François Cheng ou l’art de la calligraphie

Pour la première fois, le poète et romancier François Cheng, de l’Académie française, expose ses calligraphies au public. Parce qu’il est devenu Tourangeau par mariage, il y a près de 60 ans, il a choisi le musée des Beaux-arts. Et pour nous permettre d’apprécier cette exposition de poche à sa juste valeur, il nous en a lui-même livré quelques clés.

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La calligraphie, qu’est-ce que c’est ?
La calligraphie est un art du trait et des combinaisons du trait. Il y a donc, d’abord, la beauté formelle, la beauté de chaque idéogramme qui est un être vivant en lui-même. Par exemple, l’homme, c’est deux traits obliques et cela incarne un homme qui se tient sur ses jambes. Mais ces formes ont une signification en elles-mêmes et ça, c’est la spécificité de la calligraphie chinoise.

Art ou forme d’écriture ?
La calligraphie est un art complet. Elle contient à la fois la subjectivité humaine et, en même temps, la signification objective des signes. Il y a aussi une forme de transcendance car quand on pratique la calligraphie, on est porté par une sorte de souffle vital et c’est tout le corps qui s’engage. Le calligraphe est animé par ce souffle vital, et ce souffle vital, dans l’imaginaire chinois, anime l’univers dans le même mouvement. Et tout cela passe à travers les signes, qui agissent comme des agents de liaisons entre le calligraphe et l’univers vivant.

Les textes, d’où viennent-ils ?
Tous les textes sont des textes poétiques que je connais par coeur. Au moment de réaliser la calligraphie, on ne peut plus regarder autre chose. C’est une concentration extraordinaire. Il faut maintenir le rythme jusqu’au bout, c’est une très grande tension.

Pourquoi Tours ?
Je suis devenu un Tourangeau depuis mon mariage, il y a près de 60 ans, puisque ma femme est Tourangelle. En l’épousant, j’ai épousé la Touraine, qui est l’une des plus belles régions de France ! Et son fonds historique lui a conféré une sorte de dignité, pour ainsi dire royale. Et puis surtout, c’est ici que l’on parle le mieux le français, où l’on entend la prononciation la plus exemplaire. Grâce à cela, Tours a gagné une sorte de prestige international car on y vient de partout et aussi de Chine pour y apprendre le français. Je n’oublie pas que moi-même, j’ai été ce jeune homme débarqué en France sans connaître un mot de français et, à partir de là, j’ai embrassé cette langue avec passion et elle est devenue mon destin.

Que signifie le carré rouge que l’on voit sur toutes les calligraphies ?
C’est mon sceau, qu’une femme artiste a dessiné pour moi. Dedans, il y a mon nom en français et aussi mon nom chinois qui peut se traduire par « Embrasser l’un ». Il traduit ce besoin d’atteindre l’unité de l’être. Je suis habité par deux cultures, je suis français, il n’y a pas de doute, mais cela a été l’aboutissement d’un long cheminement dont Tours a été le témoin.

Exercice n°1 : analyse d’une oeuvre, « Entre source et nuages »
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« Cela correspond à un de mes recueils de poèmes. La source et les nuages, c’est tout le mystère de la vie. En France comme en Chine, souvent, on compare le temps à un fleuve qui s’écoule sans retour, comme le temps qui fuit sans jamais revenir. Or, la pensée chinoise a pensé à autre chose. Le fleuve coule en effet pour se jeter dans la mer mais on n’oublie pas, en Chine, que durant son écoulement, l’eau s’évapore pour monter dans le ciel, devenir nuage et qu’elle retombe en pluie pour ré-alimenter le fleuve. Si on reste au niveau terrestre, on est désespéré mais dès que l’on introduit la dimension céleste, il y a cette grande circulation. En sorte que tout est réversible, mais cela ne dépend pas de nous. Ce qui est perdu est repris. »

Exercice N°2 : analyse d’une oeuvre, « Le rocher »
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« Ces deux caractères, ils signifient, la pierre qui interroge. Je l’ai traduit par « Le cri de la pierre ». En apparence, une pierre, c’est une présence absolument anonyme. Or, pour un Chinois, la pierre est reliée à l’origine du monde. Dès la création du monde, la pierre est là. Donc, les Chinois adorent les pierres. Il y a aussi une loyauté de la pierre. La pierre ne trahit pas. En contemplant la pierre, l’homme apprend le dépouillement et l’intégrité morale, la pureté originelle. Donc dans cette calligraphie, je dis que la pierre possède un mystère que nous devons nous-mêmes, tenter de percer. »

>> Pour en savoir plus : lire notre numéro 309, parution du 10 octobre 2018 <<
>> Exposition de François Cheng au Musée des Beaux-Arts jusqu’au 7 janvier 2019 : toutes les infos disponibles ici <<

Les hobbies insolites de la rentrée

C’est le moment idéal pour commencer une nouvelle activité. Et c’est encore plus rigolo si l’on décide de sortir des sentiers battus ! Tour d’horizon de quelques pratiques insolites…

