Didier Girauldon : « Le théâtre est un engagement citoyen »

Hyperactif, Didier Girauldon l’est à 100 % : à 36 ans (37 le 17 mars !), le Tourangeau est metteur en scène et directeur artistique de la compagnie Jabberwock depuis 2011, mais avec ses nombreuses casquettes, multiplie les projets et les emmène partout dans le monde. Entretien avec un amoureux du théâtre.

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(Photo Claire Dietrich)

Vous avez fait votre formation à Tours, mais êtes ensuite parti au Royal Holloway à Londres. Pourquoi ?
J’étais étudiant en anglais à la fac de Tours qui proposait par ailleurs du théâtre en anglais. Il y avait un échange Erasmus avec le Royal Holloway, mais qui ne fonctionnait pas vraiment. L’université anglaise jugeait les étudiants français pas assez « intéressants ». J’ai proposé au Conservatoire de refaire une demande. J’avais le niveau suffisant dans cette langue. Puis l’échange avec eux a réouvert. Là-bas, il y avait quatre théâtres, 200 élèves, une offre incroyable de cours. C’était un passage obligé ! Ça a changé plein de choses pour moi. J’ai pu faire de nombreuses rencontres et y travailler.

Comment en êtes-vous venu à créer la compagnie tourangelle Jabberwock ?
De 2001 à 2011, j’ai codirigé le collectif Les Gueuribands. C’était une troupe iconoclaste. Mais il y avait plusieurs porteurs de projets différents. Les propositions théâtrales aidant, nous avons tous et toutes construit notre propre bateau ! Avec la compagnie Jabberwock, je me suis recentré sur mes envies. J’ai pu rassembler les choses sur lesquelles je travaillais. Je me suis lancé dans l’aventure et au même moment, j’ai pris la direction du théâtre universitaire. Vous savez, la recherche théâtrale n’a de sens que si elle est partagée. Avec Anaïs Andos (chargée de médiation culturelle à la compagnie, NDLR), on essaye de travailler avec des artistes français et étrangers et, à chaque fois, qu’ils s’investissent à Tours et dans la Région.

(Photo Sylvia Galmot)
(Photo Sylvia Galmot)

Vous avez voyagé un peu partout. Scandinavie, États-Unis, Canada… Y a-t-il des lieux particulièrement marquants ?
Oui ! L’Angleterre en premier lieu. Lorsque je suis sorti du Conservatoire, je me posais beaucoup de questions, j’avais des idées reçues sur le métier. Londres est une ville multiculturelle. J’aurais pu y rester ! Ils ont une approche physique et chorégraphique du théâtre. Il y a aussi eu la Scandinavie de 2004 à 2007. Avant, il y avait eu Mario Gonzalez… Un jour, par hasard, j’ai assisté à l’un de ses spectacles. C’était… waouw ! On est pris à partie, bousculés… Je suis devenu son assistant par la suite, d’ailleurs. Ah et je pourrais aussi citer l’Italie. Je suis parti travailler sur une comédie musicale à Florence, alors que je ne parlais pas du tout italien (rires) ! Ils ont une approche plus légère et divertissante. Sinon, citons aussi Tours bien sûr, avec l’expérience du théâtre universitaire, les États-Unis…

Vous avez aussi un lien très fort avec l’auteur québecois Marc-Antoine Cyr, non ?
C’est un coup de foudre amical et artistique. Une vraie aventure. Tout ça est très collaboratif, c’est un aspect important pour moi. Preuve en est avec ma collaboration avec Constance Larrieu, pour la recherche théâtrale La Fonction de l’orgasme. (représentation à Tours le 8 mars/ lire ci-dessous)

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=axUZzmPXdzg[/youtube]

Vous êtes metteur en scène, interprète, enseignant, multipliez les projets, etc. Vous diriez que vous êtes plutôt boulimique de travail ou hyperactif ?
Hmm… Il faut distinguer les deux. Là, j’apprends à rétrograder. J’ai toujours beaucoup travaillé et pu choisir. Je suis chanceux. Au début, je devais faire médecine… et aussi journalisme, tenez ! Mais le théâtre est arrivé. Pendant dix ans, je me suis fixé la règle de ne rien refuser. Je voulais tout tester. Maintenant, je soutiens l’effort, tout en gardant un niveau d’exigence. Je suis hyperactif, mais pas boulimique. Enfin, je ne suis plus boulimique !

