Le handicap au travail en 3 questions

Mon entreprise est-elle obligée d’embaucher des travailleurs handicapés ? Puis-je demander à mon entreprise des aménagements liés à mon handicap ? Entreprise adaptée : qu’est-ce que c’est ? On fait le point dans tmv, à l’occasion de notre dossier spécial sur le handicap au travail.

Mon entreprise est-elle obligée d’embaucher des travailleurs handicapés ?

Toute entreprise de plus de 20 salariés a pour obligation d’avoir 6 % de son effectif reconnu comme travailleurs handicapés. Si le quota n’est pas respecté, l’entreprise passe à la caisse, et verse à l’État une contribution OETH (Obligation d’emploi de travailleurs handicapés). L’argent servira à l’insertion des travailleurs handicapés.

Sous-traiter certaines tâches à des ESAT est un moyen de réduire le montant de cette taxe. Cependant, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, doivent déclarer leurs travailleurs handicapés auprès du ministère du Travail. But du jeu ? Motiver les entreprises à mener une politique inclusive en termes de handicap au travail.

Puis-je demander à mon entreprise des aménagements liés à mon handicap ?

Non seulement je peux, mais l’entreprise est obligée d’adapter mon poste à mon handicap, si j’ai bien la reconnaissance de ma qualité de travailleur handicapé, délivrée par la Maison départementale des personnes handicapées. Si vous aimez les sigles, on parle donc de la RQTH donnée par la MDPH. CQFD !

Bon, ne poussons pas le bouchon trop loin : le toboggan pour accéder à votre bureau, hors de question. Les aménagements doivent être « nécessaires et appropriés », selon la loi. Fauteuil, rampe d’accès, recours à un interprète en langue des signes française… C’est à voir en concertation avec votre employeur, la médecine du travail ou des professionnels de l’ergonomie par exemple. Et pour tout cela, le chef d’entreprise peut solliciter un financement spécifique.

Entreprise adaptée : qu’est-ce que c’est ?

Attention ! À ne pas confondre avec un ESAT ! L’Établissement et Service d’Aide par le Travail relève du Code de l’action sociale, et en partie du Code du travail. L’entreprise adaptée est quant à elle une entreprise du milieu ordinaire.

Donc la référence, c’est le Code du travail, comme pour toutes les autres entreprises. La seule différence, c’est la proportion d’employés reconnus en situation de handicap, l’adaptation des tâches réalisées, et les aides dont bénéficie l’entreprise pour l’emploi de personnes handicapées. En Touraine, vous en connaissez peut-être certaines : le centre d’appel Handicall Tours, Socia 3 et ses services comptables, ou l’entreprise multi-services ANRH, entre autres.

Texte : Maud Martinez / Photo ouverture : archives NR ESAT de Montlouis Photo Hugues Le Guellec

Handicap : accompagner grâce au travail

L’ouverture du Café joyeux, à Tours, a mis en lumière l’emploi des personnes en situation de handicap. Dans l’ombre, les personnes handicapées n’ont pas attendu ce café pour travailler, comme c’est le cas dans les ESAT, Établissements et Services d’Aide par le Travail. Envie d’en savoir plus ?

Vendredi. Tout le monde s’affaire. On passe le balai, et on déplace les meubles pour accueillir le public. L’ESAT Les Vallées, à Luynes, a en effet choisi d’ouvrir ses portes au public le mardi 21 juin : « l’événement s’adresse aux personnes handicapées et à leurs proches intéressés par notre structure, bien sûr. Mais nous avons aussi déposé des dépliants dans les boîtes aux lettres du quartier, où les voisins ne savent pas toujours ce que nous faisons ici », explique Aline Palleschi, directrice adjointe de la structure.

Et la publication récente du livre-enquête Handicap à vendre par le journaliste Thibault Petit, pour dénoncer l’exploitation à bas coût des travailleurs et le filtrage en fonction de la productivité des candidats, n’est pas faite pour arranger les choses : « Bien sûr, les réalités décrites existent malheureusement dans certains ESAT, mais pas ici. Il faut bien comprendre qu’un ESAT n’est pas une entreprise, c’est un établissement médico-social. Mais nous avons conscience du risque de glissement », complète Aline Palleschi.

À Luynes, dans les ateliers « conditionnement », on fabrique des caissettes en bois pour des fromages de chèvre, on assemble boulons et pièces de plastique, on fabrique des boîtes de toutes sortes. Un peu plus loin, des ordinateurs servent aux prestations de saisie informatique. À l’atelier « espaces verts », on prend l’air : pour des entreprises ou chez des particuliers, l’équipe entretient les arbustes, pelouses et autres massifs de fleurs. D’autres travailleurs interviennent aussi pour du nettoyage de voiture 100% écologique (sans eau ni produits chimiques).

« Mais on n’est pas là pour faire du chiffre ! Le travail est un support à l’accompagnement des personnes que nous accueillons. » François est moniteur, et suit une douzaine de travailleurs dans leurs parcours respectifs. Avec ses collègues, ils créent des modes d’emploi illustrés, découpent les missions en tâches successives, ou adaptent les gabarits par exemple.

« On est là pour adapter le travail aux capacités de chacun, et pour valoriser leurs compétences. On se questionne en permanence : est-ce que la personne se sent bien dans son travail ? Je ne suis pas sûr que des employeurs du milieu ordinaire se posent ce genre de questions pour leurs salariés ! ». En témoigne la variété des temps de travail (partiels, mi-temps, temps plein), ou cet écran situé dans le deuxième atelier, qui diffuse chaque matin une vidéo de la kiné pour un échauffement physique avant d’attaquer la journée.

Moniteurs, assistante sociale, psychologue, kinésithérapeute… Ils sont en effet une vingtaine de salariés pour encadrer et accompagner une centaine de travailleurs. « C’est un métier riche, où l’humain a toute sa place. En dix ans passés ici, j’ai vu aussi comment évoluait la société, et notre défi est que l’ESAT évolue aussi. Ce sont des enjeux liés à la citoyenneté, » commente François.

Travailleurs extra-ordinaires

Manuela, 40 ans, est arrivée il y a dix jours. « Dans la restauration rapide, mon statut de travailleuse handicapée n’était pas pris en compte. L’aggravation de mes problèmes de dos m’a motivée à me tourner vers les ESAT, car je ne veux pas rester chez moi sans travailler. Ici, on travaille à son rythme, et après quatre ans sans emploi, je me remets dans le bain. » Son but : retourner dans ce qu’on appelle ici « le milieu ordinaire ».

Comme Manuela, de plus en plus de personnes arrivent à l’ESAT après un passage dans le monde des travailleurs lambda : « Historiquement, nos établissements accueillaient des personnes avec déficience intellectuelle, issues des IME (Instituts Médico-Éducatifs). Mais depuis la loi de 2005, le handicap psychique et social est aussi reconnu, et les parcours sont donc de plus en plus divers », ajoute Aline Palleschi.

L’ESAT est pour certains une simple étape après un monde ordinaire qui les a abîmés, où ils ne trouvent plus leur place ; pour d’autres, c’est un aboutissement. L’équipe y accompagne donc chacun vers son projet, qui signifie parfois aller travailler seul au sein d’une entreprise extérieure… toujours sous le regard vigilant et bienveillant des moniteurs, anges-gardiens de ces travailleurs qui ne sont pas sous nos yeux, mais qui n’en ont pas moins l’air joyeux.

Maud Martinez

Plongée dans la nuit étudiante : des visages et des vies

#EPJTMV La nuit, les étudiants s’activent. Si certains filent côté Plumereau, d’autres sont occupés par bien d’autres activités nocturnes. Que ce soit pour travailler, étudier, militer ou explorer. Portraits de jeunes Tourangelles et Tourangeaux.

20 H 45

Mélanie, agent de soins en maison de retraite

 

La course commence pour Mélanie Violet à la Villa Eléonore. Jusqu’à 7 h 45, cette étudiante de 20 ans en soins infirmiers va enchaîner les visites de chambres et répondre aux appels des patients de cet Ehpad situé à Montlouis-sur-Loire. « C’est intense physiquement », explique-t-elle.

Deux à quatre nuits par semaine, Mélanie est agent de soins en maison de retraite, en plus de ses études à l’Institut de formation des professions de santé de Tours. À la fin de son service, il lui arrive même de se rendre directement en cours.