1. La canne de combat
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Vous vous imaginez Sherlock Holmes en train de mettre une raclée à Moriarty, avec son chapeau haut de forme, la cape au vent. Ce n’est pas tout à fait ça, mais presque. Vous gardez l’esprit gentilhomme mais vous remplacez l’accoutrement XIXe siècle par un kimono rembourré, un masque d’escrime et des gants. Depuis 2011, il existe un club de canne de combat sur Tours. En plus d’être super classe (vous vous battez avec une canne quand même !), c’est extrêmement physique : vous travaillez tous les muscles du corps et des deux côtés puisque vous pouvez tenir la canne à gauche comme à droite. C’est Vincent Chaigneau qui a introduit ce nouveau sport en Indre-et-Loire : « Vous pouvez commencer la canne à partir de 8 ans. C’est également un sport de combat mixte, les femmes sont souvent de redoutables adversaires. »
 Notre avis : Si vous avez toujours voulu avoir la classe et que vous adorez vraiment l’objet canne, n’hésitez pas, vous avez trouvé votre nouveau sport. En plus, c’est chic en soirée de dire que vous faites de la canne de combat.
Infos pratiques : Reprise des entraînements le jeudi 19, de 20 h à 21 h 30. Toutes les infos sur canne-combat-tours.fr
2. La course de lévriers
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Sa moustache frétille quand ses chiens bondissent vers lui, en quête d’un câlin. Jacky Chaffin, agent de bibliothèque universitaire dans le civil, est une des figures de la course de lévriers en Indre-et-Loire. Il raconte la « convivialité sur les cynodromes », le « brassage social, avec des gens de tous les niveaux » et « l’adrénaline » quand il voit Dubaye, un de ses protégés, s’élancer sur la piste. Passionné, il essaye d’entraîner ses chiens tous les jours, avec une marche fractionnée ou une marche au trot autour du lac de Joué-lès-Tours. « Les joggeurs trouvent un compagnon idéal avec un lévrier », dit-il. Il faut quand même avoir quelques sous de côté. Acheter un whippet (une race courante) coûte entre 600 et 700 euros. Et il faut ajouter le budget croquettes. Jacky les importe du Royaume-Uni, pour 200 euros par an environ.
Notre avis : Parfait pour les amateurs de vitesse et d’animaux. S’occuper d’un lévrier prend du temps et un poil d’argent, mais le plaisir est intense quand on observe l’évolution de son chien. « Ils rendent beaucoup d’affection », dit Jacky avec le sourire.
Informations pratiques : Club du lévrier de sport de Touraine, 6 rue du Puits Berthet – 37 Preuilly-sur-Claise. Tél : 02 47 94 59 31
3. Les jeux de société
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On ne vous parle pas des jeux de carte ni du traditionnel et vieillot Monopoly. La pratique des jeux de société peut devenir un véritable hobby auquel vous allez adorer vous adonner régulièrement. Il paraît que c’est bon pour les méninges et pour la sociabilité. « Et puis c’est ludique, populaire », ajoute Olivier Chaillot, le président de l’association de la Maison des jeux. Justement, chaque jeudi soir vous pouvez jouer dans leur magnifique local de la rue Toulouse- Lautrec. Tout le monde est le bienvenu, débutants comme accros. Seul ou avec des potes, vous serez accueillis « à bras ouverts ». Et vite, ça peut devenir une passion. Puisque tous les mois sortent de nouveaux jeux de sociétés, vous ne vous ennuierez jamais et découvrirez des mondes et des règles à chaque fois différents.
Notre avis : Le côté geek qui joue à Warhammer, c’est un gros cliché qu’il faut s’enlever de la tête. Tous ceux que l’on a rencontrés à la Maison des jeux de Tours sont très sociables, franchement hyper sympas et prêts à vous faire découvrir le merveilleux monde des jeux de société.
Infos pratiques : Tous les jeudis soir, initiations aux jeux mais il y a également des permanences pour venir en emprunter. Plus d’infos sur mdjt.org
4. Ultimate
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« Bon, les gars, qui passe handler ? Qui est middle ? ». Les termes anglais se succèdent et Carl écoute. Attentif, mais un peu paumé face à ces mots inconnus. « J’ai vu une vidéo sur internet, et j’ai eu envie d’essayer », dit-il timidement. Les piliers des OUF (l’Olympique Ultimate Freezbee de Joué-lès-Tours) le mettent à l’aise rapidement. Aldo, crâne dégarni masqué par une casquette, explique les schémas tactiques. La règle est simple : attraper le disque dans la zone d’en-but adverse. Résultat : des accélérations brusques, des appels, contre-appels et une dose de dextérité. Le tout dans la bonne humeur de fin d’été. « C’est convivial, et il y a un bon esprit, notamment grâce à l’autoarbitrage », loue Dik, autre nouveau. Et à la fin de la séance, Carl tire la langue. « Ça dépote ! », dit le grand gaillard, pourtant affûté. Fabrice, un des responsables, conclut : « Les gens viennent chercher un sport original, et sont agréablement surpris par la dépense d’énergie. »
