DBFC, Tahiti 80, Farlight et des CD’s (bien vivants)

AAAAAH il est partout ce Doc Pilot. Cette semaine, des concerts au programme et même des chroniques de disques. PARTOUT.

Au Temps Machine DBFC, Tahiti 80 & Rich Aucoin

DBFC (Photo doc pilot)
DBFC (Photo doc pilot)

Vendredi, nous n’étions pas sur les terres de Cheyenne Prod​ pour Shakaponk, mais au Temps Machine​ pour une soirée sucre et miel, avec des bonbons canadiens à l’acide d’érable figés sur la glace brûlante d’une bamboule quadrado (oui, ça veut rien dire, et alors !?)…
Avec Tahiti 80 (une vieille machine installée dans le temps avec la bonne recette qui fait onduler du corps et toucher l’autre, un sourire béat aux lèvres de sucre glace marbrées collé dans son cou), nous ne sommes pas dans la surprise mais dans l’évidence : celle de passer un moment loin de la réalité, de retrouver une insouciance néosixtique, une manière de construire « des tubes », des hymnes, des mélodies mille fois entendues depuis Beatles et Everly Brothers mais resservies avec du style, de la joie, au travers d’une culture club, une sorte de disco west coast. Point faible, les nouveaux titres n’ont vraiment pas l’impact des anciens… En cette soirée, ma préférence va à DBFC, dans la ligne de ce que Rubin Steiner​ faisait il y a une quinzaine d’années, en cette manière très canaille de mélanger la culture techno à des instrumentations traditionnelles jouées par de vrais instruments, et bien, très bien même. On sent le bon mélange des styles et des artistes, une écriture faite pour séduire sans trop d’effort, l’usage d’évidences imparables, l’assemblage de recettes issues de la fin des seventies relookées façon eighties avec cette envie de donner du plaisir si présente dans les nineties doublées de celle emblématique des années 2000 : péter le score !! Je suis impatient de les revoir à la scène…

Le canadien Rich Aucoin est drôle et tonique et son concept « populaire », pour autant son besoin vital de séduire à tous prix n’a pas mis longtemps à me lasser… au bout de trois tirs de canon à confettis, j’attendais les bulles, la mousse et la chenille, voire un tirage de loto pour la caisse des vieux musiciens technos handicapés. On ne peut nier la formidable énergie de l’artiste, son amour du contact, l’efficacité du film en fond de scène, mais passé l’effet de surprise, il faut tenir à subir la même recette multipliée à l’infini…. alcoolisés, ce doit être sympa comme toutes les pitreries sur lesquelles on peut danser les nuits de fiesta.

Farlight Au Miam’s

Le Miam’s est un restaurant à Tours Nord, à l’Horloge près du Leader Price au bout du boulevard Maréchal-Juin… Dit comme ça, on ne peut guère y trouver de quoi rêver, d’inciter en nous l’appel de la fête et du glam. Et pourtant, la nuit tombée, il s’en passe des choses au Miam’s : des bœufs, des concerts à l’arrache, de sacrées soirées pleines de convivialité et de son.

Farlight (Photo Rémi Angeli)
Farlight (Photo Rémi Angeli)

Ce samedi, concert de Farlight, groupe de style seventies très brillant par la conjonction d’identités exceptionnelles : Aymeric Simon, un guitariste virtuose dans la ligne Hendrix/ Stevie Ray Vaughan, inventif, artiste en sa conception des parties solos, efficace dans sa mise en marche de rythmiques au cordeau, heureux de balancer du bonheur, partageur. Aurore Haudebault au chant, dans un style à la Janis Joplin sans tomber dans la caricature, bourrée d’envie et de talent, d’urgence, celle d’exprimer l’émotion omniprésente dans sa pratique, particulièrement fascinante dans les tempos lents.
Bien sûr, ce groupe est un couple, un duo ouvert aux comparses, en cette affaire Guillaume Commençais à la basse ( l’incroyable Guiz à l’aise dans tous les styles, tous les climats), un batteur, un clavier et sur certains titres la subtile Marine Fléche aux drums, une artiste multicarte qui n’en finit plus de nous surprendre par sa capacité en l’écoute et sa mission à magnifier les concepts en son accompagnement. Farlight est désormais incontournable sur la scène régionale et peut être le meilleur groupe dans sa niche, celle de la virtuosité et de l’esprit, de l’âme en la facilité d’exécution, de la joie.

CD BEAUJARDIN Beaujardin autoprod

Le premier album de Beaujardin est produit par Thomas de Fraguier et cela s’entend car un peu à la manière d’un Dominique Ledudal, il apporte cette cohésion du concept et du style qui fait tant défaut à la plupart des albums à petits budgets. Ici, nulle trahison du travail du groupe à la scène, mais une sublimation dans la fixation en l’instant.
On retrouve la force et l’envie de faire du beau et du péchu, de l’écoutable aussi par un public élargi aux différentes strates de ceux qui apprécient la bonne musique. Le lyrisme omniprésent reste la clé de voûte de l’affaire, cette impression d’avant un temps inédit, un événement (on pense bien sûr aux diverses incarnations transitoires de Bowie, celles de Berlin puis celle de la fin des nineties mais aussi aux gâteries ultra léchées des 80’s type Prefab Sprout). Jerome Deia est habité sans forcer, Chris Deia, son frère siamois, installe la scénographie, bâtit les murs délimitant l’aire d’un jeu coupable et subtil ou les quatre boys se passent la balle et nous bluffent. Du bel ouvrage, du travail d’orfèvre.

CD LILO’RIVER Lilac time autoprod

Le style est la clé dans toutes les pratiques. Sans lui, toutes les créations ne sont que de l’artisanat plus ou moins bien goupillé. Lilo’River a du style, un style : le duo a de la classe, une aristocratique perfection du geste dans sa manière de réinventer des classiques. Sa manière d’enchaîner les covers, le choix pas banal de celles-ci, la mise en danger de s’attaquer à du lourd, du culte, installent le duo dans un espace élevé et surtout dans le Beau. Le Beau leur semble obligatoire, une évidence, un espace de volupté saupoudré de technique, celle évidente du pianiste Jean Marc Herbreteau, celle surprenante de Dahlie la chanteuse, l’âme.
Les relectures de Lana Del Ray et Jeff Buckley sont étonnantes, en phase avec les originaux mais totalement éloignées du syndrome du “perroquet” si exploité dans The Voice. Ici, la voix s’appartient et l’on espère ne jamais la voir se formater, ne jamais s’ennuyer, car bien sur la passion est la clé de vôute, l’originalité dans le grain la lymphe de raison de ce concept. Je suis impatient de les voir à la scène, avec la peur que ce disque soit un instant béni impossible à reproduire.

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