Et si on mangeait des insectes ?

Grillons, criquets, vers à soie et même scorpions : notre journaliste s’est fait un plaisir de déguster ces jolis insectes tout mignons pour l’apéritif. Verdict !

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Prêt pour l’apéro ?

Lectrices et lecteurs magnifiques, je vous aime. Cette parenthèse d’amour et de paillettes n’est pas vaine : pour vous et votre plaisir sadique, j’ai déjà testé me faire cryothérapiser par – 150°C, mais j’ai aussi couru avec des zombies la nuit et vécu sans portable. Un nouvel épisode est aujourd’hui à rajouter dans cette rubrique. J’ai enfin mangé des insectes.

INSTANT SHOPPING

Jiminis, multivore, insecteo… Sur Internet, de nombreux sites proposent des insectes comestibles. Alternative à la viande, l’entomophagie (= le fait de manger des insectes et, accessoirement, un joli mot à placer au Scrabble) a la cote. Je passe une commande sur insectescomestibles.fr. Le choix est immense, du plus soft (des petits vers) au plus extrême (des tarentules).
Pour moi, ce sera un paquet de scorpions dorés (9,90 €), une barre protéinée aux grillons et chocolat (3,20 €) et un duo apéritif (16,90 €), avec une boîte de criquets à l’ail et un mélange surprise-découverte. Youhou. À Tours, plusieurs enseignes vendent des insectes comestibles. Un appel sur Twitter et déjà, des lecteurs m’indiquent les bons plans (lire ci-contre). Je reviens avec des grillons à l’oignon sous le bras. Miam.

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Ouloulou, quel choix appétissant.

KOH LANTA, C’EST MOI (ou pas)

Y a pas à dire, un scorpion, ça vous requinque.

Mardi, 19 h. Mon plat d’insectes et moi, la joie. J’envoie quelques photos à mes amis (oui, j’ai besoin de réconfort). Les réponses alternent entre le « C’est dégueu, m’envoie plus des trucs comme ça » et « Tu verras, c’est bon ». La notice explicative est censée rassurer sur la préparation des insectes. « Ils sont d’abord congelés 48 h. Le froid les endort, puis les tue. » Ils sont ensuite triés, bouillis, puis déshydratés et assaisonnés. Avant de finir dans mon gosier, ils se trouvaient dans un élevage et ont été nourris avec herbes, fruits, légumes et feuillages. Ouf. Je reste 20 minutes à regarder bêtement mon assiette, l’oeil bovin.

Visuellement et psychologiquement, ce n’est pas facile. Je fais moins le malin. Mais ma fierté (surdimensionnée comme chez tous les mâles, je sais) ne doit pas en prendre un coup. De toute façon, il faut bien que j’écrive cet article. Le doigt tremblant, j’attrape un ver à soie et le porte à ma bouche en fermant les yeux. Il a un goût d’herbe et de chips low cost. Pas foufou…

Contrairement aux courtilières (je vous laisse le plaisir de chercher sur Internet) bien agréables pour le palais. Je m’octroie une pause avec les petits criquets à l’oignon. On jurerait des petits gâteaux apéritifs. En revanche, j’ai du mal face aux grillons de 5 cm. Leurs gros yeux noirs me fixent. Je décide de les gober d’un coup, en mâchant à peine. Croquang mais pas gourmang.

EN PINCER POUR LES SCORPIONS

Vient le moment fatidique : les petits scorpions dorés de Mandchourie. Le nom en jette, je sais. Mais pour mettre la bête en bouche, c’est une autre paire de manches. J’ouvre le sachet, l’odeur est infâme. Je me croirai à la ferme ou dans ma chambre, quand j’étais ado. Je saute le pas et là… oh ! Le goût ressemble à un mélange de cacahuète, de Curly et de bacon. Bon, mais très salé. Après cet apéro singulier, je suis satisfait et rassasié. Je souris. Oups, j’ai une patte coincée entre les dents.

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>> Petit guide pratique des insectes comestibles

 

OÙ TROUVER DES INSECTES COMESTIBLES À TOURS ?
Vous pouvez déjà filer au Palais des épices, situé aux Halles. À la caisse, Emna n’a pas semblé surprise de ma demande : « Oh, tout est comestible ! » Un petit rayon propose criquets et grillons, aux différentes saveurs. Les minuscules grillons à l’oignon/sauce barbecue sont très bons (9,90 € la boîte). Un détour par Nature et découvertes et j’y ai trouvé des vers molitor (6,90 €). Il ne restait plus que ça, en raison d’une rupture de stock. D’après le magasin, « c’est souvent comme ça. Ces insectes comestibles sont victimes de leur succès, c’est un carton à l’apéro ! » La Boutique Cafés, avenue de Grammont, en propose aussi.