Mélanie a grandi entourée d’infirmières et d’aides-soignantes. Elle quitte sa Sarthe natale une fois son baccalauréat en poche pour venir étudier à Tours. L’été et certains week-ends, elle y retourne pour enfiler son équipement de sapeur-pompier volontaire : « J’ai toujours besoin d’aller aider les autres. Les études médicales m’ont toujours attiré : pouvoir soigner les autres, c’est gratifiant. »

Manque de chance, elle tombe malade au moment des examens à la fin de sa première année d’études et doit redoubler. Même si elle n’a que quelques matières à repasser, l’emploi du temps de Mélanie change souvent, elle préfère ainsi rejoindre l’équipe de nuit de l’Ehpad de Montlouis. Les conditions de travail sont délicates et la rémunération n’est pas toujours au rendez-vous. « Dans un Ehpad privé, nous sommes moins bien payés que dans les structures publiques. »

Lors de leurs gardes, elles ne sont que trois aides-soignantes pour 123 résidents. Elles sont appelées environ deux fois toutes les dix minutes. Il est déjà arrivé à Mélanie de se confronter à des situations délicates. Lors d’une visite, une résidente était tombée de son lit et a finalement fini la nuit aux urgences. À l’avenir, elle aimerait rejoindre l‘équipe de soignants du Samu.

22 h 00

Achille, passion twitch

Achille Martin lance Sea of Thieves, un jeu d’action-aventure dans un univers peuplé de pirates. Après ses journées à la Faculté de musicologie des Tanneurs, il aime pouvoir « s’échapper dans un monde virtuel et immersif ». Lorsqu’il ne joue pas seul, Achille se connecte avec quelques copains sur Discord, un logiciel de chat vocal et lance League of Legends, la référence du jeu d’arène en multijoueurs dit MOBA (multiplayer online battle arena, NDLR).

Il peut enchaîner les parties jusqu’à minuit ou 1 h du matin. Mais jamais plus, il ne faut pas que sa passion empiète sur ses études. « Je ne voudrais surtout pas arriver en retard en cours, parce que j’ai joué trop tard la veille. J’y mets un point d’honneur ! »

L’année dernière, durant quatre mois, Achille s’est essayé au stream. Il diffuse en direct ses parties de jeux-vidéo, sur la plateforme Twitch. « Je trouvais ça marrant de partager mes sessions avec des gens. » Il pensait aussi pouvoir en faire quelque chose de lucratif, pour mettre du beurre dans les épinards. Mais il s’est assez vite rendu compte que cela ne porterait pas ses fruits. « Je dépensais beaucoup d’énergie pour pas grand-chose. Et puis, je n’avais pas un assez bon niveau pour que ce soit intéressant à regarder pour les viewers (spectateurs en direct, NDLR). »

Lorsqu’on lui demande combien de temps il a consacré au jeux vidéos, il nous répond : « Il faudrait multiplier cinq années d’études, par 365 jours et trois quatre heures (rires) ». Cela fait 5 475 heures, soit environ sept mois et demi de jeu cumulés. « J’avoue que parfois je ne suis pas fier du temps que j’y consacre chaque jour. » Il nuance ce sentiment en disant que ces coupures dans un autre monde lui permettent de reconnecter avec des amis, « notamment pendant les confinements, où on se retrouvait régulièrement pour jouer ensemble malgré la distance ».

23 h 00

quentin, nuit de couture

La machine à coudre vrombit dans l’appartement. Quentin Pott, étudiant en troisième année pour son diplôme d’Arts et Métiers de la mode à Tours, apporte les dernières finitions à une des pièces de sa collection. L’étudiant de 22 ans est entré dans cette formation en septembre et a directement intégré la troisième année du cursus grâce à sa marque, Silly Collapse, qu’il a co-créée.

Le concept : une marque de vêtements éco-responsable qui utilise des matériaux recyclés. Passé par une Licence d’Anglais à Nantes, il quitte l’université pour se consacrer à la mode à plein temps. Après s’être réinstallé sur les bancs de l’école, dans un cadre plus pratique que théorique, il développe aujourd’hui sa marque au travers de son activité étudiante.

Ainsi, il consacre à son projet les ateliers de sa journée de cours de 8 heures à 17 heures. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de continuer à travailler chez lui, le soir venu. « En général je préfère travailler la nuit, explique Quentin et puis, les impératifs de la marque me prennent du temps que je n’ai pas forcément la journée. » Lorsqu’il rentre de l’université, il se réserve quelque trente petites minutes pour se détendre et manger un petit peu avant de se remettre au travail.

Les nuits de Quentin peuvent être assez courtes : il débute vers 18 heures et finit généralement vers minuit lorsqu’il est fatigué, sinon vers 2 heures ou 3 heures du matin. « Je fais souvent de la couture, c’est un travail assez calme et j’écoute des podcasts ou des livres audio pour accompagner le tout », raconte-t-il. Des nuits bien remplies que le jeune styliste semble quand même apprécier.

C’est une activité créative qui lui plaît et qu’il ne perçoit pas vraiment comme un travail. « J’essaie quand même de grapiller du temps de sommeil quand je peux », reconnaît Quentin. Si les nuits sont chargées, la vie étudiante l’est par conséquent beaucoup moins. Il sortait régulièrement comme beaucoup de ses amis de promo lorsqu’il était en Licence d’anglais, mais les études de mode et sa marque limitent sa vie sociale. Ce qui selon lui, est le cas de beaucoup de ses camarades. Nous le rencontrons une semaine où les nuits ont été particulièrement bien occupées comme souvent, mais cette fois, il s’agissait de la préparation de l’ouverture de son Pop-up store à Paris. Les nuits courtes de Quentin ont fini par payer.

1 h 00

urbex dans la nuit

Lampe au front, tout de noir vêtu, c’est le moment pour Thomas* et ses amis de commencer l’exploration nocturne. Maisons, usines, ou même avions abandonnés, cet étudiant de 22 ans est un habitué de l’urbex. Contraction de « urban » (urbain en français) et d’ « exploration », cette activité consiste à visiter des lieux abandonnés.

Mais n’est pas « urbexeur » qui veut : « Il faut respecter les règles d’or, ne rien casser, ne rien voler et ne rien laisser d’autre derrière soi que la trace de ses pas », explique Thomas. Tout a commencé en 2014. Thomas a alors 15 ans et découvre une maison abandonnée dans la forêt qu’il visite. Dans le même temps, il se passionne pour la photographie et l’histoire des lieux. Désormais en Master, il part à la recherche d’un nouvel endroit environ une fois par mois. Dernier en date en Touraine, un orphelinat. Mais c’est un château qui l’a le plus marqué : « C’est le plus bel urbex que j’ai fait de ma vie, car il y avait tout sur place : les tableaux, un billard, les bijoux de famille. Le lit était fait et la table était mise. »

La plupart du temps, Thomas préfère explorer le jour. Mais les photos de nuit sont plus belles et « les sensations sont différentes. La nuit fait ressortir le poids du passé », raconte-t-il. On peut aussi faire des rencontres insolites : « Une fois, il y avait d’autres urbexeurs qui se sont cachés en nous entendant. C’était une mauvaise idée, car on s’est mutuellement surpris en ouvrant une porte ce qui nous a tous fait crier de peur. »

La nuit, il explore entre 1 heure et 4 heures du matin, au moment où tout le monde dort. L’urbex reste illégal et dangereux. Les lieux laissés à l’abandon sont fragiles et surveillés : un plafond peut tomber, la police arriver. Ainsi, Thomas prend ses précautions pour évaluer les risques : « Je passe entre dix et vingt heures à enquêter sur les lieux avant de me rendre sur place. » Le rêve de Thomas est d’élargir son cercle de visites, d’explorer les ruines de l’ancienne République démocratique allemande (RDA).

*Les prénoms ont été modifiés.

1 h 15

collages féministes

Sur la place Jean-Jaurès à Tours, Violette* a prévu tout le matériel qu’il faut pour cette nuit : pinceaux, colle et lettres imprimées. Étudiante en psychologie au campus des Tanneurs le jour, Violette est aussi une « colleuse » la nuit. Au moins une fois par mois, elle colle des messages féministes dans les rues de Tours.

Cela lui permet de se réapproprier l’espace public : « C’est d’autant plus vrai que nous le faisons la nuit, c’est un moment de la journée où nous les femmes et minorités de genre, avons peur de sortir. C’est très symbolique. »

La jeune femme consacre une part importante de son temps libre au féminisme. Elle lit sur le sujet et s’occupe du compte Instagram Actions féministes Tours où elle poste les photos des collages et graffitis. « J’ai toujours été sensible aux discriminations. C’est à la fac que je suis passée de la théorie à la pratique. » En décembre 2019, elle participe au mouvement social contre la réforme des retraites et rencontre d’autres féministes dans son université. Elles forment alors un des premiers groupes de collages à Tours.

