(Re)découverte des Deux-Lions, quartier multifonctions

Si vous partez à la chasse au printemps, sachez qu’il est aux Deux-Lions. Un quartier verdoyant, où se mélangent étudiants, travailleurs et habitants. Voici le dernier épisode de notre série sur les quartiers tourangeaux.

Thésée, perdu en son labyrinthe, suivait le fil déroulé par Ariane pour retrouver sa belle. Pas d’amour ni de Minotaure au bout de la passerelle Fil d’Ariane pour nous, mais deux lions. Ou plutôt le quartier des Deux-Lions, auquel on accède depuis les Rives du Cher à pied par ce pont piéton ouvert dès 2001.

Instant confession : comme nombre de Tourangeaux, les rares fois où TMV vient ici, c’est pour aller au ciné, s’affronter au laser game ou faire les boutiques à l’Heure Tranquille. Sur place, on trouve aussi des dizaines d’entreprises et plusieurs établissements d’enseignement supérieur.

Clément, la trentaine, a vu le quartier bouger : « J’ai étudié aux Deux-Lions il y a cinq ou six ans, et j’y travaille en intérim depuis quelques mois. Ça a beaucoup changé, tout a poussé ! ». Même constat pour Mathieu, ancien étudiant qui travaille aujourd’hui encore dans le quartier : « Depuis que je suis venu y étudier en 2005, j’ai toujours vu ce quartier en travaux. Mais avec l’Heure Tranquille, le tramway, et depuis peu l’ouverture d’une école, les choses bougent… Il y a une vraie volonté de créer une vie de quartier, mais malgré cela je n’aurais pas envie d’y habiter. »

On y travaille… et on y vit !

Heureusement, tout le monde n’est pas de cet avis ! La preuve ? On compterait presque 4 000 habitants aux Deux-Lions. Jeanne est de ceux-là. En 2008, elle a eu le coup de cœur : « J’ai découvert ces maisons colorées en bois le long du Cher, qui m’ont rappelé la Norvège où j’avais vécu un an. »

On voyagerait donc aux Deux-Lions ? Les pays scandinaves ici, mais aussi l’inspiration à l’américaine du projet de départ conçu par le maire Jean Royer, avec son « technopole » réunissant entreprises et facultés, pour un bouillonnement intellectuel et économique. Et doit-on considérer que l’appellation « rambla » pour désigner l’esplanade entre l’Heure Tranquille et les habitations reflète une influence espagnole ?

On cherche malgré tout l’Afrique et ses lions. Même si des girafes du sculpteur Fred Chabot sont apparues il y a quelques semaines, on a tout faux pour les influences africaines. Ces « deux-lions » sont en réalité les statues qu’on trouve à l’entrée du château de Rigny, en bordure du quartier. On repassera pour l’exotisme !

Par contre, côté nature, les Deux-Lions recèlent bien des secrets. « C’est un quartier où la verdure est très présente, alors qu’on ne s’y attend pas au premier abord ! explique la guide-conférencière Aurélie Vialard-Goudou. La Loire à Vélo le traverse, il est bordé par le lac de la Bergeonnerie, le parc de la Gloriette et le Petit Cher, et au cœur même du quartier on trouve ce qu’on appelle « la coulée verte » avec ses arbres et pelouses entre les immeubles ».

Faire bouger le quartier

« Des cygnes et des canards volent parfois au-dessus de la maison », s’émerveille par exemple Catherine Cornette, actuelle présidente de l’association de quartier Vivre les 2 Lions. Installée depuis 2004 aux abords du Cher, elle ne quitterait pour rien au monde cet endroit paisible, même si elle considère comme beaucoup que c’est « un quartier un peu conçu à l’envers ».

 

Les habitations sont arrivées après le technopole, formant un quartier-dortoir qui a eu du mal à prendre vie. La mise en place d’un marché a échoué, mais l’ouverture d’une école est un gros progrès. Et c’est donc pour créer une vie de quartier qu’une trentaine d’habitants motivés proposent avec l’association des animations, et font le lien avec la municipalité pour défendre les intérêts des Deux-Lions.

Les ateliers de co-construction lancés l’an dernier par la Ville pourraient ainsi voir la verdure s’installer sur la rambla, et des commerces de proximité arriver – enfin – dans les parages.

Frédérique, Eric, et leurs enfants Pierre et Valentine ne diraient pas non à l’arrivée de collègues. Derrière le comptoir de Saveurs Gourmandes, ils sont les seuls indépendants du centre commercial. Aux fourneaux dès 6 h, pour proposer viennoiseries, sandwichs, salades et boissons de 8 h 30 à 20 h, ils font partie des rares à jouer dans la catégorie « commerces de proximité », avec la pharmacie de quartier. « Mais si on est là, c’est que ça marche ! La galerie s’est bien dynamisée, et nous habitons le quartier, qui est de plus en plus vivant aussi », raconte Pierre, entre deux cafés à servir.

C’est finalement Aurélie Vialard-Gaudou qui nous donnera le dernier mot : « Le quartier s’est construit étape par étape, avec plein d’architectures et de projets différents. Il évolue petit à petit. C’est long de se construire une histoire ! ».

Texte : Maud Martinez / Photos : M.M. + archives NR Julien Pruvost


> Rendez-vous le 30 avril

Groupenfonction fait partie des compagnies artistiques hébergées aux Granges Collières. Depuis quelques semaines, les artistes et les habitants volontaires pour participer au projet « Pride » mené par Arnaud Pirault travaillent sur des chorégraphies et interventions artistique. Pour découvrir leur travail et suivre cette déambulation artistique dans les Deux-Lions, rendezvous samedi 30 avril aux Granges Collières.

Dans le quotidien de Corinne Hamidat, la « vigie » du Sanitas

#VisMaVille Corinne Hamidat est surveillante d’un pâté d’immeubles, dans le quartier du Sanitas, à Tours. Du ménage au relationnel, un métier polyvalent et prenant.

Sous le soleil automnal qui pointe son nez après l’averse, elle retrousse ses manches, enfile ses gants et ramasse aussitôt les débris de meubles qui jonchent le sol au pied d’une barre d’immeubles du Sanitas. Direction « le monstre », le local qui sert de stockage pour les encombrants.

