Cap sur l’emploi avec la formation en alternance

Pourquoi et comment se lancer dans une formation en alternance : voici quelques clés pour ne rien rater !

67 % des élèves de CAP en 2022 ont trouvé un emploi dans les six mois suivant leur diplôme (Dares – 73 % pour les bacheliers professionnels), 75 % pour les diplômés du BTS, et on ne vous parle même pas des étudiants sortant d’une licence pro. Enfin si, on vous le dit quand même pour les diplômés de 2020 : 92 % ont trouvé rapidement un boulot, alors bravo !

L’alternance serait-elle donc la voie royale pour décrocher un emploi ? Pour certains métiers, la question ne se pose même pas : tous les métiers de l’artisanat ou du bâtiment par exemple, qui impliquent des savoir-faire techniques, pratiques, passent forcément par l’alternance, et depuis un bout de temps !

Coiffure, mécanique, menuiserie, cordonnerie, maçonnerie… Pas d’autre option que d’être sur le terrain pour devenir un pro. Et pour les élèves, c’est le moyen de toucher du doigt dès les premiers mois de formation le métier qui les passionne.

Pénélope, en CAP coiffure au Campus des Métiers de Joué-lès-Tours.et dans un salon de Tours centre.

Pénélope, en CAP coiffure au Campus des Métiers de Joué-lès-Tours et dans un salon de Tours centre, est ravie de son choix : « Mon stage de 3e m’a permis de confirmer que je voulais bien être coiffeuse, donc aller en seconde générale aurait été pour moi une perte de temps, car je savais ce que je voulais ! Et on n’est pas nul parce qu’on va en voie professionnelle, il faut arrêter les clichés : si c’est le métier qu’on veut faire plus tard, il ne faut pas hésiter ! »

Trouver un salon qui l’accueille n’a pas été simple, mais les efforts ont payé, et aujourd’hui Pénélope fait les shampooings, les soins, bientôt les couleurs, et dans quelques mois des coupes. Au CFA comme au salon, Pénélope est traitée comme une adulte, à 16 ans tout juste.

C’est sans doute la grosse différence pour les élèves qui choisissent l’alternance : on quitte le statut de simple élève pour endosser l’habit du salarié. Et ce, qu’on soit mineur en CAP, ou prochainement diplômé du supérieur. Pour Matthieu, qui a opté pour la licence en alternance pour sa 3e année de Bachelor Communication à Tours, avant un Master Diplomatie et relations internationales à Paris, « l’alternance m’a permis de monter en maturité, et j’aurais presque préféré commencer l’alternance dès ma deuxième année si c’était possible ».

Olga, étudiante en Bachelor Marketing & Communication.

Olga, aujourd’hui étudiante en Bachelor Marketing & Communication en alternance, a trouvé la formule qui lui convenait : « J’ai fait deux fois la première année de psycho, et je me suis arrêtée à la fin de la L2. C’était la période Covid, mais je crois que même en temps normal le système ne m’aurait pas convenue. J’avais besoin d’être un peu plus dans l’action. »

Si d’un établissement à l’autre, les rythmes de l’alternance varient (2 semaines sur 4 en entreprise pour les Bachelors de l’IUT de Tours, 3 jours par semaine chez Pigier, tous les après-midis pour les alternants du Cercle Digital…), le principe reste en effet le même : acquérir une véritable expérience professionnelle au cours de sa formation, en étant salarié d’une entreprise.

Salariés pas comme les autres

Congés payés, 35 h hebdomadaires, contrat de travail, arrêts maladie… L’alternant est en effet un salarié à part entière pour ce qui est du statut. Dans la pratique, charge à l’employeur de ne pas oublier que les alternants ne sont pas tout à fait des salariés comme les autres ! Encore en formation, c’est un expert en devenir, pas encore 100 % efficace sur les missions qui relèvent de son champ d’activité.

Et hors de question de lâcher l’alternant dans la nature : en entreprise comme dans son centre de formation, il est placé sous la responsabilité d’un tuteur ou d’une tutrice qui l’encadre tout au long de son année d’alternance.

Côté entreprise, il faut donc regarder plus loin que le bout de sa fiche de paie. Certes, l’alternant est rémunéré de 50 % à 100 % du Smic (selon son âge et son niveau de formation), avec une exonération de cotisations sociales. Il coûte moins cher qu’un professionnel qualifié, mais il est aussi là moins souvent, et n’a pas encore toutes les clés pour exercer son métier en autonomie totale. Attention ! L’alternant c’est aussi plein de bonnes choses : de l’énergie, l’envie d’apprendre, des compétences au goût du jour puisque sa formation est en cours, et plein de bonnes idées à apporter !

