Ces métiers que l’on pense « genrés » : tout est (pourtant) possible !

Pas plus qu’il n’y a des jeux pour les filles et d’autres pour les garçons, il n’existe pas de métiers interdits aux unes ou aux autres. Ce qui compte, c’est la passion et, même si parfois le chemin est rude, tout est possible !

Des femmes cheffes cuisiniers étoilées, d’autres qui commentent les matchs de foot ou de rugby masculins à la télé, ou encore des hauts gradées dans les métiers de la sécurité… Cela aurait été impensable il y a encore quelques années. Signe que les mentalités ont évolué. Mais attention, ne nous emballons pas, ces exemples médiatiques demeurent des exceptions dans certains domaines. Les évolutions sont lentes…

Car dans les faits, « on observe une ségrégation genrée très forte, avec des métiers surreprésentés chez les femmes et chez les hommes à la fois au niveau numéraire et symbolique », analyse la sociologue Marie Buscatto. « Si la mixité progresse dans certaines professions qualifiées, la polarisation des métiers entre les hommes et les femmes s’accentue du côté des emplois moins qualifiés. »

Socialisation marquée dès l’enfance

Dans son livre « Sociologie du genre », elle relève que quasiment la moitié des emplois occupés par les femmes sont concentrés dans une dizaine des 86 familles professionnelles : aides à domicile et aides ménagères, assistantes maternelles, agentes d’entretien, aides-soignantes, infirmières et sages-femmes, secrétaires, vendeuses, employées administratives de la fonction publique, enseignantes, employées de la comptabilité, employées administratives d’entreprise, employées de maison.

Dans ces métiers, plus de 77 % des employés en moyenne sont des femmes. En cause, une socialisation marquée qui s’applique dès l’enfance, dans les goûts, les pratiques sportives et culturelles, et dans le choix de l’orientation. Dans leur vie professionnelle, « les jeunes filles sont confrontées à la dévalorisation de leur métier quand elles vont vers des métiers masculins alors que les hommes sont confrontés à une dévalorisation de leur personne quand ils exercent un métier féminin », décrypte la sociologue.

Yann Maurel-Loré, esthéticien

Sont-ils des vrais garçons ? C’est la question qu’est habitué à entendre Yann Maurel-Loré, esthéticien et créateur de la marque bio Estime et Sens. Marié, père de trois enfants, on lui demande souvent s’il n’est pas homosexuel. Âgé aujourd’hui de 52 ans, il était le premier homme diplômé d’un BTS d’esthétique en France.

« Il y a 30 ans, l’esthétique pour un homme, c’était seulement être maquilleur ou vendeur de parfum. Aujourd’hui, les esthéticiens sont plus nombreux avec la clientèle homme qui augmente. J’en connais aussi trois qui exercent en cabine pour faire de l’épilation pour femmes. » Une petite révolution dans le milieu.

Pour y parvenir, « à partir du moment où la famille vous suit, je ne vois aucun obstacle. Il faut être motivé, passionné et également respectueux, car certains hommes arrivent dans le métier en terrain conquis, comme si c’était gagné. Non, il faut faire ses preuves. »

Grégoire, « sage-femme »

Montrer ses compétences avec humilité, c’est également ce qu’apprend à faire Grégoire, nouveau « sage-femme » à l’hôpital. Diplômé l’année dernière, il fait partie des 2 % d’hommes dans ce métier. « Ma famille exerçait dans le soin donc je ne me suis pas rendu compte que c’était un métier féminin. C’est quand je me suis retrouvé le seul mec à l’école que j’ai compris ! Je n’ai eu aucun problème au niveau de l’apprentissage à l’école même si j’étais vite repéré. Au CHU, les patientes et leurs maris ont peu l’habitude d’avoir un homme sage-femme mais la plupart des réticences se résolvent par le dialogue. Je n’ai eu qu’un seul refus de patiente pour le moment. »

Pourquoi donc si peu d’hommes dans ce métier alors que la profession de gynécologue est largement exercée par des hommes ? « Je pense qu’un homme gynécologue est socialement plus accepté qu’un sage-femme, explique Grégoire. Si les conditions salariales étaient plus intéressantes dans mon métier je pense que ce serait plus attractif pour les hommes. »

En effet, la question de la rémunération et du prestige social semble essentielle pour les jeunes hommes. Les chiffres prouvent que les métiers féminins attirent peu les hommes. Mais une fois qu’ils choisissent cette voie, aucune difficulté ne semble s’opposer à eux.

Elsa Berthelot, tailleuse de pierre

À l’inverse, du côté des métiers masculins, la tendance est à une ouverture plus large aux femmes. Tels les métiers du bâtiment où Elsa Berthelot, tailleuse de pierre, a fait sa place à seulement 26 ans en tant que chef d’équipe dans une entreprise artisanale. « Je suis femme et plus jeune que mes collègues mais cela se passe bien. Il y a des besoins dans ces métiers qui recrutent alors si on est motivée, il n’y a pas de raison que cela ne marche pas. »

Dans les métiers de la sécurité, les femmes sont également de plus en plus embauchées. Des métiers qui jouissent d’une bonne image, socialement utiles, et valorisés dans les séries télé, ça crée forcément des vocations. Pour autant, les femmes doivent toujours se battre pour percer dans ces postes.

Émilie Juquois est sapeur-pompier professionnelle, elle était la première femme pompier professionnelle de terrain dans son département au début des années 2000 (lire aussi ICI). Un poste nommé « homme du rang »… Elles sont aujourd’hui 20 sur 400 pompiers à exercer tous postes confondus. 20 en 20 ans, cela évolue, mais très lentement…

D’après l’expérience d’Émilie, « il faut avoir de la volonté et être à fond. Physiquement, car il faut parfois tirer des cordes, des tractions, porter des matériels lourds, monter dix étages en urgence. Mais c’est possible, on s’entraîne pour et le matériel évolue aussi. Quant au regard des collègues masculins, ils s’enthousiasment vite sur nos efforts et trouvent qu’on assure pour un rien, mais, globalement, que ça évolue positivement. Pour y arriver, il faut se démarquer, être bonne en sport, passionnée. » À 42 ans et 20 ans de carrière chez les sapeurs-pompiers, Emilie ne regrette pas un instant sa vocation.

Textes : Aurélie Dunouau et Maud Martinez – Photos : Freepik

Formation : l’apprentissage ? Une nouvelle vie !

Louison a 26 ans et vient de trouver sa voie : il aura la double casquette de web designer et développeur web. En alternance dans une entreprise, il nous embarque dans son monde, vers lequel il a pris le temps de cheminer.

Longtemps, Louison s’est imaginé travailler dans le monde de la musique. Lorsqu’il était au lycée en bac STG option marketing, à Tours, il rêvait de transformer sa passion pour la musique en métier.

À cette époque, il animait une émission sur Radio Béton ; il avait également monté une association avec laquelle il s’occupait d’organisation de concerts plutôt électro et hip-hop et de produire des artistes du cru. Alors naturellement, une fois le bac en poche, le voilà lâchant ses études pour convoiter une vie parisienne dans l’évènementiel culturel.

Très vite, il déchante, ne trouve pas sa place et rentre dans sa ville natale. Pendant cinq ans, il chemine dans la restauration, de jobs de livreur de pizzas et de sushis à commis de cuisine avant de finir serveur saisonnier dans des restaurants.

Indépendance, créativité et stabilité de vie

Verdict : son côté entrepreneur se confirme. « J’ai toujours aimé entreprendre des choses, que ce soit dans le milieu associatif ou professionnel. Mais la restauration est un milieu dur et instable, c’était plus du dépannage. À côté de la musique, j’étais aussi passionné de design et d’informatique. C’était quelque chose qui trottait dans ma tête. »

Louison se rend compte que les métiers tournant autour du web cochent alors toutes les cases désirées dans sa vie professionnelle : indépendance, créativité et stabilité de vie au niveau des revenus. Bref, c’est décidé, ce sera son métier, et la musique son loisir. « J’ai créé mon auto-entreprise il y a un an, avec quelques missions personnelles mais j’ai surtout envie de bien me former avant de me lancer dans le free lance. J’ai encore du chemin à faire. »

Trois semaines en entreprise et deux à l’école

C’est pourquoi Louison a suivi dix mois de formation l’année dernière en web designer au Cefim, une école spécialisée dans le web et les réseaux, un Centre de Formation Professionnel ouvert à tous les niveaux scolaires et tous les âges, pratique pour entamer une reconversion. Une formation intensive équivalente à un bac + 2 qu’il a souhaité compléter cette année par une formation de développeur web dans cette même école avec, à la clé, un contrat d’apprentissage.

« Le développement web, c’est travailler sur des sites plus costauds, appréhender aussi l’aspect back du site, ce qui ne se voit pas, toute la gestion du site », explique le jeune homme. Louison sait où il va : avant de se lancer en solo, il compte faire ses armes plusieurs années dans des structures expérimentées.

Ainsi, il travaille depuis le mois de septembre dans une agence de communication-édition-publicité qui accompagne les entreprises et les collectivités dans leur communication. Et la greffe a pris : « J’aime ce qui se voit et ici je fais principalement du web design et ce qu’on appelle du front. Je fais de l’intégration web, je construis des maquettes de sites internet et on travaille en amont en équipe pour définir le contenu, l’ergonomie… C’est une chance d’avoir cette alternance. »

En plus, cerise sur le gâteau, Louison vient de participer, avec son entreprise, au lancement d’un journal jeunesse et donc du site internet qui va avec. Le webdesigner de l’agence, Fred, son tuteur, l’encadre, tout au long de sa formation. Son contrat d’apprentissage durera un an : trois semaines en entreprise, deux semaines à l’école. Durant cette période, Louison recevra un salaire d’apprenti c’est-à-dire au niveau du SMIC.

« C’est un univers pas du tout scolaire »

À l’école, il apprécie le côté petite classe avec 25 étudiants cette année, et « des formateurs professionnels très compétents et cool. C’est un univers pas du tout scolaire. Par contre, il faut bosser ». Pourquoi Louison a-t-il choisi de se tourner vers le développement alors qu’il est déjà web designer ? C’est que ce sont des domaines en pleine évolution, qui requièrent de multiples compétences, complémentaires et aussi que les débouchés seront meilleurs.

Etre développeur web consiste principalement à créer des interfaces web adaptées pour son client ; webdesigner, plus centré sur l’aspect graphique, consiste à imaginer et intégrer des maquettes au site web. Louison confirme : « J’avais envie d’aller plus loin après ma formation de web designer. Apprendre la multitude de langages informatiques qui existent. Et puis un développeur web est ultra recherché aujourd’hui, plus qu’un webdesigner en tout cas. »

La crise sanitaire et le télétravail qui se développent ne peuvent que lui donner raison. Les débouchés sont certains, si l’on est créatif et entreprenant. Dans le centre de formation de Louison, 81 % des étudiants en développement web ont trouvé un emploi dans les six mois après leur formation et 100 % sont en CDI ; en web design, le taux d’emploi à la sortie s’élève tout de même à 78 %.

Après s’être cherché, avoir tenté différents chemins, appris à mieux se connaître aussi, Louison a donc choisi une voie sûre. À côté de son nouveau métier, il n’oublie pas pour autant son autre passion, la musique. Ayant retrouvé le goût d’entreprendre, « le temps et l’envie », Louison a remonté une association et projette de développer… des playlists digitales partagées !

Texte : Aurélie Dunouau
Photo : tmv

Année de césure : quand le break est un plus

Si elle est fréquente dans les pays anglo-saxons, l’année de césure ou de break laisse encore perplexe certaines personnes en France. Pourtant, c’est l’occasion de vivre des expériences uniques et d’acquérir des compétences.

(Photo illustration Adobe Stock)

À la manière des couvertures du célèbre « Guide du Routard », Alexis a attrapé son sac-à-dos il y a quatre ans, pour partir au bout du monde. « Je rêvais depuis longtemps de faire un grand voyage, et je me suis dit que c’était le bon moment : j’étais bien lancé dans mes études de médecine, mais il y a un gros concours à passer en 6e année. En partant entre la 4e et la 5e année de cursus, je m’assurais d’avoir encore deux ans pour préparer cette échéance à mon retour. »

Alexis relève alors le défi de partir de France pour rejoindre la Nouvelle- Zélande, en auto-stop (avec quelques trains, bus et avions tout de même sur sa route). Turquie, Iran, Émirats arabes unis, Inde, Birmanie, Thaïlande, Malaisie… Durant un an, le jeune homme a parcouru des milliers de kilomètres pour atteindre son objectif.

Et la médecine dans tout cela ? « Je n’avais pas fait ce voyage par besoin de m’échapper, j’étais donc content de revenir. J’ai eu un peu de mal à réactiver mes connaissances, je redouble d’ailleurs ma 6e année, mais je suis très content d’avoir réalisé ce projet. J’ai fait des rencontres incroyables, cela m’a appris la bienveillance, et je fais plus facilement confiance aux autres. » À 25 ans, le voici donc aujourd’hui en route vers son concours et la carrière médicale, sans regret sur cette année de globe-trotteur.

