Dans le quotidien d’Emilie Juquois, sapeur-pompier professionnelle

#VisMaVille Il y a 20 ans, Émilie Juquois devenait la première femme sapeur-pompier professionnelle à la caserne de Joué-lès-Tours. Aujourd’hui, elle vit son métier avec toujours autant de passion.

Tout a commencé à Montlouis, chez elle, comme pompier volontaire, où elle exerce toujours d’ailleurs avec son mari, durant son temps libre. La vocation de pompier se partage souvent en famille. « Si je suis arrivée là, c’est grâce aux valeurs que m’ont transmises mes parents », n’oublie pas Émilie Juquois, 42 ans, sapeur-pompier professionnelle à Joué-lès-Tours depuis 2003.

Avec son mari, lui aussi pompier professionnel à Amboise, ils alternent des gardes de 12 à 24 heures plusieurs fois par semaine, leur laissant aussi le loisir de s’occuper à tour de rôle de leur fille Jade. Un pompier professionnel réalise cent gardes par an à hauteur de 1 607 heures.

Après des études de commerce et des petits boulots à La Poste, Émilie Juquois a démarré emploi jeune au SDIS 37 puis a passé son concours de sapeur-pompier 2e classe.

Aujourd’hui sergent-chef et très sportive, elle conduit le camion, grimpe les cordes et les planches, ce qui a, au début, impressionné dans un monde d’hommes. « Je n’ai pas un grand gabarit mais il faut des bras. Cela m’a permis de faire ma place ici », rigole celle qui a démarré en étant la seule femme dans l’équipe. Elles sont aujourd’hui quatre dont la cheffe de centre. « Notre présence a déridé un peu aussi les gars, c’est important d’avoir de l’empathie et d’être à l’écoute dans ce métier. »

Car l’activité de pompier est principalement tournée vers les secours à la personne et il faut souvent faire preuve, outre de physique, de psychologie.

« C’est 80 % de nos interventions. Il faut aimer aider les gens car c’est parfois compliqué. Le reste concerne les incendies et opérations diverses. Le problème c’est que de plus en plus de gens nous appellent alors que ce n’est pas justifié, ce qui retarde les secours pour des interventions plus urgentes, déplore la sergent-chef. Dès que quelqu’un ne répond pas au téléphone ou met un message inquiétant sur les réseaux sociaux, on nous appelle pour forcer des portes ! C’est devenu notre quotidien. »

Des interventions qui parsèment une journée type de pompier. Celle-ci démarre à 7 h 30 par le rassemblement, tous en rang, avec l’attribution des fonctions du jour par le sous-officier, puis la vérification du matériel. Enchaînement avec une heure de sport ici à la caserne, à côté au lac des Bretonnières ou sur la piste de Jean Bouin. À nouveau rassemblement, et c’est parti pour deux heures d’exercices de manœuvres.

L’après-midi, le scénario se répète avec également des travaux dans les services, selon les spécialités de chacun. « Je m’occupe du service de prévention et de gérer les manœuvres », explique Emilie Juquois qui possède le permis poids lourd. Tout ceci est, bien évidemment, chamboulé par les multiples sorties des pompiers appelés à intervenir. Avant le retour à la caserne et la poursuite de la garde dans la nuit.

Textes et photos : Aurélie Dunouau

Laurence Dréano expose à Saint-Cyr : « Je sculpte des femmes qui portent le monde »

L’artiste tourangelle Laurence Dréano expose cinq années de création et de sculptures de femmes aux formes voluptueuses.

Laurence Dréano exposera à Saint-Cyr-sur-Loire (Photo Flore Mabilleau)

Depuis quand n’avez-vous pas exposé ?

C’est ma première exposition majeure depuis le confinement et je l’attends avec impatience ! Cette exposition – pour laquelle on m’a donné carte blanche – est prévue depuis deux ans. Je vais montrer plus de 50 œuvres, représentant 5 années de création, avec des petits formats – comme mes créations en verre de Murano – des grands formats, dont une sculpture inédite de 3,70 m qui s’appelle Retrouvailles.
Mon livre Aquarelles et Conversations qui rassemble les aquarelles que j’ai peintes chaque jour durant le confinement, ainsi que des textes, sera aussi dévoilé. J’ai beaucoup travaillé la mise en scène de cette exposition. Les visiteurs pourront notamment découvrir une salle immersive de mon univers, grâce à une fresque de vidéo mapping.

Quel est le fil conducteur de cette exposition ?

C’est toujours l’idéalisme, l’élan, l’accueil, l’optimisme, toutes ces valeurs considérées comme désuètes et fleur bleue. Mais mon discours a aussi un côté féministe. Depuis mes débuts il y a 15 ans, je sculpte des femmes qui portent le monde. Elles sont maternelles, légères, mais aussi fortes !
J’ai travaillé sur Olympe de Gouges pour la maternité du CHU de Tours. J’ai réalisé L’Insoumise, en 2014, dans le cadre d’un programme de résidence sur les droits des femmes à Notre-Dame-d’Oé, j’ai travaillé sur un poème d’Andrée Chedid défendant la liberté… Cette nouvelle exposition s’appelle Les sens i Elles, fruit du questionnement sur ce qu’est notre essentiel, après cette période de confinement, et sur la place des femmes dans ce monde.

On compare souvent vos sculptures aux Nanas de Niki de Saint-Phalle…

C’est une belle référence à une artiste qui a défendu les droits des femmes, même si notre travail n’est pas du tout le même, à de nombreux égards. Mon père, architecte, a fait les Beaux-arts à Paris la même année qu’elle et mes premières découvertes de la sculpture, sont les siennes, au Palais de Tokyo, où l’on entrait carrément dans ces femmes, ce qui m’a sans doute marqué. Mais son œuvre est très violente, très revendicative. Or, il n’y a aucune violence dans mes sculptures, au contraire.

Propos recueillis par Flore Mabilleau


> « Les sens i Elles », du 24 septembre au 11 octobre, au Pavillon Charles X, parc de la Perraudière à Saint-Cyr. Vente aux enchères le 25 septembre, à 18 h 30, au profit de l’Association pour la Recherche sur l’Autisme et la Prévention des Inadaptations (Arapi).

 

Lucie Branco, tailleure de pierre et Compagnon du devoir

Lucie Branco a été la première femme reçue Compagnon du Devoir, comme tailleure de pierre. Elle a dû faire preuve de beaucoup de persévérance et de pugnacité dans un univers très masculin.

