Boulot : et si on sortait de sa bulle (et de son portable) ?

Mails, messagerie instantanée, veille sur les réseaux sociaux : oui, les outils numériques au bureau nous facilitent le travail. Mais ils sont aussi envahissants, au point que certains exigent un droit à la déconnexion pour les salariés. Avant d’étouffer dans notre bulle digitale, stoppons les mauvaises habitudes. Six astuces pour reprendre la main sur notre bureau digital.

TUE

JE CONSULTE MA MESSAGERIE PRO MÊME EN VACANCES À HAWAÏ

Vous n’êtes pas le seul : 41 % des cadres estiment ne pas pouvoir déconnecter en soirée et 29 % en congés. L’Humanité et L’Entreprise dénonçait déjà en 2011 « la laisse électronique » ; encore perçus comme des avantages, les smartphones et ordi portables sont devenus des fils à la patte. « J’ai refusé le téléphone et le portable de fonction, explique une cadre tourangelle. En cas de besoin, mon chef a mon téléphone perso et du coup, il ne m’appelle le week-end qu’en cas de vraie urgence ». Le rapport Mettling remis début septembre au ministre du Travail préconise le droit à la déconnexion.
« C’est indispensable, confirme Mickaël David, enseignant à l’IAE de Tours. Mais la jeune génération de salariés apprécie la flexibilité des horaires, préférant une longue pause méridienne pour faire du sport ou faire les boutiques et travailler le soir, contrairement à leur aînés qui, eux, apprécient de finir plus tôt. » Il faut donc conjuguer ces deux visions décalées, un grand écart que les managers peuvent pourtant réussir avec brio s’ils poussent leurs collaborateurs à échanger (autour d’une table, pas derrière un PC!). En attendant, préparez une réponse automatique d’absence (sans mentionner que vous êtes sous les palmiers).

JE N’ARRIVE PLUS À RÉPONDRE À TOUS LES MAILS

Hier matin, à 8 h 45, vous avez sélectionné les 35 messages qui étaient déjà tapis dans la boîte et cliqué « marquer comme lu ». Hop, ni vu ni connu. Une réaction normale : à raison de 5 minutes d’attention par message, si on en reçoit 50 par jour, on y consacre plus de 4 heures. Et pourtant, si tu ne réponds pas dans l’heure, ton correspondant croit que
1/il est tombé dans les spams,
2/ tu es en vacances au Tibet,
3/ tu le snobes.
Un peu d’empathie, que diable ! Si vous, vous n’arrivez pas à répondre, vos correspondants ont sans doute le même problème, alors évitez la surcharge informationnelle via des filtres : « est-ce utile, important, urgent ? » Oui, j’envoie. Non, j’envoie pas. Pour gagner du temps, planifiez des heures de consultation : par exemple à 9 h, 12 h, 14 h et 16 h. Et préparez des messages-type de réponse.

JE POLIS MA PAGE LINKEDIN AU MIRROR, J’AI UN COMPTE VIADEO QUI ENVOIE DU RÊVE

Pour attirer des contacts professionnels, ces pages doivent être irréprochables, mises à jour et enrichies de publications ou d’échanges sur les forums de chaque plateforme. L’exercice devient vite chronophage ! Il est préférable de choisir un seul réseau, le mieux adapté à votre secteur d’activité et d’effacer les vieux profils sur les autres comptes.
Et puis, ça peut sembler fou, mais il y a encore des gens qui trouvent du travail en envoyant un brave vieux CV papier. Les réseaux sociaux sont très utiles mais pas indispensables. On connaît même des journalistes qui bossent sans facebook ni twitter. Leur réseau ? Le café, les discussions avec la caissière ou la pharmacienne, à la sortie de l’école… IRL*, quoi. *In Real Life, ou Dans la vraie vie

JE CONSULTE MON SMART PHONE 246 FOIS PAR JOUR

Soit 2 fois plus que la moyenne des utilisateurs. Si c’est pour regarder l’heure, achetez une montre. Mieux, faites-en vous offrir une à Noël. Si c’est pour guetter les notifications, posez-vous sérieusement cette question : est-ce que vous soulevez 246 fois le combiné de votre téléphone de bureau pour voir s’il fonctionne ? Non ? Ben voilà.

