Désir… désirs : Genre, l’expo !

Elle est lui, il est elle : la nouvelle expo de la photographe Nikita, à l’occasion du festival Désir… Désirs, s’affronte au genre. Visite guidée.

Nikita (Photo tmv)
Nikita (Photo tmv)

Je n’aime pas les étiquettes. Nikita le répète à plusieurs reprises. Elle cligne des yeux en souriant timidement. Ses paroles résonnent dans la grande salle de la bibliothèque centrale. Cinq de ses diptyques y sont exposés. Sur ces grandes photos en noir et blanc, cinq sujets prennent la pose. Version homme, version femme.
Première impression étrange : impossible d’identifier leur sexe d’origine. Elle lance, énigmatique : « Leur véritable identité se situe à peu près au milieu de ces deux photos. » Nikita a l’idée de cette série en 2009. « Je n’avais pas le temps de la commencer, j’avais plusieurs casseroles sur le feu. » Elle attend alors quatre ans avec cette idée en tête. « Ce n’est pas une réaction à l’actualité. » C’est un acte militant. « Quand j’ai commencé à shooter et à discuter avec les personnes, je me suis rendu compte que ce travail allait remuer beaucoup de choses. » Ses personnages, elle les repère dans la rue, à un vernissage, dans la vie de tous les jours. La photographe les choisit pour leur physique, « je les imagine dans le sexe opposé et si ça marche, je leur propose de poser. »

Elle ne sait pas que chacun d’entre eux va alors être perturbé par la séance qui suit. « J’ai découvert que le genre qui nous est imposé par l’éducation, la société, ne correspond pas à celui que nous souhaitons. Plus je parlais avec eux, plus ils me dévoilaient leur malaise. Est-ce que c’est moi qui les ai choisis en sentant ce trouble ou tout le monde souffre du genre qui lui est imposé ? » Pas de réponse.
Et puis, les séances la rattrapent à son tour. « Je me suis rappelée, petite, je revendiquais d’être une fille réussie plutôt qu’un garçon manqué. » Son enfance engagée afflue en appuyant sur le bouton de son appareil photo. Pas vraiment portraitiste, ni spécialisée dans le noir et blanc, Nikita se concentre sur le regard, elle essaye de capter « ce qui se dégage de féminin et de masculin. » Pour mieux le mettre en doute. « Je mets le doigt sur une souffrance infligée par notre société. Garçon ou fille ? Nous sommes avant tout des êtres humains. »
B. Renaudin

L’ÉVÉNEMENT
L’EXPO
Nikita a posé ses photos dans deux lieux : la bibliothèque centrale et la Chapelle Sainte- Anne dans laquelle elle diffuse également les témoignages des modèles. Jusqu’au 31 janvier, entrée libre. Pour les horaires : festival-desirdesirs.com

LE FESTIVAL
Elle est lui, il est elle de Nikita s’inscrit dans une programmation beaucoup plus large du festival Désir… Désirs. Depuis 22 ans, cet événement mélange débat, expo, films, concert avec cette idée qu’il faut accepter la différence de l’autre.
On vous propose nos trois coups de coeur :
>>UN FILM : LES NUITS D’ÉTÉ Pour la soirée d’ouverture, le mercredi 21 janvier, Désir… Désirs commence avec la projection de ce film de Mario Fanfani. Quand un notable de Metz se travestit en cachette dans les années 1950, c’est en général source de questionnement… À 19 h 45, en présence du réalisateur, aux Studio.
>>UN P’TIT DÉJ Toujours aux Studio, Désir… Désirs a demandé à Ciclic une sélection de six courts-métrages à déguster le dimanche 25 janvier avec un croissant. À 10 h 30.
>>UNE PIÈCE Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, c’est un spectacle tout public (à partir de 5 ans) sur une petite fille qui ne cherche qu’à être elle-même. Au théâtre de Vaugarni (Pontde- Ruan) le dimanche 1er février, à 16 h 30. Plus d’infos sur vaugarni.fr