Travail et voyage font bon ménage

Ophélie, elle, a préféré voyager tout en gardant contact avec ses études. Aujourd’hui professeure d’espagnol au lycée, elle avait déjà passé une année de licence en Erasmus en Espagne.

Pas rassasiée, elle projette alors un voyage en Amérique latine : « Je ne voulais pas être en mode études, et je devais financer ce projet. J’ai donc cherché un travail là-bas, en contactant les Alliances Françaises de plusieurs pays, pour y enseigner le français ».

À force de CV et lettres de motivation, Ophélie finit par décrocher un poste de formatrice à Buenos Aires, en Argentine, où elle passe donc trois mois. En travaillant sur place et avec la colocation, elle partage le quotidien de millions d’Argentins.

Dans la foulée, elle parcourt durant quatre mois le Pérou, le Chili et la Bolivie, sans autre contrainte que celle de jouer la touriste… et de perfectionner son espagnol et sa connaissance des cultures latinoaméricaines, qu’elle fait aujourd’hui découvrir à ses élèves. « Partir juste avant le Master MEEF (Métiers de l’Enseignement de l’Education et de la Formation) m’a permis de donner un peu de consistance aux études que j’avais faites, et de confirmer que j’étais sur la bonne voie professionnelle ».

Transformer le break en atout

Céline Boulage, conseillère en compétences et recruteuse au sein de l’agence C Bo Talents, ne voit jamais d’un mauvais œil un CV où une année de césure vient interrompre un parcours. Bien sûr, certaines expériences peuvent directement booster un CV : « Si on demande une personne qui parle anglais, un séjour en Australie est forcément valorisant ! ».

Mais ce n’est pas tout : « Aujourd’hui la plupart des recruteurs misent sur des savoirs-êtres. Or on sait que quelqu’un qui a voyagé aura de l’autonomie, de la prise d’initiative, de la polyvalence, une capacité à s’adapter, contrairement à un candidat qui aura passé toute sa vie dans la même ville par exemple. »

Comment savoir si notre année « hors-études » peut jouer en notre faveur ? Il faut déjà s’assurer que l’on correspond bien au profil recherché. Si c’est le cas, à nous de mettre en valeur notre expérience hors-norme : « Tout est affaire de communication et de présentation. Nous avons tous des talents, et ce que vous avez fait a de la valeur, alors n’ayez pas peur ! Cette année de coupure vous a apporté du positif, ne craignez pas de le valoriser. »

Si l’après-césure est donc à aborder avec sérénité, reste à bien préparer en amont cette coupure : budget, passeport, réglementation du secteur professionnel ou du pays où j’envisage de travailler, et calendrier… À vous de jouer !

Environnement : une licence pro pour l’avenir

#EPJTMV En France, La seule licence professionnelle de médiation scientifique et d’éducation à l’environnement se trouve à l’IUT Jean Luthier de Tours-Nord. Portraits de trois étudiants pour qui la cause environnementale est aussi un métier.

Vingt-quatre étudiants ont été sélectionnés dans toute la France pour apprendre à sensibiliser le public aux causes scientifiques et environnementales. Une licence professionnalisante qui vise à  les former  à développer et concevoir des projets pédagogiques, s’adressant à tous les publics. Si les actions se dirigent majoritairement à destination des écoles, elles ne le sont pas seulement. Pour Sylvie Fortin, responsable de la formation : « Avant les adultes voulaient savoir, désormais ils veulent savoir pour agir ».

Trois étudiants partagent leurs aspirations, leurs parcours et engagements.

Alice Porcher et Théo Hesnard, étudiants à l’Ecole Publique de Journalisme de Tours (EPJT).

Joué-lès-Tours : une prépa pour apprentis

Sibeth Ndiaye a inauguré jeudi une Prépa au campus des métiers de Joué-lès-Tours, destinée à ramener des décrocheurs scolaires vers la voie de l’apprentissage.

Sibeth Ndiaye au CFA de Joué-lès-Tours. (Photo NR Julien Pruvost)

Les faits

Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement était ce jeudi à Joué-Lès-Tours, pour inaugurer la Prépa de l’apprentissage au Campus des métiers. Il s’agit d’une filière d’excellence destinée à ceux que l’on appelle les “ni-ni” (les jeunes qui ne sont ni en formation ni dans un emploi).
Un dispositif qui leur permet de se remettre le pied à l’étrier et d’intégrer ensuite une formation en apprentissage qui leur convient vraiment.

Ils ont, par exemple, la possibilité de suivre temporairement, une des 25 formations proposées au Campus des métiers pour valider (ou pas) leur choix et éviter les erreurs d’orientation. Cette formation dure entre une et dix semaines et s’adapte à chaque situation.

Le contexte

Ce projet est une réponse à un appel lancé par le gouvernement pour offrir des solutions à des jeunes sortis du système éducatif. 19 projets ont été retenus, parmi les 150 CFA  au niveau national. En tout, ils offriront 28 000 places à des jeunes décrocheurs.

Les enjeux

Selon une étude publiée par l’Observatoire des inégalités, qui recoupe toutes les autres études, les jeunes sans qualification sont les plus exposés au chômage. Le taux de chômage était de 39,2 % pour cette catégorie en 2017, contre 9,4 % pour l’ensemble de la population.

Les modules proposés travaillent sur la connaissance de l’entreprise et de son environnement, la détection des potentiels du candidat, la consolidation des savoirs de base et les techniques de recherche d’emploi. Certains jeunes engagés dans la Prépa pourront participer à un stage « d’immersion intensif » pris en charge par la championne de Natation Synchronisée, Muriel Hermine et son équipe de coach.

Le point de vue

A nos confrères de France Bleu Touraine, Sibeth Ndiaye a estimé que cette Prépa de l’apprentissage “permet de se reconnecter avec un milieu scolaire de manière adaptée. Cela permet aussi l’apprentissage du français, par exemple. ”
Elle a ajouté : “Cette prépa va permettre de se forger des savoir-être, des savoirs-faire qui permettront de faire réussir ces jeunes une fois qu’ils commenceront l’apprentissage.”

 

En route pour le petit-déj’ gratuit à l’école

Le premier petit-déjeuner gratuit a été servi aux maternelles de l’école Marie-Curie, au Sanitas. Un dispositif pédagogique qui devrait être déployé ailleurs.

(Photo illustration Adobe Stock)

Les faits

En fin de semaine dernière, les grandes sections de la maternelle Marie-Curie ont pu dévorer un petit-déjeuner… gratuit à l’école ! Au menu ? Chocolat chaud, prunes, baguette viennoise. De quoi tenir jusqu’à midi. Ce sera désormais le cas une fois par semaine pour ces petit(e)s élèves de l’établissement situé au Sanitas.

Le contexte

Marie-Curie est pour le moment la seule école concernée en Indre-et-Loire. Mais d’autres devraient suivre les prochains mois. En effet, ce dispositif « Petit-déjeuner gratuit » devrait être déployé dans les écoles dites Rep et Rep+, volontaires dans le cadre du Plan pauvreté annoncé par le gouvernement.
À l’échelle locale, l’initiative a été lancée par la direction académique et la Ville de Tours.

Les enjeux

Familles qui manquent de temps, moyens financiers plus faibles, pas l’habitude… Les raisons sont nombreuses et le petit-déjeuner passe, de fait, souvent à la trappe.
Ce dispositif doit amener les enfants à commencer la journée avec un repas complet. Une enveloppe de 262 000 € a été allouée. Le but est également de proposer un petit- déjeuner équilibré. Le tout, accompagné d’un projet éducatif, comme l’éducation au goût par exemple.

Le point de vue

On estime que 15 % des enfants arrivent en cours le ventre vide dans les quartiers défavorisés. L’initiative du petit-déjeuner gratuit a donc tout d’une bonne idée, afin d’aider enfants et parents. C’est aussi l’occasion d’attaquer la journée sans manque et sans l’estomac dans les talons.
Vers la Toussaint, un bilan devrait être dressé. Suivant les conclusions, l’école Marie-Curie pourrait alors augmenter le nombre de ces petits-déjeuners hebdomadaires servis par la cuisine centrale de Tours.
D’autres écoles et d’autres villes pourraient également s’y essayer (Joué-lès- Tours, Saint-Pierre-des-Corps, etc.) et développer ce concept dans leurs zones prioritaires.

A.G.

Bac : moins d’épreuves, mais pas moins de stress

Nouveau bac, nouvelle configuration. Mais pas de quoi enlever la dose de stress qui va avec…

Le bac 2021 auquel seront confrontés les élèves entrant cette année en première aura une configuration inédite. Quatre épreuves, comptant pour 60 % de la note finale, seront organisées en juin : la philosophie et deux spécialités à l’écrit et un grand oral de 20 minutes adossé aux spécialités.

« On voit rapidement où est le bénéfice, indique un enseignant tourangeau. Quatre épreuves au lieu de dix aujourd’hui, la différence en terme de coût financier a certainement été quantifiée. Mais ce n’est plus le même bac qu’aujourd’hui… »
Les 40 % complémentaires de la note seront obtenus par le contrôle continu et les notes du livret scolaire… « Là encore, insistent les enseignants, il est une nouvelle fois question d’économie. Les établissements savent organiser des bacs blancs plusieurs fois dans l’année. Les professeurs sont mobilisés. On s’arrange, pas de soucis. Le contrôle continu, on sait faire pour pas cher. »

Une autre enseignante de Tours s’interroge toutefois : « Je ne suis pas certaine que les contrôles continus auront la même valeur selon les établissements. Ma crainte est que, à l’avenir, des bacs obtenus dans certains lycées soient survalorisés par rapport à d’autres. Un contrôle continu reflète toujours le niveau d’une classe. »

L’ombre de Parcoursup

Et si, se demandent certains, derrière la grande réforme des lycées et du bac, on retrouvait la plateforme Parcoursup destinée à répondre aux vœux des élèves pour leur « placement » dans le supérieur ?
« Il est clair et pertinent d’envisager qu’en fonction des spécialités choisies en seconde et première, Parcoursup soit en mesure de faire des projections sur les besoins à venir, constate un enseignant tourangeau. Et là, on inverserait totalement l’utilité de Parcoursup. Les lycées deviendraient des flux d’élèves et Parcoursup indiquerait vers quelle spécialité il faut envoyer nos jeunes. »

Au-delà d’une analyse « orwellienne » de la réforme des lycées, le Snesup.FSU, syndicat enseignant et la FCPE, association de parents d’élèves, ont, à plusieurs reprises, interpellé le ministre pour lui faire part de leur inquiétude face à l’accroissement du stress des élèves et des familles à partir de la seconde.

« Il ne faudrait pas que les années lycées deviennent les années galères d’un choix d’avenir raté ou réussi pour un choix de spécialités quand on a 15 ans », indique un parent d’élève. Les enseignants, inquiets du stress grandissant de leurs jeunes élèves, tirent eux-aussi la sonnette d’alarme.

Texte : Thierry Mathiot

Réforme du bac : le grand chamboule-tout

Branle-bas de combat dans les lycées tourangeaux où, le 2 septembre, la réforme aboutissant en 2021 à l’instauration d’un nouveau bac, enclenche la première ! Finies les séries S, ES, L… sauf pour les élèves de terminale, cette année. Place aux spécialités. Ça grince chez les profs et ça cogite dur dans les familles. Explications.

« C’est comme si on avait pris toutes les matières des séries S, ES, L, qu’on en avait modulé les horaires, puis ajouté deux ou trois autres disciplines, comme le numérique. Tout cela mis dans un grand sac, on aurait ensuite proposé aux élèves de se construire un parcours scolaire à la carte, en fonction de quelques critères, façon règle du jeu. À l’arrivée, un même bac pour tous. Bonjour le progrès ! Bonjour la pédagogie ! »

La réaction de ce professeur d’un lycée tourangeau d’enseignement général, pour aussi radicale qu’elle puisse paraître, témoigne d’un profond désarroi et de grandes craintes dans le corps enseignant à quelques jours de la rentrée des classes.
Alors, complètement révolutionnaire et casse-tête cette réforme qui verra, cette année, les élèves de première essuyer les plâtres du nouveau dispositif ?

