Cet été, un train direct entre Saint-Pierre-des-Corps et Francfort

Du nouveau du côté du transport ferroviaire. Cet été, une nouvelle liaison reliera directement, sans changement, Saint-Pierre-des-Corps à Francfort, en Allemagne.

Les faits

Dans le cadre de leur coopération franco-allemande, la Deutsche Bahn, compagnie ferroviaire allemande, et la SNCF ont annoncé une nouvelle liaison qui devrait faire quelques heureux. Cet été, du 8 juillet au 26 août 2023, des allers-retours seront proposés entre Bordeaux et Francfort-sur-le-Main, sans changement de gare à Paris (ni même à Strasbourg ou Karlsruhe). Un train qui passera notamment par Saint-Pierre-des-Corps, permettant ainsi de relier la très belle ville allemande à la Touraine en direct.

Il est toutefois à noter que cette nouvelle liaison, éphémère donc, ne fonctionnera que les samedis.

Quel parcours ?

La ligne desservira plusieurs gares françaises et allemandes. Elle partira donc de Bordeaux, en passant par Angoulême, Poitiers, Saint- Pierre-des-Corps, Massy TGV, Marne-la- Vallée, Champagne-Ardennes TGV, Meuse, Lorraine TGV, Strasbourg, puis Mannheim, Karlsruhe et terminus à Francfort.

Il faudra compter entre sept et huit heures de trajet au total. Mais en partant de Saint-Pierre-des- Corps, la liaison se fera en moins de 6 heures.

Top départ

Les billets pour début juillet seulement ont déjà été mis en ligne sur le site de la SNCF. Nous avons tenté une réservation, histoire d’en savoir un peu plus côté horaires. Ce train direct partira le samedi de Saint-Pierre-des- Corps à 17 h 57, pour une arrivée à Francfort à 23 h 51. En sens inverse, départ à 6 h 56 de Francfort et arrivée à Saint-Pierre à 12 h 37, avec un trajet de 5 h 41 cette fois.

Avec un test réalisé le lundi 13 mars, certains billets pour le 8 juillet étaient proposés à partir d’une soixantaine d’euros avec une carte de réduction, et entre 84 et 150 € sans abonnement.

Coopération symbolique

Cette initiative menée de front par la Deutsche Bahn, en accord avec la SNCF, a pour objectif d’encourager les déplacements en train entre les deux pays. Les deux gouvernements allemand et français ont soutenu le projet et doivent d’ailleurs instituer, cet été, « un ticket binational » pour les jeunes, dont 60 000 exemplaires seront gratuits, comme il a été annoncé lors d’un Conseil des ministres franco-allemand.

Aurélien Germain / Photo archives NR

Théâtre tentaculaire avec le collectif Le Poulpe

Les huit artistes du Poulpe inventent, à Tours, un théâtre dans lequel ils écrivent et mettent en scène collectivement.

Les huit têtes pensantes du collectif Le Poulpe (photo collectifpoulpe.com)

Le Poulpe ? Comme les huit tentacules de l’animal et les huit mémoires qui s’y logent. « Cela a commencé comme une blague lorsqu’on ne savait pas comment s’appeler et puis c’est resté ! », sourit Maud Terrier, une des huit membres de ce collectif d’acteurs et de compagnies.

Des artistes âgés de 26 à 33 ans qui se sont découverts « des affinités » au Conservatoire de Tours. « Nous avons tous une formation de comédiens, mais nous avons envie d’être un peu partout à la fois », reprend-elle.

Après AD LIB (jusqu’à ce que nous soyons pleinement satisfaits), le collectif peaufine sa deuxième création Good Girl (là-dessus, on est tous d’accord), dont la première aura lieu en mai.(1) Un spectacle dans lequel les artistes s’approprient un fait-divers américain : le meurtre irrésolu de JonBenét Ramsey, mini-miss de 6 ans retrouvée morte dans le sous-sol de sa maison en décembre 1996. Et qui interroge l’appétit pour le sensationnel, les notions de mythe et de vérité.

Créé à huit cerveaux

Un spectacle conçu, une nouvelle fois, à huit cerveaux et âmes, bouleversant les modèles créatifs traditionnels. Ici, pas de metteur en scène qui dirige l’ensemble de la troupe. « Nous faisons tout, tous, et cette envie de coopération et de générosité crée un objet théâtral » rappelle Louise Maurice.

© Marie Pétry

« Mais il est difficile de se diriger quand tout le monde est sur le plateau ! ». Le Poulpe a donc fait appel au comédien Alexandre Le Nours, à la façon d’un « featuring » sur un album, pour apporter un regard extérieur au moment du filage. « Lorsqu’il s’agit de répéter, la collab’ permet de ne travailler que le jeu », analyse Jules Jacquet.

Parallèlement, « il y a aussi des envies artistiques individuelles ou par binômes », ajoute l’artiste. Du Poulpe est donc né, en tout, cinq ensembles artistiques. Trois pièces sont en cours de création, et six autres ont déjà été montées. Dont Love and Money, en résidence à Rouziers-de-Touraine fin février, qui sera jouée du 29 avril au 3 mai au Théâtre de l’Opprimé, à Paris.

Flore Mabilleau

(1) À 20 h 30, le 15 mai, au Centre Culturel de Saint-Pierre-des-Corps. Tarifs : de 9 à 12 €.

A l’école du Parkour et du freerun

Course, saut et escalade : le parkour est l’art du déplacement en utilisant le mobilier urbain. Une école a ouvert à Saint-Pierredes- Corps et forme les yamakasi de demain.

NEWS_PARKOUR3
Le Parkour ? « C’est se déplacer de la manière la plus efficace et rapide possible d’un point A à un point B », dit Charles Brunet, ici en photo. (Photo instagram.com/haiscorentin)

Le soleil tombe doucement. Saint-Pierre-des- Corps grelotte avec quatre petits degrés en cette fin février. La fraîcheur enveloppe les ateliers de la Morinerie. Dans ce hangar, un couloir où s’alignent des locaux d’artistes. La douce quiétude est troublée par le roulement d’un skateboard qui se dirige vers le fond. Sur sa planche, Martin, jeune ado blond aux petites lunettes, aussi relax qu’un surfeur californien. Passé une porte où est collée une affiche West Coast Academy, il se dirige vers de grands échafaudages.
Dix secondes plus tard, il s’y balance, s’accroche, grimpe avec une aisance et une souplesse déconcertantes, sous l’oeil bienveillant de son mentor, Charles Brunet.

Ce trentenaire tourangeau de l’asso Gravité Zéro/Parkour37, membre de la team West Coast Academy, est un « traceur » pro qui a ouvert, en octobre 2017, une école de parkour, la première de la région. Un sport pour les adeptes de la liberté du corps et du déplacement. De quoi ravir Martin : « Ici, c’est un peu ma deuxième maison », se marre-t-il. « C’est toujours encadré, donc je peux me surpasser. »

L’école compte plus de 200 licenciés, âgés de 9 à 30 ans. (Photo Julien Pruvost)
L’école compte plus de 200 licenciés, âgés de 9 à 30 ans. (Photo Julien Pruvost)

Le cours va commencer. La voix de Charles résonne dans la salle de 400 m². Le cadran à LED au mur affiche 17 h 29 et 58 secondes. « J’avais bien dit que c’était 17 h 30 pétantes », sourit-il. Cet endroit est un rêve devenu réalité. Créé avec trois fois rien : « Après avoir galéré à trouver un lieu, un ami m’a conseillé les ateliers de la Morinerie. Le local n’était pas cher. »
Pour le matériel ? De la récup’ pour les palettes, une structure achetée à Amiens pour les échafaudages et « un grand merci à l’asso de gym de Saint-Pierre qui nous a donné certains tapis et matelas. » Soit un lieu d’entraînement idéal avant d’affronter la rue et son mobilier urbain.

NINJA WARRIOR ET ACROBATIES

Charles Brunet, prof et pro du parkour, pratique depuis 15 ans. Sa chaîne YouTube compte 67 000 abonnés. (Photo instagram.com/haiscorentin)
Charles Brunet, prof et pro du parkour, pratique depuis 15 ans.
Sa chaîne YouTube compte 67 000 abonnés. (Photo instagram.com/haiscorentin)

Tandis que Charles retrace l’histoire, Léonard, en stage ici, est en charge de l’échauffement. Poignets, coudes, genoux, chevilles, cou et nuque : tout y passe. Et c’est parti ! Par petits groupes, les jeunes élèves sautent par-dessus des blocs, s’accrochent à des hauteurs inimaginables, enchaînent roulades, « sauts de chats » et saltos. « Ouais, c’est un peu Ninja Warrior », sourit Charles, avant de charrier un apprenti qui enchaîne les pirouettes au-dessus d’un gros cube en mousse : « Si tu touches l’obstacle, c’est cinq pompes ! »
L’ambiance est bon enfant, la fraîcheur du hangar est oubliée. On s’entraîne dur. Corentin, par exemple, avec ses saltos arrières hallucinants. Il a 17 ans et pratique depuis 7 mois. Comme le prouvent ses figures, sa préférence va au freerun. « C’est une variante qui implique des acrobaties en plus. Le freerun embellit le déplacement en parkour », nuance cet ancien fan de BMX et de trottinette freestyle. Le sourire aux lèvres, engoncé dans son maillot bleu, Corentin triture sa petite barbe et s’amuse de ses débuts, lorsque, tout petit, il « grimpait déjà aux arbres ». Maintenant, c’est sur les murs en ville.
« En fait, je m’adapte aux autres dans la rue. Si quelqu’un n’avance pas devant moi, je me dis tout de suite : tiens, et si je le dépassais plutôt en m’accrochant à ce rebord de fenêtre ? Le parkour me fait découvrir la ville différemment, c’est un deuxième point de vue. Tout se joue au mental… et je n’ai pas peur du béton ! ».

