D’une Expo l’Autre… puis au Temps Machine

Chaque semaine, Doc Pilot nous emmène avec lui dans ses pérégrinations culturelles à Tours.

weekend affair
…Médiathèque de la Riche… Les artistes de l’ Artothèque se confrontent au sommet sur le thème « Mythologies Contemporaines », l’occasion de repousser les limites de leur style, d’innover, de provoquer : la palme à Jean-Claude Lardrot pour ses Beatles féminisés et ses femens en poupées, à Chantal Colombier pour ce diptyque en appel au culte des héros de papier et de S.F, à Béatrice Suspène pour son Minotaure de carton en sentinelle face à l’entrée de l’exposition, la belle photo de Jacques Moury Beauchamp en grand volume sur le mur extérieur de la Médiathèque, un clin d’œil au « pacte avec le diable » du père du blues Robert Johnson, la pleine lune, la croisée de deux chemin, le bleu profond…
A La Boite Noire, Fred le Chapelier joue par l’encre et la ligne claire à donner vie à des personnages à l’humanité sublimée dans l’iconoclastique expression du quotidien ; j’aime ce « Des étoiles dans les yeux » pour cette frange en douce prison des yeux… Il s’y trouve aussi un travail commun avec Beatrice Myself… A la Galerie Olivier Rousseau rue de la Scellerie, Sandrine Paumelle offre des paysages retravaillés sous une palette post-réaliste, des plans et des circonstances où le 19e se plonge dans le 21e. Face au concept on touche à la nostalgie maladive de paysages oubliés dans une enfance sublimée ; l’arrêt sur image provoque notre arrêt dans la vie, la méditation engendrée se révélant chaleur et médecine…
En Arcades Institute l’expo commune d’artistes vietnamiens frôle la caverne d’Ali Baba, l’arrière boutique d’un brocanteur des Puces, les œuvres à profusion et de tous styles proposés, une démarche privée et didactique dont s’extrait à mon appréciation les peintures de Truong Dinh Hao, un art brut rural et rugueux, une signature sans pareil pour parler d’un temps révolu… Au Château de Tours les peintures de Fatema Binet Ouakka occupent un étage pour une expo inégale, le meilleur coudoyant le moyen voire le gênant avec des œuvres avec lumières intégrées. Néanmoins Tombe inconnue et Les survivants forcent à l’interrogation sur les émotions ayant conduit à de tels sujets…
Bonne nouvelle dans le quartier Bretonneau/Grand Marché avec la création de l’identification « Le Quartier des Arts » ; des artistes il s’en trouve à toutes les portes, une pépinière de talents ; le touriste a besoin d’être pris par la main pour oser s’éloigner de Plumereau : en voici l’occasion… Chapelle Sainte Anne, Primum Movens, une expo collective de 19 artistes de rouge et de verre mêlés, le rouge pour la danseuse de Tango, son histoire en quelques minutes filmées, sa force dans le geste, le son, la narration dans les regards et les circonstances.. le rouge pour cet automnale effeuillage à l’accumulation envahissante du plancher de verre de l’endroit ; le verre disais-je, au sous – sol pilé par le rêve de Catherine Martin, une chapelle revisitée en terre inconnue spatiale et dangereuse, une inhospitalité tentatrice par les brillances attiré pour y perdre une main, un pied, la raison peut être… au spectacle de Benoit Pradier incarnant le Beau Bizarre et l’étrange dans la noirceur d’un tunnel sans fin…
Le Ride of me de PJ Harvey à fond dans l’habitacle, foncer vers le Temps Machine pour ne pas rater le début du concert de Rod Anton and The Ligerians, concert de sortie du nouveau disque ( hé oui on fait encore des disques) devant un public nombreux et conquis ; de bonnes vibrations, de la convivialité, un bon sens d’en la fusion des styles et une relecture des racines propre à séduire toute les générations… Il m’y manque pourtant ce grain de folie pour m’embarquer dans l’oubli de l’instant … Le sang a coulé, la tête est tombée ; mon compte facebook suite à une prise de position sur le sujet devient la tribune de la leçon donnée : la sérénité n’est plus de mise… Face au drame je plonge dans le hard rock des seventies, ma médecine : Black Sabbath, ACDC, Deep purple, Led Zeppelin… et la lecture du nouveau Parallèles : rencontre de Laurent Geneix avec l’adjointe à la culture Christine Beuzelin ( au contraire d’avec la précédente couleur, il semblerait que l’on joue cartes sur table même si ça fait mal : un paradoxe politique appliqué à la culture locale)... un portrait de Sylvie Attuci l’artiste-scientifique omniprésente en cet automne, une couverture clin d’œil aux « sans dents » avec un dentier en star de l’image…
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Retour au Temps Machine pour une soirée dites « électro pop » très dans le style avec Weekend Affair, duo de comiques troupiers des années 10 au style 80’s relifté dans son époque, nostalgique et à la limite de la caricature mais sans l’aspect putassier d’aucuns en tentative du genre : on se marre, un peu, on aimerait leur donner plus pour les voir nous renvoyer à leur tour une émotion hors de leur doux cynisme. Leur titre « boxing » agrémenté d’un jeu de scène désopilant est à tomber… Judas Warsky, l’ex Turzi, travaille lui aussi dans le néo 80’s mais dans la strate romantico-dramatique du sujet ; c’est bien emballé mais c’est pas ma came, affaire de goût et de style ; je reconnais la force de son titre « Bruxelles, capitale de l’Europe » et deux trois passages instrumentaux intenses et captivants… De l’intense nous l’aurons avec NLF3, les ex-Prohibition balançant un concept très « rock in opposition » d’entrée en filiation directe avec This Heat, Henrycow voire Magma, une prog’ répétitive technique et obsédante support à des lignes mélodiques capables de toucher le cœur et l’âme. Ces musiciens aguerris relisent leurs instruments d’une manière unique, réinventent l’académisme et le jeu pour user d’une palette inédite alcoolisée d’énergie régénératrice : il y a du mouvement perpétuel dans cette affaire, une parfaite utilisation des forces pour tenir sur le fil sans ne jamais tomber.

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