« Pendant les collages, il y a parfois des hommes qui nous insultent, font des réflexions, certains draguent et nous sifflent. » Coller sur des propriétés est illégal alors Violette prend des précautions. Elle rappelle qu’au-delà de l’illégalité, ce sont surtout les idées qui choquent : « Nous avions collé un slogan “révolution féministe” et c’est seulement le dernier mot qui a été enlevé. C’est arrivé deux fois. Cela montre que les gens n’ont aucun problème avec la notion de révolution, mais que c’est le féminisme qui les dérange. »

*Les prénoms ont été modifiés.


Textes : Marion Galard, Zoé Keunebroek, Célio Fioretti, journalistes en formation à l’EPJT
Photos : Charles Bury, journaliste en formation à l’EPJT, sauf photos Quentin et Urbex (Quentin Pott / DR)

Coronavirus en Indre-et-Loire : la semaine en chiffres

Cas confirmés, décès, travailleurs en chômage partiel, nombre de masques, collecte de poubelles… On vous dit tout.

[Cet article est rédigé le mardi 24/03 au matin. Les chiffres sont susceptibles de changer]

2

Le nombre de décès liés au Covid-19 en Indre-et-Loire. L’Agence régionale de santé l’a annoncé lundi soir : les deux premières victimes tourangelles étaient âgées de 79 et 89 ans. Il s’agit de deux hommes morts au CHRU de Tours.

361

Le nombre de cas de Covid-19 dans la région Centre Val-de-Loire.

71

C’est le nombre de cas recensés dans le département d’Indre-et-Loire (+7 en 24 h). En Eure-et-Loir, on compte 73 malades, 12 dans le Cher, 33 en Loir-et-Cher et 129 dans le Loiret.

680

Le nombre de places d’hébergement d’urgence ouvertes dans le département, d’après le directeur départemental de la Cohésion sociale.

3

Trois médecins ont décidé de porter plainte contre le gouvernement, dont un médecin tourangeau. Le Dr Emmanuel Sarrazin reproche le « retard » dont le gouvernement se serait rendu coupable dans la prise de décisions pour protéger patients et soignants.

3 : le nombre de pigeons avec qui on s’est fait amis à Plum’.

 

1

Une seule poubelle à sortir, puisque les bacs jaunes (recyclage) et verts ne sont plus ramassés dans Tours Métropole. Depuis le 19 mars, les équipes mettent en place une tournée de ramassage hebdomadaire des bacs à ordures ménagères. Le calendrier, évolutif, peut se retrouver sur tours-metropole.fr

24 h

La Préfecture a précisé que, pour des raisons sanitaires, les particuliers devaient jeter leurs mouchoirs, masques et gants usagés dans un sac plastique dédié et résistant, fermé, conservé 24 h avant d’être placé dans le sac plastique des ordures ménagères.

243

Le nombre d’entreprises en Indre-et-Loire qui ont pour le moment fait une demande d’activité partielle.

4 074

Le nombre de salariés qui sont pour le moment placés en chômage partiel dans le département d’Indre-et-Loire.

0 €

La Région Centre Val-de-Loire a annoncé la gratuité des transports du réseau Rémi pour les personnels soignants, pompiers et  policiers.

1

En million, le nombre de masques que va acheter la Région Centre, en complément de ce qu’annonce l’Etat. C’est François Bonneau, le président de la Région, qui l’a indiqué.

2

La France (et les Tourangeaux) entament leur deuxième de confinement.

3287

Le nombre de tentations que le journaliste de tmv a en l’espace de 24 h. Non mais vous les avez vus, ces bonbons qui nous font de l’œil ???

A.G.

Les étudiants en journalisme partent au Maroc pour Projet Marrakech

Avec Projet Marrakech, les élèves de l’EPJT veulent partir au Maroc pour y réaliser un magazine en ligne.

index

Vous aviez déjà eu un aperçu de leur plume dans le numéro du 23 janvier de tmv. Mais bientôt, c’est vers le Maroc que devront s’envoler les étudiant(e)s de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT).

Dans le cadre d’un projet éditorial, ces élèves en deuxième année réaliseront un magazine multimédia – donc 100 % en ligne – sur la jeunesse marocaine. Pour ce faire, ils ont besoin d’aides financières et matérielles.

Les jeunes journalistes ont donc mis en place une cagnotte participative, afin de boucler ce projet.
Des contreparties sont prévues pour chaque participation, allant du petit merci accolé à votre nom dans le magazine en ligne, à la carte postale, en passant par des tote bags ou encore du contenu exclusif… et une chanson !

A l’heure où nous publions cet article, leur cagnotte atteignait 590 € sur les mille escomptés. Il reste encore une trentaine de jours pour les aider.

> A suivre également sur Twitter
> Lien pour la cagnotte : juste ici !

Deux jours de hackathon pour défier le VIH

Dans le cadre de la prochaine journée mondiale de lutte contre le SIDA, un hackathon VIH est organisé à Tours. Objectif : inventer les solutions qui permettront de mieux prévenir et de mieux soigner la maladie.

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En France, la région Centre-Val de Loire est la deuxième région où l’on détecte le plus de nouveaux cas de VIH après l’Île de France. Il faut donc, encore et plus que jamais, se mobiliser d’après l’association VIH Val de Loire.

À ce propos, et dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le sida, un Hackathon VIH, baptisé Vihack, est organisé à Tours les 29 et 30 novembre, au HQ.

Cet événement doit réunir une centaine de participants (personnels de santé, étudiants en nouvelles technologies ou encore membres d’assos LGBT) afin de réfléchir ensemble et « d’inventer les solutions qui demain permettront de mieux prévenir et soigner la maladie », indique-t-on.

Organisés par le CHU et le Corevih, ces « deux jours d’effervescence collective » s’adressent à quiconque souhaite s’investir, tout en étant capable de travailler en équipe. C’est la première fois qu’est mis en place ce Vihack dans la région.

> Informations sur facebook.com/VIHValdeLoire

Réfugiés : l’intégration par le travail grâce à Kodiko

L’association Kodiko accompagne des réfugiés tourangeaux vers l’emploi. Son cheval de bataille : transmettre les codes professionnels et culturels.

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Lors d’un speed-meeting fin mars, les réfugiés de la première promotion s’entraînaient à présenter leur projet à des professionnels tourangeaux. (Photo Kodiko)

« Sonita Alizadeh me ressemble : comme elle, j’ai dû quitter mon pays… », raconte cette femme réfugiée s’efforçant de reconstruire sa vie en Touraine. Aujourd’hui, elle participe à une formation regroupant une quarantaine de réfugiés demandeurs d’emploi et de salariés tourangeaux.

La rencontre se déroule dans un joyeux brouhaha, au sein des locaux du Crepi à Saint-Avertin, à l’initiative de l’association Kodiko. Sa mission ? Accompagner les personnes réfugiées vers l’emploi, grâce au tutorat de salariés volontaires en entreprises. « Avec la crise des migrants en 2015, l’initiative répond à un besoin : ces personnes n’ont ni le réseau, ni la langue, ni les codes pour s’insérer », explique Cécile Pierrat Schiever, cofondatrice et présidente.

 Le coach David Pinto propose différentes activités pour favoriser les rencontres entre salariés et réfugiés. (Photo NP)
Le coach David Pinto propose différentes activités pour favoriser les rencontres entre salariés et réfugiés. (Photo NP)

Kodiko concentre ses efforts sur les réfugiés statutaires reconnus par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides : en danger dans leur pays d’origine, ils bénéficient d’une carte de résident valable dix ans. Née en 2016, l’association parisienne s’est implantée en Touraine « suite au constat posé par une conseillère de Pôle Emploi, Sophie Perard : dans notre offre de service, aucune prestation ne répondait aux besoins spécifiques des réfugiés, un nouveau public en recherche d’emploi », raconte Michel Gueguen, chargé d’affaires entreprises à Pôle emploi. L’antenne tourangelle est donc née afin de mener une expérimentation financée par Pôle emploi, pour accompagner une première promotion de réfugiés de septembre 2017 à mars 2018.