Corinne Hamidat ne compte plus les déchets déversés chaque soir, des « incivilités » qui occupent les surveillants d’immeubles et agents d’entretien de Tours Habitat – le gestionnaire des logements sociaux, une bonne partie de leur matinée.

En tant que surveillante principale d’immeubles, chaque jour de la semaine, depuis sept ans, Corinne Hamidat fait sa ronde du secteur qui s’étale du boulevard Général de Gaulle à l’allée de Moncontour, derrière la gare, bordé par la Rotonde et l’avenue Grammont. À l’embauche, à 7 h 30, après avoir fait le ménage des deux entrées dont elle est chargée, elle s’assure qu’ « il n’y a pas de danger pour les locataires, pas de bris de glace par terre, je vérifie aussi que les ascenseurs ne sont pas en panne, que les portes de hall se ferment bien ».

En chemin, elle interpelle les autres surveillants ainsi que les agents d’entretien et de maintenance qui officient dans le secteur. Corinne a un rôle pivot, chargée de recueillir les informations et de les retransmettre à Tours Habitat. « Il faut aimer le relationnel pour ce métier », pointe la gardienne. En contact avec les autres professionnels mais aussi les locataires, elle assure les états des lieux d’entrée et de sortie.

Le téléphone vissé sur son oreille, elle est régulièrement appelée pour « des changements d’ampoule, des fuites d’eau, une clé perdue ». La surveillante d’immeubles apprécie ces moments d’échange même si « parfois il faut prendre sur soi quand les gens sont agacés, j’attends qu’ils se calment et on parle après ».

Du haut de sa stature imposante, Corinne adoucit les moeurs. Ayant habité auparavant dix ans le quartier, elle connaît bien ses habitants, surtout les personnes âgées, notamment du boulevard de Gaulle, qui ne quitteraient leur logement pour rien au monde. « J’aide les petites mamies à porter leurs affaires quand je les croise à la sortie des courses. »

Pour le reste, il y a du roulement et pas toujours le temps de faire connaissance. Si Corinne Hamidat possède un bureau de gardienne au 12 allée de Luynes, spacieux mais dépouillé, elle n’y passe pas la majeure partie de son temps. « Je ne tiens pas en place, j’aime être sur le terrain et puis il faut que je marche depuis mon infarctus. »

Ses trois grands enfants lui font d’ailleurs la leçon et lui demandent de se ménager, elle qui a du mal à fermer l’oeil lorsqu’elle est d’astreinte les soirs et week-end, de « peur de ne pas entendre le téléphone sonner et ne pas répondre aux locataires. Le bien-être des locataires, c’est mon souci permanent. »

Texte et photos : Aurélie Dunouau

Dans le ventre des Halles : plongée dans un quartier gourmand

Cette semaine, tmv commence son tour des quartiers, racontés par les habitants eux-mêmes et les commerçants. Première étape aux Halles.

Les préjugés ont parfois la vie dure, qu’ils soient positifs ou négatifs. Le ventre de Tours, son marché, ses artisans, ses restaurants. Une image parfois bourgeoise, l’impression d’un quartier bien campé sur ses acquis. TMV a voulu gratter un peu la surface de ce vernis, pour découvrir le quartier des Halles du côté de ses commerçants et de ses habitants.

Première étape de notre tour des quartiers de Tours que nous poursuivrons dans les mois qui viennent. Suivez le guide !


POUR RETROUVER NOTRE DOSSIER SPECIAL QUARTIER DES HALLES, CLIQUEZ ICI ! 

(ou direction notre rubrique « hebdo en PDF » pour télécharger le numéro du 13 octobre 2021)

 

« Il vaudrait mieux s’appuyer sur les acteurs de l’économie sociale et solidaire »

Parce que l’économie sociale et solidaire prend tout son sens dans les quartiers prioritaires, nous avons rencontré Julien Keruhel, directeur du centre social Pluriel(le)s au Sanitas à Tours. Pour que la rénovation du quartier ne se fasse pas sans ses habitants, l’association co-pilote le projet Sanitas du Futur, présenté dans l’exposition du Cré-sol « C’est quoi l’économie solidaire ? », un événement du mois de l’ESS.

Julien Keruhel

L’économie sociale et solidaire (ESS), ça vous parle ?
Bien sûr. Aujourd’hui, en France, on valorise beaucoup les start-ups, mais à mon avis, il vaudrait mieux s’appuyer sur les acteurs de l’économie sociale et solidaire, créateurs d’emplois non délocalisables, dans une recherche constante d’innovation sociale. Au centre social, même si nous n’en parlons pas chaque jour, nous vivons les principes de l’ESS au quotidien. La vocation sociale est notre ADN et notre gouvernance est vraiment démocratique : l’indépendance de notre conseil d’administration, composé de personnes d’origines et d’âges variés, la plupart issues du quartier, constitue une réelle force.

Parmi vos projets phares, il y a Sanitas du futur…
L’objectif est de redonner aux habitants du pouvoir d’agir. Leur permettre de transformer leur vie, c’est la vocation d’un centre social. Avec près de 9 000 personnes, le quartier le plus pauvre de Tours rassemble le pire comme le meilleur : la solidarité du village et la violence du ghetto. Les habitants, qui subissent méfiance et stéréotypes, sont fatigués des promesses non tenues…

Lorsqu’on organise une réunion publique, la salle est vide. Pourtant, ils ont des choses à dire. Pour leur redonner du pouvoir, du poids sur les décisions publiques, nous devons changer de méthode. Tout le monde — professionnels, élus et habitants — doit s’y mettre ! Le projet, qui rassemble l’association Pih-Poh (le chef de file), le centre social et d’autres partenaires comme des coopérateurs d’Artefacts et le Cré-sol, s’inscrit dans la rénovation du Sanitas.

Comment rencontrez-vous les personnes isolées ou désabusés, celles qui ne fréquentent jamais le centre social ?
Nous allons les voir dans la rue. Nous avons formé 20 bénévoles et 20 professionnels du quartier à l’outil « porteurs de parole ». A partir de questions affichées sur un panneau, ils animent des débats dans l’espace public. Cela passe aussi par les actions de Pih-Poh, qui propose aux habitants des chantiers participatifs de création artistique (autour du textile notamment) dans des lieux de leur vie quotidienne, et par nos « Anim’actions » : pendant l’été et les vacances, le centre social s’installe dans les parcs et les jardins du Sanitas.