L’heure tourne et c’est déjà bientôt la fin du cours. Subejan, 13 ans, le bonnet enfoncé sur la tête laissant choir ses longs cheveux, continue les figures sans s’arrêter. Trois ans de pratique, mais capable de surmonter n’importe quel obstacle et visiblement à l’aise aussi bien en parkour qu’en freerun.

Seul équipement nécessaire pour pratiquer le parkour ? De bonnes chaussures ! (Photo Julien Pruvost)
Seul équipement nécessaire pour pratiquer le parkour ?
De bonnes chaussures ! (Photo Julien Pruvost)

Les autres élèves s’enflamment, c’est le moment du « floor is lava » [le sol est de la lave, NDLR]. Exercice fendard : interdiction de toucher le sol avec ses pieds. Les bras sont mis à rude épreuve, on saute de bloc en bloc, les chevilles arrêtent les corps, les muscles amortissent les chutes, les pieds ne doivent pas se placer trop haut. « Ça peut être dangereux », souffle Charles. Sous leurs airs de casse-cou, les traceurs sont prudents et font preuve d’une grande maîtrise. Charles est comme un grand frère. Il chapeaute et conseille.

Les étirements indispensables. Ici, avec Subejan, 13 ans. (Photo Aurélien Germain)
Les étirements indispensables. Ici, avec Subejan, 13 ans. (Photo Aurélien Germain)

« Ici, on donne nos expériences et on découvre sa voie. La technique est là, ils travaillent maintenant leur autonomie et leur créativité. » Plus qu’un sport urbain, le parkour est une philosophie. L’association le rappelle d’ailleurs sur sa page internet : « Notre état d’esprit est l’entraide, le partage et la persévérance. » Trois valeurs respectées au pied de la lettre à l’école du parkour.

> En savoir plus : facebook.com/Parkour37000 ou pk37.weebly.com pour les cours et stages

> Vidéos : youtube.com/user/gravitezer0

Reportage : Aurélien Germain

L’équilibre parfait pour un traceur ? Souplesse et puissance. (Photo Aurélien Germain)
L’équilibre parfait pour un traceur ? Souplesse et puissance. (Photo Aurélien Germain)

Nouvel élan (vert) pour la littérature jeunesse

Du 29 novembre au 4 décembre prochain, se tiendra à Montreuil le 33e Salon du livre et de la presse jeunesse. Parmi les 200 exposants seront présentes les éditions corpopétrussiennes de l’Élan vert qui fêteront leurs 20 ans en 2018.

Image14

9 h 30. Dans leurs bureaux de Saint-Pierre-des- Corps, Julia et Amélie nous accueillent. Glwadys est déjà derrière son ordinateur. L’équipe de l’Élan vert est presque au complet. Chloé est à Paris. Jean-René à Niort. Partout, des livres, des cartons, des couleurs. Pas de doute, on est bien chez un éditeur jeunesse.

Créée en 1998, la maison de l’Élan vert s’est d’abord spécialisée dans la traduction d’ouvrages pédagogiques venus d’Angleterre et du Québec. Pendant huit ans, elle affine son implantation dans le milieu scolaire. Mais en 2007, changement de cap. « On avait envie de créer nos propres albums, de se tourner vers le grand public, tout en restant capables de pénétrer dans les écoles et les bibliothèques », raconte Amélie Léveillé, fondatrice et directrice éditoriale.
Objectif atteint avec la collection Pont des arts, créée cette même année 2007 et publiée en partenariat avec le réseau Canopée, éditeur de ressources pédagogiques. Car la collection a l’avantage de faire découvrir une oeuvre et son artiste, non pas par la voie du documentaire, mais par la fiction. Chaque album raconte une histoire, écrite par un auteur à partir d’un tableau, d’une sculpture, d’une photo ou autre. Elle est ensuite mise en image par un illustrateur contemporain.
« Nous suivons cette collection depuis le début, explique Gaëlle, libraire jeunesse au Centre culturel Leclerc de Blois. Au départ, elle était surtout connue des enseignants, mais petit à petit, elle s’est élargie au grand public. »

Aujourd’hui, c’est elle qui fait la notoriété de l’éditeur. « L’Élan vert est vraiment connu et reconnu pour cette collection, témoigne Hélène, libraire chez Libr’enfant à Tours. Le reste de leur production est beaucoup plus discret. » Pourtant, la maison d’édition dispose d’un catalogue généraliste de quelque 120 ouvrages (hors Pont des Arts). De la petite enfance à l’humour en passant par les cahiers d’activités, on gravite autour des thèmes classiques de l’album jeunesse : colère, amitié, nature, etc.

« Depuis 20 ans, on se construit, on travaille notre matière, on grandit, résume Amélie Léveillé. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on n’est certes peu connu mais nos livres se vendent. En France et à l’étranger. On connaît actuellement un développement économique important. C’est maintenant que ça se passe pour l’Élan vert. » Pour 2018 et ses 20 ans, l’éditeur entend sortir de l’ombre. De nombreux projets sont dans les tuyaux. Attention, petite exclu rien que pour vous : les collégiens auront leur propre série !

Par Jeanne Beutter

Maho XO, artiste dos au mur

Faire de sa passion d’enfance une reconversion professionnelle, c’est le pari de Mathieu Holbert, alias Maho XO. Son truc à lui ? Dessiner et peindre des motifs géométriques aux origines multiculturelles. Tmv est allé à la rencontre de ce street-artist tourangeau sur son lieu d’expression.

maho xo

2012. Retour cinq ans en arrière, à l’époque où Mathieu Holbert connaît un tournant dans sa vie. « Je me suis cassé le dos au travail », lance-t-il sèchement. Cet accident l’a immobilisé pendant vingt-quatre mois. Le temps de se préparer à une nouvelle carrière. « J’ai fait en sorte d’éviter les opérations et de limiter les efforts », explique l’intéressé.

Ses missions d’intérim lui ont permis de préserver une relative liberté. « Je gardais la possibilité de rebondir quand je le voulais. » Le déclic est arrivé grâce à un ami, qui l’a motivé à « reprendre le crayon. Depuis, ça ne m’a plus lâché ! » Adolescent, ce sont les BD de Marcel Gotlib qui ont développé sa fibre artistique.
L’homme de 40 ans s’est désormais trouvé un autre terrain de jeu : les ateliers de la Morinerie, à Saint-Pierre-des-Corps. Son mur est situé derrière les imposants bâtiments, au bord d’un champ. Ici, il met en pratique ce qu’il a pu bosser en atelier. Ou pas. Les inspirations lui viennent parfois sur le trajet, à l’image de sa dernière réalisation, « Palmiers ». Une soixantaine d’oeuvres, aux couleurs Pop Art et aux styles aztèques, africains et asiatiques se côtoient, sans compter celles exposées en galeries.

Maho XO (c’est son nom d’artiste) se dit attaché à l’art primitif et aux symboles. « Les icônes existent depuis la nuit des temps, et il y en aura toujours. C’est quelque chose que tout le monde comprend. » Le peintre Paul Klee et les graffeurs Grems et Roa font partie des personnes qui l’ont marqué.
Mais il reste compliqué de le classer. « Je refuse les étiquettes car je ne connais pas les codes de chaque mouvement. » Maho ne se revendique pas muraliste non plus. « Je ne porte pas de revendications politiques. » Finalement, même s’il juge que la définition n’est pas assez claire, il considère que le street art sert de repère à son public. Le Tourangeau apprécie de pouvoir gérer ses horaires en fonction de ses envies. Être son propre patron a également des inconvénients. « L’argent, c’est un problème au départ, avant de parvenir à des solutions, relativise Mathieu Holbert. Le fait de se sentir bien dans ma peau réduit l’importance des sous. Maintenant, je suis davantage heureux ! »

En trois ans d’activité, il ne s’est jamais lassé. Et il remarque une évolution positive autour de son boulot. « Les gens font mieux la distinction entre les tags dans la rue et mes dessins et mes peintures. » Plusieurs organismes ont récemment fait confiance à Maho. Il vient de dessiner un alphabet imaginaire sur les vitres du jardin Botanique.
À découvrir, aussi, sa prestation de live painting (28 juin), dans le cadre de l’exposition consacrée aux Shadoks, à Azay-le-Rideau. Cette curiosité et cette notoriété l’encouragent à se projeter. Il ne se refuse aucun rêve. « Je voudrais faire le tour du monde, histoire de colorer les immeubles des villes. Ce serait un peu un musée à ciel ouvert, en réponse à un monde trop triste. »

Simon Bolle

> Jusqu’au 29 octobre, l’exposition Shadoks pose ses valises à Azay-le-Rideau, salle des Halles (sur la place du 11-Novembre). Du mercredi au dimanche, de 10 h à 19 h. Tarifs : 5 € (plein), 2,50 € (réduit) et gratuit (moins de 10 ans).

