Réfugiés : l’intégration par le travail grâce à Kodiko

L’association Kodiko accompagne des réfugiés tourangeaux vers l’emploi. Son cheval de bataille : transmettre les codes professionnels et culturels.

Kodiko5
Lors d’un speed-meeting fin mars, les réfugiés de la première promotion s’entraînaient à présenter leur projet à des professionnels tourangeaux. (Photo Kodiko)

« Sonita Alizadeh me ressemble : comme elle, j’ai dû quitter mon pays… », raconte cette femme réfugiée s’efforçant de reconstruire sa vie en Touraine. Aujourd’hui, elle participe à une formation regroupant une quarantaine de réfugiés demandeurs d’emploi et de salariés tourangeaux.

La rencontre se déroule dans un joyeux brouhaha, au sein des locaux du Crepi à Saint-Avertin, à l’initiative de l’association Kodiko. Sa mission ? Accompagner les personnes réfugiées vers l’emploi, grâce au tutorat de salariés volontaires en entreprises. « Avec la crise des migrants en 2015, l’initiative répond à un besoin : ces personnes n’ont ni le réseau, ni la langue, ni les codes pour s’insérer », explique Cécile Pierrat Schiever, cofondatrice et présidente.

 Le coach David Pinto propose différentes activités pour favoriser les rencontres entre salariés et réfugiés. (Photo NP)
Le coach David Pinto propose différentes activités pour favoriser les rencontres entre salariés et réfugiés. (Photo NP)

Kodiko concentre ses efforts sur les réfugiés statutaires reconnus par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides : en danger dans leur pays d’origine, ils bénéficient d’une carte de résident valable dix ans. Née en 2016, l’association parisienne s’est implantée en Touraine « suite au constat posé par une conseillère de Pôle Emploi, Sophie Perard : dans notre offre de service, aucune prestation ne répondait aux besoins spécifiques des réfugiés, un nouveau public en recherche d’emploi », raconte Michel Gueguen, chargé d’affaires entreprises à Pôle emploi. L’antenne tourangelle est donc née afin de mener une expérimentation financée par Pôle emploi, pour accompagner une première promotion de réfugiés de septembre 2017 à mars 2018.

Danser pour faire connaissance

Ce mercredi printanier marque le lancement de la deuxième promotion. Salariés et réfugiés choisissent son nom à l’unanimité : Sonita Alizadeh. Réfugiée aux États-Unis, la jeune Afghane a fui son pays pour échapper à des mariages forcés et s’est fait connaître grâce au rap, un exutoire pour exprimer sa colère et dénoncer la condition des femmes. Des activités permettent aux salariés et aux réfugiés de faire connaissance, mais la barrière de la langue s’avère parfois gênante.

Difficile de parler ? Eh bien, dansez maintenant ! C’est l’étonnante proposition du coach David Pinto : les binômes salariés – réfugiés se forment, et sur un air de Yann Tiersen, l’un des deux ferme les yeux et se laisse entraîner dans la danse par son partenaire. Pour Maria Lépine, responsable emploi chez Manpower, c’est « un moment de détente ». Une autre manière, aussi, d’entrer en relation avec son partenaire soudanais, Al Fatih Mohamad Moussa, qui s’exprime peu en français. Ensuite, les danseurs se mettent en cercle pour partager leurs impressions.

Dans son pays, le Soudanais Al Fatih Mohamad Moussa était chauffeur de bus. En France, il espère trouver un emploi grâce à Kodiko.
Dans son pays, le Soudanais Al Fatih Mohamad Moussa était chauffeur de bus. En France, il espère trouver un emploi grâce à Kodiko.

Parmi les réfugiés, les langues ont du mal à se délier : « Il faut parler français, vous en êtes capables. Osez ! », invite Elvira Haxhiu, chargée de mission chez Kodiko. Les salariés français, eux, s’interrogent sur les différences culturelles : A quelle distance se tenir ? Peut-on se prendre par la taille ? Tels sont ces précieux « codes » (kodiko en grec) chers à l’association : transmettre des codes professionnels et culturels est l’un des axes clés de son projet. Comment s’habiller ? Comment se comporter en entretien ? « Ces codes socio-professionnels sont différents d’une culture à l’autre. Par exemple, la ponctualité est cruciale pour nous, mais pas en Afrique de l’Ouest », illustre la présidente.