 

L’inquiétude est également de mise dans les familles. Gabriel, 16 ans, élève au lycée Grandmont, a déjà goûté, l’an passé en seconde, au petit jeu du choix des spécialités qui feront désormais le sel du bac.
« Mes parents avaient des références claires avec les séries ES, L, S. Mais là, on nous a demandé de choisir trois spécialités que je devrais suivre en première parmi une douzaine proposée. Ça a été compliqué de faire un choix, alors avec mon père, on a décidé que je ferai des maths, parce qu’il faut faire des maths, et puis j’ai pris histoire-géo et sciences de la vie et de la terre pour varier le plus. »

« Usine à gaz »

Ce que Gabriel ne précise pas, c’est qu’avant la fin de l’année scolaire, il devra décider d’abandonner en terminale une de ces spécialités, tout en ayant été noté dessus dans le cadre du contrôle continu comptant pour le nouveau bac 2021.
« On voit déjà l’étendue de l’usine à gaz qu’on nous a concoctée », insiste un autre enseignant de Tours. Qu’ils soient professeurs de sciences de la vie et de la terre (SVT), de physique-chimie, d’histoire-géo ou de lettres, une très grande majorité des enseignants ont, à travers les syndicats ou par leur propre voix, fait part de leur inquiétude sur la déstabilisation complète du dispositif pédagogique que risque d’engendrer, selon eux, cette réforme.

La retenue des copies du bac a été, en juin dernier, une des manifestations fortes de la contestation. La déstructuration du modèle de la classe telle qu’elle existait jusqu’à maintenant avec les séries — « Sur un groupe de 35 élèves, dix feront physique-chimie, pendant que cinq autres iront en spécialité numérique, dix autres en Littérature étrangère, etc. Quelle pagaille ! », constate un autre prof —, mais aussi la mise en concurrence des matières-spécialités auprès des élèves, insécurise le corps enseignant.

« Coup d’arrêt à l’hégémonie des maths »

« Cette réforme avait pour but de ne plus faire la part belle à la filière S. Son but était de mettre un coup d’arrêt à l’hégémonie des maths. Résultat : dans mon lycée 90 % des élèves ont choisi les maths en spécialité. Et c’est bien normal, ça les sécurise », poursuit, désabusé, cet enseignant de SVT qui craint aussi d’avoir moins d’heures de cours si les élèves se détournent de sa matière, ou alors de devoir se dédoubler dans plusieurs établissements.

Destinée à limiter les échecs des étudiants dans le supérieur, en projetant les élèves dès la seconde vers leur devenir, la réforme des lycées et du bac porte également, selon les observateurs et les syndicats d’enseignants, la patte du pouvoir politique en place.
« C’est un changement de monde, insiste un professeur tourangeau de physique-chimie. Les proviseurs vont devenir des chefs d’entreprise, les élèves des utilisateurs et les enseignants seront des coachs, des managers. On me demande de faire de l’orientation pour les élèves mais ce n’est pas mon métier ! Je suis devenu professeur pour transmettre un savoir et pas pour devenir manager d’un groupe de jeunes. »

Dans tous les lycées tourangeaux, la tension a été palpable entre les hiérarchies administratives, tenues à un droit de réserve compréhensible, les profs inquiets et les familles dans le doute. Certains profs veulent toutefois être optimistes. Attendre que les choses se mettent en place. Car pour beaucoup, une réforme était nécessaire.

Une enseignante en lettres qui constatait que la liberté laissée aux enseignants de choisir les œuvres, support de leurs cours, engendrait de réelles inégalités entre les élèves lors du bac, regrette que le nouveau dispositif, au lieu de sélectionner un nombre moyen d’oeuvres littéraires en première, ait limité à trois les ouvrages par thème d’études.
« On passe de tout, et parfois n’importe quoi, à très peu et très dur. Ainsi, parmi les œuvres proposées au bac de première à des élèves qui ne sont, en majorité, pas littéraires, on trouve pour juin prochain une oeuvre de Marguerite Yourcenar que j’ai moi-même étudiée en classe supérieur d’hypokhâgne à la Sorbonne. »

Le constat est hélas le même pour les mathématiques, où désormais, seul l’ancien niveau de S sera au programme. Peu de chances donc pour les futurs économistes branchés, littéraires un peu lunaires ou humanistes bien-pensants de parvenir à conserver les maths jusqu’en terminale !


Texte : Thierry Mathiot / Photos Adobe Stock – Phovoir

Protection maternelle et infantile : aux petits soins pour tous

La PMI, ça vous dit quelque chose ? Vaguement ? La Protection maternelle et infantile existe pourtant depuis plus de 70 ans. C’est LE service public des familles. Sa mission : lutter contre les inégalités sociales de santé et soutenir la fonction parentale.

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En face du jardin Bouzignac, au pied d’un immeuble, se cache un petit bureau de consultation et sa salle d’attente. Une fois par mois, un médecin et une puéricultrice y reçoivent les familles du quartier. La plupart a pris rendez-vous auprès de la Maison départementale de la solidarité des Fontaines. Et quand bien même certaines arrivent à l’improviste, il y a toujours moyen de s’arranger…

Des lieux de consultations comme celui-ci, on en trouve quelques dizaines à Tours. Créés en 1945 en raison d’une forte mortalité infantile, ces services de PMI permettent aujourd’hui à toutes les futures et nouvelles familles – absolument toutes – de consulter gratuitement sages-femmes, infirmières-puéricultrices et médecins.

Parce qu’il faut être franc : l’arrivée d’un nouveau-né peut mettre sens dessus dessous les plus valeureux. Fatigue et angoisse atteignent un niveau jamais égalé. Certitudes et hardiesse fondent comme neige au soleil. On peut même avoir envie de fuir loin, très loin. Mais « C’est normal », « Tout va bien », « Bébé va bien » ou « Vous allez y arriver » sont les phrases que susurrent généralement les professionnelles – uniquement des femmes ! – à l’oreille des anxieux. Car leur travail se concentre sur la prévention et l’accompagnement.

TMV Reportage PMI 1

La PMI n’est ni un service d’urgence ni un cabinet médical, mais plutôt une sorte de lieu refuge. « Nous sommes sur des questions de bien-être, d’épanouissement, explique Pierre Suesser, président du Syndicat national des médecins de PMI (SNMPMI). Nous abordons la santé dans sa globalité et non pas sous l’angle de l’absence de maladie. »

UN SUIVI GRATUIT

Concrètement, à partir du quatrième mois de grossesse et jusqu’aux 6 ans de l’enfant, ces professionnelles proposent un suivi médico-social, entièrement gratuit, en consultation ou, le plus souvent, à domicile. Pour une pesée, un monitoring, un soin de cordon, un simple bilan de santé ou même un peu de réconfort. « On apporte des conseils, on montre les gestes mais surtout, on écoute, raconte Karine Auber-Laou-Hap, puéricultrice de PMI à Tours-Nord. Dans toutes nos activités, on part de la demande des parents, de leur problématique, de leur histoire. Ce sont des visites personnalisées, où l’on essaie de prendre le temps. »
Le tout selon un principe sacré d’universalité que chacun s’applique à maintenir, tout en menant l’action de manière différenciée en fonction des besoins.

TMV Reportage PMI 6« On est amené à se déplacer sur des lieux très différents, précise Catherine Rivière, puéricultrice de PMI depuis 20 ans. Dans des foyers pour de jeunes mamans ou chez des particuliers. Évidemment, il y a certaines personnes qu’on va voir en priorité ! » Les parents mineurs, de jumeaux, de prématurés ou avec des problèmes médicaux.

Néanmoins, depuis 1945, les compétences de ces services n’ont cessé de s’élargir sans pour autant que de plus amples moyens humains et financiers ne soient toujours octroyés. Ils assurent notamment les bilans de santé en école maternelle, délivrent l’agrément et garantissent le suivi des différents modes de garde (crèches, haltes-garderies, assistantes maternelles, etc.) et la formation de leur personnel. Ils traitent aussi les informations préoccupantes.
Les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF) relèvent également de leurs compétences. Placés sous la tutelle des conseils départementaux depuis les lois de décentralisation de 1982, certains services de PMI en ont été fragilisés. Très fréquentés à Paris, ils restent souvent méconnus ailleurs. En Indre-et-Loire, on s’en sort plutôt bien. À Tours, quatre maisons départementales de la solidarité (Dublineau, Fontaines, Mame et Monconseil) gèrent les plannings de nombreux lieux de consultation de PMI.

TMV Reportage PMI 5

C’est d’ailleurs auprès d’elles que les familles intéressées pourront se renseigner. Malgré tout, la tendance est à la diminution du nombre de consultations et certains postes de praticiens restent difficiles à pourvoir. « Être médecin de PMI, c’est une vraie vocation, affirme Brigitte Crépeau qui l’a été durant toute sa carrière, principalement à Loches. Face à la pénurie de pédiatres, aux lourdeurs administratives qui s’amplifient et au manque de moyens, le travail de terrain devient parfois difficile. Pourtant, notre rôle est essentiel. Nous sommes parfois le seul professionnel de santé que voient certains enfants. »

Un avis que partage le SNMPMI qui attend beaucoup de la mission gouvernementale confiée, l’an dernier, à Michèle Peyron, députée LREM, sur la politique de PMI. La publication de son rapport est prévue pour ce mois de mars.

Texte : Jeanne Beutter
Photos : Christophe Raimbault (Conseil Général 37)

Les étudiants en journalisme partent au Maroc pour Projet Marrakech

Avec Projet Marrakech, les élèves de l’EPJT veulent partir au Maroc pour y réaliser un magazine en ligne.

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Vous aviez déjà eu un aperçu de leur plume dans le numéro du 23 janvier de tmv. Mais bientôt, c’est vers le Maroc que devront s’envoler les étudiant(e)s de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT).

Dans le cadre d’un projet éditorial, ces élèves en deuxième année réaliseront un magazine multimédia – donc 100 % en ligne – sur la jeunesse marocaine. Pour ce faire, ils ont besoin d’aides financières et matérielles.

Les jeunes journalistes ont donc mis en place une cagnotte participative, afin de boucler ce projet.
Des contreparties sont prévues pour chaque participation, allant du petit merci accolé à votre nom dans le magazine en ligne, à la carte postale, en passant par des tote bags ou encore du contenu exclusif… et une chanson !

A l’heure où nous publions cet article, leur cagnotte atteignait 590 € sur les mille escomptés. Il reste encore une trentaine de jours pour les aider.

> A suivre également sur Twitter
> Lien pour la cagnotte : juste ici !

Orientation scolaire : dédramatisez !

Laetitia Toffart est coach d’orientation scolaire et professionnelle à Tours. Elle livre quelques conseils pour se lancer correctement… et pour arrêter de stresser.

UNE
C’est l’heure de s’orienter ? Alors suivez les conseils !

A comme année de césure

L’année de césure, bonne ou mauvaise chose ? Pour Laetitia Toffart, la réponse est claire : « C’est super bien ! » Cette parenthèse d’un an dans le cursus d’un(e) étudiant( e) « permet de faire un moment de pause, de souffler avant de repartir ». Stop aux préjugés : ce n’est pas l’année de la glandouille (expression des années 1920, de rien).
« L’année de césure, ce n’est pas un moment où on ne fait rien, attention ! C’est valider un projet et s’ouvrir à des choses qu’on ne connaît pas. On gagne en maturité », précise la coach qui rappelle également que de plus en plus d’écoles post-bac valorisent ce choix.

C comme coaching

C’est une des solutions parmi tant d’autres pour s’aider dans son orientation. Laetitia Toffart, dont c’est le métier donc, explique son rôle : « On aide les lycéens et étudiants sur les questions d’orientation et on les accompagne pour qu’ils se projettent dans leur avenir professionnel. L’idée est de ne pas penser en terme de stratégie d’études mais de se dire : “ vers quoi j’ai envie de me diriger ? ’’ »
Avec elle, le jeune imagine l’après et devient « acteur de son projet ». [Les prestations d’un coach en orientation sont payantes – NDLR].

D comme dédramatiser

Comment peut-on dédramatiser intelligemment l’orientation ? « Il faut partir du principe que rien n’est joué, que tout peut évoluer », conseille Laetitia Toffart. Selon elle, il y a bien trop de pression. Les choix se font très tôt. « Parlez-en de façon posée. Et puis, il y a de plus en plus de possibilités d’alternance. » Pour elle, il faut également arrêter de dire que tel secteur est bouché.
D’une, car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer d’ici plusieurs années (qui eut cru qu’un jour, X aurait été pris comme astrologue de tmv ?). De deux, car « si l’élève est motivé et qu’il aime ce qu’il fait, il s’en sortira ». La passion avant tout.

E comme erreur

Oui, on le sait : orientation = stress. Et oui, on le sait : « Môman, je me suis trompé dans mon orientation, c’est la fin du monde, on va tous mourir. » Oui, mais non. « Rien n’est grave !, répète Laetitia Toffart. Il y a de plus en plus de passerelles pour changer. Une erreur d’orientation est rattrapable. Il suffit simplement de se demander pourquoi on s’est trompé. C’est souvent par méconnaissance. Il ne faut pas dramatiser : ce n’est pas une question de vie ou de mort. » Donc lycéens, étudiants (et parents !) : on se détend.

P comme potentiel

C’est l’un des mots-clés à retenir. Le conseil le plus précieux à fournir à un jeune qui choisit son orientation ? « Il faut se baser sur le potentiel, l’envie et la motivation », dit Laetitia Toffart. Le potentiel permet d’être acteur de son projet. Et si on est motivé, on réussit. CQFD.

