Art contemporain : portrait de Jean-Baptiste Caron

L’Eternal gallery invite, jusqu’au 9 novembre, les oeuvres de ce jeune artiste contemporain. Rencontre.

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Grande silhouette longiligne, Jean-Baptiste Caron manipule avec précaution des poids normalement utilisés pour la pêche. Il les place à l’extrémité d’un fil ensuite relié à un ventilateur. Au bout de quelques minutes, l’artiste se lève, appuie sur un bouton, la soufflerie se met en marche. Le système de fils jaunes reliés entre eux entraîne les deux fenêtres de la pièce. Une brise s’engouffre.
« C’est la Fabrique des courants d’air, répond laconiquement Jean-Baptiste Caron. C’est la première fois que j’utilise de vraies fenêtres. J’ai déjà réalisé cette installation, mais en intérieur. »

L’Eternal Gallery l’accueille dans un des octrois, rive droite, afin qu’il installe ses oeuvres. Né en 1983, Jean-Baptiste Caron fait encore partie des jeunes artistes en devenir. Si ses oeuvres sont régulièrement présentées dans la galerie parisienne 22,48 m2 ou avec d’autres plasticiens, c’est la première fois qu’un lieu lui propose une exposition personnelle.
Une fois qu’il est sûr que son système de ventilateurs fonctionne, Jean-Baptiste Caron descend les marches. Il se place devant la grande estrade grise où sont posés ses autres travaux. « C’est encore en cours de montage, mais j’ai ramené plusieurs oeuvres. » Au centre, une grande sphère de béton. « Si vous vous approchez, vous pouvez remarquer qu’il y a une peluche noire qui lévite. Elle provient de mon nombril. » Jean-Baptiste Caron approche sa main de l’amas de poussière mais sa main passe à travers. Prestidigitation ? Le grand bonhomme économise ses mots. Il préfère laisser parler la magie de ses oeuvres.

Entre poésie du minuscule et rêveries imaginaires, ses sculptures versent dans un minimalisme réjouissant. Loin du spectaculaire, elles offrent malgré tout une part d’illusion. Chacune cache un mécanisme en fait complexe. Sous leur apparente sobriété, ses sculptures sont la somme d’heures de travail, de recherches, faites de hasard et d’accidents. « Je m’attache souvent à des détails, raconte Jean-Baptiste Caron, les yeux fixes, pénétrants. J’aime observer la poussière dans une pièce, voir des particules sur un radiateur. » Il s’interrompt. Un cliquetis provenant des ventilateurs au premier étage se fait entendre. Silence.
Benoît Renaudin

>>EN BREF
LA FORME DÉFAITE
C’est le titre choisi par Jean-Baptiste Caron et Eternal Gallery pour coller à l’esprit des oeuvres présentées. Ce lieu d’exposition est ouvert le samedi et le dimanche de 15 h à 18 h. En semaine, vous pouvez prendre rendez- vous pour venir visiter l’expo. Eternal Gallery, place Choiseul. Plus d’infos sur eternalnetwork.fr ou au 09 73 63 17 05.

UNE OEUVRE
S’il fallait choisir une seule oeuvre de Jean-Baptiste Caron, ce serait Alea jacta est (le sort en est jeté en bon latin). L’artiste a pris un pavé parisien et l’a moulé pour le reproduire en grès. Mais à chaque fois, le moule réduit la forme originale, les détails s’accentuent. Pendant plusieurs mois, il a reproduit onze fois ce pavé qui rapetissait à chaque cuisson. À la fin, la dernière sculpture est aussi grande qu’un dé à jouer. Hasard ?

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INSPIRATION
Jean-Baptiste Caron est fasciné par le travail du plasticien Philippe Ramette. Suspendu dans les airs, assis sur une chaise dans le vide, en train de traverser un miroir, cet artiste se met en scène dans des positions impossibles. Il ne retouche jamais ses clichés.

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