Les 10 commandements de Mauvais Genre

Du 24 au 28 mars, préparez le café : le festival Mauvais Genre revient pour sa 10e édition. Cinq jours de folies cinématographiques, de culture à fond la caisse et de moments culturels dingues tous azimuts.

1.TOUTE LA NUIT (INTERDITE) TU TIENDRAS
C’est THE rendez-vous  incontournable du festival  Mauvais Genre. La Nuit  interdite commence à  20 h 30 et se finit très  tard. Ou plutôt très  tôt.
Imaginez la bête :  3 longs-métrages et 5  courts à s’enfiler durant  toute la nuit. De quoi  vous emmener jusqu’à  4 h 30 du matin facile.  Cette année, vous aurez  notamment droit à The  Forgotten (lire inter- view de Gary Constant),  Hardcore Henry (un film  d’action spectaculaire  filmé en « point of view »)  et Bunny The Killer Thing  (un groupe d’ados et  de scientifiques coincés  dans une cabane alors  qu’un monstre mi-homme  mi-lapin assoiffé de sexe  les attend… Et promis on a  pris aucune drogue).
La séance aura lieu vendredi 25, dans la grande  salle du CGR Centre. Soit  420 places et donc 420  potentiels fanatiques de  ciné qui ressortiront de  là le lendemain matin  les traits tirés, les yeux  englués (miam), accompagnés du gazouillis des  oiseaux.

2.LES  OREILLES  TU TE NETTOIERAS 
Trois jours, trois  concerts, trois  moments pour nettoyer vos esgourdes  et trémousser votre  petit popotin au  square Sourdillon.  Samedi, à 19 h 15,  place d’abord à nos  chouchous de Johnson  Concorde, rockeurs  survitaminés qui revendiquent un « savant  mélange entre Alice  Cooper et l’Opéra de  Quat’sous  ».
Dimanche,  même heure, Holy  Chips, un groupe qui  mixe les influences de  leurs compositeurs :  Piano Chat, Funken et  Iologic. Lundi, The  Shady Greys débar – queront à 19 h : un  petit duo au gros son  saturé qui envoie aux  fraises les White  Stripes.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=kf82yeG2-Zw[/youtube]

3.AU VILLAGE TU TE BALADERAS
Au village sans prétention,  vous avez mauvaise réputation… sauf à Sourdillon  (trouvez la référence et  vous gagnez une pipe,  une moustache et une gui- tare). Au Village Mauvais  Genre, geeks, cinéphiles  et littéraires trouvent leur  compte. Sont notamment  prévus auteurs et illustra- trices (Denis Soubieux,  Claudine Chollet, Aurélie  Lecloux…), des assos  (tailler le bout de gras  avec Ohé du bateau, ça  vaut le coup), mais aussi  la Fouée Gourmande bio  et Geek’n’Pop, boutique  dédiée aux produits dé- rivés de série TV, comics  et jeux-vidéos.
Et comme  c’est le week-end et que  vous serez fatigué(e)s de  votre marathon ciné- phage, le village Mauvais  Genre a même convié des  masseurs, relaxologues et  des pros du shiatsu. Zen…

4.DEVANT LE JURY TU BAVERAS index
Qui dit 10e édition,  dit jury en béton. Le  jury pro est constitué, cette année, de  Claude Perron. La  comédienne française  (vue dans Bernie, La  Horde, Belles fa – milles, Le Fabuleux  destin d’Amélie Poulain…) sera d’ailleurs présente pour  une rencontre avec  le public dimanche à  11 h. Pour les autres  membres, comptez sur  les acteurs Thierry  Frémont et Eriq  Ebouaney, Dédo l’humoriste métalleux du  Jamel Comedy Club… et  le réalisateur allemand Nikias Chryssos,  vainqueur l’an dernier avec son énormissime Der Bunker.
Comme en 2015, les  jurys jeune et de la  critique (dans lequel  tmv sera, youhou,  c’est la fête) seront  de la partie.