Texte et photos : Emilie Mendonça / Photo ouverture : Adobe stock


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Et si on imaginait la cantine de demain ?

Le menu végétarien à la cantine, débat épineux qui agite souvent des polémiques politiques un brin stériles, au gré de l’actualité politique. Le fait est qu’en réalité, les municipalités n’ont pas beaucoup de choix : la loi Egalim votée en 2018 prévoit l’instauration d’un menu sans viande au moins une fois par semaine !

Qui fait la loi dans les assiettes ?

Menus végétariens à la cantine, produits locaux et bio dans les assiettes… De l’école maternelle au lycée, les mairies, le Département et la Région sont les maîtres d’oeuvre de la restauration scolaire. Et les ingrédients d’un restaurant scolaire qui marchent sont presque toujours les mêmes, du fait de la mise en place de la loi Egalim, votée en 2018 et dont certaines mesures s’appliquent depuis l’an dernier.

Végé or not végé ?

Instaurer un menu végétarien dans les cantines, credo des écolos ? Certes, la mesure est depuis longtemps au programme, mais la loi Egalim votée en 2018 prévoit de toutes façons la mise en place obligatoire d’un menu végétarien une fois par semaine dans les restaurants scolaires.

À Tours, la municipalité va plus loin en offrant la possibilité aux familles de choisir pour leur enfant la formule mixte (avec un menu végé par semaine et d’autres jours un repas avec viande ou poisson), ou une formule 100 % végétarienne.

Du beau, du bon, du bio

La même loi Egalim instaure aussi l’obligation d’utiliser pour la préparation des repas 50 % de « produits durables et de qualité », dont 20 % de produits bio. Un sacré défi qui pousse les gestionnaires de restaurants scolaires à revoir la liste de leurs fournisseurs. Même si la plupart étaient déjà engagés dans la mise en valeur des produits locaux, la démarche n’est pas toujours simple au vu des grandes quantités nécessaires à la fabrication des repas : 7 300 repas environ pour les écoles de Tours, et 2 700 repas préparés à la cuisine centrale du collège Montaigne (Tours).

À Chambray-lès-Tours, on a fait un choix encore plus audacieux, avec la promesse d’une cantine scolaire 100 % bio et l’internalisation de la production de légumes. Comprenez : la mairie a embauché un maraîcher qui fournira en fruits et légumes la cuisine centrale de la ville !

Texte : Maud Martinez / Photo : Freepik

Etudes de santé : c’est compliqué ? On fait le point !

Il y a eu tellement de changements dans les études de santé qu’il est devenu un peu compliqué de s’y retrouver. Si on faisait un peu le point sur ce cursus qui est un de ceux qui séduisent le plus les étudiants ?

Depuis deux ans, la réforme des études de santé a pas mal chamboulé le paysage en médecine. Et en premier lieu, son premier cycle et sa première année qui a été totalement remodelée avec ses deux nouvelles voies d’accès aux études de médecine, maïeutique, odontologie ou pharmacie : le PASS (parcours accès spécifique santé) et la LAS (licence avec option « accès santé »).

Exit donc la PACES (première année d’études commune aux études de santé) qui n’a pas réussi, au terme de ses dix années d’existence, à convaincre de son efficacité. La principale cause de son remplacement réside dans son taux d’échec trop important. En 2019/2020, sur près de 60 000 étudiants inscrits en PACES à l’échelle nationale, ils étaient seulement 23 % à être admis en deuxième année d’études de santé, contre 77 % à devoir se réorienter.

S’il est trop tôt pour mesurer les effets de la réforme, les premiers chiffres révèlent que plus d’étudiants sont pris en deuxième année. Ceci est l’effet direct de la suppression du numerus clausus qui était lié à la PACES.

Un oral en deuxième session

Désormais le numerus apertus définit le nombre de places en fonction des besoins des territoires où sont installées les universités. Si le nombre de places augmente, la sélection reste la règle. On ne parle plus de concours mais le principe est identique. Ce sont les notes qui sont prises en compte à la fin du premier puis du second semestre : un classement permet de déterminer les admis directement en deuxième année.

Pour les autres, une épreuve a fait couler beaucoup d’encre : un oral en deuxième session. Comment, dans ce cas, se préparer au mieux à figurer en haut du classement afin d’intégrer l’année d’après ? Faut-il opter pour un PASS ou une LAS ?

