Le Théâtre Olympia dévoilera sa saison prochaine fin juin

Le Théâtre Olympia de Tours doit révéler sa saison le 27 juin prochain. Tout au long du mois, les répétitions devraient également reprendre pour certaines créations.

Le Théâtre Olympia, CDNT, a hâte de rouvrir ses portes. (Photo tmv)

Les amoureux/ses du Théâtre Olympia l’avaient laissé le cœur lourd avant la fermeture et le confinement. Puis avaient pu le retrouver avec plaisir et hors les murs grâce aux multiples initiatives spéciales « confinement », distillées tout du long, comme #Dramareve (à lire ICI), les captations ou les lectures au téléphone…

Cette fois, le Théâtre O se projette : « Sans savoir précisément quand nous pourrons rouvrir nos portes, nous traçons désormais les chemins qui nous permettront de nous rapprocher, et de vous retrouver physiquement, avec une attention particulière à la santé de tous », précise Jacques Vincey, à la tête du CDNT, dans sa newsletter.

Saison dévoilée le 27 juin

Ainsi, c’est le 27 juin que l’équipe révélera et dévoilera la saison prochaine. Jacques Vincey précise bien être conscient « qu’elle sera peut-être impactée par les aléas dont nous ne pouvons mesurer l’ampleur, ni la nature exacte ». Mais, rajoute-t-il, « plutôt que de jouer les Cassandre, nous faisons le pari du possible ».

L’équipe travaille en ce moment sur la forme virtuelle que prendra cette présentation, celle-ci ne pouvant évidemment pas se faire avec un public en face, comme à son habitude. Quant à la brochure, elle devrait être mise en ligne. Les exemplaires papiers seront distribués en boîtes aux lettres, au cours de l’été.

Il n’y aura pas d’abonnements proposés en début de saison, « mais des réservations spectacle par spectacle un mois avant leur présentation ».

Reprise et projets

Dans sa lettre, Jacques Vincey et l’équipe du Théâtre O indiquent également que les répétitions du spectacle « Monuments hystériques » reprendront début juin. Celles-ci avaient été interrompues à la mi-mars. Une création est prévue pour mi-septembre.

« Si les conditions sanitaires nous le permettent, nous envisageons à partir de mi-juin des lectures journalières dans l’espace public : douze étapes pour une traversée commune d’un chef-d’œuvre de la littérature », est-il aussi précisé.

Enfin, le 20 août, Jacques Vincey débutera les répétitions de sa nouvelle création, « Les Serpents », de Marie NDiaye. La première est prévue le 29 septembre !

Théâtre : à ce projet, personne ne s’opposait

La compagnie Théâtre à cru est en résidence au CDRT. Bientôt prête pour sa grande première. Rencontre.

(Photo Jeanne Roualet)
(Photo Jeanne Roualet)

Un grand mur noir s’étale d’un bout à l’autre de la scène du Centre dramatique régional de Tours. Dans cet univers sombre, seuls un extincteur rouge et un compteur bleu égayent le tableau. C’est le décor de la nouvelle création de la compagnie Théâtre à cru, À ce projet personne ne s’opposait. Alexis Darmengol, co-écrivain et metteur en scène, s’assoit au bord de la scène, face aux membres de son équipe, comédiens, costumière ou créateur son : « Je vais vous présenter les idées qui me sont venues dans la nuit », lance-t-il avant de dérouler, pendant près d’une demi-heure, le fruit de ses cogitations nocturnes. Le proverbe disait bien vrai, la nuit porte conseil !

