Festival Emergences : le jazz pour toutes et pour tous

Le jazz, une musique élitiste ? Oh que non ! C’est qu’affirme et prouve le festival Emergences à Tours, axé sur un jazz ouvert, vivant et pluriel. C’est parti pour un marathon de cinq jours de concerts.

Emergences, kézako ?

« Ouiii, le jaaaaazz, c’est snooob, c’est élitiiiiste, tout ça tout çaaaa… » Faites bien durer les voyelles, prenez un air pédant et levez les yeux au ciel. Ça y’est, le cliché est en place ! Le jazz, musique tournée vers le passé, beaucoup trop savante, faite pour des vieux intellos moustachus engoncés dans un canapé, un whisky à la main… Avec plus de 100 années d’existence au compteur, ce style musical a toujours ce genre de stéréotypes absurdes lui collant à la peau.

Mais le jazz, c’est loin, très loin d’être ça. Alors depuis plus de 20 ans en Touraine, Le Petit Faucheux et Jazz à Tours s’acoquinent pour dézinguer les poncifs et accoucher d’Emergences, un festival qui, justement, montre que le genre n’a pas dit son dernier mot, qu’il reste toujours aussi vivant, libre et curieux, accessible à toutes et à tous.

Une programmation jeune

C’est l’un des axes intéressants et forts qu’a voulu mettre en place l’équipe d’Emergences pour cette nouvelle édition. « C’est une programmation très ‘’jeune’’ portée sur les nouveaux talents du jazz, dans toute la diversité de ce style “ mutant ” », comme nous l’a indiqué Jérôme Preus, chargé de communication.

Jeunes talents locaux et nationaux s’y croisent, différentes générations se mélangent. Il suffit de constater, par exemple, la venue d’Erik Friedlander, grand habitué de la scène downtown new yorkaise, qui viendra certes avec son quartet, mais donnera aussi une masterclass aux élèves de Jazz à Tours.

Idem pour la carte blanche à Noise Gate, l’association des (anciens mais pas que) élèves de l’école qui organisent quatre concerts dans quatre bars de la ville lors d’un « Barathon ».

Jazz 2.0

Et qui dit mélange des générations, dit mélange des genres. Du jazz tradi ? Il y en a. Du jazz contemplatif ? Aussi. Du jazz un peu fou, voire électro ?… Également ! Notamment le 10 novembre au Bateau ivre, avec Bada-Bada, grosse gifle qui prend ses compos jazzy en impro libre, pour les bidouiller à la sauce… électro ! Casser les clichés, surprendre, encore et toujours.

Et les femmes, dans tout ça ?

Eh bien, les femmes, justement, elles sont bel et bien là ! En force. Pour cette édition, réflexion a été menée sur la place des femmes dans le jazz. À cette occasion, une table-ronde aura lieu le samedi, à la Bibliothèque, autour de ce thème. Mené par Glaire Witch – que les auditrices et auditeurs de Radio Béton connaissent bien – ce débat se focalisera sur les jeunes artistes et laissera la parole aux musiciennes Yohna Lalanne, Coline Busquet, Jasmine Lee et Lina Noui. Elles présenteront d’ailleurs leur création originale et plus qu’audacieuse Mysterium, sur les planches du Petit Faucheux le soir-même.

Et seront suivies, le lendemain, par l’entité Suzanne, portée notamment par Maëlle Desbrosses et Hélène Duret. Le jazz dans tous ses états, qu’on vous disait…

Aurélien Germain / Photos : ouverture René Pierre Allain + deuxième : Laurent Vilarem

> Festival Emergences, du 9 au 13 novembre, à Tours (Au Petit Faucheux, salle Ockeghem, au Bateau ivre, à la bibliothèque centrale et dans les bars). Concerts payants ou gratuits, programmation en détail sur festivalemergences.fr et facebook.com/emergencesfestival

 

Patricia Barber montre la « voix » du jazz

Elle se fait plutôt rare en France. Mais le 23 janvier, c’est bien à Tours que Patricia Barber, pianiste virtuose et voix majeure du jazz, viendra. Pour voir cette musicienne de Chicago, fille de l’ancien saxophoniste de Glenn Miller, direction la salle Thélème !

Patricia Barber (Photo Jimmy Katz)

« C’est l’une des chanteuses de jazz les plus singulières de ces dernières années. » Ces mots sont gravés dans les pages du Los Angeles Times, sous la plume de l’auteur et critique célèbre Don Hackman. La chanteuse en question ? Patricia Barber. Une jazzwoman, une pianiste, une compositrice, une chanteuse.

Il suffit de laisser certains titres caresser vos oreilles, comme « Muse » ou encore sa reprise du « Black magic woman », pour se laisser bercer par le jazz vocal de la musicienne.
Et pour s’apercevoir que sa partition est riche, que Patricia Barber ne s’interdit rien. Emprunte différents chemins, alterne compos originales et « covers », envoûte avec sa voix grave et magnétique. Probablement des réminiscences de ses débuts comme leader d’un trio jazz dans les minuscules clubs chauds de Chicago, là où elle est née.

De Chicago aux grandes scènes

Cette banlieue de Chicago, d’ailleurs, Patricia Barber l’a rapidement dépassée. Les commentaires élogieux ont fait grandir sa réputation. Ses concerts, comme en 1988 au Chicago Jazz Festival, et ses deux premiers albums dans les années 90 ont contribué à son succès.

Elle qui pratique le piano classique depuis ses 6 ans a fait du jazz sa vie. Un dévouement, même. « J’avais cette musique en tête à longueur de journée », aime-t-elle rappeler. Il faut dire qu’avec un père saxophoniste qui a joué avec l’immense Glenn Miller…

A force de travail et de pratique, Patricia Barber a fini par collaborer avec le légendaire Green Mill. Ce club, dont on dit qu’il a d’abord appartenu à un lieutenant d’Al Capone (jetez un œil au décor, on s’y croirait !), est l’un des lieux-clés du jazz. Elle y passe encore, parfois, aujourd’hui.

Mais d’ici quelques jours, c’est ailleurs que Patricia Barber passera. Salle Thélème, à Tours, plus précisément et en formation trio, s’il vous plaît. Co-organisé par le Petit Faucheux, le concert risque bien d’afficher complet, la jazzwoman étant plutôt rare dans nos contrées. L’occasion rêvée d’écouter un jazz précieux et riche, contemporain et chanté, doté de textes finement écrits, parfaitement ciselés. Bref, le jazz, le vrai.

Aurélien Germain


> Vos places à gagner pour le concert de Patricia Barber trio

Envie d’aller écouter ou simplement découvrir le Patricia Barber trio ? Le concert, organisé par le Petit Faucheux, aura lieu salle Thélème, à Tours, le 23 janvier à 20 h 30. À cette occasion, tmv vous fait gagner des places.

Pour participer, envoyez un petit mail à redac@tmvtours.fr (objet : « jeu Patricia Barber ») avec vos noms et prénoms. Un tirage au sort pour désigner les gagnant(e)s sera effectué aux alentours vers le 17 janvier. Bonne chance !

 

 

Festival Émergences : le jazz pour tous

De nouveaux artistes, des sons inédits, Émergences, c’est le festival du jazz vivant et c’est pour tout le monde.

Anne Paceo sera au programme du festival.

Émergences, c’est un festival à deux têtes. D’un côté, Le Petit Faucheux, la fameuse salle tourangelle dédiée au jazz sous toutes ses formes et, de l’autre, l’école Jazz à Tours, une référence, elle-aussi. « Nous travaillons toute l’année ensemble, confirme Renaud Baillet, programmateur du Petit Faucheux, mais le festival est vraiment le point d’orgue de notre collaboration. Tout est fait à 50/50, du financement à la programmation. »

Un festival bien né, donc et qui a deux ambitions principales. « L’idée, c’est de programmer des talents émergents, de jeunes artistes issus de la scène locale ou nationale en début de carrière et en qui nous croyons. Mais la volonté, c’est aussi de mettre à l’honneur des formes émergentes de la musique jazz, de nouvelles esthétiques portées, parfois, par de très grands noms qui savent se renouveler. »

Et l’alchimie fonctionne. À ces deux lignes de force, on peut en ajouter une troisième, que l’on sent présente à tout moment : celle de rendre le jazz accessible à tous les publics. « Il arrive encore que le jazz fasse un peu peur à certains. Nous voulons montrer que c’est une musique qui s’adresse à tous. »

C’est la raison pour laquelle, Émergences (qui fête sa majorité cette année avec sa 18e édition) se paye une petite tournée des bars (le barathon) avec des musiciens, pour beaucoup étudiants de Jazz à Tours qui viennent se confronter à un public pas forcément habitué à cette musique. C’est aussi pour cela que le festival investit des lieux nouveaux, comme le musée des Beaux-arts ou le HQ (espace de coworking et pépinière numérique boulevard Béranger) pour des concerts ouverts à tous et gratuits.

« Plus de la moitié des nos rendez-vous sont gratuits, souligne Renaud Baillet et ces formes plus intimistes, pour des spectateurs non-initiés, sont très importantes pour nous. » Émergences, comme tout festival qui se respecte, c’est aussi des temps forts. Citons- en deux. La soirée d’ouverture avec la batteuse Anne Paceo, à La Pléiade de La Riche qui vient d’être sacrée artiste de l’année aux Victoires du Jazz.

« Un jazz teinté de soul, de pop et d’électro, c’est fascinant ! », s’enflamme Renaud Baillet. À noter également, toujours au chapitre ouverture, Alternate Cake, un concert commenté pour le jeune public, le mercredi 13 novembre, à 15 h 30. « On joue et on explique la recette, nous avions beaucoup de demandes des familles. Nous voulions y répondre. »


Au programme

♦Vendredi 8 novembre
Anne Paceo Bright Shadows, à La Pléiade de La Riche, à 20 h 30. De 8 à 25 €. Samedi 9 novembre Soirée West Coast, au Petit Faucheux, à 20 h. De 8 à 16 €.

♦Dimanche 10 novembre
Artdeko à l’Hôtel Gouin, à 15 h et 18 h, gratuit. Nosax Noclar, au HQ, à 16 h 30, gratuit.

♦Mardi 12 novembre
Grand ensemble Koa, au Petit Faucheux, à 20 h. De 8 à 16 €.

♦Jeudi 14 novembre
Le Barathon, de 18 h à 22 h, à la grande ourse, le Cubrik, le Shelter et le Balkanic. Gratuit.

♦Vendredi 15 novembre
Sylvain Rifflet Troubadour + Endless, au Petit Faucheux, à 20 h. De 11 à 23 €.

>Programme complet et infos pratiques sur festivalemergences.fr

Le groupe tourangeau Raoul Jazz Clan : un mélange entre jazz et slam

#EPJTMV Raoul Jazz Clan c’est « deux cultures brutes qui se rencontrent et créent une forme hybride ». À l’occasion du festival Quartier Libre, les Tourangeaux nous ont fait découvrir leur univers musical.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Vincent : À la base, ça a commencé avec mon projet de fin d’études au conservatoire, en novembre 2016. On s’est rencontrés au Strapontin (un bar à Tours, ndlr) qui diffuse beaucoup de jazz. Et là, je lance à Charlie : « Viens viens viens ! J’suis sûr que t’as plein de trucs à dire. » Il est venu prendre le micro. On a joué quasiment jusqu’à la fermeture. Le bar s’est rempli de nouveau. C’était vraiment LA rencontre. On se revoit quatre jours après. Je lui présente mon idée de projet et direct, ça « matche » à donf (sic). On se dit qu’on jouera la prochaine fois. Après avoir fini de boire le café il me dit : « T’as du temps ? ». De là est né le premier morceau : Aimer. L’histoire est un peu romancée (rires).

Et vous Samuel (basse) et Romain (clavier), comment avez-vous rencontré les autres ?
Samuel : Avec Romain on gravite autour du groupe. J’étais au conservatoire de jazz à Tours où j’ai rencontré Vincent et Romain. Vincent avait besoin d’un bassiste et il a donc pensé à moi.

Comment définiriez-vous votre identité musicale ?
V. : Aujourd’hui on parle de « slam-jazz-hip-hop ».
Charlie : Jazz hip-hop, parce que nous on fait pas forcément de slam. Le slam c’est sans musique, c’est vraiment la rythmique du texte qui importe. Par moment on se laisse aller avec des envolées lyriques. C’est peut-être pour ça qu’on se rapprocherait plus du slam.
V. : Après quand on parle de slam, c’est plutôt pour la poésie que ça évoque.

Est-ce que vous vous sentez proches du rap ?
C. : Dans ma formation, complètement. J’ai fait mes premières armes avec des rappeurs, puis des crews dans la culture hip-hop et un peu de mic (sic) à l’arrache.
Samuel : On écoute nous-mêmes beaucoup de rap. C’est un style qui nous influence à fond.

Avec quels musiciens avez-vous grandi ?
V. : Du Dalida ! (rire général).
S. : Je pense à un truc qui nous a fait kiffer avec Vincent : BadBadNotGood, notamment l’album en collaboration avec Ghostface Killah : Sour Soul. Il mélange vraiment le gros rap ‘ricain (sic) avec des instrus géniales.
C. : Dans le rap français, je suis très influencé par Oxmo Puccino, et le Saïan Supa Crew.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer ce style de musique particulier ?
C. : Deux cultures brutes se rencontrent et créent une forme hybride : la culture de Vincent, très jazz et la mienne avec des textes plus libres. Vincent est affranchi des codes du rap français. Moi, j’en suis plus imprégné. On ne cherche pas à rentrer quelque part, on cherche à faire un son qui nous fait kiffer.

Le groupe a participé à l’édition 2019 du festival Jazz à Vienne.

