Le projet de nouveau Centre chorégraphique abandonné, en raison de la hausse des coûts

Le nouveau Centre chorégraphique national ne se fera pas. Face à la hausse des prix des matériaux, le projet de l’architecte Lina Ghotmeh n’est pas tenable financièrement.

Les faits

Le futur chantier du Centre chorégraphique national de Tours avait déjà eu du plomb dans l’aile quand son budget avait été revu à la hausse une première fois. Puis, mi-juillet, les collectivités ont souhaité que le budget du futur centre soit resserré.

Cette fois, l’augmentation exponentielle du coût des matériaux s’est rajoutée à l’équation, tuant le beau (mais cher) projet de l’architecte Lina Ghotmeh (photo de l’article). Le budget initial en 2017, de 15 millions d’euros, était effectivement passé à 23,4 millions d’euros.

Quant au coût de fonctionnement, il était de 1,5 million au début, mais a grimpé à 2,2 millions par an aujourd’hui. Une facture bien plus importante, en raison d’une surface agrandie et des frais en hausse pour tout ce qui concerne l’énergie et l’entretien.

Le contexte

Ce projet de nouveau CCNT s’inscrivait dans le cadre d’un « projet culturel et artistique, porté par Thomas Lebrun et son équipe, ainsi que dans une ambition urbanistique nouvelle pour l’ouest tourangeau, via l’aménagement par la Ville du quartier des casernes Beaumont-Chauveau », précise la municipalité.

Confiée à l’architecte Lina Ghotmeh, donc, cette nouvelle version du Centre chorégraphique prévoyait notamment un équipement à 450 places, un grand studio de 150 places, des loges pour les artistes et un studio pédagogique pour les résidences.

Quel avenir ?

La copie devait donc être revue. Les partenaires financiers ont demandé à Lina Ghotmeh de retravailler un projet qui comprendrait « un bâtiment le plus sobre possible », comme l’a rappelé l’adjoint à la culture, Christophe Dupin. Las ! Même ainsi, le projet ne serait pas tenable financièrement.

Fini donc le plan B, place au plan C : « Il correspond à la sobriété, avec comme solution possible une mutualisation des salles avec d’autres salles, comme Malraux, le Vinci, le nouvel Olympia à envisager avec les partenaires, a précisé Christophe Dupin à la NR. Dans le projet, c’était surtout la salle de diffusion qui coûtait cher. Maintenant, il va falloir travailler soit pour rénover le bâtiment existant, soit investir pour en créer un, sobre. Nous allons chercher des solutions. »
Avant d’indiquer : « Pour moi, le projet est relancé, plutôt qu’arrêté. »

Aurélien Germain / Photo : illustration Lina Ghotmeh – projet initial

Tours d’Horizons : le CCNT entre dans la danse !

Envie de remuer ? De laisser la danse vous envahir ? Le festival qui met à l’honneur toutes les chorégraphies revient à Tours, grâce au CCNT. D’autres lieux accueilleront également les spectacles.

C’est parti ! Le festival Tours d’Horizons, bien connu des Tourangelles et Tourangeaux (et autres amoureux de la danse), a débuté. Depuis le 3 juin, et jusqu’au 18, l’art chorégraphique se laisse découvrir au CCNT et dans d’autres lieux, à l’instar du Prieuré Saint-Cosme par exemple.

Le Centre chorégraphique tourangeau rappelle que son festival, « accompagné par de nombreuses scènes de Tours et du territoire, est l’occasion de voyager et de découvrir l’étendue de la richesse de l’art chorégraphique d’aujourd’hui ».

Et il y a de quoi faire ! Alors que, ce soir et demain soir, est notamment mis en place un atelier chorégraphique et, en guise de bonus, Emmanuelle Gorda dansant De douces métamorphoses… de Thomas Lebrun, le reste du programme s’annonce chargé.

Au hasard ? La coproduction CCNT avec la chorégraphe et danseuse Cécile Loyer, mercredi 8 juin, pour Villes de papier, tournant autour du thème des migrants (la danse n’est-elle pas l’un des témoins de notre temps ?) ; la venue exceptionnelle de la Japonaise Kaori Ito pour « Je danse parce que je me méfie des mots » en présence de son père, à La Pléiade.