RICHE EN PROTÉINES !
Le taux de protéines contenu dans nos amis insectes serait supérieur à celui des végétaux, viandes, oeufs et volailles vendus en commerce. Soit de 45 à 75 % du poids sec. D’où l’alternative à la viande que représente la consommation des petites bestioles. Les insectes comestibles sont aussi de très bonnes sources de minéraux (fer, zinc, magnésium, etc.) et d’acides gras oméga 3 et 6. PAUSE_TEST3

UN ENJEU POUR L’ALIMENTATION
C’est un fait : la population mondiale ne cesse d’augmenter. Les besoins alimentaires aussi. C’est pour cela que de plus en plus de professionnels se posent la question de la nutrition via les insectes. D’aucuns estiment qu’il s’agit d’une solution viable pour nourrir les gens (d’ici 2050, on devrait être 9 milliards). Les intérêts environnementaux sont aussi mis en valeur : l’élevage d’insectes a un faible impact environnemental. Des chercheurs néerlandais ont ainsi démontré qu’un élevage de grillons et de criquets produisait bien moins de gaz polluants que les élevages porcins et bovins. Peu de gaz à effet de serre, c’est ce qu’on recherche, non ?

VRAIMENT COMESTIBLES ?
Évidemment, n’allez pas vous faire un petit festin à la Gloriette en mangeant deux, trois fourmis, accompagnées de larves. À l’état sauvage, les insectes peuvent être porteurs de parasites, voire toxiques. Ici, on parle d’insectes comestibles et donc préparés (sans oublier la réglementation qui est imposée à la vente). Ce n’est pas un aliment dangereux mais, comme pour les fruits de mer par exemple, il peut exister des allergies. « Il existe aussi un risque pour les enfants de moins de 3 ans qui pourraient ne pas croquer l’insecte », précise le site Insectéo. De nombreux pays consomment depuis bien longtemps des insectes. La Thaïlande en est l’exemple parfait. En France, il faudrait juste casser la barrière culturelle. Pas toujours évident visiblement

Hellfest : quand l’Enfer est un paradis  [+photos]

Comme l’an dernier, tmv a fait son petit tour au Hellfest, l’un des plus grands festivals de France et LE passage obligé pour tout bon métalleux qui se respecte. Reportage et photos du samedi 20 juin, entre avalanche de décibels, hectolitres de bière, gros barbus, maxi riffs, gens en string ou déguisés et bonne humeur.  

L'entrée du Hellfest a été repensée. (Photo tmv)
L’entrée du Hellfest a été repensée. (Photo tmv)


Reportage

Samedi 20 juin. Le soleil inonde Clisson, petit village près de Nantes. L’air est déjà chaud, mais pas autant que les milliers de métalleux qui se baladent dans les rues. La plupart ont un pack de 6 (ou 12 ou 24 ou 666) sous le bras, histoire de s’hydrater avant une journée brûlante dans l’Enfer du Hellfest. On laisse la voiture sur un petit parking de la gare : « Euh, excusez-moi, mais c’est gratuit pour stationner ? » Une Clissonnaise, la soixantaine, se marre : « Oh bah oui, tout est gratuit ici, ne vous inquiétez pas ! Bon festival ! » Sac à dos + casquette + tee-shirt Necrophagist (un groupe plein de romantisme et d’amour), et c’est parti. Comme l’an dernier, tmv vous fait (re)découvrir le Hellfest.

« A POIIIIIL ! »

C’est marrant, il n’est même pas 11 h et pourtant, sur le site, une fille est étalée par terre, en mode flaque. Elle dort paisiblement au milieu du chemin. Ses potes sont super sympas : ils lui ont dessiné une grosse barbe au feutre noir. C’est ça, l’amitié. Le temps de faire deux, trois photos, c’est parti pour le concert des BUTCHER BABIES. Les chanteuses font l’effet d’une bombe : leurs poitrines généreuses déclenchent quelques réactions de mâle en quête d’amour (« à poiiiiiil », hurle mon voisin). N’empêche que leur gros rock qui tabasse laisse des traces : c’est ultra-simple, mais bien fichu. Efficace et idéal pour se mettre en jambes. D’habitude, les demoiselles font dans la provoc’ en dévoilant leurs seins entre deux riffs de guitare ; ce coup-ci (et n’en déplaise à mon voisin), elles resteront dans le soft. Noël Mammaire likes this.
D’ailleurs, il est toujours aussi agréable de voir la place de plus en plus importante qu’occupent les femmes dans le metal et au Hellfest (jetez un oeil au reportage de nos confrères de France 3 ICI).

Prostitute Disfigurement : une ode à la poésie.
Prostitute Disfigurement : une ode à la poésie.

