Orientation et formation : ils nous racontent leurs études

Retrouvez notre dossier spécial orientation et formation dans le dernier numéro de tmv.

C’est le grand paradoxe de l’orientation : on vous demande de faire des choix qui, potentiellement, peuvent engager toute votre vie, alors que vous êtes dans la période de votre vie où vous avez le moins de certitudes. Alors, bien sûr, pour vous aider, vous demandez des avis aux uns et aux autres.

C’est exactement ce que nous avons fait dans ce bonus que nous avons conçu pour les jeunes en orientation et aussi pour leurs parents qui ne sont pas, en général, les derniers à s’inquiéter pour l’avenir. Et, comme on vous connaît un peu, on s’est dit qu’il valait mieux demander à des jeunes, encore étudiants, de vous raconter, de l’intérieur, les études qu’ils sont en train de suivre.

Médecine, langue, Staps, Droit, Marketing, Clément, Charlotte, Noémie et les autres vous racontent leurs études. En espérant qu’ils vous aideront à faire votre choix.

⇒ DOSSIER SPÉCIAL A TÉLÉCHARGER JUSTE ICI

 

Claire Diterzi, sur un arbre perchée

C’est drôle, c’est foisonnant, c’est libre et hors norme. L’arbre en poche, le spectacle de Claire Diterzi au Grand Théâtre les 14 et 15 décembre, est une ode musicale et théâtrale à l’émancipation. Pour les enfants, pour leurs parents et les parents de leurs parents ! Décryptage avec Claire Diterzi.

(Photo crédit Christophe Manquillet)
Claire Diterzi (Photo crédit Christophe Manquillet)

BARON PERCHÉ

Le baron perché, d’Italo Calvino, raconte les aventures du jeune baron Côme du Rondeau, petit noble italien, qui décide un jour de se réfugier dans un arbre et de n’en plus descendre parce qu’il refuse de manger des escargots. Un livre essentiel, sur la désobéissance et l’émancipation. « La fille de Calvino a refusé de me donner les droits d’adaptation du livre. Mais, pour moi, c’était comme une question de vie ou de mort d’adapter ce texte, alors, j’ai cherché toutes les solutions possibles. J’ai pressé ce roman comme un citron et j’en ai extrait tout le jus. Ensuite, j’ai discuté avec des amis metteurs en scène, philosophes, dramaturges pour en sortir le spectacle L’arbre en poche. »

SORCIÈRE !

« Dans le spectacle, je suis la sorcière. La sorcière, c’est une figure féminine qui incarne la liberté, la jalousie, mais aussi une figure qui dérange. Et je trouvais ça intéressant de la réhabiliter et de dire, oui, je suis une femme et au-delà de la femme, une artiste qui dérange. Le fait de vieillir pour une femme est aussi un tabou dans la société actuelle, qui est très jeuniste. Et encore plus dans le domaine de la musique et de la chanson. Et moi, je vieillis, j’ai plein d’emmerdes, pleins de trucs qui déconnent. Et ça, c’est un vrai tabou. C’est un spectacle féministe de ce point de vue. » « Dans ce roman, la question centrale, c’est l’émancipation. Et pour moi, c’est devenu LES émancipations. »

FUCK LES ESCARGOTS ! DITERZI_BARON

C’est pour échapper à un plat à base d’escargots que le jeune baron se réfugie dans son arbre dans le roman de Calvino. Quels sont nos escargots à nous ?
« Le spectacle sert justement à ce poser cette question et c’est le propre du théâtre, de la création. Et pour tous les âges, il y a des réponses possibles. C’est pour cela que c’est un spectacle qui se voit en famille car l’émancipation, cela marche à tous les âges. En ce qui me concerne, ce spectacle, a changé beaucoup de choses dans ma vie, très profondes et très intimes au niveau personnel et au niveau professionnel. »

PERCUSSIONS

Sur scène, il y a six percussionnistes qui jouent sur des appeaux, des verres, des bouteilles accordées au dièse près, des percussions corporelles, des crécerelles… Attention, il n’y a rien de ce que l’on voit d’habitude dans les orchestres. Que des choses qui tiennent sur une table.
« Tout ça vient d’une rencontre que j’ai faite quand j’étais à la Villa Médicis avec un compositeur qui s’appelle Francesco Filidéi. Il y avait, donc, six percussionnistes derrière une table, assis en rang d’oignon, en costume-cravate, les cheveux blancs et le nez sur la partoche…. Et j’ai été estomaquée. C’était organique. C’était la nature. Je voulais ce morceau dans mon spectacle mais, bien sûr, avec des interprètes que j’aurais choisis. Alors j’ai cherché et j’ai trouvé des percussionnistes de folie qui seront là sur scène au Grand Théâtre. Ils ont appris la partition par cœur, ce qui était une gageure et, du coup, on est vraiment dans le spectacle, pas dans la performance. »