Toutes ces actions nous permettent de rencontrer les habitants et de recueillir leurs paroles. Elles ont nourri le dossier que nous venons de déposer dans le cadre de l’appel à projets urbains innovants Devenir Tours. En espérant que cette fois-ci, leurs demandes seront entendues.

Propos recueillis par N. P.

Sanitas : 128 millions d’euros pour la rénovation

Le programme de rénovation du quartier du Sanitas est lancé. Pour Christophe Bouchet, il s’agit « d’un projet majeur ».

(Photo dr)
(Photo archives)

128 millions d’euros : c’est le coût du projet de rénovation du Sanitas.
Censé débuter à la fin de l’année par les premières destructions à Saint-Paul, ce nouveau programme de renouvellement urbain (NPRU) a été discuté et présenté aux habitants, lors d’une réunion publique la semaine dernière.

Il faut dire que si le maire Christophe Bouchet indique que « c’est un projet majeur », les résidents restaient jusqu’alors inquiets.

En effet, le programme prévoit la destruction de 472 logements sociaux (qui seront reconstruits dans d’autres communes de la Métropole). En revanche, 409 privés seront construits, 136 seront proposés en accession sociale et 94 seront réhabilités.

Les élus ont promis que personne ne serait chassé et que chacun se verrait proposer un logement dans le quartier ou ailleurs. Une équipe sera aussi dédiée à l’accompagnement et au relogement. De nouveaux équipements publics doivent sortir de terre (écoles, salles de sport, etc.).

Ce projet sera financé à hauteur de 47 millions d’euros par l’État avec l’ANRU. Le reste le sera par la Métropole, la Ville, la Région et Tours Habitat.

Le Re-Tours : place à la brasserie de quartier

A quelques pas de la place Jean-Jaurès, on a fait un petit tour au Re-Tours, une véritable brasserie de quartier comme on les aime.

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Blotti juste derrière la place Jean Jaurès, on trouve encore une vraie brasserie de quartier. Dans la salle, des ouvriers du bâtiment se mélangent aux comptables et aux médecins.

Ici, le taux d’habitués doit frôler les 99 %. La patronne tutoie la moitié des clients, certains posent gentiment leur assiette vide sur le comptoir avant d’aller chercher leur dessert : de grandes tartes sont posées sur un petit buffet.

RESTO_RE_TOURSMonsieur est en cuisine et Madame est en salle, quarante-six couverts qu’elle gère de main de maître. La carte est certainement la plus courte de la ville. Quatre plats à l’ardoise, deux vins au verre, un cheverny et un chinon, une farandole de desserts au choix : c’est la formule choisie par Alexandra et Franck Nivaud, installés au coin de la rue Victor-Hugo et de la rue George- Sand depuis deux ans, une nouvelle brasserie nommée avec humour Le Re-Tours.

Ce vendredi, c’est bavette grillée, veau marengo, pieds de porc farcis ou filet de merlu. Va pour les pieds de porc farcis, ce n’est pas tous les jours qu’on en croise. Accompagnés de petites pommes grenaille et d’une sauce au sainte-maure, ils nous convainquent.
On cale pour le dessert mais professionnalisme oblige, il faut goûter. Ce sera une part de tarte poire-chocolat.

Manger une viande ou un poisson en une heure chrono, pour moins de 10 €, dans une ambiance familiale place Jean-Jaurès, on pensait que ce n’était plus possible. On repart le sourire aux lèvres, avec le sentiment d’avoir trouvé un dodo.

> Le Re-Tours, 12 rue George-Sand. Ouvert de 9 h à 18 h 30, du lundi au vendredi. Plat du jour : 9 €, formule plat + dessert 11,50 €.
> Contact : 02 47 61 48 07

Habitat participatif : acheter et construire ensemble

De nouvelles formes de logement se mettent peu à peu en place en France. À Tours, dans le quartier Monconseil, le projet d’un habitat participatif a vu le jour en 2012. Aujourd’hui, six familles vivent sur le même terrain.

« Nous étions plusieurs à avoir les mêmes envies : habiter en ville, avoir une maison à notre image, construite avec des matériaux respectueux de l’environnement tout en réduisant notre consommation d’énergie. » C’est ce qu’explique Lucie, une jeune maman architecte. Son projet est né en 2012 de discussions avec plusieurs familles. Pour raisons personnelles, certaines d’entre elles ne sont pas allées au bout du projet. Il a donc fallu trouver d’autres motivés.

« Nous avons fait des annonces, dans des magasins bio, sur des marchés, pour solliciter les personnes engagées comme nous. Nous voulions être six familles car financièrement c’est plus simple. Au bout d’un certain temps, nous avons réussi à constituer un nouveau groupe grâce à l’engagement de nouvelles familles. »

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Première étape : trouver un terrain. Après plusieurs idées et quelques débats, le groupe a trouvé son bonheur dans le quartier Monconseil. Il a dû défendre son projet devant un jury composé d’élus, de techniciens ou encore de Tours habitat, l’aménageur de cette zone. Depuis 2016, les familles sont installées dans leurs maisons. De superficie différente, elles sont toutes collées les unes aux autres.

Dans ce quartier encore en plein chantier, ces habitations se démarquent des autres par leur extérieur : du bois, des formes carrés, des toits plats… une esthétique chaleureuse et contemporaine. Tous les propriétaires ont fait appel aux mêmes entreprises (maçonnerie, électricité…) pour réduire les coûts. Mais en ce qui concerne l’intérieur de leurs maisons, tous ont eu une grande liberté. Ils ont utilisé les mêmes matériaux pour la construction des maisons, mais les finitions intérieures sont différentes. « Certains ont fait leurs peintures eux-mêmes, d’autres ont fait appel à des entreprises par exemple », énumère Lucie.