Lucie Branco a fait un parcours exceptionnel. ©Pascale Lourmand

Pas facile d’intercepter Lucie Branco ! Surbookée, constamment occupée, « elle est très prise », précise Virginie Tostain, directrice du Musée du compagnonnage à Tours. C’est cette institution, coincée près du square Prosper-Mérimée, qui devait inviter Lucie Branco le 20 mars [En raison des conditions sanitaires actuelles, la rencontre a été annulée – NDLR].

Tailleure de pierre, elle est la première femme à avoir été intronisée Compagnon du devoir. « Et l’une des trois premières adoptées », précise-t-elle, une fois que l’on réussit à l’avoir au bout du fil.

Ce monde du compagnonnage, elle l’a découvert à Lille, d’où elle est originaire. En 1995. « J’ai rencontré des Compagnons du devoir dans un bar. Leur façon d’être m’a tout de suite fascinée. Ils étaient heureux, épanouis, bien, une joie de vivre et une sacrée confiance, retrace celle qui vit désormais à La Rochelle. Ça n’avait rien à voir avec les jeunes de mon lycée de l’époque. Surtout que quand on est ados, on n’est pas très bien dans sa peau. Là c’était totalement différent. »

Un monde très masculin

Elle a alors 18 ans et c’est le déclic : « Je m’y suis intéressée et suis tombée dans la marmite ! » C’est un nouveau monde qui s’ouvre à elle. Un monde qui peut paraître mystérieux aux yeux des gens, il est vrai. Lucie Branco éclaire : « Les Compagnons du devoir sont un organisme de formation, dans un esprit d’ouverture et de partage, avec un côté voyage. On forme différemment en faisant un tour de France. 90 % de nos jeunes ont un emploi à la fin de la formation. La transmission est notre axe principal. »

Mais dans un univers exclusivement masculin, difficile de se faire une place. « En étant une femme, c’est forcément différent. C’est plus long, plus compliqué. J’ai dû, à l’époque, faire deux fois plus mes preuves. »

On ne bâtit pas de cathédrales avec des idées reçues

A ses débuts, l’utilisation de la massette, cet outil de 1,5 kg, est très compliquée. « Très douloureux, oui ! », avoue-t-elle en riant. « Au départ, j’étais tellement fatiguée à la fin de la journée, que je rentrais et me couchais encore habillée, sans me laver ! » Peu importe le temps, qu’il vente, qu’il pleuve, Lucie Branco est sur les chantiers. À tailler la pierre. Une fatigue physique et non mentale, comme elle le dit. Mais elle est si heureuse d’avoir intégré cet univers que les efforts ne la rebutent pas.

Cette passion, son amour pour ce corps de métier, elle cherche également à le transmettre dans le livre qu’elle a écrit, « On ne bâtit pas de cathédrales avec des idées reçues ». L’ancienne timide devenue « grande gueule au tempérament affirmé », comme elle le dit, y retrace son parcours exceptionnel.

Quant aux lectrices qui seraient intéressées pour devenir tailleures de pierre, Lucie Branco a un conseil : « Il faut qu’elles aient confiance et qu’elles y aillent avec leurs tripes ! Affirmez-vous ! La confiance en soi est vitale, il faut être convaincue et ne pas se laisser abattre. »

Aurélien Germain

Bruissements d’Elles : la création féminine se sent pousser des « elles »

Bruissements d’Elles, le festival dédié à la création au féminin, revient ! Au menu ? Événements, expos, rencontres et films dans une dizaine de lieux culturels de Touraine. Rendez-vous du 4 au 25 mars.

POUR LA PETITE HISTOIRE

Et si on remontait le temps ? Retour en 1998. Outre-Atlantique, Les Monologues du Vagin, la pièce écrite par Eve Ensler, s’apprête à conquérir le monde. Pilier du féminisme, cette création impertinente, maline, drôle et sérieuse, donne enfin la parole aux femmes. Et à leur vagin, mot ridiculement tabou depuis des lustres. Le succès est fulgurant. La France succombera également au charme.

Et alors que la pièce secoue la planète, la Touraine bruisse d’un vent de liberté : la création au féminin, elle se retrouvera incarnée dans la foulée par Bruissements d’elles, un festival « né du désir d’affirmation et d’émancipation des femmes œuvrant en tous secteurs de la création ». Plusieurs villes se réunissent autour d’une programmation qui veut mettre en valeur l’histoire des femmes, à travers la musique, la danse, l’humour ou encore le théâtre.
Deux mots d’ordre : qualité et variété. Au service d’un festival féministe (aussi) et féminin (beaucoup).

Vingt-et-une bougies

Cette année, Bruissements d’elles célèbre donc sa 21e édition. Côté organisation, on espère de nouveau un succès : « C’était quasi-complet l’an dernier. Là, nous attendons plus de 4 000 personnes, voire un peu plus, se réjouit Cécile Dujardin, du Point Cédille pour la coordination de la communication. Bruissements d’Elles est devenu un label. Nous n’avons que de très bons retours. Et maintenant, les gens n’hésitent pas à assister à plusieurs spectacles. »

On ne change pas une équipe qui gagne, on continue sur le même principe : chaque structure choisit sa programmation, avec en ligne de mire, faire entendre les femmes artistes. Le tout dans 15 lieux culturels tourangeaux, à travers 10 spectacles, 6 concerts, 4 expositions et 3 séances de cinéma.

Spectacles et théâtre : doublé gagnant

Le choix est cornélien parmi tous les spectacles prévus !

-Le cœur de la rédac’ penche d’abord pour « Nous sommes les petites filles des sorcières que vous n’avez pas pu brûler ! ». Derrière ce titre aux allures de poing levé, l’auteure Christine Delmotte retrace 4 moments-clés de l’Histoire des femmes, des Suffragettes au droit à l’avortement, en passant par la jeune pakistanaise Malala et les Femen ukrainiennes (6 mars à Oésia).

Nous sommes les petites filles des sorcières… (Photo Lara Bongaerts)

-Impossible également de résister à « Un coeur simple » : acclamée par la critique, la pièce de théâtre emmenée par Isabelle Andréani investira les planches de l’Escale, à Saint-Cyr (13 mars). Tirée de Trois Contes, cette nouvelle de Flaubert redessine les relations sociales codées du XIXe siècle, via la figure de la servante Félicité.

