Une structure douleur chronique pédiatrique labellisée au CHRU de Tours

À Clocheville, l’unité Consultation douleur pédiatrique du CHRU vient d’être labellisée
par l’Agence régionale de santé. Elle est consacrée aux douleurs chroniques des enfants.

Les faits

Une nouvelle unité labellisée au CHRU de Tours ! Localisée à l’hôpital de Clocheville, elle est « la seule de la région Centre Val-de-Loire, labellisée par l’ARS, comme structure de prise en charge de la douleur chronique pédiatrique », annonce le CHRU.

Rattachée au pôle Enfant, elle est composée de trois médecins, d’un psychologue, d’une infirmière, d’une cadre de santé et d’une secrétaire. Au-delà de cette équipe pluridisciplinaire, « nous travaillons aussi avec des kinés, des psychomotriciens, des psychologues, des hypnothérapeutes… », précise la Dr Florence Uettwiller. « L’objectif est de constituer un réseau de soins, un véritable maillage de professionnels, au plus près des patients. »

Quelle prise en charge ?

Maux de tête, douleurs aux membres ou encore au ventre… Certain(e)s jeunes patient(e)s, avec un long parcours médical derrière eux, souffrent et continuent d’avoir mal même si la maladie n’est plus « active ». Cette unité intervient à ce moment-là.

Elle va, en priorité, prendre en charge les douleurs chroniques, c’est-à-dire de plus de trois mois, et liées, donc, « à des pathologies (notamment maladies inflammatoires du tube digestif, rhumatismes inflammatoires, céphalées, migraines ou douleurs post-opératoires) ainsi que des douleurs dysfonctionnelles inexpliquées mais ressenties (douleurs abdominales ou ostéoarticulaires fonctionnelles, céphalées, syndromes douloureux diffus…) ».

En deuxième lieu, l’objectif « est de donner un avis d’expert dans des situations difficiles de douleur aiguë ou provoquée par les soins », explique l’unité dans un communiqué.

Aider l’enfant

Dans les colonnes de la Nouvelle République, la Dr Florence Uettwiller indiquait que l’unité fait tout pour être au plus près de l’enfant et l’aider : « D’abord, on le rassure. On le croit ! Ensuite, on remet du sens, on tente de faire la différence entre la douleur, la peur… On les remet en mouvement dans leur vie. »

Aurélien Germain

Sandra Baujard réalise des « soins suspendus » pour les personnes fragilisées

#VisMaVille Sandra Baujard est à la tête de Sonara, une association portée sur le bien-être solidaire. Elle rend massages et soins esthétiques accessibles aux personnes les plus vulnérables tout en insufflant de la solidarité.

Le local de Sonara, aux petites salles intimes et accueillantes, est situé au cœur de Tours, au croisement des rues Nationale et du Commerce. « Ce lieu accessible et central, c’était important pour le projet », souligne Sandra Baujard, la fondatrice et coordonnatrice de l’association.

« Déjà que les personnes des quartiers fragilisés se déplacent jusqu’ici et acceptent de recevoir un soin dans un lieu normal, c’est un premier pas vers leur bien-être et leur inclusion. » Bien-être et inclusion sont d’ailleurs les deux objectifs de Sonara, complétés par l’aspect solidarité.

L’association fonctionne selon un concept original : ici, personnes vulnérables mais aussi personnes lambda viennent suivre des cours de yoga, gym posturale, des séances de réflexologie, sophrologie, massage ayurvédique ou d’esthétique. Tous sont mélangés lors des séances collectives et ne savent pas qui est qui.

Certains viennent suivre une séance comme dans n’importe quel autre centre de bien-être et paient leur prestation à tarif normal. D’autres font partie du « programme Sonara ». Ils sont envoyés par des structures sociales et débourseront le prix qu’ils pourront pour leur séance.

