Tmv : vis ma vie de streeteuse !

Pour fêter comme il se doit nos 5 ans, on a laissé la parole à un maillon très important de la chaîne : les streeters et streeteuses. Ces étudiant(e)s adorables (graou, we love you) qui vous distribuent tmv le mercredi matin, qu’il neige, qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il fasse 40 °C. Anaïs, que vous croisiez souvent jusque récemment, raconte son expérience !

Depuis les débuts de tmv, peu importe le temps, les streeters et streeteuses sont là !
Depuis les débuts de tmv, peu importe le temps, les streeters et streeteuses sont là !

Aaah ! Mais qu’est-ce que c’est que ce bruit ?! 
Après un rapide  coup d’œil autour de moi, la zone semble sous contrôle. C’est juste le  réveil qui vient de sonner : il est 5 h 27, on est mercredi et c’est l’heure  d’aller distribuer le nouveau numéro de tmv ! Tout va bien. Le réveil, c’est l’étape la plus délicate. Une fois la radio allumée, il ne  faut pas refermer les yeux. Jamais ! À l’heure où seul le camion poubelle  fait du bruit dans la rue déserte, le train du sommeil peut être fourbe et  repartir aussi vite qu’il est arrivé.
Mais, alors que mes yeux sont encore  mi-clos, j’aperçois un objet qui finit de réveiller complètement ma rétine  endormie : la casquette tmv. Elle est là, posée, m’attend sur le coin de  mon bureau. Difficile de la louper.

Le petit-déjeuner est rapide et, sans tarder, j’enfile ma combinaison.
Il est 6 h.  Courageuse, j’enfourche mon vélo, prête à aller accomplir ma mission. Il fait encore nuit noire mais au moins il ne pleut pas.  C’est la première bonne nouvelle du matin. Il est 6 h 10. Je m’approche du  lieu de rendez-vous, aperçoit le camion NR et quelques casquettes roses.  Je dis alors bonjour à mes camarades puis, c’est le ballet des chariots  qui commence ! On sort les caddies, on les déplie, on met les paquets  de journaux dessus et c’est parti. Oh, j’allais oublier la touche finale… le parasol.
Cette fois c’est bon. Tous les petits bonhommes en noir et  magenta partent chacun de leur côté de la gare. On se retrouvera tout à  l’heure, à 9 h, pour faire les comptes.

6 h 20.
Mon chariot est posé près de l’arrêt de tram et ne bougera plus pour les trois prochaines heures . J’ai mes bonnes chaussures, sur le point de commencer ma randonnée entre les regards des  courageux encore endormis. Jusqu’à 7 h, même les abords de la gare  sont calmes.
[instant poésie : ON] J’en profite pour apprécier la belle  présence de la lune qui ne va pas tarder à se coucher et celle du soleil  qui arrive petit à petit pour prendre le relais. [Instant poésie : OFF]

Quand 7 h 30 se profile, la grande chorégraphie des passants  débute pour de vrai .
Et après plusieurs mercredis, c’est amusant de  distinguer les différentes catégories d’individus parmi les lève-tôt.  Tout d’abord, il y a les personnes-relais et notamment cette dame qui  me demande toujours 4 ou 5 exemplaires du journal. Elle travaille à la  maison de retraite et les donnera à « ses petits vieux » (comme elle les  nomme affectueusement) qui aiment bien le lire. Et cette autre dame, qui  en prend une dizaine tous les mercredis ! On apprend à se reconnaître  au fil des semaines et on échange seulement un sourire maintenant  lorsqu’elle me dit :  « Bonjour, je vais me servir sur le chariot ! ».
Ensuite, il y a les pressés. Et parmi eux, certains cyclistes sans peur qui  tendent le bras et lâchent le guidon quelques secondes au péril de leur  vie (comment ça, on exagère ?) pour attraper le journal au vol ! Il y a  ceux qui n’en veulent pas et qui se sont levés du mauvais pied :  « Oh,  pour ce qu’il y a écrit dedans… » . Heureusement, il y a aussi ceux qui  savent dire non avec le sourire :  « Désolé, je sais pas lire ! » .
Parmi les  lève-tôt, il y a aussi des dragueurs :  « Comment résister à votre sourire ?  Vous pourriez donner n’importe quoi avec. »

