Michelin, acte II

Après les manifestations de la semaine dernière, des négociations ont été avancées entre les syndicats de l’usine de Joué-les-Tours et les salariés.

ACTU_PAP1_MICHELIN
Cette semaine, c’est le moment d’une nouvelle rencontre entre les syndicats des employés de l’usine Michelin à Joué-lès-Tours et la direction. Sous tensions, ces négociations ont été avancées, par rapport à la date fixée, suite aux ma-nifestations de la semaine dernière. Le mardi 8 octobre, plus de 800 manifestants se sont réunis devant l’usine de pneumatiques avant de se rendre en centre-ville de Joué-lès-Tours. Dans l’après-midi, les salariés en grève sont rentrés dans la salle où se tenait le comité central d’entreprise (CCE), avant de bloquer le boulevard périphérique de l’agglomération.
C’est dans ce contexte très tendu que les deux parties se rencontreront cette semaine. La direction aurait demandé à la mairie de Joué-lès-Tours de trouver une salle plus sûre. C’est en juin dernier que la nouvelle de supprimer 700 postes sur les 926 de l’usine de Joué-lès-Tours a été rendue officielle par la direction de l’entreprise de pneumatiques français.
Poids lourd de l’économie
Si le manufacturier annonçait de bons chiffres de ventes et un bénéfice net supérieur à 1,5 milliard, sa filière poids lourds, elle, a enregistré une chute des ventes, passant de 26,7 millions de pneus en 2007 à 20,2 millions l’an dernier. « Nous sommes en situation de surcapacité. Nos sites de production tournent à 60 % de leur potentiel », indiquait au mois de mars la direction.
Le plan prévoit des mesures de départs en retraite anticipée qui pourraient concerner environ 200 salariés. Les 500 autres postes supprimés localement devraient être ventilés sur les autres sites du groupe, notamment vers l’usine de La Roche-sur-Yon (Vendée) où la direction envisage d’investir plus de 500 M€ dans la recherche et le développement. L’atelier poids lourd devrait fermer en 2015 mais deux cents emplois seraient maintenus à Joué dans deux ateliers annexes. Pas vraiment de quoi être optimiste pour la survie de l’usine. Depuis plus de cinquante ans, l’usine Michelin de Joué est l’un des poids lourds de l’économie locale et le premier employeur de la deuxième ville d’Indre-et-Loire. En 2009, sa taxe professionnelle s’élevait à 4,2 M€, soit 5,58 % des recettes de l’agglomération tourangelle.

Michelin : 730 emplois supprimés

L’annonce du bibendum a provoqué la colère des salariés de Joué-les-Tours.

ACTU_TOURS_PAP2
« On savait que la situation ne pouvait pas durer très longtemps. Mais de là à imaginer que 700 postes allaient être supprimés ! » José est amer. Dépité. Monteur sur moules depuis 33 ans à l’usine Michelin de Joué-lès-Tours, il réagit à l’annonce du groupe de fermer l’usine au premier semestre 2015 et de supprimer 730 emplois.
Le site de la ville produit des pneumatiques pour poids lourds depuis 1961 et compte 900 employés. Un lieu emblématique. « Notre patrimoine », raconte Michel, horticulteur, sur le marché de la Vallée Violette. Trop cher à maintenir pour sa taille répond la direction.
Environ 200 ouvriers resteraient à Joué, affectés à des activités de semi-finis (tissus métalliques et membranes en caoutchouc) sur un nouveau site. « 250 autres salariés pourraient bénéficier d’un aménagement de fin de carrière », a précisé Michelin lundi. Le constructeur a ajouté que les 500 salariés restants se verraient proposer un reclassement sur un autre site en France. Face aux critiques, le groupe se défend en rappelant qu’il compte investir 800 millions d’euros et créer 500 postes sur l’Hexagone, notamment à La Roche-sur-Yon (Vendée).
+ 7,4% de bénéfices en 2012
Du côté de la CGT, on ne perçoit pas une équation aussi simple. « Nous estimons qu’environ 300 personnes pourraient être licenciées et ne pourront pas bouger, parce que les conjoints ont un travail dans l’agglomération de Tours… », calcule le syndicat. Remontée, une centaine d’ouvriers a commencé un débrayage, lundi, dès 5 h du matin pour mettre la pression sur Michelin.
En attendant le comité central d’entreprise jeudi 13 juin, les salariés ont reçu le soutien du maire PS, Philippe Le Breton. « La direction de Clermont-Ferrand doit nous démontrer la pertinence de son choix… », a-t-il déclaré. Le député socialiste, Laurent Baumel, a promis de travailler « avec combativité » pour trouver des solutions. Et remarque la bonne situation d’un groupe qui a plutôt bien résisté à la crise de l’automobile. Si le bibendum a annoncé un chiffre d’affaires en baisse de 8,1 % au premier semestre 2013, ses bénéfices avaient gonflé de 7,4 % sur l’année 2012.