Vous avez participé au festival Jazz à Vienne, qui a réunit plus de 220 000 festivaliers pendant 16 jours. Une belle expérience ?
V. : Ça fait une belle vitrine. De supers conditions, avec des équipes compétentes. Se retrouver un peu loin de Tours, au soleil, aller tester ce répertoire avec un public de connaisseurs, c’est une belle expérience. On a peut-être des pistes pour des festivals dans ce coin l’an prochain.

Dans quels lieux préférez-vous jouer ?
V. : Chaque lieu a ses spécificités. J’aime bien le bar pour la proximité. Être vraiment avec les gens, contrairement à la scène. L’enjeu est de créer un lien, peu importe le lieu.
S. : Les gens ne savent pas ce qu’ils viennent voir, c’est ça qui est intéressant. Notre objectif est de faire ressentir des émotions, une vraie énergie qu’on transmet à notre public.

Est-ce que vous avez des projets en cours ?
V. : Il y a un clip qui va sortir en avant première sur France 3 Pays-de-la-Loire, le 23 octobre. On aimerait également enregistrer en 2020.

Et pour finir, un mot pour qualifier votre groupe ?
V. : Cactus mon gars ! (rires)
S. : Energisant.

Lucas Bouguet, Lise Lacombe et Amel Zaki.

Le Petit Faucheux : la petite salle qui voit grand

Trente ans que ça dure ! Et l’aventure mâtinée de jazz du Petit Faucheux n’est pas prête de s’arrêter.

(Photo archives NR)

L’aventure du Petit faucheux dure depuis plus de 30 ans. Trente ans de passion pour une musique, le jazz, qui se décline sous bien des formes et bien des couleurs.

Aujourd’hui, la petite salle de la rue Léonard de Vinci fait partie des incontournables du paysage tourangeau, au même titre par exemple, que les cinémas Studio ou de TVB.
Et, comme eux, le Petit Faucheux exporte l’image de la ville bien au-delà de ses frontières. .

« Nous sommes très reconnus au niveau national, confirme Françoise Dupas, directrice du lieu. Comme le Temps Machine, nous avons le label SMAC et sur les 90 établissements qui ont ce label en France, cinq seulement sont spécialisés dans le jazz. Et, parmi ceux-là, Le Petit faucheux est la plus importante en terme de jauge et de public. »

Pas pour une élite

Et cela place naturellement Tours parmi les places fortes du jazz en France. « Quand une tournée européenne se monte pour un artiste international et qu’il y a dix dates en Europe, dont seulement deux en France, très souvent, nous sommes une de ces deux-là. »
La force du label, mais la force de l’histoire et, surtout de la réputation globale de l’endroit. « C’est vrai que nous sommes très attentifs à l’accueil des artistes, cela participe à notre réputation et cela facilite la venue des têtes d’affiche », souligne Françoise Dupas.

Têtes d’affiche dont peuvent profiter des spectateurs tourangeaux qui ne se limitent pas aux seuls amateurs de jazz. « Il est très important pour nous de nous tourner vers d’autres publics, en co-produisant des spectacles avec d’autres, en participant à des festivals, en menant des actions auprès du jeune public et, aussi, en nous transportant dans des lieux où on ne nous attend pas forcément. »

Manière de rappeler que le jazz (mais c’est vrai aussi pour toutes les musiques, finalement) est une expression populaire, aucunement réservée à une élite d’initiés.

Brad Mehldau : serial pianiste

L’Américain Brad Mehldau, pianiste virtuose et influent, foulera les planches de l’Espace Malraux en formation trio le 7 mai. Portrait d’un jazzman atypique, capable de toucher un large public et qui n’hésite pas à découvrir d’autres territoires.

(Photo Elizabeth_Leitzell)

MERCI COLTRANE

Né en 1970, en Floride, c’est à 6 ans que le petit Brad commence à tapoter sur son piano. S’il travaillera son répertoire classique jusqu’à 14 ans, c’est à 12 ans qu’a lieu le déclic.
Dans un camp de vacances à Merrywood, un de ses copains de chambrée dégaine une cassette de My Favorite Things, de John Coltrane. La découverte est une véritable claque, « une initiation, une cérémonie ». « Quand je suis ressorti du dortoir, je n’étais plus le même », écrira-t-il dans son essai publié en 2010 et intitulé « Coltrane, Jimi Hendrix, Beethoven et Dieu ».

SOLO, DUO, TRIO

Le pianiste expérimente. Il teste tout. Brad Mehldau s’est essayé à la discipline du solo. Il a même tenté l’aventure du duo, exercice plutôt rare. Mais il joue aussi et surtout en trio – lancé en 1996 – et il y excelle. À ses côtés, le contrebassiste Larry Grenadier et le batteur Jeff Ballard, ses vieux compères. Des compagnons de route, des comparses de prédilection qui n’ont pas changé. En solo, en duo, en trio, dans la compo ou dans l’impro, Mehldau réussit tout avec brio.

Brad Mehldau en trio (Elizabeth_Leitzell)

UN JAZZMAN ROCKEUR

Brad Mehldau est reconnu pour être capable de passer du jazz au rock. Gamin, il dévorait des disques de pop et de rock progressif.
Aujourd’hui, son répertoire est large. Outre le jazz, il ne s’interdit pas de jouer des morceaux des Beatles, de Radiohead ou encore de Nick Drake, en se réappropriant leurs thèmes avec une facilité déconcertante.
Il suffit de filer sur Youtube et jeter un œil (et une oreille) sur son passage à Vienne en 2010 pour se délecter de sa reprise du Dream Brother, de Jeff Buckley. Ou encore quand il reprend le mythique Hey Joe de Jimi Hendrix et… Smells like teen spirit de Nirvana !
En 2010, dans Libé, Brad Mehldau clamait : « Que la vie serait triste sans rock ‘n’ roll ! » On valide.

SE FAIRE UN FILM

Le musicien n’hésite pas à sortir de sa zone de confort. Il a participé à des musiques de films. Cet « artisan du clavier », ainsi qu’il se surnomme, a ainsi jeté ses notes dans les longs-métrages Eyes Wide Shut, Space Cowboys, Ma Femme est une actrice…

ET EN VRAC

On peut dire de Brad Mehldau qu’il a tourné un peu partout, régulièrement invité dans les plus grands festivals de jazz du monde. On peut également dire qu’il est fan de poésie, amoureux de philosophie, qu’il a joué avec Charlie Haden et Joshua Redman, qu’il a enregistré son premier album en ‘95, qu’il s’est même frotté à du Bach, qu’il a reçu le prestigieux Prix Miles Davis à Montréal en 2006, que Pink Floyd a eu un grand impact sur lui, qu’en 2014 il avait eu un immense coup de coeur pour un groupe de… death metal !

> Brad Mehldau Trio, le mardi 7 mai à 20 h 30 à l’Espace Malraux. Organisé par le Petit Faucheux. Tarifs : de 18 à 35 €.
> bradmehldau.com et facebook.com/BradMehldau

 

Jazz : Baptiste Trotignon, pianiste unique

Attention, concert exceptionnel ! Ce vendredi 22 mars, le pianiste Baptiste Trotignon partagera la scène avec Joe Lovano. Retour sur la carrière d’un compositeur hors-pair.

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(Crédit Photo Hélène Pambrun)

AUTODIDACTE

— Baptiste Trotignon naît en 1974, en région parisienne. Enfant, il est poussé par son père à poser ses mains d’abord sur un violon. Il essaye. Mais la sauce ne prend pas. En revanche, lorsqu’il découvre le piano deux ans plus tard, c’est la révélation.
C’est dans la Drôme qu’il va se familiariser avec l’instrument, grâce à une vieille dame atteinte de la maladie de Parkinson ! À 10 ans seulement, il joue déjà du Moussorgski. Ses premières impros, en autodidacte, le pousseront naturellement vers le jazz. Baptiste Trotignon vient de tomber amoureux d’un son et d’un genre qu’il épousera toute sa vie.

PASSION JAZZ

— Grâce à un passage au Conservatoire de Nantes, Baptiste Trotignon peaufine son approche du piano. À 13 ans, il considère sérieusement la musique, mais hésite encore entre le classique et le jazz. Mais c’est ce second qui finit par occuper l’esprit de l’ado.
Le swing l’excite. Il découvre des disques, des artistes. À 16 ans, il donne son premier concert. La vingtaine tout juste passée, on le verra même dans le film Le Nouveau Monde, dans le rôle… d’un jeune pianiste ! Ce style de prédilection est partout. L’attirance terrible pour la liberté de l’improvisation fera de lui l’une des références en matière de jazz français contemporain.

MULTIRÉCOMPENSÉ

— Qui dit Trotignon, dit multiples récompenses. La carrière du musicien a été jalonnée de prix divers. En 2001, avec « Fluide », le premier disque de son trio, il récolte un Django d’or d’espoir. Puis tout s’enchaîne : Prix Django Reinhardt de l’Académie de jazz, Grand Prix du Concours international Martial Solal, Révélation française aux Victoires du jazz… Tout ça alors qu’il n’a, à l’époque, que 31 ans.

UN VIRTUOSE ?

— Le musicien est humble. Baptiste Trotignon aime la virtuosité, mais ne s’estime pas virtuose. « Je vois plus mes éternelles lacunes pianistiques que je n’arrive toujours pas résoudre », disait-il dans une interview à orchestre-ile.com Mais il reste conscient d’avoir travaillé dur quand il était jeune. Un apprentissage féroce de la technique pour rester fluide. « Le piano est consentant », aime-t-il à dire, reprenant la phrase de György Sebök.

DES RENCONTRES

— Le parcours de l’artiste est aussi un chemin de rencontres. Des concerts avec Tom Harrell ou le grand Brad Mehldau par exemple. Mais aussi des collaborations avec David El Malek, Otis Brown III, ou encore le percussionniste Minino Garay. Cette semaine, les amoureux de jazz pourront le voir aux côtés d’un autre immense musicien : Joe Lovano. Et ça, c’est à Tours que ça se passe.

>>Pratique : Baptiste Trotignon et Joe Lovano, en concert le 22 mars, à 20 h, salle Thélème. Organisé par le Petit Faucheux. Tarifs : de 11 à 23 €.

Musiciens de jazz et migrants mineurs réunis pour un concert

Immersion pendant la première répétition d’un concert unique, mêlant musiciens de Jazz à Tours et mineurs migrants accueillis à Amboise. À la baguette, le compositeur Jonas Muel.

Alya, le “ rigolo ” (à droite) et Ibrahima, le “ grand ” passent le message : « Nous sommes tous les mêmes ».
Alya, le “ rigolo ” (à droite) et Ibrahima, le “ grand ” passent le message : « Nous sommes tous les mêmes ».

Au milieu des vignes, le silence se rompt. La modeste mairie de Cangey laisse s’échapper des fragments de jazz et des voix graves. Dans le fond de la salle des fêtes attenante, un groupe de musiciens répète.

« Tu es pressée ? On va faire le filage du spectacle », m’indique le décontracté Jonas Muel, compositeur et saxophoniste du groupe Ultra Light Blazer. Installé dans cette commune près d’Amboise, c’est lui qui a eu l’idée du projet : faire slamer des jeunes migrants isolés sur une musique interprétée par les étudiants de Jazz à Tours. « Je connais Cécile Labaronne, présidente de l’association AMMI-Val d’Amboise créée en mars. Elle hébergeait à un moment trois jeunes isolés, moi je me suis dit que je pouvais aider à ma façon en faisant ça et que ça servait à tout le monde », décrit celui qui mêle déjà au sein de son groupe le hip hop et le jazz.

C’est dans la salle municipale de Cangey que sera donné ce mercredi soir le premier concert de restitution.
C’est dans la salle municipale de Cangey que sera donné ce mercredi soir le premier concert de restitution.

Au micro, Alya et Ibrahima répètent le refrain : « nous sommes tous les mêmes ». Les jeunes hommes en survêt et baskets scandent avec conviction ce message qu’ils ont écrit contre le racisme. Un peu crispés au départ, ils se détendent au fil des solos de batterie ou de trombone.
Plus habitués à écouter les rappeurs Kaaris ou Nicki Minaj que la chanteuse Etta James, ils découvrent avec plaisir l’univers du jazz. Découvrir des choses. Ils n’arrêtent pas depuis qu’ils sont ici. Thierno, Alya, Ibrahima et Dizzoum, les quatre mineurs d’Afrique de l’Ouest qui participent à ce projet, sont arrivés il y a quelques mois en France. Chacun avec comme bagages un parcours chaotique, une histoire plus ou moins douloureuse et une réelle motivation pour s’améliorer en français et parler de ce qu’ils vivent.

COMMENT ON FAIT POUR DRAGUER ?

« Je trouve qu’il y a beaucoup de racisme, des gens méchants, nous voulons leur dire d’arrêter », explique avec ses mots, le “ grand ” Ibrahima. Scolarisé en 3e, il a commencé à apprendre le français il y a six mois. Sa langue maternelle, le bambara du Mali, ne lui sert guère à communiquer avec les autres jeunes et encore moins avec les filles. NEWS_migrants3

La séduction, c’est d’ailleurs le thème d’une des chansons qu’ils ont écrites avec le slameur et poète Olivier Campos pendant leurs huit heures d’ateliers d’écritures. « Comment on fait pour draguer ? Il faut commencer par dire bonjour… », débutent les apprentis rappeurs appliqués à la prononciation de chaque mot. « Je les ai entendus discuter à ce propos, ils savent dire les choses directement mais ont la délicatesse et la pudeur de ne pas vouloir froisser la jeune femme à qui ils s’adressent », décrit l’artiste de Cergy-Pontoise, “ spécialisé ” dans ces ateliers d’écritures.
Des adolescents de 15 ans et plus qui ont les mêmes préoccupations que les autres, ou presque. « Ils ont beaucoup de choses à dire, des choses parfois très difficiles, mais ils ont deux choix : en parler et évacuer ou bien oublier pour passer à autre chose », ajoute-t-il.