Danser pour faire connaissance

Ce mercredi printanier marque le lancement de la deuxième promotion. Salariés et réfugiés choisissent son nom à l’unanimité : Sonita Alizadeh. Réfugiée aux États-Unis, la jeune Afghane a fui son pays pour échapper à des mariages forcés et s’est fait connaître grâce au rap, un exutoire pour exprimer sa colère et dénoncer la condition des femmes. Des activités permettent aux salariés et aux réfugiés de faire connaissance, mais la barrière de la langue s’avère parfois gênante.

Difficile de parler ? Eh bien, dansez maintenant ! C’est l’étonnante proposition du coach David Pinto : les binômes salariés – réfugiés se forment, et sur un air de Yann Tiersen, l’un des deux ferme les yeux et se laisse entraîner dans la danse par son partenaire. Pour Maria Lépine, responsable emploi chez Manpower, c’est « un moment de détente ». Une autre manière, aussi, d’entrer en relation avec son partenaire soudanais, Al Fatih Mohamad Moussa, qui s’exprime peu en français. Ensuite, les danseurs se mettent en cercle pour partager leurs impressions.

Dans son pays, le Soudanais Al Fatih Mohamad Moussa était chauffeur de bus. En France, il espère trouver un emploi grâce à Kodiko.
Dans son pays, le Soudanais Al Fatih Mohamad Moussa était chauffeur de bus. En France, il espère trouver un emploi grâce à Kodiko.

Parmi les réfugiés, les langues ont du mal à se délier : « Il faut parler français, vous en êtes capables. Osez ! », invite Elvira Haxhiu, chargée de mission chez Kodiko. Les salariés français, eux, s’interrogent sur les différences culturelles : A quelle distance se tenir ? Peut-on se prendre par la taille ? Tels sont ces précieux « codes » (kodiko en grec) chers à l’association : transmettre des codes professionnels et culturels est l’un des axes clés de son projet. Comment s’habiller ? Comment se comporter en entretien ? « Ces codes socio-professionnels sont différents d’une culture à l’autre. Par exemple, la ponctualité est cruciale pour nous, mais pas en Afrique de l’Ouest », illustre la présidente.

Pour lever cette barrière, les réfugiés bénéficient d’un accompagnement de six mois. Au programme : des ateliers collectifs sur la posture et la communication (verbale et non verbale), la mobilité, l’écriture, les outils de recherche d’emploi, la définition du projet professionnel, l’expression orale… « Travailler sur la confiance est essentiel. Les réfugiés doivent faire le deuil d’une vie, d’une position et repartir à zéro. Nous sommes là pour les aider à reprendre confiance », souligne David Pinto. Mais ce n’est pas tout : l’originalité du programme repose sur le tutorat en entreprises : l’accompagnement individuel d’un réfugié par un salarié volontaire.

Ainsi, chacun peut avancer à son rythme. Certains ont besoin de faire mûrir leur projet, d’autres de rechercher un travail, comme Fadi Toshi, arrivé d’Irak il y a un an : « Je pensais trouver facilement un emploi dans la maintenance industrielle car j’ai de l’expérience dans plusieurs entreprises internationales. Mais ici, je ne connais personne et je ne sais pas comment ça marche. J’espère me faire un réseau grâce à Kodiko. » Tours est la première antenne locale de l’association parisienne, qui compte bien s’implanter dans d’autres grandes et moyennes villes françaises.

Reportage : Nathalie Picard

CONTACT :
SUR KODIKO.FR

Mais aussi par mail : elvira@kodiko.fr

Et par téléphone : 06 21 35 76 89

Association Active : Des dons pour des emplois

Depuis 1999, Active, association caritative d’insertion par le vêtement, aide les femmes en difficulté. Petite virée dans cette véritable ruche, remplie de travailleuses émérites

Gina, appliquée sur sa machine à coudre.
Gina, appliquée sur sa machine à coudre.

La pluie tombe à grosses gouttes ce mardi aprèsmidi. Le ciel est gris, le temps morose. Au 153 rue Saint-François, à La Riche, l’ambiance est toute autre. Dans cet immense bâtiment, on sourit, on s’active. Active, justement, c’est son nom : le lieu abrite l’association caritative tourangelle d’insertion par le vêtement. Émanation du Secours Catholique au départ, devenue autonome depuis, Active « est un chantier d’insertion », introduit Elise Yagoubi-Idrissi, la directrice. Ici, on favorise le retour à l’emploi de femmes en difficulté. La collecte de vêtements et de jouets, puis leur vente en boutique, permet de salarier une vingtaine de personnes.
Ce jour-là, la clientèle est variée. Un grand-père traîne des pieds et déambule entre les rayons. Une petite brune, étudiante, jette un oeil au rayon jouets, tandis que deux mamans se régalent face aux chemisiers. Un peu plus loin, des maillots de foot des équipes françaises et algériennes par dizaines. Les prix sont minis : un haut banal à 3 € ; une tunique Jacqueline Riu pour 5 €. « Cela permet de relativiser le rapport marque/prix, n’est-ce pas ? », sourit Mondane Blin de Laloubie, vice-présidente d’Active. Mais attention, pas question de coller « l’affreuse étiquette du magasin pour “ pauvres ” », prévient Élise Yagoubi-Idrissi. « Nous sommes ouverts à tout le monde. Étudiants, personnes dans le besoin ou qui veulent consommer autrement… il y a une très grande mixité sociale. »

Dans un entrepôt, les sacs remplis d’habits attendent de passer par l’espace tri.
Dans un entrepôt, les sacs remplis d’habits attendent de passer par l’espace tri.

Un peu plus loin, Hadiamany aide les clients devant les cabines. « Je suis arrivée il y a 4 mois et tout va bien. Je fais un peu de tout ici », explique la jeune femme. Tout comme ses collègues, elle est en CCDI, un contrat à durée déterminée d’insertion. C’est sa conseillère de Mission locale qui l’a dirigée vers Active. Pour d’autres, c’est Pôle emploi. Les contrats – de 20 à 26 h – sont renouvelables. L’accompagnement est obligatoire. « Les encadrantes sont là pour les aider. On redonne confiance à ces femmes », se félicite la présidente d’Active. Soussana, par exemple, est encadrante. On la retrouve à l’atelier textile, situé derrière les murs du grand magasin. Ici, pas de public ou de clients. Seules les salariées d’Active y ont accès.

Active fait partie du réseau Tissons la solidarité et compte 300 passages par jour au magasin.
Active fait partie du réseau Tissons la solidarité et compte 300 passages par jour au magasin.

Soussana conseille et dirige une petite troupe hyper concentrée. Gina, l’une des salariées, est en train de réaliser une nappe. Le travail est minutieux. Un compliment et ses yeux rieurs s’agrandissent derrière ses lunettes : « Oh, pourtant c’est facile ! », rigole-t-elle. Cela fait une semaine qu’elle est arrivée à Active et comme toutes ses collègues, « c’est un plaisir ». La couture, c’est son truc. Tout comme Faiza qui fabrique « une création avec de la fourrure ». Le vêtement « customisé » finira au rayon “ créa ” du magasin. « Ce sera beaucoup plus cher que les autres habits », plaisante Mondane. Soit… 6 € !

CAVERNE D’ALI BABA

Chic dans son petit tailleur, porte-épingles au poignet, Faiza est fière de son travail. Comme toutes les femmes travaillant ici. Une source de motivation incontestable avant de se lancer sur le marché du travail extérieur. Cela se voit aussi sur le visage d’Armine, de l’atelier jouets. « Bienvenue ! », lance-t-elle toute sourire, avec un petit accent. Elle a le français hésitant, mais pas approximatif. Un peu timide, mais rayonnante, elle raconte : « Là, nous trions et nettoyons les articles. Après, nous les présentons en vitrine ou en rayons jouets du magasin. » Annie, l’encadrante, a l’air ravie d’Armine, arrivée il y a déjà 6 mois. « Elles peuvent constamment proposer des idées. J’adore les initiatives. C’est le travail d’équipe qui est intéressant », souligne Annie.
Récemment, ateliers jouet et couture ont collaboré : la mousse de certaines peluches a ainsi été récupérée pour rembourrer l’oreiller d’un petit lit en jouet.

Jouets ou jeux de société : Armine leur offre une seconde vie.
Jouets ou jeux de société : Armine leur offre une seconde vie.