Pour rester dans la poésie, direction la scène Altar pour causer amour avec PROSTITUTE DISFIGUREMENT (on vous laisse traduire). Pour les connaisseurs, c’est du gros death de bourrin, limite grind. Pour les amateurs, imaginez un rouleau compresseur qui vous passe dessus.  En sortant de là, on a déjà la patate. Pour cette dixième édition, le Hellfest a vu les choses en grand. Les scènes Temple, Altar et Valley sont carrément plus grandes que les années précédentes. Du luxe, vu qu’habituellement, elles rameutaient tellement de monde qu’on était davantage comme des sardines (Patrick Sébastien, si tu nous lis), tous collés les uns aux autres pleins de sueur (c’est ça, la fraternité).
Serrés, on l’est aussi devant les Mainstage. Les scènes principales ont été totalement relookées : une immense façade avec un poulpe encadre un des écrans géants, tout est dans un style old-school. Non seulement c’est magnifique, mais ça permet aussi de se faire une petite dose de vintage avec THE ANSWER. Groupe de hard rock d’Irlande du Nord (ça s’entend), ils sont influencés par Led Zep et AC/DC (ça s’entend aussi). Grosse ambiance, gros son, gros solos. Mince, je viens de perdre 10 litres de sueur. Vite, bière.  Eh oui, la bière permet de tenir, de vivre. De survivre même. Kronenbourg, fidèle au Hellfest depuis des années, y balance environ 900 000 bières. Il y a quelque temps, Christine Boutin, pas vraiment amie-amie du festival, avait écrit au PDG de la célèbre marque de bière pour lui demander expressément de boycotter le Hellfest. On ne comprend toujours pas pourquoi c’est resté lettre morte…

DU LIBAN A CLISSON

Après la pause, on se nettoie les esgourdes avec THE WOUNDED KINGS. C’est doom (comprenez trèèès lent), ça vous écrase doucement mais sûrement. On regrettera le peu de variation dans la voix, mais les Anglais savent y faire : le public les acclame, ravi.  Tandis qu’ACE FREHLEY connu pour sa place au sein de Kiss, décoche son hard rock old-school, nos yeux vagabondent sur l’immense espace du Hellfest. Parfois moqué et appelé « le Disneyland du métalleux », force est de constater que les décors sont de nouveau sublimes cette année. Et qu’il n’existe aucun équivalent en France (le Hellfest peut d’ailleurs se targuer d’avoir été élu meilleur festival en France, devant les Vieilles Charrues).
Sur l’herbe (qui, ô miracle, est toujours là), d’immenses os qui servent de bancs. Des crânes, une main géante faisant le signe du metal, un skatepark (!), une grande roue (!!), une cathédrale décorée façon Hellfest pour l’entrée du festival (!!!)… Tout est pensé, stylisé à l’extrême : comme en 2014, il y a une ville dans le Hellfest. Un coin calqué sur le Camden de Londres, où on rivalise à coup de tatouages, de karaoké-bourré ou encore de fringues, véritable paradis pour refaire sa garde-robe (ça tombe bien, il me manquait un slip Cannibal Corpse). Dans ce véritable petit monde, les allées vomissent des hordes de métalleux. Tout le monde a le sourire, la pêche, la banane ou n’importe quel fruit. On discute avec un Libanais, un Canadien et même un Brésilien. Ils ont fait le déplacement exprès, quitte à tuer toutes leurs économies. « But hey man, it’s Hellfest ! », qu’il nous lance. Pas faux.

Sans titr2eAprès avoir regardé quelques minutes les excellents ONSLAUGHT (dix fois plus brutal que sur album), place à AIRBOURNE. On vous explique la bête : le groupe australien est une copie plus jeune et encore plus énergique d’AC/DC. Véritable bulldozer scénique, leur réputation n’est plus à faire. Et ça se voit… le site est noir de monde, impossible de s’approcher, la masse est grouillante. Mini-crise lorsque le son pète… Argh, instant gênant où Joel O’Keefe, le chanteur survolté (en général, il escalade les échafaudages des scènes et tape un solo à 10 m de hauteur), martyrise sa guitare et son micro et s’éclate une bière sur le crâne… sans s’apercevoir que le son a sauté. Rock’n’roll !
Pas de problème côté sono, en revanche, pour AHAB. Musique pachydermique, broyant vos os, vos cervicales : la rythmique est une chape de plomb, s’abattant et plongeant la fosse dans les ténèbres, dans une transe hallucinante. Passant d’une voix gutturale, du fin fond des entrailles de l’Enfer, à des envolées douces et planantes, Daniel Drost nous fait partir dans un voyage terrible, magnifique, terrifiant, mais beau. Le public sort de là, sonné. Wow…  Retour sous le soleil avec SLASH. Balançant quelques missiles pas forcément explosifs de son dernier album, le guitariste haut-de-forme n’est jamais aussi plaisant que quand il retourne dans le passé… en jouant ses tubes accouchés lors de la période Guns ‘n’ Roses. Autant vous dire qu’un Sweet child o’mine ou Paradise City ont le don de filer une sacrée chair de poule.