En fait, tout dépend du profil de l’étudiant. Les LAS ont aussi été créées dans le but de diversifier les visages des futurs professionnels médicaux, d’ouvrir à des formations moins classiques. En PASS, les profils se révèlent avant tout scientifiques. Néanmoins, dans le contenu des études, il s’agit d’une année moins technique que l’ancienne PACES, plus à coloration santé. Pour Soulène, étudiante qui a effectué son PASS l’an dernier après un bac spécialité SVT et Physique-Chimie, les connaissances n’étaient pas difficiles à assimiler.

Gérer la quantité de travail

« C’est plutôt la quantité de travail qu’il faut savoir gérer. Nous avons, en première année, des cours abordables et intéressants mais nombreux, avec deux spécialités à choisir. Cela représente au minimum des cours de santé de 8 h à 12 h et plus de 60 heures de notre mineure le premier semestre.» La mineure, c’est aussi la nouveauté, censée faciliter les réorientations en cas d’échec, car il n’y a plus de redoublement en première année. Soulène avait choisi une mineure psychologie. Les mineures sont différentes selon les universités mais tournent souvent autour de la psychologie, philosophie, droit, langues.

En LAS, il faut souvent étudier deux années avant d’intégrer les études de santé. La mineure de la PASS devient ici la majeure et inversement. Les profils sont ici plus littéraires. Autre moyen d’accès : les passerelles qui permettent, avec un niveau Licence 3 ou master, de rejoindre la deuxième ou troisième année de santé. Elles peuvent représenter jusqu’à 5 % des places en moyenne dans les facultés.

Au final, le nouveau système des études de santé se révèle plus diversifié et complexe. Aussi est-il judicieux de s’informer au préalable sur les possibilités de ces nouvelles études lors des journées portes ouvertes des facultés ou sur leurs sites internet.

Aurélie Dunouau et Maud Martinez / Photo : Freepik

Tours : le nouveau visage de nos cours d’écoles

Dans les écoles Croix-Pasquier/Saint-Exupéry à Tours Nord, et Gide-Duhamel ainsi que Buisson- Molière à Tours centre, la cour de récré a changé de visage. Qu’en disent les principaux intéressés ?

Des copeaux. Encore des copeaux. Toujours des copeaux. Lorsqu’on évoque la nouvelle cour de l’école primaire Buisson-Molière de Tours avec les parents d’élèves, ou avec les enfants, le mot « copeaux » se fait étrangement une place dans la conversation.

« Il y a un amphithéâtre, des barrières autour du terrain de foot pour empêcher le ballon de sortir trop souvent, des ronds de couleur dessinés par terre, un potager, une grande structure en bois avec plein de choses où on s’accroche, on a les pieds sur un rouleau, on marche sur une poutre, on fait de l’escalade. À la maternelle ils ont des toboggans. Et il y a beaucoup de copeaux ! » s’exclame Jean, élève de CE2.

Lorsqu’on demande à sa camarade de classe Pauline ce qui est nouveau dans la cour, elle énumère : « des copeaux, le terrain de foot, la structure, et l’amphithéâtre ». Copeaux qui se retrouvent souvent collés aux chaussures ou pris dans les vêtements, au grand dam des parents.

Des copeaux… et des écoles en transition

Vient alors la question-clé : mais pourquoi ces copeaux de bois ? La réponse se trouve dans le programme de végétalisation des cours de récréation mené par la municipalité, dans le cadre du plan « Ecoles en transition ».

Franck Gagnaire, adjoint délégué à l’éducation, à la petite enfance et à la vie étudiante, résume ce programme « Récré en herbe » : « Les cours d’école en forme de grand rectangle de bitume ne correspondent plus aux attentes pédagogiques et aux nécessités climatiques actuelles. D’où le programme Récré en herbe qui consiste à « débitumiser » les cours, les végétaliser et les réaménager. On lutte ainsi contre les îlots de chaleur pour le bien-être des enfants et des personnels, on favorise la biodiversité et de nouvelles activités pédagogiques ou récréatives ».

Concertation durant plusieurs mois avec les élèves, les personnels enseignants et la municipalité, puis mise en place des nouveaux aménagements au fil de l’année scolaire suivante : il faut jusqu’à deux ans de travail pour voir naître une nouvelle cour comme celle de l’école Buisson- Molière. Là où l’éétablissement comptait 20 % de surface perméable non bitumée et 22 arbres, on trouve aujourd’hui 57 % de surface perméable et 62 arbres dans la cour. Un potager de 140 m2, un amphithéâtre extérieur, 930 m2 carré de gazon (contre 160 m2 auparavant). Et bien sûr, des copeaux, sur 453 m2.