P comme parents

Laetitia Toffart
Laetitia Toffart

On vous voit, les parents stressés. Certains influencent le choix des enfants. Mais il faut éviter. En revanche, « les parents sont utiles pour parler du monde professionnel. C’est important, ils doivent partager leurs expériences et faire entrer en contact les jeunes avec leurs réseaux ».
D’après une étude de l’Observatoire du premier emploi et d’Opinion- Way pour le site My Job Glasses, 69 % des jeunes estiment que l’école ne les a pas assez préparés à leur premier emploi. Alors chers parents, à vos conseils !

> Contact Laetitia Toffart : atoutagecoaching.fr 

Propos recueillis par Aurélien Germain

Apprentissage : la passion au bout des doigts

Quand l’apprentissage séduit 75 % des jeunes Suisses, la France peine à le valoriser. Ils ont entre 17 et 25 ans, ils travaillent dur mais gardent le sourire : ces huit apprentis tourangeaux nous ont expliqué leurs choix.

APPRENTIS_Paolo 7PAOLO BETTENCOURT, 17 ANS, APPRENTI PALEFRENIER-SOIGNEUR

Non, on ne va pas vous faire le coup de « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ». Ça collerait bien à Paolo mais c’est tellement cliché qu’on va résister à la tentation. N’empêche que l’apprenti palefrenier (avouons-le, pour les néophytes que nous sommes, ça sonne très Game of Thrones) est bien plus prompt à parler aux chevaux qu’aux journalistes. Ça tombe bien finalement, il devrait rencontrer davantage de spécimens de la première espèce que de la seconde. « Ils m’apaisent (les chevaux, pas les journalistes). Avec eux, je me sens bien », finit par lâcher Paolo.
Le jeune homme suit des cours au CFA (Centre de formation des apprentis) de Fondettes et fait son apprentissage à La Grenadière, le centre équestre de Saint- Cyr-sur-Loire. Son outil indispensable ? Le grattoir, sorte de large pelle, grâce auquel il nettoie les box.

OCÉANE SIMMONEAU, 20 ANS, APPRENTIE FLEURISTE

Océane a les fleurs dans la peau. Au sens propre comme au figuré : l’apprentie fleuriste s’est fait tatouer deux roses entrelacées sur l’avantbras. « J’ai toujours aimé les fleurs, c’est de famille : mon grand-père était passionné », glisse-t-elle. Depuis trois ans, la chic petite boutique de Dominique Beauchesne [qui vient malheureusement de nous quitter à l’âge de 65 ans, NDLR] de la rue Courteline à Tours, l’accueille en apprentissage. Elle y prépare son brevet professionnel, après un CAP qu’elle a décroché en juillet de cette année.
L’apprentissage, elle aurait voulu le commencer plus tôt, dès la 3e. Mais dur dur de décrocher si jeune un contrat en alternance ! « Dans la boutique, on est dans la réalité, c’est ce qu’il y a de mieux pour préparer à la vie professionnelle », commente-telle. Sa fleur préférée ? « La digitale, répond-elle sans hésiter, plantant (haha) ses yeux dans ceux de son interlocuteur. Jolie, mais mortelle ». Avec un sécateur entre les mains, Océane ferait presque flipper.

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GUILLAUME BUREAU, 17 ANS, APPRENTI TAILLEUR DE PIERRE

C’est au niveau de l’enceinte de la cité royale de Loches un beau jour de pluie que nous avons déniché Guillaume, en deuxième année de CAP de tailleur de pierre (en apprentissage entre le CFA de Saint-Pierre-des-Corps et l’entreprise Menet). Tout en se pliant à nos caprices (« On peut utiliser le compas, pour la photo ? Et la hache ? Ah oui, c’est bien la hache ! ») il a gracieusement expliqué qu’il a « voulu entrer en apprentissage parce qu’il détestait les cours ». Il a fait un stage de 3e dans cette même entreprise et le métier lui a plu.
« J’ai aimé travailler avec les monuments, je trouve que c’est quelque chose de chouette, la matière, la pierre, mais surtout ça a un côté artistique et ancien. Quand on dit qu’on travaille sur les monuments historiques, c’est forcément bien vu. Un seul problème : la pluie. »

APPRENTIS_Guillaume Bureau credit Chloe Chateau 4

SOULEYMANE OUATTARA, 17 ANS , APPRENTI BOUCHERAPPRENTIS_Souleymane Ouattare credit Chloe Chateau 1

En le trouvant couteau en main à désosser un énorme morceau de viande, on ne s’attendait pas à sa timidité. Au milieu des gigots, palerons, et autres jambons de la boucherie-charcuterie Dufresne, place Velpeau, nous comprenons que Souleymane est pragmatique. Il nous explique en effet qu’il a choisi le CAP Boucher du CFA de Joué-lès-Tours « parce qu’en boucherie c’est difficile de chômer et qu’en apprentissage on est payé. »
Au CFA il se sent « favorisé : je trouve ça mieux que de rester au lycée pendant trois ans où on fait beaucoup moins de pratique. » Actuellement en première année, il apprend à différencier les morceaux de viande, leur temps de cuisson… et ne dirait pas non à un bon morceau de filet de bœuf.

HÉLOÏSE BARBE, 21 ANS, APPRENTIE CORDONNIÈRE

On est loin du cordonnier voûté sur une machine à peine éclairée dans un boui-boui aussi sombre qu’un cendrier usager. Héloïse, en apprentissage à l’Atelier de la Cordonnière, à Tours, est fraîche, sympa, et symbolise à elle seule le renouveau de la profession. Elle travaille auprès de Cindy, jeune et dynamique cordonnière, tout juste installée.
« En arrivant ici, j’ai eu l’impression de me jeter dans le vide, témoigne Héloïse. J’apprends à répondre vite et facilement à la demande du client… » Le seul bémol, dit-elle, c’est d’alterner semaines de cours et semaines de travail. « Ça met dans une position d’entre-deux parfois inconfortable, on peut perdre le fil de travaux en cours, c’est un peu frustrant. Mais ça donne envie de travailler ! Et c’est en entreprise que j’apprends le plus ».

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SIMON PIETRZAK, 20 ANS, APPRENTI SOMMELIER

Quand Simon dit que ça sent le sous-bois, c’est rarement à l’occasion d’une balade en forêt. Le jeune apprenti sommelier, au Bistrot des Belles caves à Tours depuis septembre, dégaine son tire-bouchon plus vite que son ombre, visiblement à l’aise dans son tablier de sommelier.
« J’ai une semaine de cours au CFA et deux semaines en entreprise, explique le jeune homme. La formation me donne une bonne base théorique pour la connaissance des vins mais c’est très important d’être sur le terrain : ici, David, mon maître d’apprentissage, m’apprend le vin mais aussi le service, ce qui est le premier métier du sommelier ». Le jeune homme au nom imprononçable apprécie tout particulièrement la liberté que lui laisse l’équipe du Bistrot sur le choix des vins : « Ça me donne une grande confiance en moi ! Ici, j’apprends à être autonome et à bosser en équipe. Quand j’entrerai dans une entreprise, je serai prêt ».

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HUGO LANDI, 19 ANS, APPRENTI CARROSSIER

« Les voitures, je m’en fous ». On est à Veigné, dans le garage Auto Classique Touraine, et c’est donc Hugo, apprenti carrossier depuis deux ans, qui nous parle. Qui nous décontenance, plus précisément. C’est-à-dire que dans un entreprise spécialisée dans la carrosserie de voitures anciennes, on s’attend à un autre type d’entrée en matière. Mais finalement non, Hugo n’est pas mal luné, il est juste (un poil) brut de décoffrage. « Ce que j’aime, poursuit-il, c’est travailler la taule, et c’est sur les voitures qu’il y a le plus de technique, c’est ici que c’est passionnant ». Ah, on a eu peur…
Hugo préfère même de loin être au garage qu’en cours. Son rythme : deux semaines en classe (au CFA de Tours-Nord), quatre semaines en entreprise. « Rester assis sur une chaise, très peu pour moi. L’apprentissage, ça me permet de travailler, d’être payé et de faire un truc que j’aime ».

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APPRENTIS_Audrey 1AUDREY FRUTEAU DE LACLOS, 24 ANS, APPRENTIE PÂTISSIÈRE

Audrey n’est pas gymnaste, enfin pas à notre connaissance, mais elle maîtrise parfaitement le grand écart : l’apprentie pâtissière, avant de coiffer sa toque et de manier le fouet, a d’abord suivi des études d’architecture à La Réunion. Rien à voir, donc. « Ça ne m’a jamais plu, l’architecture », lâche-t-elle. « Mais me lever pour faire des gâteaux, ça me met de bonne humeur. » Ni une ni deux, elle passe son CAP, intègre les compagnons du devoir à Paris puis, dans le cadre de son tour de France, atterrit dans le petit (mais fameux !) laboratoire de la pâtisserie-chocolaterie Bigot à Amboise. Il y a pire, comme destination !
« C’est une ambiance familiale, mais il y a un bon esprit de travail, c’est très rigoureux, c’est tout ce que j’aime dans la pâtisserie ! Et travailler en entreprise, c’est comme ça qu’on apprend le plus vite. »

Textes : Chloé Chateau et Gaëlle Le Roux
Photos 1, 2, 5 à 8 : Gaëlle Le Roux / Photos 3 & 4 : Chloé Chateau

Enfants du Mékong : éducation sans frontières

« Tu ne sais pas la chance que tu as d’aller à l’école ! » Cette phrase, on l’a tous entendue au moins une fois. Depuis 60 ans, l’association Enfants du Mékong cherche des parrains pour aider des enfants d’Asie du sud à suivre une scolarité. Des Tourangeaux ont suivi l’association dans son action.

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(Photo Asie Cyclette)

« Lors de la présentation de notre projet, nous sommes un peu passés pour des touristes », plaisante Xavier Guignard, aujourd’hui au siège de l’association Enfants du Mékong. Il avait un « rêve de gosse » : faire un tour du monde à vélo. Mais pédaler pour pédaler était, pour sa femme Caroline, loin d’être suffisant. Il fallait donner un sens à tout ça.

Institutrice sur les rives du Cher, lier ce projet de voyage et l’enseignement lui semblait essentiel. Alors avec Enfants du Mékong (EdM), ils restructurent leur projet pour répondre au besoin de l’association. « Quand on voit cette misère, ces familles qui ont du mal à s’en sortir…, s’interrompt Bertrand Lorne, délégué de l’association en Indre-et-Loire depuis dix ans. Souvent, dès l’âge de 4 ou 5 ans, les enfants travaillent dans les exploitations de rizières. Les parents n’ont pas les moyens de les envoyer à l’école. »
Le système de parrainage proposé par EdM permet à l’enfant d’accéder à l’éducation. L’argent récolté finance le matériel scolaire, les transports, la nourriture. Une partie est aussi reversée à la famille pour compenser la perte de main d’oeuvre.

(Photo Les 3 Moustiquaires)
(Photo Les 3 Moustiquaires)

SENSIBILISER LES ÉCOLIERS

« Avant de monter notre projet, on avait remarqué le contraste entre ce qu’on entendait en France et les lettres qu’on recevait de notre filleule aux Philippines, heureuse qu’on lui ait donné une chance d’aller à l’école », explique Xavier Guignard. Alors avant de partir avec leurs vélos et leurs sacs à dos, Asie Cyclette, V’asie roule, les Trois Moustiquaires, ont communiqué auprès d’établissements scolaires français.
« Lorsqu’on a expliqué notre projet solidaire et la situation de certains enfants sur place, beaucoup paraissaient interloqués », se rappelle Victor Pellegrain, membre des Trois moustiquaires. Une fois sur place, ils publiaient des photos, des vidéos, des articles. Un moyen de partager leurs rencontres, leurs découvertes. Une manière de rester en contact avec les écoles et les parrains restés en France. Et aussi une façon de donner du relief au projet.

« ILS ONT BEAUCOUP À NOUS APPRENDRE »

Les projets pour venir en aide aux enfants peuvent prendre différentes formes. En 2011, Aurèle Herbillon a 22 ans. À la fin de ses études d’ingénieur, il aspire à autre chose et surtout, souhaite partir en mission humanitaire, donner de son temps aux autres. Il contacte plusieurs associations et c’est finalement Enfants du Mékong qui retient son attention. « Je voulais aller sur place pour voir, à mon niveau, ce que je pouvais faire. » Il devient alors bambou. N’y voyez pas un retour à la nature. Sous cette drôle d’appellation, l’association EdM nomme ses bénévoles qui partent un an ou plus en mission sur le terrain. « Le bambou, plante locale qui plie mais ne se rompt pas », explique Bertrand Lorne. Ils veulent des personnes solides, capables de tenir sur la distance. Aux Philippines, épaulé par les responsables locaux, Aurèle Herbillon identifie et rencontre les futurs enfants à parrainer et suit ceux qui le sont déjà. Mais tout ne se passe pas toujours pour le mieux.

