Expo les Allochtones : terres d’ailleurs

Imaginez les jardins Saint-Lazare, des étudiants en art, de la récup’ et un paquet d’idées. Vous obtenez l’expo Les Allochtones.

Eternal Gallery
Expo les Allochtones : le chantier (Photo tmv)

Place Choiseul. Le tram est arrêté « momentanément » (tiens ?). Le soleil lèche les murs de l’Eternal Gallery. Comme dans une fourmilière, des jeunes s’y affairent, rentrent, sortent, vont et viennent. Tous et toutes étudient à l’Esba TALM, les beauxarts de Tours. Ici, c’est le monde des Allochtones, l’expo qu’ils présentent fièrement pendant plus d’un mois. À l’intérieur, il y a une sorte de terreau par terre. Des cartes postales, un bidon éventré, où grimpent des plantes… Un monde qui prend vie. Tout est parti d’un atelier workshop, organisé par Eternal network, sollicité par le collectif d’habitants qui ont sauvé de la destruction les jardins Saint-Lazare du quartier Febvotte. Une commande auprès de six étudiants en art est passée : ils doivent rencontrer les habitants, visiter les jardins et y imaginer une intervention artistique.

L’objectif ? Conserver la poésie du lieu, « tout en ménageant des parcelles privatives et des espaces collectifs », comme l’indique Éric Foucault, d’Eternal network. « Utiliser un jardin comme support d’exercice et comme commande est intéressant », souligne-t-il. « Les besoins des habitants ont servi de base de travail. » Direction La Laverie, à La Riche, où les étudiants auront leur QG. À coup d’imprimante numérique (merci le Fun Lab !), de prototypes, de créations miniatures, ils cogitent et créent.

Six projets artistiques naissent (lire le détail des œuvres ci-dessous) : on passe de la valorisation du lieu, au réemploi des déchets. Sculpture, vidéo ou encore cartes postales… L’esthétique change tout le temps, mais tout se complète. Pas de logique purement écolo là-dessous. Mais tout a été fait pour ne pas dénaturer les jardins et garder l’esprit. Axel Fourmont, par exemple, a transformé, grâce à Photoshop, des photos des lieux pour en faire des cartes postales distribuées aux habitants. Ces derniers y ont inscrit des anecdotes sur le lieu. Celles-ci seront d’ailleurs à découvrir durant l’exposition. « J’ai voulu éveiller les souvenirs », indique posément Axel. Une mémoire à retrouver jusqu’au 26 avril.

EN BREF
>>C’EST QUAND ?
L’expo Les Allochtones est visible à l’Eternal Gallery, jusqu’au 26 avril. Les samedis et dimanches, de 15 h à 18 h, et sur rendez-vous la semaine. Entrée libre.
Plus d’infos sur facebook.com/eternalgallery

QUI FAIT QUOI ?
> Emmy Charbonneau L’étudiante a assemblé des matériaux plastiques pour créer un autel à offrande écologique (notre photo d’ouverture). Une sculpture qui mixe plantes et plastique.
> Charline Laguérin L’art de la récup’… Sa sculpture rappelle les jardins d’arches métalliques. Mais ici, roues de vélo, barbecue rouillé et vieil arrosoir constituent un portique.
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> Elsa Leroy Un ensemble de modules pour jardinier, afin de créer sa clôture, son seuil ou son mobilier. Ingénieux !
> Marie Libéros Une vidéo de la performance, qui joue sur la brume pour rappeler les fumées des locomotives près des jardins.
> Axel Fourmont Une série de cartes postales des jardins transformées par Photoshop. Le tout avec des anecdotes rédigées par les habitants euxmêmes.
> Téo Biet Intrigant est le mot qui vient à l’esprit : son projet relève d’une approche chimérique. Le monde souterrain des jardins, avec des têtes monstrueuses en argile. On vous laisse la surprise.
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Eternal Gallery ? suivez le guide

Le nouveau lieu d’expositions d’art contemporain tourangeau. À découvrir de l’autre côté de la Loire, place Choiseul.

Vous voulez entrer dans l'Eternel Gallery, allez venez, ça va être bien, bien, bien.
Vous voulez entrer dans l’Eternel Gallery, allez venez, ça va être bien, bien, bien.

De la poussière au sol, un escabeau et des pierres à nu pour les murs : l’Eternal Gallery est en pleine ébullition. Sur la façade du bâtiment, un panneau indique l’objet de ces travaux : l’ exposition d’Ibraham Poincheval ouvre le lendemain (voir ci-contre). Juste au-dessus de la porte d’entrée, on peut lire en grand « Octroi », vestige d’un ancien temps, quand la tour servait à faire payer une taxe de passage aux marchands. Dehors, la place Choiseul est comme lunaire, avec son sol tout de pierres vêtues. En cette fin d’été, seules quelques voitures se dirigent vers le pont Wilson. Le tram, lui, grimpe la Tranchée.
Une assos, une mission
Cette nouvelle salle d’expositions est complètement gratuite et n’a pour but que de faire connaître des artistes du carnet d’adresses d’Eternal Network. Ça, c’est l’association qui est à l’origine de cette « gallery ». Si leur nom ne vous dit rien, ils sont pourtant installés à Tours depuis 1999 dans l’autre octroi, celui qui est à gauche quand vous êtes face à la Tranchée. Le travail principal de cette association, c’est de mettre en place l’initiative des Nouveaux commanditaires dans la région. Cette mission a été lancée par la Fondation de France voilà 20 ans. Le principe : tout citoyen, seul ou regroupé, qui souhaite faire une commande d’oeuvre artistique, peut se tourner vers Eternal Network. Une alternative à la commande publique traditionnelle. Eternal Network s’occupe d’écouter, de conseiller, d’étudier la demande et de mettre en relation ces citoyens avec un artiste. Un exemple ? Le Monstre de la place du Grand Marché est né d’une envie des commerçants de rendre le lieu plus attractif. C’est Eternal Network qui les a aidés dans ce projet et les a mis en relation avec l’artiste à l’origine de la sculpture monumentale.
Et la Gallery alors ?
C’est vrai, pourquoi ouvrir un lieu d’expositions ? À force de travailler pour les autres, Eternal Network a voulu ouvrir un lieu en son nom, pour faire connaître des artistes contemporains tout au long de l’année. Éric Foucault, coordinateur et médiateur d’Eternal Network, sourit : « Notre but, ce n’est pas de rendre l’art accessible mais d’élargir le cercle des initiés. »
Leur site pour aller plus loin