Et au milieu de tout ce petit monde ,  il y a nous .
Nous qui, à force  de faire les 100 pas sur une aire relativement étroite, sommes au courant  de choses qui pourraient bien améliorer vos matins. Alors si vous êtes  gentils avec la personne cachée dans la doudoune rose, elle pourra par  exemple vous prévenir que la deuxième porte coulissante de l’entrée  ouest de la gare ne s’ouvre pas ce matin (on vous évite un nez cassé  et une honte intersidérale, gnark).
Elle vous dira aussi que ça ne sert  à rien de courir pour monter dans le tramway puisqu’il est à l’arrêt  depuis 8 minutes. Bref, ce qu’on aime nous, c’est distribuer tmv avec le  sourire et recevoir les vôtres en échange. Rien de tel pour commencer  une journée. Oh, mais il est déjà 9 h. L’heure idéale pour retourner se  coucher, parole de casquette rose !

Récit par Anaïs Andos

Yseult en La Tour, Loizeau, Marc Ducret, Perox & Pethrol

Chaque semaine, Doc Pilot nous raconte ses sorties culture en la ville de Tours.

Pethrol
Pethrol

Longuement et sûrement le nouvel et quatrième album de Odran Trummel « in a jar » devient mon disque de  chevet ; j’attends encore pour en faire la chronique car j’en découvre de nouvelles subtilités et sensations induites à chaque écoute…

Marc Ducret au Petit Faucheux
Concept assez surréaliste avec ces Chroniques de la mer gelée de Marc Ducret, une œuvre hypnotique où des textes de Kafka et du Marteau des sorcières sont intégrés à une trame musicale progressive, une musique de chambre contemporaine mélangeant les infiltrations nerveuses de la guitare à des mantras de cordes et claviers, de vents, au  chant de Anne Magouêt, fascinant, puis aux mots au féminin ou au masculin, des mots comme des sons, des mots dont  on intègre le sujet au delà de la réflexion, au delà du sens ; des mots comme des notes, des mots en cascade, puis le son  des instruments tel une clé pour y donner du sens. Étonnant de voir comme l’on est accroché à cette prestation, à sa possible difficulté musicale transcendée par la beauté du jeu, l’équilibre de la formule, la cohérence harmonique, le  style du guitariste, si personnel, son écriture dangereuse et incisive.

Au Temps Machine Soirée Hommes Verts avec Perox et Pethrol  
Un Temps Machine aux mains des Hommes Verts (vous savez cette bande de gens efficaces qui vous offrent depuis  plusieurs années le festival gratuit Potager électronique à la Gloriette), mais un T.M assez vide ce qui pose question sur le soutien du public à ceux qui font la vie culturelle locale et leur apportent de la diversité dans l’offre… Deux  groupes pour cette soirée : Perox de Orléans d’abord, concept léché , scénographie théâtralisée en une chorégraphie à la mesure, une dramaturgie utilisant tous les codes pour capter l’auditeur et le maintenir dans l’espace. Nous sommes dans un univers électronique, pictural, littéraire dans le texte balancé en petites histoires bien réalistes voire surréalistes. Il manque à cette perfection en la forme de l’humanité dans le fond ; nous restons face au spectacle, face à un film, dans une prestation refusant l’interactivité tant elle est compacte et globale… Deuxième groupe, Pethrol de Lyon, un duo, un couple d’artistes, de l’électronique, une batterie et un chant féminin omniprésent. Oui, la chanteuse est l’élément fort de l’affaire, son identification, d’abord au visuel car elle dégage, mais aussi dans la technique d’une  voix assez unique, feulements de chatte sur un toit de glace marbrés de réelles coupures au rasoir dans le style et la  norme ; bien sûr comment ne pas penser à Kas product et à Mona Soyoc ( vus à la scène en 1983, hé hé), sans l’urgence  et l’aspect novateur des anciens, mais avec la même assurance d’avancer dans la bonne voie, d’offrir une bonne came,  de mettre en avant la force d’une chanteuse au capital de fascination indéniable. Il leur reste à devenir « culte » : le  plus dur de l’affaire sur une scène désormais blindée de monde et de talents.