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(Photo Les 3 Moustiquaires)

« Il est arrivé qu’un parrainage doive se stopper parce que l’enfant ne se rendait pas à l’école et retournait travailler avec sa famille. Dans ce cas, on propose un autre filleul. Mais on aime que le lien parrains-filleuls se gardent jusqu’à la fin des études ». Et parfois les études peuvent aller jusqu’à l’université. Tous ont pu, à travers leurs voyages, rencontrer des enfants parrainés mais aussi voir la progression de certains. Pour la réalisation de son documentaire (voir encadré), Jill Coulon a rencontré plusieurs enfants mais aussi Juliet, âgée de 30 ans.
Orpheline à 12 ans, c’est seule avec ses soeurs qu’elle a vécu et travaillé pour pouvoir payer ses études. Parrainée à 17 ans, elle est aujourd’hui professeure. Elle donne ce qu’on lui a donné. Souvent, cela part d’un rêve de voyage, d’une envie d’aider. Une idée de départ un peu floue mais l’envie de se rendre utile. Et au final, tout le monde y gagne.

« On part en voulant aider et on s’aperçoit que, malgré tout, ce sont des personnes pleines de vie, qui ont beaucoup à nous apprendre », témoigne Aurèle Herbillon. Pour Xavier Guignard, le constat est plus compliqué que « nous on a de la chance. Ils ont d’autres choses qu’on a perdues ici comme le sens de l’accueil ou la valeur du vivre ensemble. »

PARLER DE SOI

S’exprimer par la parole, par le geste, par le dessin. Myu Lat Awng est un enfant birman de 10 ans qui aime dessiner. Déplacé interne, il vit à la frontière d’un pays en guerre. « Un jour, il dessinait des montagnes colorées, et d’un coup, un homme en noir, armé. C’était un moment très fort », se rappelle la réalisatrice Jill Coulon. Le vrai challenge était de faire parler les enfants. Parler, c’est aussi ça grandir.

Grandir est le nom du film réalisé pour les 60 ans de l’association Enfants Du Mékong. Un film qui se revendique non-institutionnel et qui est en cours de montage. Au centre de son documentaire, Jill Coulon fait la part belle aux histoires de ces enfants parrainés. À la manière d’un journal intime, ils se racontent. Six portraits, six profils différents, six pays. Une manière de montrer la palette d’action de l’association. À travers ces récits, ils abordent la question du handicap. Un point important pour l’équipe du film. « Ce sont des pays où les personnes handicapées sont mises au ban de la société. »

Si elle avait pensé, dans un premier temps, à un enfant de 10 ans vivant au sein du centre de sourd et malentendant au Laos, ils ont dû trouver une alternative. Car ce n’est qu’à l’âge de 9 ans, grâce au parrainage, qu’il est allé à l’école. Ce n’est donc qu’à cet âge qu’il a commencé à apprendre la langue des signes et le laotien. « Il avait un niveau d’expression très bas », relate Jill Coulon. Dans le même centre, une autre enfant a attiré leur attention : Phout, 14 ans. « Paradoxalement, de tous les portraits, c’est elle qui s’est le plus exprimée. »

D’un pays à l’autre, les situations ne sont pas les mêmes, les histoires non plus. Autant dans le choix et la recherche d’enfants, que dans la future construction du film. Mais, finalement, ces parcours se rejoignent, s’assemblent à la manière d’un puzzle pour raconter l’histoire d’enfants parrainés qui ont un objectif : grandir.

→ASIE CYCLETTE (2014-2015)
Caroline et Xavier Guignard
12 000 km à vélo
1 an
5 pays traversés

→V’ASIE ROULE
(RETOUR EN JUIN 2017)
Lucas Bonnie et Nicolas
Desmoitier
6 000 kilomètres à vélo
6 mois
4 pays traversés

→LES TROIS MOUSTIQUAIRES
(RETOUR JUIN 2018)
5 000 kilomètres à vélo
5 mois
5 pays traversés

Rythmes scolaires : sur quel pied danser ?

À l’échelle de la France, une école sur trois est retournée à la semaine des 4 jours. Les villes de Tours et de Joué-lès-Tours ont lancé une grande consultation auprès des parents. Quels arguments faire jouer ?

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SEMAINE DE 4 JOURS

Pour laisser dormir les enfants le mercredi matin
Quitte à choquer les experts, je sais une chose : les gosses de 5 ou 8 ans qui se lèvent à 7 h (et parfois plus tôt) cinq jours d’affilé sont à ramasser à la petite cuillère au bout d’un mois. Quand bien même on les couche à 20 h 30 tous les soirs. Ça s’appelle l’apprentissage empirique et ça vaut toutes les études du monde.

Pour faciliter la vie des collectivités
On a beau être de sales citoyens pourris gâtés et râleurs, on plaint les malheureux élus, éducateurs, enseignants, qui doivent articuler cours et TAP. On voit à quel point on misère pour planifier le truc avec nos 3 gosses, on n’imagine pas le bazar avec 9 000. Et le double de parents hystériques.

Pour limiter le nombre d’intervenants
Entre les heures de cours, la surveillance à la cantine, celle des cours de récré entre midi et deux ou le soir, les TAP, les heures de garderie ou d’études, les enfants peuvent avoir une dizaine de référents. Avec le risque, surtout pour les plus petits, d’être perdu au milieu de tous ces intervenants.

Pour faciliter la vie des parents
Oui, on est un peu égoïstes nous les parents, mais c’est plus facile d’organiser la garde des enfants sur une journée complète que sur quatre heures. Qu’il s’agisse des grands-parents qui se fadent la route ou d’une garde d’enfants. On ne parle pas des familles qui ont des enfants dans le privé et dans le public et doivent gérer le quotidien avec des rythmes à deux tons. Ajoutez une garde partagée et c’est la cacophonie.

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SEMAINE DE 4 JOURS ET DEMI

Pour ne rien changer
Un pas en avant, un pas en arrière, un pas sur le côté… Ça commence à devenir fatigant. Cahin-caha, tout le monde supportait enfin la semaine des quatre jours et demi, par pitié, touchez plus à rien.

Pour bénéficier du maximum de temps de cerveau disponible
En majorité, les enfants sont plus réceptifs et concentrés le matin. La semaine de 4 jours et demi permet donc d’exploiter une matinée de plus, pour « les savoirs fondamentaux », précise le site de l’Éducation nationale. Soit 36 matinées supplémentaires par an.

Pour offrir aux enfants des activité gratuites
Selon l’Observatoire des rythmes et temps de vie des enfants et des jeunes (Ortej), la semaine de quatre jours aggraverait les inégalités. D’après le chronobiologiste tourangeau François Testu, président de l’observatoire : « Cette mesure pénalise notamment les enfants issus de familles aux revenus les plus faibles, parce qu’elles n’ont pas forcément les moyens de prendre en charge des activités extrascolaires. »

Pour copier les voisins
Avec 4 jours de classe hebdomadaire, les écoliers français détenaient le nombre de jours d’école le plus faible des 34 pays de l’OCDE : 144 jours sur 365, contre 187 jours en moyenne. Avec 4 jours et demi, les petits Français arrivent à 180 jours par an.

Pour poursuivre la réduction du temps de travail
Nan, on rigole. Les enfants passent toujours 24 h / semaine en classe mais la semaine de 4 jours et demi, qui était déjà la règle avant 2008, permet de mieux répartir les heures de classe sur la semaine et d’alléger la journée de classe de 45 minutes en moyenne.

Maladies infectieuses : Tours à la pointe avec le Master IDOH

L’Université de Tours vient d’accueillir 24 étudiants internationaux en Master IDOH, une formation unique sur les maladies infectieuses pour faire bouger la recherche.

master idoh

Ils viennent de Birmanie, d’Indonésie, du Nigeria, du Brésil ou encore du Népal. Tous et toutes viennent d’arriver à Tours pour plusieurs mois et participer au Master IDOH (Infectious diseases and One Health).
En français, il s’agit d’une formation Erasmus sur les maladies infectieuses qui permettra à ces 24 étudiants d’acquérir à la fois des compétences en santé humaine et animale.

Un melting-pot de savoirs pour une formation transdisciplinaire (biologie, environnement, santé humaine et animale) relativement « rare » dans ce domaine : « Il s’agit d’une vraie demande émanant d’organismes mondiaux de santé », confirme Stéphanie Germon, maître de conférences à l’Université de Tours et coordinatrice de ce Master. « Les participants seront formés au One Health, un concept qui a émergé dans les années 2010. » Le portail d’infos Cairn le définit comme une « approche intégrée de la santé qui met l’accent sur les interactions entre les animaux, les humains et leurs divers environnements », pour améliorer la santé au sens du large du terme et prévenir des risques.

Des étudiants qui viennent des quatre coins du monde, donc, mais aussi une formation qui se veut internationale via ses partenaires. Le projet, né sous l’impulsion de l’Université de Tours et de l’INRA, intègre les universités de Barcelone et d’Edimbourg. Les élèves du Master IDOH, rentrés le 4 septembre, partiront d’ailleurs dans ces deux villes après le semestre tourangeau.
Ensuite, ce sera place au stage dans un centre de recherches ou une entreprise. « Nous avons des partenaires partout dans le monde : Écosse et Espagne, donc, mais aussi en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique », souligne Stéphanie Germon.
Autant dire que l’intégralité des cours se fera dans la langue du Shakespeare… « Savoir parler anglais était l’un des critères impératifs. Il faut que nos futurs diplômés soient compris partout ! »

La sélection a donc été drastique. « Nous avons reçu 600 dossiers. Seulement 250 personnes l’ont finalisé. Et 24 ont été sélectionnés », rappelle la coordinatrice du Master. Âgés de 23 à 43 ans, les étudiants – dont une petite majorité de filles – viennent de médecine, pharmacie, ou de licence scientifique. « Pas de profil type », souffle Stéphanie Germon, mais des personnes aux univers et aux cultures totalement différentes.

Cette première promo, dans laquelle 21 bourses d’excellence financées par la Commission européenne ont été attribuées, sortira avec de solides compétences dans le domaine des maladies infectieuses affectant humains et animaux. Une fois rentrés, ces étudiants du monde entier, y compris de pays défavorisés, pourront donc bientôt lutter avec un regard nouveau contre les maladies infectieuses.

Classe inversée : une révolution pédagogique ?

Donner un cours aux côtés des élèves et non pas uniquement en face d’eux, c’est le principe de la classe inversée. Découvrez cette pédagogie qui se développe avec ce lexique désordonné !

Rapide et amusant, les test Plickers font participer toute la classe.
Rapide et amusant, les test Plickers font participer toute la classe.

On l’appelle pédagogie « inversée » car elle bouscule les codes du cours traditionnel magistral. Le professeur ne délivre plus seulement un savoir devant les élèves qui l’écoutent sagement, il les invite beaucoup plus à échanger en classe et à interagir avec lui ou avec les autres élèves. Une pédagogie du « côte à côte, plutôt que face à face » comme le définit Héloise Dufour présidente de l’association Inversons la classe.

En pratique, l’élève réalise chez lui des tâches simples via des vidéos et des supports numériques. Il a ainsi accès aux cours avant la leçon et peut y retourner à tout moment de l’année. En classe, il étudie ensuite les notions dites complexes à travers une pédagogie active (travaux de groupes, argumentations…).
Le professeur aura ainsi plus l’occasion de « répondre à des questions que les élèves se posent, plutôt qu’à des questions qu’ils ne se posent pas », résume le ministère de l’Éducation qui promeut cette nouvelle façon d’enseigner. Une Semaine de la classe inversée, du 30 janvier au 3 février, permettra d’ailleurs d’entrer dans ces classes différentes.

À Tours, six classes inversées ont été mises en place au lycée Sainte-Ursule depuis septembre. Cécile Cathelin professeure de lettres et Delphine Péron professeure de mathématiques appliquent cette méthode de la seconde à la terminale. Petit lexique pour mieux comprendre.

À Sainte-Ursule, deux classes sont dédiées à cet enseignement et équipées d’un vidéoprojecteur et d’un ordinateur.
À Sainte-Ursule, 2 classes sont dédiées à cet enseignement et équipées d’un vidéoprojecteur et d’un ordinateur.

 >> POUR LIRE L’AVIS DE PROFS, ÉLÈVES ET PARENTS, C’EST A LIRE ICI ! <<

I… comme îlot

9 h. Des élèves de seconde rentrent en classe de maths avec Delphine Péron. Ils s’agglutinent devant le bureau. « T’es avec qui ? » Ils sont placés par groupe de cinq ou six sur des « îlots » de tables dispersées dans la classe. Ainsi disposés, ils vont travailler ensemble pour construire le cours et l’expliquer à leurs camarades.
Delphine Péron s’assoit à leurs tables pour leur donner des explications. En Français, le placement est choisi. Pour Cécile Cathelin, professeure de lettres, « cette disposition permet de construire une relation plus proche avec les élèves ».

