Tours : des artistes ouvrent une galerie partagée et auto-gérée

La galerie collective « Les Couleurs et les sons se répondent » a ouvert le 6 juillet à Tours. Un repère d’artistes qui exposeront toute l’année. Et c’est ouvert sept jours sur sept !

« Les couleurs et les sons se répondent » ? C’est le petit nom d’une nouvelle galerie d’art qui vient d’ouvrir dans le Vieux Tours. Particularité : celle-ci est partagée et auto-gérée. C’est « une galerie d’artistes où tout est possible », d’après l’annonce faite par Diagonale, duo de plasticiens réunissant Juliette Gassies et Frédéric Dumain, à l’initiative du projet.

Pour l’occasion, Juliette Gassies et Frédéric Dumain se sont entourés de cinq artistes : Chrystèle Saint-Amaux, Jean Pierre Loizeau, Yveline Bouquard, Laurence Hauss et Aurélia Vissian. Toutes et tous seront présent(e)s à tour de rôle dans la galerie.

Merci Baudelaire !

Jusqu’à présent, les locaux étaient occupés par la galerie Lyeuxcommuns. L’art imprègne donc toujours les lieux avec cette nouvelle galerie, dont le nom est une référence directe à l’immense Baudelaire. Il s’agit en effet « d’une citation extraite du poème Correspondances ». Le duo Gassies-Dumain souhaitait que le nom « évoque la possible association d’univers artistiques variés ».

Et ici, l’art ne s’arrête jamais. Les Couleurs et les sons est effectivement ouverte… sept jours sur sept ! Aucune excuse pour ne pas prendre le temps de découvrir cette nouvelle pépite tourangelle… A un moment où la culture a besoin de (sur)vivre plus que jamais, après les épreuves qu’elle a affrontées.


> Les Couleurs et les sons se répondent, galerie située au 27 rue Etienne-Marcel, à Tours. Ouverture : tous les jours, de 11 h à 19 h. A retrouver sur Facebook : https://www.facebook.com/lescouleursetlessons/

 

Aurélien Germain
Photos : Aurélie Dunouau

"Le tram, un lien dans la ville"

A partir du samedi 15 juin, la mairie accueille une exposition sur les coulisses de la création du tram à Tours. On y découvre notamment l’ampleur du travail réalisé ici par l’artiste, Daniel Buren. Interview.

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Comment s’est construit votre travail sur ce tram ?
La première idée que j’ai proposée, avant même que notre équipe soit sélectionnée, c’était ces bandes sur le tram qui se prolongent sur le sol, au niveau de la station. Ensuite, on m’a demandé de travailler sur des choses en périphérie, les deux terminus et les points forts du trajet : la Tranchée, la place Choiseul, la gare, Joué-lès-Tours. Puis, est arrivée l’idée de signaler les stations par de très grands totems qui montent à sept mètres de haut. Ensuite, nous nous sommes dit que le tram ne devait pas se contenter de couper la ville de son sillon, mais qu’il devait s’y infiltrer, s’y fondre. J’ai suggéré différentes propositions et nous en avons retenu sept. C’est une chose rarissime qu’un artiste se voit confier un travail si important dans un espace public, un travail qui couvre une ville entière. Cela apporte certainement une homogénéité à l’ensemble. Et c’est important car le tram, c’est fait pour relier tous les quartiers entre eux. Même s’il est le seul qui bouge, il constitue le lien homogène, reconnaissable partout.
La technique, la sécurité, le financement, comment intégrer un projet artistique dans un cadre si contraignant ?
Je pars du principe, depuis toujours, qu’une oeuvre est le fruit des contraintes auxquelles l’artiste était confronté au départ. Longtemps, ce qui m’a intéressé, c’était de dévoiler les contraintes cachées, liées à la galerie ou au musée où j’exposais. J’ai toujours essayé de jouer avec et de révéler celles que personne n’avait jamais vues : l’architecture, la couleur des murs… Dans l’espace public, les contraintes sont très importantes. Il faut savoir ne pas se fourvoyer en tentant de les contourner. C’est la façon dont on a résolu les contraintes qui donne forme à l’idée que l’on veut développer, comme un moule.
Que voudriez-vous que les Tourangeaux disent de votre travail ?
Je ne sais pas si cela va toucher les gens… En tout cas, ce n’est pas fait pour les révolter ou les provoquer. Il m’est arrivé, comme on le sait, de tomber dans de sacrées bagarres sur l’espace public, mais je n’ai jamais rien fait pour provoquer de telles réactions. Les créations qui ont ouvert aux polémiques, comme au Palais Royal, par exemple, ont été ensuite, très vite, acceptées et intégrées par les gens. Les polygones, les enfants jouent dessus, comme sur une aire de jeux. Ce n’était pas fait pour ça, mais c’est ce que cela est devenu et ça me va. Si j’ai un espoir, c’est que les Tourangeaux s’approprient ce que j’ai fait pour le tram de Tours, qu’ils l’intègrent dans leur vie et dans leur ville.
Propos recueillis par Matthieu Pays
« 15 km2 d’émotions », exposition à la mairie de Tours, du 15 juin au 15 septembre. Entrée libre