Pour lever cette barrière, les réfugiés bénéficient d’un accompagnement de six mois. Au programme : des ateliers collectifs sur la posture et la communication (verbale et non verbale), la mobilité, l’écriture, les outils de recherche d’emploi, la définition du projet professionnel, l’expression orale… « Travailler sur la confiance est essentiel. Les réfugiés doivent faire le deuil d’une vie, d’une position et repartir à zéro. Nous sommes là pour les aider à reprendre confiance », souligne David Pinto. Mais ce n’est pas tout : l’originalité du programme repose sur le tutorat en entreprises : l’accompagnement individuel d’un réfugié par un salarié volontaire.

Ainsi, chacun peut avancer à son rythme. Certains ont besoin de faire mûrir leur projet, d’autres de rechercher un travail, comme Fadi Toshi, arrivé d’Irak il y a un an : « Je pensais trouver facilement un emploi dans la maintenance industrielle car j’ai de l’expérience dans plusieurs entreprises internationales. Mais ici, je ne connais personne et je ne sais pas comment ça marche. J’espère me faire un réseau grâce à Kodiko. » Tours est la première antenne locale de l’association parisienne, qui compte bien s’implanter dans d’autres grandes et moyennes villes françaises.

Reportage : Nathalie Picard

CONTACT :
SUR KODIKO.FR

Mais aussi par mail : elvira@kodiko.fr

Et par téléphone : 06 21 35 76 89

Association Active : Des dons pour des emplois

Depuis 1999, Active, association caritative d’insertion par le vêtement, aide les femmes en difficulté. Petite virée dans cette véritable ruche, remplie de travailleuses émérites

Gina, appliquée sur sa machine à coudre.
Gina, appliquée sur sa machine à coudre.

La pluie tombe à grosses gouttes ce mardi aprèsmidi. Le ciel est gris, le temps morose. Au 153 rue Saint-François, à La Riche, l’ambiance est toute autre. Dans cet immense bâtiment, on sourit, on s’active. Active, justement, c’est son nom : le lieu abrite l’association caritative tourangelle d’insertion par le vêtement. Émanation du Secours Catholique au départ, devenue autonome depuis, Active « est un chantier d’insertion », introduit Elise Yagoubi-Idrissi, la directrice. Ici, on favorise le retour à l’emploi de femmes en difficulté. La collecte de vêtements et de jouets, puis leur vente en boutique, permet de salarier une vingtaine de personnes.
Ce jour-là, la clientèle est variée. Un grand-père traîne des pieds et déambule entre les rayons. Une petite brune, étudiante, jette un oeil au rayon jouets, tandis que deux mamans se régalent face aux chemisiers. Un peu plus loin, des maillots de foot des équipes françaises et algériennes par dizaines. Les prix sont minis : un haut banal à 3 € ; une tunique Jacqueline Riu pour 5 €. « Cela permet de relativiser le rapport marque/prix, n’est-ce pas ? », sourit Mondane Blin de Laloubie, vice-présidente d’Active. Mais attention, pas question de coller « l’affreuse étiquette du magasin pour “ pauvres ” », prévient Élise Yagoubi-Idrissi. « Nous sommes ouverts à tout le monde. Étudiants, personnes dans le besoin ou qui veulent consommer autrement… il y a une très grande mixité sociale. »

Dans un entrepôt, les sacs remplis d’habits attendent de passer par l’espace tri.
Dans un entrepôt, les sacs remplis d’habits attendent de passer par l’espace tri.