P… comme « Plickers »

« Tournez la figure que je vous ai distribuée en positionnant la lettre de votre réponse vers le haut », demande l’enseignante de maths. La question et trois réponses s’affichent au tableau. Les élèves lèvent non pas le doigt mais leur feuille. Et là, surprise, Delphine Péron sort son smartphone et balaie la pièce avec sa caméra. En un instant, l’application « Plickers » scanne les figures et calcule le taux de bonnes réponses. Tout va très vite. Ces outils numériques sont nombreux dans la pédagogie inversée, ils permettent de gérer le temps autrement et de capter l’attention des élèves.

W… comme web

Les deux professeurs alimentent leur site : vidéo, plan de travail, jeux interactifs, exercices, notes de cours, méthodologie… « Ceux qui n’ont pas vu la vidéo ont manqué quelque chose, maintenant, vous pouvez mettre vos écouteurs et la regarder sur votre téléphone », suggère Cécile Cathelin en cours de français. Le smartphone devient un outil de travail.

À côté des manuels scolaires, des outils familiers : l’ordinateur et le téléphone.
À côté des manuels scolaires, des outils familiers : l’ordinateur
et le téléphone.

A… comme autonomie

L’objectif, c’est aussi de préparer les élèves à des méthodes universitaires en leur donnant des outils et une organisation : « J’ai pas eu le temps », se plaint une élève de première. « Applique la méthode, APR : anticiper-planifier- réviser », lui répond sa professeur de français la renvoyant vers le plan de cours.

S… comme solidarité

« On souhaite que les élèves s’entraident », explique Delphine Péron. Cette façon de faire peut déstabiliser les bons éléments, habitués à retenir les notions en cours et à moins travailler chez eux. Pour ceux-là, c’est aussi apprendre à partager ses connaissances.

E… comme effervescence

« S’il-vous-plait, moins de bruit ! » C’est le risque avec les cours non-magistraux ! Cela peut même freiner certains professeurs à utiliser cette méthode. Les élèves chuchotent, parfois rigolent, se lèvent en toute liberté, mais ils ont du travail et une note de groupe !

La personnalisation de la salle, rend créatif les élèves et créé une ambiance chaleureuse
La personnalisation de la salle, rend créatif les élèves et créé
une ambiance chaleureuse

B… comme bac

« Parce qu’il y a le bac, on ne peut pas appliquer cette méthode » est un argument des profs réfractaires. Pourtant les devoirs sur table sont toujours d’actualité dans ces classes et les élèves sont plus motivés. « Actifs, ils retiennent dix fois plus », explique Delphine Péron.

D… comme diffusion

La mise en place de cette pédagogie inversée au lycée a fait quelques émules parmi les 68 enseignants de l’établissement. Sophie Gaspar, en histoire-géo, Marie Hersperger, en lettres, Mariel Murciano en espagnol et Johan Guiton, professeur de musique ont emboîté le pas sur une partie de leurs cours.

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La discussion en petit groupe permet d’établir un lien entre les élèves et les professeurs.

Pauline Phouthonessy

Classe inversée à Tours : l’avis des concerné(e)s

Après la leçon, place aux travaux pratiques. Que pensent les élèves, le directeur, les professeurs et les parents, de cette pédagogie inversée ? Tour de table.

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ALAIN CERRUTI, DIRECTEUR DU LYCÉE SAINTE-URSULE, SOUTIENT LA CLASSE INVERSÉE

« L’équipe pédagogique a toujours recherché de nouvelles pédagogies et plus particulièrement depuis deux ans. Par rapport aux élèves qui manipulent sans problèmes les outils numériques, la pédagogie plus traditionnelle n’est peut-être plus à la hauteur. Il faut que les profs se mettent au niveau des jeunes en termes de technologie. »

NICOLAS, ÉLÈVE DE PREMIÈRE

« Aller sur le site n’est pas une contrainte, même si on a plus de travail chez soi, c’est un avantage, on peut y accéder quand on veut et on travaille mieux à la maison. Pour le bac, on y trouve plus de choses, la trace des cours et des méthodes sur lesquelles on peut revenir quand on veut. »

MARIE-LIESSE, ÉLÈVE DE PREMIÈRE

« Il y a plus d’interactivité dans ces cours. Je trouve ça important de savoir travailler en groupe, échanger, communiquer et utiliser l’ordinateur, le téléphone… On le fera en tant que citoyen et dans le monde du travail. »

AGNÈS*, MÈRE DE LOUISE, ÉLÈVE EN SECONDE

« Elle aimait déjà le français, mais là, je la trouve très épanouie et super heureuse. J’ai l’impression qu’elle n’apprend pas. Par exemple, elle a réalisé des recherches pour un exposé pendant les vacances et elle s’investie vraiment, elle était ravie. Cette professeure de français donne aux élèves une impulsion, leur dit qu’ils sont capables de faire des choses avec les outils de leur temps. » (* Le prénom a été changé)

SOPHIE GUILLET, MÈRE DE MARTIN EN SECONDE

« Depuis la 4e, Martin était un peu réfractaire aux mathématiques. Quand il est arrivé dans la classe de Madame Péron à la rentrée, il a vu les maths d’une autre façon. Au 1er trimestre ça a été une révélation. Les maths sont devenues ludiques pour lui. Il est passé d’un moyenne de 11 à 16 et envisage peut-être une première scientifique. Je suis super contente surtout parce qu’il a retrouvé confiance. En revanche, il faut vraiment que l’élève ait un ordinateur pour travailler, il va y passer du temps. »

ALICE, ÉLÈVE DE PREMIÈRE

« Il manque juste le wi-fi dans la salle… Ce serait bien que d’autres cours ce passent comme ça. On a envie de venir en cours ! ».

CÉCILE CATHELIN, PROFESSEURE DE LETTRES

« On a passé notre été avec Delphine à tout préparer pour la rentrée. Il nous faudra environ deux ans d’expérimentation ; nous échangeons quotidiennement avec nos collègues lancés cette aventure via Twitter, des salons, des des MOOCS. Pour rien au monde ne retournerait en classe en rangées frontales ! »

>> Retrouvez notre reportage en classe inversée << 

Des astuces pour parents et enfants

Marie-Ange Zorroche, coach parental sur Tours, vient d’imaginer des objets ludo-éducatifs pour aider les familles à vivre en harmonie.

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La fondatrice de TerrEducation est bien connue des Tourangeaux pour ses conseils pratiques pour sortir parents et enfants de situations de crise. « L’idée est de laisser une trace de mon passage après mon coaching. J’ai eu envie de créer des objets qui entrent dans la vie quotidienne des foyers. Ces astuces permettent une médiation entre les parents et leurs progénitures dès l’âge de 2 ans.

Ces objets transitionnels sont là pour guider les enfants et non pour les sanctionner », explique-t-elle. Parmi les objets inventés par la directrice, on retiendra l’horloge de Ninou : une méthode qui a pour objectif d’apprivoiser le temps ensemble. Les règles sont établies par les parents puis présentées aux petits. « Idéalement, il faudrait respecter chaque jour les mêmes horaires pour que l’enfant s’habitue », conseille la coach. Pour rendre la tâche plus ludique, elle s’appuie sur l’histoire d’un petit lapin nommé Ninou. Un personnage tendre qui doit aller prendre son bain, manger, se coucher à heure régulière chaque jour. Image12
Tout comme Ninou, l’enfant peut ainsi visualiser ces moments clés de la journée grâce à des gouttes d’eau en forme de magnets placées sur l’horloge. Autre astuce : le trousseau des sept émoti-panneaux qui apprennent aux bambins à mieux communiquer sur leurs émotions. Ils peuvent ainsi nommer ce qu’ils ressentent (fatigue, colère, etc.). Le principe reste le même avec, cette fois, l’histoire d’un poussin aux grands yeux bleus nommé Achille. Et pour les parents qui perdent patience, la coach a inventé le panneau STOP, particulièrement utile quand votre enfant transgresse les règles. À tester !

Anne-Cécile Cadio

>> Les astuces de Marie-Ange sont en vente sur terreducation.com

Ces profs qui filent la pêche aux enfants !

Il y a quelques semaines, à la rédaction de tmv, on se racontait la rentrée des enfants… Puis est née l’idée d’une galerie de portraits. Envie de parler autrement du métier d’enseignant, de montrer ceux qui donnent envie aux enfants d’aller à l’école. Si, si, c’est fou, mais ça existe. La preuve en images.

Image8ISABELLE DE SAINT-LOUP,

ENSEIGNANTE EN CE1 À L’ÉCOLE SAINT-MARTIN, TOURS

« Tous les matins, c’est un grand bonheur de venir en classe », s’enthousiasme toujours Isabelle de Saint-Loup, à deux ans et demi de la retraite. Les yeux bleus pétillants, elle se présente aux élèves comme elle est, pas seulement une maîtresse, mais une personne dans toute sa globalité. Entière et passionnée, elle se raconte sans crainte et nourrit son métier de sa vie extérieure.
Son credo ? « Conjuguer rigueur et fantaisie, discipline et détente. » Toujours dans le souci de permettre à chaque élève d’exprimer sa singularité. « On ne doit pas s’ennuyer chez maîtresse », leur dit-elle souvent. Quand ils ont fini leur travail, ils peuvent se reposer dans une pièce adjacente à la classe ou se lancer dans une nouvelle activité : « Je prévois toujours des exercices supplémentaires pour ne pas freiner l’élan des plus rapides, tout en prenant du temps avec ceux qui rencontrent plus de difficultés. » Ce qui l’émerveille, c’est « cette étincelle qui surgit dans le regard d’un enfant lorsqu’il a compris. » Ce qu’elle appelle « la beauté de la compréhension ».

FABIEN MAIGNAUT,Image6

PROFESSEUR DE TECHNOLOGIE AU COLLÈGE DU VAL-DE-L’INDRE, MONTS

« La technologie, c’est une matière concrète, ancrée dans le réel. » Une spécificité que Fabien Maignaut sait bien exploiter pour susciter l’intérêt des élèves. Dans sa salle de classe, de la fraiseuse à l’imprimante 3D, les jeunes mettent la main à la pâte. Le cours magistral ? Très peu pour lui : « C’est ce qu’on me demandait en début de carrière, mais je ne m’y retrouvais pas. Heureusement, la pédagogie a évolué. Aujourd’hui, je travaille sous forme de projets. Ça me permet d’aborder le programme tout en construisant le cours avec les élèves. Rien n’est figé. »
En troisième, ils créent et vendent un prototype de produit. De vrais entrepreneurs : « Étude de marché, conception, coût… Nous simulons le fonctionnement d’une entreprise. » Certains élèves auront même le privilège de présenter leur création lors d’un salon des jeunes inventeurs. De quoi motiver les troupes. Une satisfaction ? « Voir des élèves s’investir et s’épanouir dans leur projet. » Certains, lui en reparlent même plusieurs années après.

Image9LAURENT COSTE,

PROFESSEUR DE LETTRES MODERNES ET DE THÉÂTRE AU LYCÉE VAUCANSON, TOURS

« L’option théâtre, j’y cours ! Je viens ici avec grand plaisir », affirme Méline, lycéenne en terminale. L’enseignant qui fait courir ses élèves s’appelle Laurent Coste. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son envie de partager et de transmettre porte ses fruits. Une question essentielle guide sa réflexion : « Comment déclencher une prise de parole ? » Face à la résistance des élèves, il teste de nouvelles techniques. 20 ans d’enseignement, et toujours l’envie de se renouveler. Son approche ? « De plus en plus ouverte. L’enseignant est seul face à sa préparation, ses élèves et ses copies. Dans ce métier de solitude, il faut ouvrir les murs : aller au théâtre avec les élèves, nouer des partenariats avec des comédiens ou des libraires… Sortir de l’entre-soi. »
Son lien avec les jeunes, il le décrit comme une relation teintée d’échanges, de spontanéité et de bienveillance : « Je suis d’abord là pour leur redonner confiance. Je leur dis souvent qu’il y aura forcément du bon dans ce qu’ils vont produire. » Les élèves, eux, le lui rendent bien.