« Je me suis inspirée du principe des cafés suspendus, explique Sandra Baujard. Je voulais que ceux qui viennent ici le fassent avec du sens en plus, celui de la solidarité. De 20 à 40 % du prix de leur séance est provisionné pour les soins suspendus, le reste en gros pour le loyer du local. »

Depuis quatre ans déjà, cette graphiste de métier s’est reconvertie dans le projet de sa vie, « mon deuxième bébé », dit-elle. Il lui prend beaucoup de son énergie mais lui donne, à elle aussi, du sens. « Petite, je voulais être assistante sociale, cela m’a rattrapée aujourd’hui, j’avais besoin d’un métier plus tourné vers les autres », sourit cette empathique.

Sandra s’est formée sur le tard en ayurvéda, la médecine indienne, à la réflexologie et sophrologie, ce qui lui permet de dispenser ces soins pour Sonara. « Ces séances de massage individuel permettent un véritable échange avec les personnes qui arrivent recroquevillées parfois et retrouvent le sourire, osent se confier sur leur vie personnelle dans ce moment de détente. Je considère que c’est une première étape dans leur parcours de soin. »

Aujourd’hui, Sandra Baujard tente de développer son association, elle va enfin se rémunérer grâce à une aide de la Région (emploi CAP’Asso). Les liens avec les centres sociaux, le Secours Populaire, Entraide et solidarité et autres structures sociales fonctionnent bien. « Le projet serait aussi d’aller dans les quartiers populaires pour développer des ateliers avec les personnes encore plus vulnérables ».

Texte et photos : Aurélie Dunouau

Protection maternelle et infantile : aux petits soins pour tous

La PMI, ça vous dit quelque chose ? Vaguement ? La Protection maternelle et infantile existe pourtant depuis plus de 70 ans. C’est LE service public des familles. Sa mission : lutter contre les inégalités sociales de santé et soutenir la fonction parentale.

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En face du jardin Bouzignac, au pied d’un immeuble, se cache un petit bureau de consultation et sa salle d’attente. Une fois par mois, un médecin et une puéricultrice y reçoivent les familles du quartier. La plupart a pris rendez-vous auprès de la Maison départementale de la solidarité des Fontaines. Et quand bien même certaines arrivent à l’improviste, il y a toujours moyen de s’arranger…

Des lieux de consultations comme celui-ci, on en trouve quelques dizaines à Tours. Créés en 1945 en raison d’une forte mortalité infantile, ces services de PMI permettent aujourd’hui à toutes les futures et nouvelles familles – absolument toutes – de consulter gratuitement sages-femmes, infirmières-puéricultrices et médecins.

Parce qu’il faut être franc : l’arrivée d’un nouveau-né peut mettre sens dessus dessous les plus valeureux. Fatigue et angoisse atteignent un niveau jamais égalé. Certitudes et hardiesse fondent comme neige au soleil. On peut même avoir envie de fuir loin, très loin. Mais « C’est normal », « Tout va bien », « Bébé va bien » ou « Vous allez y arriver » sont les phrases que susurrent généralement les professionnelles – uniquement des femmes ! – à l’oreille des anxieux. Car leur travail se concentre sur la prévention et l’accompagnement.

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La PMI n’est ni un service d’urgence ni un cabinet médical, mais plutôt une sorte de lieu refuge. « Nous sommes sur des questions de bien-être, d’épanouissement, explique Pierre Suesser, président du Syndicat national des médecins de PMI (SNMPMI). Nous abordons la santé dans sa globalité et non pas sous l’angle de l’absence de maladie. »

UN SUIVI GRATUIT

Concrètement, à partir du quatrième mois de grossesse et jusqu’aux 6 ans de l’enfant, ces professionnelles proposent un suivi médico-social, entièrement gratuit, en consultation ou, le plus souvent, à domicile. Pour une pesée, un monitoring, un soin de cordon, un simple bilan de santé ou même un peu de réconfort. « On apporte des conseils, on montre les gestes mais surtout, on écoute, raconte Karine Auber-Laou-Hap, puéricultrice de PMI à Tours-Nord. Dans toutes nos activités, on part de la demande des parents, de leur problématique, de leur histoire. Ce sont des visites personnalisées, où l’on essaie de prendre le temps. »
Le tout selon un principe sacré d’universalité que chacun s’applique à maintenir, tout en menant l’action de manière différenciée en fonction des besoins.

