Hébergements d’urgence : Au cœur de l’hiver, la vie au gymnase

#EPJTMV Le gymnase des Fontaines de Tours a été aménagé en centre d’hébergement d’urgence pour les familles sans domicile pendant la période de grand froid. Reconduite jusqu’au mercredi 24 janvier, cette solution reste provisoire alors que l’hiver se poursuit.

Journée froide et blanche de janvier, ciel laiteux. Le gymnase des Fontaines est posé sur le bitume, comme une brique de Lego, entre l’arrêt de bus Mozart et la crèche de quartier. Un bâtiment du siècle dernier, grisâtre, sans artifice. A l’intérieur, les cris de Nahid emplissent l’espace et se substituent aux habituels crissements des baskets et rebonds des ballons.

Le garçon de 3 ans grogne, rigole et court entre les vingt-trois tentes disposées dans le gymnase. Comme les autres familles accueillies, la sienne est arrivée en France il y a quelques semaines. Venue d’Algérie, elle est installée depuis plus d’une semaine entre les quatre bâches blanches qui délimitent chaque espace.

Des familles renvoyées vers l’inconnu

Les températures ont opéré une chute vertigineuse vers le négatif en ce début d’année. A Tours, le plan grand froid s’est matérialisé par la réquisition d’un seul gymnase, pour une durée initiale d’une semaine. Le dispositif a été reconduit pour une semaine supplémentaire puisque le mercure ne remonte que très faiblement.

Mardi 17 janvier, dix places ont été ajoutées dans trois nouvelles tentes, à destination des hommes seuls sans abri. Mais dès mercredi prochain, les tentes seront repliées et les familles renvoyées vers l’inconnu. Elles devront trouver d’autres hébergements d’urgence afin de ne pas dormir dehors.  « Il faut une solution plus pérenne sur Tours, au moins pour les trois mois de l’hiver, et pas seulement pour une semaine ou deux. Il y a un réel manque de centres », déplore Mathieu Lagarde, salarié au sein d’Entraide et Solidarités.

Mathieu Lagarde est salarié au sein d’Entraide et Solidarités depuis un an. Photo : Baptiste Villermet/EPJT

Cette association vient en aide aux personnes en situation d’extrême précarité et agit sur d’autres sites permanents de la ville. Dans le gymnase, salariés et bénévoles s’occupent des besoins des bénéficiaires et distribuent leurs repas. Certains ont été embauchés pour une mission d’intérim d’une à deux semaines, la durée du plan grand froid. « D’habitude, je travaille avec les handicapés, et là j’ai été recrutée pour ce dispositif. C’était tout nouveau, mais je recommencerai l’expérience avec plaisir », explique Jennifer, tandis qu’elle dit au revoir à une autre recrue qui vient d’achever sa mission.

Jouets et cris d’enfants au milieu des lits de camp

Côté logistique, l’association gère aussi l’approvisionnement en nourriture. Dans de grands frigos professionnels sont stockés les plats préparés par la cuisine centrale de l’association. Ils sont réchauffés sur place, et distribués trois fois par jour aux quelque soixante-dix personnes qui les consomment sur les tables disposées au milieu du gymnase.  « Les tentes ont été apportées par la Croix-Rouge, et les lits de camp, c’est la Sécurité civile qui les fournit », explique Mathieu Lagarde, en arpentant les allées jonchées de jouets.

Le gymnase des Fontaines est le seul de l’agglomération tourangelle à ouvrir ses portes pour le plan grand froid. Photo : Baptiste Villermet/EPJT

Le mercredi, c’est le jour des enfants. Le jeune Nahid l’a bien compris et pour l’occasion, il a décidé de passer la journée en pyjama. Son grand frère, Younès, 9 ans, l’air rieur derrière ses lunettes carrées, essaye de le calmer un peu. Lui s’exerce aux arts plastiques dans le coin des enfants, une table où sont disposés jeux et crayons de couleurs. Il montre fièrement le coloriage de Spiderman qu’il vient d’achever.

Certains parents restent en retrait, et jettent des regards discrets vers leurs enfants derrière les bâches. D’autres s’amusent avec eux.   « Là-bas, les papas jouent avec un enfant qui n’est pas le leur. C’est ce qu’on observe beaucoup ici, la solidarité, la bienveillance entre les familles. La situation, la culture, la langue, les rapprochent », indique Mathieu Lagarde.

Au gymnase, les quinze enfants présents sont scolarisés le reste de la semaine. La plupart de leurs parents ne parlent pas le français et sont dans l’attente d’une régularisation. Malgré la précarité de la situation,  « tous sont d’une extrême reconnaissance et font tout pour nous aider », poursuit le salarié. Quant aux habitants des alentours, ils semblent avoir été touchés. En témoignent les dons spontanés de vêtements et de jouets qui s’entassent dans un coin. Le tumulte enfantin enveloppe, quant à lui, au moins pour un temps, le gymnase froid et gris du quartier des Fontaines.

Texte : Marie-Camille CHAUVET, journaliste en formation à l’EPJT

Photos : Baptiste VILLERMET, journaliste en formation à l’EPJT





Portfolio : Gymnastes, par Olivier Pain

C’est son travail le plus long : le photoreporter tourangeau Olivier Pain nous livre ici son reportage-photos des gymnastes de Saint-Pierre-des-Corps.

Olivier Pain, photoreporter tourangeau, le dit lui-même : « C’est le résultat d’un travail colossal. » Ce travail, c’est son reportage-fleuve sur les gymnastes du club PLSP de Saint-Pierre-des-Corps. « C’est le plus important que j’ai fait, le plus vrai… Celui qui me parle le plus », sourit le photographe, dont vous avez déjà pu suivre les travaux dans tmv.