Concerts : notre top 3

Dur, dur de choisir parmi les 10 concerts prévus à Bruissements d’elles.
-Mais difficile toutefois de ne pas mettre en lumière Pauline Dupuy qui sera sur la scène de la Grange de Luynes pour Contrebrassens, revisitant avec sa contrebasse les chansons autour des femmes écrites par l’immense Brassens (6 mars).

-En second, plaçons la venue de Suzane à La Parenthèse de Ballan-Miré (14 mars). Nominée aux Victoires de la musique 2020, la « conteuse d’histoires vraies sur fond d’électro », ainsi qu’elle se définit, devrait faire salle comble.

Mayra Andrade (Photo © Ojoz)

-Enfin, coup de cœur pour Mayra Andrade : c’est l’Espace Malraux qui accueillera la chanteuse capverdienne et son énergie solaire, le temps d’un concert à Joué-lès-Tours (24 mars).

Expos : la preuve par 4

Bruissements d’elles accueillera quatre artistes qui exposeront durant le mois : la peintre Cathy Belle avec ses « Fragments d’elle » à Azay (du 29 février au 21 mars) ; Olivia Rolde et ses peintures tantôt verdoyantes, tantôt brûlantes à La Riche (du 6 au 28 mars) ; la Tourangelle Gil KD et ses superbes oeuvres baignant dans la culture urbaine (du 14 mars au 12 avril à Langeais – voir photo) et la plasticienne et scénographe Danielle Marchal à Luynes (du 11 au 28 mars). Toutes les expos sont gratuites !

Gil KD

Cinéma : Gloire à Agnès Varda

Quoi de mieux, côté cinéma, de rendre hommage à la grande Agnès Varda ? Un an après sa mort, Bruissements d’elles tournera ses thématiques autour des films de cette documentariste accomplie punkette dans l’âme (et dans la coupe de cheveux!). L’ombre de Varda la militante féministe planera au-dessus de La Pléiade avec Visages, Villages (10 mars), de La Grande avec Jacquot de Nantes (12 mars) et à Langeais avec Les Plages d’Agnès (17 mars).

Aurélien Germain

> Du 4 au 25 mars, dans 15 lieux culturels de Tours et son agglo.
> Programme complet, tarifs et billetterie en ligne sur bruissementsdelles.fr > À suivre également : « Festival Bruissements d’elles » sur Facebook

Patricia Barber montre la « voix » du jazz

Elle se fait plutôt rare en France. Mais le 23 janvier, c’est bien à Tours que Patricia Barber, pianiste virtuose et voix majeure du jazz, viendra. Pour voir cette musicienne de Chicago, fille de l’ancien saxophoniste de Glenn Miller, direction la salle Thélème !

Patricia Barber (Photo Jimmy Katz)

« C’est l’une des chanteuses de jazz les plus singulières de ces dernières années. » Ces mots sont gravés dans les pages du Los Angeles Times, sous la plume de l’auteur et critique célèbre Don Hackman. La chanteuse en question ? Patricia Barber. Une jazzwoman, une pianiste, une compositrice, une chanteuse.

Il suffit de laisser certains titres caresser vos oreilles, comme « Muse » ou encore sa reprise du « Black magic woman », pour se laisser bercer par le jazz vocal de la musicienne.
Et pour s’apercevoir que sa partition est riche, que Patricia Barber ne s’interdit rien. Emprunte différents chemins, alterne compos originales et « covers », envoûte avec sa voix grave et magnétique. Probablement des réminiscences de ses débuts comme leader d’un trio jazz dans les minuscules clubs chauds de Chicago, là où elle est née.

De Chicago aux grandes scènes

Cette banlieue de Chicago, d’ailleurs, Patricia Barber l’a rapidement dépassée. Les commentaires élogieux ont fait grandir sa réputation. Ses concerts, comme en 1988 au Chicago Jazz Festival, et ses deux premiers albums dans les années 90 ont contribué à son succès.

Elle qui pratique le piano classique depuis ses 6 ans a fait du jazz sa vie. Un dévouement, même. « J’avais cette musique en tête à longueur de journée », aime-t-elle rappeler. Il faut dire qu’avec un père saxophoniste qui a joué avec l’immense Glenn Miller…

A force de travail et de pratique, Patricia Barber a fini par collaborer avec le légendaire Green Mill. Ce club, dont on dit qu’il a d’abord appartenu à un lieutenant d’Al Capone (jetez un œil au décor, on s’y croirait !), est l’un des lieux-clés du jazz. Elle y passe encore, parfois, aujourd’hui.

Mais d’ici quelques jours, c’est ailleurs que Patricia Barber passera. Salle Thélème, à Tours, plus précisément et en formation trio, s’il vous plaît. Co-organisé par le Petit Faucheux, le concert risque bien d’afficher complet, la jazzwoman étant plutôt rare dans nos contrées. L’occasion rêvée d’écouter un jazz précieux et riche, contemporain et chanté, doté de textes finement écrits, parfaitement ciselés. Bref, le jazz, le vrai.

Aurélien Germain


> Vos places à gagner pour le concert de Patricia Barber trio

Envie d’aller écouter ou simplement découvrir le Patricia Barber trio ? Le concert, organisé par le Petit Faucheux, aura lieu salle Thélème, à Tours, le 23 janvier à 20 h 30. À cette occasion, tmv vous fait gagner des places.

Pour participer, envoyez un petit mail à redac@tmvtours.fr (objet : « jeu Patricia Barber ») avec vos noms et prénoms. Un tirage au sort pour désigner les gagnant(e)s sera effectué aux alentours vers le 17 janvier. Bonne chance !

 

 

Coupe du monde féminine de foot : les filles à l’attaque !

Le 7 juin, on sifflera le coup d’envoi de la Coupe du monde féminine de foot. Jusqu’au 7 juillet, les joueuses de 24 pays s’affronteront dans différents stades français.
En voyant une billetterie qui bat son plein, et un engouement croissant, le Mondial version filles ferait-il (enfin) bouger les lignes ?