Coup de cœur, également, à la présence, sur la scène du Théâtre Olympia, de l’artiste associé Emmanuel Eggermont pour « All over Nymphéas » le 11 juin (on retrouvera également l’homme le 15 juin, mais au CCNT cette fois-ci), ou encore pour « Premier Présent » de Carole Perdereau le 13 juin au CCNT (une nouvelle création s’inspirant d’une peinture de… Magritte !)

Le festival a, aussi, eu la bonne idée de clôturer son édition sur Let’s Dance, un bal rock… interactif ! Bérénice Legrand et DJ Moulinex devraient s’occuper de faire remuer tout ce beau monde, à coup de Rolling Stones, Janis Joplin et autres David Bowie. Et tout le monde (même nos deux pieds gauches, promis) pourra s’y mettre et danser toute la nuit. Ou presque !

A .G / Photo ouverture : Frédéric Iovino, photo Kaori Ito :  Grégory Batardon


PASS FESTIVAL
3 SPECTACLES : 8 € LA PLACE
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RÉSERVATIONS
02 18 75 12 12 – billetterie@ccntours.com

Une nouvelle ère pour le CCNT

Les élu(e)s de Tours Métropole ont voté une subvention de 3,7 millions d’euros pour le futur chantier du Centre chorégraphique national de Tours. La structure sera-t-elle reconnue d’intérêt métropolitain ?

Les faits

Les travaux au CCNT, le Centre chorégraphique national de Tours, doivent commencer en avril prochain, pour une livraison à l’été 2023. Mais en attendant, c’est la question de la future répartition des charges de fonctionnement qui a récemment été abordée lors du conseil de Tours Métropole.

Les élu(e)s ont ainsi voté une subvention de 3,7 millions d’euros pour ce projet estimé à une quinzaine de millions d’euros. Un geste fort de la part des élu(e)s qui réclament la reconnaissance de l’intérêt métropolitain du CCNT, une question notamment soulevée en conseil par Christophe Dupin, adjoint à la Ville de Tours délégué à la culture et à l’éducation populaire.

Les enjeux

Reconnaître l’intérêt métropolitain du CCNT permettrait à la Ville de Tours de recevoir des aides de Tours Métropole, donc, pour les charges. Un sujet qui revient régulièrement depuis plusieurs années.

Frédéric Augis, le président, n’a pas fermé la porte à cette future prise en charge. Mais il a rappelé qu’il faudrait d’abord faire en sorte que ces coûts de fonctionnement soient stabilisés. Quand cela le sera « pendant un ou deux ans, on pourra envisager le transfert et ce sera gagnant-gagnant », a précisé Frédéric Augis.

Un CCNT tout neuf

Confié à l’architecte Lina Ghotmeh, le projet du « nouveau » CCNT prévoit un équipement à 450 places (actuellement, la capacité d’accueil n’est que de 136 places), un grand studio de 150 places, des loges pour les artistes, mais aussi un studio pédagogique pour les résidences.

Un chantier à 15,6 millions d’euros au final ; l’enveloppe de base ayant connu une augmentation de 2,3 millions d’euros supplémentaires en février dernier, en raison de l’avis contraire de l’architecte des Bâtiments de France concernant la paroi en briques. Le CCNT nouvelle version verra le jour dans le quartier des Casernes Beaumont- Chauveau.

Texte : Aurélien Germain / Photo : Un aperçu du projet du futur CCNT, à Tours. (Photo © Visuel Lina Ghotmeh – Architecture)

CCNT : la prochaine création de Thomas Lebrun sélectionnée pour le prix international Fedora

La pièce de Thomas Lebrun, directeur du Centre chorégraphique national de Tours, est retenue dans la « shortlist » du Prix Fedora, une compétition internationale. Et le public peut voter !

La pièce de Thomas Lebrun est décrite comme un « marathon de sensations et de styles » sur le site du Prix Fedora. (Photo Frédéric Iovino)

« Mille et une danses (pour 2021) », c’est le petit nom de la prochaine création de Thomas Lebrun, le directeur du Centre chorégraphique national de Tours (CCNT). Et elle vient d’être sélectionnée pour un concours international, celui du Prix Fedora (*), dans la catégorie « Ballet », alors que seules… deux compagnies françaises y sont représentées !