Une semaine avant le premier concert, c’est l’heure des derniers ajustements à Cangey.
Une semaine avant le premier concert, c’est l’heure des derniers ajustements à Cangey.

« Le passé, c’est différent. J’ai appris beaucoup de choses nouvelles ici », répond Ibrahima qui a choisi la deuxième option. Après tout, « le but, c’est que tout le monde s’amuse », insiste Jonas Muel. Y compris les musiciens, Florent, Jean-Baptiste, Nicolas, Léo, Magalie, Romain, Rémi, Arielle et Antoine, qui ont rejoint le projet pour ses volets social et musical. Quand Thierno révèle les paroles de sa déclaration d’amour à « la femme française », les sourires fusent dans l’assemblée.
Plus frêle que ses coéquipiers, ce rappeur déroule un texte plein de poésie et de profondeur, ponctué de « j’te love » et de « babey ». Un jeune homme « plein de talent, mais il ne faut pas trop le lui dire », indique Olivier Campos. Il a découvert le slam lors de la fête de la musique en balançant ses premiers textes et y a pris goût. « J’ai composé pour l’occasion la musique qui accompagne le texte de Thierno sur son “ frérot ” qu’il a perdu pendant la traversée et plus généralement de ceux qui meurent en passant », précise Jonas Muel.

L’autre composition spécialement écrite pour le projet et pour laquelle les neufs musiciens de Jazz à Tours se donnent à fond, c’est la clôture de ces trente minutes de spectacle. Un zouk qui fait taper du pied, sur lequel les slameurs se transforment en danseurs. Libérés. Avec l’envie de continuer à écrire des chansons et de parler encore mieux le français pour faire tomber les barrières.

> Deux restitutions auront lieu en premières parties du groupe Ultra Light Blazer : Mercredi 14 novembre, à 20 h, à Cangey, salle des fêtes. Vendredi 16 novembre à 20 h, en clôture du festival Émergences au Petit Faucheux. Tarifs : 8 € à 16 €.

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Festival Émergences : un marathon de jazz

Le festival Émergences c’est déjà demain ! Et c’est parti pour huit jours de jazz et de musiques du monde à travers la ville. Jeudi 15 novembre, embarquez aussidans un « barathon » organisé par Noise Gate, association de Jazz à Tours.

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(Photo tmv)

Le festival Émergences, organisé par le Petit Faucheux et Jazz à Tours, donne carte blanche à l’association Noise Gate pour mettre en musique le Barathon. Pouvez-vous vous présenter ?
Noise Gate : Nous sommes l’association des élèves, des anciens élèves, des professeurs et des anciens professeurs de Jazz à Tours. Noise Gate existe depuis une dizaine d’années maintenant. C’est la deuxième année qu’on organise le Barathon, toujours de façon assez autonome. On s’occupe également le reste de l’année de concerts avec les élèves de Jazz à Tours et de soirées avec Le Petit Faucheux comme lors de l’Open Jam. Nous sommes un noyau fixe de six personnes accompagné d’un comité d’administration et de bénévoles.

« Barathon », c’est un mélange entre les mots « bar » et « marathon ». Expliquez-nous le principe ?
C’est un événement qui existe depuis pas mal d’années. Le temps d’une soirée, l’idée est de se balader de bar en bar en centre-ville et d’assister à différents concerts dans des lieux conviviaux. On essaye de changer les partenaires au fil des éditions pour faire découvrir de nouveaux endroits. Ce sont des lieux avec une activité culturelle à l’année.

Quand se déroule-t-il cette année ?
Nous proposons quatre concerts gratuits jeudi 15 novembre, un dans chaque bar, de 18 h à 22 h. On part de la rue du Grand marché et on s’avance en ligne droite vers la rue du Commerce et la rue Colbert. Chaque prestation dure environ 45 minutes pour que le public ait le temps de se déplacer et d’assister, s’il le souhaite, à tous les concerts. Mais certains n’en feront qu’un et resteront boire un verre avec les musiciens, d’autres prendront le convoi en route en passant par hasard devant. L’idée c’est aussi de faire découvrir le jazz et la musique du monde à ceux qui ne viennent pas forcément dans des salles de concerts.

Comment avez-vous préparé cette programmation ?
Ce sont tous des talents locaux, dont au moins un membre fait ou a fait partie de Jazz à Tours comme professeur ou élève. Guillaume Haddad, ancien élève pianiste, connaît bien le vivier musical local et nous a proposé une liste de musiciens jazz et musiques du monde. Nous travaillons sur ce projet depuis un an et demi et nous avons gardé nos coups de cœur dans cette sélection.

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Barathon 2017 (Crédit Coing Tete)
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Tinkty Boom

Pouvez-vous nous décrire les concerts à venir ?
On va monter en intensité dans la soirée, au fil des concerts. On commence à 18 h, par un bar cosy, le Bistro 64, rue du Grand Marché, avec le Duo Garcia. Ce sont deux frères qui s’inspirent des musiques de l’Afghanistan, de la Turquie, du Maroc et de l’Andalousie. Ensuite, direction le Winchester, rue du Commerce, à 19 h, avec Pottok on The Sofa. Là on sera plus sur de la chanson pop, jazz et bossa, à travers trois voix de chanteuses qui interprètent leurs titres en espagnol, anglais et français. Ce sont trois sœurs qui ont baigné dans la musique dès leur plus jeune âge et sont toutes passées par Jazz à Tours. L’une d’elle y est d’ailleurs encore.
On continue à La Réserve, rue Colbert, à 20 h, avec Tinkty Boom. C’est cette fois-ci vraiment jazz, ça swingue comme dans les années 30 et 40. Le trio tient son nom d’une expression du saxophoniste Lester Young qui a inventé ce terme pour caractériser la sobriété, la fluidité et l’efficacité du swing souhaité dans le jeu des batteurs qui l’accompagnent.
Et enfin, à 21 h, on termine au Spot, nouveau bar installé au 124 rue Colbert. On y a invité Troisième démarque. Ce trio, dont deux des membres viennent tout juste de sortir de Jazz à Tours, crée une musique écrite et improvisée aux influences jazz et modernes. Ils s’emparent des sons chauds et veloutés de la « west coast » des années 50 pour dérouler un jazz dans la lignée des trios acoustiques de Jimmy Giuffre.

Qu’est-ce-que l’organisation de ce Barathon apporte à Noise Gate ?
Noise Gate : C’est un moyen d’acquérir des connaissances dans la production, la programmation, l’administratif et la technique. On apprend aussi à aller vers les gens et à communiquer, que ce soit vers des artistes ou des lieux de diffusion. Les élèves bénévoles apprennent par la même occasion ces notions et nous pouvons échanger nos connaissances entre nous, notamment au niveau technique. On essaye d’impacter un maximum les élèves dans l’organisation de ces concerts car ça fait partie de la formation au métier. Noise Gate est un immense réseau, une fourmilière où se rencontrent les élèves et professeurs et où naissent des formations musicales.
Le Petit Faucheux : Cette association connaît bien le réseau de musiciens locaux, avec des groupes que parfois on ne connaît pas car les musiciens sont jeunes. Ils apportent ainsi leurs connaissances et leur sensibilité à ce festival, c’est pour ça qu’on les a choisis.

@ www.festivalemergences.fr

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Des invités de marque au festival

Le jazz va réchauffer l’ambiance à Tours, du 8 au 16 novembre. Cette année, deux événements phares marquent le festival Émergences.

> OSLO
Le premier événement à ne pas manquer se déroule jeudi 8 novembre. C’est le concert de l’Orchestre national de jazz Olivier Benoit. « Après Paris, Berlin et Rome, Oslo est le dernier programme de l’orchestre et il nous a beaucoup plu », révèle le programmateur du Petit Faucheux, Renaud Baillet. « Il y a un côté plus pop, une place plus importante laissée à la voix. Et c’est assez exceptionnel de les voir passer chez nous ! » Une écriture aux confins du jazz, de la musique répétitive, minimaliste et du rock, qui s’inspire de la singularité architecturale de cette capitale du nord de l’Europe, à la fois moderne et traditionnelle.
À 20 h, jeudi 8 novembre, au Petit Faucheux. Tarifs : de 8 € à 16 €

> JAZZ MÉTISSÉ
Second moment fort du festival, la venue de Jowee Omicil, vendredi 9 novembre. « Ce jeune saxophoniste qui monte a vécu à Haïti et au Québec, il a aussi voyagé dans le monde entier et s’est installé en France, énumère Renaud Baillet. Il vient présenter son nouvel album Love Matters! impregné des musiques du monde. » Ce « virtuose » sait jouer de tous les instruments à vent, « c’est spectaculaire » encense le programmateur conquis. Son quartet est composé d’un piano, d’une basse, d’une batterie et de lui, Jowee Omicil, qui joue de tout le reste : selon les morceaux on le retrouve au saxo, à la clarinette, à la flûte, à la trompette ou au chant. Une musique « joyeuse, dansante et populaire ».
À 20 h 30, vendredi 9 novembre à La Pléiade, La Riche. Tarifs : de 8 € à 14 €.

> C’EST GRATUIT !
En dehors du Barathon, deux autres concerts sont proposés aussi gratuitement pendant le festival, l’après-midi du samedi 10 novembre, dans des lieux de concerts originaux. Élodie Pasquier Solo à l’Hôtel Gouin à 16 h, présente des compositions et improvisations à la clarinette. Ensuite, à 17 h 30, le même jour, au HQ, espace de coworking impasse du Palais à Tours, le duo constitué de Laura Perrudin, harpiste et Thibault Florent, guitariste, propose une ambiance rappelant certaines musiques électroniques.

> POUR FINIR EN BEAUTÉ
Ultra Light Blazer clôture la semaine, vendredi 16 novembre. « C’est un mélange entre hip hop et jazz monté par Jonas Muel – saxophoniste et compositeur – et Edash Quata – MC et auteur de textes – », décrit le programmateur. Pour accompagner le flow du rappeur et le saxo, Mathieu Debordes aux claviers, Guillaume Marin à la basse et Julien Serié à la batterie. À 20 h, au Petit Faucheux. Tarifs : de 8 € à 16 €

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VSSVD: « Le rap est la descendance de la chanson française »

Leur groupe s’écrit VSSVD mais prononcez-le Assad, « le lion » en arabe. Qualités littéraires et influences jazzy font de ce quintet de hip-hop acoustique une pause poétique. Présent au festival Aucard de Tours, tmv est allé à leur rencontre.

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Écrire des textes en français était important pour vous ? 

Vincent. Je suis issu d’une famille de la chanson française. Mon père est chanteur depuis plus de cinquante ans. Mon grand frère a accompagné, pendant très longtemps, Loïc Lantoine qui a été une figure de proue de la scène française. J’ai été éduqué à coup de chanson française. Pour moi, le rap est la descendance de la chanson française. Avec Romain, le pianiste, on avait la volonté d’accompagner un rappeur sur des textes en français. Je connaissais Alex [Bash] depuis longtemps, je savais qu’il avait une grande culture hip-hop. On lui a proposé d’écrire des textes et on a découvert une petite pépite.

Tu as fait des études littéraires ? 

Bash. J’ai toujours aimé écrire. Quand j’étais plus jeune, j’avais mon petit blog de poèmes. Ma mère écoutait énormément de Brassens. Après, cette écriture est venue aussi parce que Vincent m’a poussé. Au début, je ne pensais pas pouvoir réellement le faire. Je ne pensais pas en avoir l’envie. Je ne pensais pas aimer ça. Petit à petit, je me suis aperçu que ça me faisait du bien, que ça m’amusait pas mal aussi et que j’étais bon à ça.

Tu parlais de Brassens, dans votre deuxième EP, Hypertendresse, il y a le morceau La complainte du pornographe. C’est un clin d’œil à la chanson Le pornographe de Brassens ? 

B. Tout à fait. Il y a pas mal de clins d’œil à des artistes de la chanson française dans mes textes.

V. D’ailleurs, il y a une punchline de Bash qui dit « Nous, c’est Brassens qu’on aime alors embrasse-les tous ». C’est une chanson de Brassens.  Sur votre EP, une chanson interpelle : Chatila. Elle fait référence au massacre de Chatila.

C’est un morceau très dur. Pourquoi écrire sur un tel sujet ? 

B. Le film Valse avec Bachir m’a pas mal retourné. C’est une situation qui est complexe, tendue, violente. Pourtant, il y a une beauté et une poésie qui se dégage de tout ça. Je trouvais le film poétique, esthétique. J’ai tiré cette poésie du film pour en faire un morceau. Ce qui est compliqué, c’est de rendre poétique l’horreur de la situation. Et puis, globalement, je suis assez fasciné par le Liban. Historiquement, c’est un pays qui a énormément mélangé les communautés. Pour moi, un des défis du XXIe siècle est de pouvoir vivre ensemble, entre communautés.

V. Après, musicalement, on ne veut pas se revendiquer comme un groupe engagé. Ce morceau raconte juste un drame.

Vous pourriez faire des morceaux politiques ? 

V. Entre nous, on discute beaucoup de politique, mais ça ne va pas être un des critères artistiques d’Assad. On ne s’interdit pas un jour de le faire, mais pour l’instant, ce n’est pas notre objectif. Il y en a qui le font très bien, il y en a qui le font très mal. Quand c’est mal fait, c’est souvent très maladroit. On n’a pas envie de prendre ce risque là.

B. À chaque fois, on essaie de raconter une nouvelle histoire. Si on a de la poésie à tirer de tout ça, on le fait. Mais on n’a pas réellement de démarche politique. On est plus poétique que politique.

