Education : Tempête à l’Escem

Un préavis de grève a été lancé à l’Escem pour mercredi. En attendant, la colère gronde.

Préavis de grève pour ce mercredi, la rentrée est tendue à l’Escem.
Préavis de grève pour ce mercredi, la rentrée est tendue à l’Escem.

L’Escem, l’école de commerce de Tours, Poitiers et Orléans vit une rentrée des plus incertaines. L’école a perdu son grade Master en avril 2015, ce qui lui interdit de délivrer des diplômes Grandes Écoles au-delà de 2016. Une catastrophe dans un contexte rendu déjà très tendu par la déconfirure de l’aventure FBS (la fusion des écoles de Brest, Clermont et Tours-Poitiers-Orléans).
Où en est-on aujourd’hui ? Sur le plan pédagogique, on ne sera pas loin de l’année blanche. 876 élèves sont inscrits à l’Escem, dont 490 à Tours. 380 poursuivent le programme Grande école en 3e et 4e année. Ils ont pu effectuer leur rentrée mercredi dernier, mais grâce à un accord obtenu in extremis. Le reste des effectifs est composé, pour l’essentiel, des étudiants en Bachelor. La direction annonçait cette semaine, par la voix de Roger Dutoit, (directeur général provisoire), qu’elle allait présenter à l’automne « une nouvelle offre de formations professionnalisantes, destinées à former les managers de proximité de demain, dans les domaines, par exemple, du tourisme, de l’informatique, des RH ou de la logistique. » L’objectif étant de retrouver les 1 500 à 1 800 étudiants que comptait l’Escem avant le naufrage de la fusion.

Une stratégie qui tire, de facto, un trait sur le statut Grande école de l’Escem. Mais la poursuite des enseignements est suspendue à un préavis de grève illimité déposé pour ce mercredi et, bien sûr, à la difficile réorganisation des équipes dans la perspective d’un plan social particulièrement dramatique. Car, sur le plan social, la casse sera considérable. Sur les 215 personnes employées l’année dernière, il ne devrait pas en rester plus de 60 réparties sur les trois sites. Quant au montant de la facture à régler pour les CCI investies dans le projet, elle n’est pas encore connue, mais devrait s’avérer assez salée.

Reste également à déterminer les responsabilités juridiques et les fautes éventuelles des uns et des autres dans le dossier de la gestion de FBS. Un volet de l’affaire qui est, d’ores et déjà, aux mains de la Justice. Après le départ d’Yves Broussoux, qui avait fait l’objet d’une motion de défiance de la part du personnel, un nouveau président devrait être nommé avant la fin du mois.

Ecole de commerce de Tours : quel avenir ?

Depuis juillet dernier, l’école de commerce de Tours-Poitiers redevient autonome. Mais les dégâts financiers de l’ère FBS ont laissé des traces.

escem tours
Le plan social n’est pas à l’ordre du jour. Nous devons d’abord attendre de rectifier avec la formation continue et attendre les chiffres de l’année prochaine », explique Gérard Hoffman. Ce professeur d’intelligence Économique et Management fait partie du nouveau directoire de l’Escem. Il répond aux inquiétudes des salariés de l’Escem. Depuis la rentrée dernière, en effet, l’école de commerce de Tours a repris son ancien nom. Un retour décidé après l’échec de la France Business School.
Tentative loupée…
FBS, c’était une tentative de regrouper plusieurs écoles de province pour en faire une structure compétitive au niveau national. En deux ans, la mauvaise communication et la gestion compliquée ont eu raison du groupe. Avec des conséquences graves : en 2013, le nombre de nouveaux étudiants a chuté de manière catastrophique. Les écoles d’Amiens, Brest, Clermont et Tours-Poitiers-Orléans ont retrouvé leur autonomie. Une partie du personnel du campus tourangeau, qui a fait plusieurs fois grève contre cette fusion, redoute aujourd’hui le plan social. Même si certaines sources syndicales parlent d’un « rapport apaisé avec la nouvelle direction de l’Escem ». Gérard Hoffman répond avec calme : « Je suis raisonnablement optimiste. Nous investissons le marché de la formation continue pour pallier la baisse des inscriptions. Je sais que beaucoup de personnes à l’intérieur de l’école ont vécu la période FBS comme un traumatisme. »
« Renouer avec les valeurs »
La nouvelle direction de l’Escem se bat pour relever les comptes dans le rouge. Elle travaille également pour retrouver la reconnaissance de ses formations, perdue pendant la période FBS. « Nous allons passer devant une commission le 17 décembre prochain pour présenter nos formations et demander les niveaux Visa et le grade master, explique Gérard Hoffman. Nous revenons à ce qui a fait la réputation de l’Escem avec ses trois campus, à Orléans, Poitiers et Tours. Nous avions la 15e place nationale dans certains classements. Nous souhaitons renouer avec les valeurs qui ont fait le succès de l’Escem pendant 20 ans : une école de province sérieuse, ancrée sur son territoire et avec des valeurs sociales. »