Tours fait donc figure d’exception aux côtés de Toulouse, retenue pour sa pièce Les Saltimbanques, du Ballet du Capitole.

Alors on danse… et on vote !

La compétition, quant à elle, a débuté par une campagne de vote en ligne qui se finira le 26 février. L’heure est donc au clic ! Car le CCNT invite bien évidemment ses fans et le grand public à voter pour la création de Thomas Lebrun. (Vous pouvez le faire en cliquant JUSTE ICI !)
Une phase délibérative du jury se tiendra par la suite. A l’heure où nous rédigeons ces lignes, la pièce de Thomas Lebrun était située en 2e position avec plus de 450 votes.

Le chorégraphe présentera ensuite son œuvre au Festival Montpellier Danse qui doit se tenir – on croise les doigts bien sûr – en juin. Avant de finir devant le public tourangeau la saison prochaine.

A vous de cliquer !


(*) Fedora, kezako ? Il s’agit « d’une plateforme européenne à visée philanthropique qui tient cette compétition tous les ans », précise-t-on du côté du CCNT.

Tout ce qui danse, un projet créatif pour tous grâce au CCNT

En période de confinement, le Centre chorégraphique national de Tours (CCNT) fait participer le public avec Tout ce qui danse, un groupe Facebook, où les membres partagent des créations et des gestes artistiques personnels en rapport à la danse.

Le Centre chorégraphique national de Tours (CCNT) a lancé un projet créatif et artistique, ouvert à tous, intitulé Tout ce qui danse. Dans ce groupe Facebook, « nous vous invitons à animer votre créativité et à dynamiser votre fibre artistique », indique le CCNT.

Les amateurs de danse peuvent ainsi partager leurs idées et leurs sensations par une photo, un texte, une image, sur le thème Tout ce qui danse.. Uniques restrictions : pas de film ou de vidéo et, évidemment, de créations dont vous n’êtes pas l’auteur ! L’objectif est de « proposer l’instant, l’éphémère et la vitalité de la danse autrement ».

Ainsi, depuis plusieurs jours, amateurs ou professionnels, petits et grands, postent leurs créations sur ce groupe comptant déjà plus de 260 membres. Et c’est une véritable bouffée d’air frais et d’inventivité en ces temps de confinement.

A noter que certaines réalisations seront également présentées dans le prochain programme de saison du CCNT.

Danse à deux… Llofriu. Palafrugell. Girona.

Posted by Deborah Torres Garguilo on Friday, April 10, 2020

Pour rejoindre le groupe Tout ce qui danse du CCNT, c’est par ici :

https://www.facebook.com/groups/644440979449677/

En toute légèreté Collage papier sur moussePerrine HernandezTours, Indre-et-Loire

Posted by Perrine Johnson on Thursday, April 2, 2020

> En raison des dernières annonces gouvernementales, le CCNT se voit contraint d’annuler ses prochains temps forts, notamment SPOT #Roulez jeunesse et le festival Tours d’Horizons.

A.G.

Aurélie Gandit : l’art dansé

Aurélie Gandit a l’art dans la peau. Pour allier ses deux passions, l’histoire de l’art et la danse, l’artiste nancéenne crée des visites guidées chorégraphiées dans les musées et les centres d’art contemporain. Mi-juin, elle va danser sur « Les Nymphéas d’Olivier Debré » dans la galerie blanche du CCCOD.

© Matthieu Rousseau
© Matthieu Rousseau

BIO

Originaire de Nancy, elle vient de fêter ses 40 printemps, dont 36 de danse classique et contemporaine. Après une formation en histoire de l’art, elle a travaillé dans des musées et centres d’art contemporain. Mais sa première passion la rattrape : elle démissionne pour suivre une formation de deux ans dans la danse. Un jour, une idée émerge : « Pourquoi ne danserais-je pas ce que je raconte lors mes visites guidées au musée ? » Ainsi naît son concept de visite dansée.