Kadidiatou Diani. © (Photo archives NR, Julien Pruvost)

LA BILLETTERIE CARTONNE

Exceptés les couacs de la mi-mai (la Fifa ayant décidé de dispatcher les places achetées par des groupes, certain(e)s supporters se retrouvent seul(e)s), on peut dire que la vente des billets a explosé.
Le 7 mai dernier, Brigitte Henriques, vice-présidente du comité d’organisation, annonçait que 765 000 billets sur les 1,3 million disponibles avaient été vendus ! Plusieurs matches affichent complet – notamment celui d’ouverture entre la France et la Corée du Sud – mais de nombreux autres risquent de l’être également d’ici là. Notamment les rencontres avec les États-Unis, les Américaines étant championnes en titre.

ALLEZ LES BLEUES !

Soyons chauvin(e)s ! On compte évidemment sur les Bleues pour ramener une aussi jolie coupe que leurs collègues masculins l’été dernier. Les filles de Corinne Diacre débuteront la compétition par un match face à la Corée du Sud (7 juin, à 21 h, sur TF1 et Canal+).

Charlotte Bilbault. © (Photo NR, Julien Pruvost)

Des noms se distinguent déjà. Par exemple, Sarah Bouhaddi. La gardienne de but, solide, est une des forces de l’équipe. À Lyon, où elle joue habituellement, on la surnomme même Zlatan, puisqu’elle n’hésite pas à jouer en pointe (et marquer !) quand il manque une joueuse à l’entraînement.
Sakina Karchaoui est également attendue au tournant. La défenseure montpelliéraine, hyper active sur les réseaux sociaux, aime gagner les duels et compte déjà 23 sélections à… 23 ans.
Eugénie Le Sommer, quant à elle, a marqué 257 buts en 290 matches avec l’Olympique lyonnais : la conquérante n’a qu’un rêve, « gagner un titre avec l’équipe de France ».
Même désir pour Amandine Henry, la capitaine, qui possède l’un des plus beaux palmarès du foot français. Elle a également sorti un roman illustré à la mi-mai (« Croire en ses rêves ! ») destiné aux jeunes, où elle raconte aux footballeuses en herbe les obstacles qu’elle a dû franchir pour en arriver là.

À QUOI S’ATTENDRE SUR LE TERRAIN ?

Les Bleues devront bien sûr tirer leur épingle du jeu. Un jeu pas facile, puisque certaines équipes ont faim : les Anglaises apparaissent comme des outsiders crédibles, les Canadiennes sont bien placées au classement FIFA.
Et il y a évidemment les États- Unis, l’ogre de la compétition. Les Américaines sont la référence absolue du foot féminin. De quoi les imaginer loin dans l’aventure, d’autant que leur groupe – sauf surprise – ne devrait pas trop les brusquer (Chili, Thaïlande, Suède).

Ce Mondial sera également l’occasion d’assister aux premières participations de l’Écosse, de la Jamaïque, de l’Afrique du Sud et du Chili. Reste à voir si cette Coupe du monde aura aussi des répercussions hors du terrain, notamment sur l’économie du sport féminin en général et son traitement médiatique.

Corinne Diacre, la sélectionneuse des Bleues.

IRRÉDUCTIBLES MACHOS ?

Il suffit de faire un tour parmi les commentaires de certains articles abordant le sujet pour s’apercevoir qu’il reste encore des mentalités à changer : « Pseudo-engouement », « aucun intérêt », « elles ne joueront pas aussi bien que les mecs », « pas intéressant »…

Les clichés ont la vie dure et les remarques sexistes perdurent, tandis que les sponsors ne se bousculent pas au portillon et que les inégalités salariales sont toujours criantes. Dans un article de Causette, l’auteur d’Histoire du football féminin en Europe, Xavier Breuil, dézinguait les comportements machistes : « Le foot est, en Europe, le sport le plus populaire qui soit, et donc, par ricochet, un lieu de pouvoir politique. Dans notre inconscient populaire, il est des pratiques réservées aux mâles. Vous voyez beaucoup de femmes à l’Assemblée ? Non. Eh bien, sur un terrain de foot, c’est pareil : la femme n’y a pas sa place. Elles pourront gagner tout ce qu’elles veulent, elles ne suscitent aucune fierté nationale. »
Et si on changeait en 2019 ?

Coupe du monde féminine de foot, du 7 juin au 7 juillet. Diffusions également sur Canal +, TF1, TMC et Canal + sport (pour la majeure partie).
> Finale le dimanche 7 juillet à Lyon, à 17 h. à suivre sur TF1 et Canal +.

Condition de la femme artiste : elles témoignent (3)

Qu’elles soient comédienne, plasticienne, musicienne ou encore illustratrice, ces personnalités nous parlent de leur condition de femme artiste. [Troisième partie]

JULIETTE

CHANTEUSE, PIANISTE, AUTRICE, COMPOSITRICE, MARRAINE DE LA 20E ÉDITION DU FESTIVAL BRUISSEMENTS D’ELLES

(Photo © Yann_Orhan)
(Photo © Yann_Orhan)

« J’aurais peut-être tendance à penser que les femmes artistes sont comme les hommes artistes. Pour moi, la vocation d’être artiste, quel que soit l’art qu’on exerce, c’est la même démarche, sauf que derrière, il y a l’organisation de la société dans laquelle on vit. Une sociologie qui fait que le destin d’une femme artiste, sa position, sa façon d’exprimer son art, ne sera pas tout à fait aussi libre, directe, simple, ni aussi facile que pour un homme.
La différence est sociale selon moi, je ne crois pas du tout à un imaginaire proprement féminin par exemple. Moi, j’ai trouvé ma place en m’en foutant. J’étais libre d’écrire ce que je voulais. Après tout, on sait que ça va être compliqué, avançons, on verra bien ! Si j’avais été une grande blonde, que je n’étais pas lesbienne, je pense qu’effectivement j’aurais pu aussi me poser d’autres questions : essayer d’être une “ intello réfléchie ” en étant canon, c’est super compliqué. J’ai une certaine place aujourd’hui, dans le monde du spectacle et auprès du public, mais je pense que d’un point de vue médiatique, peut-être qu’on parlerait plus de moi si j’étais un homme. Et en même temps, ce n’est qu’une sensation, ce n’est pas un regret.
C’est de toute façon plus compliqué dans l’humanité pour les filles, sauf que maintenant on en parle et, petit à petit, ça finit par imprégner. Même les hommes trouvent ça injuste.
Au niveau d’une vie, on voit des choses qui vont dans le bon sens. Aujourd’hui, je trouve ça génial que les femmes modernes ne soient pas systématiquement féminine, masculine ou queer, le fait d’arriver dans la vie en disant “ je n’ai pas envie d’obéir aux contraintes de mon genre ”, c’est formidable. C’est la chose la plus importante qui est en train de se passer, j’aurais été folle de joie d’être jeune aujourd’hui. »