À l’extérieur de cette « caverne d’Ali Baba », il y a cette montagne de sacs. Des tas d’habits y sont entassés. « Il y en a une tonne par jour ! », informe Mondane. « Alors on doit tout trier. C’est un vrai métier. Il faut savoir ce qui est tendance, connaître les marques, etc. Puis certains habits seront récupérés pour l’atelier couture, d’autres seront recyclés. On ne jette rien à Active. »

Cependant, les dons continuent d’être indispensables à leur survie. Jouets, vaisselle, textile, tout est bon à prendre, sauf l’électroménager et les gros meubles. « En revanche, nous manquons d’habits pour hommes et enfants. » Ici, la devanture de la boutique indique « Vos dons créent de l’emploi ». « C’est valorisant pour tout le monde. C’est un beau projet », souffle Mondane. En sortant d’Active, le ciel s’est enfin éclairci. Il ne pleut plus. Le beau temps est revenu.

> Suivre l’association sur son site ou sur Facebook. Téléphone : 02 47 37 13 33.

> Active à La Riche, 153 rue Saint-François / Active à Tours : 155 rue Edouard-Vaillant. 

Faiza, future créatrice de mode ?
Faiza, future créatrice de mode ?

Textes et photos : Aurélien Germain

Forum de l’emploi : 600 offres à pourvoir

Les intéressé(e)s seront ravi(e)s d’apprendre qu’un Forum de l’emploi se tient à Tours. A la clé ? 600 postes à pourvoir.

Évidemment, non. La mairie de Tours ne va pas embaucher d’un coup 600 nouveaux collaborateurs. Avec le soutien de la Région, de la CCI, de Pôle Emploi, de la Préfecture et de la Mission locale, elle organise à l’hôtel de ville la troisième édition de Tours pour l’emploi et l’alternance. « L’idée, c’est que nous n’aurons ici que des entreprises qui ont effectivement des postes en CDD ou en CDI à pourvoir ou des offres de contrats en alternance », explique Laetitia Pasquier, en charge du dossier à la Mairie.
En tout, donc, au moins 600 offres à pourvoir, le plus souvent en local, puisque les entreprises présentes interviennent essentiellement en Touraine. La manifestation prendra, cette année, une importance particulière puisqu’en plus du forum de l’emploi, on pourra assister à des démonstrations de métiers (de 10 h à 12 h et de 15 h à 17 h).

« Nous aurons des ascensoristes, des cordonniers, des coiffeurs, des étudiants en alternance. Une bonne façon pour des jeunes en période d’orientation de découvrir des formations porteuses ». A noter également que Murielle Hermine, la marraine de la journée donnera une conférence sur les valeurs du sport comme tremplin vers l’emploi. Là encore, une façon d’évoquer l’emploi qui devrait parler à tous.

>Mercredi 1er juin, Hôtel de ville de Tours, sans interruption, de 9 h à 17 h.

Boulot : et si on sortait de sa bulle (et de son portable) ?

Mails, messagerie instantanée, veille sur les réseaux sociaux : oui, les outils numériques au bureau nous facilitent le travail. Mais ils sont aussi envahissants, au point que certains exigent un droit à la déconnexion pour les salariés. Avant d’étouffer dans notre bulle digitale, stoppons les mauvaises habitudes. Six astuces pour reprendre la main sur notre bureau digital.

TUE

JE CONSULTE MA MESSAGERIE PRO MÊME EN VACANCES À HAWAÏ

Vous n’êtes pas le seul : 41 % des cadres estiment ne pas pouvoir déconnecter en soirée et 29 % en congés. L’Humanité et L’Entreprise dénonçait déjà en 2011 « la laisse électronique » ; encore perçus comme des avantages, les smartphones et ordi portables sont devenus des fils à la patte. « J’ai refusé le téléphone et le portable de fonction, explique une cadre tourangelle. En cas de besoin, mon chef a mon téléphone perso et du coup, il ne m’appelle le week-end qu’en cas de vraie urgence ». Le rapport Mettling remis début septembre au ministre du Travail préconise le droit à la déconnexion.
« C’est indispensable, confirme Mickaël David, enseignant à l’IAE de Tours. Mais la jeune génération de salariés apprécie la flexibilité des horaires, préférant une longue pause méridienne pour faire du sport ou faire les boutiques et travailler le soir, contrairement à leur aînés qui, eux, apprécient de finir plus tôt. » Il faut donc conjuguer ces deux visions décalées, un grand écart que les managers peuvent pourtant réussir avec brio s’ils poussent leurs collaborateurs à échanger (autour d’une table, pas derrière un PC!). En attendant, préparez une réponse automatique d’absence (sans mentionner que vous êtes sous les palmiers).

JE N’ARRIVE PLUS À RÉPONDRE À TOUS LES MAILS

Hier matin, à 8 h 45, vous avez sélectionné les 35 messages qui étaient déjà tapis dans la boîte et cliqué « marquer comme lu ». Hop, ni vu ni connu. Une réaction normale : à raison de 5 minutes d’attention par message, si on en reçoit 50 par jour, on y consacre plus de 4 heures. Et pourtant, si tu ne réponds pas dans l’heure, ton correspondant croit que
1/il est tombé dans les spams,
2/ tu es en vacances au Tibet,
3/ tu le snobes.
Un peu d’empathie, que diable ! Si vous, vous n’arrivez pas à répondre, vos correspondants ont sans doute le même problème, alors évitez la surcharge informationnelle via des filtres : « est-ce utile, important, urgent ? » Oui, j’envoie. Non, j’envoie pas. Pour gagner du temps, planifiez des heures de consultation : par exemple à 9 h, 12 h, 14 h et 16 h. Et préparez des messages-type de réponse.

JE POLIS MA PAGE LINKEDIN AU MIRROR, J’AI UN COMPTE VIADEO QUI ENVOIE DU RÊVE

Pour attirer des contacts professionnels, ces pages doivent être irréprochables, mises à jour et enrichies de publications ou d’échanges sur les forums de chaque plateforme. L’exercice devient vite chronophage ! Il est préférable de choisir un seul réseau, le mieux adapté à votre secteur d’activité et d’effacer les vieux profils sur les autres comptes.
Et puis, ça peut sembler fou, mais il y a encore des gens qui trouvent du travail en envoyant un brave vieux CV papier. Les réseaux sociaux sont très utiles mais pas indispensables. On connaît même des journalistes qui bossent sans facebook ni twitter. Leur réseau ? Le café, les discussions avec la caissière ou la pharmacienne, à la sortie de l’école… IRL*, quoi. *In Real Life, ou Dans la vraie vie

JE CONSULTE MON SMART PHONE 246 FOIS PAR JOUR

Soit 2 fois plus que la moyenne des utilisateurs. Si c’est pour regarder l’heure, achetez une montre. Mieux, faites-en vous offrir une à Noël. Si c’est pour guetter les notifications, posez-vous sérieusement cette question : est-ce que vous soulevez 246 fois le combiné de votre téléphone de bureau pour voir s’il fonctionne ? Non ? Ben voilà.

JE PARTAGE TOUT CE QUE J’AIME SUR MON MUR FACEBOOK

Notre utilisation des TIC en tant que consommateur a des impacts sur l’entreprise. C’est parce qu’on consulte plus les réseaux sociaux le week-end et le soir que les buzz s’y répandent… obligeant les community managers, chefs de projets et autres chargés de relation client à être réactifs à des heures où ils préféreraient boire une limonade en terrasse. Être un consommateur responsable socialement, c’est donc aussi prendre le temps de réfléchir avant de retweeter ou partager dans la micro-secondes : « Pourquoi ça m’énerve ? Si je le partage, qu’est-ce que ça apporte de positif à ma communauté ? Et à cette entreprise ou cette personne impliquée ? »

JE BOIS MON CAFÉ EN LISANT TWITTER (ET JE CONTINUE DANS LE BUS, ET EN ALLANT AUX TOILETTES)

Le Fomo (fear of missing out), la peur de manquer quelque chose, a été démultipliée par les réseaux sociaux. Être curieux, c’est bien mais voir défiler 20 h / 24 des dizaines d’informations contradictoires ou sur lesquelles on n’a aucune prise fait parfois mal au ventre. Avant d’être contraint à prendre une mesure extrême comme une cure totale de déconnexion, offrez- vous un jour par semaine sans Internet. Est-ce que vous achetez chaque matin les 60 journaux qui paraissent en France ? Non. Ben voilà. Vous en manquez, des choses…

Interview rentrée : "Une période pour se réhabituer"

François Testu est professeur émérite de psychologie à l’Université de Tours. Il vient de fonder l’Observatoire du Temps de vie des enfants et des jeunes à Paris.