CITATION

« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. » Cette citation de Robert Filliou touche particulièrement Aurélie Gandit : « Les œuvres d’Olivier Debré se rattachent à la Loire et évoquent la puissance de la nature. Elles me font revenir à la nature. Chaque jour, lors de mes résidences au CCCOD, je vais sur les bords de Loire. L’art ouvre

le regard et l’attention sur la vie, qui se passe à l’extérieur du musée. »

VISITE DANSÉE

« Parfois je raconte comment j’interprète l’oeuvre ou ce qu’en disent les critiques, parfois je danse, parfois je fais les deux en même temps. Sans plateau, ni musique, ni jeu de lumière, je partage le même espace que le spectateur. Je ne danse pas les oeuvres, mais le discours sur les oeuvres. C’est un aller-retour perpétuel entre le corps et l’esprit : comment le corps ouvre le regard sur l’oeuvre ? Comment la réflexion et le discours nourrissent la danse ? »

COMPAGNIE

Elle crée la compagnie La Brèche en 2007 à Nancy. Son objectif : développer des projets chorégraphiques dans les musées et sur scène. Aurélie Gandit tisse des liens entre arts visuels, texte et danse. Parmi ses créations phares, des visites dansées au centre Pompidou de Metz et au musée des Beaux-Arts de Nancy.

OLIVIER DEBRÉ

« Je suis très impressionnée par l’exposition “ Les Nymphéas d’Olivier Debré» ” qui occupe la galerie blanche du CCCOD. La taille et la qualité des peintures permettent une immersion totale du corps physique et mental. Ces oeuvres abstraites, avec une référence sensible et subtile à la nature, invitent à la contemplation. Olivier Debré vivait l’art comme une expérience : il s’émerveillait face à la puissance du fleuve ou l’apparition d’un rayon de soleil. »

TOURS D’HORIZONS

Rendez-vous pour 4 visites dansées dans le cadre du festival de danse Tours d’horizons organisé du 5 au 16 juin par le Centre chorégraphique national de Tours (CCNT).
Jeudi 14 juin à 10 h 30, vendredi 15 juin à 19 h et samedi 16 juin à à 10 h 30 et 19 h au CCCOD. Paysages de la sensation.
Une visite dansée au Centre de création contemporaine Olivier Debré. Par Aurélie Gandit de la compagnie La Brèche (Nancy). Durée : 50 min. Tarif unique : 8 €. Réservation vivement conseillée auprès du CCNT.

CCNT : la danse en partage

Depuis le mois d’octobre à Tours, 17 danseurs amateurs créent une oeuvre collective. Une aventure artistique et humaine encadrée par la chorégraphe Claire Haenni.

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D’un pas tranquille, une femme s’avance sur scène en chantonnant. Rejointe par une autre, puis encore une autre… Bientôt, seize danseurs forment un cercle au milieu de la scène. En son centre, un tas de vêtements jonche le sol. Les artistes y puisent tantôt une jupe grise, tantôt une tunique verte. Se déshabillent, se rhabillent, puis se dévêtissent à nouveau, tout en chantant en chœur. Soudain, un grondement de tonnerre retentit. Changement d’ambiance. Musique dramatique. Une femme tombe à terre. D’autres courent, affolées. Même les vêtements, lancés tels des projectiles, deviennent menaçants. C’est la guerre. Puis le silence, sombre et lourd de sens.

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Ce samedi-là au Centre chorégraphique national de Tours (CCNT), les danseurs de l’atelier chorégraphique filent leur spectacle. Dans un mois, ce sera la grande première. Ils sont 17 amateurs, 15 femmes et 2 hommes, à vivre une expérience unique en son genre : participer à une création collective avec un chorégraphe professionnel. « Une aventure à la fois humaine et artistique, qui les propulse dans l’univers d’une compagnie.
Ils vivent un processus riche de joies, de doutes et de pleurs », rapporte Emmanuelle Gorda, l’assistante. Le stage, renouvelé chaque année depuis l’arrivée en 2012 de Thomas Lebrun à la tête du CCNT, a été successivement dirigé par Christian Ubl, Odile Azagury, Thomas Lebrun lui-même, puis Pascale Houbin. Cette année, Claire Haenni s’est lancée dans l’aventure. Sa volonté : transmettre l’héritage du chorégraphe Jacques Patarozzi, « un maître un peu oublié », dont elle a longtemps été l’une des interprètes et qui a marqué sa carrière : « J’ai suivi ses cours pendant 20 ans et passé 15 ans dans sa compagnie. C’est un pédagogue extraordinaire, qui a trouvé comment faire exprimer une danse à la fois théâtrale et lyrique. »