LA MACHINE

« Au début de la création, pour la scénographie, je voyais un grand trampoline et mon chanteur avait un doublure acrobate qui dansait sur le trampoline et le chanteur revenait de l’autre côté. J’ai travaillé avec les gens de La Machine, à Nantes pendant des mois et des mois. Je voyais les artistes dans l’espace. Mais le contre-ténor qui est dans le spectacle est noir et je n’ai pas pu trouver d’acrobate noir assez fort en trampoline pour le doubler. Et finalement, j’ai dû renoncer à cette scénographie. »
DITERZI_MAQUETTE 01

JE GARDE LE CHIEN

« C’est le nom de ma compagnie. C’est important pour moi de choisir la façon dont je veux être administrée et produite. À l’époque de Tableau de chasse, j’étais au catalogue de Naïve, qui me vendait comme ils vendaient Coeur de Pirate ou Olivia Ruiz et en s’en mettant plein les poches au passage. Mais moi, je ne me sentais aucune affinité avec tout ça et j’ai décidé de tourner le dos à ce mode de production. J’ai monté ma compagnie en forme de société par actions simplifiée. C’était ma façon à moi de dire “ Fuck les escargots ”. Je revendique l’idée d’une chanson contemporaine, comme il y a du théâtre contemporain ou de la danse contemporaine. Surtout qu’aujourd’hui, il n’y a plus de place, ni de lieu, ni de label pour la chanson alternative. »

DITERZI_COMPAGNIE

PLATON

« Dans l’allégorie de la caverne, tu as six types qui sont enchaînés dans une cave. Et les types, bien sûr, c’est nous. C’est nous devant nos écrans qui sont partout. Et il y en a un qui s’échappe, qui monte et qui rencontre la lumière. Il est subjugué et il se dit que c’est beau la vie, le ciel, la nature. Alors, Il redescend dans la cave et veut convaincre ses cinq camarades de remonter avec lui. Et il passe pour un con, personne ne le suit. C’est ça le Baron perché et c’est ça ce spectacle. C’est l’émancipation collective en même temps que l’émancipation individuelle. »

ANAGRAMME

L’arbre en poche, c’est un anagramme. C’est l’anagramme de « Le baron perché ». Pas mal, non ?

L’ARBRE EN POCHE
>>Opéra-conte de Claire Diterzi, à l’Opéra de Tours. 14 et 15 décembre, à 20 h. À partir de 6 ans. 8 à 25 €.

Beat Matazz balance les watts

Le Tourangeau Beat Matazz – Marco Pillitteri à la ville et ex-Funktrauma – continue de mélanger hip-hop et electro avec brio pour son projet solo. À l’occasion de la sortie de son second EP, tmv vous propose une session « track-by-track », où le musicien commente sa nouvelle offrande, chanson par chanson.

Le hip hop et l'electro, c'est Matazz de thé (oui, il fallait qu'on la fasse)
Le hip hop et l’electro, c’est Matazz de thé (oui, il fallait qu’on la fasse) [Photo tmv]

1. MA BEATZ

« Pour ce morceau d’ouverture, je voulais que l’auditeur se prenne une claque », sourit Beat Matazz. C’est chose faite avec ce Ma Beatz minimaliste, mais écrasant et tapant sec. « C’est inspiré du beatmaker Samiyam, le protégé de Flying Lotus. Il y a un beat [une pulsation sur laquelle se rythme la chanson, NDLR] bien lourd et qui donne le max de place à la voix. » Dans cette chanson, l’artiste raconte son rapport au beat qu’il imagine « comme des créatures aux pouvoirs secrets ». Mais c’est clairement l’electro qui domine ici et qui se greffe parfaitement au phrasé rappé de Beat Matazz.

2. DEDICATED INSPIRATION

« Comme son titre l’indique, la chanson parle de ma dévotion à la création. Je veux toujours aller plus loin, j’ai envie d’inspirer les gens. » Dedicated Inspiration est un morceau très charnel, aidé en cela par la sublime présence de Tilö, des Boys in Lilies. « Cela faisait pas mal de temps qu’on cherchait à faire quelque chose. Je voulais sa voix, son timbre. Ici, elle chante de manière un peu soul, c’est sensuel. » C’est le titre coup de cœur de tmv : un véritable voyage, un mélange envoûtant entre le hip-hop de la rue, l’electro planant et la douceur de la soul.