5.EXPOS ET CONFÉRENCES  TU IRAS VOIR 
Un peu de culture dans  ce monde de brutes. La  galerie Oz’art accueille  l’exposition Les Maîtres  de la BD européenne  et ce, jusqu’au 6 avril.  Parfait pour découvrir une  cinquantaine d’originaux  signés des plus grands  artistes, comme Franquin,  Toppi, Uderzo, Peyo, Hugo  Pratt…  Côté conférences, il faudra  compter sur le duo de  réalisateurs Seth Ickerman  pour une présentation  exceptionnelle de leur  prochain long-métrage de  science-fiction (samedi à  16 h). Lundi, même heure,  Paul Chadeisson, directeur  artistique, présentera en  exclu son jeu vidéo Strike  Vector ex. Et tout ça, c’est  gratuit. Cadeau!

6.DES COURTS- MÉTRAGES TU ENCHAÎNERAS
C’est pas la taille  qui compte. Ni la  longueur. La preuve,  Mauvais Genre enquille  les courts-métrages  et c’est d’ailleurs  souvent dans ces mi – ni-formats qu’on dé – couvre des perles. Il  suffit de zieuter un  œil au programme des  10 courts « fiction »  en compétition le  samedi soir pour s’en  apercevoir : Lux,  Seth, Les Garçons  clignotants ou encore  Sweet Family… Durée  mini pour plaisir  maxi.

7.MAD TU SERAS
La séance Mad in  France, c’est  simple : vous prenez  Erwann Chaffiot, journaliste à Mad Movies  et big boss sélectionneur du meilleur  des courts-métrages  français de genre récents. Vous rajoutez  leurs réalisateurs,  ainsi qu’une salle blindée et six petits  films qui vont vous  propulser dans la  stratosphère du bizarre, du fantastique  et de la créativité.
Rendez-vous le dimanche dès 15 h 45 au  Petit Faucheux.

8.DES PÉPITES TU DÉCOUVRIRAS
Avant-premières françaises, européennes ou  internationales, inédits, le  tout en version originale  sous-titrée… Le programme fait envie. À tmv,  on espère beaucoup du  Sunset Edge de Daniel  Peddle, où des ados à la  ramasse naviguent entre  skate, picole et substances  dans une petite ville abandonnée. Idem pour Wonderland, le film de clôture  qu’on rêve de voir pour  son côté film d’anticipation terrifiant (un effrayant  nuage apparaît dans le  ciel et recouvre la Suisse).
Enfin, on mise notre piécette sur 13 Cameras de  Victor Zarcoff, dans lequel  un couple en rupture  s’installe dans une maison,  sans savoir qu’un proprio  un poil voyeur et pas mal  flippant les observe…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=3fzE481uu18[/youtube]

9.LA FRENCH  TOUCH TU AURAS 
Parce que le cinéma français, ce n’est pas que Kad  Merad ou des comédies  gnan-gnan. C’est aussi  un paquet de talents à  découvrir. Preuve en est  avec la soirée French  Touch, le dimanche à 21 h  15 au Petit Faucheux. Au  menu ? Le court-métrage  La Fille bionique, suivi du  pilote de la série Reset  et du film The Open, en  avant-première. Entrée,  plat, dessert, 100 % made  in France. Peut-être même  qu’il y aura Kev Adams.  Non, là, on rigole.

10.LE SOURIRE  TU GARDERAS
Le festival Mauvais  Genre, c’est surtout  de la bonne humeur.  C’est passer sans  souci d’une comédie déjantée, à un  thriller psychologique, en passant par  une production obscure sanguinolente.  C’est partir à dos  de licorne pailletée pour s’enfiler les  films jusqu’à ressortir de la salle avec  le siège imprimé sur  le derrière. Bref,  5 jours pour avoir la  banane.

>>>>Programme sur festivalmauvaisgenre.com

>>>>L’interview de Gary Constant, du festival, c’est PAR ICI

Capture

Mauvais Genre : carnet de bord (jour 5)

Avant-dernier jour du festival Mauvais Genre : on est passé de l’ennui profond, à un superbe road-movie, en jetant au passage un œil sur une série de courts-métrages 100 % frenchy.