CLAIRE DITERZI

ARTISTE ET DIRECTRICE DE COMPAGNIE TEMOIGNAGE_DITERZI

« Quand tu es une belle femme, les gens ne voient que ça et c’est un peu un problème, parce que ça gomme le reste. Le mec qui s’intéresse à toi, tu ne sais jamais vraiment si c’est à ton travail qu’il s’intéresse ou à ton physique. Un mec, lui, est immédiatement crédible. Après, quand tu vieillis, tu perds l’avantage du physique et souvent, c’est à ce moment-là que les femmes cessent d’intéresser. On n’aime pas les femmes qui vieillissent. Un homme, on dit qu’il vieillit bien, une femme on dit qu’elle a de beaux restes. Tout est dit. La question centrale qui se pose, finalement, c’est celle de la légitimité à créer, qui est socialement beaucoup moins admise pour les femmes. Mais tout cela tient à l’imaginaire collectif. C’est profondément ancré. Malgré nous, nous sommes tous misogynes et moi la première. La figure de la sorcière est toujours là. La femme qui est libre, qui est intelligente, qui pose des questions et qui a les yeux verts, elle dérange et on la crame. Par exemple, quand j’ai fait la Villa Médicis, je m’en suis pris plein la gueule. J’aurais été Vincent Delerm ou Grand Corps Malade, on ne m’aurait pas attaquée comme ça, j’en suis sûre. »

AURÉLIE LECLOUX

TEMOIGNAGE_AURELIEILLUSTRATRICE ET COLORISTE DE BD

« Le milieu de la BD est un milieu d’indépendants où il faut faire sa place et on en demande souvent plus à une femme. Les hommes seront moins embêtés sur les délais, par exemple. Il y a aussi une question d’affirmation de sensibilité, de son trait, c’est important d’oser affirmer son regard en tant que femme et artiste. Avoir travaillé dans d’autres domaines avant de devenir illustratrice m’a donné des points de comparaison sur la façon dont on peut exister en tant que femme et professionnelle. En treize ans, j’ai parfois senti des différences de traitement avec certains éditeurs et au sein des équipes.
Je me suis toujours adaptée, ça fait partie du job, les femmes coloristes sont très majoritaires, on est considérée comme plus malléables que les hommes.
À l’inverse, chez les auteurs édités, les femmes sont très minoritaires. En 45 ans, c’est la troisième fois seulement cette année qu’une auteure de BD a reçu le Grand prix de la Ville d’Angoulême, même si ce n’est pas parce qu’on est femme qu’on est forcément talentueuse ! »

Témoignages recueillis par Pauline Phouthonnesy, Matthieu Pays et Elisabeth Segard

Condition de la femme artiste : elles témoignent (2)

Qu’elles soient comédienne, plasticienne, musicienne ou encore illustratrice, ces personnalités nous parlent de leur condition de femme artiste. [Deuxième partie]

LAURENCE DRÉANO

TEMOIGNAGE_LAURENCEDREANO
(Photo © Christophe Raimbault)

SCULPTRICE ET PEINTRE TOURANGELLE

« C’est difficile de réussir dans l’art en général et c’est encore plus difficile quand on est une femme. On n’est plus à l’époque de Camille Claudel, mais quand j’ai commencé, il y a une quinzaine d’années, je devais faire face à un monde de prestataires masculins (mouleurs, carrossiers, transporteurs…) dans lequel ce n’était pas toujours simple de se faire respecter ou d’être crédible.
Parce que vous êtes une femme dans un milieu industriel, parce que vous arrivez avec vos “ petites poupées avec des fesses généreuses ” et que vous venez choisir “ vos petites couleurs ”, ils ne vous prennent pas tous au sérieux. La solution ? La persévérance, même si c’est vrai pour tous les artistes. Il ne faut pas démissionner. Les acheteurs peuvent être aussi de véritables “ goujats ”. J’ai eu le droit à des remarques comme “ je peux toucher ? ” en parlant des sculptures et de moi, ça tenait parfois du harcèlement.
Aujourd’hui, ça s’est calmé. Je tiens au mot sculptrice, c’est aussi un travail de femme. Mes créations sont un traité de l’idéalisme, la façon dont j’aimerais voir le monde, l’élan de générosité et l’accueil spontané, la maternité, la femme forte, victorieuse et joyeuse. »

AURÉLIA MENGIN

RÉALISATRICE RÉUNIONNAISE DE FORNACIS, FILM TOURNÉ EN TOURAINE TEMOIGNAGE_REALISATRICE MENGIN

« Ça a été et ça reste un vrai parcours de combattante lorsque l’on est une femme réalisatrice. Le cinéma est un milieu très masculin. Malgré les nombreux courts-métrages que j’ai réalisés et l’obtention de prix, ma crédibilité en tant que réalisatrice est régulièrement remise en question. Le fait d’être une Réunionnaise rajoute encore un niveau de difficulté pour être prise au sérieux par les producteurs ou les distributeurs en France métropolitaine.
En revanche, mes équipes techniques, en partie masculines, respectent mon travail et s’engagent avec une vraie conviction sans remettre en question mes choix artistiques. Je travaille avec des hommes très talentueux qui disposent d’une grande sensibilité et d’une part de féminité. Des hommes en qui j’ai une grande confiance et qui n’ont jamais manifesté de comportement sexiste envers moi. J’étais toute jeune quand j’ai démarré, et durant plusieurs années, mes rencontres professionnelles ont échoué et n’étaient pas constructives. Trop souvent, je me rendais compte que mes interlocuteurs ne s’intéressaient pas du tout à mes films, mais plutôt à mon cul. Ce constat est tristement banal, je ne suis pas la première et malheureusement pas la dernière.
Vieillir dans le milieu du cinéma lorsque l’on est une femme présente au moins un avantage non négligeable, c’est que passé les 37 balais, le stade de la ‘’jeune proie’’ est terminé et on peut enfin parler cinéma. »