3. TANTRUM

Changement d’ambiance total avec ce Tantrum, véritable OVNI « qui parle de la Mort et de folie », précise Beat Matazz. « C’est un morceau ultra agressif, à base de samples, de basse, et de reverb. Il y a des grincements, c’est un cauchemar ! » L’ambiance glauque qui s’en dégage fait frissonner. Le Tourangeau prend l’auditeur par surprise avec cet instant bizarroïde. « C’est un univers que je veux esthétiser, un peu comme Tarantino. Je souhaitais peindre un tableau qui fait peur. » Qu’il se rassure : ça marche !

4. THE ATTACK

« Ici, j’ai samplé et trituré la B.O du film Mars Attacks ! » Normal, puisque ce morceau hyper-entêtant et dégoulinant d’esprit science-fiction « fait référence à une invasion d’aliens. » Beat Matazz avait en tête le film Signes qui l’avait bien flippé quand il était jeune (si, si, rappelez- vous de cette scène dans le champ de blé !). « C’est davantage une chanson avec une histoire et un scénario. Il y a tout de même une happy-end. À la fin, on entend l’extraterrestre chanter “ La guerre est injuste ”… »

5. THE FINGER DRUMMING MPC BEAT TAPE

L’EP se clôture comme il se doit : avec un morceau pensé comme tel, réfléchi, qui propose « toutes les instrus que j’avais stockées pour en faire un patchwork », indique le musicien. Un paquet d’ambiances, toutes plus réussies les unes que les autres. C’est le point final, sans textes, uniquement des images à se faire en tête. « Ma grosse inspiration a été Prefuse 73, hyper électro et subtil », dit-il. Avant, de nouveau, de métaphoriser : « Je suis entre le bûcheron et l’ébéniste du hip-hop fait main. »

> EP#2 dispo sur beatmatazz.bandcamp.com

> Beat Matazz sera en concert à Tours le 7 mai au festival Dance Hope.

> Dates, infos et contact sur facebook.com/BeatMatazz

J’ai survécu à l’école de Xavier Niel !

Plonger dans le code informatique 7 jours sur 7, pendant un mois : bienvenue aux sélections de l’École 42, la pouponnière des développeurs de Xavier Niel, alias Mister Free. Une colonie de « vacances » geek racontée par Cédric Renouleau, un Tourangeau qui y a passé un mois complet.

J’ai fait l’école de Monsieur Free, mais j’ai pas tout compris.

Vous l’avez sans doute croisé, dans une autre vie, à l’accueil de la Carterie place Jean-Jaurès. Ou chaque été, en train de servir des bières à la Guinguette. Il s’appelle Cédric Renouleau et comme ses grands yeux bleus et ses longs cheveux soigneusement attachés ne l’indiquent pas, ce jeune homme de 24 ans est apprenti codeur. Pas le genre Néo de Matrix. Non, son cerveau n’est pas relié à un disque dur. Plutôt du genre à avoir fait ses études dans le domaine du commerce, à enchaîner les saisons : l’été à Tours, l’hiver en Suisse.
Et puis un jour, une révélation. « J’étais au chômage, je cherchais une nouvelle orientation professionnelle, j’ai commencé à m’intéresser au développement, à internet, à la programmation et on m’a parlé d’une école gratuite et accessible à tous avec le bac », dit-il. L’École 42. Ça ne vous dit rien ? La fameuse pouponnière de Xavier Niel. Oui, le PDG de Free, symbole de la success story entrepreneuriale à la française, grand gourou de tous les start-upers du numérique. Celui-là même qui a observé et décrété — ou l’inverse — que la France manquait de développeurs. Et s’est donc mis en tête de former les futures stars du code.

TROIS SALLES DE 300 MAC

L’École 42, c’est 3 ans de formation à Paris XVII. Mais avant d’y poser ses neurones, les heureux élus doivent passer une batterie de tests. Durant 26 jours en tout, sans pause. Cédric a sauté dans le grand bain en août dernier. « Ça s’appelle la piscine, car on plonge dans le code 24 heures sur 24. Il y en a qui nagent, d’autres qui se noient, il y en a qui ont juste la tête qui dépasse ». 900 jeunes âgés, grosso modo, de 18 à 30 ans débarquent. Ils sont répartis dans trois salles, les « clusters » où s’alignent 300 Mac. « Le bâtiment est impressionnant de technologie », décrit Cédric.

