Olivia N’Ganga, la réalisatrice des fictions dansées

Avec Électron Libre, son cinquième court-métrage réalisé avec Mikaël Dinic, Olivia N’Ganga met en scène le chorégraphe Abderzak Houmi.

Olivia N’Ganga et Abderzak Houmi (Photo Electron Libre – DR)

C’est une routine immuable : chaque jour, un biologiste enfile blouse et gants pour s’atteler à son microscope. Subrepticement, jour après jour, sons et chorégraphies hip-hop s’invitent comme par magie dans le quotidien millimétré de ce scientifique.

« Le démon de la danse va s’emparer de lui », s’exclame Olivia N’Ganga, la co-réalisatrice, avec Mikaël Dinic, d’Électron Libre, ce court-métrage qui sera diffusé dans l’émission Renversant de France 3 Centre Val de Loire*, puis sur TVTours et BIPTV.

« Je m’inspire de la vie et de la personnalité des premiers rôles »

L’acteur principal de cette fiction dansée ? Le danseur et chorégraphe Abderzak Houmi, fondateur de la compagnie X-Press installée à Joué-lès-Tours. La réalisatrice, ancienne du Conservatoire de Tours, de l’école de commerce (Escem) ou encore du Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris, co-réalise ici son cinquième court-métrage de fiction. Des histoires qui, depuis 2017, ont la particularité d’évoquer des sujets de société en s’appuyant sur le vécu des acteurs principaux et … sur la danse.

« Je m’inspire de la vie et de la personnalité des premiers rôles pour créer un scénario original », détaille Olivia N’Ganga. Avec Itinéraire Etc, elle met en scène avec humour Thomas Lebrun, chorégraphe et directeur du Centre Chorégraphique national de Tours, dans une parodie de lui-même. Dans Électron Libre, elle évoque par le prisme d’un scénario de science-fiction, les études scientifiques d’Abderzak Houmi, qui plongera dans le bain de la danse en autodidacte, à 18 ans, avant, très rapidement, d’en faire son métier.

Mais auparavant, jusqu’en 2017, Olivia N’Ganga a travaillé pour d’autres caméras, en exerçant, durant sept ans, le métier de journaliste, notamment pour France 3. L’occasion de voir éclore sa passion du terrain et son goût pour les formats longs.

En 2014, Olivia N’Ganga a d’ailleurs co-réalisé Son rêve à lui, un documentaire ponctué d’interviews de l’Etoile Patrick Dupond, racontant l’histoire de deux apprentis danseurs et d’un professionnel du prestigieux Opéra de Paris. Pour filmer la danse, toujours.

Flore Mabilleau


> *Diffusion le 21 octobre vers 23 h dans Renversant, sur France 3 Val de Loire.

 

 

Breakdance : les cinq commandements

Avec ça, vous serez incollable sur la battle hip-hop, ce samedi aux Rencontres de danses urbaines.

Battle hip hop breakdance
C’est parti pour la battle de hip hop ! (Photo Bernard Duret)


1. T’affronter, tu devras

Le principe même de la battle de hip-hop ! « C’est une joute où s’affrontent des équipes de trois danseurs, sur de la musique d’un DJ. Le premier se lance et son adversaire doit lui répondre, en essayant d’être plus performant », explique Abderzak Houmi, chorégraphe de la compagnie tourangelle X-press. « Autant dire que si l’un fait un salto arrière, l’autre a intérêt à assurer derrière ! » Comptez deux passages par danseur, sur un court laps de temps : « On y met sa vie pendant quelques minutes ! », s’enthousiasme Abderzak Houmi.

2. Improviser, tu sauras
Sans ça, oubliez la compétition (et la récompense, tiens). De une, les danseurs ne connaissent pas le morceau sur lequel ils vont poser leurs pas. De deux, c’est l’un des critères-clés pour les juges. « L’improvisation est hyper importante et c’est d’autant plus excitant : rien n’est joué à l’avance ! »

3. Tes limites, tu repousseras
L’idée, c’est quand même de pousser l’autre plus haut. « Pour ça, il faut se surpasser, faire évoluer la technique, repousser les limites. » Cela reste une compétition, certes « dans un esprit positif », mais une compétition quand même ! (Oui, on vous rappelle que cela s’appelle battle…)