DOSS_PAP2_TESTUQue représente la rentrée dans notre société actuelle ?
C’est un repère temporel. Elle arrive après les vacances qui représentent une cassure dans notre vie qui tourne autour du travail. La rentrée est une période pour se réhabituer. Elle correspond en général avec la reprise scolaire. Notre année est dirigée par le temps à l’école de nos enfants. C’est impossible de travailler en continu. Il faut respecter les pauses. Quand j’entends des parents parler de préparation avant la rentrée pour de jeunes enfants, je me dis qu’il faut aussi se laisser du temps pour en profiter, ne pas gâcher la fin de ses vacances. Pour les adultes, c’est pareil.

Finalement, avec la reprise du travail, c’est la question du rythme de vie qui apparaît. Quel constat portez-vous sur l’emploi du temps au travail actuellement ?
Le travail est inscrit dans notre patrimoine génétique. Mais il faut aussi concilier notre emploi du temps professionnel avec notre rythme biologique. Par exemple, au Japon, certaines firmes prévoient un temps de sieste pour leurs employés. Il y a bien sûr une logique de rentabilité, mais cette initiative a le mérite d’exister et de correspondre au temps de pauses utiles. Comme pour les enfants, il y a une logique : certaines périodes de la journée sont favorables pour agir. D’autres, par exemple, après la pause de midi, peuvent être utilisées à des tâches moins sollicitantes. En France, nous sommes encore loin de ce système. Prenez le travail de nuit. C’est une aberration biologique : un moment où notre vigilance est quasiment nulle et notre productivité très faible. Certes, un hôpital ne peut pas s’arrêter de fonctionner. En revanche, vous pouvez éviter de faire tourner une usine la nuit.

Vous remettez en cause la « culture » du temps dans notre société ?
J’ai du mal à suivre le raisonnement sur la flexibilité du temps de travail. Sur le niveau strictement scientifique, c’est un mauvais emploi du temps qui crée une désynchronisation de notre vie. Le train-train, c’est plus agréable et plus sain que de savoir au dernier moment quel jour vous travaillez.

En chronopsychologie et chronobiologie, il reste encore peu d’études sur le rythme de vie des adultes, comment l’expliquez- vous ?
Dans notre domaine, il existe trois étapes : celle des enfants, celle des ados et viennent ensuite les adultes. S’il y a eu quelques travaux sur le rythme des étudiants, les ados et les adultes sont les grands absents des recherches. Pour la simple raison que c’est très compliqué, variable en fonction des profils, des métiers… On vient à peine de mettre en avant celle des enfants avec les rythmes scolaires. Il y a encore du chemin à parcourir.

Carrière : 4 femmes vous conseillent

4 adhérentes de l’association Femmes 3000, 4 métiers majoritairement d’hommes, 4 parcours professionnels, 4 conseils.

Maud Mathie
« J’ai su rebondir »
Poignée de main franche, le ton sur la même veine, Maud Mathie parle de son parcours professionnel sans omettre les détails. Elle explique avec passion son métier. Cette ingénieure aide les entreprises et les coopératives à améliorer la conservation des grains dans les silos. Jeune consultante, elle conseille ces structures à réduire la présence de produits chimiques lors de la conservation et propose des solutions pour faire baisser la consommation énergétique. « Il y a aujourd’hui une pression de la société pour plus de qualité, moins de pesticides. L’écologie est de plus en plus prise en compte. » Installée en Touraine depuis peu, Maud Mathie ne fait que travailler. Elle avoue mettre sa vie sociale de côté, sans pour autant le regretter. Elle vient tout juste de monter son entreprise.
« Être une femme dans mon domaine, ce n’est pas fondamentalement gênant. C’est vrai que souvent, les dix premières minutes d’un rendez- vous, il y a un flottement. Surtout que je suis jeune. Mais dès que nous rentrons dans l’aspect technique, on me prend au sérieux. » Elle ne s’est jamais vraiment fermée de portes. Elle a bien essayé d’être vétérinaire au début, mais elle n’en a pas fait une montagne quand elle a loupé le concours d’entrée. Maud Mathie est heureuse de son métier actuel, « même si c’est parfois l’enfant pauvre de l’agriculture. » Les freins, dans sa carrière, ce sont les autres qui ont essayé de lui en mettre. « J’ai travaillé pendant des années dans une entreprise où, malgré mon âge, on me donnait de gros projets. Je crois que j’étais considérée comme la valeur montante dans mon domaine. Sauf qu’un homme qui travaillait avec moi a commencé à me harceler. Je me suis fermée des portes, j’ai perdu confiance en moi et j’ai quitté l’entreprise au bout d’un moment. Mais j’ai su rebondir. » Volontaire, de cette mauvaise expérience Maud Mathie a lancé sa propre boîte. « Pour l’instant, je dois faire des concessions sur ma vie privée, mais ce sont mes choix. »

Marina Marcucetti est devenue carreleuse. Son leitmotiv : bosser, prendre parfois une voie difficile.
Marina Marcucetti est devenue carreleuse. Son leitmotiv : bosser, prendre parfois une voie difficile.

Marina Marcucetti
« Ce que je préfère, travailler sur les chantiers »
L’évidence. La jeune ingénieure qualité en pharmacie avait déjà eu l’idée à 20 ans. Mais son père lui avait plutôt fait comprendre qu’il fallait continuer ses études. « Si j’avais été un mec, peut-être qu’il aurait réagi différemment. » Elle quitte Caen, revient s’installer en Touraine avec son fils et un but : reprendre l’entreprise de son père dans le carrelage. Marina Marcucetti passe un CAP pour la légitimité, même si elle a toujours donné un coup de main sur les chantiers depuis l’adolescence. « Au fond, mon père était heureux que le nom reste. » Compétente, la jeune femme devient chef d’entreprise. Elle a deux employés, dont son frère qui l’a rejoint un peu après. Une histoire de famille. À 41 ans, elle travaille sans arrêt, s’occupe de son fils et fait fructifier son entreprise. Marina Marcucetti paraît heureuse, comblée. « Même si je dois m’occuper de la relation avec les fournisseurs et les clients, de prospecter, je ne lâche pas le terrain. C’est ce que je préfère, travailler sur les chantiers. » Elle s’amuse de la réaction des hommes dans un monde où les femmes ne sont presque pas représentées. « Pour y arriver, il faut travailler, y aller à fond. Pourtant j’ai toujours choisi la difficulté dans mon parcours professionnel. » Sans bac, elle fait ses études avec à chaque fois une pose d’un an pour les financer. « Au lieu de trois ans, ça m’en a pris presque six. Mais comme je travaillais dans des entreprises dans mon domaine, j’ai réussi à booster mon CV. Une fois diplômée, j’ai été embauchée directement. » Aujourd’hui, elle s’épanouit dans le bâtiment, essaye de manager différemment son équipe, leur donne des libertés. Marina Marcucetti avance, travaille encore.
Marie-Anne Vivanco
« Il faut se former en permanence »
Elle a les yeux qui pétillent, déroule son parcours presque d’une traite : « J’ai fait un bac scientifique et puis je suis venue à Tours pour deux ans d’orthophonie. Ensuite, j’ai repris des études juridiques et un DEA en sciences politiques à la Sorbonne. J’ai aussi été journaliste à Ouest-France et au Télégramme. Sinon j’ai donné des cours dans un lycée agricole et j’ai été chargée de mission à la Chambre d’agriculture. En 2007, j’ai ouvert une entreprise d’électricité avec un ami et je suis élue depuis 2010 à la Chambre des métiers… » Elle s’arrête, sourit. Silence. Elle reprend : « On vous met souvent dans des cases en France, on a du mal à en sortir. On vous dirige dans un couloir qu’il faut suivre, on formate. Il faut montrer des diplômes, des validations d’acquis. On ne fait pas assez confiance. »
Pour Marie-Anne Vivanco, tout le monde peut se former au gré de ses envies. Pour ne pas se fermer de portes, toujours évoluer, il faut apprendre en permanence. « Je crois que la curiosité est primordiale. On nous confine trop facilement dans un domaine. » Elle n’arrive pas à trouver ses déclics, ce qui a fait que sa vie professionnelle a eu plusieurs trajectoires. « J’ai été élevée dans une famille de militaire, dans la bourgeoisie. J’ai vite compris qu’il existait d’autres valeurs, que je devais comprendre, sans forcément renier mon éducation mais en ne m’enfermant pas. » Marie-Anne Vivanco travaille aujourd’hui dans sa petite entreprise, donne des coups de main sur les chantiers, s’occupe de la gestion. Elle aimerait se mettre à la ferronnerie, comme ça, pour le plaisir. « Beaucoup disent qu’il faut un mauvais caractère pour y arriver, ne pas se laisser faire. Moi, je dis qu’il faut simplement du caractère. »
Vivanco
Marie-Anne Vivanco, électricienne, juriste, prof, journaliste… La formation continue incarnée.