NINA ROUYE

(Photo © Nina Rouyer)
(Photo © Nina Rouyer)

MUSICIENNE (VIOLE DE GAMBE)

« La musique classique reste un milieu assez machiste. Il faut jouer des coudes, adopter certains codes pour se faire accepter. Au début surtout, on est souvent confronté à des démonstrations un peu grossières, on est obligées de montrer que l’on peut avoir un gros son, que l’on a une grosse technique pour se faire accepter. Après, une fois que l’on a montré que l’on a du caractère, que l’on a placé le bon mot au bon moment pour ne pas se laisser marcher sur les pieds, on est assez tranquille. C’est comme une forme de bizutage.
Passé cela, quand on propose quelque chose d’un peu différent, on est sans doute mieux entendue. Le fait d’être une femme, alors, peut devenir un atout. Personnellement, j’ai eu aussi à subir des réflexions franchement sexistes. Pour ce qui est des rémunérations, la “ règle ” des 20 % de moins quand on est une femme s’applique souvent, malheureusement. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de le constater. »

Témoignages recueillis par Pauline Phouthonnesy, Aurélien Germain et Matthieu Pays

Artiste, un parcours de combattante

La prise de conscience des inégalités hommes-femmes semble amorcée. Pourtant, dans les milieux artistiques, le chemin reste semé d’embûches pour les femmes.

FEMMES_OUVERTURE

« J’aurais voulu être un artiste », chantait Claude Dubois dans Starmania, en 1979. Quarante ans plus tard, ce rêve, beaucoup d’hommes et de femmes souhaitent encore l’atteindre.

Selon différentes études, ce chanteur aurait même eu plus de chance à notre époque puisque le nombre d’artistes déclarés aurait triplé, voire quadruplé, depuis la sortie de la célèbre comédie musicale. Mais cela reste une sphère très compétitive, qui implique bien souvent un mode de vie précaire, instable et une carrière qui peut s’arrêter du jour au lendemain.
« Et les femmes, qui sont peu nombreuses à entrer, quittent encore plus ce milieu au bout de dix ans parce qu’elles n’arrivent pas à trouver leur place dans un univers qui leur est encore plus hostile que pour les hommes », précise ainsi Marie Buscatto, professeure des universités en sociologie à l’Université Paris 1.

Si vivre de sa passion est une ambition pour certains, cela relève de l’utopie pour certaines. Depuis ses premières études sur l’univers du jazz en 2007, qu’elle vient de rééditer (1), la sociologue a constaté que « rien ou presque n’a changé. Dans le jazz, moins de 10 % des musiciens sont des femmes, dont 4 % de femmes instrumentistes.

Et sur l’ensemble des chanteurs de jazz, 65 à 70 % des femmes sont chanteuses. Aujourd’hui, on est sur le même type de réalité qu’il y a dix ans, en jazz comme dans toutes les pratiques musicales : des concerts masculins ou très majoritairement masculins et des femmes, quand elles sont présentes, parfois batteur, parfois contrebassiste ou trompettiste, très souvent chanteuses », analyse-t-elle à l’autre bout du fil.

DES STÉRÉOTYPES QUI ONT LA VIE DURE

Pour Sylvain Dépée, directeur du pôle chanson de la région Centre-Val de Loire, les Bains-Douches à Lignières (Cher), les chanteuses sont plus présentes dans la chanson française et percent plus difficilement dans le monde de la pop, du rock ou encore du rap. Derrière l’image « moderne » de ces courants musicaux se cachent alors les plus anciens mécanismes machistes.
Chaque art et chaque esthétique ayant ses propres particularités (modes de formations, recrutements, création du réseau social…), la place des femmes diffère dans chaque milieu.

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Bon, bien sûr, il y a toujours l’exception qui confirme la règle et la palme revient… à la musique classique ! Eh oui, elle est « la seule musique qui s’est vue féminisée au niveau professionnel de manière plus importante depuis 30 à 40 ans et notamment la musique d’orchestre, par les instruments à cordes », décrit Marie Buscatto. Toutefois, ces artistes peinent à percer dans les positions hiérarchiques les plus élevées.
On comptait en 2016, dans le monde, seulement 21 femmes cheffes d’orchestre à renommée internationale pour 586 hommes. En France, on les recense sur les doigts d’une seule main.

DES CONCOURS À L’AVEUGLE

Et si l’émission The Voice, avec ses sélections à l’aveugle, détenait une partie de la solution ? En effet, ce qui a notamment permis à la musique classique de tendre vers l’équilibre, au niveau du pupitre, « ce sont les cursus en conservatoire, dans lesquels il y a une majorité de femmes depuis de longues années, notamment en piano, alto, violon, flûte… et des concours avec des auditions à l’aveugle, qui permettent de recruter des candidats sans connaître leur sexe », précise la sociologue.

Marie Buscatto, sociologue.
Marie Buscatto, sociologue.

Selon l’étude statistique des économistes Goldin et Rouse, qui a été faite aux États-Unis en 2000, quand six des plus grands orchestres du pays ont décidé de mettre en place des auditions à l’aveugle, il y a eu plus de 30 % de femmes recrutées dans ces orchestres après ce changement.
En France, ces auditions « paravents » ne sont pas systématiques et leur impact n’a donc pas pu être étudié. Une formation et des auditions plus « objectives » qui ont bénéficié par exemple aux Violons d’Aliénor, un groupe de cordes jouant un répertoire du XVIIe au XIXe siècle, composé de quatre étudiantes en section musiques anciennes (qui compte 6 hommes et 6 femmes) au pôle Aliénor à Poitiers, centre d’études supérieures de musiques et danses.

« On n’a pas ressenti de frein parce qu’on était des femmes. Aujourd’hui on n’y pense pas, on fonce, on va au contact des lieux de diffusion », constatent-elles.

Mais le son de cloche n’est pas le même selon les instruments et selon les stéréotypes de genre auxquels ils renvoient. Au sein du même pôle, dont une partie de l’enseignement se situe à Tours, seulement 2 femmes étudient les cuivres (trompette et cor) sur une classe de 10 et aucun des 5 élèves de percussions n’est une femme. Julie Varlet, trompettiste de 23 ans, a ainsi commencé son instrument à Dax (Landes), pays des bandas, à l’âge de 7 ans.
« J’ai toujours été la seule fille ou presque, mais ça ne me dérangeait pas, par contre, j’ai eu plus des problèmes avec des professeurs “ de la vieille école ” qui me faisaient des réflexions sexistes. Par exemple, ils disaient que je jouais “ trop féminin ”, pas assez fort », se souvient-elle.