« Gymnastes », c’est donc une production titanesque, débutée en 2011 et qui continue depuis. Plus de 10 000 clichés (editing fait) qui racontent l’évolution de ces filles entraînées par Olivier Quéro et la présence d’Olivier Pain dans cette véritable famille. « Il y avait une confiance à installer. J’ai appris à me déplacer dans le gymnase. En 6 ans, elles ont appris à me faire confiance. Au début, j’étais presque muet », raconte Olivier Pain.

Il est désormais intégré. D’ailleurs, la plupart des photos présentées ici sont faites au 50 mm : « Je suis très près d’elles. J’aurais pu faire quelque chose de plus graphique, mais là, le côté humain est omniprésent. » Mettre en valeur les performances de ces formidables gymnastes, certes, mais sans oublier la complicité et l’émotion qu’il y a derrière.

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Juin 2014 (Photo Olivier Pain)
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Octobre 2014 (Photo Olivier Pain)
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Mai 2013 (Photo Olivier Pain)
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Janvier 2011 (Photo Olivier Pain)
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Juin 2015 (Photo Olivier Pain)
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Janvier 2015 (Photo Olivier Pain)
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Janvier 2017 (Photo Olivier Pain)
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Mai 2015 (Photo Olivier Pain)
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Février 2015 (Photo Olivier Pain)
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Janvier 2015 (Photo Olivier Pain)
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Avril 2015 (Photo Olivier Pain)

> Pour voir d’autres photos : olivier-photoreportages.com/tag/gymnastes

Photos : Olivier Pain / Texte : Aurélien Germain

Jeune sur le ring

Joué-lès-Tours accueille la « Fête de la boxe ». Une occasion de remettre des gamins en selle, par le sport.

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La sueur dégouline de son front. Il enlève ses gants, encore essoufflé. « Ici, j’ai toujours le sourire. Franchement, c’est plus qu’un sport ». Karim, 19 ans, a déjà six ans de boxe derrière lui. Il a découvert au club du Morier une discipline qu’il « n’est pas prêt de lâcher ». Malik Mesbah l’observe d’un oeil bienveillant. Le vice-président du Comité départemental 37 de boxe anglaise (CD 37) compte attirer des jeunes vers son sport le 8 juin prochain, avec la « Fête de la boxe », une demi-journée d’initiation organisée à Joué-lès-Tours. À ses côtés, Wilfried Triolet, entraîneur à Monts et membre du CB 37, confirme. « On veut montrer la boxe sous tous ses traits et que les plus petits se fassent plaisir ».
La trentaine de sportifs enchaîne les exercices. Cordes à sauter, séances d’abdos. Le jeu de jambes est vif et leurs petits pas résonnent sur le sol du gymnase du Morier. Des cris d’épuisement parfois. Jafar, 14 ans, a le visage rougi par l’effort. « J’avais besoin de me défouler et la boxe est un excellent moyen », explique-t-il. Se calmer, évacuer le quotidien. Les mots reviennent dans la bouche de tous. « Quand j’ai commencé, il fallait que je me canalise, comme eux », continue Malik Mesbah.
Il voit aussi dans la boxe des vertus éducatives. « Les entraîneurs ne sont pas là seulement sur le plan sportif. On joue parfois les psychologues, les grands frères, Pôle Emploi », abonde-t-il, derrière sa carrure imposante. Avec l’idée, en filigrane, de faire de la découverte du sport une étape clé dans l’avenir de certains gamins.
Il raconte les histoires. Celle du grand frère qui pousse le petit à venir toutes les semaines à l’entraînement. « La boxe donne un cadre pour la vie de tous les jours. Elle évite de faire des conneries », glisse Karim. Son pote Jafar, la mine timide, dit avoir appris « le respect ». Sur le côté, Malik Mesbah se marre en entendant ses poulains. De sa voix grave, le grand gaillard prend du recul et conclut : « ils arrivent avec leurs rêves de Tyson et compagnie. Une image donnée par les médias. Mais ils voient autre chose ici. Ils grandissent avec nous et avec cette discipline ».
Guillaume Vénétitay


C’EST QUOI ?
La Fête de la boxe (sous-titrée « Faites de la boxe » est organisée par le Comité départemental de boxe anglaise (CD 37). Cela se passe devant le Super U (boulevard des Bretonnières) de Joué-lès-Tours, le 8 juin, de 14 h à 18 h. Il y aura un ring gonflable, des explications d’entraîneurs. Et bien sûr, à boire et à manger pour se restaurer après les combats. En cas de pluie, le rendezvous est fixé au gymnase du Morier.
PAS DE COUP
L’initiation sera effectuée par de la boxe éducative, c’est-àdire que les coups sont seulement portés et non donnés. Aucun risque pour votre bambin de revenir avec une blessure !
LA BOXE ANGLAISE
Les enfants seront initiés à la boxe anglaise, réputée comme la plus noble. Elle date du XVIIIe siècle. Seuls les poings sont utilisés pour porter des coups à l’adversaire, au visage ou au buste.
UN CHAMPION
Le Tourangeau Jérémy Ouanna est champion de France des lourds-légers. Il s’est initié à la boxe anglaise au club du Morier. « C’est le courage incarné. Il a enquillé des séances d’entraînements intenses pour en arriver là, enchaîné de nombreuses défaites avant de remporter des titres », raconte Malik Mesbah, admiratif.