Image2En septembre 2016, le projet démarrait par une audition. La chorégraphe a retenu la moitié des candidats. De tout âge et tout niveau, plus ou moins à l’aise techniquement. Si certains comptent de nombreuses années de danse derrière eux, d’autres, comme Hugo, débutent. « Pour moi, c’est une première. Je me suis dit que ce serait l’activité idéale pour me débloquer, être moins rigide et crispé au théâtre. C’est dur car je manque de souplesse et de technique, mais je m’amuse beaucoup ! », assure le jeune homme de 18 ans, qui suit un cursus de théâtre au conservatoire de Tours.
Pour Claire Haenni, l’enjeu n’est pas dans la technique. C’est avant tout un travail de groupe et d’écoute. « J’ai choisi des personnes suffisamment “ réveillées ” pour comprendre ce qui se joue dans le groupe et construire collectivement. Tout le monde n’a pas ce talent-là », souligne-t-elle. La sélection passée, les stagiaires se sont retrouvés un week-end par mois pendant 8 heures.

Au programme : transmission de l’héritage de Jacques Patarozzi, apprentissage de morceaux de chorégraphies, improvisations… Un travail sur le corps, mais aussi la voix et l’écriture. La bande-son est composée de textes écrits et lus par les danseurs : « envie de partir, repartir », « monter, s’alléger vers le ciel qui danse tout en haut »… Le thème de leur création : le voyage, la migration… « Une envie de fuir, de se dégager du quotidien. Ils m’ont parlé de mer, de vent, d’oiseau…Ils forment une communauté en voyage », décrit Claire Haenni, qui laisse une grande place à l’improvisation. Sur 45 minutes de spectacle, seules 15 minutes sont écrites. Pas facile d’improviser une demi-heure sur scène face à un public.

La confiance entre en piste

Le groupe a traversé des périodes de doute. Au creux de la vague, il a fallu les aider à repartir, retrouver la magie des débuts. Ce samedi de mai, après un premier filage, la chorégraphe multiplie les encouragements : « La première partie était très belle. Vous voyez, ça prouve bien que vous en êtes capables ! Il y a eu des moments collectifs, d’autres solidaires, du vide également. Laisser du vide, c’est important aussi, conseille-t-elle. Et si vous vous trompez, ce n’est pas grave, ne vous affolez pas. Vous allez être de plus en plus à l’aise, et vous ferez le mouvement à votre manière. »

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Une chose est sûre, les danseurs apprécient l’expérience : « J’aime sa dimension collective. C’est une belle aventure humaine. Chacun avance et nourrit le groupe à sa manière, sans aucun jugement », apprécie Pascale, 56 ans. Une atmosphère bienveillante, qui semble permettre à chacun de se sentir à l’aise et de donner le meilleur de lui-même.

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Texte et photos : Nathalie Picard

PAROLES DE DANSEUSES

-« La danse, pour moi, c’est tout ce qui compte ! Elle évoque la rencontre, le partage… Un moyen de s’exprimer sans utiliser de mot. La danse contemporaine me permet d’aller toujours plus loin car elle ne connaît aucune limite. Je suis en recherche perpétuelle. » Lila, 18 ans

-« La danse, c’est le langage premier. Celui qui permet de communiquer partout, avec n’importe qui. Pour moi, elle est un besoin vital, de l’ordre de la respiration. Impossible d’imaginer ma vie sans danser. J’ai pris mon premier cours à 4 ans et depuis, je ne me suis jamais arrêtée. » Emmanuelle, 48 ans Image9