À Tours, son professeur aborde plutôt la question du genre par l’anatomie et lui a conseillé de faire du sport et des exercices de respiration pour améliorer sa capacité pulmonaire. Ainsi, pour que les femmes passent de muses à peintres reconnues, comme le souhaite l’association Aware (Archives of women artists, research and exhibitions) qui tend à replacer les artistes femmes du XXe siècle dans l’histoire de l’art, et pour qu’elles puissent à leur tour vivre de leurs créations, il faut changer les mécanismes sociaux. En développant la formation et la parité parmi les recruteurs, en changeant les stéréotypes négatifs (manque d’autorité ou de force, d’efficacité, objet de désir…) et en donnant plus de place aux femmes artistes dans les écoles et les médias.

Ces dernières n’ont d’ailleurs pas attendu pour se regrouper en collectif, car l’union fait la force. Et même si les choses semblent avancer, il est temps que celles-ci changent vraiment, pour que toutes et tous aient les mêmes chances d’exprimer leur créativité.

(1) Marie Buscatto, « Sociologies du genre », Paris, Armand Colin, 2019 [2014] ; Marie Buscatto, « Femmes du jazz. Musicalités, féminités, marginalisations », Paris, CNRS Editions, 2018 [2007].

>> Retrouvez notre dossier intégral sur la place de la femme dans le monde de l’art dans notre numéro 324 <<

Gihade Lagmiry : de la boxe aux urgences

Championne de France de boxe anglaise, médecin urgentiste et maman, la Tourangelle Gihade Lagmiry a l’âme d’une combattante et les pieds sur terre.

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La jeune femme vient de finir sa garde à Trousseau. Pendant vingt-quatre heures, la médecin du Centre de traitement et de régulation de l’alerte (Certa) de l’Indre-et-Loire a orienté les patients vers un spécialiste, déclenché une ambulance ou rassuré une personne dépressive. Prête à partir sur une intervention vitale à tout instant.
Fatiguée, elle rayonne pourtant ce matin dans son jean et son pull noirs, affichant un large sourire. « J’ai pu dormir une petite heure », se réjouit-elle, le regard direct et bienveillant. « J’ai hâte de rentrer chez moi », ajoute-t-elle. Elle dormira encore un peu, pendant que son fils est chez la nounou, puis partira courir, avant un nouvel entraînement à la salle de boxe ce soir.

Sacrée championne de France de boxe anglaise au Havre en février, la trentenaire n’espérait pas un si beau retour quand elle a repris les gants en septembre. Pourtant, à en croire son parcours, tout ce qu’elle veut vraiment, elle le décroche. « Quand j’étais petite, j’avais toujours mon stéthoscope autour du cou et une petite mallette rouge de médecin », rigole Gihade Lagmiry qui a grandi à Châteaudun en Eure-et-Loire.

Du jeu à la réalité, cette bavarde a déménagé, avec toute sa famille à Tours pour entrer à la Fac de médecine. Gihade Lagmiry arrête alors le hand pour se consacrer à ses études qu’elle réussit brillamment. « Ma mère ne voulait pas que j’aille aux rattrapages… » À 21 ans, elle découvre la boxe thaï avec son frère dans un club de La Riche. « J’ai accroché, pas lui. » André Macé, son entraîneur, se rend compte de ses capacités et l’amène à la boxe française. Poings et pieds alertes, elle remporte un premier titre de championne de France. Mais elle en veut plus et s’attaque à la boxe anglaise. En 2009, elle part avec son futur mari et nouvel entraîneur, Tony Geraldo au club de Chambray-les-Tours.

À coups de direct du droit et d’uppercut, elle remporte trois années de suite le championnat de France et participe au championnat du monde. Parallèlement, allier sport et travail se compliquent en internat de médecine. Une défaite contre une amie, le doute, elle dit stop en 2013 et fait le deuil de sa carrière sportive. Elle continue son bout de chemin entre les Urgences et le Certa, avant de remettre un pied sur le ring en septembre. Juste pour voir. Aujourd’hui, elle hésite entre arrêter le haut niveau car c’est une situation précaire, choisir de passer professionnelle, ou intégrer l’équipe de France pour « tâter l’international ».

Une chose est sûre, elle ne voudrait pas « baisser en performance » dans son métier qui lui procure à la fois l’adrénaline et la polyvalence ; et un sport qui la canalise, la pousse à aller à l’essentiel et lui offre une famille particulière. « Je suis peut-être trop gourmande, on verra ! ».

Portrait par Pauline Phouthonessy

Qui se cache derrière les tags du Soleil Levant ? (2)

#EPJTMV Après avoir révélé nos premières découvertes dans notre épisode 1, place à d’autres graffs, toujours réalisés par la même personne. Et on connaît désormais son identité…

Épisode 2 : D’autres graffs, une seule artiste

On sait dorénavant qui se cache derrière ces graffs. Mais avant de vous le révéler, continuons le cheminement de notre enquête à la découverte de ce tagueur.

Tag Blanqui
Les couleurs de la robe ravivent le quartier Blanqui. Photo : Manon Vautier-Chollet

Les internautes ont été des alliés de taille pour trouver d’autres graffs dans les rues de Tours. Deux nouveaux au compteur. Quoi que bien différents, ils conservent toujours le même esprit. On reconnaît la patte de l’artiste.

Quartier Blanqui, près de l’église. Une nouvelle fois devant des pissotières. La femme représentée est ici de face. Elle a troqué son kimono rouge pour une robe bouffante beaucoup plus colorée : bleu, jaune, rose, rouge, vert… On suppose à cet instant que l’artiste est une femme. L’utilisation de pochoirs en forme de papillons nous met sur la voie.

Venez découvrir les différents tags présents sur Tours ici :

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Le tagueur a aussi laissé son empreinte près de la place de la Victoire, rue des Quatre-Vents. Le graff est fait des mêmes couleurs que celui du quartier Blanqui. Il s’accorde à merveille avec l’environnement qui l’entoure. On peut le voir dans un renfoncement, entouré de branches de vignes sur les murs. L’Asiatique surplombe un banc tagué et porte un kimono coloré.