Jour 5 : Pâques fait son mauvais genre

C’est devenu un rituel. Désormais, nos pas nous guident automatiquement vers le Petit Faucheux. Pour l’avant-dernier jour de festival, le programme est encore costaud. Le public est de plus en plus chaud… mais va vite être refroidi par la première séance :

> Alpha (compétition) se lance. Pour info, il s’agit du premier film grec financé par crowdfunding. L’équipe, emmenée par le réalisateur Stathis Athanasiou, a eu la gentillesse de faire parvenir une vidéo de remerciement. Sympa. Sauf que le film aurait pu l’être, lui aussi. Au lieu de ça, Athanasiou a accouché d’un long-métrage pseudo-arty, experimentalo-bizarroïde. Emballé dans un noir et blanc sublime (ça, on ne peut pas le nier), Alpha raconte l’histoire d’une femme qui refuse de cacher un fugitif poursuivi par des miliciens. Geste qui va la condamner. Sur un pitch pourtant prometteur, cette caricature de film d’auteur se gargarise, patauge et se noie, entraîne le spectateur avec : d’un ennui profond, ces 80 minutes en paraissent le triple. Même le texte narré (d’une voix off étrange mais ridicule), d’une justesse et d’une profondeur pourtant remarquables, ne sauve pas ces interminables plans expérimentaux. Quel dommage.

Les réalisateurs français pour la séance Mad in France. (photo tmv)
Les réalisateurs français pour la séance Mad in France. (photo tmv)

>Cette année, le magazine Mad Movies a encore ramené quelques jolis courts-métrages 100 % frenchy dans sa valise, pour la séance Mad in France. On commence par Témoignage de l’indicible (Thomas Pernollet) : un court-métrage de 6 minutes, minimaliste, uniquement basé sur des plans d’une maison, et une voix-off qui raconte une légende cauchemardesque. Un peu simple, mais étonnamment accrocheur et captivant.

Suit Lune Noire (Gallien Guibert), véritable marche funèbre vers la folie pour 3 hommes qui recherchent un trésor. Sympathique, étonnant (le rappeur Oxmo Puccino a un rôle !) mais gâché par un son pas très bon (venant de la salle ou du court lui-même ??).

Notre coup de cœur va à NOCT (Vincent Toujas), 15 minutes durant lesquelles un insomniaque ressent une étrange présence : un bourreau qui, paradoxalement, le libère. Certaines scènes font parfois penser à La Mouche de Cronenberg. NOCT joue la carte de l’atmosphère et du fantastique à fond. Mais surtout, produit avec brio une montée en tension palpable et une vraie créature réalisée sans effets numériques. Chapeau !

On enchaîne sur Le Hall des pendus (Christophe Deroo), une histoire de drogue de synthèse, de couvre-feu et de SDF mystérieusement pendus à des lampadaires. Le coupable, lui, n’a rien d’humain. Fortement influencé par le cinéma asiatique (ça se passe à Tokyo), étrange, mais ultra-pro et esthétique.

Le mot de la fin sera pour Adam moins Eve (Aurélia Mengin). Le plus long des courts (26 min) et le plus difficile à cerner. Un post-apo admirablement filmé, archi-stylisé (photographie sublime, des tons rouge/vert/bleu qui rendent l’atmosphère irrespirable, gros plans qui ont la classe…), dans lequel un prêtre est hanté par une voix divine. Il trouvera le corps meurtri de Eve, sous des décombres… On n’en dit pas plus pour ne pas trop en dévoiler, mais le court d’Aurélia Mengin vaut le détour !

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>Young bodies Heal Quickly clôt la journée, à 22 h 30. Bon. 22 h 50, ok. Avant-dernier film de la compétition, ce magnifique road-movie d’Andrew Betzer suit deux frères complètement paumés (et plutôt doués pour faire des bêtises), renvoyés de chez leur mère. Ils vont sillonner les Etats-Unis en voiture. Simple, épuré, mais beau, ce Young Bodies… est percutant. Une vraie petite surprise, étonnant de bout en bout, portée par de superbes acteurs hauts en couleurs. Dommage que les dernières vingt minutes de ce Huckleberry Finn des temps modernes s’étirent un peu trop en longueur.