DES ESPACES COMMUNS

Elles ont toutes été construites sur le même terrain mais chaque maison a son indépendance. Au-delà de concevoir et construire ensemble, il y aussi eu une volonté d’un « vivre ensemble ». Ils ont d’ailleurs mis en commun plusieurs espaces du terrain. Une pièce commune, encore en travaux actuellement, scinde d’ailleurs les maisons en deux parties. « Chacun peut l’utiliser comme il l’entend aussi bien pour accueillir de la famille que pour se retrouver tous ensemble. On a dans l’idée de mettre en place des expositions, organiser des concerts… L’ouvrir au quartier pour ne pas rester coincé dans cette communauté ». Le parking au bout du quartier, le jardin derrière les maisons, le potager qui commence à prendre forme, l’atelier bricolage ou encore le garage à vélos sont des espaces ouverts aux six familles.

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Ils n’étaient pas amis au départ, ont tous des âges différents (d’une trentaine d’années à une soixantaine), et ne font pas les mêmes métiers. Pour Lucie, ce projet a pu aboutir car les propriétaires ont réussi à se compléter. « Tout le monde a apporté ses compétences. Nous sommes deux architectes, il y a un manager, des informaticiens, une ex-enseignante, une biologiste, une thermicienne… ».

Ils ont tous pu, lors de l’élaboration du projet, exposer leurs envies, mais ils ont aussi dû faire quelques compromis. De longues discussions et réflexions étaient nécessaires. Tous se sont investis pour obtenir ce résultat. « Nous avons conscience que ce projet nous a demandé du temps et beaucoup d’énergie », confie Lucie.

Mais cette initiative leur a permis de faire des économies. Surtout sur l’achat du terrain qui a été divisé en six parts. Au total, Lucie pense avoir fait entre 20 000 et 30 000 euros d’économie. Aujourd’hui, ces familles en parlent autour d’elles. Et sont d’ailleurs extrêmement sollicitées. Conférences pour des associations, présentations dans le cadre de la semaine du développement durable… Elles prévoient de se rendre aux portes ouvertes de l’habitat participatif aussi. « On souhaite partager notre expérience. C’est un projet conséquent mais aujourd’hui nous sommes fiers de nous, de ce que nous avons donné et de ce que nous avons fait. »

Philippine David

Le Rest’O Quai : la surprise quartier gare

On vous a dégotté une chouette adresse, dans le quartier de la gare : Le Rest’O Quai. A tester !

Ça, c’est une vraie bonne adresse dans le quartier de la gare. Dans  un secteur où les enseignes sont nombreuses et de qualité inégale, la  petite brasserie de Mathieu Bourdais se distingue vraiment. Ne vous  fiez pas à la devanture qui ne paye pas de mine (en plus, il y a un échafaudage en ce moment). Entrez et filez vers le fond de la salle. Là,  c’est ambiance poutres apparentes, menu sur ardoises et, aux beaux  jours, déjeuner en terrasse, au calme. En salle, les deux serveuses ont le  sourire et sont hyper efficaces. Si vous êtes pressés, vous aurez mangé  et pris votre café en une grosse demi-heure. Mais c’est quand même  mieux de prendre un peu son temps…

Dans l’assiette, le parti pris de Mathieu s’avère payant : des produits  simples (pour ne pas faire exploser l’addition), mais frais et cuisinés  pour de vrai. Dans la formule du jour, l’entrée et le dessert sont fixes  et vous avez le choix entre un plat de viande et un poisson. Côté prix,  ça se tient : 13 € pour deux plats, 16 € pour la totale. Nous, on a pris le  poisson. Un beau filet de colinet agrémenté d’une crème aux poivrons  et d’une pomme de terre vapeur avec une petite sauce aux herbes.  Nickel. En entrée, une rillettes de la mer pleine de surprises et un clafoutis pomme-poire en dessert. Le reste de la carte est court, ce qui est  toujours bon signe : salades composées ou grillades, essentiellement.
Le Resto’quai n’est ouvert que depuis novembre, mais il a déjà, visiblement, ses habitués. Normal : la table de Mathieu Bourdais, c’est le genre  d’adresses que l’on se passe pour un déjeuner sympa entre copains ou  entre collègues.

> Rest’O Quai, 24 rue Edouard-Vaillant (en face de la gare).
> Formules 13 € et  16 €. Tél. 09 86 20 30 60.

L'Odéon : chic et choc

Un petit tour par l’Odéon s’imposait : direction la gare et … régalez-vous !

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L’entrée ressemble à un vieux cinéma américain des années 1960. À l’extérieur, la place de la Gare est bondée. Le soleil est encore là. On voit les tables dressées avec soin à l’intérieur. Bistrot chic, l’Odéon se définit comme ça. Pas vraiment un restaurant gastro, mais quand même.
La proximité de la gare, endroit populaire par nature, l’empêche d’être ce lieu typique de cuisine française chic. Mais quand même.

À l’intérieur, c’est assez traditionnel, de bon goût. Reste ce grand bar qui donne cette ambiance bistrot juste en rentrant, à droite. Pour le midi, le menu est abordable (enfin, à ce niveau de qualité, cela s’entend). Si vous y allez le soir, il faut vraiment taper dans le porte-monnaie. Mais l’Odéon, c’est avant tout une adresse où on prend le temps de savourer la cuisine, de discuter ou de se reposer devant cette avalanche de beaux plats. Même si tout est calme, le service est rapide, très attentionné. Le pain est servi avec des cuillères. On ne rigole pas avec la qualité ici. Peu de plats. C’est bon signe. En plus de ceux mentionnés sur la carte, des amuse-bouche et des mignardises à la fin. C’est copieux.

Mais le grand attrait de l’Odéon, c’est le mélange des saveurs. On a testé un plat terre-mer à tomber, entre porc craquant et langues d’oursins. C’est très fort en bouche, mais les deux saveurs s’accordent avec beaucoup de nuances. On voyage du côté de l’Espagne. Les goûts restent longtemps sur les papilles, même après avoir reposé la fourchette. Autour, ça parle affaires, élections municipales, cuisine. C’est raffiné. La salle est bien faite, pas de brouhaha, la lumière tamisée permet de se sentir bien. L’Odéon, depuis quelques années, s’est taillé une solide réputation. C’est une des adresses qui compte à Tours. Sa réputation est amplement méritée.

Chloé Vernon

AU MENU
√ LA SPÉCIALITÉ
On a décidé de prendre ce plat qui mélange morceau de porc et coquillettes aux langues d’oursin. Les senteurs de mer se mélangent avec SORTIR_RESTO_BVles saveurs de la viande grillée. Servis dans deux plats séparés, on peut vraiment prendre le temps d’associer les goûts, petit à petit.