4. Le feeling, tu auras
C’est le mot qui revient systématiquement dans la bouche du danseur pro. « Dans une battle, c’est du feeling, tout part du coeur. Peu importe le mouvement le plus dingue qui soit. Un type qui tient longtemps sur les bras, ça m’impressionne deux secondes. Pas besoin d’avoir de gros muscles : pour moi, l’important est d’avoir une personnalité, un feeling dans sa danse. » Peu importe que vous soyez de l’ancienne ou de la nouvelle école (old school et new school, si vous voulez frimer), vous êtes jugés sur « l’originalité, la musicalité, l’esprit d’équipe et l’impro ». Le danseur rappelle : « On n’est pas là pour réciter une chorégraphie ! »

5. Tes heures, tu ne compteras pas
Pour assurer, il faut s’entraîner. « Les danseurs font ça du matin au soir. C’est très physique. On essaye de manger équilibré aussi… », précise Abderzak Houmi. Preuve qu’il ne ment pas, pour l’interview, on l’a même dérangé pendant sa salade !

>>LE PROGRAMME ! <<
RENCONTRES DE DANSES URBAINES
Pour cette 17e édition, le programme s’annonce de nouveau chargé.
> Mercredi 8, place à une projection et une expo à la médiathèque de Joué-lès-Tours (16 h, gratuit). Possibilité d’être relooké et photographié avec un Ghetto Blaster, cette radio à la taille démesurée des années 80 !
> Jeudi 9, concert de G Bonson et DJ QBert, au Temps Machine (à 20 h 30, de 10 à 18 €).
> Vendredi 10, spectacle de Zamounda Crew, Vagabonds Crew et Kosh, à l’Espace Malraux (à 20 h 30, de 6 à 14 €).
> Samedi 11, les Studio diffusent le film Ceux qui dansent sur la tête (à 17 h).
> Dimanche 12, stages de breakdance, house dance avec BGirl Manuela, Abdou N’Gom et Jimmy, à la MJC de Joué (à 14 h, 2 € pour 1 h 30).
SOIRÉE BATTLE La battle hip-hop aura lieu samedi 11 octobre, à 20 h 30, au gymnase Bialy de La Riche (tarif : 8 €). « Il y aura des danseurs extraordinaires et de renommée internationale », indique Abderzak Houmi. « Le jury sera composé de personnalités reconnues : la championne du monde BGirl Manuela (photo), BBoy Fever de la BBF et Gabin de la compagnie Aktuel Force. » Réservations au 02 47 78 75 39 ou rdu37@live.fr

http://www.rdu37.info/

Rétro hip-hop

La nouvelle création hip-hop d’Abderzak Houmi se jouera à l’occasion des Rencontres de danses urbaines 2013. Nous, on l’a déjà vu et on vous en parle.

La dernière création d'Abderzak Houmi
La dernière création d’Abderzak Houmi

Il débarque dans la pénombre de la scène. Abderzak Houmi observe. Jauge son public. Avant de déblatérer son exposé sur le hip-hop. Un exposé, une démonstration. Comme si une part de l’étudiant qui s’imaginait thésard ne l’avait jamais quittée.  Il est passé des bancs de la fac au hip-hop à 20 ans, il y a une dizaine d’années. A l’occasion des 16e Rencontres de danses urbaines, il présente son huitième spectacle, F.T.T avec sa compagnie X-press. Un opus pour mettre en perspective son chemin et celui du hip-hop.
Au démarrage, il y a une certain contraste à écouter sa voix calme émaner de sa grande carcasse. Il débite les techniques de danse marquantes. Smurf, locking, break. Abderzak s’y colle parfois pour épauler ses trois danseurs. Le rappel est salutaire pour les non-initiés. Utile pour illustrer des noms souvent entendus, rarement connus.  La succession d’extraits et de rappels aux précédentes créations d’Abderzak Houmi s’avèrent pertinentes pour comprendre les facettes du danseur. La constante référence aux lignes et tracés. À la géométrie.
Perpétuelle évolution
En témoigne le nom de son premier spectacle : 3 au cube. Les suivants reviennent aux racines, comme Alifat Mat. Une représentation qui parle des mouvements mécaniques de son père à l’usine. Côté danse, les mélanges sont les bienvenus. Aux mouvements saccadés du popping (contraction et décontraction des muscles en rythme) se mêle une musique baroque aux accents électro. Des bribes de danse contemporaine apparaissent. Un ensemble montrant la diversité du mouvement hip-hop et la porosité des frontières entre les arts aussi. Un signe que le hip-hop demeure en perpétuelle évolution.
La dernière partie du show est peut-être la meilleure. Quasiment pas d’interruption. La pédagogie  d’Abderzak Houmi s’avère juste. Le spectateur reconnaît les mouvements, les mélanges. Le regret : une séquence finalement un brin courte. Exploiter les éclaircissements précédents avec plus de danse aurait apporté de l’épaisseur à F.T.T. L’aspect « mise en scène » et très explicatif était dangereux. Le retour sur le parcours aurait pu être trop mégalo, et long à digérer. Abderzak Houmi livre en définitive une oeuvre convaincante, très accessible pour le grand public, permettant de (re)découvrir l’ensemble des facettes du hip-hop.
++ Foncez à la salle Thélème pour voir le spectacle FTT. Deux représentations auront lieu jeudi 10 octobre. La première à 14 h 30 et la deuxième à 20 h 30. Tarif unique : 8 €.
+++ Le reste de la prog du festival ici