Portfolio : Gymnastes, par Olivier Pain

C’est son travail le plus long : le photoreporter tourangeau Olivier Pain nous livre ici son reportage-photos des gymnastes de Saint-Pierre-des-Corps.

Olivier Pain, photoreporter tourangeau, le dit lui-même : « C’est le résultat d’un travail colossal. » Ce travail, c’est son reportage-fleuve sur les gymnastes du club PLSP de Saint-Pierre-des-Corps. « C’est le plus important que j’ai fait, le plus vrai… Celui qui me parle le plus », sourit le photographe, dont vous avez déjà pu suivre les travaux dans tmv.

« Gymnastes », c’est donc une production titanesque, débutée en 2011 et qui continue depuis. Plus de 10 000 clichés (editing fait) qui racontent l’évolution de ces filles entraînées par Olivier Quéro et la présence d’Olivier Pain dans cette véritable famille. « Il y avait une confiance à installer. J’ai appris à me déplacer dans le gymnase. En 6 ans, elles ont appris à me faire confiance. Au début, j’étais presque muet », raconte Olivier Pain.

Il est désormais intégré. D’ailleurs, la plupart des photos présentées ici sont faites au 50 mm : « Je suis très près d’elles. J’aurais pu faire quelque chose de plus graphique, mais là, le côté humain est omniprésent. » Mettre en valeur les performances de ces formidables gymnastes, certes, mais sans oublier la complicité et l’émotion qu’il y a derrière.

Image9
Juin 2014 (Photo Olivier Pain)
Image4
Octobre 2014 (Photo Olivier Pain)
Image10
Mai 2013 (Photo Olivier Pain)
Image11
Janvier 2011 (Photo Olivier Pain)
Image7
Juin 2015 (Photo Olivier Pain)
Image8
Janvier 2015 (Photo Olivier Pain)
Image6
Janvier 2017 (Photo Olivier Pain)
Image5
Mai 2015 (Photo Olivier Pain)
Image13
Février 2015 (Photo Olivier Pain)
Image2
Janvier 2015 (Photo Olivier Pain)
Image12
Avril 2015 (Photo Olivier Pain)

> Pour voir d’autres photos : olivier-photoreportages.com/tag/gymnastes

Photos : Olivier Pain / Texte : Aurélien Germain

Les Gardiens de La Boulangerie

Zoom sur Juliette Gassies et Frédéric Dumain, à la tête de La Boulangerie.

Image13Juliette Gassies

Elle vit sa vie en couleurs. Née à Tours en 1965, Juliette Gassies a grandi dans une maison d’artiste. Son père enseignait à l’école des Beaux-arts de la ville et menait son activité de peintre en parallèle. Après avoir elle-même étudié à l’école des Beaux-arts, elle enseigne l’art plastique et développe son style autour de la peinture.

Dans son atelier, au deuxième étage de la « Boulangerie » à Saint-Pierre-des-Corps , les toiles sont recouvertes de touches colorées. Son trait est graphique et réaliste. Elle multiplie les séries au gré de ses envies: les fruits exotiques, les oiseaux, des cartes postales détournées ou encore des nageurs. « Elle a beaucoup d’imagination, de talent et surtout de simplicité », commente une de ses élèves, Myrtille Bout. Elle exposera fi n février à la Boîte à livres et en mai à XL Art, dans l’espace Nobuyoshi à Saint-Antoine-du-Rocher.

Frédéric Dumain Image11

Arrivé en 1987 à Tours, il a passé son enfance à la Rochelle où il est né en 1968. Comme Juliette Gassies, il étudie à l’école des Beaux-arts de Tours et enseigne son art dans l’agglo et arrive à Saint-Pierre-des-Corps. Au premier étage de La Boulangerie, juste en dessous de sa comparse, il a aménagé un bureau et un atelier où il entasse ses expérimentations.

Sa ligne directrice est l’image du corps. À côté, il s’inspire aussi des natures mortes et des paysages. Son truc, c’est la composition de photo et son traitement par ordinateur. Il donne à des portraits de famille des aspects mystiques. L’artiste contraste cette image avec un développement sur plexiglas, plus contemporain et même rétroéclairé. « J’agrandis, je réduis, j’ajoute des motifs Art déco… dans l’esprit des cabinets de curiosités. »

> LES COURS

– Enfants de 5 à 15 ans, mardi soir ou mercredi après-midi, une heure hebdomadaire.
Tarifs : pour les Corpopétrussiens 27 € / trimestre ; ou 95 € / trimestre. Matériel fourni.
– Adultes, du lundi au jeudi, deux heures hebdomadaires. Inscription à l’année 40 € + 135 € par trimestre.
Renseignements et inscriptions au 02 47 63 43 45 et sur le site http://diagonalelaboulangerie. blogspot.fr

Pour retrouver notre reportage dans les locaux de La Boulangerie, c’est PAR ICI !

La Boulangerie : les artistes au fournil

À Saint-Pierre-des-Corps, une boulangerie est devenue un atelier d’artistes amateurs et professionnels. Un endroit où la chaleur humaine a remplacé la chaleur du four.

Pendant deux ou trois heures, ils avancent à leur rythme.
Pendant deux ou trois heures, ils avancent à leur rythme.

Ding, dong ! »… Le tintement de la sonnette retentit dans l’ancienne boutique de Saint- Pierre-des-Corps. Cette musique rythme les allées et venues des clients comme si rien n’avait changé au 33 de la rue Pierre-Sémard. Une mélodie intacte, à l’image du « Boulangerie Pâtisserie » inscrit en lettres gothiques sur la devanture. Pourtant, les habitudes de ce lieu ont bien évolué. Depuis 1998, la peinture et les chevalets ont remplacé le four et les pains chauds ; les boulangers ont troqué leur tablier pour des blouses de peintres ; les tableaux exposés ont pris la place des éclairs au chocolat ; et dans l’ancien fournil, les effluves de peinture à l’huile se sont substituées à l’odeur de la pâte.

L’association Diagonale propose depuis dix-neuf ans des cours d’arts plastiques à la « Boulangerie ». Soixante-dix adultes et autant d’enfants s’y retrouvent du lundi au jeudi, par groupe de quatorze maximum, pour un moment de partage et d’expérimentation.

À la Boulangerie, on essaie toutes les techniques.
À la Boulangerie, on essaie toutes les techniques.

Juliette Gassies et Frédéric Dumain sont les deux artistes à l’origine de cette initiative (portraits à découvrir ICI). Avec deux autres personnes, ils ont créé, en 1994, l’association Diagonale. « Après les Beaux- Arts de Tours, où nous nous sommes tous connus, nous avons exercé comme professeurs d’arts plastiques dans différents foyers culturels de la ville, se rappelle Juliette Gassies, une fleur plantée dans les cheveux. On voulait monter notre propre structure et la mairie de Saint-Pierre-des-Corps nous a proposé cette ex-boulangerie. »
Restée dans « dans son jus », cette maison pouvait accueillir l’activité « salissante » sans problème et contre un loyer modique. Les deux étages ont ainsi été privatisés et transformés en ateliers professionnels. Le rez-de-chaussée a, lui, été aménagé pour les cours où se mêlent débutants et confirmés.

« ON LÂCHE LES SOUCIS À L’ENTRÉE »

D’ailleurs en ce lundi après-midi pluvieux, les apprentis ont repris le chemin de l’atelier. Après avoir passé l’ancien magasin, ils traversent un couloir de blouses et d’étagères, avant d’arriver dans le vif du sujet, un atelier baigné dans la lumière crue des néons. Une bulle où tout est possible, un endroit où le temps s’est arrêté. Une dizaine de retraitées déballent leur boîte à outils et sortent pinceaux, gouache, huile, pastels, crayons de couleurs, gomme… « Je leur donne un fil conducteur et ensuite, chacun est libre de faire ce qu’il veut, dans le temps qu’il souhaite, ce n’est pas contraignant », raconte la prof.
« Pour moi, c’est un moment de détente, de plaisir, révèle Chantal, 71 ans, au-dessus d’un paysage aux teintes verts d’eau. Elle poursuit en regardant sa toile, « Juliette nous aide beaucoup. Chez moi, je peignais, je reproduisais, mais ici, je travaille plus mon imagination. » Et quelques minutes plus tard, elle lui demande conseil. Les deux femmes échangent, regardent, se penchent sur le chevalet. « C’est important que les élèves se trompent, qu’ils essayent. Ils apprennent aussi la patience », note Frédéric Dumain qui donne lui aussi des cours.

Juliette conseille, explique avec patience.
Juliette conseille, explique avec patience.

L’enseignante haute en couleur semble autant plaire à ses élèves que l’activité elle-même. Pour Myrtille Bout, 75 ans, « les trente minutes de route valent bien ces moments de bonheur ». Chantal, 71 ans, de Joué-les-Tours complète même : « Ici, on pose tout, on lâche les préoccupations à l’entrée. C’est un moment pour soi. » Lors de ces ateliers, on vient aussi tromper l’ennui, la solitude, qu’on soit employé ou en profession libérale avec des horaires décalés. « Depuis que je suis retraitée et comme j’habite à la campagne, je vois moins de gens. Toute seule, ce n’est pas évident d’avancer. Ici, c’est agréable de rencontrer des gens, voir ce que chacun peint au mur », sourit Marie-France, 66 ans.
Image4Les rires, les conseils et même les chocolats circulent ainsi pendant trois heures. Des amitiés et des vocations sont aussi nées entre ces murs. « Ce n’est pas qu’un lieu où l’on dessine ou l’on peint, ça a un côté familial », confirme Frédéric Dumain qui s’y sent comme chez lui. Et comme dans tous les foyers, certains quittent le nid. Les petits qui ont commencé à cinq ans à manipuler la terre ou le pinceau sont partis vers des cursus artistiques aux Beaux-arts, dans une école d’architecture ou encore comme illustratrice et céramiste.