PASCALE DELPLANQUE,Image5

ENSEIGNANTE EN PETITE SECTION DE MATERNELLE À L’ÉCOLE JEAN DE LA FONTAINE, CHAMBRAY-LÈS-TOURS

« Quand je serai grande, je serai maîtresse. » Pascale Delplanque était l’une de ces petites filles à la vocation précoce. « Enseigner, c’est une évidence », affirme-t-elle encore après 33 ans de carrière. Dans sa classe, c’est un peu comme à la maison. Chaussons aux pieds, les enfants peuvent regarder tranquillement des livres sur le canapé, préparer le repas dans la cuisine, coucher bébé dans sa chambre ou téléphoner. De beaux espaces de jeux, mais pas seulement : « Dans la cuisine, nous avons appris à mettre le couvert. S’occuper d’un bébé est l’occasion de parler d’hygiène corporelle. Ces espaces sont agencés pour que les enfants apprennent à jouer ensemble et à se parler. »
Développer le langage et vivre avec les autres, ce sont les apprentissages essentiels de cette première année d’école. « Il y a des règles et je leur explique pourquoi. Une fois ce cadre posé, je leur laisse une grande liberté. » Pascale les emmène souvent en sortie, à la découverte du monde extérieur : « J’aime la spontanéité des petits. Avec eux, c’est toujours l’aventure. »

Image7ISABELLE BOURGOIN,

ENSEIGNANTE EN POSTE D’APPUI À LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES (PARE) À L’ÉCOLE NELSON-MANDELA, CHÂTEAU-RENAULT

Lorsqu’un enfant est triste, Isabelle Bourgoin lui propose un « bon de gros chagrin » : il peut y inscrire ce qui l’affecte, le garder ou le déposer dans son « pot à soucis ». Ce genre d’outils, l’enseignante en a inventés plus d’un, chacun dans un objectif précis : gérer ses émotions, développer sa confiance en soi ou apprendre à vivre en groupe. « Je me suis vite aperçue qu’il n’était pas simple de réussir à transmettre des apprentissages. Si l’enfant n’est pas disponible pour se mettre au travail, ça ne marche pas. »
Face à ce constat, elle s’interroge : comment donner envie d’apprendre ? En questionnement permanent, l’enseignante trouve des pistes dans ses lectures ou lors de formations. « Pour les motiver, j’utilise des jeux, des activités en musique ou en mouvement. Quant à la relaxation, elle me permet de développer leur concentration. » Cette année, elle n’a pas de classe attitrée, mais intervient auprès d’élèves en difficulté : « Je peux leur accorder plus de temps. Ils apprécient qu’un adulte s’intéresse vraiment à eux. »

UNE ENSEIGNANTE D’ANGLAIS,Image11

DANS UN COLLÈGE DE L’AGGLOMÉRATION TOURANGELLE

Elle n’avait pas envie de se mettre en avant, pas envie de se raconter. Mais une fois la discussion lancée, elle avait beaucoup à dire sur son métier. « Je suis professeur d’anglais, mais ce qui m’importe, au-delà de ma discipline, ce sont les liens avec les enfants. » Des liens qu’elle tisse petit à petit, à force de patience et d’observation. Et avec du temps, beaucoup de temps : « Les collégiens, c’est un public compliqué, mais c’est justement ce qui me plaît. Il faut passer du temps avec eux pour les connaître. C’est important. Ça me permet de comprendre pourquoi, à un moment donné, un jeune n’est pas disponible pour travailler, à cause d’une difficulté familiale par exemple. »
Et l’apprentissage de l’anglais ? « On parle une langue pour communiquer. Les voyages et les correspondances avec des anglophones permettent de donner du sens aux apprentissages. Du vécu et de vrais échanges, c’est quand même plus joyeux. »

MAVILLE_dernier portraitDOMINIQUE LEROUX,

PROFESSEUR DE LETTRESHISTOIRE AU LYCÉE PROFESSIONNEL NADAUD, À SAINT-PIERRE-DES-CORPS

« Je me suis reconverti dans l’enseignement par conviction et réalisme. » Ancien animateur socio-culturel, Dominique Leroux souhaitait aller plus loin dans l’accompagnement des jeunes. Quinze ans après, il ne regrette rien. Ses trois mots d’ordre ? Respect, ambition et empathie. « Le respect que l’on se doit mutuellement, c’est essentiel. L’ambition, car je crois que la vie ne mérite pas d’être médiocre. Quand mes élèves ne sont pas assez ambitieux pour eux-mêmes, je le suis pour eux. Et l’empathie, car elle me permet de les comprendre. »
Les élèves subissent souvent leur orientation en lycée professionnel. « Notre travail, en équipe, c’est de leur montrer que ce n’est pas une voie de garage. Ça peut être une voie d’excellence, s’ils s’en donnent la peine et s’ils reprennent confiance. » Car souvent, leur passage au collège les a abimés. Depuis la rentrée, Dominique Leroux est chargé d’accompagner des jeunes en décrochage : « Les élèves, quelque soit leur parcours, sont tous éducables. » Un discours optimiste qui lui permet d’avancer.

Portraits réalisés par Nathalie Picard

Pas de zéro, à l’école de Château-Renault

Tmv est retourné sur les bancs de l’école, le temps d’une matinée, au collège de Château-Renault. Au programme, une séance de relaxation, un cours de maths en petit comité et surtout, pas de notes ! Une idée qui fait son chemin à Tours.

Fatima, toujours sur les starting-block pour participer. (Photo Thomas Chatriot)
Florence Ondet, professeur de mathématiques, explique aux élèves l’intérêt de bien comprendre la consigne. (Photo Thomas Chatriot)

Voilà une jeune fille qui ne va pas au tableau la boule au ventre. Brunette dynamique, Thaïs se tient fièrement debout face à la classe. « On vide les poumons, on inspire, on bloque sa respiration puis on souffle », explique-t-elle à ses camarades tout en réalisant l’exercice, la main posée sur le ventre. Ce matin, la relaxation est au programme des sixièmes E du collège André-Bauchant, à Château-Renault. Des petits sixièmes particulièrement chouchoutés en cette période de rentrée. Techniques de respiration, jeux de connaissance et de cohésion de groupe, échanges : chaque vendredi, ils bénéficient d’un temps d’accueil. L’occasion, aussi, de dire ce qui ne va pas.
Comme ce cours de français, raconte Maëlle, où « la prof va un peu trop vite, on n’a pas le temps de copier la leçon ! » Delphine Moron, référente de la classe, est là pour recueillir les plaintes : « C’est vrai que cette année, vous devez apprendre à écrire plus vite. Vendredi prochain, on fera des exercices pour s’entraîner. Vous allez y arriver ! », les encourage-t-elle.

Pour cette assistante d’éducation, « L’entrée en sixième, c’est l’un des plus grands changements dans une scolarité. Il faut se repérer dans le collège, changer de salles toutes les heures, fréquenter dix enseignants… » Pour faciliter la transition, l’établissement de Château-Renault adapte l’organisation des cours de sixième. L’objectif : accompagner au mieux les élèves en fonction de leurs compétences et surtout, prévenir l’échec scolaire. Une action qui profite à toutes les classes de sixième, soit environ 180 des 800 élèves du collège. Aux temps d’accueil s’ajoutent d’autres mesures, comme l’évaluation par compétences. Finie l’angoisse terrible de rapporter de mauvaises notes à la maison (allez, avouez, ça vous rappelle de mauvais souvenirs !). Le bulletin scolaire est un relevé de compétences, avec, face à une liste de connaissances et d’attitudes, quatre appréciations possibles : acquis, presque acquis, en cours d’acquisition ou non acquis. Ces compétences peuvent être des connaissances dans une matière particulière — en anglais, par exemple, « je sais poser des questions simples et y répondre » — ou des capacités transversales, comme l’expression orale. « Ça permet aux enfants de ne pas se décourager face aux premières notes », estime Sophie Bardoux, professeur de maths.

Timothée est sur le qui-vive. C’est à qui répondra le premier. (Photo Thomas Chatriot)

La sixième est une année difficile : « Au collège, j’ai vu beaucoup d’enfants se casser la figure », confie Marie- Claude Bonin, la principale. Difficile de remonter la pente quand l’échec est déjà là : « On n’imagine pas la violence que c’est, pour un enfant et ses parents, de recevoir un bulletin à 7 de moyenne pendant quatre ans au collège ». Alors qu’avec ce nouveau système, même un élève en difficulté obtient au moins quelques A (acquis). Pour autant, pas question d’oublier les bons élèves. Des modules, organisés par groupes de niveaux, permettent aux meilleurs d’aller plus loin dans leurs apprentissages, et aux autres de revenir sur leurs difficultés. Ils sont organisés à raison de trois heures par semaine, une heure par matière en mathématiques, français et histoire-géographie. Ce vendredi-là dans la classe de Florence Ondet, prof de maths, six mains sont levées. Retentissent de part et d’autre de la pièce des « Moi, madame, moi, je sais ! » Tous plus pressés les uns que les autres d’aller au tableau pour donner la réponse. Et pourtant, c’est un groupe de niveau faible.
Ce coup-ci, c’est Antonin qui a gagné le droit de se lever. Il souligne les mots essentiels de la consigne inscrite au tableau. « Mais m’dame, pourquoi on fait du français alors qu’on est en cours de maths ? », lance Even. Car aujourd’hui, l’objectif du module est de bien comprendre les consignes. Au fond de la classe, Myriam(*), elle, se fait toute petite. Elle n’a pas fait ses devoirs et finit par se mettre à pleurer : « J’y arrive pas, madame, c’est pour ça que je les ai pas faits… Je ne comprends pas ! » Un sourire rassurant sur le visage, l’enseignante se penche vers elle et lui répond avec bienveillance : « Ça va venir, Myriam, c’est pas grave de ne pas y arriver, il ne faut pas se décourager. » Une séance suivie par tous les élèves de sixième, mais adaptée à chacun.

Les modules ont été mis au point par l’ensemble des enseignants de sixième, pour chaque matière. Une bonne occasion de travailler en équipe. Pour la principale du collège, c’est l’un des points forts de l’initiative. Et sa clé de réussite. Florence Ondet fait partie de ces enseignants convaincus et motivés qui portent le projet. Au départ, ce sont les cours interdisciplinaires — deux professeurs de matières différentes qui interviennent ensemble dans une classe -— qui l’avaient incitée à participer. « L’évaluation par compétences, je n’y croyais pas vraiment. C’est en la pratiquant que je me suis rendu compte de son intérêt. Ça me permet de mieux situer les élèves, de savoir précisément ce qu’ils savent faire ou pas. » Maintenant, elle utilise même ce mode d’évaluation en cinquième, en plus des notes. « Et sur les copies faibles, je préfère ne pas mettre de note », précise-t-elle.

Depuis son lancement en septembre 2010, le projet a évolué. Les cours interdisciplinaires, coûteux en heures d’enseignement, ont été supprimés. Malgré tout, pour continuer à donner du sens aux apprentissages, l’équipe lance une nouvelle action : la réalisation d’une « tâche complexe », par exemple une enquête policière qui permettra aux élèves d’utiliser leurs compétences dans différentes matières. Résultats de l’initiative ? « On observe moins de décrochage en sixième. Les élèves restent investis dans les apprentissages. Ils sont plus sereins, et les parents rassurés », remarque Peggy Brulin, conseillère principale d’éducation. Les parents, justement, sont les plus difficiles à convaincre. Surtout ceux dont les enfants ont de bons résultats.
Et les élèves, eux, qu’en pensent-ils ? S’ils ont tous apprécié les temps d’accueil, les meilleurs, comme Noah, sont contents de retrouver leurs notes en cinquième : « Au moins, on peut avoir 18/20 ! » Julie, elle, n’est pas de cet avis : « Quand on est proche de zéro, c’est mieux d’avoir des lettres… Ce qui était bien aussi en sixième, c’est qu’on passait en premier à la cantine. » Même quand il s’agit de manger, les petits sixièmes sont privilégiés. Et ça aussi ça compte !

Thaïs et Anaëlle, au premier rang, sont concentrées. (Photo Thomas Chatriot)

(*) Le prénom a été changé.

Retrouvez les témoignages de ces élèves ICI

Et l’interview d’un spécialiste sur la suppression des notes ICI 

Reportage de Nathalie Picard

Education : Tempête à l’Escem

Un préavis de grève a été lancé à l’Escem pour mercredi. En attendant, la colère gronde.

Préavis de grève pour ce mercredi, la rentrée est tendue à l’Escem.
Préavis de grève pour ce mercredi, la rentrée est tendue à l’Escem.

L’Escem, l’école de commerce de Tours, Poitiers et Orléans vit une rentrée des plus incertaines. L’école a perdu son grade Master en avril 2015, ce qui lui interdit de délivrer des diplômes Grandes Écoles au-delà de 2016. Une catastrophe dans un contexte rendu déjà très tendu par la déconfirure de l’aventure FBS (la fusion des écoles de Brest, Clermont et Tours-Poitiers-Orléans).
Où en est-on aujourd’hui ? Sur le plan pédagogique, on ne sera pas loin de l’année blanche. 876 élèves sont inscrits à l’Escem, dont 490 à Tours. 380 poursuivent le programme Grande école en 3e et 4e année. Ils ont pu effectuer leur rentrée mercredi dernier, mais grâce à un accord obtenu in extremis. Le reste des effectifs est composé, pour l’essentiel, des étudiants en Bachelor. La direction annonçait cette semaine, par la voix de Roger Dutoit, (directeur général provisoire), qu’elle allait présenter à l’automne « une nouvelle offre de formations professionnalisantes, destinées à former les managers de proximité de demain, dans les domaines, par exemple, du tourisme, de l’informatique, des RH ou de la logistique. » L’objectif étant de retrouver les 1 500 à 1 800 étudiants que comptait l’Escem avant le naufrage de la fusion.