CARESSE-MOI LA BARBE

ZZ Top : la barbe leur va si bien.
ZZ Top : la barbe leur va si bien.

Pendant qu’on frôle l’émeute à BODY COUNT (le groupe de rap un peu rock, ou rock un peu rap qui a le « New York unité spéciale » Ice-T comme leader), en raison d’un ratio 100000 personnes pour 2 mètres carrés, KILLING JOKE ratatine la scène principale. Les pionniers de la vague post-punk/new wave enchaînent les hymnes dévastateurs. Une claque. À croire que les vétérans ont la cote, c’est une foule immense qui se presse devant ZZ TOP. Les célèbres barbus, annoncés à l’aide d’une cloche et d’un « here comes ZZ Top from Texas », se voient submergés par le public qui chante comme un seul homme un Gimme all your lovin’ d’anthologie {Instant savoir pour briller en société : le batteur du groupe est le seul à ne pas être barbu. Pourtant, son nom de famille est « Beard », soit « barbe » en anglais. Bisous}
La transition est étrange mais jouissive, avec ORANGE GOBLIN. Les Anglais, véritables stars du festival devant leur mur d’amplis Marshall et Orange, sont d’une sincérité désarmante. Sous la tente, on sue à grosses gouttes en s’explosant les cervicales sur leur gros stoner dégoulinant de riffs délicieux. Le géant Ben Ward et ses 2 mètres attire tous les regards, ne cesse d’enquiller les bières et d’en cracher en l’air (petite douche gratos, qui s’en plaindrait ?). Un véritable passage dans la machine à laver, programme essorage ultra-rapide-dans-ta-face. (pour info, une petite vidéo du groupe cette année ICI)

METAL ET BISOUNOURS

Lectrice, lecteur, ne nous leurrons pas : le métalleux est un Bisounours. C’est moi qui vous le dis. Pourtant, je suis moi-même un adepte de Satan et des sacrifices de chauve-souris les soirs de pleine lune en buvant du sang de vierge (quoi ? Les clichés ont la peau dure malheureusement dans le metal). Bref, le métalleux n’est qu’une gentille petite bête pleine de poils, hyper respectueuse (il n’y a jamais d’incidents au festival ou même à Clisson), qui rote très fort mais adore verser sa petite larmichette.
C’est ce qui est arrivé à 23 h… Quand le Hellfest, pour fêter ses 10 ans, a fait péter un feu d’artifice tout simplement magique. Durant un quart d’heure. Avec un final interminable et incroyable (zieute donc la vidéo ci-dessous, si tu l’oses). Et que dire quand 50 000 métalleux lèvent leurs bières devant ce feu d’artifices grandiose et chantent en choeur, d’une seule et même voix, le « Bohemian Rhapsody » de Queen que le festival a décidé de faire cracher volume 666 ? Nous, on a failli verser une larme. C’était une larme de bière, mais même.
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CaptureInstant émotion, toujours, quand SCORPIONS envoie un Wings of change de toute beauté. Certains pleurent, d’autres se prennent dans les bras. Orgie de câlins aussi, durant un Stiiiill looooviiiin’ youuuu repris par toute la foule, tandis que d’autres feux d’artifices illuminent le ciel. On ne misait pas un kopek sur les Teutons, mais la bande à Klaus Meine nous a piqués sévère.
Pour finir un samedi en Enfer, quoi de mieux que rencontrer l’auto-proclamé Antéchrist ? Sieur MARILYN MANSON clôt la journée, grosse guitare en avant, façon mur du son. Le m’sieur a beau être un chouïa désintéressé (les pauses entre les morceaux s’éternisent), voire peut-être un peu imbibé, il reste magnétique, charismatique au possible.  Tandis que les notes résonnent encore, nos jambes poilues ne tiennent plus toutes seules. La nuit est tombée.

Une fois de plus, le Hellfest a tenu ses promesses et apporté une bouffée d’air frais et de la bonne humeur comme personne. Une fois de plus, le Hellfest était en fait le Paradis.

NOTRE GALERIE PHOTOS

>>Retrouvez le diaporama photos des groupes du samedi, par Eric Pollet (La Nouvelle République)

>>Pour plus de photos, un tour sur le Facebook officiel du Hellfest.

>>Remerciements à Ben Barbaud, Roger, aux 3 000 bénévoles du Hellfest, mais aussi à TOUS les Clissonnais(es) !