De Christiane Grimal à Big Yaz Explosion en passant par Pneu !

Il est comme ça, doc pilot. Il enquille les concerts comme personne. Et en profite pour vous faire part de ses découvertes.

Grimal
Christian Grimal (photo doc pilot)


>Christiane Grimal & Tijerina Projekt à l’ H
ôtel de ville de Tours

Passage éclair de la chanteuse américaine (et un peu Tourangelle, tant nous l’avons adoptée en terres ligériennes) pour un concert de gala dans la salle de réception de l’Hôtel de ville. Concert privé offert aux participants d’un congrès de pédiatres neurologues lors de la soirée Travel Cortex, contexte un peu difficile à devoir jouer les pianistes de bar pour une audience en pleine dégustation d’un dîner. Pourtant, la qualité indéniable et la force artistique et émotionnelle de la chanteuse arrivent à vaincre les estomacs pour ravir les cœurs.
Les quatre musiciens de Tijerina Projekt dépassent le simple accompagnement de leur chanteuse et présentent une cohésion telle que nous sommes face à un Groupe, un Style, un Concept.
L’étonnante dextérité des instrumentistes fait leurs solos magiques et inspirés, une respiration nécessaire pour se maintenir à flots malgré les coups à la sensibilité appliqués avec constance et rigueur par leur chanteuse aussi troublante qu’une Billie Holiday, aussi dramatique qu’une Karen Dalton, investie corps et âme dans le moindre de ses mots, le plus infime de ses gestes, expression globale d’un répertoire original totalement investi dans la recherche de l’unique et du beau.
Christiane Grimal propose des courts métrages, des bribes d’existence, une galerie de personnages haut en couleur, des paysages et des voyages, la force de l’Est, sa migration vers l’Ouest, le mélange des ses racines juives et cubaines, de la beauté et du rythme.
De la danse et de la méditation sur la Condition Humaine, l’Amour, la Joie, le Drame. Je suis grand fan de la Dame.

>>PNEU au Temps Machine

Arrivé vers 23 h, je tombe à pieds joints dans une flaque de fiesta étalée aux sols, aux murs et aux plafonds du Temps Machine. Une bubble-party pour granenfants, une joyeuse déglingue dans ce Cocktail Pueblo régressif, l’impression de voir la génération des trentenaires de retour aux goûtés d’anniversaire de l’école primaire. On me dit que j’ai raté une belle prestation, celle dElectric Electric… Dans le club, passent de vieux clips de la fin des sixties, Henri Salvador dans ses pitreries (mais là c’est un appel à l’enfance des quinquas)…

Je prends un Mars histoire d’être dans le ton et dans la forme : soirée sucrée… Puis dans la grande salle, Pneu comme à l’habitude posé au sol au milieu de son public ou comment redéfinir la scène au-delà de la différence et l’adoration, en propulser les codes vers la fusion, l’égalité et la communion des énergies. Pneu est unique et novateur dans sa capacité à faire du bien avec du bruit, à user de technique pour peindre un univers au premier abord déstabilisant puis terriblement attractif, une drogue dure en appel au corps, à écouter pendant des heures, un trip.
On peut parler ici de « musique contemporaine classique » tant l’écriture est technique, construite, à sa façon académique, dosée, bornée, finalement à l’opposé de la techno de ses grands frères dont elle sublime l’énergie communicative au travers de performances instrumentales. Elle pioche aussi dans la crème des seventies (peut-être sans le savoir), Zappa, Beafheart, King Crimson… et ainsi touche trois générations sans compromis et sans forcer. Jeudi, je fus particulièrement réceptif à leur concert, peut-être tout simplement nourri de l’écoute répétée de leur dernier disque, avec cette impression d’assister à un Don et à un Acte.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=f85TvIwHQnI[/youtube]

>>>Big Yaz Explosion en Arcades Institute

Quatrième étape des Arcades hivernales et la fiesta annoncée avec le passage de la bande de Nacer Yazid, hommage haut de gamme à la période Stax et Motown de la fin des sixties dans l’exécution fidèle et passionnée de classiques de Otis Redding, Aretha Franklin et Wilson Pickett par le bigband de rythm and blues le plus talentueux du Centre Ouest.
De nombreuses formations s’amusent à proposer un tracklisting issu de cette période pour justifier la mise en son d’un dancefloor nostalgique. Avec Big Yaz il n’en est rien, nous sommes dans une recréation permanente des grands classiques, un investissement total dans l’élévation vers les cimes du jeu et du plaisir, un
e interprétation toujours plus globale et tonique, soucieuse d’évacuer les possibles comparaisons avec les interprétations originales par l’énergie investie dans la mission.

En fait, tout est affaire d’esprit. De message aussi : les musiciens, excellents, ont depuis longtemps évacué toutes les barrières techniques, se donnant ainsi la possibilité d’investir leurs rôles de porteurs du message, un vaudou sonore pour réveiller les ombres des dieux morts. A la croisée des chemin, ils font un deal avec le Diable et nous filent du feu, des larmes et de la sueur pour nourrir La Légende. Frappé d’épilepsie réflexe, le public chute dans la danse, se damne pour un rythme, un son, un riff de cuivre martelé dans le souffle, une forge de Vulcain d’émotion dans la gueule de chien fou du chanteur. C’est le Paradis en Enfer.

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