Stand High Patrol: « L’expérimentation fait partie de notre démarche »

En 2017, Stand High Patrol publiait l’album The Shift, hommage au hip-hop des années 90. Le groupe puise son inspiration partout. Ce mélange des genres provoque un son unique qui leur a permis de s’imposer dans le milieu du dub.

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Vous avez une palette musicale extrêmement large. Ce que vous proposez est un style qui vous est propre ?

Rootystep. C’est ce que nous essayons de faire. Si on nous le dit, on est plutôt content. On s’influence de divers styles musicaux et on en propose quelque chose de différent.

Mac Gyver. Avec Rootystep, on s’est rencontré au lycée. On était tous les deux mélomanes. Le peu que je connaissais du reggae ne m’avait pas emballé. J’étais plus hip-hop et musique électronique. Rootystep m’a fait découvrir le sound system, un autre pan du reggae assez différent des groupes qui jouent sur scène. Après, on écoute de tout. On ne s’arrête jamais d’écouter de la musique. La musique qu’on fait est perpétuellement influencée.

Parmi toutes vos influences, il y a aussi le jazz. Cela a pu en surprendre voire en dérouter plus d’un. Le jazz coïncide avec ton arrivée Merry ? Comment s’est faite cette collaboration ?

Merry. Avec Mac Gyver, on se connaissait depuis quelques années. Au début, les sonorités de Stand High Patrol étaient plus électroniques, dub digital. Puis ils ont commencé à utiliser de plus en plus de samples de batterie jazz. Pour le deuxième album, ils pensaient déjà à faire intervenir un cuivre. Depuis quatre ans, je suis tout le temps avec eux.

M.G. Petit à petit, Pupajim [le chanteur du groupe] a eu un penchant pour le jazz. Écouter du jazz était devenu son obsession. Avant même de penser à Merry, Pupajim voulait déjà que ce deuxième album soit orienté jazz.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HEYwl0GCWiU&list=PLSEjBwpInLJDPGCjvtULlAbc50cSC68RM&index=1[/youtube]

Est-ce qu’on peut dire que vos albums sont des laboratoires dont vous êtes les chimistes ? On a l’impression qu’avec vos sons, vous expérimentez de nouvelles choses ?

M.G. L’expérimentation fait partie de notre démarche, autant dans les choix d’influences que dans l’équipement que dans les choix des morceaux. Les disques qui sortent dans le commerce, tu peux les écouter où tu veux. Mais à côté de ça, on compose des morceaux uniquement faits pour le live. Il y a des morceaux qu’on va jouer qu’une fois, parce qu’on sait qu’il sonnera bien à fort volume et pas forcément sur un disque. C’est une autre manière d’appréhender la musique. On pense surtout au moment où on va le jouer et pas forcément à comment il va être écouté à la longue. Un sound system a sa propre sono. Le matériel s’adapte au fur et à mesure de l’usage. Le son n’est jamais le même. A cause du matos, on est incapable de rejouer deux fois la même chose. Après, c’est aussi comme ça qu’on aime jouer.

Quand on est un sound system, on a l’habitude de jouer plusieurs heures. Ce système de festival où vous avez une heure de show n’est-il pas un peu frustrant ?

R. On ne va pas dire que c’est frustrant, mais différent.

M. Plus le set est cours, plus on le prépare. On aime bien avoir des sets de deux heures voire trois pour pouvoir montrer notre palette musicale.

M.G. C’est dur de faire voyager les gens en une heure mais d’un autre côté, ça nous permet d’aller directement dans des choses plus efficaces. On n’aime pas avoir des sets formatés. A chaque date, le set est différent. On essaie de se surprendre nous même pour essayer de surprendre le public.

R. On essaie toujours de laisser une place à l’improvisation.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=2OTcDQWKGBo[/youtube]

Omar Sosa, Cubain du monde

Jeudi 12 avril, c’est une star de la musique afro-cubaine qui débarque à Tours pour un concert à la salle Thélème organisé par Le Petit Faucheux. Entre deux avions, le pianiste Omar Sosa a accepté de répondre aux questions de Francis Genest, musicien lui-aussi, Tourangeau et spécialiste de la musique cubaine. Echanges croisés.

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Depuis son premier album, « Free Roots » sorti en 1997, Omar Sosa n’a cessé de surprendre par son inventivité, à l’image des multiples facettes de son univers musical : jazz, musique classique, musiques cubaines, hip-hop… le tout sans ostentation et avec, encore et toujours, l’Afrique et l’humanisme en toile de fond. Diplômé de l’Institut Supérieur des Arts de La Havane, il saupoudre ses compositions et improvisations de citations subtilement effleurées, saluant au passage Debussy, Thelonious Monk, ou différents pans de sa culture cubaine. Pratiquant de la santería afro-cubaine il est fils d’Obatala, divinité symbole de sagesse et de pureté qui nettoie les chemins de la vie avec une queue de cheval. C’est sa deuxième visite à Tours.

Omar, comment s’est passée cette tournée américaine avec le joueur de kora sénégalais Seckou Keita et le percussionniste vénézuélien Gustavo Ovalles ?
Génial ! Je suis amoureux de ce projet, c’est incroyable de voir les réactions du public à cette musique du monde, partout où on l’a jouée. Cette création ne se nomme pas « Transparent Water » par hasard, c’est une musique plutôt contemplative, en connexion avec la nature, la simplicité de la vie, le partage… Qu’y a-t-il de plus important que l’eau ? L’eau est un problème pour une grande partie de l’humanité et, symboliquement, le fait qu’elle soit transparente signifie qu’on peut la boire, c’est vital !

Parle-nous de la formation « Cuarteto Afro-Cubano » avec laquelle tu vas jouer à la salle Thélème… NEWS_SOSA 03
C’est une rencontre musicale et humaine très importante, avec encore une fois les connexions entre Cuba et l’Afrique : des musiciens de Camaguey, la ville cubaine où je suis né, et un bassiste du Mozambique. Comme un groupe de frères qui mettent leur talent au service de mes compositions, le rêve ! L’intitulé du groupe révèle une partie de ce que vous allez entendre, un jazz avec beaucoup de références à la musique afro-cubaine !

Cette quête de tes racines africaines semble vraiment être au centre de ta démarche musicale…
C’est fondamental ! L’afro-cubanité est la base de toute mon inspiration, un moyen de chercher la lumière, la paix, de mettre de l’harmonie et de la sincérité quelque soit la musique jouée.

Tu es fils d’Obatala dans la santería afro-cubaine, quelle est l’importance de cette spiritualité dans ta vie, dans ta musique ?
Obatala est le symbole de la pureté, et la mission de l’artiste est de traduire ce message de paix, de démontrer que l’unité est possible : c’est la politique qui amène les conflits ! La spiritualité n’est pas une question de religion, tout le monde peut la percevoir, elle est partout autour de nous : le feu, l’air, l’eau, les oiseaux, la nature. L’art doit servir cette conscience, aider à faire le tri entre les énergies positives et négatives.

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Retournes-tu jouer à Cuba de temps en temps ?
Non , malheureusement, il y a bien longtemps que je n’y suis pas allé, je n’ai pas de soutien pour aller jouer là-bas. Je te parlais tout à l’heure de la politique, du pouvoir, qui créent des problèmes et vont à l’encontre de la fraternité… Et les conséquences sont les problèmes actuels de racisme, de sensationnalisme ! Je vis entre les États-Unis et la Catalogne, il n’y a qu’à voir les indépendantistes catalans : dès qu’on pense différemment on se fait traiter de fasciste !

Tu as une formation de percussionniste, continues-tu à travailler ce domaine ?
Pas vraiment, je joue de temps en temps du vibraphone ou du marimba mais pas de percussions traditionnelles comme les tambours batá afro-cubains. Le piano est ma vie ! Tu as beaucoup joué avec Anga Diaz, incroyable percussionniste cubain décédé en 2006 à l’age de 46 ans.

Écoutes-tu la musique de ses filles qui font une belle carrière avec le duo Ibeyi ?
Oui bien sûr, elles ont hérité de la force de leur mère et de l’esprit de leur père… Leur chemin sera magnifique si elles parviennent à rester humbles, et pourquoi ne pas jouer ensemble un jour ?

FRANCIS GENEST, CUBAIN DE TOURS

Francis est musicien, percussionniste spécialisé dans la musique latine et le jazz. Une adolescence en Polynésie, une grand-mère uruguayenne et un goût plus que prononcé pour les voyages, il n’en fallait pas plus pour qu’il se retrouve à Cuba, dans les meilleures familles de Son pour apprendre tous les secrets de cette musique ensoleillée. Aujourd’hui, il trimballe par monts et par vaux le son de la Havane dans la plus pure tradition du genre avec sa formation, le Trio Canto. Francis a rencontré Omar Sosa à la fin des années 90, lors du premier passage du pianiste à Tours, à l’initiative, déjà, du Petit Faucheux. « On m’avait demandé de faire l’interprète, comme je le fais souvent avec les musiciens cubains qui viennent en Touraine. Finalement, Omar, ses musiciens et l’équipe du Petit Faucheux, tout le monde était venu manger chez moi. On avait le boeuf, la rumba cubaine. C’était vraiment très sympa », se souvient- il.

>>Ses prochaines dates : 20 avril, au Grand Café, à Ecueillé (36), avec Trio Canto / 13 mai, à Semblançay, avec la Comparsita (groupe de carnaval cubain) / 21 juin, à Vouvray dans le cadre du festival ARTeCISSE, en duo avec Christelle Grôjean / 23 juin, à Azay-sur-Cher, avec le Trio Canto.

24 heures au Petit Faucheux, l’antre du jazz

Pour ses 30 ans, le Petit faucheux s’est offert le regard de la photographe Géraldine Aresteanu. Elle y est restée du vendredi 12 mai, 6 h, au lendemain matin, 6 h.

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6H. Au lever du jour, la fée du logis Aude Falgairette (également musicienne) ouvre la porte la première. Pièce par pièce, elle fait sortir les lieux des ténèbres.

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9H. Un café ? Isabelle Boulanger, chargée du développement culturel prépare l’indispensable potion magique pour démarrer la journée.

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10H. La salle de spectacle dort encore, l’endroit est calme et serein, même si tout le monde est déjà sur le pont pour préparer le concert du soir.

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14H. On dort peu quand on travaille au Petit faucheux. Mais parfois, on se fait surprendre par Morphée.

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18H. Les techniciens opèrent un dernier numéro d’équilibriste avant l’arrivée des artistes pour les mettre en lumière.

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19H. Les bénévoles arrivent avec les courses pour le repas des artistes. Lucille Richard et Louise Aimé sont rodées.

… Pour voir la suite du portfolio, n’hésitez pas à lire notre dernier numéro (n°268) !

LA PHOTOGRAPHE : Géraldine Aresteanu
Photographe entre Orléans et Tours, Géraldine Aresteanu réalise depuis 2014 des reportages pendant lesquels elle raconte en 100 photos toute la journée d’une personne. Et depuis peu, elle s’imprègne aussi pendant 24 h (pas une minute de moins) d’un lieu. « Je trouvais que je ne passais pas assez de temps avec les gens, grand max’ une heure. Là, je suis tout le temps avec eux, je les suis comme une glu. Je dors chez eux, avec eux parfois, ils finissent par l’oublier, s’habituer », raconte-t-elle.
Le pianiste de jazz Jacky Terrasson, le circassien Yoann Bourgeois ou encore le chanteur de cabaret Jérôme Marin sont passés par-là. La direction du Petit faucheux entend parler de ce projet grâce à la graphiste des lieux et passe commande pour une exposition qui marquera les 30 ans des lieux.

Du vendredi 12 mai, 6 h 15 au samedi 13 mai, Géraldine a donc suivi les faits et gestes des travailleurs qui traversent ce lieu mythique. Le Petit faucheux est seulement le second lieu qu’elle photographie de la sorte, après le Moulin Rouge. Espérons qu’il ait une aussi longue vie !
> Exposition visible du jeudi 5 octobre au 21 décembre, dans le hall d’accueil du Petit faucheux, du mercredi au vendredi, de 13 h à 19 h et les jours de concerts à partir de 13 h.
> Et sur : www.24h.geraldinearesteanu.com

3 questions à…
SYLVAIN MOUSSET, PRÉSIDENT DU PETIT FAUCHEUX

QU’EST-CE QU’ON PEUT RETENIR POUR LES 30 ANS DU PETIT FAUCHEUX ?
Pour les 25 ans, nous avions réalisé un travail sur l’histoire du lieu, résumé dans un livre. Pour les 30 ans, nous pouvons dire que nous avons gardé beaucoup de continuité dans le jazz et la musique improvisée. Il y a des choses très fortes et qui durent comme le blues et le jazz de la Nouvelle Orléans, mais nous essayons aussi d’être attentifs à comment cette tradition se perpétue et se transforme.

EN QUOI LE JAZZ S’EST TRANSFORMÉ ?
Le jazz a intégré différents styles de musique comme le rock, le hard rock, le metal, l’électro, la musique contemporaine et même digéré le rap. Nous essayons donc de travailler dans ce champ esthétique et d’en être le reflet. Il y a aussi aujourd’hui un niveau technique des nouveaux musiciens qui est plus élevé qu’avant et ils n’ont pas une culture uniquement jazz. Nous les soutenons dans leur création. Avant, nous étions jazz, jazz, jazz, désormais, on travaille avec le Centre chorégraphique national de Tours autour de l’impro et des écrivains ou scénaristes viennent en résidence.