Les compétiteurs et élèves badgent, une machine salue chacun d’eux par leur prénom et leur demande, au passage, comment ça va. Pour manger ? Le food-truck reçoit les commandes par mail et informe chaque élève lorsque sa pitance est prête. Ambiance geek oblige, les salles de classe sont très branchées Star Wars : la cantine a été baptisée La Cantina, référence au bar de Jabba le Hutt. Côté hôtellerie, c’est un peu spartiate. « Sur place, il y a des douches, des toilettes, de quoi vivre. Moi, j’ai vécu là-bas durant 26 jours sans quasiment jamais sortir, se souvient Cédric. L’école met à disposition deux salles où l’on peut amener son matelas gonflable, ainsi qu’un sac de couchage pour dormir. Au début, les lits étaient collés les uns aux autres tellement il y avait de monde. Mais au bout de deux semaines, on avait beaucoup plus de place, car beaucoup ont abandonné. »

450 ABANDONS

Car il faut tenir le rythme fou de ces phases de sélection. « À 8 h 42, du lundi au vendredi, on reçoit les exercices à faire et on a jusqu’au lendemain 23 h 42 pour les rendre. Tous les vendredis, on passe un examen de 17 h à 21 h qui évalue ce que l’on a appris durant la semaine. Après cela, on doit se lancer dans un projet de groupe de 2 à 4 personnes qui va durer tout le week-end. Il n’y a pas de pause, on ne s’arrête jamais. »
De quoi en décourager plus d’un. Entre le début et la fin des phases de sélection, près de 450 élèves se sont fait la malle. « On t’impose un rythme énorme et une pression difficile à supporter, raconte Cédric. On n’a pas de prof, pas d’horaires, on travaille tout seul ou avec d’autres élèves. On n’a pas l’habitude de cela dans le système scolaire traditionnel. » L’apprenti codeur se dit pourtant prêt à retenter l’aventure si l’occasion lui en est donnée.

Car las, Cédric a reçu un mail du BDP (pour bureau des pleurs), lui signifiant que son nom ne faisait pas partie de la short list des grands gagnants. « C’est une super expérience, on vit un truc exceptionnel dans une bonne ambiance, c’est comme une grosse colonie de vacances. Et puis, c’est une méthode de travail qui me convient. J’ai appris 10 fois plus que n’importe où ailleurs. En un mois, j’ai carrément appris à programmer ! »

Portrait par Flore Mabilleau

J’ai couru mon premier marathon

À 50 ans, Xavier a choisi de courir son premier marathon sous les couleurs de tmv. Il boucle le parcours en 3 h 50 et avec le sourire. La clé de la réussite, selon lui : la préparation ! Moments choisis…

AVANT LE DÉPART
J’ai été très rigoureux dans ma préparation. J’ai dû adapter ma vie pour caser les quatre entraînements hebdomadaires. Et j’ai fait attention à ne plus trop faire la fête… LE DÉPART Je pars plutôt confiant. J’ai suivi ma préparation à la virgule près. Mais bon, comme c’est mon premier marathon, il y a quand même une vraie part d’inconnu. Et puis, j’entends des choses autour de moi, dans le sas de départ : le mur des 30, tout ça. Ça fait un peu peur… Et puis arrive la musique, le départ, quelque chose monte en moi : c’est parti ! LE

10E KILOMÈTRE
Dans les 10 premiers kilomètres, j’essaie de me caler. Je suis les meneurs d’allure, mais j’ai l’impression qu’ils vont un peu plus vite que l’allure prévue. Alors, je cherche les 5’20’’ au kilo qui doivent m’emmener à mon objectif de 3 h 45. Ça me prend quelques kilomètres, mais je me cale.

marathonLE 28E KILOMÈTRE
28 kilomètres, c’était mon max à l’entraînement. Quand je passe la borne du 28, je plonge dans l’inconnu, je commence à appréhender un peu. J’appréhende un peu le mur des 30 mais, finalement, il passe sans trop de douleur. Je commence à voir pas mal de gens qui s’arrêtent, pris de crampes, qui coincent vraiment. Je me dis, peut-être que c’est bientôt mon tour !

LE 35E KILOMÈTRE
Là, ca devient vraiment plus difficile. Surtout au niveau des jambes. Le cardio, ça va mais les jambes se raidissent. La douleur est là. Heureusement, le public m’aide. C’est ce qui est grisant dans un marathon : ce public qui te transporte et qui te permet de surmonter les moments compliqués.

LE 38E KILOMÈTRE
« À mon avis, c’est gagné », c’est ce que je me dis intérieurement. Je cours un peu mécaniquement, j’oublie la douleur. C’est vraiment au niveau de la tête que ça se passe. C’est la tête qui m’emmène. Et puis, je n’étais pas seul dans ce marathon et la présence de mes compagnons de course m’aide beaucoup.

