semble se dessiner sereinement !
Mais pas d’excès de zèle chez nous, nous prendrons le temps de grandir : doucement mais sûrement. Un peu comme une grande famille. 

D’ailleurs, vous percevez des subventions ? Des aides pour organiser tout ça ?

Aucune. Je ne pense pas d’ailleurs qu’une quelconque personnalité politique ait le cœur qui batte pour le metal hardcore… D’autant que nous tenons particulièrement à notre indépendance. Nous ne souhaitons ni nous prostituer, ni nous travestir au nom d’une quelconque entité politique.
Le RIIP Fest, c’est une histoire de rencontres, de personnes fiables, sincères et altruistes.
Paradoxalement, le mécénat privé correspond d’avantage à ces quelques valeurs. Même s’il existe toujours une exception pour confirmer la règle…
Les quelques rares aides reçues proviennent : de Léo Lagrange, du Buck Mulligan’s ainsi que, nouvellement, d’Aucard de Tours que nous remercions une nouvelle fois tout particulièrement.
En parallèle, nous recevons du soutien en communication de la part de partenaires tels que Radio Béton, Radio Campus ainsi qu’énormément d’émissions indépendantes locales : No Fun, Throne of Thanatos, Hellbanger, l’Autre Monde… et même TV Tours!
Tout le reste est issu du don de nos bénévoles et de nos festivaliers. 

Économiquement, vous tenez le coup
Nous prenons des risques modérés pour éviter de nous brûler les ailes. Ce qui arrive malheureusement à près de 70% des festivals de musiques extrêmes… Nous avons le temps et nous prenons le temps. L’objectif n’étant pas de péter plus haut que son cul. Défendre des valeurs sur la durée nécessite de créer un microcosme avant de pouvoir qui sait un jour… Passer à un macrocosme. 

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Il y a de grosses têtes d’affiches et des plus petits noms sur l’affiche de cette édition du 7_8 juillet. Tu as une petite préférence perso ? 

En effet. Oui, bien sûr, nous avons tous des préférences… Même en tant que programmateur.
Si je ne devais retenir que 3 noms je dirais : BORN FROM PAIN pour le monument qu’ils représente pour la scène metal hardcore, GHOUL parce que nous manquons cruellement d’Objet Musical Non Identifié parmi nos festivals du genre et PYRECULT pour l’audace et la violence de leur crossover hardcore.

Les Néerlandais de Born From Pain.
Les Néerlandais de Born From Pain.

A quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds au RIIP Fest, comment décrirais-tu le festival ? 
En trois mots: convivial, rock n’roll et familial. 


A Tours, il y a la MFest asso et bien sûr RIIPost, il y a des petits concerts dans des bars etc. Comment vois-tu la scène metal tourangelle dans son ensemble ?

Vaste question… Pour résumer, et concernant les toutes petites organisations, je dirais à l’image de notre société: désorganisée, individualiste et amateur. C’est un milieu au sein duquel on apprend à exister et à co-exister avec le temps. Faute d’instances appropriées et adaptées, on se croise dans des bars au petit bonheur la chance… En effet, si tu ne fais pas l’effort d’aller à la rencontre d’associations, il parait peu probable qu’elles viennent spontanément vers toi.
Il y a bien quelques eu quelques tentatives de fédérations ou d’agendas communs par le passé, mais tout ça c’est juste une histoire de copains au final.
Avec le RIIP Fest nous sommes parvenus à associer par le biais d’invitations quelques associations locales, mais cela à pris du temps… On marche sur des œufs en permanence dans ce milieu de requins, où les personnes « fiables, authentiques et altruistes » ne courent malheureusement pas les rues. Heureusement on a la chance de parfois réussir à monter des choses en toute intelligence sans se marcher sur les pieds avec des organisations comme Dirty Guys Rocks, Goat Cheese, M Fest Asso & des lieux comme le Puzzle Pub et le Bar à mines.
Mais sinon c’est la loi de la jungle. C’est déplorable. Tout comme le taux de présence de membres de groupes actifs locaux lors de concerts d’autres groupes actifs locaux. Heureusement il existe quelques rares exceptions que nous souhaitons pouvoir généraliser d’avantage avec le temps…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=CWZkc25Dqe4[/youtube]

Je me doute que vous tablez sur une 4e édition, mais quels sont les autres projets de RIIPOST ? 

Oui ce serait préférable. Eh bien, développer le festival à proprement parler en parvenant à trouver un lieu adapté et l’évolution du projet. Idéalement, une salle équipée à 50 % minimum et pouvant accueillir une jauge de 500 festivaliers par jour. En parallèle, développer notre soutien à la scène locale, fédérer et sensibiliser davantage le public aux concerts de musique extrême. Et enfin, pouvoir associer plus de partenaires extérieurs et privés à notre projet culturel annuel, afin de pouvoir pérenniser l’évolution constante du RIIP Fest à long terme.

Je te laisse le mot de la fin, tu as totale liberté !

Merci à tmv de nous donner l’opportunité de pouvoir porter notre voix et notre projet associatif au-delà de nos réseaux quotidiens. Enfin, j’inviterais tous les curieux et timides amateurs de musique amplifiée à pousser les portes de nos concerts, ainsi que ceux de nos confrères pour se laisser surprendre à partager du bon temps en notre compagnie, et celle des artistes que nous programmons tout au long de l’année. En espérant vous retrouver à l’une de nos prochaines soirées thématiques à venir à l’Espace Gentiana (lire ci-dessous). Au plaisir ! Et longue vie à notre scène locale !

Propos recueillis par Aurélien Germain

> RIIP Fest, les 7 et 8 juillet, à l’Espace Gentiana.
VENDREDI 8 JUILLET, à partir de 17 h 30. SAMEDI 9 JUILLET, à partir de 15 h 30. Infos sur Facebook.  

✦✦ PASS 2 JOURS ✦✦: 25€ / 30€ (sur place)
PASS VENDREDI ✦ : 10€ / 13€ (sur place)
PASS SAMEDI ✦ : 15€ / 18€ (sur place)

> Soirées thématiques Espace Gentiana 

– vendredi 27 Octobre 2017 // Charon Stoned #1 (soirée Stoner Sludge)
– vendredi 8 Décembre 2017 // Winterfall Night #3 (soirée Metal Alternatif)
– samedi 13 Janvier 2018 // El Dia De Los Muertos #3 (soirée Death Metal)
– samedi 14 Avril 2018 // La crème du Pit #2 (soirée Hardcore Metal)