Un peu plus loin, Hadiamany aide les clients devant les cabines. « Je suis arrivée il y a 4 mois et tout va bien. Je fais un peu de tout ici », explique la jeune femme. Tout comme ses collègues, elle est en CCDI, un contrat à durée déterminée d’insertion. C’est sa conseillère de Mission locale qui l’a dirigée vers Active. Pour d’autres, c’est Pôle emploi. Les contrats – de 20 à 26 h – sont renouvelables. L’accompagnement est obligatoire. « Les encadrantes sont là pour les aider. On redonne confiance à ces femmes », se félicite la présidente d’Active. Soussana, par exemple, est encadrante. On la retrouve à l’atelier textile, situé derrière les murs du grand magasin. Ici, pas de public ou de clients. Seules les salariées d’Active y ont accès.

Active fait partie du réseau Tissons la solidarité et compte 300 passages par jour au magasin.
Active fait partie du réseau Tissons la solidarité et compte 300 passages par jour au magasin.

Soussana conseille et dirige une petite troupe hyper concentrée. Gina, l’une des salariées, est en train de réaliser une nappe. Le travail est minutieux. Un compliment et ses yeux rieurs s’agrandissent derrière ses lunettes : « Oh, pourtant c’est facile ! », rigole-t-elle. Cela fait une semaine qu’elle est arrivée à Active et comme toutes ses collègues, « c’est un plaisir ». La couture, c’est son truc. Tout comme Faiza qui fabrique « une création avec de la fourrure ». Le vêtement « customisé » finira au rayon “ créa ” du magasin. « Ce sera beaucoup plus cher que les autres habits », plaisante Mondane. Soit… 6 € !

CAVERNE D’ALI BABA

Chic dans son petit tailleur, porte-épingles au poignet, Faiza est fière de son travail. Comme toutes les femmes travaillant ici. Une source de motivation incontestable avant de se lancer sur le marché du travail extérieur. Cela se voit aussi sur le visage d’Armine, de l’atelier jouets. « Bienvenue ! », lance-t-elle toute sourire, avec un petit accent. Elle a le français hésitant, mais pas approximatif. Un peu timide, mais rayonnante, elle raconte : « Là, nous trions et nettoyons les articles. Après, nous les présentons en vitrine ou en rayons jouets du magasin. » Annie, l’encadrante, a l’air ravie d’Armine, arrivée il y a déjà 6 mois. « Elles peuvent constamment proposer des idées. J’adore les initiatives. C’est le travail d’équipe qui est intéressant », souligne Annie.
Récemment, ateliers jouet et couture ont collaboré : la mousse de certaines peluches a ainsi été récupérée pour rembourrer l’oreiller d’un petit lit en jouet.

Jouets ou jeux de société : Armine leur offre une seconde vie.
Jouets ou jeux de société : Armine leur offre une seconde vie.

À l’extérieur de cette « caverne d’Ali Baba », il y a cette montagne de sacs. Des tas d’habits y sont entassés. « Il y en a une tonne par jour ! », informe Mondane. « Alors on doit tout trier. C’est un vrai métier. Il faut savoir ce qui est tendance, connaître les marques, etc. Puis certains habits seront récupérés pour l’atelier couture, d’autres seront recyclés. On ne jette rien à Active. »

Cependant, les dons continuent d’être indispensables à leur survie. Jouets, vaisselle, textile, tout est bon à prendre, sauf l’électroménager et les gros meubles. « En revanche, nous manquons d’habits pour hommes et enfants. » Ici, la devanture de la boutique indique « Vos dons créent de l’emploi ». « C’est valorisant pour tout le monde. C’est un beau projet », souffle Mondane. En sortant d’Active, le ciel s’est enfin éclairci. Il ne pleut plus. Le beau temps est revenu.

> Suivre l’association sur son site ou sur Facebook. Téléphone : 02 47 37 13 33.

> Active à La Riche, 153 rue Saint-François / Active à Tours : 155 rue Edouard-Vaillant. 

Faiza, future créatrice de mode ?
Faiza, future créatrice de mode ?

