De la haine à l’amour, vivre sa foi en tant que minorité

Le centre LGBTI de Touraine et le festival Désir… Désirs proposent trois courts-métrages d’une vingtaine de minutes pour réfléchir à la place des minorités dans la religion.

 

Skyes are not just blue, de Lysandre Cosse-Tremblay, Des thérapies bidon pour guérir l’homosexualité, de Brigitte Noël et La Religion face à l’homosexualité : Être croyant et homosexuel, de Panos. Trois films qui posent la question de la relation complexe des minorités (et des femmes) avec la religion.

Le choix de cette thématique s’explique notamment par le développement actuel des thérapies de conversion qui prétendent guérir l’homosexualité ou l’identité de genre d’une personne par des traitements psychologiques ou médicaux. Mickaël Achard, co-organisateur du festival Désir… Désirs, précise : « Les députés se posent la question de légiférer sur ces pratiques qui viennent des États-Unis et se diffusent en Europe avec de plus en plus d’ampleur. Au niveau européen, les députés ont déjà signalé ces groupes dont les pratiques néfastes peuvent malheureusement mener au suicide. »

Intolérance religieuse

En mars 2018, le Parlement européen a adopté un texte non contraignant appelant les États à les interdire. Des réflexions sont en cours en Angleterre, en Espagne et en Allemagne. « Tantôt chassées, tantôt jugées, tantôt tolérées, les minorités doivent encore faire face à l’intolérance religieuse. Si des paroisses progressistes et des associations LGBTI religieuses tendent à l’acceptation, demeurent toujours des personnes condamnées à vivre leur foi, cachées. Cependant, minorités et spiritualité religieuse ne sont pas nécessairement incompatibles. »

La projection aura lieu en présence du journaliste et sociologue Frédéric Martel, auteur de « Sodoma : enquête au coeur du Vatican » et de la députée française Laurence Vanceunebrock- Mialon, à l’origine d’un projet de loi contre les thérapies de conversion.

Et on en profite pour rappeler que la prochaine édition du festival ‘Désir… désirs’ aura lieu du 22 au 28 janvier 2020.

Claire Breton


> De la haine à l’amour, vivre sa foi en tant que minorité / Jeudi 12 décembre, à 20 h, aux cinémas Studio, 2 rue des Ursulines à Tours. Tarifs : de 3,5 à 4,5 €.

 

La vie domestique, plan-plan féministe

Plongée radicale dans le quotidien d’une femme d’une banlieue résidentielle. Intelligent, engagé, du bon cinéma français.

Un matin comme les autres, Juliette se lève pendant que son mari tente le câlin du matin. Elle pense déjà aux tâches ménagères, prépare le petitdéjeuner, les enfants descendent pour leur chocolat chaud. Comme dans un mauvais rêve, la caméra suit lentement cette femme d’une banlieue chic. Aujourd’hui, elle attend un coup de fil d’un copain éditeur pour un job sur Paris. Envie de revenir dans le stress de la capitale ? Ici, tout semble si calme, rangé, policé. Les maisons se ressemblent toutes comme dans la chanson de Malvina Reynolds, Little Boxes. Weeds, Desperate Housewives, les références collent facilement à la peau de cette critique acerbe de la condition des femmes dans cette bourgeoisie résidentielle. Mais là s’arrête la comparaison. Contrairement aux standards télévisés américains, La Vie domestique choisit la sobriété. Peu de musique, ni de cadrage dynamique, l’histoire se déroule comme une journée banale. On avale les images d’humiliation, de femmes complètement absorbées par les tâches domestiques, soumises par habitude, d’hommes travailleurs incapables eux aussi d’analyser leurs comportements machistes.
La vie domestique
Comme un coup de poing en slow motion, Isabelle Czajka réalise un film à la fois flegmatique dans la forme et violent dans le fond. Aucune lourdeur ne vient alors déranger le propos grave du film. Les plans s’enchaînent en toute simplicité comme pour mieux restituer ces journées ennuyeuses qui défilent sans anicroches apparentes. Véritable tour de force, cette histoire de banlieue chic résonne au-delà des clichés et arrive à évoquer la condition des femmes, en général, dans la société actuelle. Position de nouvelle arrivée dans ce monde codifié, Juliette se fond peu à peu dans le paysage ambiant, accepte de prendre un Nespresso comme on passe un baptême du feu. Tout en nuance, Emmanuelle Devos joue à merveille cette éditrice intelligente et féminine peu à peu absorbée par ce train-train dégradant.