LE 41E KILOMÈTRE
Le public à l’arrivée est incroyable ! Je me retrouve comme à l’arrivée du Tour de France. C’est serré, il n’y a plus que mon passage à travers la foule, tout le monde crie mon nom. C’est vraiment enivrant. Ça me transporte.

ET APRES ? MARATHON 05

Je suis heureux, très heureux d’avoir réalisé cette performance. On est beaucoup de marathoniens, mais en faire partie, c’est un aboutissement. Les heures d’entraînement, tous les sacrifices, je ne les ai pas faits pour rien. L’entraînement me paraît, a posteriori, plus dur que la course elle-même, mais tellement essentiel.

Guy Limone : le monde taille XXS

On s’est pris pour Gargantua en visitant l’expo 1/87e et ses 4 200 figurines miniatures. Géant !

CULTURE_PAP1
(Photos tmv) Retrouvez notre galerie ci-dessous

Ah, on est comme ça au Centre de création contemporaine (CCC) : on aime voir les choses en grand. Sauf que là, les œuvres se mesurent… en millimètres. Bienvenue dans le petit monde de l’artiste Guy Limone, et son exposition 1/87e. Intitulée ainsi « parce que ses figurines sont 87 fois plus petites que nous ! », débute Charlotte Bornes, étudiante en Master.
Elle et ses collègues en Histoire de l’art font les visites guidées de l’expo. Un plus pour leur formation. « Maintenant, je n’ai plus la pression ! On n’est pas comme des profs, mais davantage dans une notion de partage », indique-t-elle.
Piercing à la lèvre, tout sourire, à l’aise, Charlotte parle beaucoup avec ses mains. Décrit et décrypte l’expo. Plutôt que de laisser les visiteurs se perdre dans les méandres de l’art contemporain, elle explique, raconte, et surtout interagit. Pour 1/87e, elle pose des questions, fait réagir les visiteurs.

Sur les murs, on a l’impression de ne voir que de gros ronds. On s’approche et on observe toutes ces figurines miniatures, achetées puis peintes à la main par Guy Limone. Toutes ont des détails, toutes s’incorporent dans ces cercles mesurant 1,75 m, « car c’est la taille de l’artiste ». À chaque fois, l’œuvre est accompagnée d’une légende à rallonge débutant par un pourcentage. Par exemple, « 64 % des Français sont opposés à une intervention en Syrie… ». Pour celui-ci, parallèle avec l’actualité, les minuscules personnages portent des petits bonnets rouges.
« En fait, ce sont des œuvres vivantes », fait remarquer un des visiteurs. Plutôt oui ! Tout prend vie quand on approche son œil de curieux. Un véritable monde lilliputien, où chaque figurine est différente, caractéristique. Et il y en a plus de 4 000 en tout ! On balade ses yeux et finalement, on scotche devant la dernière partie de l’expo : Guy Limone a enfilé 1 500 petits bonshommes sur un fil de nylon long de 4,60 mètres. Du sol au plafond, peints en dégradé du bleu foncé au bleu clair. « De la mer au ciel, rappelant les 1 500 candidats à l’émigration. »

Alors on quitte l’exposition. Nos pas de géant laissant derrière eux une œuvre singulière, un art différent. Un monde miniature. Ho, et après tout, c’est pas la taille qui compte…

Aurélien Germain
EN BREF
L’EXPO
1/87e de Guy Limone est encore visible jusqu’au 1er juin, du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 h, au CCC (rue Marcel-Tribut). Une visite commentée par l’une des étudiantes en Master d’Histoire de l’art aura lieu le samedi 3 mai, à 16 h 30. Et c’est gratuit ! Plus d’infos au 02 47 66 50 00 ou sur ccc-art.com

UNE FORMATION Étudiantes en Master Histoire de l’art et CCC marchent main dans la main. En leur permettant de commenter une exposition et sensibiliser les publics à l’art, l’idée, pour le CCC, est « de former les étudiants à l’expo, à la transmission de l’art. On les encadre », indique Noélie Thibault, chargée des publics au CCC. Pour celle de Guy Limone, ces jeunes filles en Master ont pu « participer au montage, à la mise en place du parcours, etc. » Un véritable tremplin pour leur insertion dans le monde professionnel et artistique.

LE PLUS On a aimé le bonus : la classe qui visitait l’expo ce jour-là a eu l’occasion (en demandant au préalable) de se prêter à une séance photo sympa. Les clichés seront miniaturisés et serviront à l’artiste Guy Limone ! (voir notre galerie photos juste en-dessous)