Textes et photos : Aurélien Germain

Portraits : Visages de réfugiés

Sans papiers, migrants, étrangers… Au-delà des mots, il y a des histoires de vies compliquées, pleines de souffrance, d’espoir et de beaucoup de courage.

doss1

Alakeel : fuite vers l’avant
Costume et belle chemise blanche, Alakeel se présente avec une poignée de main ferme, le regard assuré. Il aime parler et s’exprime dans un anglais impeccable « parce qu’en français, les mots ne seraient pas aussi précis ». Alakeel vient de Syrie. Il enregistre la conversation afin que ses propos ne soient modifiés et lance laconiquement : « Je n’aime pas les médias. » Réfugié politique, il vient de recevoir son autorisation en France il y a quelques jours. Il est arrivé à Tours en mai 2014, son frère était déjà là. L’histoire d’Alakeel, c’est avant tout celle d’une famille éclatée aux quatre coins du monde, en Allemagne, en Egypte, aux États-Unis, en France. « Mon père a écrit plusieurs livres, plusieurs membres de ma famille sont artistes. Ma famille avait une certaine place dans la société syrienne. Pour cette raison, on nous a accusés d’être proches du pouvoir mais aussi des rebelles. » Paradoxe. Lui a étudié pendant plusieurs années à l’université. Il en est ressorti infirmier : « J’aime être proche des gens, leur apporter une parole, laisser une trace. » Après plusieurs années à travailler dans un hôpital, l’armée le réquisitionne dans une équipe de soin dédiée. « Pendant neuf mois, je ne pouvais plus sortir du bâtiment, je dormais sur place et je travaillais la journée. »
Un jour, on l’affecte aux ambulances. Il sait qu’il a une chance de fuir et la saisit lors d’une intervention à l’extérieur de la ville. Commence alors un périple au Moyen-Orient qui le mène, au bout de plusieurs mois, à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Son frère, installé à Tours depuis peu, lui conseille de venir. « Vu la situation en Syrie, tout le monde souhaiterait partir du pays. » Une fois sur place, impossible pour lui de rester avec son frère et sa femme, trop à l’étroit dans le petit appartement. Alors il se résout à vivre dans un foyer jusqu’à ce qu’il se rende compte que celui avec qui il partageait la chambre était schizophrène. « Je connaissais très bien cette pathologie pour l’avoir étudiée à l’hôpital où je travaillais. J’ai alerté les responsables pour qu’il soit soigné, mais ils n’ont rien fait. » Il part, fait connaissance avec des étudiants syriens, dort dans un appartement un soir ou passe la nuit sur un banc du jardin botanique. Il ne se plaint pas, serre les dents et vous regarde droit dans les yeux.
Ce qui le fait avancer, c’est l’ambition. « Maintenant, je dois avoir un niveau de français élevé, passer mes équivalences d’infirmier et je pourrai travailler, retrouver une vie confortable. »