Abderzak Houmi, danseur à facettes

Abderzak Houmi est un danseur de hip-hop autodidacte. D’abord passionné par la science, il est tombé dans la danse urbaine alors qu’il avait 20 ans. Ce fut une révélation. Aujourd’hui, il est le chorégraphe de la compagnie tourangelle X-press.

(Photo tmv)

Il bouillonne, le chorégraphe et danseur de la compagnie tourangelle X-press. À tel point que prendre un rendezvous avec lui relève du parcours du combattant. Son emploi du temps pourrait presque faire pâlir les candidats à la présidentielle. Quand il ne répète pas sa nouvelle pièce, Alifat Mat, il organise des ateliers de danse hip-hop dans des lycées de la région, voyage en Jordanie pour faire l’ouverture d’un festival de danse ou se produit sur une scène française. Cette urgence lui a justement inspiré le nom de sa compagnie, X-press.

C’est un jeune trentenaire calme et souriant qui arrive pour l’interview. Il parle avec prudence, choisit bien ses mots, n’élève pas trop la voix. Humble, il n’en fait pas trop. Pourtant, il pourrait se vanter d’avoir appris la danse hip-hop sur le tard, à 20 ans.

À l’époque, il était à la fac de science de Tours. Il s’imaginait dans un laboratoire et pas sur une scène. Il voulait travailler dans la recherche, et se voyait docteur en pharmacie. Et puis, c’est le déclic. Envie soudaine de changer de parcours et de vie, lui, qui n’a jamais fait de hiphop, commence à suivre des stages à Paris. Pendant un an, il entraîne son corps à danser, s’endurcit. Il va ensuite intégrer la compagnie Käfig, dirigée par Mourad Merzouki, aujourd’hui un des seuls chorégraphes hip-hop à diriger une scène de danse nationale. L’autodidacte Abderzak Houmi devient alors pro. S’il abandonne la pharmacie il garde un goût prononcé pour l’expérimentation. Sa compagnie X-press devient alors son laboratoire. Sur scène, Abderzak Houmi montre une danse musclée, nerveuse, hybride entre mouvements hip-hop et contemporains.

Alifat Mat, une histoire familiale

Dans Alifat Mat, il parle de la résistance des corps. Il danse l’histoire de ses parents et de toute une génération algérienne, marocaine et tunisienne qui se sont tués à la tâche dans la soudure, la maçonnerie ou d’autres métiers harassants. « Mais qu’est-ce qui les faisait tenir? » se demande Abderzak Houmi. Ses parents ne parlaient pas de ça à la maison, ils préféraient dire « Alifat mat », une expression qui signifie « ce qui est passé est mort ». Lui, justement, a choisi de se tourner vers ce passé pour témoigner, pour que les générations futures se souviennent.

 

Son spectacle : Alifat Mat

C’est sa sixième création depuis la naissance de sa compagnie X-Press, en 2001. Sur scène, il y a une danseuse, lui et la musicienne Najoi Bel Hadj. La Pléiade, à La Riche, le mercredi 11 avril, à 20 h 30. Plus d’infos au 02 47 38 31 30.

 

Dans le salon d’Abderzak Houmi