Tag place de la victoire
Dans un recoin, rue des Quatre-Vents, un tag se marie parfaitement avec le décor. Photo : Manon Vautier-Chollet

Les internautes ont aussi apporté leur aide pour retrouver l’artiste. Sur la page Tu es de Tours si… ils ont activement répondu à notre demande. Nos supputations se révèlent justes. L’artiste est bien une femme. L’identité semble évidente pour certains. Mais pas pour tout le monde ! Nombreux sont ceux qui se questionnent et s’enthousiasment devant la photo du tag qui illustrait notre demande. Maintenant, il reste à savoir si d’autres graffs se cachent dans les rues tourangelles. Et on n’en doute pas !

Une Tourangelle

A présent, on comprend la signature inscrite en bas des créations. On peut dire qu’on y était presque… ou pas. Ce n’est pas CIB, ni CIG et encore moins CGI mais tout simplement Gil. Derrière cette signature, Gil KD, une artiste peintre tourangelle. Tmv  la rencontre très prochainement… Restez connectés.

Philippine David et Lénaïg Le Vaillant.

#WTF 23 : un braquage pour éviter sa femme

Vous avez loupé l’actualité insolite et wtf de la semaine ? Faites une piqûre de rappel avec tmv !

(Photo County Sheriff office)

« Je préfère encore être en prison plutôt qu’à la maison. » Voilà ce qu’a dit Lawrence Ripple à son épouse après une dispute. Du coup, l’homme de 70 ans a foncé jusqu’à la banque la plus proche pour la braquer. Après avoir obtenu les gros sous, le septuagénaire de Kansas City s’est assis en attendant la police. Et leur expliquer qu’il ne supportait plus de vivre avec sa femme. Souhait exaucé : il a filé direct en prison.

– Trois Espagnols ont inventé un urinoir high-tech qui permet de nettoyer les parties intimes après la pause pipi. Rassurez-vous messieurs, ce « Urinary 2.0 » (son doux nom) peut s’adapter à n’importe quel « format ». Mieux encore, il ajuste même la température de l’eau selon la saison. Oui, car eau froide + hiver, ça… non, bon, ok.

Frank, l’un des anciens « chanteurs » du boysband 2be3, a déclaré : « À l’époque, on dérangeait un petit peu. » Voilà.

– Charlotte Guttenberg, 67 ans, et Charles Helmke, 75 ans, viennent d’entrer dans le Guinness Book des records, en tant que couple le plus tatoué du monde. La première a le corps recouvert à 91,5 % tandis que son compagnon est encré à 93,75 %. – Toujours dans les nouveaux records, sachez que le chat le plus long du monde mesure 1,18 m, que Caspa est le lama qui saute le plus haut (1,13 m), que Jim Bolin a construit un rocking-chair de 17 m de haut (très facile pour s’asseoir) et que Devendra Suthar possède 28 doigts et orteils.

Pour un high five, c’est par ici :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Rx05Mo1wWT4[/youtube]

Bonus : le chat le plus facile à porter
Ludo--Longest-Cat

Perturbateur endoctrinien : Casse-toi tu pollues !

Des médecins généralistes, gynécos et endocrinologues lancent une campagne de prévention contre les perturbateurs endocriniens.

La guerre est déclarée : 2 000 médecins généralistes, gynécos et endocrinologues lancent une campagne de prévention contre les perturbateurs endocriniens. L’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail avait déjà tiré l’alarme en 2014 mais devant  l’inertie des pouvoirs publics, les toubibs ont décidé de  placarder eux-mêmes des affiches et de distribuer des brochures pour alerter les consommateurs. Premières ciblées :  les femmes enceintes.

On ne les voit pas, on ne les sent pas, mais on les touche, on  les respire et on les avale tous les jours. Cosmétiques, peinture, vernis des meubles, plats préparés, liquide vaisselle, gel  désinfectant… et même les tickets de caisse cachent souvent  des substances chimiques qui perturbent les hormones. en  mimant l’action d’une hormone naturelle ou, au contraire,  bloquer la transmission d’un signal hormonal.
Résultat ? Au  mieux, prise de poids, fatigue, troubles du sommeil ; au pire,  diabète, baisse de la fertilité, cancers. Pour connaître les risques d’expositions, de petits guides pédagogiques sont disponibles sur asef-asso.fr

Beauté : à chacun sa trousse (de toilette) !

Femmes et hommes sont égaux : et pour leurs trousses de toilette ?

(Photo Phovoir)
(Photo Phovoir)

Folle de maquillage, Vic a tenté d’intéresser son compagnon à sa « routine beauté ». Après quelques mois de bonne volonté, il a préféré se cantonner à son after-shave. Incompréhensible pour lui que sa moitié trimballe une montagne de crèmes, il avoue ne même pas comprendre l’intérêt des eye-liners en gel… Aujourd’hui, on se partage volontiers le frigo, mais la trousse de toilette reste personnelle. Pour Louise, « ma trousse est adaptée à mon mode de vie, comme mon sac à main ».

À 38 ans, cette maman de 3 enfants ouvre un vanity plutôt sage : brosse à cheveux, shampoing, masque hydratant, gel douche, mousse nettoyante pour le visage, soin contour des yeux, crème hydratante multifonctions « Ne dites pas qu’elle est anti-âge » (oups) et une crème pailletée pour le corps. Quand elle est en déplacement, elle pioche dans son stock d’échantillons. « C’est plus léger et puis sinon, je ne les utilise jamais. » Côté maquillage, ça se gâte : un panier entier de fards trône sur une étagère.

Et du côté de Monsieur Louise ? C’est plus spartiate : savon, shampoing, mousse à raser, coupe-chou hérité de son grand-père, coupe-ongles, une touche de grâce avec une pince à épiler. La touche d’originalité ? Des cachets de toutes les tailles. « Je voyage beaucoup à l’étranger, donc les médicaments font partie de mon nécessaire de toilette ». Pas de peigne, il a les cheveux assez courts pour les coiffer avec les doigts. L’écart est vertigineux chez Anne et Hassein : Anne est convertie au bio, pas au minimalisme. Ses produits de beauté s’étalent tout autour de sa baignoire alors que ceux de son mari sont invisibles. « Il ne vous le dira pas, mais c’est parce qu’il pique tous mes produits. »

Stelda