LE PETIT FAUCHEUX S’EST LUI AUSSI OUVERT ?
Nous faisons venir les gens et nous allons vers eux à travers des actions culturelles. Nous accueillons une centaine de concerts mais le lieu est ouvert beaucoup plus tout au long de l’année pour accueillir les répétitions, les créations, les enfants du chœur du Petit faucheux… On développe aussi le panel du public avec un travail en accord avec les écoles primaires, les collèges et lycées, sans oublier la petite enfance, la prison de Tours, ou encore l’hôpital Clocheville.

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Joe Lovano : monstre sacré du jazz

Le jazzman mythique Joe Lovano est en concert à Tours cette semaine. L’occasion rêvée pour tmv de passer un coup de fil au musicien qui s’est entretenu avec nous, en direct de New York.

(Photo Jimmy Katz)
(Photo Jimmy Katz)

Ce qui frappe, d’abord, c’est sa voix. Joe Lovano a le timbre grave. Parle posément, doucement. Le jazzman articule ses phrases mais laisse traîner certains mots. Comme beaucoup d’Américains, ses « you know » (« vous savez ») sont une ponctuation à part entière.
Il est 16 h 20, six heures de moins à New York, lorsqu’il prend notre appel. Nous sommes en retard. « Oh, pas de souci ! Je sors tout juste du petit déjeuner ! », dit-il lentement. Une force tranquille.

Joe Lovano fait partie des monstres sacrés du jazz. Près de 60 ans qu’il baigne dans cette musique : il n’avait que 5 ans lorsqu’il a commencé. C’est son père, alias Big T, qui l’a fait tomber dans la marmite du jazz.
Désormais, le saxo de Lovano, c’est le prolongement de son bras, de sa bouche. C’est son âme, sa vie. Le musicien écume les scènes depuis ses 16 ans. Il en a 64 aujourd’hui. « Vous savez, beaucoup de gens ont l’amour de la musique dans leur coeur. C’est ça qui est incroyable. C’est une bénédiction de pouvoir tourner partout dans le monde. On ressent constamment l’énergie des gens pour qui on joue », souffle Joe Lovano.

Énergie est un mot qui revient souvent chez le musicien originaire de Cleveland. On lui demande si celle-ci est aussi excitante qu’à ses débuts sur scène. « Au début, vous avez une énergie sauvage, vous savez. Vous voulez simplement être entendu. Après, on développe. Maintenant, je sais comment jouer pour les gens. C’est une nouvelle énergie musicale, elle est différente. C’est assez mystérieux. » De l’ordre du spirituel ? « Exactement. Voire du cosmique ! », répond-il.

(Photo Jimmy Katz)
(Photo Jimmy Katz)

Joe Lovano ne se contente pas de son statut de jazzman culte qui pondrait des albums à la chaîne. L’artiste est prolifique. Il multiplie les collaborations, les différents formats et ensembles, les collaborations. D’Aldo Romano à Joe Scofield, en passant par Elvin Jones et même… Lady Gaga à qui il a donné un coup de main (et de sax) sur un album avec Tony Bennett. D’ailleurs, Lovano se marre quand on y fait référence. « Il faut laisser les expériences survenir d’elles-mêmes », théorise-t-il. « Je suis chanceux d’avoir pu jouer avec autant de gens différents. La musique vient aussi des relations humaines, pas seulement d’un seul leader. »

D’ailleurs, pour sa venue à Tours, le musicien ne sera pas seul, mais en formation « classic quartet ». Lawrence Fields, Carmen Castaldi, Peter Slavov. Rien que ça. « Une nouvelle vision », dit simplement Joe Lovano. Et surtout, un but : « On doit raconter une histoire. »
Parce que le jazz est toute sa vie, il continuera à partager sa passion partout. Et tant pis si ce genre musical est considéré comme méconnu. « Un peu moins commun », préfère dire Lovano. Avant un éclat de rire : « Vous savez, le jazz, c’est comme un bon vin. Mais certains préfèrent aller chez Mc Do ! ».

> Joe Lovano & the classic quartet en concert le 11 mars, salle Thélème, à 20 h. De 15 à 28 €. Organisé par le Petit Faucheux.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=m9mCWJTlHZ0[/youtube]

Alain Grange, jazzman tout-terrain

Vous l’avez sûrement déjà entendu à la radio ou pendant un film : violoncelliste et compositeur de jazz, Alain Grange crée aussi des musiques d’illustration. Rencontre avec un musicien qui saute de la samba à la musique symphonique.

(Photo Bérengère Galland)
(Photo Bérengère Galland)

Depuis 10 ans, vous avez créé ou joué sur la bande-son de documentaires, de reportages, ou des films comme Duel, Metropolis, Nosferatu… Comment devient-on compositeur de musique d’illustration ?

J’avais 18 ans et avec un copain cinéaste débutant, on est parti avec une caméra tourner un film. La boîte de prod’ pour laquelle il bossait lui a laissé tous les rushs et on a décidé de les monter. Un autre copain a fait un texte et j’ai composé une musique pour 4 violoncelles. C’était ma première musique de film. Je me suis vraiment piqué au jeu et ç’a été une révélation : je voulais faire de la musique d’illustration.
Le film a plu, mon directeur de conservatoire m’a encouragé. Et puis pendant 20 ans, c’est resté de côté. Jusqu’au jour où j’ai rencontré une maison d’édition spécialisée, Kosinus. Je suis entré par la petite porte, comme musicien de studio pour d’autres compositeurs, avant de faire écouter mes compos. Là, ils m’ont dit bingo, on travaille avec toi. Depuis 2007, je compose des disques complets de musiques d’illustration. Ils ont trouvé que mes créations fonctionnaient bien avec les reportages, les documentaires…

Ça se passe comme avec un éditeur de livres ?

Oui, je leur présente quelques morceaux, et si ça leur plaît, j’en compose d’autres pour former un disque. Kosinus produit les disques et les envoie ensuite gratuitement dans 40 pays, à toutes les chaînes de télé, les radios et les boîtes de production. Ils se payent sur les droits d’auteurs s’il y a diffusion.
Mon premier disque était assez grave, le deuxième était plus sombre, le suivant était plus léger et le prochain s’inspire de la musique de cirque. Je ne sais jamais ce que deviennent ces morceaux, sauf s’ils sont utilisés pour un film. Parfois, j’écoute la radio, et tout d’un coup, j’entends un truc, tiens, c’est ma musique. Ça peut être joué en Inde, au Japon, au Brésil… Ils me laissent travailler à mon rythme, j’ai beaucoup de chance.

Vous avez toujours imaginé être musicien ?

Je viens d’un milieu très simple, pas du tout artiste. Il y avait très peu de musique chez nous : les chœurs de l’Armée rouge, le Lac des cygnes, la 5e de Beethoven… bon, on écoutait surtout les choeurs de l’Armée, parce que mon père était communiste. Mais mes parents trouvaient que c’était une bonne idée de nous faire apprendre un instrument. Ma mère m’a demandé d’en choisir un, je n’avais aucune culture musicale, j’ai dit harpe, elle a dit « trop grand ! » puis «contrebasse », c’était encore trop grand, alors j’ai dit : « violoncelle », et elle a dit « d’accord ». Je suis tombé sur un super prof qui m’a bien accroché, puis un autre, plus moderne, qui m’a donné envie de continuer.
A 13 ou 14 ans, j’ai commencé la guitare avec des copains, à jouer du rock psychédélique, à brancher un micro, à faire de l’impro, tout ce que je ne pouvais pas faire en cours de violoncelle. Les mecs ne savaient pas accorder une guitare, c’était moi qui m’y collais, il manquait des cordes à la gratte mais c’était pas grave, on jouait toute la nuit. J’ai ensuite commencé à m’intéresser au jazz, à écouter, relever les solos… Pour moi, musicien, c’était pas un métier, jusqu’au jour où j’ai joué dans la rue, sur la côte d’Azur, avec des copains. On mettait jusqu’à 500 francs de côté par jour et là, j’ai compris qu’on pouvait en vivre. Après le bac, j’ai fait une fac d’économie mais plus ça allait, moins j’allais à la fac et plus je jouais, on m’appelait pour jouer à droite, à gauche. Je n’ai pas vraiment choisi de devenir musicien, ça s’est fait comme ça. J’ai passé un DE de jazz et je l’ai eu assez tranquillement parce que les gens étaient étonnés de voir débouler un violoncelliste. J’ai longtemps séparé les choses : le rock et l’impro avec les potes, c’était le plaisir et le violoncelle, le classique, c’était le travail.
Après avoir obtenu mon prix de violoncelle, j’ai compris qu’il pouvait y avoir du plaisir dans le violoncelle, ce qu’aucun prof ne t’apprend. C’est la grosse lacune en France. On ne te parle jamais de plaisir, on ne te parle jamais du corps non plus, voire, il faut souffrir pour jouer. Tout se travaille très en force. L’école française de violoncelle est très carrée : il faut être perpendiculaire au manche, ce qui est presque impossible, et tant pis si le corps souffre. Les musiciens jouent parfois jusqu’à six heures par jour et je connais beaucoup de musiciens qui se sont bloqué une épaule, froissé le dos froissé, ou subi des tendinites.*

C’est un petit peu comme en danse classique…

Oui, on te parle plus de souffrance que de plaisir. J’ai travaillé là-dessus de mon côté,. En Espagne, Lluis Claret travaille au contraire le violoncelle tout en mouvement, très souple, à l’opposé de l’école française. Avec les élèves, je travaille la respiration, l’ouverture du plexus… Je peux jouer six heure par jour en période de répétition. Parfois, je joue seulement deux heures et parfois pas du tout. Quand j’ai eu mon prix, tout fier, j’ai été voir un grand violoncelliste. Il m’a écouté puis m’a dit : « Oui, c’est bien. Mais juste un truc important, parfois je me lève le matin, le violoncelle est dans un coin, je fais un son pour voir comment il va, je le repose et je vais me promener. Voilà, c’est tout. » C’était énorme. Il m’a appris à déculpabiliser.
Il m’a aussi dit : « N’oublie pas que c’est un bout de bois et c’est toi le patron. » Le violoncelle est tellement impressionnant, on en oublie qu’il faut le dominer et pas se laisser manger par lui. Et si on ne se fait pas plaisir, et bien on ne joue pas, on fait autre chose. Ça nourrit aussi de voir une expo ou un film. Sinon, jouer devient un travail laborieux et ça s’entend. Et c’est très moche !

En France, vous êtes seulement une poignée de violoncellistes de jazz.

Les violoncellistes sont un peu plus nombreux aujourd’hui parce que ça devient à la mode en pop mais de ma génération, les 40-50 ans, on est 5 ou 6. Il n’y a pas vraiment de références de violoncelle en jazz et ça, c’est intéressant pour un musicien, tout reste à faire. Et puis, dans le milieu du jazz, faire de la la musique d’illustration est assez mal vu : c’est un peu vendre son âme. C’est idiot, parce qu’on peut toujours être sincère. J’essaye de faire avant tout de la musique qui me plaît, même si, bien sûr, il faut que ça plaise à l’éditeur et corresponde au cahier des charges qui est assez précis : les morceaux doivent tous faire 2 minutes maximum, autour d’un seul thème….
Le programmateur ou le monteur qui écoute le disque doit savoir au bout de 2 secondes si ça collera à ce qu’il cherche. Mais ces exigences sont aussi des défis et j’adore ça.

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Le jazz a justement une réputation très intello, il fait un peu peur aux néophytes.

Il faut d’abord écouter ce qui vous plaît, être curieux, et se rappeler que le jazz était une musique populaire : dans les années 40, c’était l’équivalent de la variété, mais le mot devient un peu étriqué : il y a du jazz proche du rock, de la musique contemporaine… Dans les années 60, c’était plus défini mais ces styles-là appartiennent maintenant à l’histoire de la musique. Quand on dit jazz aujourd’hui, ça ne veut plus dire grand-chose. C’est d’abord une musique de liberté, l’impro est sa caractéristique essentielle. Tu peux suivre le chemin ou suivre ta route, c’est à toi de décider et aucun musicien ne t’en empêchera. Après, ça marche ou pas, ça sonne ou pas, mais en tant qu’interprète, c’est toi qui décides. Le jazz est vraiment une musique d’instantanéité et selon l’endroit, le moment, la salle, tu vas jouer très différemment. Quand j’étais petit, je voulais être inventeur et finalement, c’est ce que je fais aujourd’hui : le jazz, c’est de l’invention, tout le temps.
Je suis éclectique, j’adore passer de la pop au classique, ce n’est pas antinomique. Et c’est ce qu’on retrouve à Jazz à Tours, qui réunit le jazz et les musiques actuelles. J’y enseigne depuis 5 ans le jazz mais aussi la pop, la samba… et j’ai lancé un orchestre à cordes. Tours a beaucoup de chance d’avoir un département de recherche sur le jazz, l’école Jazz à Tours qui est une pépinière de musiciens et le Petit Faucheux qui propose un jazz très novateur. C’est assez unique en France.

Quand on pense jazz, pourtant, on ne pense jamais orchestre !