« Les copeaux c’est bien car c’est mou », précise Pauline, l’une de nos deux expertes. On en déduit que pour tomber, ça fait moins mal. La maman de Jean confirme qu’elle a moins de bobos aux genoux à soigner, malgré une structure de jeux apparemment acrobatique.

Une cour de récré au top

Un grand succès, même si pour Pauline, cela remplace des jeux sympas : « Avant on jouait à chat, mais là tout le monde veut aller sur la structure », dit-elle, un peu déçue. Le terrain de foot n’est pas au centre de la cour, gommant un peu la domination sur l’espace commun de ce jeu masculin (eh oui, dès la primaire !). Le potager fait l’objet d’activités pédagogiques. La pelouse est pour l’instant un terrain de boue, du fait des courses-poursuites fréquentes. Les ronds de couleur peints au sol semblent délaissés. Pour Pauline, c’est sans doute un Twister, sans certitude.

« C’est le propre de l’appropriation d’un espace par ses usagers ! Parfois, les installations sont utilisées comme elles avaient été pensées. Mais pas toujours, du fait de la différence de points de vue et d’intérêt entre les enfants et les adultes », explique Julie Delalande, anthropologue de l’enfance et de la jeunesse travaillant depuis une vingtaine d’années sur les usages des cours de récréations dans les établissements scolaires (université de Caen / laboratoire Cirnef).

« Il y a vingt ans, la sécurité était la priorité : enlever les bacs à sable pour des questions d’hygiène, supprimer les haies pour pouvoir mieux surveiller, changer régulièrement les toboggans pour suivre les normes de sécurité. » Aujourd’hui, place à la verdure dans de nombreux projets à travers le monde, pour faire de la cour un espace agréable, pour le loisir, comme pour le temps pédagogique avec la classe à l’extérieur, comme c’est le permet l’amphithéâtre à Buisson-Molière.

Une chose est sûre : pour les principaux concernés, la cour est au top ! Pauline n’y voit qu’une seule amélioration possible, « ajouter des barrières pour protéger les plantes et la petite rivière ». Mission sensibilisation à l’environnement ? Réussie !

Textes : Maud Martinez – Photos : Ville de Tours

Être alternant(e) : vos droits… et vos devoirs !

Presque tous les métiers peuvent se préparer par une formation en alternance. Grâce aux aides de l’État, les entreprises ont de plus en plus la possibilité d’accueillir des jeunes. Mais être alternant, c’est adopter un statut très particulier, avec des droits mais aussi, des devoirs.

Faire financer sa formation par son entreprise

DROIT

Si les formations en alternance peuvent parfois coûter plusieurs milliers d’euros en frais d’inscription, pour les bénéficiaires, pas d’inquiétude : c’est en effet l’employeur qui doit financer le coût de la formation, tant pour le contrat d’apprentissage que pour le contrat de professionnalisation. En échange, l’étudiant-salarié s’engage à respecter droits et devoirs qui lui incombent.

Respecter les règles de l’entreprise

DEVOIR

Être en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, c’est être un salarié de l’entreprise et respecter les mêmes règles que les autres employés. Cela peut sembler évident, mais rappelons-le quand même : respecter les horaires de travail définis avec l’employeur et le règlement intérieur ; passer la visite médicale d’embauche ; se comporter avec professionnalisme avec les collègues, les supérieurs, les clients, les fournisseurs ; justifier de ses absences.

Transmettre son arrêt de travail

DEVOIR

En cas de maladie, il est essentiel de faire établir un arrêt-maladie par son médecin traitant, à transmettre à l’employeur et à la sécurité sociale. Attention ! Même si l’arrêt a lieu durant la période de formation, il faut respecter cette procédure, sous peine de se voir ôter des jours de salaire pour absence injustifiée !

Bénéficier des congés payés, mutuelle, droits sociaux et aide aux transports

DROIT

Comme tout salarié, l’alternant bénéficie de cinq semaines de congés payés par an. Il cotise aussi pour sa retraite et pour ses droits au chômage : à l’heure de l’allongement de la durée de cotisation, c’est un droit important ! Comme ses collègues, l’alternant peut souscrire à la mutuelle d’entreprise, souvent avantageuse en termes de tarifs puisqu’elle financée en partie par l’employeur.

Il peut aussi demander la participation aux frais de transport : l’entreprise paye obligatoirement 50 % de l’abonnement aux transports publics. Certaines entreprises choisissent aussi de rembourser une partie des frais de déplacement avec véhicule personnel (voiture ou vélo).