-« Ici, nous dansons sans masque, face à nous-même. Cette danse-là est thérapeutique. Elle nous révèle qui nous sommes et nous permet de mieux nous comprendre. Elle fait écho à notre propre chemin de vie. Aussi, elle renvoie le spectateur à son histoire personnelle. Il y a beaucoup d’émotions et d’humanisme. » Pascale, 56 ans

>>TOURS D’HORIZONS
À l’occasion du festival de danse Tours d’horizons, vous pourrez découvrir la création des danseurs amateurs. Leur spectacle, intitulé « Ils sont là, avec leurs deux bras qui sont des choses inséparables d’eux », sera présenté à deux occasions, les 14 et 15 juin à 19 h au Centre chorégraphique national de Tours. Du 10 au 23 juin, Tours d’horizons sera l’occasion de remettre sur le devant de la scène des figures majeures de l’art chorégraphique un peu oubliées. Au programme, 16 compagnies invitées et 26 rendez-vous dans divers lieux tourangeaux, du prieuré de Saint-Cosme au musée des Beaux-Arts.
Pour en savoir plus : 02 18 75 12 12 – billeterie@ccntours.com – www.ccntours.com

CCNT : Entrez dans la danse !

Thomas Lebrun, directeur du Centre chorégraphique national de Tours, présente la nouvelle saison.

thomas lebrun
(Photo Luc Lessertisseur)

En janvier 2016, vous allez fêter la fin de votre premier mandat, après quatre années à la tête du CCNT. Vous vous apprêtez à renouveler l’expérience pour trois ans. Quel lien avez-vous créé avec le public tourangeau ?
Nous occupons un petit espace, ce qui nous permet d’être proche des gens. Nous avons mis en place des rendez-vous qui permettent vraiment de tisser des liens : les spectateurs sont curieux, ils osent poser des questions aux chorégraphes. C’est très agréable. Maintenant, nous avons un public fidèle : le nombre d’abonnés a été multiplié par quatre en trois ans. Le bouche à oreille fonctionne bien.

Pouvez-vous nous parler de la nouvelle saison ?
Cette année, nous allons accueillir de grands noms de la danse contemporaine, comme Trisha Brown ou les Peeping Tom. Nous créons un nouveau temps fort, pour renforcer notre soutien à des compagnies émergentes : avec « SPOT », de jeunes chorégraphes vont venir en représentation. Ce sera un mini-festival, sur trois jours, avec des styles variés. Autre nouveauté, « Un samedi avec » : une journée pour entrer dans l’univers d’une chorégraphe expérimentée, Catherine Diverrès, à travers sa pédagogie, ses paroles, ses créations. Et nous poursuivons nos missions : la production et la diffusion de nos oeuvres, l’aide à la création, la sensibilisation du public et la programmation.

Vous lancez également un projet de coopération culturelle, Correspondanses, avec l’Agora de la danse, à Montréal…
La saison dernière, nous sommes allés y jouer une pièce. Cette année, nous allons organiser des résidences croisées entre les deux centres et sensibiliser des enfants de deux classes de Tours et Montréal, dans le cadre d’un jumelage. C’est un grand projet, sur trois ans, avec un beau final en perspective : une création franco-canadienne qui sera jouée sur nos deux territoires.

Vous êtes tourangeau depuis trois ans et demi, vos endroits préférés dans cette ville d’adoption ?
J’adore le cloître de la Psalette. Mais surtout, j’apprécie l’ambiance de la ville : son caractère paisible et dynamique en même temps. Il y a une vie culturelle riche, avec des propositions diverses et un public engagé dans sa manière de vivre le spectacle.

Propos recueillis par Nathalie Picard

>>EN BREF
OUVERTURE
Rendez-vous les 17, 18 et 19 septembre à 19 h, pour trois soirées lors desquelles le CCNT présentera les temps forts de sa nouvelle saison. Au programme, Density 21.5, un solo de Carolyn Carlson interprété par Isida Micani et des surprises des danseurs du CCNT. En fin de soirée, vous pourrez rencontrer l’équipe du CCNT autour d’un verre. Entrée libre sur réservation.