C’est vraiment l’orchestre qui m’a fait aimer la musique. A 13 ans, je suis tombé sur un prof complètement fou qui a failli me dégoûter de la musique. Je n’avais plus aucun plaisir à jouer et puis j’ai rencontré jean-Claude Hartmann, l’ancien chef d’orchestre de l’Opéra comique. C’était un vrai chef à l’ancienne, très XIXe, mais avec énormément d’humour. Il avait monté un orchestre de jeunes en banlieue, à Evry, où j’habitais et il m’a raccroché au violoncelle. Il a aussi fait mon éducation musicale : toutes les semaines, on jouait des symphonies. Il donnait des cours de direction et j’y participais comme orchestre cobaye, ma plus grande expérience artistique. Rien qu’à la manière dont le chef d’orchestre te regarde, dont il se tient, s’il sourit ou pas, quand il fait partir l’orchestre, le son n’est pas le même. Et ça, c’est super impressionnant.
C’est différent si le gars est stressé ou pas, Dans l’après-midi, on jouait quatre fois le même mouvement avec quatre chefs élèves et c’était quatre fois complètement différent, simplement à cause de leurs attitudes, leur maintien, leurs mots, l’orchestre ne joue pas pareil : tu as envie ou tu n’as pas envie… C’est quelque chose qu’on ne t’apprend jamais en cours. Hartmann disait toujours aux débutants : « Laisse jouer l’orchestre ». Il y a une espèce d’humilité du chef qui doit être là pour laisser jouer les musiciens, il est juste là pour contrôler, vérifier le tempo, mais le musicien sait jouer, il connaît le tempo. Je l’ai transposé dans mes groupes de jazz : quand tu diriges un groupe, tu dois laisser jouer les gens, tu dois surtout leur donner envie de jouer. Il ne faut pas tenir un orchestre par la force, comme c’est fait parfois, mais donner plein d’amour et l’envie de jouer. Hartmann était un gars incroyable, je pense à lui presque chaque jour. On faisait les choses sérieusement mais avec légèreté et beaucoup d’amour de la musique.

Depuis 25 ans, vous avez joué dans le monde entier et vous avez fait partie de l’Orchestre national de jazz, vous avez accompagné la soprano Julia Migenes. Vous avez aussi joué le Cabaret Léo Ferré à la Comédie française… En novembre, vous avez accompagné la performance du sculpteur H. L. Bergey au Vinci. Vous êtes un touche à tout.

En France, on aime bien les cases, il y a beaucoup de chapelles musicales : tu es musicien de pop, de free jazz, de rock… tu dois être spécialisé dans un truc. Les Etats-Unis sont plus libres avec ça : tu peux jouer du New Orleans le matin, de la pop l’après-midi et du free jazz le soir. En France, non. C’est triste, on se prive de beaucoup de choses.

*A Paris et à Toronto, fort de ce constat, des médecins ont ainsi ouvert des consultations dédiées aux musiciens.

>Disco express à écouter ICI 

>Bio express :

1966 : naissance d’Alain Grange

1994 : création de IXI, quatuor à cordes de musique improvisée avec Guillaume Roy, Régis Huby et François Michaud.

2002 : forme un trio avec le guitariste Eric Daniel et le batteur François Laizeau pour explorer le rock

2007 : album Introspection, premier album édité par Kosinus Arts.

2011 : intègre l’équipe enseignante de Jazz à Tours

Aurélia et Guillaume, le swing dans la peau

#EPJTMV Couple à la ville comme à la scène, ces professionnels du swing pratiquent depuis une dizaine d’années. Ils sont tombés sous le charme de l’esprit festif et de liberté cette danse, née dans les années 1920 aux États-Unis.

Aurélia Lépine et Guillaume Goffin dansent en couple depuis 2008.
Aurélia Lépine et Guillaume Goffin dansent en couple depuis 2008.

Le rendez-vous est prévu entre deux danses de leurs emplois du temps chargés. Le studio « Rabelais » est situé non loin du boulevard Béranger, à Tours. « Un deux trois quatre, un deux trois quatre » : dès l’entrée dans le sas de la salle, la voix d’Aurélia Lépine résonne et les chaussures claquent sur le parquet. « Bonjour », lance Guillaume Goffin, essoufflé. Elle lui emboîte le pas et me serre la main. Ils peaufinent la démonstration de danse qu’ils feront lors de leur prochaine soirée concert ce week-end, dans ce studio ouvert en septembre 2016. Il accueille également l’école de danse « Swing&Shout » que le couple débarqué d’Orléans a ouvert.

Tous les soirs, des dizaines de danseurs foulent le parquet. Ils apprennent notamment le Blues, le Charleston et le Lindy hop, la spécialité des deux artistes. Ce sont toutes des dérives du swing, apparu dans les années 1920 aux États-Unis, dans la communauté noire de Harlem. Les danseurs allaient se défouler sur les rythmes endiablés de Count Basie ou de Duke Ellington dans les « bal rooms ». « C’est un anticrise. Même si le contexte est différent aujourd’hui, les gens viennent dans nos cours pour oublier leurs soucis quotidiens, comme à l’époque finalement », estime Guillaume.

 

Plusieurs soirs par semaine, des dizaines d'amateurs viennent apprendre le swing. Photo : Manon Vautier-Cholet/ EPJT.
Plusieurs soirs par semaine, des dizaines d’amateurs viennent apprendre le Lindy hop dans les cours de danse de Swing&Shout. Photo : Manon Vautier-Cholet/ EPJT.

Cette danse n’a plus aucun secret pour eux. Pour elle, la danse est une histoire qui dure depuis son enfance. « J’ai fais une pause pour me consacrer à mes études d’agriculture en Bretagne. Mais on nous apprenait à devenir un gestionnaire d’entreprise plus qu’un agriculteur », se souvient la trentenaire. Au début des années 2000, elle décide donc de reprendre le chemin des studios. Direction une première école de danse de couple au Rheu, près de Rennes, puis une seconde, à Orléans. Et là, c’est le déclic… En voyant ses professeurs, elle tombe amoureuse du Lindy hop. « L’esthétisme, le rythme entraînant de la musique… C’était extraordinaire », s’enthousiasme-t-elle.

« Il ne faut pas se prendre au sérieux. Un danseur de swing, c’est comme un enfant qui s’amuse sur le rythme de la musique. »

 

Pour lui, la danse fait partie de son quotidien depuis 12 ans. Mais pendant une dizaine d’années, cet homme de 40 ans a jonglé entre son métier dans l’industrie et quelques cours à la semaine. Un jour, une amie lui fait découvrir une école de danse à Orléans. En séducteur avisé, il choisit la salsa. « Un bon moyen de rencontrer des filles », sourit ce grand brun svelte, qui ne cesse de soulever son chapeau pour lisser ses cheveux gominés. Très rapidement emprisonné dans cette danse codifiée, il choisit la voie du swing, « plus cool et plus fun avec une plus grande liberté de mouvements ». D’une simple passion, elle devient progressivement son métier, abandonnant son poste dans l’industrie.

Depuis 2008, les deux artistes dansent et se forment ensemble. Ils ont écumé les festivals, les concours et sont allés aux États-Unis, en Hongrie, en Belgique en Suède… Ils ont trouvé à Tours une scène artistique qui leur ressemble : Jazz à Tours, des salles de concerts jazz comme Le Petit Faucheux, Jazz Région Centre … Très différent d’Orléans, leur ancienne ville. « Pendant la période de Noël, il y avait des morceaux de swing qui passaient dans les rues de Tours, se souvient-elle. À ce moment, on s’est dit : “eh, mais on danse sur ça !”. »

[youtube]https://youtu.be/yb5lBDU-Oxc[/youtube]

Avec le studio de danse à gérer et leurs deux enfants,  le couple a ralenti la cadence des voyages. Cela ne les empêche pas d’aller swinguer avec leurs amis dans des soirées. Ils y retrouvent l’esprit de fête qui symbolise le swing, notamment lors des jam : un couple danse sur la piste et d’autres les rejoignent pour les encourager. Débute alors une sorte de mini-concours, où chaque duo fait une démonstration. « Dans ces moments-là, il y a une telle énergie entre les danseurs. Tout le monde donne le meilleur de soi-même », raconte-t-elle, en frappant des mains en rythme, comme si elle y était.

Dans le studio, la voix de Baisie Count groove au son du saxophone. « Les sensations représentent 80 % de ma danse », déclare-t-elle. Avant d’ajouter : « Guillaume, tu te bases plus sur le physique, non ? », s’adressant à son compagnon. Sans vraiment relever la remarque, il ne répond pas.

Une fois en piste, le schéma n’est pas si linéaire. Tombé plus tardivement dans le milieu professionnel, Guillaume considère cette danse comme un jeu. Tel un gamin qui « s’amuserait sur le rythme de la musique ». Hélyette, 31 ans, a participé aux cours des deux professeurs. Pour elle, « Aurélia est plus technique et perfectionniste. Elle recherche des mouvements élégants ». Selon elle, ils sont tout simplement complémentaires. « C’est évident, le Lindy hop leur colle à la peau. Quand ils dansent, ils dégagent une telle énergie et une telle joie : c’est tout à fait l’esprit joyeux de cette danse. »

Swing and shout,

4 rue du plat d’étain, Tours.

Site : www.swingandshout.fr

Mathilde ERRARD. Photos et vidéo : Manon Vautier-Cholet.

Tobassi, vent de fraicheur musicale à Tours

#EPJTMV À Tours, le Jazz a bonne presse grâce au groupe Tobassi. Cinq passionnés de musique – 19 à 45 ans – nous font découvrir, grâce à leur premier album, un ensemble de morceaux aux différentes influences. On aime et on vous en parle.

Bonne ambiance et passion pour la musique régne au sein de Tobassi. Photo : Simon Soubieux
Bonne ambiance et passion pour la musique régne au sein de Tobassi. Photo : Simon Soubieux

Pierre, Jean-Marc, Yohan, William et Giovanni forment un jeune groupe de musique tourangeau : Tobassi. Depuis sa naissance en 2013, l’effectif a un peu tourné mais l’esprit est toujours là : vivre leur musique, l’aimer et la partager. Cet été, ils ont eu l’occasion de se faire inviter par le festival Terres du son en juin, et jouer devant des centaines de personnes. Yohan, le batteur, en garde un bon souvenir même s’il l’admet : « En notoriété, on n’a pas gagné tant que ça. En tout cas, Tobassi est connu à Tours. »

En galère de dates

De Michael Brecker aux Pink Floyd en passant par John Coltrane, ils ont tous des goûts musicaux différents mais se retrouvent sur un style en particulier : la fusion. En clair, ils pratiquent le Jazz et la Soul. En mai dernier, les cinq lurons ont sorti leur premier album « Tobassi ». A la clé, onze pistes. A l’intérieur, jazz, soul, rap et même slam.

Et si la musique est leur passion, leur démarche est aussi philanthrope : même si la technique musicale compte beaucoup, rien n’est plus important que l’harmonie du groupe. Une seule fois, ils ont dû évincer un de leurs camarades en raison d’une implication jugée trop faible.

Un projet qui a bien évolué la saison passée au vu du nombre de concerts qu’ils ont donné. « Ils nous arrivaient d’avoir un voire deux concerts par mois », assure Pierre. Cette année est marquée par la galère en ce qui concerne l’obtention de dates de tournée : le groupe a dû se reconstruire après le départ d’un de leurs musiciens. Cette galère pourrait en partie s’expliquer par le manque de communication du groupe sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, même un abonné peut avoir du mal à suivre leur actualité. « C’est vrai qu’il faudrait qu’on s’améliore sur notre communication. Malheureusement on n’a pas d’actualité toutes les semaines », regrette Giovanni. Leur activité hebdomadaire se résume aux répétitions. Tous les samedis matin, ils se réunissent pendant trois heures (10 h-13 h) et travaillent leurs morceaux. En attendant leur prochain album.

Florian Gautier

Interview avec Hollie Cook : « Mon plat préféré, les sushis! »

#Aucard Au festival Aucard de Tours, on a rencontré Hollie Cook, chanteuse de reggae, pour une interview pas comme les autres…

Hollie Cook, chanteuse de reggae pétillante, a grandi à Londres et son enfance n’a rien de banal. Elle est la fille du célèbre Paul Cook, l’ancien batteur des Sex Pistols et de Jennie, chanteuse des Belles Stars. C’est eux qui lui ont transmis l’amour de la musique. Mais c’est aussi à eux que la chanteuse est très souvent ramenée. On lui a donc laissé la possibilité de démarrer l’interview par la question qu’elle souhaitait…

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Quelle est la question à laquelle tu aimerais répondre mais que l’on ne t’a jamais posée ?

Personne ne m’a jamais demandé quel était mon plat préféré, mon animal préféré… Personne ne m’a jamais demandé non plus quelle était ma couleur préférée. On ne m’a jamais posé ces questions, ce sont des choses simples certes mais très importantes pour savoir qui je suis !

Alors, quel est ton plat préféré ? Ton animal favori ? Et la couleur que tu aimes le plus ?

J’aime vraiment beaucoup les sushis. Et mon animal préféré est le chat, ou peut-être le cheval. J’hésite aussi pour ma couleur préférée, le rouge ou le violet… En fait, ce n’est pas évident de répondre à ça !

On a une question plus facile, que tu t’es forcément posée un jour… Qu’est-ce-que tu emmènerais avec toi sur une île déserte ?

Un gros couteau. C’est important parce qu’avec ça, on peut tout faire. Couper le bois, les noix de coco, chassez des animaux… Bref, survivre ! Et j’emmènerais aussi ma meilleure amie, je nous imagine et ça serait vraiment plus fun avec elle. Elle pourrait m’aider et ça me ferait de la compagnie.

Mais si tu vivais sur une île déserte, tu devrais quitter ton quotidien…Quel est ton petit plaisir de la vie de tous les jours ?

Je fume de la marijuana une fois par jour, en écoutant de la bonne musique.

Et tu devrais quitter tes proches aussi, qui est la personne la plus importante de ton répertoire ?

Ma meilleure amie Jessie, parce que pour n’importe quel problème je peux l’appeler. Mais elle serait avec moi ! Sinon, ma mère et mon père bien sûr.

Tu as grandi entourée d’artistes mais qui rêves-tu toujours de rencontrer ?

Les chanteuses américaines Diana Ross et Ronnie Spector!

Et y-a-t-il a une période à laquelle tu aurais préféré vivre ?