TMV Reportage PMI 6« On est amené à se déplacer sur des lieux très différents, précise Catherine Rivière, puéricultrice de PMI depuis 20 ans. Dans des foyers pour de jeunes mamans ou chez des particuliers. Évidemment, il y a certaines personnes qu’on va voir en priorité ! » Les parents mineurs, de jumeaux, de prématurés ou avec des problèmes médicaux.

Néanmoins, depuis 1945, les compétences de ces services n’ont cessé de s’élargir sans pour autant que de plus amples moyens humains et financiers ne soient toujours octroyés. Ils assurent notamment les bilans de santé en école maternelle, délivrent l’agrément et garantissent le suivi des différents modes de garde (crèches, haltes-garderies, assistantes maternelles, etc.) et la formation de leur personnel. Ils traitent aussi les informations préoccupantes.
Les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF) relèvent également de leurs compétences. Placés sous la tutelle des conseils départementaux depuis les lois de décentralisation de 1982, certains services de PMI en ont été fragilisés. Très fréquentés à Paris, ils restent souvent méconnus ailleurs. En Indre-et-Loire, on s’en sort plutôt bien. À Tours, quatre maisons départementales de la solidarité (Dublineau, Fontaines, Mame et Monconseil) gèrent les plannings de nombreux lieux de consultation de PMI.

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C’est d’ailleurs auprès d’elles que les familles intéressées pourront se renseigner. Malgré tout, la tendance est à la diminution du nombre de consultations et certains postes de praticiens restent difficiles à pourvoir. « Être médecin de PMI, c’est une vraie vocation, affirme Brigitte Crépeau qui l’a été durant toute sa carrière, principalement à Loches. Face à la pénurie de pédiatres, aux lourdeurs administratives qui s’amplifient et au manque de moyens, le travail de terrain devient parfois difficile. Pourtant, notre rôle est essentiel. Nous sommes parfois le seul professionnel de santé que voient certains enfants. »

Un avis que partage le SNMPMI qui attend beaucoup de la mission gouvernementale confiée, l’an dernier, à Michèle Peyron, députée LREM, sur la politique de PMI. La publication de son rapport est prévue pour ce mois de mars.

Texte : Jeanne Beutter
Photos : Christophe Raimbault (Conseil Général 37)

Thanatopracteur, la mort chevillée au corps

Bienvenue dans le monde des thanatopracteurs, un métier qui a la mort pour quotidien.

Didier Leveau, thanatopracteur depuis plus de 15 ans.
Didier Leveau, thanatopracteur depuis plus de 15 ans.

Carrure d’ancien rugbyman, Didier Leveau sort deux valises en plastique de sa voiture. Il est garé dans le parking des Pompes funèbres intercommunales de Tours. Dans le coffre, des bouteilles remplies de formol dilué et de solutions pour la conservation du corps des défunts qu’il « soigne ». Oui, les thanatopracteurs opèrent des soins sur les morts, leur redonnent une apparence convenable pour que leur famille puisse les voir une dernière fois.

Didier Leveau exerce ce métier depuis plus de 15 ans. Il rigole. S’exclame : « J’ai passé le cap. » Alors qu’il enfile sa blouse bleu : « Souvent, les hommes changent de métier après 15 années de thanatopraxie. Bizarrement, on dit que les femmes s’arrêtent au bout de 2 ans. » Cette profession, il ne peut pas dire qu’il l’adore mais il éprouve une fierté à rendre leur dignité, aux morts. « C’est un métier de l’ombre, regrette-t-il. Les embaumeurs égyptiens étaient des parias dans leur société parce qu’ils s’occupaient des défunts, peut-être qu’il y a un lien avec notre manque de reconnaissance aujourd’hui. »