L’ADDITION
En prenant juste le menu du midi, sans vin ni café, on s’en sort pour 30 €. Après, le ventre est rassasié et les papilles poussées au maximum de leurs capacités. Sinon, le soir, il faut compter 70 € le menu. Mais là, c’est la totale.

EN PRATIQUE
L’Odéon, 10 place Général-Leclerc (à gauche quand vous faites face à la gare). Résa au 02 47 20 12 65. Plus d’infos sur restaurant-lodeon. com Ouvert du lundi au samedi. Fermé le samedi midi et le dimanche toute la journée.

Les visages du quartier Velpeau #1

Bobo, ouvrier, petit village… Velpeau a ses appellations mais il a surtout des habitants qui le font vivre. Même s’ils viennent d’horizons différents, ils ont tous un morceau du quartier en eux.

DAVID BERRUÉ, ARCHÉO-PUNK
David Berrué reçoit dans sa maison, celle qu’il partage depuis des années avec Béatrice Myself et leurs enfants. Son nom sonne un peu comme Berrurier. Étrange coïncidence, l’homme collectionne tout se qui se fait sur le punk français des années 1980. Un peu timide, dès qu’il se met à parler de son label Euthanasie records, sa grande silhouette s’anime. Il fouille, déniche, écoute, dépoussière cette mémoire faite de morceaux énervés, de paroles engagées et de musiciens punk. Maison d’éditions, site internet, archives ouverte à tous, label de musique, Euthanasie records fait tout. De sa petite maison à Velpeau, il envoie ses rééditions de vinyles partout dans le monde. Il est multitâche. Graphiste, archiviste, depuis 15 ans, il remue cette mémoire punk en fan avéré. David Berrué s’est construit une réputation de spécialiste dans ce milieu qui prône le do it yourself. « J’ai toujours aimé l’archéologie, » explique-t-il en ouvrant une grande armoire métallique remplie d’affiches de l’époque. Ce travail de mémoire est accessible à tous sur son site internet. Les profits qui font vivre le label viennent des rééditions de raretés et des livres publiés. Il vient de ressortir un album de Foutre, un groupe tourangeau quasi mythique pour les quinquas du coin. « Ce sont ces moments que je préfère, quand je recontacte un groupe pour leur dire que j’ai retrouvé de vieilles bandes ou des articles de presse qu’ils n’avaient pas gardé à l’époque. » En savoir plus sur le travail de David Berrué sur euthanasie.records.free.fr
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BÉATRICE MYSELF, TATOO-ARTISTE
Nichée dans une impasse proche de la place Velpeau, sa maison ressemble à celle d’une poupée qui écouterait du punk-rock en boucle. Béatrice Myself reçoit avec calme et simplicité. Les murs de son salon sont invisibles, cachés derrière des pans de livres, de figurines et de dvd. Son jeune fils l’accapare avec de grands sourires. Béatrice Myself vient d’ouvrir avec le graphiste Guillain Le Vilain une échoppe de tatouage quai Paul-Bert. Pas n’importe quel salon, ils proposent des tatouages uniques, faits par des artistes, pour des tatoués exigeants sur la qualité. « Pas de licorne ou de portrait de Johnny, à moins que l’image ne soit complètement transformée, rigole Béatrice Myself. Beaucoup de personnes collectionnent les tatouages de graphistes qui se tournent de plus en plus vers cette pratique. » Elle change de média artistique mais sa patte graphique reste. Steam punk, gothique, punk tout court, enfantin, rock’n’roll, fantastique, onirique… la liste des adjectifs sur ses dessins à tendances naïves s’allonge en voyant l’encre défiler sur les peaux photographiées. « J’adore les dessins d’enfants, ils semblent tout naïfs au début mais ils sont chargés, tendus, plein de sous-entendus. Je n’aime pas que tout soit lisible d’un seul coup d’oeil sur un dessin. » Et Velpeau ? « J’y habitais et puis je suis partie. Quand on a trouvé cette maison, je ne pensais pas revenir mais c’était le coup de foudre. Ce n’est pas un quartier très beau mais il existe un vrai lien entre les habitants.
Voir ses dessins sur beatricemyself.blogspot.com
VALÉRIE SCHNEIDER, ÉGALE AU QUARTIER
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À part un petit séjour à la campagne, Valérie Schneider n’est jamais vraiment partie de Velpeau. « Je crois qu’il y a toujours le même esprit. Ce n’est pas forcément celui d’un village, mais j’observe la même proximité entre les habitants du quartier qu’à l’époque de mes grands-parents. » C’est aussi dans le quartier qu’elle a trouvé son travail actuel. Depuis huit ans, elle travaille à l’Observatoire des inégalités, fondé par le journaliste Louis Maurin et le philosophe Patrick Savidan. « Ils étaient voisins à Velpeau, et amis. Nous étions plusieurs à passer des heures devant l’école Velpeau à parler des inégalités dans notre société. En 2003, ils ont décidé de lancer l’association. » En proche convaincue, elle donne un coup de main bénévole. Deux ans après, elle est embauchée pour structurer l’Observatoire qui grandit. Comptabilité, écriture d’articles, gestion du site internet, elle joue la polyvalence. « Au début, je travaillais dans ma chambre » rigole-t-elle. Aujourd’hui, ses bureaux sont installés au Sanitas et le site internet accueille plus de 5 000 visiteurs chaque jour. L’Observatoire fête cette année ses 10 ans d’existence. « On ne peut pas trop parler d’anniversaire quand on parle des inégalités. » La petite association créée en réaction au second tour de la présidentielles de 2002 est devenue référente sur cette question. Grand public, décideurs politiques, acteurs économiques, les études, les publications de cet organisme indépendant souhaitent sensibiliser tout le monde. « Les inégalités existent encore malheureusement, mais nous pensons modestement avoir un rôle dans la prise de conscience des progrès à faire. »
Pour tout lire sur les inégalités : inegalites.fr
NIKITA, MITRAILLEUSE
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Les vieilles malles s’entassent sur le haut des étagères de son atelier. À l’intérieur, du matériel, des photos. Des souvenirs. « J’en achète dans les brocantes », ditelle le regard rêveur. Ces valises truffées de clichés symbolisent à merveille les deux passions de Nikita : la photo et les voyages. À 57 ans, elle a baroudé, traîné son appareil photo dans un nombre de pays qu’elle ne compte plus. Turquie, Malaisie, Maroc… Elle raconte avoir toujours eu « le goût du voyage et des cultures différentes ». C’est même plus qu’un goût. Cette attirance s’apparente à une boussole, un guide. Nikita applique à la photographie son mode de vie de voyageuse. Quand elle débarque dans une nouvelle ville, ses sens s’éveillent. Idem quand elle mitraille. « La photo permet une intrusion. J’adore tout observer. Les lieux, la façon dont certains objets sont rangés. Ça dit beaucoup de choses des personnalités », analyse-t-elle. Et pourtant, Nikita a commencé à exercer à fond sa passion il y a seulement treize ans. Avant, elle a refréné ses envies. « J’ai un regret : mon orientation », ditelle. Manque de confiance, de connaissance de soi. Elle est mal à l’aise en arrivant à 11 ans, à Tours, dans une école de filles, après une enfance dorée en Allemagne, dans une cité où tout le monde se côtoie. Un peu comme à Velpeau, qu’elle a choisi bien des années plus tard. L’artiste choisit une filière générale et devient prof… d’allemand. « Ce que j’aime dans ce métier, c’est le bain constant dans la jeunesse », admet-elle. Comme si elle retrouvait l’ivresse manquée de son adolescence et libérait une créativité, trop longtemps enfouie, à travers la photo.
Voir son site : photonikita.com
 