Isabelle Rouger
« J’ai appris à faire moi-même »
Elle vit en Touraine depuis 2004, envie de quitter Paris, d’élever ses enfants en dehors de la frénésie de la capitale. Isabelle Rouger a bien essayé de proposer de bosser de chez elle, mais son ancienne entreprise n’avait pas mis en place le travail à distance. Elle postule dans une banque. Trois ans après, elle est responsable d’une équipe. Isabelle Rouger travaille dans l’informatique. « Nous ne sommes pas dans le développement mais dans les infrastructures, la mise en place de parc informatique, le dépannage des machines, nous menons également des projets de développement. » Elle aime le management, « ce qui me plaît, c’est l’accompagnement des personnes. » Isabelle Rouger est également fascinée par la technique, en général, savoir comment ça marche. « J’ai visité une usine il n’y a pas très longtemps, j’adore regarder les machines, que l’on m’explique comment elles fonctionnent. » Isabelle Rouger défie les stéréotypes, ne voit pourquoi elle ne peut pas faire elle-même. « L’autre fois, j’ai crevé à 3 kilomètres de chez moi. J’ai appelé mon mari pour lui dire que j’allais avoir du retard parce que je devais changer la roue. » Elle n’a pas pensé demander de l’aide. « Ado, je me suis retrouvée seule avec ma maman. J’ai simplement appris à faire moi-même. »

Entreprises : "un autre regard" sur les femmes

Les inégalités entre hommes et femmes dans le monde du travail restent immenses. Femmes 3000, qui prépare son forum en janvier, fait le point.

Le forum de Femmes 3000 lors d'une précédente édition. (crédit Tmv)
Le forum de Femmes 3000 lors d’une précédente édition. (crédit Tmv)

Femmes 3000 prépare son 8e forum de l’entrepreneuriat féminin, qui aura lieu le 30 janvier prochain. Outre des ateliers et des rencontres avec des partenaires, l’association remettra le trophée de l’entrepreneuse 2013. Les candidatures peuvent être soumises jusqu’au 20 décembre. Une initiative pour donner un coup de pouce aux femmes dans le monde du travail qui, au vu des statistiques, est encore d’actualité.
Selon une récente étude du ministère du Travail, les femmes chefs d’entreprise sont de plus en plus nombreuses, elles étaient 134 000 en 1983 et 165 000 aujourd’hui. Une bonne nouvelle ? Pas vraiment, proportionnellement elles ne représentent que 16 % des entrepreneuses (en 2011) alors qu’elles étaient 19 % en 1983.
« Manque de confiance »
Pour Laurence Hervé, la présidente de Femmes 3000 en Touraine, il reste un blocage : « Beaucoup trop de femmes ont encore un manque de confiance en elles. Par ailleurs, leur entourage, s’il n’est pas positif, peut jouer en leur défaveur. Toute la société, culturellement, se tourne vers les hommes, valorise leur travail, les encourage. Quand une femme décide de monter son entreprise, c’est perçu comme anormal. Et même sans être chef, elle va avoir des difficultés à atteindre un poste à responsabilité. »
Les luttes pour la valorisation des femmes dans la société, et en particulier au sein des entreprises, ont pourtant sensibilisé les pouvoirs publics depuis de nombreuses années sur ces sujets. « Les aides de l’État existent pour que les femmes entreprennent, » ajoute Laurence Hervé. « Nous apportons un autre regard sur l’entreprise, sur sa façon de fonctionner. Ces valeurs féminines permettent une pratique différente. J’ai l’exemple d’une entrepreneuse qui, l’autre jour, me racontait qu’elle organisait des massages pour ses collaborateurs, au sein de l’entreprise. Elle l’a proposé naturellement, sans se poser de questions. Ce qu’elle met en place pour le bien de sa société, elle l’offre aux autres. » Plus d’infos sur le forum

Thanatopracteur, la mort chevillée au corps

Bienvenue dans le monde des thanatopracteurs, un métier qui a la mort pour quotidien.

Didier Leveau, thanatopracteur depuis plus de 15 ans.
Didier Leveau, thanatopracteur depuis plus de 15 ans.

Carrure d’ancien rugbyman, Didier Leveau sort deux valises en plastique de sa voiture. Il est garé dans le parking des Pompes funèbres intercommunales de Tours. Dans le coffre, des bouteilles remplies de formol dilué et de solutions pour la conservation du corps des défunts qu’il « soigne ». Oui, les thanatopracteurs opèrent des soins sur les morts, leur redonnent une apparence convenable pour que leur famille puisse les voir une dernière fois.

Didier Leveau exerce ce métier depuis plus de 15 ans. Il rigole. S’exclame : « J’ai passé le cap. » Alors qu’il enfile sa blouse bleu : « Souvent, les hommes changent de métier après 15 années de thanatopraxie. Bizarrement, on dit que les femmes s’arrêtent au bout de 2 ans. » Cette profession, il ne peut pas dire qu’il l’adore mais il éprouve une fierté à rendre leur dignité, aux morts. « C’est un métier de l’ombre, regrette-t-il. Les embaumeurs égyptiens étaient des parias dans leur société parce qu’ils s’occupaient des défunts, peut-être qu’il y a un lien avec notre manque de reconnaissance aujourd’hui. »

Mort aseptisée

Didier Leveau est employé des 3T, une entreprise spécialisée dans la thanatopraxie et dans le transport funéraire. Il travaille en Touraine depuis plus de dix ans. Le thanatopracteur est parfois appelé à travailler au domicile du défunt ou de sa famille. Mais la majorité de ses soins sont effectués dans des lieux aseptisés, comme aujourd’hui dans cette pièce des Pompes funèbres, cachée au public. « On ne meurt plus chez soi. La mort ne fait donc plus partie de la vie domestique. Il y a donc eu une marginalisation de la mort, qui est devenue plus mystérieuse », analyse David Lebreton, président de l’Association des professeurs de philosophie et de l’enseignement public (Appep) en région Centre.
Murs en faïence, poubelles médicalisées, grandes tables d’opération en inox : ces éléments du décor s’apparentent à une salle d’opération classique. L’odeur n’est pas trop insupportable, quelques effluves de formol flottent dans l’air constamment recyclé par un système d’aération. Didier Leveau prévient : « Surtout, pas de sensationnalisme, notre métier n’a rien à voir avec ce que tout le monde imagine. »

Les ustensiles du parfait thanatopracteur

Devant le thanatopracteur, le corps d’une femme âgée, habillée d’une robe bleu marine, assez chic. De sa vie, Didier Leveau ne sait presque rien à part des éléments de son état civil. Alors il lui parle, sa façon à lui de se « blinder » et lui invente une existence heureuse pour ne pas rentrer dans la routine. Même s’il ne l’avoue pas facilement, son métier ne laisse pas indemne. Lui, il oublie sa journée en revenant chez lui, le soir, en voiture. Arrivé à la maison, impossible de se rappeler en détail de ce qu’il a fait. Des souvenirs douloureux, il en a quelques-uns qui lui collent à la mémoire. Sa femme travaille dans le domaine funéraire, mais aucun de ses amis n’est dans la profession. « Ça intrigue les autres, ils sont fascinés parce que je fais mais, en même temps, ne veulent pas trop en savoir. Certains se sont éloignés de nous à cause de ça. »

Images choquantes, morts respectueux

De l’une de ses valises, il sort une pompe péristaltique avec plusieurs tuyaux. C’est par eux que va sortent les fluides corporels du corps. Didier Leveau injecte ensuite une solution qui l’empêchera de se décomposer trop vite. Il explique avec simplicité cette procédure. Même si les images peuvent être choquante, ses mots sont respectueux. Autour de lui, les employés des pompes funèbres réceptionnent d’autres corps, les placent dans des chambres réfrigérées. Mourad, le responsable habillé d’un costume gris de circonstance, note avec précision les informations sur les personnes décédées.