Yseult en la Tour, Hotel de Ville
Olivier Faes est assez unique en son genre, un compositeur prolifique au travail dédié à l’art choral mis annuellement en pratique par Chorea, une chorale d’amateurs qu’il dirige et nourrit depuis une dizaine d’années. Voir une œuvre  d’Olivier jouée à l’Hotel de Ville est tout un symbole, un aboutissement peut être voire le début de sa reconnaissance  par sa ville, sa région. Nous avons droit ce jour à une version oratorio de l’opéra Yseult en La Tour interprétée par  Chorea et l’Orchestre universitaire sous la direction de Martial Djebre. Le sujet est étrange, Tristan &  Yseult importés à Paris lors de la construction de la Tour Eiffel, la quête d’un amour idéal qui s’élève à la manière de la Tour de fer, et toujours la présence du Mal, destructeur ; le sacrifice des amoureux tel celui de victimes expiatoires pour arroser la survie de la modernité. C’est fort, c’est beau, planant, psychédélique. Deux autres représentations du  concept auront lieu cette semaine à l’Escale à Saint Cyr et à Chambray à la salle Yves Renault.

Expo Jean Pierre Loizeau Espace Chabrier à St Pierre
20 ans de peinture en titre à ce voyage dans l’œuvre d’un artiste reconnu et aimé, un des rares à tenir face au temps,  face aux styles, à s’offrir à chaque apparition de surprendre à nouveau sans pour autant paraître en opposition avec son  œuvre. Dans cette espace et par cette chronologie tout devient évident, de cette première période déjà très technique  mais empreinte d’un psychédélisme gaulois, à la peinture du moment quasi contemplative dans l’expression des  humains mis en scène, en passant par les représentations du couple, de l’enfant, puis de la révolte avant de s’inscrire  dans l’Histoire, l’air de rien, en usant de personnages excessifs jetés en pâture à nos moqueries, notre pitié, une  comédie humaine teintée de comedia del arte, une vision de la Vie si juste et si précise, une acceptation de l’humain  dans sa fragilité, sa beauté et sa chute. Loizeau ne joue pas, et même si sa peinture amène le sourire et la joie, le drame  est omniprésent dans toutes les phases de son œuvre, à tous les âges de l’artiste. Reste cette folle Entrée à Jérusalem,  ces icônes païennes et ces deux personnages en fin d’histoire de chaussures de sport bottés, deux cartes à jouer pour un  tarot intime, deux jokers, deux jumeaux ; peut être en ce ying et yang l’aboutissement du voyage, son essence et sa raison d’être.

CD ROYAL UKULELE TOURAINE ORCHESTRA autoprod  
L’un des concepts tourangeaux des plus attachants, des plus improbables, propose ce premier album à la manière  d’une carte postale venue des rives de Loire sublimées et pourtant bien réelles dans cette douceur vocale, les cristallines  mélodies éthérées des cordes grattées à l’unisson. Bien sur nous sommes à l’écoute d’un disque d’été, à écouter un verre de rosé bien frais en main alors que le soir s’annonce, une apéritive essentielle pour borner la journée en l’attente  de la nuit. Ici, la légèreté est de mise, hors du temps, hors des modes, à l’instar de cette “ petite fille riche ” venue s’encanailler (à la Guinguette de Tours sur Loire ?) au côté de ceux qui n’ont rien mais savent rire, aimer, danser.  RUTO est la formation la plus apaisante de la scène tourangelle, produit de l’amitié et du talent, de l’exigence et de la joie, et ce disque un beau témoignage de tout ce qu’ils nous donnent à la scène : une rigueur technique indéniable pour le don d’un instant volé au temps et à l’espace.

CD GOODBYE DIANA head records
Head records est le label d’une école, celle des férus de technique et des furieux du son. A l’instar de Pneu, Goodbye  Diana repousse les limites, ose des enchaînements mélodiques anti­nature pour bâtir une musique progressive qui n’est  pas sans rappeler certaines périodes du King Crimson de Robert Fripp, les moins conviviales, les plus attachées à  l’entrelacement de mantras nullement dévouées à la méditation mais propices à l’exaltation des corps. Et si finalement  la nouvelle french touch c’était ça ; bon, je vous l’accorde elle n’aura pas la portée de la précédente car elle n’est pas construite pour finir en musique au kilo ; elle est passionnée et passionnante et elle demande à l’auditeur de s’investir,  de se poser pour en goûter toute la force, toute la diablerie : c’est une musique à mimer tant on souhaiterait la jouer,  une musique à finir en air guitar dans le salon, les yeux fermés, l’intellect disjoncté. Une musique pour le cerveau  reptilien, une musique animale.