Profiter des tickets restaurants et du comité d’entreprise

DROIT

L’alternant a accès au comité d’entreprise, au même titre que n’importe lequel de ses collègues. Les tickets restaurant ou chèques-déjeuners doivent également lui être proposés. Et c’est un avantage non négligeable : ces titres restaurants sont financés au minimum à 50 % par l’employeur, et ils permettent d’acheter son déjeuner ou de payer une partie de ses courses alimentaires !

Être un étudiant modèle

DEVOIR

Tout comme il le fait au sein de son entreprise, l’alternant se doit de respecter les règles de son établissement de formation. Être présent aux cours, passer les évaluations et examens, et s’investir dans sa formation : le but, c’est de décrocher son diplôme ou sa qualification professionnelle, et sans travail et assiduité, c’est compliqué !

Obtenir sa carte d’étudiant ou d’apprenti

DROIT

Et tous les avantages qui vont avec ! Cinéma, salles de spectacles, clubs sportifs… De nombreuses structures proposent des tarifs étudiants : avec la carte d’étudiant ou d’apprenti qui est délivrée par l’organisme de formation, à vous les sorties et loisirs à prix réduits !

Être accompagné en entreprise et en formation

DROIT

Même s’il est salarié, l’alternant est en formation, il ne faut pas l’oublier. À ce titre, il doit être accompagné en entreprise par un tuteur, qui le guidera dans l’accomplissement de ses missions et l’acquisition de nouvelles compétences, tout au long de son contrat. L’organisme de formation assure lui aussi un suivi, via un formateur chargé de veiller au bon déroulement de l’alternance. En cas de difficulté, ces deux interlocuteurs doivent répondre présent pour aider l’alternant à sortir de l’impasse.

Percevoir des aides

DROIT

L’alternant peut prétendre à certaines aides qui lui sont réservées, comme l’aide au logement Mobili- Jeune (cumulable avec les APL). Les différentes régions proposent aussi des aides complémentaires qui concernent aussi bien le logement que le transport ou les loisirs. Et comme étudiant, il a accès aux services du CROUS. Souvent peu connue, l’aide Départ 18-25 de l’ANCV est une autre belle opportunité ! L’Agence Nationale des Chèques Vacances peut en effet financer les vacances des 18-25 ans jusqu’à 250 € par an (et au plus pour 80 % des frais de séjour). Si pour le grand public, il faut justifier d’une situation financière précaire, le fait d’être engagé dans un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation donne accès au dispositif sans conditions de ressources.

Ces métiers que l’on pense « genrés » : tout est (pourtant) possible !

Pas plus qu’il n’y a des jeux pour les filles et d’autres pour les garçons, il n’existe pas de métiers interdits aux unes ou aux autres. Ce qui compte, c’est la passion et, même si parfois le chemin est rude, tout est possible !

Des femmes cheffes cuisiniers étoilées, d’autres qui commentent les matchs de foot ou de rugby masculins à la télé, ou encore des hauts gradées dans les métiers de la sécurité… Cela aurait été impensable il y a encore quelques années. Signe que les mentalités ont évolué. Mais attention, ne nous emballons pas, ces exemples médiatiques demeurent des exceptions dans certains domaines. Les évolutions sont lentes…

Car dans les faits, « on observe une ségrégation genrée très forte, avec des métiers surreprésentés chez les femmes et chez les hommes à la fois au niveau numéraire et symbolique », analyse la sociologue Marie Buscatto. « Si la mixité progresse dans certaines professions qualifiées, la polarisation des métiers entre les hommes et les femmes s’accentue du côté des emplois moins qualifiés. »

Socialisation marquée dès l’enfance

Dans son livre « Sociologie du genre », elle relève que quasiment la moitié des emplois occupés par les femmes sont concentrés dans une dizaine des 86 familles professionnelles : aides à domicile et aides ménagères, assistantes maternelles, agentes d’entretien, aides-soignantes, infirmières et sages-femmes, secrétaires, vendeuses, employées administratives de la fonction publique, enseignantes, employées de la comptabilité, employées administratives d’entreprise, employées de maison.

Dans ces métiers, plus de 77 % des employés en moyenne sont des femmes. En cause, une socialisation marquée qui s’applique dès l’enfance, dans les goûts, les pratiques sportives et culturelles, et dans le choix de l’orientation. Dans leur vie professionnelle, « les jeunes filles sont confrontées à la dévalorisation de leur métier quand elles vont vers des métiers masculins alors que les hommes sont confrontés à une dévalorisation de leur personne quand ils exercent un métier féminin », décrypte la sociologue.