Didier Leveau lui, est en train de mettre un collant opaque aux jambes de la défunte : son petit-fils veut la voir comme ça. Il place ensuite du coton dans ses cavités nasales et en dessous de ses lèvres. Avec un peu de cire, il forme un début de sourire. « Je ne vais pas en faire plus. Le but, pour la famille, c’est de revoir la personne qu’ils ont perdue. Si je la maquille trop ou lui fais un grand sourire, ils peuvent ne pas la reconnaître. » Pourquoi une telle attention. « La mort a acquis un côté insupportable. On apporte des soins au corps pour nier l’évidence, donner une illusion de vie. Il y a aussi ce caractère sacré de l’humain. On ne laisse pas la nature prendre le dessus et corrompre le corps », explique David Lebreton.

Avec l’éclatement géographique des familles modernes, et le besoin de présenter un défunt plusieurs jours après sa mort, la thanatopraxie prend de plus en plus d’importance dans les services funéraires. Didier Leveau ajuste les dernières mèches de cheveux et place le corps dans le cercueil qu’il transporte jusqu’à une chambre funéraire. La famille a loué ce lieu pour se recueillir. Au centre de cette petite salle glaciale, il place le corps de biais, pour choquer le moins possible ceux qui vont rentrer. Didier Leveau jette un dernier regard et sort tranquillement par la porte de service.

Job d'été : encore possible !

Avis aux retardataires, vous pouvez encore trouver un travail pour juillet-août ! Un forum est organisé jeudi 30 mai au Centre de vie du Sanitas.

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Un job dating
Vous n’avez pas encore de travail pour juillet-août ? Rassurez-vous, il n’est pas trop tard ! Le Bureau information jeunesse Indre-et-Loire (Bij 37) organise un forum « jobs d’été dernière minute », ce jeudi 30 mai après-midi, pour les retardataires. « Beaucoup de jeunes cherchent encore un travail en mai-juin, pour différentes raisons… Et les employeurs aussi recherchent des jeunes à la dernière minute, car ils ne connaissaient pas encore leurs besoins fin mars », rappelle Françoise Dessables, documentaliste- informatrice au Bij.
Une dizaine d’employeurs
Au total, quatorze employeurs seront présents pour proposer jobs d’été et petits contrats pour la rentrée. Pour les jobs d’été, différents secteurs sont représentés : hôtellerie-restauration, ventedistribution, services à la personne, agence d’intérim, animation vacances adaptées (à condition d’avoir 21 ans et un an de permis) et même Pôle emploi international, « car il est plus dur de partir travailler à l’étranger, maintenant », indique Françoise Dessables. Et pour la rentrée scolaire, « il y aura des offres des communes de Tours et La Riche, en animation ou encore surveillance de restaurants scolaires… »
Comment ça se passe ?
Première condition : il faut être majeur. Le forum s’adresse « aux jeunes surtout, âgés de 18 à 26 ans ». Il suffit de venir avec son CV déjà prêt et imprimé. Les jeunes iront voir les employeurs à leur stand. « Cela ne doit pas durer plus de dix minutes. Il n’y a pas de signature de contrat à la fin du forum », précise Françoise Dessables. Mais l’employeur vous verra en face et proposera ensuite un poste. Un exercice « plus pratique » qu’un simple CV qui atterrit bêtement sur un coin de table. Là, « c’est du visu. Le contact passe plus facilement avec l’employeur ». Les jeunes, à vous de convaincre !
Jeudi 30 mai, de 13 h 30 à 17 h 30, au Centre de vie du Sanitas, au 10, place Neuve.
 
Aurélien Germain

Intermittents : ils ont la parole

Trois artistes et un administrateur de théâtre partagent leur expérience et leur sentiment sur l’intermittence aujourd’hui.

« Se rendre compte de la charge de travail » 
Patrick Harivel, 60 ans, comédien
INTERMITTENT_BV_HARIVEL« Quand on parle de 507 heures d’activité sur 10 mois et demi pour pouvoir toucher des allocations chômage, cela paraît peu. Nos cachets isolés sont comptabilisés comme 12 h de travail par l’Assedic et sont censés couvrir large : de la préparation à la représentation. Pourtant, en réalité, quand on compte l’apprentissage ou la révision d’un texte, la condition physique à entretenir, le trajet aller-retour, on dépasse largement ce volume horaire ! Tout le monde ne se rend pas compte de la charge de travail que l’on a. Et je constate que la situation est de plus en plus précaire. On m’a déjà proposé des projets artistiques où les répétitions n’étaient pas payées. J’ai refusé par principe. Et puis, on est toujours à la recherche de contrats ! C’est un gros travail que de les trouver. En passant des castings, des auditions. Et encore, auparavant, ces déplacements étaient payés… Forcément, cela met de la pression, mais on le sait dès le départ. On doit utiliser ces périodes de creux pour se nourrir artistiquement et être prêt dès que le travail se présente. »
« On n’a pas les moyens de prendre un permanent »
David Limandat, 34 ans, administrateur du théâtre Barroco, à Saint-Pierre-des-Corps
INTERMITTENT_BV_LIMANDAT« On bosse avec une trentaine d’intermittents du spectacle. Sur le plan artistique, leurs parcours varient. Avec les expériences glanées ailleurs, ils sont plus ouverts et apportent de nouvelles idées. Ces périodes courtes collent avec le fonctionnement d’un théâtre. Il y a aussi un avantage fiscal à avoir des intermittents puisque l’on bénéficie d’un abattement de 30 % sur les charges. Mais plus largement, sur le plan financier, on ne peut pas prendre de permanent. Notre structure tourne autour d’une centaine de représentations par an. Faire passer des artistes ou des techniciens en CDI, c’est une proposition qui s’adresse plus au monde de la télévision ou à des grosses compagnies. Et cela est logique à partir du moment où il y a une forte récurrence de contrats. Sauf qu’entre des théâtres nationaux et nous, c’est le jour et la nuit ! D’autant plus que la baisse des budgets dans la culture pèse, de manière directe ou indirecte sur les intermittents. Par exemple, on aimerait les payer plus mais il y a un cercle vicieux. Si on le fait, cela veut dire que l’on augmente le prix des spectacles. Moins de monde va venir les voir. Et s’il y a moins de monde, forcément il y a moins de cachets pour payer les artistes… »
« Je vois l’intermittence comme une chance »
Elsa Beyer, 37 ans, chanteuse
INTERMITTENT_BV_BEYER« Je suis sortie plusieurs fois de l’intermittence car je n’ai pas toujours pu renouveler mon dossier. C’est assez fluctuant. Je suis à nouveau dedans depuis environ trois ans. Je donne parfois des cours de chant. C’est un autre travail qui est vraiment différent, mais j’aime bien faire les deux, cela dépend aussi de l’optique dans laquelle je suis. En tout cas, je considère l’intermittence comme un état précieux. Il me permet de vivre de ce que j’aime : la musique. Bien sûr, il y a une précarité, on manque de stabilité, mais je le vois comme une chance. Ce serait une catastrophe si ce régime disparaissait. Maintenant, tout s’est resserré, on a plus l’impression de devoir courir puisque l’on est passé de 12 mois à 10 mois et demi. Quand on arrive à la fin de la période de référence, on a une appréhension. On se demande si Pôle Emploi a bien reçu tous nos documents. Je trouve que leurs agents répondent plutôt bien à nos questions. Sur ce point, c’est mieux qu’avant. Mais je déplore que tout soit désormais basé à Nanterre. Avant, on avait un référent à Tours, à un échelon local et c’était plus simple. »
« C’est un métier ? Tu ne fais rien à côté ? »
Laurent Priou, 54 ans, comédien
INTERMITTENT_BV_PRIOU« Il y a des choses fausses qui circulent et qui me font bondir. On dit que notre régime a contribué à aggraver le déficit de l’Unedic et qu’il coûte beaucoup d’argent. Mais c’est faux ! Il peut paraître injuste car d’autres corps de métiers, comme les plasticiens, pourraient revendiquer un tel système. Mais, il faut absolument le défendre car il nous permet de faire notre métier correctement. À un moment, il y a eu des dérives, c’est vrai. Parce que certains cherchaient l’intermittence avant d’avoir un métier. À une époque, on avait parlé d’une carte professionnelle d’intermittent, mais c’était très dangereux. Quels critères auraient défini son attribution ? Il faut surtout changer l’esprit des gens. Le grand public ne me parle pas souvent du système de l’intermittence. Mais j’ai l’impression quand même qu’il y a une grande méconnaissance. Je n’entends pas de fortes critiques, mais on me dit parfois : “ Ah bon, comédien, c’est un métier ? Tu ne fais rien à côté ? ” C’est aussi un paradoxe de l’intermittence : on est reconnu en tant que professionnel lorsque l’on est demandeur d’emploi. »
Recueillis par Guillaume Vénétitay