Dans l’avenir, le duo voudrait faire perdurer la boulangerie, inviter d’autres artistes à exposer et continuer à faire connaître ce lieu, pas très passant : « Soyez curieux, osez l’aventure et passez le pont, invite Frédéric Dumain, il reste de la place ! »

Reportage et photos : Pauline Phouthonessy 

Frédéric et Juliette invitent à « passer le pont ».
Frédéric et Juliette invitent à « passer le pont ».

Qui se cache derrière les tags du Soleil Levant ? (2)

#EPJTMV Après avoir révélé nos premières découvertes dans notre épisode 1, place à d’autres graffs, toujours réalisés par la même personne. Et on connaît désormais son identité…

Épisode 2 : D’autres graffs, une seule artiste

On sait dorénavant qui se cache derrière ces graffs. Mais avant de vous le révéler, continuons le cheminement de notre enquête à la découverte de ce tagueur.

Tag Blanqui
Les couleurs de la robe ravivent le quartier Blanqui. Photo : Manon Vautier-Chollet

Les internautes ont été des alliés de taille pour trouver d’autres graffs dans les rues de Tours. Deux nouveaux au compteur. Quoi que bien différents, ils conservent toujours le même esprit. On reconnaît la patte de l’artiste.

Quartier Blanqui, près de l’église. Une nouvelle fois devant des pissotières. La femme représentée est ici de face. Elle a troqué son kimono rouge pour une robe bouffante beaucoup plus colorée : bleu, jaune, rose, rouge, vert… On suppose à cet instant que l’artiste est une femme. L’utilisation de pochoirs en forme de papillons nous met sur la voie.

Venez découvrir les différents tags présents sur Tours ici :

[nrm_embed]<iframe src= »https://uploads.knightlab.com/storymapjs/68b32ca2055760e642d484880ac9743b/retrouver-les-graffs-de-tours/draft.html » frameborder= »0″ width= »100% » height= »800″></iframe>[/nrm_embed]

Le tagueur a aussi laissé son empreinte près de la place de la Victoire, rue des Quatre-Vents. Le graff est fait des mêmes couleurs que celui du quartier Blanqui. Il s’accorde à merveille avec l’environnement qui l’entoure. On peut le voir dans un renfoncement, entouré de branches de vignes sur les murs. L’Asiatique surplombe un banc tagué et porte un kimono coloré.

Tag place de la victoire
Dans un recoin, rue des Quatre-Vents, un tag se marie parfaitement avec le décor. Photo : Manon Vautier-Chollet

Les internautes ont aussi apporté leur aide pour retrouver l’artiste. Sur la page Tu es de Tours si… ils ont activement répondu à notre demande. Nos supputations se révèlent justes. L’artiste est bien une femme. L’identité semble évidente pour certains. Mais pas pour tout le monde ! Nombreux sont ceux qui se questionnent et s’enthousiasment devant la photo du tag qui illustrait notre demande. Maintenant, il reste à savoir si d’autres graffs se cachent dans les rues tourangelles. Et on n’en doute pas !

Une Tourangelle

A présent, on comprend la signature inscrite en bas des créations. On peut dire qu’on y était presque… ou pas. Ce n’est pas CIB, ni CIG et encore moins CGI mais tout simplement Gil. Derrière cette signature, Gil KD, une artiste peintre tourangelle. Tmv  la rencontre très prochainement… Restez connectés.

Philippine David et Lénaïg Le Vaillant.

Un anniversaire qui grimpe, qui grimpe

Offrir aux copains des sensations fortes pour leur anniversaire, voilà qui devrait plaire à votre enfant. Alors testez l’escalade !

escalade

La pêche à la ligne dans le salon, les confettis dans les playmobils, des morceaux de gâteaux sur le tapis. Les anniversaires des enfants en hiver peuvent parfois tourner au calvaire. Alors pourquoi ne pas changer pour une fois, et opter pour une activité à sensation forte : l’escalade !

À Saint- Pierre-des-Corps, la salle Touraine Escalade organise des initiations pour les enfants à partir de 5 ans, notamment dans le cadre d’un anniversaire, afin de leur faire découvrir les joies de la grimpe de manière ludique et festive. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’activité n’est pas réservée aux adhérents. Alors comment ça se passe ? Le plus souvent, c’est Vanessa, la monitrice des petits, qui prend en charge le groupe de 6 à 12 enfants pendant 1 h 30. Elle commence par les équiper avec le matériel fourni par la salle. Chaussons et baudriers en place, tout le monde s’échauffe et c’est parti. On grimpe un peu, beaucoup, jusqu’au bout…? En fonction de l’âge et du niveau des enfants, ils apprennent le noeud qui va bien, s’assurent et montent plus ou moins haut sur les voies adaptées puis expérimentent l’intense descente en rappel. Sensations fortes assurées .

Pour se remettre de ses émotions, le groupe peut s’installer, après la séance, dans la mezzanine pour souffler les bougies. Mais attention, gâteaux et autres gourmandises ne sont pas fournis, on est dans une salle de sport, pas chez Kizou, il s’agit d’une réelle initiation à un sport qui nécessite de respecter certaines recommandations. Tenue de sport et chaussettes exigées ! Pour cet anniversaire en hauteur, comptez 15,50 € par enfant.

Pour plus d’informations, appelez Guillaume ou Vanessa au 02 47 32 72 45.

Jeanne Beutter

Jeux de mains, jeux malins

Apprendre à s’exprimer avec ses mains et son corps : une expérience proposée aux enfants dans le cadre d’un stage de mimes.

Silencieuse, Léonie façonne un être imaginaire avec ses mains. À ses côtés, une douzaine d’enfants et d’adolescents tentent de deviner. Quatre pattes, un long cou : c’est une girafe. « N’hésite pas à faire une grande girafe et à donner vie à ton animal », conseille Adrien Fournier, l’intervenant de La compagnie discrète. Treize enfants de 6 à 14 ans participent à ce stage de mimes d’une semaine, organisé par le Barroco théâtre fin août à Saint-Pierredes- Corps.

L’idée : initier les jeunes à l’art du mime et leur donner confiance en leurs capacités comiques. Comme chaque après-midi, la séance commence par un échauffement dynamique. Réunis en cercle, les jeunes parlent un curieux langage : « zip ! », « zap ! », « boïng ! », se lancent-ils les uns aux autres. A chaque appel sa réponse. Et gare à celui qui se trompe : il est éliminé. Les enfants partagent aussi un curieux langage corporel : éviter les boules de feu, marcher comme un zombie ou danser la salsa. Deuxième exercice : « Vous allez maintenant marcher dans l’espace, la tête droite, le regard vers l’horizon, sans parler », annonce Adrien Fournier. Puis, les exercices de mimes commencent. Pas facile, par exemple, de donner l’illusion d’être immobile sur un tapis roulant ou de descendre un escalier mécanique. Et pourtant, après deux jours d’exercices, les premiers résultats sont là. Tant mieux, car il ne reste que deux jours avant la représentation qui clôturera le stage. Épaté, Adrien Fournier reconnaît : « Les enfants ont un potentiel de création hallucinant ! J’apprends beaucoup avec eux. »

Nathalie Picard

> Ateliers enfants et ados le mercredi après-midi salle de la médaille à Saint-Pierre-des- Corps. Stages enfants pendant les vacances scolaires. barroco-theatre.com
> La compagnie discrète : compagnie-discrete.com

Ateliers de la Morinerie : haut lieu de création

Peu connus des Tourangeaux, les ateliers de La Morinerie à Saint-Pierre-des-Corps accueillent une centaine d’artistes et artisans. Le lieu, propriété de la société Clen, est devenu au fil des années une friche culturelle. Jauge de créativité ? Très élevée.

Image4
Rien que dans ce couloir, il y a une quinzaine d’ateliers.

L’un soude, l’autre photographie, l’une tisse, l’autre songe. De l’extérieur, on ne soupçonne pas que ces grands entrepôts industriels de Saint-Pierre-des-Corps, gris et aux toits en dents de scie, abritent les Ateliers de la Morinerie, haut lieu de création. Le long de l’allée extérieure et dans les couloirs (O et T), se trouvent 42 ateliers — 42 univers. À l’intérieur, le béton brut est léché par les rayons de lumière qui traversent les sheds. Ici, les locataires ont installé leurs lieux de travail et bénéficient de loyers très modestes : en moyenne 1,70 € le mètre carré.
Promenade en couloir O : gris, étroit, lumineux, fauteuils épars, nombreux extincteurs, un large panneau indique qu’il est interdit de fumer. Il est 10 h, la Morinerie s’éveille. De chaque côté, certaines portes sont ouvertes, d’autres sont encore closes, fermées par des cadenas. Quelques bruits de pas, quelques voix, on entend de l’opéra à droite, du metal à gauche, du jazz dans le fond. Tout au bout, un salon de thé improvisé avec tables et chaises, encore vides.