Oui, dans les années 70, parce qu’il y avait vraiment de la bonne musique. J’aurais aimé vivre à cette époque pour voir le rockeur David Bowie jouer en direct par exemple. Il y avait aussi de très bons groupes de punk. Et j’aurais aimé vivre dans les années 30, à l’ère du jazz. Je me vois bien trainer dans les rues de Paris à cette époque !

Quelle est la devise qui t’aide à avancer tous les jours ?

Ne rien prendre au sérieux et prendre les choses comme elles viennent, c’est important…

 Propos recueillis par Solène Permanne

Découvrez Hollie Cook en musique :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Faj8-3VKl58&list=PLh8tF6XqVmEerZQJrPptRpClMww6U8UwM[/youtube]

Le son de la rentrée : Kommando Shamanik

Chaque semaine, notre chroniqueur Doc Pilot vous parle de ses pépites culturelles locales.

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Dur le retour du Sud en Touraine, le retour des couleurs violentes au pastel, des chaleurs envahissantes à la fraîcheur ligérienne ; passage à la Guinguette de Saint Avertin pour sa “ dernière ” histoire de se goinfrer de crêpes de la Smalla en guise de médecine. En bande-son Oak Ink, du Jazz intime et classieux dans une formule étrange (drums, harpe, basse), mélange antinature et ciselé pour un trip décalé…
Arrivé trop tôt au Hurricanes Bar pour voir The Roots Addicts, pas le temps d’attendre, l’envie de retrouver “ Le Vieux ”, les glaces à l’angle de place Plum puis le cocktail “ Narbey ” chez… Narbey, mais vite car à minuit l’envie d’écouter en direct la première du retour de Alain Maneval sur France Inter. Son invité, Henri Padovani, le premier guitariste de Police, homme libre ou perdant de l’Histoire ? Je suis heureux du retour de Maneval ; j’ai toujours apprécié ce mec ; ce samedi et ce dimanche il balance de l’incontournable de la fin des seventies et du début des 80’s, la belle époque si féconde, et toutes ses anecdotes à donner du sens à tous les titres…
Au courrier, le dernier album de 49 Swimming Pools et encore une fois la satisfaction canaille de se laisser séduire par un travail orienté vers le beau et l’unique, bâti à l’anglaise, dernière strate d’un triptyque aux accents növo-victoriens emprunt de classe et de romantisme absolu ; pas étonnant que les dames soient folles de ce concept. Trois fois de suite je l’écoute sans m’en lasser ; dommage je ne pourrai pas aller les voir jouer Chez Nello, oui vous avez bien lu Chez Nello : je vous le disais, ils sont étranges et vicieusement aristocrates…. Pour me nettoyer de toute cette beauté je glisse dans la flaque de bière et de sueur mêlées du Slade Alive… Autre album pour la bande-son de cette rentrée : celui de Kommando Shamanik, ethno techno rock, concept totalement dédié au souvenir des indiens d’amérique du nord, au drame du génocide et à l’ultime préservation d’une culture et d’une philosophie, le tout décliné en mantras survitaminés propres à déclencher la transe shamanique, la rencontre avec l’esprit, la danse et l’aliénation du temps aux espaces caoutchouteux dénués de référence. Ce disque est magique dans tous les sens du terme, il est didactique aussi un peu à la manière d’un guide spirituel appuyé sur la tradition mais dispensé avec la technologie musicale du 21e siècle…
Ouverture d’une nouvelle galerie rue Roger Salengro, NoWhite Cube, migration d’un espace initié à Savonnières vers le quartier des Prébendes sur deux étages avec des volumes honorables propres à offrir le recul nécessaire pour apprécier les œuvres ; diverses pratiques et supports à sensation où chacun peut trouver sa préférence, la mienne allant aux baigneuses de Juliette Gassie et aux portraits de famille de Frederic Dumain, mais aussi à la virtualité réaliste de Bertrand Robert et ses personnages d’hypernormalité impudique, à l’autre réalité de Sandrine Gayet, ma curiosité titillée par le travail de Roland Orépük même s’il ne me touche guère au cœur…
Festival Jazz en Touraine à Montlouis sur Loire ou le rendez-vous incontournable de la rentrée avec, en ouverture à Ligéria, le pianiste cubain Roberto Fonseca pour un concert intime à la Keith Jarrett, de longues pièces en solo dans des constructions évolutives mélangeant divers styles et influences. Au final un concert magistral pour un public à l’écoute, ponctués d’instants de joies osant une décontraction conceptuelle basée sur l’idée de nous retrouver « chez Roberto », dans son intimité. Sans lourdeur excessive l’artiste théâtralise sa prestation, la terminant par une suite pianiste haut de gamme avec une reprise de « La Javanaise » en épilogue. Le thème magique de Gainsbourg est repris par l’audience et c’est beau….
La rentrée c’est aussi la présentation de la saison à venir par les structures culturelles ; Marie Hindy programme l’Espace Malraux et c’est bien, car la dame est passionnée, pragmatique, humble et au service de l’optimisation du lieu et des moyens ; du bonheur du public aussi… Mes coups de cœur de ce programme : La Meute et son cirque alternatif et décalé, Ez3kiel bien sûr et la présentation de son nouvel album, « La face cachée de La Lune » ou l’interprétation du chef d’œuvre du Pink Floyd joué en direct. … J’ai vu la tournée Dark side of the Moon en 1973, je suis donc impatient de cette relecture de 2015…
Autre présentation, celle de Saint Avertin au Domaine Allias à Vouvray ( ben oué cette coterie rusée sait recevoir) : des envies et de la gourmandise dans cette programmation : Louis Chedid, Catherine Ringer, Manu l’ex chanteuse de Dolly (là, je bois du petit lait et je ne veux pas rester sage )… Jack le Chien est roi pour « Art. La Bonne Franquette », un weekend dans l’atelier de Brice Auconie pour réunir une vingtaine d’artistes sur le thème de la représentation du héros (Jack !!) : Dominique Spiessert (plus Spiess space ke Jack), Francine Gentilleti (le chien farceur), Alain Bouro (excellent), Clotilde Barcat (un chien de troupeau), François Pagé (Brice et son chien dans quelques années)… Avec le héros modèle qui court de la cave au jardin : joyeux concept entre Boule & Bill et Tintin & Milou….
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A La Belle Rouge soirée Kommando Shamanik, le Powwow Electrik 1… Medecine Groove trio en première partie, du métal en hommage aux hommes rouges avec un dernier morceau envoûtant et un bassiste de force et de technique armé… Puis le Kommandoh Chamanik l’un des groupes majeurs de la nouvelle scène tourangelle, concept autant musical que visuel, venu nous jouer son nouvel album (nous en parlions plus haut), collection de mantras à transes propres à rendre fou le public. Je suis impatient de les voir dans les grands festivals, la réaction devrait être magique sous la messe de ses trois acteurs : un guitariste mêlant la hargne électrique à la peinture cosmique, un homme aux machines (un sorcier devrait-je dire), le shaman Z, colonne vertébrale de l’affaire, et un infatigable joueur de didgeridoo, souffle tribal de l’ensemble : La Terre, le Feu, l’Air… Ils ont un son, un style, un combat, un pouvoir de séduction tel que le public suit et en redemande…
Au retour Maneval sur les ondes désormais la bande-son de la nuit pour ceux qui roulent entre une heure et minuit… Malheur à moi !! En ouvrant la télé au retour et tombant sur Alain Ruquier et ses deux roquets prétentieux, stériles et puants ; heureusement sur une autre chaîne, Amy Winehouse en live… Alors moi aussi j’y pars en live en passant des indiens à l’indienne…. Trop d’adrénaline pour vraiment dormir, le jour arrive dans le « Rocks » de Aerosmith… Retour à Montlouis dans l’ap’ pour le concert de Nina Van Horn, du blues rock bien seventies empreint de soul et de rythm and blues ; Masahiro Todani, le guitariste soliste, est un virtuose habité, le talent boosté par un look scénique de prince de l’électricité… Au soir je tombe à pieds joints dans l’excellent dernier disque de Christiane Grimal, avant de me finir avec « Itaipu » de Philip Glass, acheté sur la brocante Eric Geffroy… enfin l’album de Kommandoh Chamanik pour tomber en phase avec l’été indien.

Tobassi, jazz savoureux

Le groupe de musique tourangeau au nom camerounais mitonne un jazz plein d’entrain. Ils seront de passage à Montlouis.

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Quand on les rencontre au pub Le Pale, on hésite à leur demander leurs cartes d’identité. Difficile de croire que la moitié des membres du groupe vient juste d’obtenir son bac. À 18 ans, leur amour, c’est le swing, les rythmes de Richard Bona, Electro Deluxe, Roy Hargrove. Et la liste est loin d’être exhaustive. Jonathan Achille, Louis Chevé-Melzer, Pierre Thomas- Fredon, William Brocherioux et Yohan Fourrier jouaient ensemble au lycée Paul-Louis Courrier. Avec Giovanni Thevenin, ils forment Tobassi en février 2014. Pour Pierre Thomas-Fredon, « Le jazz est une musique si ouverte qu’on peut tout y incorporer. Ici, chacun apporte le son qu’il aime, on compose et on arrange ensemble ». Influences métal, gospel ou classique, le groupe fait infuser les genres avec une facilité étonnante. Tobassi remporte un tremplin en mai puis les organisateurs d u festival Jazz en Touraine leur proposent une scène.
Le succès les a surpris mais il n’y a pas de hasard : Tobassi joue une musique que chacun peut s’approprier. Les notes fondent dans l’oreille et le tempo pétille comme des bulles : un jazz qui se boit comme du Vouvray, (presque) sans fin. La voix de Giovanni Thevenin y est pour beaucoup. « Je ne suis pas un vrai chanteur de jazz, se défend-il. Je viens du gospel. » Les puristes y trouveront peut-être à redire, mais cet été, lors de son premier concert à la guinguette, Tobassi a conquis les Tourangeaux. Les six musiciens sont tombés dans le jazz quand ils étaient petits. S’ils admettent que cette formation particulière est leur « bébé », chacun poursuit des projets personnels. « Même si cela complique l’organisation des répétions, on tient tous à garder une vie indépendante, elle nourrit notre inspiration. Sans ça, on tournerait en rond, on s’enfermerait », explique William Brocherioux. Pas encore d’album et seulement deux morceaux disponibles en ligne : il faut se déplacer pour les écouter. C’est tant mieux : Tobassi est un groupe qui respire avec le public et que l’on peine à imaginer confiné dans un studio.
Le groupe Tobassi sera en concert mercredi 17 septembre, à 19 h 30, sur la scène du Village gourmand de Jazz en Touraine, à Montlouis. Entrée libre.

Spécial Imag'in (1) : portrait d'Assad

Entre jazz et rap français, ce groupe tourangeau va secouer la planète hip-hop le 14 juin, au festival Imag’in.

(Photo Jérôme NGUY)
(Photo Jérôme NGUY)

Rencontre au Balkanic café, rue Colbert : Alex et Vincent sirotent leur verre tranquillement. Le rappeur et le contrebassiste attendent le reste du groupe, qui finalement sera retenu à Jazz à Tours. C’est leur première rencontre avec la presse. Les deux musiciens, d’une vingtaine d’années, enchaînent les réponses avec un professionnalisme impressionnant. Comme s’ils étaient déjà rodés. Comme s’ils avaient tout prévu.

Ce sérieux, c’est le même qui se retrouve dans leurs morceaux. Ceux qu’ils composent depuis un an. Chaque note est maîtrisée, chaque mot pesé. Hip-hop scientifique. Jazz arithmétique. Fusion naturelle : comme si le hip-hop assumait complètement ses origines, revenait à sa source.
On pense alors à The Roots pour la virtualité, à Blackalicious pour sa puissance, aux débuts de Mc Solaar pour le cool. Difficile cependant de leur coller une étiquette, les loustics n’en font qu’à leur tête, brouillent les pistes, parlent de vacances au ski, d’ambiance de trottoirs, de camping, de filles un peu trop rêveuses. Violence introvertie, elle se ressent dans les rares dissonances, étouffée, exprimée à demimot. Beat box, saxo, clavier, contrebasse…

Sur scène, Assad détonne, éclate les codes du rap actuel sans en faire un étendard, un objet de différenciation. On pense encore, cherche les références. On croit reconnaître des accents poétiques du Gibraltar d’Abd el Malik. Les mots d’Alex flottent à la surface du flot nacré d’une ligne de saxophone. Modeste, ses textes sont déclamés à force d’images. « Nous fonctionnons ensemble, explique Vincent, le contrebassiste. C’est assez fréquent qu’Alex écrit pendant une répétition, quand on cherche une mélodie. » Copains depuis leurs années lycée, à Angers, la plupart des membres d’Assad sont venus ici pour Jazz à Tours. Soucieux de tout maîtirser, Assad vantent la débrouille, le fait-maison. En septembre prochain, ils vont sortir leur premier EP, Sabrina : six chansons qui oscillent entre douceur de vivre, petites galères. Tranches de vécu, fables urbaines : retenez bien leur nom. Assad est en train de déferler sur Tours.

Retrouvez aussi sur notre site le programme du festival et une interview de l’organisateur

Fête de la musique : Coups de coeur de la rédac (2)

Vous ne savez pas quoi choisir pour la Fête de la musique ? Les journalistes de Tmv donnent un choix purement subjectif : leurs petits coup de cœur ! Et aussi la playlist qui tourne sur leur platine en ce moment.