Son projet de création est né, il y a plus d’un an, d’une réflexion sur les théâtres, « des lieux où l’on peut se rencontrer, penser notre monde et célébrer notre humanité », estime l’auteur. Il s’inspire du mythe de Prométhée, qui vole le feu pour donner aux hommes les moyens de s’élever par le travail et la connaissance. Mais aujourd’hui, que fait-on de ce don ? Partant de cette question, Alexis Darmengol construit une pièce décalée, utilisant l’humour et tous les outils du jeu théâtral contemporain : montage sonore, chant, improvisation…
Mais alors, de quoi ça parle ? « De la confrontation entre un résistant, Prométhée, et le pouvoir, Zeus. Le dieu, qui finit par créer la boîte de Pandore, apporte la guerre et la famine à l’humanité. À la fin du premier acte, c’est bien le pouvoir qui a pris le dessus. Seule l’espérance reste dans la boîte : sera-t-elle un moteur pour rêver d’un autre monde ? » C’est ce que l’on découvre dans le deuxième acte, dont les artistes travaillent actuellement la mise en scène. Habitué à l’écriture de plateau, Alexis Darmengol fait évoluer le texte au fil des répétitions. Il s’est associé avec Marc Blanchet, co-écrivain : « Son écriture, plus littéraire, amène de la fantaisie et une forme d’extravagance à notre texte. » À quelques jours de la première, Alexis Armengol est au four et au moulin : « Bien sûr, je passe beaucoup de temps avec les comédiens. Mais je dois aussi coordonner la musique, le son, la lumière, les costumes… »
Un peu comme un chef d’orchestre.

Nathalie Picard

>>> À ce projet personne ne s’opposait, du mardi 29 septembre au vendredi 9 octobre au CDRT.

EN BREF
AU PROGRAMME
La programmation est disponible sur le site cdrtours.fr. La nouvelle saison est axée sur le jeune théâtre en région Centre, un dispositif de soutien de jeunes comédiens et techniciens. En février et en mai, ils joueront La Dispute, de Marivaux, mise en scène par Jacques Vincey. La première édition du festival de jeune création contemporaine, WET°, aura lieu début avril 2016 : neuf spectacles seront proposés sur trois jours.

CURIEUX Les Partages du mardi, c’est un rendez-vous mensuel d’une heure, dans la salle de répétition du théâtre : une invitation à « participer au bouillonnement artistique et intellectuel » de ce lieu. On connaît la date du premier partage : le 6 octobre, à 18 h. Quant à savoir ce qui s’y passe vraiment, une seule solution : y aller ! Envie de discuter avec les artistes en représentation ? C’est possible grâce aux Rencontres du jeudi, qui permettent un temps d’échange à la fin de certains spectacles.

INFOS PRATIQUES
CDRT – Centre dramatique régional de Tours Théâtre Olympia – 7 rue de Lucé 37000 Tours Ouvert du lundi au vendredi, de 12 h à 18 h 02 47 64 50 50
billetterie@cdrtours.fr
Billetterie en ligne : cdrtours.fr

Intermittents : ils ont la parole

Trois artistes et un administrateur de théâtre partagent leur expérience et leur sentiment sur l’intermittence aujourd’hui.