Benjamin Dubuis en plein shooting d’épices.
Benjamin Dubuis en plein shooting d’épices.

Au numéro 1 s’active à l’acier Vincent Clairet, chaudronnier tatoué. Ancien commercial, il a tout plaqué il y a six ans. Depuis, avec son poste à souder et sa scie à ruban, il donne forme aux métaux. Le barbu charismatique a notamment réalisé les devantures du salon de tatouage Street Art Family et de la brasserie La Manufacture. Arrivé fraîchement il y a un an, il a aménagé son propre espace de 35 m2 : « On a tout fait de A à Z. » Autre porte, au 5 bis : l’atelier — jungle de Pierre Jean Chabert, sculpteur qui travaille la terre cuite et le bronze. Quand on entre, il baisse le son de l’enceinte dont sortent les cris du chanteur de Tool (metal), pris en flagrant délit de travail méticuleux. Sa dernière création : un crocodile en argile dont il dessine les traits avec sa mirette fétiche. « Je réalise de préférence des sculptures animalières car les humains ont trop d’imperfections, ça m’amuse moins. » Sur des étagères : les portraits « suggérés » d’un hippopotame, gueule béante ; de rhinocéros ; de lions ; de gorilles. Arrivé dans ces locaux en janvier 2015, il dispose de 100 m2. Originaire de Paris il réalise la chance qu’il a d’avoir un atelier ici, « au calme ».

Les loyers très modestes en font un lieu prisé. « Le prix intéresse les artistes, mais également le lieu », pointe Annie Catelas, l’intendante qui dirige les lieux. Dans son bureau ouvert à l’entrée du bâtiment et légèrement en hauteur, elle voit chaque va-et-vient. Amoureuse de l’art, elle rappelle : « La relation humaine est ce qui compte surtout ». « Se retrouver autour d’un café », « se prêter des outils, des costumes » : à la Morinerie, lieu excentré et peu visible, on se serre les coudes. Vaste réseau professionnel, les contacts et les compétences de chacun sont mis à contribution des autres. Ainsi le photographe Julien Dubuis a fait appel au collectif Au Q du camion, qui crée des décors de cinéma, pour l’un de ses projets. « L’émulation » et « l’effervescence » qui comptent tant pour Annie Catelas sont au rendez-vous. 

Malgré l’aspect onirique que donne à ce lieu la lumière zénithale, il est bien réel. Sans subvention, les ateliers fonctionnent uniquement avec le mécénat de la Société Clen, fabricant de mobilier et d’accessoires de bureau. Et c’est une activité à perte. Cette aventure humaine commence dans les années 1990. Elle est à base de rencontres et de prises de risques. Dans ces années-là, Clen devient propriétaire de ce qui était jusqu’alors une usine de fabrication de meubles. Une décennie plus tard, la société réfléchit à louer cet espace.
Tout débute véritablement fin 2006. Annie Catelas, l’épouse de Xavier Catelas, le directeur de la société, rencontre au château de Tours Lena Nikcevic, artiste plasticienne originaire du Monténégro qui cherche un lieu pour travailler. Annie Catelas lui propose de s’installer dans un des hangars : un espace de 4 500 m2. Elle raconte : « Il n’y avait rien à part un toit, même l’eau de pluie s’y écoulait. » La société décide d’étendre son offre à d’autres artistes ou artisans et de sectionner la bâtisse. Eau et électricité sont installées dans les bâtiments et seront à la charge des locataires. En échange d’un loyer très modeste, les nouveaux occupants réalisent les travaux d’aménagement intérieur. « Chaque ateliériste organise son espace comme il l’entend. »

Image6
Pierre-Jean Chabert sculpte les portraits d’animaux sauvages.

Une première association d’artistes se constitue : Le Bled, au sein d’un local de 1 400 m2. Le bouche à oreille se faisant, d’autres ateliers se forment progressivement : des couloirs sont aménagés, des cloisons montées. Des bureaux sont depuis loués au premier étage à des entreprises et des associations. Et Annie Catelas continue d’être sollicitée par de nombreuses demandes. Lorsqu’il y a de la place, le choix se fait « en fonction du projet et du contact avec [son] interlocuteur ». Dans les 13 000 mètres carrés au total, demeurent encore des espaces vierges. Une salle destinée à l’accueil d’artistes en résidence ou à des expositions pourrait bientôt voir le jour. Bien que le lieu ne soit pas dévolu à l’accueil du public, des portes ouvertes ont déjà été organisées en mai et en octobre ainsi que la Nuit blanche en mars dernier, avec concerts et performances. Annie Catelas finit par confier : « Je ne m’attendais pas à ce que tout cela prenne autant de proportions. »

Reportage et photos : Victorine Gay

La devanture de Street Art Family, c'est lui !
La devanture de Street Art Family, c’est lui !

Changement de lieu MFest : la mairie de Saint-Pierre réagit

MFest et changement de lieu. Suite à la parution d’une brève dans tmv, la municipalité de Saint-Pierre-des-Corps a tenu à réagir.

Suite à la brève parue dans le n°216 de tmv, à propos du changement de lieu du MFest (le festival devant se produire à Saint-Pierre-des-Corps déménage à La Ville aux Dames), la mairie a tenu à réagir. Nous reproduisons leur communiqué :

« On a un brin toussé  mercredi dernier à la mairie de Saint-Pierre-des-Corps en lisant les commentaires sur le changement de lieu du festival Mfest. « Malveillance », et autres «  lenteurs administratives » ou histoire «  abracadabrantesque » , publiés sur la page Facebook de Mfest et repris par TMV, ont pour le moins laissé pantois les services de la ville qui indiquent avoir eu des échanges tout à fait courtois et agréables, tant avec Phoenix qu’avec Mfest. Phoenix n’est pas autorisé à ouvrir au public pour des raisons de sécurité. Les deux commissions de pompiers sur l’accessibilité et la sécurité de l’établissement ont rendu des avis défavorables pour recevoir du public. Le maire de Saint-Pierre a pris acte. Il s’agit là  de sécurité du public, c’est tout. Lorsqu’il y a un accident, on sait aussi faire le procès des autorités publiques qui n’ont pas pris leurs responsabilités… »

Le Festival La Chaudière annulé ce week-end

Tout événement est interdit dans les entrepôts où devait se dérouler le festival La Chaudière.

Le festival LA CHAUDIÈRE, qui devait se tenir dès ce soir et jusqu’à dimanche aux entrepôts à Saint-Pierre-dès-Corps, vient d’être interdit par la mairie de Saint-Pierre-dès-Corps, pour des motifs liés à la sécurité. La préfecture a pris acte de cette décision et a aussi interdit tout événement dans ces locaux situés au 10 rue des Magasins Généraux.
La commission de sécurité départementale a rendu un avis défavorable et se fonde sur « des motifs liés à de graves insuffisances en matière de sécurité du bâtiment ».Cette semaine, tmv avait décidé d’y consacrer un article ICI.

Mise à jour  18 h

L’organisation du festival a publié un communiqué sur Facebook (à retrouver ICI) et a pris le temps de contacter tmv. « On a décidé d’annuler et de suivre la décision de la mairie et de la préfecture », indique l’équipe qui invoque des « problèmes de délais ». « On avait appris leur décision quelques jours avant. On a donc essayé de changer les choses et de répondre à tous les critères. On pensait que c’était suffisant pour la tenue du festival. Mais on a aussi manqué de temps pour d’autres choses. Il faut préciser qu’on n’avait pas l’intention d’accueillir le public dans un lieu insalubre ou dangereux, bien évidemment. On a pensé à la sécurité de tout le monde ! Mais des problèmes de délais et administratifs ont fait que… Bien sûr, si on avait fait ça dans un champ, il n’y aurait pas eu de problème. »Concernant le remboursement, « il aura lieu, c’est sûr et certain », précise l’organisation.
Pour son avenir, le festival « va prendre des décisions ce week-end et voir pour la suite. On aimerait que le projet ne meure pas. On y a mis tout notre cœur, notre âme et notre porte-monnaie » (le festival était auto-financé, NDLR).

 

La Chaudière : le festival qui envoie du bois

Tout nouveau, tout chaud, le festival d’hiver La Chaudière veut réchauffer les cœurs et les corps, entre son côté pluridisciplinaire, sa grosse programmation et ses 3 jours de fête dans 4 500 m2.

LA GENÈSE DU FESTIVAL

« La Chaudière est née il y a un an et demi, du désir d’une bande de potes — la plupart dans le milieu associatif et culturel de Tours notamment — de lancer un festival pluridisciplinaire. On avait besoin de faire un truc différent, pour clôturer l’hiver et lancer la saison », résume Margaux Bonnet, du festival.
Leur besoin d’un grand espace les pousse à investir les entrepôts désaffectés de la rue des Magasins Généraux à Saint-Pierre-des-Corps. « Il y a 4 500 m2, donc c’est énorme. C’est obligé, avec nos deux scènes et toute notre programmation. » Ce festival, mis sur pieds par l’association La Chaudière et en partenariat avec Radio Béton !, a choisi de miser sur l’éclectisme. Au programme ? Musique, danse, théâtre et expos, rien que ça.