DOS_ELECTRO_PADAWIN
 
Nesta
Sa passion pour Bob Marley a conduit Nesta a revisiter ses chansons. Il ne s’est pas contenté de simples reprises, il les a travaillé en mode acoustique. Un résultat étonnant. Parfait pour redécouvrir les morceaux du roi du reggae. Ici, la reprise de Forever lovin’ Jah. Pour découvrir les autres facettes de Nesta, rendez-vous à la guinguette de Tours, à partir de 20h.
[youtube width= »400″ height= »25″]https://www.youtube.com/watch?v=6VUNohvyHuo[/youtube]
Olive MonCoin
Ils se classent dans la catégorie « chanson minimaliste ». Ecouter Olivier et Mr Seb permet d’entrer dans un univers. Celui de deux potes, trentenaires. Ils nous embarquent dans un voyage qui va de la paternité au coup de gueule politique. Chez eux, c’est le texte avant tout. A écouter à la guinguette de Tours, à partir de 20h.
[youtube width= »400″ height= »25″]https://www.youtube.com/watch?v=djjw3ToAIls[/youtube]
Padawin
Une claque. Peut-être le meilleur de la scène électro tourangelle. Bon, eux naviguent même jusqu’à Bruxelles. Avec un cortège d’instruments variés (batterie, trombone, violons, guitare électrique, claviers, batterie), ils explorent et mixent des sonorités inconnues. Avant le live à l’Arcades Institute (à partir de 23h), un extrait d’un précédent live chez les amateurs de moules-frites.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=OCbUxHwTu_8[/youtube]
My Favourite Swing
Du jazz manouche mélangé avec des classiques du genre, ça fait un swing entraînant. My Favourite Swing oscille entre tous les registres de jazz pour créer des morceaux originaux. A écouter au calme, en costume, avec un petit verre de scotch. Le groupe sera au restaurant le Bac, à partir de 20h.
http://www.reverbnation.com/favouriteswing
Arno’joy
DJ connu dans toute la région Centre, Arno n’Joy régale par un son house qui ravit les puristes. Un long morceau pour vous préparer avant sa session place Plumereau.
https://soundcloud.com/arnonjoy
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Playlist du moment
Demain c’est loin – IAM
La météo de Joël Collado
New Slaves – Kanye West
Holocene – Bon Iver
Ordinary Day – Biga* Ranx
Retrouvez la première partie des coups de coeur de la rédaction
G.V

FÊTE DE LA MUSIQUE 2013 : TOUT LE PROGRAMME A TOURS

Où aller ? Qui écouter ? C’est quand ? Qui suis-je ? Tant de questions existentielles pour la Fête de la musique 2013 à Tours. Mais Tmv vous sert de guide. Suivez-nous !

Tmv a répertorié une cinquantaine de lieux et scènes à Tours et aux alentours, pour cette édition de la Fête de la musique. Au programme, plus d’une soixantaine de groupes. Vous n’avez qu’à piocher dans le genre ou la section qui vous intéresse et vous référer au plan ci-dessous et cliquer dessus pour l’avoir en taille réelle… Bonne Fête de la musique à tous et toutes !
POP ROCK METAL
CHANSON
HIP-HOP/REGGAE
ELECTRO
MUSIQUE JAZZ CLASSIQUE ET VOIX
DIVERS ET HORS TOURS
/!/
Le maire a pris quelques mesures pour encadrer cette édition de la Fête de la musique : Elle aura lieu de midi à 1 h du matin. Interdiction de vendre de l’alcool sur la voie publique. Les ventes ambulantes sont interdites sans autorisation préalable. Les boissons à emporter ou à consommer en terrasse doivent être servies dans des contenants en plastique.
Pour une fête propre, merci d’utiliser les containers de tri sélectif. Par ailleurs, des bacs pour le verre usé seront installés en ville, notamment place Plumereau.

Attention, le tramway effectuera des essais jusqu’à 20 h ! Soyez prudents…
Postes de secours : places des Halles, Anatole-France, de la Résistance, des Carmes et des Turones.
PLAN FETE ZIK

JAZZ/VOIX/CLASSIQUE/MONDE : Fête de la musique, le programme à Tours

L’éclectisme, c’est votre dada. Mais vous êtes fasciné par le classique, les musiques du monde ou encore le jazz. Réveillez le Duke Ellington qui sommeille en vous…

28.REMIX A L’ANTILLAISE HDB, c’est plusieurs DJ. Mais pour la fête de la musique, c’est Jimmy Largitte qui s’y colle, aka DJ Windo. L’Antillais remixe de la salsa, du Rnb, des musiques des îles. « Avec HDB, c’est l’ambiance assurée », dit-il. Il sera précédé d’un showcase hip-hop : Melting Music. Sur le boulevard Béranger (poste).
29.ALLUMER LE FEU Ils ont l’habitude de l’éteindre. Exceptionnellement, ils vont mettre le feu. Enfin, en douceur quand même, avec de la musique d’harmonie. La musique départementale des sapeurs-pompiers de Touraine, créée en 1966, ira exercer son talent au Jardin de la Préfecture. À partir de 21 h 30.
30.NE FUYEZ PAS Le comité de quartier La Fuye- Velpeau fête ses 150 ans non pas en fanfare mais en harmonie. La chorale sera présente, comme l’an dernier, pour le solstice d’été. Le tout, avec le soleil éclairant tranquillement le jardin Velpeau. À partir de 18 h.
31.FLÛTE ALORS ! La flûte à bec, on en a tous fait au collège. Pour ceux qui ont été dégoûtés, nous vous recommandons d’aller voir souffler les Éoliennes, un quatuor qui ne pioche pas seulement dans le répertoire classique. Surprenant. À partir de 17 h, médiathèque François-Mitterrand.
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32.L’AMOUR DU TEXTE À 17 H, À LA MÉDIATHÈQUE FRANÇOIS-MITTERRAND – À 20 H, À LA GUINGUETTE DE TOURS
DANS LEUR COIN
Amateurs de chansons à texte, foncez voir Olive- MonCoin ! Le projet est porté par deux trentenaires, qui ont pas mal bourlingué avant de se retrouver dans la musique minimaliste. « On est issus de la scène punk/rock alternative de la fin des années 80/90. Puis, on s’est tournés vers le hip-hop, le reggae aussi », se rappelle Olivier Jacopin, dit Olive. Avec Mr Seb, qui l’accompagne aux percussions, ils se connaissent depuis tout petit. Et donc, ces deux potes, de quoi ils causent dans leurs chansons ? De sujets intimes. Forcément, avec l’âge.
« On peut passer d’un coup de gueule politique à un sujet comme la paternité. On parle du quotidien », continue Olivier. On les sent à la bonne franquette, sans prise de tête. La preuve sur leur page Facebook, où ils annoncent leur agenda pour la Fête de la musique. À 23 h, il est écrit : « Chez toi, si tu as un grand appart et du vin ». Ce sera aussi l’heure de télécharger leur prochain EP numérique, qui sort le jourmême ! olivemoncoin.c.la
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33.DU GOSPEL MODERNE ! COURS OCKEGHEM – À PARTIR DE 20 H 30
OH HAPPY DAYS !
Pour les rares badauds qui n’auraient pas vu Sister Act, séance de rattrapage avec l’association Gospel Aujourd’hui. Et même mieux puisque vous aurez le droit à un gospel moderne. « C’est plus groovy, on s’appuie sur des chants qui ont été écrits par des personnes contemporaines, comme Kirk Franklin ou Vickie Winans », explique Catherine Adam, qui pratique cet art depuis trois ans.
La particularité de l’association : prendre des gens qui n’ont aucune expérience sur le grand choeur. Il y aura aussi le choeur Rejoice, avec des personnes qui ne sont pas professionnelles mais recrutées sur audition. Attention, le dimanche matin, vous aurez envie de prendre un avion pour la messe à Harlem.
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34.AUX BEAUX-ARTS Non, Fritz ne barrit (White ?) pas pour la Fête de la musique. Le jardin des Beaux-Arts vous offre quelque chose de plus calme : l’orchestre Choeur A Piacere, un orchestre classique, avec un côté jazzy bien entraînant. À écouter également : les Troiselles pour de la variété internationale et deux bouts d’chou de huit ans (Jules et Henri) qui vont jouer du basson. De 17 h 30 à 19 h 45.
35.ALLELUIA Les cathos ont aussi leurs groupes de pop. Les Boeufs louanges de la paroisse St-Jean de Beaumont donnent rendezvous au passage du Pèlerin. S’ils pouvaient louer le ciel en musique pour que le soleil et la chaleur arrivent enfin, on leur serait reconnaissants. À partir de 18 h.
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36.RESTAURANT LE BAC 3 RUE DU COMMERCE – À PARTIR DE 20 H
ÇA VA SWINGUER !
Du jazz manouche avec des voix qui se posent dessus. Le pari était osé. My Favourite Swing a relevé le pari. « On se situe entre du manouche comme Angelo Debarre et du jazz vocal », explique Brice Guillon, le contrebassiste. La rencontre s’est faite en octobre 2012. Brice arrive un peu par hasard, pour un remplacement, trois jours avant une date. Et le courant passe direct avec Jean Guyomac’h et Philippe Cann.
Des bonnes tranches de rire, un gros repas. Les trois compères régalent avec leur swing audacieux, sans prise de tête et accessible à tous. Ils ont enregistré un EP de cinq titres, qui sera diffusé à la rentrée. « Pour la Fête de la musique, on va jouer les morceaux », indique Brice Guillon. Pour les écouter le 21 juin, rendez-vous dans une ambiance intimiste et idéale pour écouter du jazz : au restaurant le Bac, 3, rue du commerce. À partir de 20 heures. http://www.reverbnation.com/favo uriteswing
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37.LES CUIVRES À LA FÊTE Deux « orchestres à l’école », on est gâté ! Les petits des écoles Alain et Claude Bernard lancent les hostilités. La deuxième partie sera assurée par les élèves de classes de cuivre du conservatoire. Histoire d’écouter les futurs meilleurs joueurs de trompette, tuba et saxophone. Le tout sera à savourer du côté de l’esplanade François-Mitterrand, à partir de 18 h 30.
38.ENCORE DES JEUNES Les élèves de l’association Alumni Poulenc de l’Université François- Rabelais iront partager leur répertoire très varié au kiosque du jardin Mirabeau. Au programme : du jazz bien sûr. De la musique classique, cela va sans dire, avec également le choeur de la fac. Et puis des petites balades folk pour rêver tranquillement, allongé dans l’herbe… De 15 h 30 à 18 h 30.

Marathon musical

Une trentaine de groupes, huit heures de concert. C’est le marathon Tous en Scène. Présentation avec Virginie Beaume, une des organisatrices.

SORTIR_CULT_MARATHON
Tous en scène organise un marathon, le dimanche 9 juin ?
Oui, c’est un marathon musical qui se déroulera de 15 h à minuit, non-stop ! Il y aura une trentaine de groupes avec une centaine des élèves du Centre (lire ci-dessous) sur scène. Ils joueront des sets de deux, trois morceaux. Amplis, guitare, basse, batterie, chant, etc. Ce sera très rythmé : il y aura une régie et c’est une sacrée organisation…
Que vont-ils jouer ?
Leur répertoire sera varié, avec Queen, Iron Maiden, Earth Wind & Fire, du jazz, mais aussi du pop rock comme The Kills ou Red Hot Chili Peppers…
C’est très rock, tout ça !
Oui, on a pas mal de jeunes orientés rock/métal. Nos enseignants sont aussi des musiciens et sont rodés à la scène. On a, par exemple, le prof de guitare Richard Chuat qui joue dans le groupe de death metal Kronos ou Mike Saccoman, le batteur d’As de Trèfle. Ce marathon, c’est vraiment plus pour les musiques amplifiées.
Y aura-t-il aussi de « vrais » groupes pendant le marathon ?
Non. Pour certains passages, il y aura un featuring de prof (sa participation au morceau, NDLR) qui seront comme des « coachs » sur scène. Mais la journée est faite pour présenter nos élèves. Leur moyenne d’âge est de 25 ans. Certains ont même 15-16 ans !
Quel est le public ?
L’an dernier, on a fait salle comble. On espère le même succès, dimanche. En général, c’est un public assez jeune. Mais c’est l’aboutissement d’un an de travail, il y a aussi la rencontre avec l’équipe pédagogique. Dans le public, il y a des copains ou les parents pendant la journée, car on présente d’abord nos musiciens du cours « loisir ». Le soir, pour nos élèves du cursus professionnel, on a vraiment de tout dans le public, c’est pour tout le monde.
C’est quand même beaucoup plus qu’un simple spectacle de fin d’année…
Oui, bien sûr. C’est aussi un coup de boost pour nos élèves, pour les concerts, etc. Ça apporte un peu de sang neuf sur la scène…
Propos recueillis par Aurélien Germain.


LE MARATHON, C’EST QUAND ?
Dimanche 9 juin, de 15 h à minuit, à l’Escale de Saint-Cyr-sur- Loire. Et c’est gratuit ! Restauration légère et boissons sur place. Renseignements : 02 47 41 86 86 ou contact@tousenscene.com
TOUS EN SCÈNE, C’EST QUOI ?
Le centre d’enseignement des musiques actuelles et amplifiées, situé 56, avenue de la Tranchée, à Tours. C’est la première école spécialisée dans les musiques actuelles au niveau national. Elle compte parmi les vingt écoles les plus réputées dans ce style. Depuis 1994, elle a formé près de 7 000 musiciens amateurs et professionnels.
SES ÉLÈVES ?
Il y a plus de 900 élèves, avec des cours « loisirs » pour les musiciens amateurs et des cours « professionnels », pour ceux qui aspirent à en faire leur métier. « Au-delà, on organise des stages, des cours ateliers — où les élèves jouent en groupe — et des Master Class. Nous avons notamment reçu des guitar-hero virtuoses comme Patrick Rondat », indique Virginie Beaume. « Tous nos groupes sont ensuite envoyés dans de grandes salles ou des festivals ».