Yann Maurel-Loré, esthéticien

Sont-ils des vrais garçons ? C’est la question qu’est habitué à entendre Yann Maurel-Loré, esthéticien et créateur de la marque bio Estime et Sens. Marié, père de trois enfants, on lui demande souvent s’il n’est pas homosexuel. Âgé aujourd’hui de 52 ans, il était le premier homme diplômé d’un BTS d’esthétique en France.

« Il y a 30 ans, l’esthétique pour un homme, c’était seulement être maquilleur ou vendeur de parfum. Aujourd’hui, les esthéticiens sont plus nombreux avec la clientèle homme qui augmente. J’en connais aussi trois qui exercent en cabine pour faire de l’épilation pour femmes. » Une petite révolution dans le milieu.

Pour y parvenir, « à partir du moment où la famille vous suit, je ne vois aucun obstacle. Il faut être motivé, passionné et également respectueux, car certains hommes arrivent dans le métier en terrain conquis, comme si c’était gagné. Non, il faut faire ses preuves. »

Grégoire, « sage-femme »

Montrer ses compétences avec humilité, c’est également ce qu’apprend à faire Grégoire, nouveau « sage-femme » à l’hôpital. Diplômé l’année dernière, il fait partie des 2 % d’hommes dans ce métier. « Ma famille exerçait dans le soin donc je ne me suis pas rendu compte que c’était un métier féminin. C’est quand je me suis retrouvé le seul mec à l’école que j’ai compris ! Je n’ai eu aucun problème au niveau de l’apprentissage à l’école même si j’étais vite repéré. Au CHU, les patientes et leurs maris ont peu l’habitude d’avoir un homme sage-femme mais la plupart des réticences se résolvent par le dialogue. Je n’ai eu qu’un seul refus de patiente pour le moment. »

Pourquoi donc si peu d’hommes dans ce métier alors que la profession de gynécologue est largement exercée par des hommes ? « Je pense qu’un homme gynécologue est socialement plus accepté qu’un sage-femme, explique Grégoire. Si les conditions salariales étaient plus intéressantes dans mon métier je pense que ce serait plus attractif pour les hommes. »

En effet, la question de la rémunération et du prestige social semble essentielle pour les jeunes hommes. Les chiffres prouvent que les métiers féminins attirent peu les hommes. Mais une fois qu’ils choisissent cette voie, aucune difficulté ne semble s’opposer à eux.

Elsa Berthelot, tailleuse de pierre

À l’inverse, du côté des métiers masculins, la tendance est à une ouverture plus large aux femmes. Tels les métiers du bâtiment où Elsa Berthelot, tailleuse de pierre, a fait sa place à seulement 26 ans en tant que chef d’équipe dans une entreprise artisanale. « Je suis femme et plus jeune que mes collègues mais cela se passe bien. Il y a des besoins dans ces métiers qui recrutent alors si on est motivée, il n’y a pas de raison que cela ne marche pas. »

Dans les métiers de la sécurité, les femmes sont également de plus en plus embauchées. Des métiers qui jouissent d’une bonne image, socialement utiles, et valorisés dans les séries télé, ça crée forcément des vocations. Pour autant, les femmes doivent toujours se battre pour percer dans ces postes.

Émilie Juquois est sapeur-pompier professionnelle, elle était la première femme pompier professionnelle de terrain dans son département au début des années 2000 (lire aussi ICI). Un poste nommé « homme du rang »… Elles sont aujourd’hui 20 sur 400 pompiers à exercer tous postes confondus. 20 en 20 ans, cela évolue, mais très lentement…

D’après l’expérience d’Émilie, « il faut avoir de la volonté et être à fond. Physiquement, car il faut parfois tirer des cordes, des tractions, porter des matériels lourds, monter dix étages en urgence. Mais c’est possible, on s’entraîne pour et le matériel évolue aussi. Quant au regard des collègues masculins, ils s’enthousiasment vite sur nos efforts et trouvent qu’on assure pour un rien, mais, globalement, que ça évolue positivement. Pour y arriver, il faut se démarquer, être bonne en sport, passionnée. » À 42 ans et 20 ans de carrière chez les sapeurs-pompiers, Emilie ne regrette pas un instant sa vocation.

Textes : Aurélie Dunouau et Maud Martinez – Photos : Freepik

Ecoles à Tours : opération rénovation (énergétique !)

La Ville de Tours prévoit un investissement de 73 millions d’euros pour la rénovation énergétique ou la reconstruction de onze écoles.