« Se rendre compte de la charge de travail » 
Patrick Harivel, 60 ans, comédien
INTERMITTENT_BV_HARIVEL« Quand on parle de 507 heures d’activité sur 10 mois et demi pour pouvoir toucher des allocations chômage, cela paraît peu. Nos cachets isolés sont comptabilisés comme 12 h de travail par l’Assedic et sont censés couvrir large : de la préparation à la représentation. Pourtant, en réalité, quand on compte l’apprentissage ou la révision d’un texte, la condition physique à entretenir, le trajet aller-retour, on dépasse largement ce volume horaire ! Tout le monde ne se rend pas compte de la charge de travail que l’on a. Et je constate que la situation est de plus en plus précaire. On m’a déjà proposé des projets artistiques où les répétitions n’étaient pas payées. J’ai refusé par principe. Et puis, on est toujours à la recherche de contrats ! C’est un gros travail que de les trouver. En passant des castings, des auditions. Et encore, auparavant, ces déplacements étaient payés… Forcément, cela met de la pression, mais on le sait dès le départ. On doit utiliser ces périodes de creux pour se nourrir artistiquement et être prêt dès que le travail se présente. »
« On n’a pas les moyens de prendre un permanent »
David Limandat, 34 ans, administrateur du théâtre Barroco, à Saint-Pierre-des-Corps
INTERMITTENT_BV_LIMANDAT« On bosse avec une trentaine d’intermittents du spectacle. Sur le plan artistique, leurs parcours varient. Avec les expériences glanées ailleurs, ils sont plus ouverts et apportent de nouvelles idées. Ces périodes courtes collent avec le fonctionnement d’un théâtre. Il y a aussi un avantage fiscal à avoir des intermittents puisque l’on bénéficie d’un abattement de 30 % sur les charges. Mais plus largement, sur le plan financier, on ne peut pas prendre de permanent. Notre structure tourne autour d’une centaine de représentations par an. Faire passer des artistes ou des techniciens en CDI, c’est une proposition qui s’adresse plus au monde de la télévision ou à des grosses compagnies. Et cela est logique à partir du moment où il y a une forte récurrence de contrats. Sauf qu’entre des théâtres nationaux et nous, c’est le jour et la nuit ! D’autant plus que la baisse des budgets dans la culture pèse, de manière directe ou indirecte sur les intermittents. Par exemple, on aimerait les payer plus mais il y a un cercle vicieux. Si on le fait, cela veut dire que l’on augmente le prix des spectacles. Moins de monde va venir les voir. Et s’il y a moins de monde, forcément il y a moins de cachets pour payer les artistes… »
« Je vois l’intermittence comme une chance »
Elsa Beyer, 37 ans, chanteuse
INTERMITTENT_BV_BEYER« Je suis sortie plusieurs fois de l’intermittence car je n’ai pas toujours pu renouveler mon dossier. C’est assez fluctuant. Je suis à nouveau dedans depuis environ trois ans. Je donne parfois des cours de chant. C’est un autre travail qui est vraiment différent, mais j’aime bien faire les deux, cela dépend aussi de l’optique dans laquelle je suis. En tout cas, je considère l’intermittence comme un état précieux. Il me permet de vivre de ce que j’aime : la musique. Bien sûr, il y a une précarité, on manque de stabilité, mais je le vois comme une chance. Ce serait une catastrophe si ce régime disparaissait. Maintenant, tout s’est resserré, on a plus l’impression de devoir courir puisque l’on est passé de 12 mois à 10 mois et demi. Quand on arrive à la fin de la période de référence, on a une appréhension. On se demande si Pôle Emploi a bien reçu tous nos documents. Je trouve que leurs agents répondent plutôt bien à nos questions. Sur ce point, c’est mieux qu’avant. Mais je déplore que tout soit désormais basé à Nanterre. Avant, on avait un référent à Tours, à un échelon local et c’était plus simple. »
« C’est un métier ? Tu ne fais rien à côté ? »
Laurent Priou, 54 ans, comédien
INTERMITTENT_BV_PRIOU« Il y a des choses fausses qui circulent et qui me font bondir. On dit que notre régime a contribué à aggraver le déficit de l’Unedic et qu’il coûte beaucoup d’argent. Mais c’est faux ! Il peut paraître injuste car d’autres corps de métiers, comme les plasticiens, pourraient revendiquer un tel système. Mais, il faut absolument le défendre car il nous permet de faire notre métier correctement. À un moment, il y a eu des dérives, c’est vrai. Parce que certains cherchaient l’intermittence avant d’avoir un métier. À une époque, on avait parlé d’une carte professionnelle d’intermittent, mais c’était très dangereux. Quels critères auraient défini son attribution ? Il faut surtout changer l’esprit des gens. Le grand public ne me parle pas souvent du système de l’intermittence. Mais j’ai l’impression quand même qu’il y a une grande méconnaissance. Je n’entends pas de fortes critiques, mais on me dit parfois : “ Ah bon, comédien, c’est un métier ? Tu ne fais rien à côté ? ” C’est aussi un paradoxe de l’intermittence : on est reconnu en tant que professionnel lorsque l’on est demandeur d’emploi. »
Recueillis par Guillaume Vénétitay