SUR UN AUTRE CRÉNEAU

La philosophie de La Chaudière ? « C’est de proposer quelque chose de pluridisciplinaire et de toucher tous les publics. On peut venir entre potes, avec ses enfants, les grands-parents, etc. », indique Margaux Bonnet. Preuve en est avec l’amplitude horaire : le festoche lancera les hostilités à 18 h le vendredi, mais se finira à 3 h du matin et 4 h, le samedi. « C’est quelque chose de très convivial. On veut faire découvrir des arts, comme le cirque, et aussi des artistes, proposer quelque chose de différent, de novateur. »

CÔTÉ PROG’ 

Dévoiler l’intégralité de la programmation nous prendrait 10 pages. Alors on vous la fait courte et vous n’aurez qu’à filer sur leur site internet pour le détail ! Mais sachez que le 18 mars, il y aura par exemple La Smalla, Etienne de Crécy, Stand High Patrol, Dirty Zoo. Le lendemain, place à Roller 79, Grems, De Staat ou encore les créations de la Compagnie des 100 Issues et Magnetic Ensemble. Pour enrober le tout, La Chaudière a prévu des happenings, des déambulations et un espace exposition, avec Pussifolies, Nep, Chloé Boureux, Yannick Mouré…
Et ô surprise, le dimanche 20 mars, c’est la birthday party des Îlots électroniques ! « Ils voulaient un lieu extraordinaire pour leurs 2 ans. On s’est croisés et on pouvait bénéficier de leur notoriété », rappelle Margaux Bonnet. À savoir que les journées du vendredi et samedi sont payantes (*), mais le dimanche est gratuit.

UN PROJET AUTO-FINANCÉ

Non seulement le festival La Chaudière a été monté très rapidement, mais il est aussi auto-financé. Plutôt risqué, non ? « Oui, effectivement, mais c’était notre désir. Nous n’avons pas demandé de subventions, nous ne voulions pas dépendre de ça », répond Margaux Bonnet. « Un challenge supplémentaire » pour le festival : ce sont les bénévoles qui ont par exemple mis de leur poche. Il y a aussi eu des demandes de dons. Pour rentrer dans les clous (et permettre de futures éditions !), l’équipe espère plus de 3 500 personnes.

EN CHIFFRES

200 bénévoles
+ de 25 groupes, Djs, danseurs, artistes, compagnies
10 expos (sculpture, dessin, peinture)
2 salles pour…
4 500 m2 d’espace redécoré
3 jours de fête !

(*) Festival La Chaudière, du 18 au 20 mars, 10 rue des magasins généraux à Saint-Pierre-des-Corps. lachaudierefestival.com ou sur Facebook. Tarifs : pass festival 2 jours : 36 € (uniquement en préventes). Pass soirée : 20 € (ou 24 € sur place).

Corpopétrussiens : à votre santé !

#EPJTMV. Des rumeurs planent depuis un mois sur une éventuelle fermeture du Centre municipal de santé (CMS) de Saint-Pierre-des-Corps.

Des rumeurs planent depuis un mois sur une éventuelle fermeture du Centre municipal de santé (CMS) de Saint-Pierre-des-Corps. Tout est parti de la sortie d’un élu PS, Jean-Marc Pichon, dans la Tribune de Tours. « L’argent de l’État ne reviendra pas. Alors il faut se poser les bonnes questions. Faut-il, par exemple, conserver un CMS qui est plutôt un héritage du passé ? »

L’association Le collectif santé 37 s’inquiète. « Il n’y a pas eu de fermeture annoncée par la mairie mais la baisse des dotations de l’État pose quand même la question de la conservation du CMS » explique Geneviève Guibert, la responsable.
Ronan Lebert, élu de la majorité communiste en charge de la santé est clair : « La mairie n’a jamais parlé de fermer le centre. Les baisses de dotations de l’État font pression sur nos budgets mais le CMS n’est pas plus menacé qu’un autre service municipal. » Le sujet est d’autant plus sensible que le centre note une hausse des consultations de 35 % cette année avec un total de 2 400 patients suivis régulièrement et bénéficiaires du tiers-payant. Pour Jean-Marc Pichon, la gestion peut être optimisée : « Nous devrions penser à comparer notre CMS à ceux gérés par la Mutualité française, voire à mobiliser des partenaires extérieurs.»

Aimie Faconnier

>>Pour aller plus loin : lire l’article du site La Rotative

Accueil des migrants : et maintenant ?

La Riche était la première à accueillir des migrants. Et ailleurs en Touraine, que fait-on ?

À Tours, récemment, des manifestants avaient fait pression sur la municipalité, rappelant que la Ville comptait plus de 2 000 logements vides. (Photo Hugues Le Guellec)
À Tours, récemment, des manifestants avaient fait pression sur la municipalité, rappelant que la Ville comptait plus de 2 000 logements vides. (Photo Hugues Le Guellec)

C’est le premier à avoir libéré des appartements pour l’accueil de migrants… Wilfried Schwartz, maire de La Riche (PS), a promis d’ouvrir les portes de quatre appartements rue Paul-Bert, déjà disponibles. Les premiers réfugiés sont d’ailleurs attendus cette semaine. Alain Michel, l’ancien maire de la Ville, a été nommé coordinateur du dispositif d’accueil, à titre bénévole. Mais La Riche peut aussi compter sur son site internet (ville-lariche.fr) sur lequel les habitants peuvent remplir un formulaire en ligne. Celui-ci permet de collecter les dons et recenser les bénévoles, afin de participer à l’accueil de personnes fuyant un pays en guerre.

Ailleurs en Touraine, on a pu entendre Christian Gatard, maire de Chambray (PS), parler sur TV Tours « d’obligation morale ». Jean-Yves Couteau (président du département, UDI), lui, ne souhaite pas « créer des ghettos dans des ghettos », mais espère « l’intégration ». Marie-France Beaufils (PC), toujours sur la chaîne tourangelle, rappelait que Saint-Pierre-des-Corps accueillait « depuis longtemps des demandeurs d’asile ».

Du côté de Tours, le ciel s’éclaircit- il après un été catastrophique, suite à la polémique concernant les migrants vivant dans des tentes au Sanitas ? Ce week-end, Serge Babary (Les Républicains) a rencontré le ministre de l’Intérieur, aux côtés de 600 autres maires. L’État s’est en effet engagé financièrement, à hauteur de 1 000 € par logement. Serge Babary a donc pris contact avec le Préfet d’Indre-et-Loire lundi, « pour organiser la participation de la Ville de Tours à cet effort exceptionnel d’accueil des réfugiés fuyant l’Irak et la Syrie ». Quelques jours avant, il avait déclaré vouloir veiller à organiser un accueil pour que « Tours, ville de partage qui honore Saint-Martin, soit au rendez-vous de la solidarité ».

[Mise à jour 15/09/2015 13 : 25] D’après le site d’informations collaboratives La Rotative, certains des migrants du Sanitas se retrouvent de nouveau à la rue, sans aucune solution d’hébergement.

>>Les réactions d’élus du département (par TV Tours) :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=5P73kxq21gs[/youtube]

Rencontre avec … Chloé Bodart, architecte du Point Haut

Associée de l’architecte Patrick Bouchain, elle est à la tête du chantier culturel du Point Haut.

Chloé Bodart
« En septembre 2011, c’était la présentation du projet, nous avons été choisis en mars avec l’intention de se rencontrer, tous les 15 jours avec le pOlau et la Compagnie Off. L’idée, c’était de voir avec les habitants les idées qu’il fallait mettre en avant. Le chantier se déroule en deux temps, avec une problématique : il est toujours occupé. Ceux qui travaillent ici voient le lieu changer, se transformer.
L’idée de ce point haut rouge, c’est qu’il s’ouvre sur la voie ferrée, le troisième fleuve comme il est appelé à Saint-Pierre-dès-Corps. Nous utilisons les mêmes matériaux que l’on peut retrouver dans une zone industrielle, mais ils seront détournés. La taule ondulée, par exemple, au lieu qu’elle soit posée, blanche verticalement, nous en avons fait un grand rond rouge. Tabouret, champignon, tout le monde l’appelle différemment dans le quartier. Les architectes travaillent beaucoup sur Google Earth, ce rond, il sera visible du ciel, voulant dire : c’est ici, c’est là que ça se joue.
Dans un premier temps, la Compagnie Off et le pOlau ont regardé sortir de terre un nouveau bâtiment, en face d’eux. Ils ont ensuite déménagé pour voir leur ancien lieu de travail être désossé, la toiture enlevée et le bâtiment désamianté. Nous avons gardé la salle centrale, ce qu’ils appellent le Coffea. Point névralgique, c’est un lieu de rencontre, de discussions, ouvert.
Nous appelons ce type de projet un chantier culturel avec pour spécificité de pouvoir accueillir des spectacles, des ateliers, des résidences. D’autant plus que chacun avait ses envies : la Compagnie Off, c’est un besoin d’espace, de volume, d’endroit pour stocker, transporter. Le pOlau, lui, avait besoin de pavillons, intimes, isolés, calmes. L’appropriation de ces lieux qui changent, c’est fondamental. Si les occupants se l’approprient, ils feront participer le public qui, à son tour le prendra en main. En réhabilitant ces bâtiments, on touche à leurs tripes, à l’histoire des lieux. J’ai parfois l’impression de venir tout casser, il y a des disputes, des moments forts, des amitiés qui se lient sur ce chantier. »
 
 

Le Point Haut : la culture en chantier

La Compagnie Off et le pOlau sont en plein travaux : leur ancien hangar se transforme en Point Haut de la création tourangelle. On a chaussé les bottes pour vous faire visiter le chantier qui va changer le visage de la culture à Tours.