Voir d’autres portraits de Velpeau ? C’est par ici !

Il était une fois Velpeau

Ancien quartier de cheminots, le quartier s’est gentrifié tout en gardant son aspect « petit village ».

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La place Velpeau est vide en cette froide matinée de novembre. Les enfants apprennent sagement à l’intérieur de l’école. Les étals bruyants du marché n’animeront la place que dimanche. Matthieu Giua, blogueur tourangeau passionné d’histoire, sourit. « Dans son architecture, la place a très peu évolué en plus de deux cent ans », explique-t-il.
Il se tourne vers l’école, inaugurée en 1887. Imposante, dans le pur style de la Troisième République, valorisant l’éducation et le savoir. Elle est bordée par la rue de la Fuye, percée par la municipalité de Tours dès 1861, six ans seulement après l’acquisition du quartier par la municipalité de Tours. Il appartenait auparavant au voisin, Saint-Pierre-des-Corps. Les arbres trônant sur la place ont aussi été plantés à l’époque.
Ancienne ferme
 
Les évolutions du quartier se trouvent dans ses habitants. Les grandes lignes du quartier restent, les populations changent. « C’était un territoire campagnard. On comptait 300 habitants pour 15 hectares ! », continue celui qui est connu sous le nom de Matfanus sur Twitter.
Il se dirige vers l’impasse de la Fuye. Devant, un portail bleu masquant en partie une maison, dont un pignon dépasse du toit. « On est au numéro 6 de la rue, c’était la ferme de la Fuye », indique-t-il. L’espace assez large autour de la bâtisse laisse envisager de la place pour de la volaille, du foin. Accolée au muret, un dernier vestige agricole subsiste : une pierre avec l’inscription « La Fuye ».
Avant l’autoroute coulait un canal
 
La rue Deslandes, en perpendiculaire, dispose, elle aussi, d’un marqueur de cette époque. Au numéro 19, un bas-relief montre l’ancienne fonction du bâtiment. « Sur la gravure, c’est un livreur de charbon », décrit Mathieu Giua. Enthousiaste, il amène vers l’autoroute, construite dans les années 70. Les milliers de camions et de voitures filant quotidiennement ont remplacé un canal, creusé en 1828. « Un lieu de promenade qui a marqué les habitants », continue Matfanus. Il note la frontière et les inégalités entre Saint-Pierre-des- Corps et Tours. Un grand mur d’un côté, rien de l’autre. La ville la plus riche était plus protégée en cas de montée des eaux. « Aujourd’hui, avec ce mur, le bruit des voitures est plus couvert à Velpeau », observe-t-il.
En descendant la rue d’Estienne d’Orves et en s’aventurant dans quelques allées escarpées, des maisons identiques apparaissent, débouchant sur la place du 8-Mai. « Le coeur de la cité ouvrière Jolivet entre 1929 et 1934 », explique Mathieu Giua. En 1846, les chemins de fer débarquent à Tours. Velpeau se transforme en quartier de cheminots. Parmi tous les gars ferraillant pour la SNCF, une figure. Marcel Bouché, 78 ans « et demi », né ici, jamais parti. Il se souvient. « Avant, il n’y avait pas de route, juste un chemin. J’allais à la pêche dans le canal et on jouait aux billes quand j’étais petit. Puis, j’ai connu une belle ambiance ici. Avec les copains, on se retrouvait souvent en dehors du travail », glisse-t-il, nostalgique.
Baisse du nombre d’ouvriers
 
Dans d’autres parties du quartier, le profil des maisons ouvrières se repère facilement. Façade devant, jardin derrière, à l’abri des regards. Marcel a été témoin du dernier changement de population. « Il n’y a plus trop d’anciens », regrette-t-il à demi-mots. Les cheminots partent. Les familles, trentenaires et quadras, débarquent. Le quartier rajeunit. « Dans les années 90, les centres-villes sont revalorisés », analyse Mathieu Giua. « En 1975, on avait près de 20 % d’ouvriers, 20 % d’employés et 10 % de retraités ». Selon l’Insee, le quartier abritait, en 2006, 13,8 % d’ouvriers. Et un quart de cadres.
Dans la rue du Dr Fournier, des petits commerces ont disparu, peu à peu. Les murs présentent encore leurs traces : vitrines, volets en bois. En 1979, Pierre Guillemot a, par exemple, racheté une ancienne mercerie qu’il a transformée en maison. « À côté, il y avait un bar. Les Voltigeurs, puis le Garage, à l’ambiance rock. J’ai vu débouler des centaines de Harley dans la rue », rigole-t-il, tout en notant l’esprit « petit village ». Un bon résumé de Velpeau : les habitants ont changé, pas son esprit ?

Velpeau, carte postale du quartier

Avant notre installation pour notre numéro spécial sur le quartier, tmv est allé tâter le terrain.

