De Betty Davis à La Femme : une semaine Aucard de miel et sucre.

Cette semaine, Doc Pilot a beaucoup traîné du côté de la Gloriette…

Brian Jonestown Massacre à Aucard.
Brian Jonestown Massacre à Aucard.

Des fois le hasard vous fait tomber sur une mine d’or… A force de courir les albums de Roberta Flack je suis tombé sur Betty Davis, une ex de Miles propulsée au début des seventies dans l’aventure discographique avec sa bande de potes éclairés : la révélation. Peut-être plus fort que Tina Turner car plus libre, plus sexuel ( hé oui), plus contemporain dans son utilité au dancefloor, un Elvis au féminin matiné de soul racine à te construire le funk comme ça, l’air de rien, aussi importante que la guitare whawha de Shaft, la drum machine de Timmy Thomas, une dame inventeur du chemin qui va de Ray Charles à Pharell Williams, cette route noire et marbrée comme ta peau, chérie, sous la boule à facettes… C’est donc ainsi, la tête dans la soul que j’entame ma semaine Aucard de Tours. 29 ans déjà, pour ce challenge un peu potache que j’ai vu naitre sous le Pont de Fil…. Buddy Buddha au Mc’cools ou le défit au vent, à la pluie et au son. J’avoue être assez fan de l’artiste Janski, ici dans une des ses incarnations au coté de son complice Krom Lek ; bien sur l’attaque au lounge est manifeste, le pied de nez à la musique au kilo, et ça démarre à la José Padilla en Ibiza sur Loire, pour dévier vers du rythme bruitiste tranché de guitares dissonantes et de voix second degré… Arrivée à la Gloriette dans une glissade de boue sous un soleil naissant : c’est de bon augure. Sous le petit chapiteau au bar décoré de photos de Monsieur J, Fucking Butterfly avec toujours Janski mais là aux bruits et aux bulles dans l’une des meilleures formules de scène vues dans la région. Nous sommes dans du növo punk ou du növo rock’n’roll, une synthèse d’influences visant les jambes et les yeux : pour moi le meilleure groupe de ma soirée… Sous le grand chapiteau Deportivo : c’est bien mais au bout de quelques morceaux je ne suis plus dans l’truc et file bouffer des crêpes au stand animé et délicieusement bruyant de la Smalla ; les mains pleines de sucre, je sers des pognes, la gueule huileuse claque des bises : on est bien à Aucard, très bien. Vundabar j’aimerais aimer mais…
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Enfin une longue plongée psychédélique dans l’improbable et l’histoire avec la prestation attendue et échevelée deThe Brian Jonestown Massacre ; d’abord le souvenir du film « Dig !   » comme beaucoup de vieux présents, puis le laisser-aller offert à l’authentique partage de cette bande de potes, sorte de mélange entre les Happy Mondays et le premier Velvet Underground, de l’approximation et de l’improvisation, vitales dans ce monde où les écoles de musique sortent des techniciens à la pelle, et puis ce côté boeuf ambient à la Grateful Dead où l’on sent l’évidence d’une démarche instinctive enfin acceptée par le public… Après ça je ne veux plus rien voir et file vers Velpeau où résonnent des bribes de la fête en cours là-bas au bord du Cher… A Loches au Carré d’art Michel Gressier expose de drôles de papillons prisonniers dans la pierre, des plantes de toiles et couleurs apprivoisées par le jardinier du vent, une manière bien à lui d’occuper à la fois l’air et les murs… Célébration du 6 juin 1944… Une pensée aux anonymes morts sous les coups la même année dans les caves de la Gestapo de Tours, à l’angle des rues George Sand et Victor Hugo : rien de changé sous le soleil, tant d’autres martyrs et d’autres bourreaux depuis 70 ans… Retour à La Gloriette pour une troisième soirée blindée de monde et c’est bien, enfin presque. Le premier groupe offert : Caïman Philippine adoré de tous, c’est pas ma came, trop entendu partout, trop variet’, dans une démarche de séduction à tout prix ; je leur espère le grand succès populaire qu’ils doivent viser, sinon à quoi bon… Je leur préfère Tijuana Panthers, power trio surf garage à la manière d’un Jam trempé dans la compilation Nuggest, nerveux, incisif, avec un jeu de basse en accord sur la Rickenbaker, des punkybyrds…. Funken c’est fou ; JB aux drums assoit le truc et l’on en sort avec un son, un style, une approche d’ados attardés poussant le vice à marier l’insolence à la qualité, la précision aux harmonies expérimentales, emportant sans trop se forcer l’adhésion du public… Un webzine dans sa version papier, c’est la production quotidienne de Jugger webzine, et un rendez vous installé sur le festival… Dernière ligne droite avec La Femme, la pop ligne claire du pays basque, fer de lance d’une génération en relecture totale des années 80 vivifiées de sang neuf pour aboutir à leur style : c’est la fiesta… Skip & Died est une machine de guerre pour réjouir les festivaliers, une ethno electro rock teintée de world. C’est beau et violent, avec une drôle de chanteuse à la barre. Cet Aucard est l’un des meilleurs que j’ai vécu.
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