Une stratégie qui tire, de facto, un trait sur le statut Grande école de l’Escem. Mais la poursuite des enseignements est suspendue à un préavis de grève illimité déposé pour ce mercredi et, bien sûr, à la difficile réorganisation des équipes dans la perspective d’un plan social particulièrement dramatique. Car, sur le plan social, la casse sera considérable. Sur les 215 personnes employées l’année dernière, il ne devrait pas en rester plus de 60 réparties sur les trois sites. Quant au montant de la facture à régler pour les CCI investies dans le projet, elle n’est pas encore connue, mais devrait s’avérer assez salée.

Reste également à déterminer les responsabilités juridiques et les fautes éventuelles des uns et des autres dans le dossier de la gestion de FBS. Un volet de l’affaire qui est, d’ores et déjà, aux mains de la Justice. Après le départ d’Yves Broussoux, qui avait fait l’objet d’une motion de défiance de la part du personnel, un nouveau président devrait être nommé avant la fin du mois.

Kids. Montessori maison

Cécile Lawniczak a ouvert une école Montessori à Tours. Elle propose d’adapter cette pédagogie chez soi.

montessori
La pédagogie Montessori n’est pas réservée à l’école. Elle peut être appliquée à la maison, selon les mêmes principes. Cette pédagogie propose de mettre à la disposition des enfants, du matériel, comme une aide au développement de son intelligence et à l’apprentissage de la vie. Montessori, c’est avant tout un état d’esprit, une attitude bienveillante.
Il s’agit de respecter le rythme et le caractère de l’enfant, de lui faire confiance et de lui laisser le choix. « Il faut organiser chez soi un cadre favorable et sécurisé où votre petit, tout en étant accompagné, sera libre de ses mouvements. En clair, il pourra tenter tout seul ses propres expériences ! Pour développer son autonomie, on pourra lui mettre les objets du quotidien à sa portée, comme sa brosse à dents par exemple, explique Cécile Lawniczak. Pour accéder au robinet, on lui achètera un petit tabouret antidérapant. Pour lui apprendre à se coiffer, on posera sur sa table de chevet, un miroir avec sa brosse et des chouchous. Bien sûr, il faudra accepter au début que la queue de cheval de votre fille soit de travers. Ce qui est important, c’est de l’encourager. »
Chaque pièce de la maison peut devenir un lieu d’apprentissage. « Si vous préparez un gâteau, il faut le faire vraiment ensemble de A à Z, cela va jusqu’à la vaisselle à deux. Cela donne l’impression de plus d’investissement au départ, mais c’est payant pour nous, comme pour eux », conclut la directrice de la Maison des Enfants.

Anne-Cécile Cadio

La Maison des Enfants à Tours organise des formations à la méthode Montessori pour les parents. Renseignements sur lamaisondesenfants.eklablog.fr

Découvrir Freinet, Montessori et Steiner

Pour aller plus loin dans l’étude des pédagogies alternatives, un article qui offre des informations pratiques sur ces écoles en Touraine et revient sur les fondateurs de ces méthodes.

Les pédagogues
FREINET
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Célestin et Élise Freinet mettent en place leur pédagogie après la Première Guerre mondiale. Avec pour principe de partir des intérêts de l’enfant. Ses envies et ses choix sont au coeur d’une méthode fondée sur le collectif et le partage. En témoigne ainsi le fonctionnement comme coopérative scolaire, avec par exemple un processus de vote pour prendre certaines décisions. Des enseignants peuvent pratiquer la méthode Freinet dans une école dite classique.
MONTESSORI
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Maria Montessori, Italienne, médecin de profession. Son métier influence justement sa pédagogie, fondée sur l’observation des enfants. Elle part d’un problème dans l’éducation : on propose un rythme général à des enfants qui n’évoluent pas au même rythme. Elle propose une avancée progressive, en mettant l’accent sur l’environnement de l’enfant et la façon dont il s’y adapte. On crée alors une ambiance qui va permettre à l’enfant de trouver des choses qui vont répondre à ses besoins, et de stimuler ces derniers.
STEINER
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Philosophe de formation, Rudolf Steiner s’intéresse au développement de l’être humain dans toutes ses dimensions : intellectuelle, physique, spirituelle. Il est ainsi adepte de l’anthroposophie (courant de pensée dédié à l’étude de phénomènes spirituels). Il a ouvert une école à Stuttgart pour les enfants des familles ouvrières de l’usine de cigarettes Waldorf. Sa méthode se fonde pour les plus petits sur de nombreux jeux et activités artistiques. Le professeur suit les mêmes élèves pendant un certain nombre d’années.


PORTES-OUVERTES
L’école du Petit Pommier vous accueille dans sa yourte le samedi 28 septembre. Un bon moment pour découvrir la pédagogie Steiner. Et pour voir comment ça fonctionne concrètement si vous êtes intéressés pour inscrire votre enfant. Il reste encore des places à pourvoir dans la classe. De 10 h à 18 h, dans le parc du château de Taillé, 54 rue de la Morienne. Plus d’infos au 06 31 48 96 94.
LES AUTRES ÉTABLISSEMENTS
La Maison des enfants Logée en plein coeur du quartier Velpeau, cette école Montessori s’est ouverte en septembre dernier et accueille presque une vingtaine d’élèves. Plus d’infos sur lamaisondesenfants.eklablog.fr
PRIMAVERA
Depuis plus de 15 ans, l’école primaire Primavera fonctionne selon la pédagogie Steiner à Joué-lès-Tours. Pour beaucoup de parents, elle peut fonctionner dans la continuité du Petit Pommier. Toutes les infos sur ecoleprimavera.org


UN LIVRE
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Catherine Piraud-Rouet, Écoles différentes – des pédagogies pour apprendre et grandir autrement (Fabert, 2010).

Rythmes scolaires : ça grogne à l'école

Le 24 janvier 2013, la réforme des rythmes scolaires était annoncée par l’Éducation nationale. La semaine scolaire sera de 24 heures réparties sur 9 demi-journées. La mairie de Tours a fait le choix d’appliquer la réforme dès septembre prochain.

Les nouveaux horaires proposés par le Maire pour la rentrée 2013 provoquent des remous. (Photo Phovoir)
Les nouveaux horaires proposés par le Maire pour la rentrée 2013
provoquent des remous. (Photo Phovoir)

Le 24 janvier dernier, la réforme des rythmes scolaires était annoncée par décret par le ministère de l’Éducation nationale, après plusieurs mois de discussions. La semaine scolaire sera de 24 heures réparties sur 9 demi-journées. Alors que les municipalités pouvaient demander une dérogation pour sa mise en oeuvre à partir de 2014 seulement, la Mairie de Tours a fait le choix d’appliquer la réforme dès septembre prochain. De nouveaux horaires ont été choisi : du lundi au vendredi, 9 h- 11 h 45 et 14 h-16 h 30 et le mercredi de 9 h à 12 h.
 
Une décision rapide qui provoque le mécontentement de la plupart des parents d’élèves mais aussi des équipes éducatives qui ont jusqu’au 6 avril pour convoquer un Conseil d’école et donner leurs propositions à Jean Germain. « Je regrette le manque de concertation car on en parle depuis des mois et là, tout s’accélère. Il nous faut réagir au plus vite », commente Pascal Hurbault, le directeur de l’école Rabelais. Hélène Dujardin, déléguée de la FCPE 37, surenchérit : « Personne n’a été consulté jusqu’à présent, contrairement à ce que dit la municipalité. Il reste peu de temps pour organiser les temps périscolaires désormais. »
 
Ce qui provoque le plus de remous auprès des parents d’élèves reste le début de l’école à 9 h au lieu de 8 h 30 actuellement. « Beaucoup de parents travaillent et n’auront plus la possibilité d’accompagner leurs enfants à l’école et de rencontrer les enseignants. », font remarquer les parents de l’école Mirabeau. Autre hic, l’allongement de la pause méridienne. « Il aurait été souhaitable de pouvoir mettre en place des activités périscolaires pour alléger les journées, là dans la proposition, rien n’est prévu mis à part des heures d’études qui existent déjà », regrette Hélène Dujardin. La mairie se donne jusqu’au 15 avril pour donner la synthèse des avis récoltés au Directeur académique. Avant cela les parents d’élèves souhaitent pouvoir être entendus.
 
 


 PLUSIEURS SOLUTIONS ENVISAGÉES
La proposition d’horaires de la municipalité de Tours n’est pas la seule possibilité. Petit tour d’horizon non exhaustif des solutions évoquées par les différents acteurs. 
 
→  Le ministère de l’Éducation nationale a notamment émis l’hypothèse d’une répartition assez simple : 8 h 30-11 h 30 et 13 h 30- 14h 45, puis TAP (Temps d’activités périscolaires) ou APC de 15 h 45 à 16 h 30 le lundi, mardi, jeudi et vendredi. Le mercredi uniquement de l’enseignement de 8 h 30 à 11 h 30 
 
→  Les parents d’élèves de l’école Rabelais et délégués à la FCPE ont proposé le contre-projet suivant : le lundi, mardi, jeudi et vendredi, 8 h 30-11 h 30 et 13 h 30-16 h avec une heure d’activités périscolaires un jour par semaine et le mercredi, 8 h 30-11 h 45. « L’objectif est d’alléger les après-midi pour un meilleur respect des rythmes de l’enfant », indique Hélène Dujardin, la déléguée FCPE 37. 
 
→  L’équipe éducative de l’école maternelle Charles Boutard a envisagé une autre solution : 8 h 30- 11 h 30, tous les matins, une pause méridienne de 11 h 30 à 13 h 45 et une fin d’école à 16 h. Ensuite, des activités comme de la musique, de l’aide éducative ou

Reportage 2.0 au collège Beaulieu

Le web 2.0 devient incontournable au sein des collectivités, université mais également dans le monde entrepreunarial. Qu’en est-il dans l’éducation? Quels changements le web 2.0 impose-t-il dans les établissements scolaires?

Mercredi, 11h, salle 205. C’est l’heure du cours d’arts plastiques pour la classe au collège Beaulieu de Joué-lès-Tours. Souris, claviers et ordinateurs ont remplacé pinceau, fusain et pastel. Mme Lequesne a choisi de faire cours en salle informatique. Au programme, aujourd’hui, détournement d’une œuvre d’art en publicité. Les élèves sont bruyants mais apprécient l’exercice.

Pour la professeure, les outils informatiques, imposés dans le programme, offrent un vrai intérêt : être en phase avec la création contemporaine mais pas seulement. « Tous les enfants en difficulté par rapport à la motricité fine ne sont pas du tout pénalisés lorsqu’ils travaillent sur ordinateur. Ils prennent alors confiance aussi bien en informatique qu’au cours des travaux plus manuels. » Pourtant, adapter son enseignement aux nouvelles technologies n’a pas toujours été très facile. « Au début, c’était pesant il fallait apprendre le fonctionnement des logiciels aux élèves maintenant les élèves en connaissent plus , ils ont acquis les bases. »

En salle voisine, M. Petiot, professeur de mathématiques et personne ressource du service informatique du collège, a troqué le marqueur, la règle et le rapporteur pour un stylet et un tableau numérique interactif depuis déjà quatre ans. Une vraie plus-value pédagogique pour le professeur qui offre « une richesse de possibilités et une souplesse d’utilisation ». Dans la salle, une dizaine d’ordinateurs est également reliée en réseau.

Le web 2,0 fait partie intégrante de l’enseignement au collège Beaulieu : en tout, l’établissement dispose de 90 ordinateurs dédiés à la pédagogie financés par le Conseil général et de trois tableaux numériques interactifs. L’investissement est lourd mais la directrice est certaine de son intérêt. « Actuellement, les élèves utilisent l’informatique comme un presse-boutons. Le collège leur permet de l’utiliser différemment. Le web 2.0 offre un richesse énorme de ressources. Il ouvre l’esprit des élèves. » La découverte des nouvelles technologies au collège est indispensable pour l’avenir des collégiens, affirme Céline Verheuge, chef du service éducation du Conseil Général. « On le voit professionnellement. Les compétences en informatique deviennent des compétences de base obligatoires. »

Une nouvelle relation parents-profs. En salle 206, à l’heure de dicter les leçons à ses élèves, M. Petiot utilise le cahier de textes numérique, une démarche imposée depuis la rentrée aux professeurs de l’établissement. « Cet outil aide certains collégiens à s’organiser. » Le site interactif du collège, dont il est à l’origine, offre d’autres fonctionnalités : enregistrement des absences en ligne, réservation du matériel, des ressources supplémentaires et notamment des vidéos. Des données auxquelles les parents ont également accès. Un moyen de suivre le travail de leur progéniture mais également de correspondre directement avec les professeurs. C’est la nouvelle relation parents-profs 2.0.

La Touraine à l’heure du web 2.0?

« Le web 2.0 est un vrai débouché »