La future école Jean De La Fontaine. (© Visuel cabinet Alta, architecte Gwenaëlle Le Chapelain)

Les faits

L’école maternelle Jean de la Fontaine, à Tours, va être démolie pour être reconstruite avec une ossature en bois. Agrandie (cinq classes contre trois), elle sera également isolée avec de la paille et des bardages en bois, et un toit en zinc (voir photo du visuel architecte ci-dessus). L’orientation de l’établissement tiendra compte de l’ensoleillement et la cour devra éviter les îlots de chaleur.

D’après la municipalité, 80 % de l’espace sera consacré « au jeu et au végétal » et « 20 % au béton clair plutôt que du bitume ». Les travaux, qui doivent commencer en 2022, s’achèveront normalement en 2024. Près de 7,5 millions d’euros seront investis pour cela.

Le contexte

Cette reconstruction est l’une des grandes lignes du plan « écoles en transition » de la nouvelle majorité : 73 millions d’euros doivent être consacrés à la rénovation énergétique ou la reconstruction de onze écoles d’ici à 2027.

D’autres établissements sont concernés par ce projet global. Il s’agit de l’école élémentaire Claude-Bernard (pour une démolition et reconstruction) et de la primaire Camus-Maurois (pour l’aspect restauration et une extension). Il y aura aussi la rénovation énergétique de la primaire Gustave-Flaubert, l’élémentaire Giraudoux, la maternelle/élémentaire Arthur-Rimbaud. Mais aussi la démolition- reconstruction-extension des maternelles Marie-Curie, Kleiber, Mermoz et l’élémentaire Maryse-Bastié.

Le point de vue

Pour le maire Emmanuel Denis, cette rénovation de l’école Jean De La Fontaine est « un projet exemplaire ». L’adjoint à l’éducation, Franck Gagnaire, estime pour sa part que cette école était trop petite. « La partie élémentaire a été reconstruite en 2014, la maternelle attendait son tour. » Quant au programme global concernant les autres écoles, Emmanuel Denis a déclaré : « Cela fera onze passoires énergétiques en moins. Soit un gain de 150 t de gaz à effet de serre généré par la Ville en moins. »

Aurélien Germain

Formation : une année hors norme !

Enseignement à distance, nouveaux bacheliers, remise en cause des départs à l’étranger… Aux aléas habituels d’une année de formation s’ajoutent les imprévus.

En mai 2020, 82 % des lycéens et étudiants interrogés par l’IFOP admettaient privilégier la proximité géographique de leur lieu d’étude pour décider de leur orientation. En même temps, pourquoi quitter la Touraine, alors qu’on y est si bien ?

Plus sérieusement, au-delà du voeu de rester proche de sa famille, il est fort probable que le spectre du Covid-19 continue de planer sur le futur des lycéens et étudiants. Dans les établissements privés comme à l’Université de Tours, le confinement du printemps a obligé enseignants et étudiants à passer du jour au lendemain à l’enseignement à distance.

« L’exigence académique est restée la même »

La qualité de la formation en a-t-elle souffert et les futurs diplômes perdront-ils en valeur ? Non, pour Cécile Goi, Vice-Présidente de l’Université de Tours en charge de la Formation et de la Vie Universitaire : « Il n’y a pas eu d’inertie ou d’arrêt des formations au moment du passage à distance, et l’exigence académique est restée la même, grâce à l’investissement des personnels de l’Université et des étudiants. »

Rien n’indique toutefois que l’enseignement supérieur serait prêt à adopter durablement la pédagogie du blended learning qui mélange distanciel et présentiel : « À l’Université, nous avons opéré cette adaptation dans l’urgence, pour assurer la continuité pédagogique. Mais il est difficile de dire si cela serait intéressant sur le long terme : la pédagogie à distance peut être bonne, si elle s’inscrit dans une préparation et une didactique spécifiques ; et ce serait oublier l’importance du présentiel qui fait de l’université un lieu de vie, d’échange, d’apprentissage et d’exercice de la citoyenneté. »

Impact sur les formations

Et malgré la mise en place réussie des outils d’enseignement à distance, la crise Covid-19 a tout de même eu un impact sur certaines formations, qui incluaient des échanges Erasmus à l’étranger ou des stages en entreprise, pour beaucoup mis entre parenthèses cette année, et sans doute l’année prochaine…

Mais ce n’est pas là la seule nouveauté de cette rentrée et de la suivante. La plateforme Parcoursup où les futurs bacheliers enregistreront leurs voeux d’orientation ouvrira en effet ses inscriptions le 20 janvier à la première génération « nouveau bac ». Avec lui, finies les filières comme L, ES ou S : depuis la rentrée 2019, les lycéens suivent des enseignements de tronc commun à tous, auxquels s’ajoutent trois options en première, et deux options en terminale.