EN SEPTEMBRE
Un premier rendez-vous est programmé le 25 à 19 h : François Laroche-Valière se livrera à l’exercice de l’heure curieuse. Il parlera du processus de création de sa nouvelle pièce : « (…) dans l’indice… ». Les cours réguliers avec Emmanuelle Gorda débuteront le 30 septembre. Un cours d’essai est possible le 23, de 19 h à 21 h, sur réservation. ÉTUDIANTS Lundi 21 septembre de 14 h à 18 h, le CCNT sera présent au forum culture sur le parvis de Thélème, à l’université François Rabelais, pour présenter sa nouvelle saison aux étudiants.

INFOS PRATIQUES
Programme téléchargeable sur le site du CCNT ou envoyé chez vous sur demande. Tél : 02 47 36 46 00
Email : info@ccntours.com
Facebook : Ccnt Thomas Lebrun
ou ccntours.com

Agglo de Tours : quelles politiques culturelles ?

Nous avons rencontré des programmateurs, des artistes, des politiques pour qu’ils nous parlent de leur vision de la culture.

Politique culturelle
Cet été, le Temps Machine organisait avec l’association Vivre ensemble un atelier Human beatbox pour des enfants des Rives du Cher. (Photo Temps Machine)

Dans la petite salle du Temps Machine, à Joué-lès-Tours, Frédéric Landier fait le compte des personnes qui profitent de la salle de musiques actuelles. Il est programmateur : « Le Temps Machine ne se résume pas aux 10 000 personnes qui viennent assister aux concerts chaque année. » Olivier Claveau, le directeur technique, ajoute : « Depuis le début, nous avons eu 765 musiciens qui se sont inscrits pour bénéficier des locaux de répétitions, chacun représentant un groupe de musique de plusieurs personnes. »
Claire Heymans et Lucie Beignet, elles, s’occupent de l’action culturelle : « En 2013, 2 000 personnes sont venues visiter la salle. Plusieurs centaines ont bénéficié d’ateliers et de concerts en dehors du Temps Machine. » « Une de nos missions, c’est de rendre compte de la richesse locale, explique Frédéric Landier. Est-ce que le Temps Machine a contribué à redonner une fierté d’appartenir à la scène tourangelle ? Sûrement en partie. »
Publics, subventions, coût
À quelques kilomètres de la salle de musiques actuelles, Marie Hindy est depuis quelques mois programmatrice de l’Espace Malraux : « C’est une cuisine compliquée, la programmation. Je viens du social avant d’être rentrée dans le monde de la culture : peu importe leur envergure, j’attache une grande importance au discours de l’artiste. » Pour Marie Hindy, la culture est stratégique dans une ville comme Joué-lès-Tours : « Le développement du spectacle vivant est une réponse intéressante au manque de patrimoine historique. »
Qu’en est-il des subventions ? « Je vais vous faire un petit calcul simple : en 2015, nous allons recevoir la nouvelle pièce de Jacques Weber. Le spectacle coûte 20 000 euros. Il faut compter deux jours pour installer les décors, recevoir les artistes, préparer la technique : ce sont 6 000 euros en plus. Ajoutez 5 000 euros de fonctionnement et la note totale affiche 30 000 euros. Si on divisait par le nombre de spectateurs, nous avons 1 000 places, les billets coûteraient 300 euros. S’il n’y avait pas de subventions, on reviendrait à une culture réservée aux élites. »
Alors, culture pour tous ? Chaque art a bien sûr ses adeptes, ses connaisseurs. Un fan de rock ne va pas forcément aller à un concert de dub step. Quoi que : Thomas Lebrun, le directeur du Centre Chorégraphique National de Tours a une autre idée du public. « Tout le monde en fait un pataquès de la danse contemporaine, s’amuse le chorégraphe. Pour moi, elle n’est pas si hermétique. Elle peut être populaire. C’est possible d’être un artiste innovant dans sa danse et proche du public. Chaque spectateur a son propre regard. Prenez la soirée What You Want que nous avions organisée à la Guinguette de Tours. Certains voyaient de la danse contemporaine pour la première fois. D’autres ont apprécié le niveau technique d’improvisation. »
Politique culturelle
Les soirées What you want du Centre Chorégraphique National de Tours permettent selon Thomas Lebrun, d’intéresser un autre public à la danse contemporaine. (Photo CCNT/Frédéric Iovino)