Velpeau
Elle salue un gamin sur sa trottinette, roulant tranquillement sur le trottoir. « Je le connais depuis tout petit, il a été dans la classe de ma fille, qui est aujourd’hui au collège », détaille Anne Désiré, présidente de l’association Velpeau interactif organisation conviviale et culturelle (VIOCC). Enthousiaste, elle raconte la bonne ambiance dans le quartier. « Il y a de l’entraide entre les habitants. On est dans l’échange, on se sent vite intégré », estime-telle. Pour illustrer ce sentiment, elle détaille quelques habitudes. « Quand l’école était le samedi matin, les parents se retrouvaient au Vel’Pot. Le vendredi soir aussi, en terrasse, quand il fait beau », poursuit-elle, les yeux rivés sur la place. Une place comme élément central du quartier. Le marché (jeudi et dimanche), marque les retrouvailles entre les habitants.
Ça braille, ça respire des multitudes d’odeurs et ça discute. Le moment revient dans les bouches de tous les habitants interrogés, fiers de leur emblème et du « plus grand marché de Tours ». En dehors de ce temps fort, le parking est visible. « Un gratuit dans le centre », souligne Christian, le photographe. Il tient son enseigne depuis 17 ans. « Je suis une sorte de dinosaure », se marre-t-il, derrière son comptoir. Il en a vu passer des boutiques, sur la place ou dans les rues adjacentes. « Avant, c’était l’endroit le plus commerçant de la ville », se souvient-il. Le quartier change. Témoin, à une centaine de mètres de chez Christian, le nouveau jardin collectif. L’association les Jardiniers Ambulants plante, arrose et cultive quelques mètres carrés sur la place. « Et puis, le quartier s’est rajeuni », continue le photographe. Famille, jeunes actifs avec ou sans enfants… La sociologie entière du quartier a été modifiée. « Avant, c’était un quartier d’anciens », assure-t-il. Cheminots. Des anciens, il en reste. Et s’il n’y en avait qu’une à rencontrer, il serait bon d’aller voir du côté de chez Paulette Barré. 94 ans, l’esprit toujours alerte. Elle habite la même maison, rue Bellanger, depuis 1938. « C’était un quartier de cheminots, populaire », raconte-t-elle, attablée dans son salon. Son mari travaillait d’ailleurs à la SNCF, « mais dans les bureaux », précise Paulette. Les rues ont changé de nom depuis. Celle délimitant le quartier côté gare de Tours (Édouard Vaillant) était connue sous le nom de rue de Paris. « Pour les transports, on avait même le tramway qui venait jusqu’ici », s’enthousiasme-t-elle, ressassant ses souvenirs.
Elle se rappelle de belles époques « quand elle faisait du basket, pique-niquait avec les autres petits ». Et aussi de moins heureuses, pendant l’Occupation, quand les Nazis avaient réquisitionné l’usine, qui prenait la place des actuels HLM. En déambulant dans le quartier, les petits passages, les impasses bardées de maisons avec de petits jardins sont au calme. Préservés de l’agitation de la place. La promenade offre des moments incongrus. Comme lorsque l’on croise un chat errant, non loin d’un panneau « chat lunatique ».
Velpeau, c’est aussi ces habitations dans des anciens hangars ou entreprises. Des gamins dévalant à toute vitesse pour aller jouer sur la place Velpeau. Qu’il pleuve, vente ou neige. Ces artistes mentionnés, comme Béatrice Myself, ces assos comme les Tontons Filmeurs. Pour une première visite, ça donne envie d’y retourner. G. V. Retrouvez la rédaction de tmv du mardi 19 au vendredi 22 novembre au bar Vel’Pot.
++ Retrouvez la rédaction de tmv du mardi 19 au vendredi 22 novembre au bar Vel’Pot.
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la rédaction de tmv s'installe à Velpeau

La rédaction se délocalise en plein cœur de Velpeau du 19 au 22 novembre au bar le Vel’pot. Le but ? Réaliser un tmv spécial quartier qui sortira le 27 novembre.

Les deux journalistes de tmv s'installent au bar le Vel'pot du 19 au 22 novembre
Les deux journalistes de tmv s’installent au bar le Vel’pot du 19 au 22 novembre

 
Le QG
Pendant cette semaine de novembre, les deux journalistes de tmv posent leurs ordis, leurs moufles, leurs stylos et leurs calepins au bar Le Vel’pot. Vous avez forcément des idées, des sujets et des personnes incontournables à nous faire connaître sur le quartier avant notre arrivée. Pour ça, nous avons construit avec nos petites mains une belle boîte à idée, à l’ancienne. Elle est posée en ce moment sur le zinc du bar Le Vel’pot jusqu’à notre installation, à vous de la remplir.
Participez !
Forcément, le but, ce n’est pas de faire l’hebdo dans notre coin, sans parler à personne. Habitants de Velpeau, amoureux du quartier ou Tourangeaux d’autres horizons, si nous nous installons dans le quartier, c’est pour échanger avec vous, mieux vous connaître. Si en plus d’avoir des bonnes idées à mettre dans notre boî-boîte vous voulez nous rencontrer, on sera très heureux de boire un café avec vous, du 19 au 22 novembre !
 Sur le web
Avant même de venir à Velpeau, nous avons créé une page Facebook qui relate nos aventures et surtout, vous permet de nous aider. Vous retrouverez également tous les articles réalisés sur le quartier sur ce site internet, dans la rubrique super spéciale créée à l’occasion.

Quand les murs fleurissent au Sanitas

Le Sanitas voit ses tours fleurir. Non pas en nombre, mais sur les façades. Des arbres et des plantes présents sur les bords de Loire ornent les murs. Olivier Pain, photoreporter à Tours, suit le projet.