En regardant votre CV, j’ai l’impression que le local est très important pour vous. Vous semblez hyper attaché à Tours.
Je suis effectivement très attaché à cette ville. J’y ai vécu pendant 27 ans. Maintenant, j’habite à Paris, mais reviens à Tours toutes les semaines pour la compagnie notamment. Actuellement, mon logement de fonction est à Paris, mais mon coeur est à Tours (rires) ! Et puis c’est important que je soie ici pour la compagnie, mais aussi quand j’enseigne au Conservatoire.

Vous êtes jeune, mais avez enquillé les projets. Qu’est-ce qu’il vous reste à faire, à découvrir ?
Tout ! Développer un projet prend du temps vous savez. Mais en 2016, j’ai participé à trois créations qui n’étaient pas prévues au programme. Il faut savoir saisir les opportunités. Je souhaiterais continuer à développer les collaborations, les découvertes, les tournées à l’étranger. Je postule aussi pour des résidences et aimerais me plonger dans le monde de l’opéra.

Est-ce qu’on peut dire que le metteur en scène est un peu l’homme de l’ombre, l’homme dans l’ombre ?
(hésitation) Bonne question… Oui et non. C’est sûr qu’un metteur en scène n’est pas comme un interprète qui est au centre de l’intérêt. La fonction peut être plus solitaire. Personnellement, je veux développer la compagnie Jabberwock dans la région, pérenniser l’équipe : donc je ne suis pas dans l’ombre, car on se bat vraiment pour défendre nos projets. Le théâtre est un engagement citoyen, de partage et d’éducation populaire.

> La Fonction de l’orgasme : recherche théâtrale mise en scène par Constance Larrieu et Didier Girauldon. Représentation à Tours le mercredi 8 mars, à 20 h 30, salle Thélème. Durée : 1 h 15.
> Tarifs : 12 € (plein), 9 € (UTL), 6 € (réduit), 4 € (PCE). Réservations : ticketfac.univ-tours.fr

[mise à jour : le spectacle de ce 8 mars est COMPLET]

Casting pour comédie musicale

Le projet Requiem for a darkness est lancé à Tours. Pour cette comédie musicale, son créateur vient de mettre en place un casting. A vos CV !

Requiem for a darkness : le nom vous dit quelque chose ? C’est le nouveau bébé du designer sonore et compositeur tourangeau Nicola Tenz. « Un concept inédit de comédie musicale animée alliant le dessin- animé et le show live ayant pour iconographie le cartoon. » Le tout, adapté du roman Dracula de Bram Stoker. Rien que ça.

n projet très ambitieux donc (il suffit de voir les idées de costume !), qui verrait ses acteurs évoluer sur scène, avec des décors fixes dessinés projetés en toile de fond, et d’autres séquences où les comédiens joueraient, chanteraient et danseraient en direct. Mais pour cela, Nicola Tenz – par ailleurs responsable du studio Mitaka – a besoin de monde. Il vient de lancer un casting.

Sont recherchés des artistes régionaux, des chanteurs et chanteuses qui viendront participer à cette comédie musicale. L’annonce précise bien que le chant et l’acting sont obligatoires. Les intéressé(e)s peuvent dès à présent envoyer leur CV et une démo audio à studiomitaka@hotmail.com

> Infos sur facebook.com/studiomitaka ou au 06 83 03 15 03.

Eric Derian et la future école de BD

L’auteur de bande dessinée tourangeau vient d’être nommé à la tête de l’Académie Brassart- Delcourt. Il nous parle de cette future école de BD parisienne.

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Vous dites que c’est « la première école de BD parisienne ». En fait, c’est quoi l’Académie Brassart-Delcourt ?

L’idée, c’est de proposer une formation en trois ans à l’opposé de ce qu’enseignent les écoles d’arts appliqués. Nous, nous enseignons la bande dessinée mais aussi les métiers du livre, l’encrage, l’élaboration de scénarios. C’est illusoire de promettre à nos futurs étudiants qu’ils deviendront tous auteurs de BD. Dans la réalité, peu d’entre nous vivent exclusivement de leurs albums. Nous sommes aussi là pour apprendre aux étudiants le graphisme, l’illustration…

Pourquoi Delcourt, une maison d’édition, décide d’ouvrir cette école de BD ?
Il faudrait leur demander. Je me suis posé la question. Pour moi, ce n’est pas une question d’argent, ni de découverte des jeunes auteurs. C’est une façon d’innover pour Delcourt, qui a l’ambition de devenir un jour le n°1 de la BD en France. Et puis, je crois qu’il souhaite que le niveau de ces nouveaux arrivants augmente. Beaucoup d’éditeurs me parlent de premiers projets d’album qui se passent mal, parce que les jeunes auteurs sont mal préparés. Dans beaucoup de formations, ils ne produisent que 12 pages de BD à la fin de leur cursus. Dans la réalité, pour manger, c’est à peu près ce qu’il faut faire en un mois. C’est primordial, pour moi, que nos futurs étudiants fassent de la BD tout au long de leur formation.