Populaire ?
Au coeur de Tours, une petite salle offre un autre modèle de structure culturelle. Arcades Institute existe depuis 2010, ce lieu a été créé par la fratrie Jauzenque. Cécile et ses frères ont eu envie de se faire plaisir. Passés par le ministère de la Culture de Renaud Donnedieu de Vabres, Cécile et Dominique Jauzenque ont voulu faire d’Arcades Institute un endroit de décloisonnement des arts. Ils se sont entourés de plusieurs programmateurs, en musiques actuelles, anciennes, jazz, peinture, photographie…
« Nous avons ouvert un lieu de création exigeant, explique Cécile Jauzenque. Nous sommes très flexibles. Pendant trois ans, nous avons fonctionné sans subvention. Aujourd’hui, nous en recevons certaines du conseil général et de la ville de Tours mais pour des projets bien précis. Nous voulons être autonomes, nous nous finançons avec la billetterie, grâce à la location des lieux pour des événements privés et au mécénat d’entreprise. Mais le coeur d’Arcades Institute, c’est la culture. Le grand risque, pour un lieu comme le nôtre, c’est de privilégier ce qui rapporte au détriment de la qualité. Nous sommes plutôt partis du principe que la culture était créatrice de richesse et qu’une création pouvait attirer du monde tout en étant très pro. Il faut redonner du sens à la culture populaire qui vient avant tout du mot peuple. »
Dans son bureau près des Halles, Julien Lavergne porte un autre regard sur la culture. Il dirige AZ Prod, une société privée de production de spectacles. « La culture et le business ne sont pas incompatibles pour moi. Et puis, nous attirons des personnes de tout le département qui vont venir manger au restaurant, passer par Ikea avant d’aller à un concert au Vinci. » Julien Lavergne fonctionne avant tout en logique de marché : « Je ne suis pas du tout opposé à ce qui se fait dans les salles subventionnées puisqu’elles programment des artistes qui ne seraient pas rentables pour moi. En revanche, quand une structure associative touche des aides publiques et programme un groupe très connu, c’est pour moi de la concurrence déloyale. Je suis incapable de m’aligner sur leurs tarifs. »
Côté villes
En se plaçant au niveau de l’agglomération, chaque ville possède sa propre politique culturelle. Pourquoi subventionner des compagnies ou payer des spectacles quand la Région ou la Drac le fait déjà ? Gérard Paumier, le  maire de Saint-Avertin avance une première réponse, consensuelle : « C’est ce qui fait partie du vivre ensemble. » En 10 ans, la ville s’est imposée dans le paysage tourangeau notamment grâce à sa politique culturelle. « Une des premières décisions que j’ai prises en arrivant à la tête de Saint-Avertin a été de ne plus déléguer la culture, mais d’avoir un service culturel fort. Aujourd’hui, nous avons le Nouvel Atrium qui cartonne, une guinguette, une médiathèque à la pointe, une galerie d’exposition… » Même si, en termes d’habitants, Saint-Avertin n’est pas la plus grande ville de l’agglomération tourangelle, sa politique culturelle lui a permis de trouver une visibilité et une influence importante.
Pour Christine Beuzelin, l’adjointe à la culture et à la communication de la ville de Tours, la culture permettrait de faire rayonner Tours au-delà de ses frontières. « Nous pâtissons de la proximité avec les châteaux de la Loire. Nous avons, par exemple, plusieurs ensembles de musiques anciennes qui sont connus à l’international mais qui n’ont pas beaucoup de visibilité à Tours. Nous devons les faire connaître en local et les accompagner pour ensuite faire rayonner la ville. » Pour Christine Beuzelin, la place de l’agglomération dans la culture devrait être plus importante. « Je sais que Tour(s)plus ne gère que les équipements, mais pourquoi ne pas monter une grande commission qui permettrait de se mettre d’accord sur les grands dossiers culturels ? L’agglomération finance des lieux comme le Temps Machine et le Point Haut à Saint-Pierre-des- Corps, mais ensuite, ce sont les villes qui prennent le relais. C’est parfois lourd à gérer. »
>> POUR ALLER PLUS LOIN : l’interview de Xavier Greffe