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Le Sanitas voit ses tours fleurir. Non pas en nombre, mais sur les façades. Des arbres et des plantes présents sur les bords de Loire ornent les murs. Un peu moins de dix façades seront présentées lors de l’inauguration en mai 2014. Olivier Pain, photoreporter à Tours, suit le projet.
D’où vient ce projet de ravalement des murs ?
Le point de départ de ces façades, c’est le changement de l’isolation thermique extérieure des bâtiments. C’était l’occasion pour Tours Habitat d’engager un changement dans l’apparence des tours, mais il fallait aussi respecter les voeux de l’architecte qui les a construites. Cité Création a ensuite pris en charge cette réalisation de fresques.
Comment vous êtes-vous retrouvé dans l’aventure ?
C’est Cité Création qui est tombé sur mon site et qui m’a contacté. Ils ont aimé mon approche et voulait quelqu’un qui soit libre artistiquement, qui ne soit pas passé par une école. Un livre de photos retraçant ce travail sortira en 2014.
Comment avez-vous senti les habitants vis-à-vis du projet ?
De ce que j’ai vu, ils sont emballés. À la base, ce sont eux qui ont voté pour les motifs des fresques. Et puis, les peintres avaient besoin de bouteilles d’eau vides. En deux jours, ils ont collecté l’équivalent d’un mois de bouteilles ! Les habitants leur apportent du thé, des gâteaux. Il y a une grande solidarité.
Que peuvent apporter ces fresques au Sanitas ?
Elles peuvent apporter plus de flux. Alors que c’est un lieu où il y a beaucoup de points statiques, il va y avoir des déplacements pour les commenter, les regarder. Les écoles du quartier pourront aussi travailler autour de l’art et de la nature.
Propos recueillis par G.V.
Crédit photo : Olivier Pain

Regards sur le Sanitas

Olivier Pain, photographe indépendant, était présent à la Fête du Sanitas. Il livre son regard sur l’évènement à travers une photo.

Des ballons, une fanfare, des jeux. La fête du Sanitas, organisée le 29 juin 2013,  a apporté son lot d’animations. Olivier Pain, photographe indépendant qui collabore ponctuellement avec TMV, était présent. Il a choisi une photo marquante de la journée et pose son regard sur le quartier.
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Olivier Pain, photographe indépendant.
« Sur cette photo, on voit de tout. Des enfants qui dansent, de toutes les origines. Tout ce petit monde cohabite de façon intelligente. Il y a une émotion particulière avec eux. Et puis, les enfants sont l’avenir, ce sont les futurs adultes. Une partie de la prochaine cohésion sociale dépend d’eux. Cette photo donne une impression plus normale du quartier. Je dis « normale », car il ne faut pas tomber dans l’excès, positif ou négatif. Il y a également des gamins qui ne sont pas du Sanitas, et c’est intéressant car c’est un quartier qu’il faut ouvrir. »
Mohamed Moulay, chargé de développement territorial pour la ville de Tours, rebondit sur les propos d’Olivier Pain.
« Ce qui me marque, c’est le visage de la jeune fille. Elle est heureuse. On peut y voir l’innocence, la pureté d’un enfant. Alors que derrière cette image, il y a des difficultés sociales, des maux de la vie. Mais on voit que le temps d’une fête, il y a de la joie et du partage. Et derrière les parents qui observent. A ce moment-là, les enfants dansaient grâce à la Fanfare la Saugrenue.  »
Retrouvez toutes les photos de la Fête du Sanitas par Olivier Pain sur son site personnel.
Propos recueillis par GV.
Crédit photo : Olivier Pain

Sanitas : les sciences seront de la fête

Samedi 29 juin, direction le quartier du Sanitas, à Tours. Fête du quartier, ciné, animations et une grosse fête de la science au programme…

Montrer aux enfants, comme aux plus grands, que l’on peut découvrir la science en s’amusant. C’est le credo de l’association Les Petits Débrouillards qui sera, cette année encore, présente à la Fête du Sanitas.
Titulaires et bénévoles seront armés de leur fameuse « Malle à manip’ », un joyeux fourre-tout d’objets de récup’ qui serviront à créer de petites expériences autour des grands thèmes scientifiques : l’eau, l’air, le son … Pour Sylvie Morice, membre de l’association, l’objectif est clair : « Nous voulons nous faire connaître et montrer que la science est ludique, abordable et amusante. Je donne souvent des exemples concrets : la cuisine, par exemple, c’est de la chimie ! Présentée comme ça, la science fait moins peur. »
L’association sera présente cet été, du 15 au 19 juillet, dans le quartier du Sanitas. Baptisée « Cités débrouillardes », l’initiative a pour but de faire découvrir les sciences aux enfants des quartiers défavorisés de l’agglomération, dès l’âge de 6 ans. Tous les après-midi, dans le jardin de la Gaudinière, sous les tonnelles, c’est sans inscription et entièrement gratuit. « Ils nous reconnaissent d’une année sur l’autre, c’est vraiment sympa, s’enthousiasme Alicia, membre de longue date de l’association. Je me souviens du petit Medhi, la terreur de la classe. Il a adoré nos expériences. Comme nous avons une approche différente et complémentaire de l’école, certains enfants en difficulté s’y retrouvent. »
Et peuvent se découvrir une vocation. Dans quelques années, le nouvel Einstein s’appellera peut-être Medhi…
Laura Buratti.

Comprendre la poussée d'Archimède, la capillarité ou la flottaison grâce à des expériences, c'est plus sympa qu'à l'école ! (Photo SD)
Comprendre la poussée d’Archimède, la capillarité ou la flottaison
grâce à des expériences, c’est plus sympa qu’à l’école ! (Photo SD)


>FÊTE
Samedi 29 juin, rendez-vous place Saint-Paul, à Tours, à partir de 15 h, pour la fête du quartier. Pour les petites fringales, vous pourrez déguster grillades, merguez, sandwichs, frites et boissons sans alcool (la fête sera plus folle). Retrouvez toutes les infos et le programme complet sur le site tours.fr
>CINÉ À la tombée de la nuit, retrouvez la projection du film Ratatouille. Oscar du meilleur film d’animation en 2007, il raconte l’histoire de Rémy, un rat passionné de cuisine qui emménage au célèbre restaurant parisien Chez Gusteau ! Il aidera Alfredo, un jeune commis, à devenir un grand chef étoilé.
>ANIMATIONS Ateliers arts plastiques, comptines, maquillage, poterie, modelage, sculpture sur ballons raviront les apprentis artistes. Sans oublier les jeux gonflables, l’atelier BD pour apprendre à dessiner ses super-héros préférés, et l’initiation au tag numérique en mosaïque façon QR code. Venez, venez, il y en aura pour tout le monde !