Art contemporain : rencontre avec Klaus Rinke

C’est une double exposition événement qui commence cette semaine au CCC OD. Klaus Rinke, un des big boss de l’art contemporain international ré-installe une de ses œuvres mythiques et nous plonge dans le tourbillon créatif de Düsseldorf, œuvres rarissimes à l’appui.

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INSTRUMENTARIUM 2017

« Nous sommes allés chercher les eaux de douze fleuves européens. Le Rhin, le Danube, le Pau, l’Elbe, la Seine, la Loire… Parce que jadis, ce sont les fleuves qui ont fait l’Europe, explique Klaus Rinke. Ils étaient ses veines, comme le sont aujourd’hui les autoroutes. Toutes ces eaux se mélangent dans quatre jarres, qui sont les quatre points cardinaux et des pompes assurent la circulation des eaux. »

INSTRUMENTARIUM 1985

L’installation de Klaus Rinke dans la fosse du Centre Pompidou, en 1985, fut un des événements marquants du Centre qui fête cette année ses quarante ans. L’horloge que l’on voit à Tours est la même (Rinke s’est battu pour la récupérer après démontage dans une gare allemande), les tuyaux sont les mêmes, mais en neuf et les pompes sont, en partie, d’origine.

PROF’ KLAUS

«Quand j’étais professeur à la Kunstakademie de Düsseldorf, on m’appelait le Jet-set professor. Parce que j’habitais à l’époque à Los Angeles et que je venais toujours en avion. Mais moi, je leur disais, je suis un voyageur au long cours sur l’océan infini de la création, je ne suis pas là pour apprendre aux élèves à naviguer à la voile dans la petite bassine universitaire. Quand vous êtes professeur pendant trente ans dans une académie comme ça, il y a ceux qui vous aiment et ceux qui vous détestent, c’est comme ça ! ».

DÜSSELDORF

C’est une ville en Allemagne, vers l’ouest, pas très loin de la Belgique. Là, depuis 70 ans, existe une école d’art unique au monde. Elle s’appelle la Kunstakademie et invite toutes les générations d’artistes à échanger, travailler ensemble et, parfois, à s’opposer les uns aux autres ou ensemble au reste du monde. Plus qu’une école, c’est un esprit. Klaus Rinke y a enseigné pendant trente ans. Il en fut même, brièvement, le recteur. C’est ce foisonnement créatif incroyable que l’exposition Düsseldorf mon amour s’attache à reconstituer.

TIC TAC

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(Photo E. Decourd – CCCOD Tours)

 « Il y a souvent des horloges dans mon travail (Klaus Rinke porte d’ailleurs une belle montre ronde argentée autour de son cou, ndlr). Parce que je sais que nous n’avons pas beaucoup de temps ! » Celle qui est installée dans la nef du CCC OD, c’est celle de la gare de Düsseldorf qu’il a réussi à récupérer après de longues tractations avec les chemins de fer allemands. Il est quand même arrière-petit-fils, petit-fils et fils de cheminot, Rinke ! Pour lui le temps est comme l’eau. « J’ai fait de l’eau le matériaux de ma sculpture. Car quand vous êtes devant une rivière, l’eau de cesse de s’écouler, sans qu’il soit possible de la figer, comme le temps. »

BUREN

Eh oui, notre Daniel Buren à nous est aussi lié à l’école de Düsseldorf. Il y fut professeur, « Dans une classe à côté de la mienne ! », s’amuse Klaus Rinke. Pour cette expo, il est venu superviser l’installation d’une oeuvre qui appartient au Centre Pompidou et qui n’avait encore jamais été montrée. On y retrouve les bandes de 8,7 cm chères à l’artiste (mais en vert) et une réflexion sur l’image tout à fait contemporaine.

CHAMEAUX

(Photo Bernard Jensen)
(Photo Bernard Jensen)

Cette photo vous accueille en haut de l’escalier qui mène à la galerie blanche. Le type avec la grosse boule de cheveux sur la tête, c’est Klaus Rinke. Et la scène se déroule dans l’enceinte de l’école, à l’occasion d’une fête de fin de trimestre. Rinke était à l’époque recteur adjoint de l’Académie et vraiment, vraiment, il ne reculait devant rien !

TIGRE

Cette toile de Gerhard Richter n’avait aucune chance de sortir de son museum Morsbroich de Leverkusen. Pour situer, le garçon (85 ans, quand même), qui était le voisin de Rinke à Düsseldorf, est l’artiste vivant le plus coté au monde. Un de ses tableaux s’est vendu pour plus de 20 millions d’euros en mars dernier. Ce flou de l’image que l’on trouve dans ce Tigre de 1965 est caractéristique de son travail.
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