Gazik, Karen, Alina et Ishkhan : famille soudée
Il pleut des cordes, Alina attend sur le perron de la petite maison quartier Blanqui. Voix douce, gestes mesurés, elle invite à s’asseoir sur le canapé du salon. La pièce est décorée avec soin, seuls quelques meubles sont disposés dans l’immense pièce. C’est au tour d’Ishkhan de rentrer.
Son mari lance un bonjour cordial et s’assoit sur l’unique fauteuil. Alina revient alors chargée de choux à la crème, de thé brûlant. Derrière elle, ses deux fils, lycéens, Gazik et Karen. Première question sur leur pays d’origine, l’Arménie, première réponse d’Amina : « Mangez d’abord, on parlera ensuite. » Pudeur ? L’explication arrive un peu plus tard dans l’entretien : « Les premières fois où nous avons mangé avec une autre famille française, nous avons tous été surpris : tout le monde parlait en mangeant. En Arménie, il y a un temps pour le repas et un autre pour les discussions. » C’est Ishkhan qui est arrivé le premier en France. Il ne veut pas raconter la raison qui l’a poussé à quitter son pays. Trop de souffrance. Arrivé en 2009, il est placé au Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) de Joué-lès-Tours. Il ne peut pas travailler, alors pour s’occuper l’esprit et les mains, il fabrique des monuments en allumettes. Il se lève, fouille dans une petite commode et en sort fièrement un article de journal où il pose fièrement avec une impressionnante reproduction de la Tour Eiffel. Alina, Gazik et Karen le rejoignent quelques mois plus tard.
Les deux adolescents ne parlent pas un mot de français. « On est arrivé au milieu du collège, se rappelle Karen, le plus jeune frère. On parlait bien le russe, ce qui nous permettait de discuter avec d’autres élèves venant de pays de l’ex-URSS. Mais très vite, on a exigé de parler français avec nos copains, pour pouvoir s’améliorer en classe. » La barrière de la langue est un lointain souvenir maintenant pour les deux adolescents qui jonglent entre l’arménien à la maison et le français sans vraiment s’en rendre compte. « Entre frères on parle surtout arménien, sauf quand il s’agit de discuter de foot, là le français devient naturel. » Pour Karen et Gazik, les deux cultures n’ont pas vraiment de frontière, ils vont et viennent entre les deux. L’école leur a permis de vite se sentir chez eux. Leurs parents, eux, se sont tournés d’abord vers leur foi : « Nous faisons partie de l’Église apostolique, majoritaire en Arménie ; suivre une messe catholique nous plaît, sourit Amina. Très vite, nous sommes allés à la cathédrale de Tours. Nous connaissions les gestes qu’il fallait faire, mais nous n’avons rien compris. » Elle rigole avec Ishkhan qui poursuit en arménien, Gazik fait la traduction : « Petit à petit, nous sommes venus aux cours de français organisés par le presbytère. Nous avons rencontré le père Jacques Legoux et nous avons sympathisé avec des familles françaises. C’est le diocèse qui nous prête ce logement. Il nous a aidés à en arriver là. » Aujourd’hui, Ishkhan avoue parler de sa situation plus facilement, il vient de recevoir sa carte de séjour européenne. Il peut désormais travailler en France. « Oui, l’Arménie nous manque, explique Alina. Mais nous souhaitons rester en France pour nos fils. Leur vie est désormais ici. »

Image6

Tenzin* : freedom
Il regarde timidement Nikole, sa professeure de français à la Croix- Rouge. Tenzin est Tibétain. Pour être rassuré pendant l’interview, il a demandé à être accompagné par une de celles qui l’ont aidé en France. Il est arrivé l’année dernière, laissant derrière lui sa femme et ses deux enfants. Dans son village au Tibet, Tenzin était peintre pour des objets de l’artisanat local. Mais le besoin de nourrir sa famille l’a aussi mené avec sa compagne à travailler dans les champs de maïs, ramasser des pommes de terre ou arracher des haricots verts. À mesure que son appréhension diminue, son français devient de plus en plus limpide. Quand il ne sait pas dire un mot, il le trouve en anglais. « Au Tibet, les militaires chinois nous empêchent d’être libres, raconte Tenzin. Impossible pour nous d’avoir une photo du Dalaï Lama chez soi ou sur son portable sinon, direction la prison pour cinq ou six ans. On peut vous arrêter dans la rue sans raison et vous fouiller.
Régulièrement, l’armée faisait des recherches surprises dans les maisons du village. Un jour, un ami très proche s’est fait arrêter, j’ai eu peur d’aller en prison à mon tour. » Il explique avec fébrilité son long périple vers le Népal, le repos de jour et la marche la nuit. Une fois en France, il rencontre un homme par hasard à la gare Austerlitz qui lui conseille d’aller à Tours. Il prend un train. « Pourquoi la France ? Parce que c’est le pays de la liberté. Au Tibet, cela a beau être notre maison, notre terre, nous ne sommes pas libres. » Aujourd’hui, il vient de recevoir son statut de réfugié politique. Il peut travailler mais doit d’abord s’améliorer en français. Alors il étudie sans relâche. Nikole : « Il apprend vite. Il est animé par le désir de pouvoir gagner assez et faire venir sa femme et ses enfants réfugiés en Inde. » Avant de partir, Tenzin joint les deux mains. « Surtout, n’oubliez pas de remercier la France et la Croix- Rouge dans votre article pour tout l’aide qu’ils m’ont apportée. »

* Le prénom a été changé