Mort aseptisée

Didier Leveau est employé des 3T, une entreprise spécialisée dans la thanatopraxie et dans le transport funéraire. Il travaille en Touraine depuis plus de dix ans. Le thanatopracteur est parfois appelé à travailler au domicile du défunt ou de sa famille. Mais la majorité de ses soins sont effectués dans des lieux aseptisés, comme aujourd’hui dans cette pièce des Pompes funèbres, cachée au public. « On ne meurt plus chez soi. La mort ne fait donc plus partie de la vie domestique. Il y a donc eu une marginalisation de la mort, qui est devenue plus mystérieuse », analyse David Lebreton, président de l’Association des professeurs de philosophie et de l’enseignement public (Appep) en région Centre.
Murs en faïence, poubelles médicalisées, grandes tables d’opération en inox : ces éléments du décor s’apparentent à une salle d’opération classique. L’odeur n’est pas trop insupportable, quelques effluves de formol flottent dans l’air constamment recyclé par un système d’aération. Didier Leveau prévient : « Surtout, pas de sensationnalisme, notre métier n’a rien à voir avec ce que tout le monde imagine. »

Les ustensiles du parfait thanatopracteur

Devant le thanatopracteur, le corps d’une femme âgée, habillée d’une robe bleu marine, assez chic. De sa vie, Didier Leveau ne sait presque rien à part des éléments de son état civil. Alors il lui parle, sa façon à lui de se « blinder » et lui invente une existence heureuse pour ne pas rentrer dans la routine. Même s’il ne l’avoue pas facilement, son métier ne laisse pas indemne. Lui, il oublie sa journée en revenant chez lui, le soir, en voiture. Arrivé à la maison, impossible de se rappeler en détail de ce qu’il a fait. Des souvenirs douloureux, il en a quelques-uns qui lui collent à la mémoire. Sa femme travaille dans le domaine funéraire, mais aucun de ses amis n’est dans la profession. « Ça intrigue les autres, ils sont fascinés parce que je fais mais, en même temps, ne veulent pas trop en savoir. Certains se sont éloignés de nous à cause de ça. »

Images choquantes, morts respectueux

De l’une de ses valises, il sort une pompe péristaltique avec plusieurs tuyaux. C’est par eux que va sortent les fluides corporels du corps. Didier Leveau injecte ensuite une solution qui l’empêchera de se décomposer trop vite. Il explique avec simplicité cette procédure. Même si les images peuvent être choquante, ses mots sont respectueux. Autour de lui, les employés des pompes funèbres réceptionnent d’autres corps, les placent dans des chambres réfrigérées. Mourad, le responsable habillé d’un costume gris de circonstance, note avec précision les informations sur les personnes décédées.

Didier Leveau lui, est en train de mettre un collant opaque aux jambes de la défunte : son petit-fils veut la voir comme ça. Il place ensuite du coton dans ses cavités nasales et en dessous de ses lèvres. Avec un peu de cire, il forme un début de sourire. « Je ne vais pas en faire plus. Le but, pour la famille, c’est de revoir la personne qu’ils ont perdue. Si je la maquille trop ou lui fais un grand sourire, ils peuvent ne pas la reconnaître. » Pourquoi une telle attention. « La mort a acquis un côté insupportable. On apporte des soins au corps pour nier l’évidence, donner une illusion de vie. Il y a aussi ce caractère sacré de l’humain. On ne laisse pas la nature prendre le dessus et corrompre le corps », explique David Lebreton.

Avec l’éclatement géographique des familles modernes, et le besoin de présenter un défunt plusieurs jours après sa mort, la thanatopraxie prend de plus en plus d’importance dans les services funéraires. Didier Leveau ajuste les dernières mèches de cheveux et place le corps dans le cercueil qu’il transporte jusqu’à une chambre funéraire. La famille a loué ce lieu pour se recueillir. Au centre de cette petite salle glaciale, il place le corps de biais, pour choquer le moins possible ceux qui vont rentrer. Didier Leveau jette un dernier regard et sort tranquillement par la porte de service.