S
aint-Pierre-des-Corps, un vendredi. Le ciel gris rogne cette matinée qui touche à sa fin. Rue des Mortiers, les bâtiments alignés et le silence. Au numéro 20, un autre espace, un autre monde : un gros pylône blanc, sur lequel est estampillé « Chantier ouvert. L’expérience a lieu ici », trône à l’entrée.
La petite allée est un chemin de flaques et de terre, trempé par la pluie du matin. Mais dans quelque temps, ce sera une véritable et authentique petite rue.

C’est ici, sur ce site industriel, que Le Point Haut prend vie tout doucement. Un futur lieu de création urbaine, histoire de renforcer le rayonnement culturel de l’agglomération de Tours.
Dans ce gigantesque chantier, la Compagnie Off et le pOlau (pôle des arts urbains) cohabitent avec la « trentaine d’ouvriers », comme le présente Pascal Ferren, chargé de projet au pOlau. Les deux acteurs occupent le terrain depuis 2001 : la Compagnie Off, fondée en 1986, est devenue emblématique des arts de la rue et se présente comme un « débordement poétique urbain ».
Pour le pOlau, ce chantier est un espace de nouvelles expérimentations urbaines. Né en 2007, ce pôle accompagne les projets artistiques et de la rue.

Jeune, à l’aise dans ses baskets, engoncé dans sa grosse veste, Pascal fait visiter le chantier. Il s’attarde sur la grande maquette de « ce lieu de travail » qui se trouve au milieu de la pièce. À ses côtés, Ariane Cohin. Le sourire vissé aux lèvres, des cheveux tissés en dreads, cette étudiante s’occupe de la permanence architecturale du site. « Il y a trois phases pour le chantier. D’abord, la rénovation des bureaux, où il y aura aussi les logements des futurs artistes », indique-t-elle.
Il y a aussi ce bâtiment neuf, adapté aux normes pour handicapés, « un lieu de vie des structures, comme ce “ coffee’’ où tout le monde mange » : un vrai point névralgique, où les membres de la compagnie se mélangent aux ouvriers munis de leur petit sac. Enfin, derrière de grandes grilles, s’élève la halle industrielle. « La troisième phase du chantier : c’est sa réhabilitation », avec le désamiantage de l’ossature métallique impressionnante. « Elle servira au pOlau pour la diffusion de spectacles, à la Compagnie Off pour leurs décors et comme atelier de création », précise Ariane Cohin.
Dans cette immense bâtisse, le fameux point haut. Une tour de 22 mètres qui s’élèvera depuis ce hangar central : « Un point rouge qui donnera un point de vue sur la gare de Saint-Pierre-des-Corps. » Chloé Bodart, architecte à la tête du chantier culturel, précise que l’équipe travaille « beaucoup sur Google Earth. Ce rond, il sera visible du ciel, voulant dire : c’est ici, c’est là que ça se joue ». Pour Pascal Ferren, c’est « un beau projet, vraiment excitant ».

Quelque chose qui cogite dans leurs têtes depuis longtemps : « Les premières réflexions remontent à 1998. C’est un travail de longue haleine. On a un peu la pression, car on devra le faire vivre », sourit Ariane. En attendant, c’est ce chantier que tout le monde doit faire vivre. Une véritable fourmilière. Beaucoup de charpentiers et d’électriciens. Les plus matinaux arrivent à 7 h. Les ouvriers repartent en général vers 17 h. Au milieu de tout cela, on scie, on perce, on soude. On chante aussi.
De nombreuses tasses de café vides jonchent les étagères poussiéreuses, à côté des casques empilés. Un peu plus loin, la terrasse prend forme. Le bruit est assourdissant à cause des cris stridents des perceuses. L’odeur de la peinture rouge pique le nez.
En levant les yeux, on aperçoit en face de grosses lettres collées au mur comme pour un vieux motel américain : la lettre C à l’envers, un « OFF » et un « EE ». Soit « coffee », comme le lieu où tout le monde se réunit à midi. Et comme « Compagnie Off ».

Midi approche justement. Une bonne odeur titille les narines. Au fond de la cafétéria, une femme s’affaire, concentrée dans sa tambouille. Tellement concentrée qu’elle sursaute quand on lui adresse la parole. « Désolée, j’étais à fond là… ! » Cette cuisinière courageuse, qui s’occupe aussi de la logistique, c’est Edwige. Travailleuse sociale à la base, elle n’a « que » dix bouches à nourrir aujourd’hui… « Oh mais ça, c’est rien ! Elle en a déjà eu trente ! », renchérit Pascal. Edwige n’est pas cuistot à l’origine, mais se débrouille comme une chef. « Aujourd’hui, c’est riz, lentilles, sot-l’y-laisse et pudding de semoule », indique-t-elle en naviguant de casserole en casserole, dans cette cuisine rudimentaire.
Tout autour, l’ambiance est paisible. On fume sa cigarette tranquillement, au milieu de chaînes hi-fi, de chaises de jardin et de tabourets rose fluo. Dehors, il y a un petit palmier, un bac, des vélos qui s’entassent et un faux héron. C’est bariolé. Original.
À l’image de ce lieu « d’expérimentation » qui sera inauguré en janvier 2015. « Si les occupants se l’approprient, ils feront participer le public qui, à son tour le prendra en main. En réhabilitant ces bâtiments, on touche à leurs tripes, à l’histoire des lieux », précise Chloé Bodart. Un lieu « partagé » dans une région qui manquait de création, comme l’explique Pascal Ferren. « Là, on est atypique. Notre mission, ce sera de rapprocher l’art et la ville. »
Aurélien Germain

VISITES & CONFÉRENCES
Le chantier du Point Haut est ouvert au public. Des visites sont organisées les jeudis, à 17 h. Des conférences et des « moments spéciaux » ont aussi lieu régulièrement. Il suffit de se connecter sur www.pointhaut-lechantier.com pour réserver et tout savoir.
CONSTRUIRE
L’agglomération a confié la réhabilitation de cette friche culturelle au constructeur scénographe Patrick Bouchain et aux architectes de l’agence Construire. Celle-ci a notamment réalisé le Lieu Unique à Nantes (en 1999) ou encore le Channel à Calais (2005).
LES CHIFFRES DU PROJET
4,4 M€, c’est le montant total TTC de l’opération (coût des travaux, des études ou encore honoraires, branchements, équipements, etc.). Le financement de Tour(s) plus s’élève à 3,9 M€ et 500 000 € pour la Région Centre.
*****************************
POUR ALLER PLUS LOIN
*****************************
√ L’architecte parle
Toujours sur notre site internet, retrouvez l’interview de Chloé Bodart, l’architecte de l’équipe de Patrick Bouchain qui suit le chantier du Point Haut. Elle revient sur la place occupée par le lieu dans le paysage de Saint-Pierre.

L'entrée du chantier du Point Haut (photo tmv)
L’entrée du chantier du Point Haut (photo tmv)

Quel avenir pour la ligne Tours-Paris ?

TGV en moins d’une heure, prix, LGV Tours-Bordeaux… La SNCF et l’association des usagers réguliers débattent.

114627179_20130126_NR.HR
La ligne Tours-Paris avait été déclarée « malade » par Guillaume Pépy, le président de la SNCF, en janvier 2011. Quasiment deux ans plus tard, David Charretier, président de l’Association des usagers Paris-Tours et Dominique Latard, directeur délégué TGV de la SNCF pour la région Centre font le bilan.
Combien y a-t-il d’abonnés ? La tendance est-elle à la baisse ou à la hausse ?
David Charretier annonce le chiffre de « 4 000 abonnés », pour le Paris- Tours, et « 1 500 à 1 700 » empruntant le TGV quotidiennement. Dominique Latard ne peut dévoiler les chiffres exacts mais confirme cet ordre, « relativement stable » depuis quelques années.
Quelles sont les plages horaires des TGV ?
Le premier part à 6 h 11 depuis Tours. Pour le retour, le dernier train quitte Montparnasse à 20 h 16. « On réclame une plage plus large.Nos abonnés doivent partir avant la fin de certains rendezvous », continue David Charretier. Dominique Latard annonce un dernier TGV pour l’an prochain, aux alentours de 20 h 35, « sous réserve que Réseau Ferré de France (RFF) donne son accord ».
Quelle a été l’évolution des prix ?
« On constate une augmentation de 30 % en dix ans, soit environ 100 euros, avec un abonnement le moins cher aux alentours de 450 euros, au bout de la 3e année. C’est le double de l’inflation », affirme David Charretier. La SNCF nuance. « La seule hausse de ces trois dernières années pour les abonnés s’est faite en 2012, avec + 1,7%, hors impact de la TVA », explique Dominique Latard. Il rappelle qu’un tiers du prix d’un billet de TGV provient du « coût du péage payé à RFF. » Et note une « hausse des coûts de l’énergie en quelques années et la modification des matériels SNCF ».
Paris redeviendra-t-il à une heure de Tours ?
« Aujourd’hui, on est à 1 h 15, voir 1 h 20. Comme l’ancien Corail », soupire David Charretier. « Tours-Paris en moins d’1 heure, on ne peut pas faire. Mais Saint- Pierre-des-Corps-Paris, c’est possible », dit Dominique Latard. Ce dernier annonce un aller/retour par jour SPDC-Paris en moins d’une heure pour l’an prochain, et donc qui ne s’arrêtera pas à Vendôme. Une réunion avec l’association devrait prochainement en fixer l’horaire.
La ligne LGV Tours-Bordeaux va-t-elle nuire au Tours-Paris ?
La ligne sera mise en service en 2017, pour permettre un Paris-Bordeaux en 2 h 05. « On évalue de 30 à 40 % de TGV en moins directs pendant les heures de pointe », s’inquiète David Charretier. Les récentes déclarations de Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, ne devraient pas le rassurer. En visite à Tours le 28 août, il a éludé la question avec une phrase très diplomatique : « Pas question de sacrifier qui que ce soit, mais on ne peut contenter tout le monde en même temps. » Dominique Latard « ne peut aller que dans le sens de [son] président ». « Si on fait une LGV Paris-Bordeaux, c’est pour aller vite, et donc ne pas marquer l’arrêt à Saint-Pierre. Il y a 16 A/R de l’agglo tourangelle jusqu’à Paris aujourd’hui. Il y en aura peut-être moins, mais je ne peux confirmer une baisse pour le moment et s’il y en a une la chiffrer », déclare-t-il.
G.V
Photo : Patrice Deschamps