Notre avis : Ludique, décalé, ouvert à tous (petits, grands, hommes, femmes), l’Ultimate est une belle découverte. N’allez pas dire que c’est un sport de plage. On galope, transpire et le lendemain, les courbatures sont bien là.
Infos pratiques : Entraînements lundi et jeudi (19 h/21 h), samedi (10 h/11 h 30, pour les juniors à partir de 10 ans) au stade des Bercelleries. Tournoi d’initiation sur ce même stade le samedi 14 septembre, à 14 h. Renseignements : Fabrice au 06 88 08 91 83.
5. La couture
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Oui, ce n’est pas évident, mais la couture peut vite devenir une passion. « J’ai beaucoup de jeunes mamans qui viennent à mes ateliers, constate Lydie Assas, une créatrice tourangelle. Elles craquent souvent dans une brocante et s’achètent une belle machine à coudre. Sauf qu’elles ne savent pas s’en servir. Je leur apprends à mettre le fil et les techniques de base pour, par exemple, créer un bavoir. » Si vous êtes du genre manuel, c’est un passe-temps qui peut vite devenir addictif. Porte-monnaie, sac-à-main, jupes : quand vous savez coudre, il n’y a que votre imagination et votre envie pour vous freiner. Et non messieurs, ce n’est pas une activité réservée aux femmes. Vous aussi, vous pouvez vous prendre au jeu de la couture. « Après, avec un peu d’entraînement, vous pouvez vous mettre à faire des rideaux, des oreillers et même des fauteuils », s’enthousiasme Lydie Assas. Bonne alternative à la peinture ou autres activités artistiques, la couture est vraiment abordable.
Notre avis : Passés les a priori, la couture, c’est fun, ça fait économiser et ça en jette quand vous dites que vous savez vous servir d’une machine à coudre. Après, vous allez avoir tous vos potes qui vont vouloir des ourlets, mais bon…
Infos pratiques : Il existe de nombreux ateliers de couture sur Tours. Celui de Lydie Assas est pas mal puisqu’elle fait de l’initiation. La contacter à la boutique Alchimies Poétiques au 02 34 53 42 22.
6. La boule de fort
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Il les range dans son précieux coffret en bois. Et les montre avec fierté. « Elles sont belles », sourit Jacky Campagné, membre de la société de boule de fort La Rescapée, à La Rouchouze (Langeais). Un sport traditionnel en Anjou et ses frontières (et donc en Indre-et-Loire). Jacky, 75 ans, entouré de ses deux comparses, Pierre et Mireille, explique la base : « La boule est déséquilibrée par un poids latéral, le côté “ fort ” ». Le but : comme à la pétanque, se rapprocher le plus près du maître, l’équivalent du cochonnet. Sauf que la boule met au moins 30 secondes à arriver à l’autre bout du terrain recouvert de plastique verni et en forme de gouttière. « Il faut être très patient », reconnaît-il. Les trois membres notent un regain d’intérêt, avec des touristes curieux. Jacky invite aussi les habitants du coin à venir essayer un jeu « pour toute la famille ».
Notre avis : Le sport le plus confortable du monde, puisque les pantoufles sont obligatoires, afin de ne pas abîmer le terrain. Et le plus cérébral : en buvant un coup avec les anciens, vous apprendrez plein d’anecdotes ou de légendes sur la région.
Infos pratiques : À Tours : Le cercle du Soleil Levant. 85, rue d’Estienne-d’Orves. 02 47 51 32 50. Pour aller voir Jacky à la Rescapée : 1 route des Gaudinières, 37130 La Rouchouze. 02 47 51 32 50.
7.L’origami et autres japonaiseries
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Les cheveux longs qui descendent jusqu’au ventre, des motifs de fleurs de cerisiers sur la robe. Impossible de se tromper : Reiko vient du Japon. Arrivée en 1997, l’artiste peintre a créé l’association Hinodé il y a trois ans. « Avec des amis français qui aiment le Japon, j’avais envie de faire reconnaître notre culture », ditelle timidement. Au programme : cours de japonais, de calligraphie, origami, d’art floral (ikebana), sculpture de personnages de manga. Et tout le monde peut s’y coller. « Par exemple, la pratique de l’origami est très utile pour les personnes âgées et les enfants, avec l’entretien des mains », raconte Reiko. Elle met en avant le côté « zen et concentré » d’une culture fascinante.
Notre avis : Les JO de Tokyo, c’est dans sept ans. Commencez à vous préparer !
Infos pratiques : Inscriptions le mercredi 11 septembre, de 15 h à 17 h, à l’Institut de Touraine, salle B22. Http://hinodedetours. blogspot.com et hinodedetours@gmail.com