JE PARTAGE TOUT CE QUE J’AIME SUR MON MUR FACEBOOK

Notre utilisation des TIC en tant que consommateur a des impacts sur l’entreprise. C’est parce qu’on consulte plus les réseaux sociaux le week-end et le soir que les buzz s’y répandent… obligeant les community managers, chefs de projets et autres chargés de relation client à être réactifs à des heures où ils préféreraient boire une limonade en terrasse. Être un consommateur responsable socialement, c’est donc aussi prendre le temps de réfléchir avant de retweeter ou partager dans la micro-secondes : « Pourquoi ça m’énerve ? Si je le partage, qu’est-ce que ça apporte de positif à ma communauté ? Et à cette entreprise ou cette personne impliquée ? »

JE BOIS MON CAFÉ EN LISANT TWITTER (ET JE CONTINUE DANS LE BUS, ET EN ALLANT AUX TOILETTES)

Le Fomo (fear of missing out), la peur de manquer quelque chose, a été démultipliée par les réseaux sociaux. Être curieux, c’est bien mais voir défiler 20 h / 24 des dizaines d’informations contradictoires ou sur lesquelles on n’a aucune prise fait parfois mal au ventre. Avant d’être contraint à prendre une mesure extrême comme une cure totale de déconnexion, offrez- vous un jour par semaine sans Internet. Est-ce que vous achetez chaque matin les 60 journaux qui paraissent en France ? Non. Ben voilà. Vous en manquez, des choses…

Paul Brunault : « prévenir l’addiction »

Paul Brunault est psychiatre et addictologue à l’hôpital Bretonneau. Il répond à nos questions sur la digital detox et les accros au numérique.

Pascal Brunault, addictologue à Bretonneau
Paul Brunault, addictologue à Bretonneau

L’addiction au numérique : qu’est-ce que c’est ?
Il existe deux types d’addiction : avec ou sans drogue. Il s’agit donc de la seconde. Ce qui est particulier dans ce type d’addiction, c’est que la personne n’est pas dépendante au digital en tant que tel mais plutôt à l’expérience agréable permise par les outils numériques. Internet est un média plus qu’un objet d’addiction. Par exemple, une personne dépendante des jeux en ligne va utiliser massivement Internet.

Comment identifier une addiction ?
Premièrement, il existe le critère dit de perte de contrôle. Lorsqu’on envisage de rester une heure sur l’ordinateur et que finalement on y reste cinq heures sans pouvoir s’en empêcher, c’est une envie irrépressible. Ensuite, la dépendance physique se traduit par un état anxieux, stressé ou irritable et par une augmentation progressive des doses pour avoir le même effet. Au départ, j’ai besoin de trente minutes par jour sur Facebook, puis pour me procurer le même plaisir, j’y reste une heure, puis deux…
Une addiction entraîne aussi des conséquences personnelles et sociales, lorsque l’activité emmène la personne à s’isoler. Un autre critère est celui de l’utilisation à risque. Il est moins appliqué dans les addictions sans drogue, mais il existe. Notamment au volant, lorsqu’une personne ressent le besoin de consulter son téléphone et qu’il y a donc un risque d’accident. Finalement, la question du temps passé devant un écran ne suffit pas pour diagnostiquer une addiction. Quelqu’un peut y passer beaucoup de temps sans que cela n’entraîne de dommages. L’addiction est présente lorsqu’une personne voudrait s’arrêter mais qu’elle n’y parvient plus.

Que pensez-vous des digital detox ?
Ce qui est intéressant dans la digital detox, c’est de rompre avec ses pratiques et prendre du recul sur celles-ci. Ça peut aider une personne à prendre conscience de son degré d’usage et de son besoin à utiliser les outils numériques. En revanche, après une cure, une dimension importante à prendre en compte est le retour dans le monde réel.

Quelles sont les conséquences des innovations numériques ?
Plus un objet est proche, plus il y a risque d’addiction. Prenons l’exemple du portable, effectivement il y avait moins de risque d’addiction avec le téléphone fixe ! Désormais, on peut emmener notre téléphone partout avec nous. La société rend ce type d’addiction particulier, car les nouvelles technologies sont omniprésentes, utiles et désormais indispensables. Finalement, on entre dans une normalité en utilisant les appareils numériques. L’enjeu n’est pas de s’en passer totalement mais de développer la prévention à l’addiction.

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