Deux TGV par jour : le rythme des pendulaires

TGV-boulot-dodo. Un « train-train » quotidien pour de nombreux Tourangeaux. Au prix d’une vie très cadencée, avec de nombreux rites et contraintes.

La sono crache de bon matin le tube de Mattafix, « Big city life ». Traduire « la vie de grande ville ». La banane sur le visage, Laurent fredonne le refrain. Il y a trois ans, cet ingénieur marketing chez SFR, a quitté Paris, cette « grande ville ». En partie seulement. Installé à Tours avec sa femme et ses deux enfants depuis 2010, il se rend à Paris quatre jours par semaine pour son travail. Il emprunte le TGV, comme près de 1 500 autres « pendulaires » de l’agglomération tourangelle. Un rythme de vie soutenu, souvent contraignant. Synonyme d’emploi du temps serré et cadencé par les horaires des trains.
Laurent fait partie des lève-tard parmi les matinaux. Il prend le TGV de 7 h 59. « Un horaire qui me permet de profiter de ma famille. C’était le deal avec mon chef quand j’ai emménagé ici », dit-il, après une grimace adressée à sa fille, Romane,

7h59. Atelier brossage de dents dans le TGV.
7h59. Atelier brossage de dents dans le TGV.

deux ans. Être pendulaire impose de vivre à proximité de la gare. Pour ne pas perdre de temps. Le grand gaillard de 33 ans et sa femme possèdent un T2 avec jardin, près de l’hôpital Clocheville. Une centaine de mètres carré au total. Un luxe introuvable à Paris. Dans la capitale, le couple a pourtant vécu dans un 70m2 dans le XVe arrondissement durant deux ans. Muté depuis Lyon, Laurent bénéficiait d’un coup de pouce de son entreprise, qui payait la différence de loyer entre les deux villes. « Sans ça, on aurait vécu dans 35 mètres carré maximum », dit Aurélie, sa compagne. « Soit on diminuait de surface, soit on allait en banlieue », résume Laurent. Ils choisissent finalement la troisième couronne. Celle des pendulaires.
« Une vie qui ne laisse que peu de place à l’imprévu »
L’ingénieur marketing grimpe surson vélo et file de chez lui. Dix minutes avant le départ de son TGV. Arrivé dans le train, il déboule aux toilettes pour… se laver les dents. « Simple optimisation du temps », glisse-t-il, en faisant attention à ne pas mettre du dentifrice sur sa chemise blanche. Un rituel. Comme le café englouti à Saint-Pierre-des-Corps, pendant l’arrêt.
« C’est une vie qui ne laisse que peu de place à l’imprévu », relève-t-il. D’autres pendulaires, sac à dos pour ordinateur et costumes bien taillés défilent sur le quai. L’ingénieur apprend le retard de dix minutes de son train. « Je ne suis pas du genre à râler. Mais depuis la rentrée, c’est un peu le souk », concède-t-il. L’association des usagers réguliers de la ligne Tours-Paris relève un retard de 17 h par passager depuis janvier. Un taux conséquent pour beaucoup de clients, même s’il s’améliore par rapport à 2012 (32 h), selon le collectif.
« On n’a plus le temps d’aller boire un coup après le boulot »
Arriver à 10 h sur le lieu de travail a une contrepartie : il faut bosser dans le train. Un accord tacite avec son ancien chef. Syndicaliste à la CGT et détaché à temps plein depuis un an, Laurent a essayé de l’inscrire officiellement dans les accords d’entreprise. Pour permettre à d’autres salariés de faire comme lui. En vain. « À partir de la fin d’année, ils auront le droit à deux jours de télétravail par semaine, c’est déjà une avancée », note celui qui opère déjà de chez lui un jour sur cinq. « Je suis dans une demi-routine », juge-t-il.
DOS_PAP6
17h. Sortie du travail et scrabble dans le Transilien.

Une fois arrivé à Meudon (92) après un quart d’heure de train de banlieue, Laurent déboule dans son open-space. Les collègues sont déjà tous là. Ses relations avec eux se limitent désormais au site de SFR. « Plus le temps d’aller boire un coup après le boulot, puisqu’il doit partir. Parfois même en pleine réunion », raconte son collègue Stéphane. Les autres salariés soulignent la « contrainte » d’être dépendant du TGV. Mais comprennent le choix de Laurent. « Personnellement, j’ai 1 h 30 de voiture chaque matin. C’est quasiment pareil », relève Patrick. Le portefeuille de Laurent est même allégé. Un abonnement TGV lui revient 450 € par mois, mais il ne paye que 160 € de transport mensuellement (pass Navigo inclus), SFR participant à hauteur de 70 %. Moins cher qu’un budget auto, estimé à 215 € par mois selon des données de l’INSEE.
« Un moindre mal face à une situation complexe »
Il est 17 h et Laurent reprend le chemin de Tours. La mine un brin fatiguée. « C’est sûr que je ne tiendrais pas ce rythme pendant dix ans », analyse-t-il, critique sur la condition de pendulaires. « Dans un monde parfait, bien sûr qu’il serait aberrant de se dire qu’on habite à 250 km de son lieu de travail. Aujourd’hui, c’est un moindre mal face à une situation complexe », explique l’ingénieur d’un ton laconique. Outre les loyers à Paris, il égratigne des entreprises obnubilées par le centralisme. Par exemple, sa société va regrouper progressivement quatre de ses pôles. A Saint-Denis (93, au nord de Paris). « En 2015, j’aurai vingt minutes de plus en transport en commun. Ce seront peut-être les 20 minutes de trop », lâche-t-il.
Il n’épargne pas la SNCF. La promesse d’un TGV Tours-Paris en moins d’une heure n’est plus tenue. Ligne vieillissante, trains supprimés. « 1 h 20 de trajet désormais. Si j’avais su, j’aurais peut-être fait un autre choix que Tours… », soupire-t-il. Il pense au futur. Un autre métier, une autre ville peutêtre. Des songes vite effacés par l’arrivée d’Oscar, son fils de quatre ans, à l’appartement. En télétravail demain, il pourra l’emmener à l’école. Et sortir de la routine.
Guillaume Vénétitay

Grève SNCF : le point sur les perturbations

La grève à la SNCF a débuté… Tmv vous fait le point sur les perturbations : attention, ça coince !

Grève nationale oblige, ça ne circule pas beaucoup dans les gares, ce jeudi. La circulation en région Centre est perturbée.
TGV : un train sur deux en moyenne (Saint-Pierre-des-Corps – Paris)
Intercités : un train sur trois en moyenne
TER : un train sur quatre en moyenne
Attention :
>la correspondance TGV à Saint-Pierre-des-Corps depuis Tours n’est pas assurée. Les voyageurs sont donc invités à rejoindre directement la gare TGV par leurs propres moyens…
>aucun train entre Bourges et Montluçon
>Paris-Orléans-Tours : un train sur deux !
Fin de la grève prévue pour demain, vendredi 14 juin, à 8 h.
Pour savoir si votre train circule, rendez-vous sur http://www.infolignes.com/300px-TGV-Duplex_Paris

SNCF : attention à la grève jeudi !

Attention à la grève, ce jeudi : de nombreux Tourangeaux qui prennent le train seront touchés. On fait le point sur les perturbations.

La grève des cheminots devrait être particulièrement suivie, ce jeudi 13 juin, sur la ligne TGV Tours-Paris : au programme, deux TGV le matin (au lieu de six) et trois le soir (au lieu de six…)
 
Selon l’association des abonnés TGV Tours-Paris, plusieurs milliers de Tourangeaux ne pourront pas rejoindre leur lieu de travail sur la capitale. « Environ 2 000 Tourangeaux qui resteront sur les quais à Tours ou à Saint-Pierre-des-Corps », estime l’association.
La grève (un appel des syndicats hostiles à un projet de réforme ferroviaire) perturbera le trafic de mercredi 20 h à vendredi 8 h du matin. Pour le reste des lignes, on attend 4 trains sur 10 (TGV et TER) en moyenne.
 
Pour savoir si votre train circule : rendez-vous ici 
 
logo-sncf