Vous pensez que l’enseignement de la bande dessinée est actuellement désuet ?
Oui, désuet, c’est le bon mot. Je travaille depuis des années dans l’Atelier Pop et je vois souvent passer des stagiaires qui sont en école. Leur formation n’a pas bougé depuis les années 1970. Elles essayent de former des auteurs complets qui scénarisent, dessinent, encrent, font la couleur et le lettrage… Mais dans la réalité, la plupart des BD sont issues de collaborations entre différents professionnels.

Vous avez essuyé des critiques sur ce projet ?
Le marché de la BD, devant son apparente bonne santé, laisse de plus en plus d’auteurs galérer. Les critiques ne comprennent pas pourquoi former de nouveaux précaires. Moi, je me situe de l’autre côté de cette critique : je pense qu’en formant bien les jeunes auteurs, ils s’en sortiront mieux et les éditeurs suivront. Il y a quand même du travail.

Propos recueillis par B.R.
√ INTÉRESSÉ ?
Vous avez envie de vous lancer dans des études pour, peut-être, devenir un jour auteur de BD ? L’Académie Brassart-Delcourt recrute en ce moment les futurs étudiants. Il faut au moins avoir 16 ans et avoir envie de se lancer dans un cursus de 3 ans. L’école demande un aperçu de ce que vous faites en dessin, un CV. La lettre de motivation n’est pas obligatoire mais vivement conseillée. Toutes les infos sont sur academie-bd.fr

BONUS
On a demandé à Eric Déran 4 albums qu’il fallait lire avant de se lancer dans des études de BD.

« Je commencerais par L’art Invisible de Scott McCLoud : c’est la bible du futur auteur. Ensuite, Lapinot et les carottes de Patagonie de Lewis Trondheim, qui représente pour moi, l’essence même de la bande dessinée. Avec des moyens graphiques très faibles, naïvement, il donne des leçons sur la BD moderne. Sinon Batman : Year one parce que Frank Miller et David Mazzucchelli montrent plusieurs écoles graphiques. Enfin, Les Bijoux de la Castafiore, c’est un classique mais cette aventure de Tintin est un bijou de non-action et d’érotisme étouffé. »

Job d'été : encore possible !

Avis aux retardataires, vous pouvez encore trouver un travail pour juillet-août ! Un forum est organisé jeudi 30 mai au Centre de vie du Sanitas.

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Un job dating
Vous n’avez pas encore de travail pour juillet-août ? Rassurez-vous, il n’est pas trop tard ! Le Bureau information jeunesse Indre-et-Loire (Bij 37) organise un forum « jobs d’été dernière minute », ce jeudi 30 mai après-midi, pour les retardataires. « Beaucoup de jeunes cherchent encore un travail en mai-juin, pour différentes raisons… Et les employeurs aussi recherchent des jeunes à la dernière minute, car ils ne connaissaient pas encore leurs besoins fin mars », rappelle Françoise Dessables, documentaliste- informatrice au Bij.
Une dizaine d’employeurs
Au total, quatorze employeurs seront présents pour proposer jobs d’été et petits contrats pour la rentrée. Pour les jobs d’été, différents secteurs sont représentés : hôtellerie-restauration, ventedistribution, services à la personne, agence d’intérim, animation vacances adaptées (à condition d’avoir 21 ans et un an de permis) et même Pôle emploi international, « car il est plus dur de partir travailler à l’étranger, maintenant », indique Françoise Dessables. Et pour la rentrée scolaire, « il y aura des offres des communes de Tours et La Riche, en animation ou encore surveillance de restaurants scolaires… »
Comment ça se passe ?
Première condition : il faut être majeur. Le forum s’adresse « aux jeunes surtout, âgés de 18 à 26 ans ». Il suffit de venir avec son CV déjà prêt et imprimé. Les jeunes iront voir les employeurs à leur stand. « Cela ne doit pas durer plus de dix minutes. Il n’y a pas de signature de contrat à la fin du forum », précise Françoise Dessables. Mais l’employeur vous verra en face et proposera ensuite un poste. Un exercice « plus pratique » qu’un simple CV qui atterrit bêtement sur un coin de table. Là, « c’est du visu. Le contact passe plus facilement avec l’employeur ». Les jeunes, à vous de convaincre !
Jeudi 30 mai, de 13 h 30 à 17 h 30, au Centre de vie du Sanitas, au 10, place Neuve.
 
Aurélien Germain