Les cocktails possibles sont a priori infinis, mais forcément conditionnés par les offres de chaque établissement… et par les souhaits d’orientation des élèves, qui confronteront rêves et réalité dès l’ouverture du catalogue de formations sur la plateforme web, en décembre.

Enfin, un autre changement modifie le paysage des études supérieures, avec en 2021 la disparition définitive de la première année d’études de santé PACES (Parcours d’Accès Spécifique Santé). Cette année, elle coexiste déjà avec ses deux remplaçants : le PASS (Parcours Accès Santé Spécifique) et la L.AS (Licence Option Santé). « Nous avons observé un appel d’air important sur l’entrée dans les études de santé, explique Cécile Goi. Aujourd’hui, l’Université de Tours compte 1 300 étudiants dans ces filières en première année, mais le passage en deuxième année reste sélectif. »

Entre Covid-19 et réformes, les formations de demain seront donc forcément placées sous le signe de l’inédit !

Maud Martinez


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Nouveau Bac : la foire aux questions

Le nouveau bac change vraiment la donne. Pour y voir plus clair, nous avons choisi de répondre à quelques-unes des questions les plus souvent posées par les lycéens.

C’est vrai que le bac, ce ne sera que du contrôle continu ?

Non. La part du contrôle continu dans le nouveau bac, c’est 40 % de la note. 10 % provient des bulletins de 1ère et de terminale et les 30 % restant viennent d’épreuves de contrôle continu. Chaque lycéen doit passer deux épreuves en première et une en terminale et il peut choisir le moment où il veut les passer, en fonction de son avancée. Ce seront des devoirs ou des exercices sur table, sur le modèle des bacs blancs actuels. Et, pour que tous les lycéens soient égaux, les sujets des épreuves seront choisis dans une liste nationale de sujets, les copies anonymes seront corrigées par d’autres professeurs que les vôtres.

Quelles sont les matières qu’on ne passera plus en épreuves terminales ?

Ce sont l’histoire-géo, les deux langues vivantes, l’enseignement scientifique (grande nouveauté assez contestée de la réforme) et l’enseignement de spécialité que vous aurez décidé d’abandonner en 1re et qui seront évalués dans le cadre du contrôle continu en fin d’année. L’EPS reste évaluée comme actuellement en terminale.

Cette réforme, c’est vraiment la fin des séries ?

Oui, pour les séries L, ES et S. Tous les lycéens en voie générale suivent les mêmes enseignements : français en première, philosophie en terminale, histoire-géographie, enseignement moral et civique, deux langues vivantes, EPS, enseignement scientifique. Puis tous choisissent 3 enseignements de spécialités en 1re (4 h chacun) et deux en terminale (6 h chacun). On peut ajouter une option au cocktail si on le souhaite (3h) et même en prendre un en terminale (dans un liste spécifique), même si on n’en avait pas en première. Du coup, si on a envie, on peut reproduire les anciennes filières avec le jeu des enseignements de spécialités, mais on peut aussi panacher en fonction de son profil et de son projet.

Et pour la voie techno, ça se passe comment ?

Les séries ne changent pas, puisqu’elles ont été repensées il y a peu. La nouveauté, c’est que tous les lycéens suivent désormais les mêmes enseignements communs. Les enseignements de spécialités en 1re puis en terminale changent selon la série choisie.

Finalement, on passera quoi en terminale ?

À la fin de la terminale, il y aura quatre épreuves pour les bacs généraux : deux épreuves de spécialités, une épreuve de philo pour tous et un oral. Tout cela comptant donc pour 60 % de la note. L’épreuve de français en première (écrit et oral) reste inchangée.

C’est quoi cette histoire d’oral final ?

C’est une des grandes nouveautés de la réforme. Cet oral durera 20 minutes et portera sur un projet mené par l’élève depuis la classe de première, en lien avec un de ses enseignements de spécialité de l’élève. L’intérêt est de préparer les lycéens à s’exprimer à l’oral et devant des personnes étrangères. C’est une compétence essentielle dans le monde professionnel.

Est-ce qu’il y aura toujours le principe du rattrapage ?

Oui, bien sûr. Pour obtenir son bac, il faut avoir une moyenne de 10/20 à l’ensemble des épreuves. Si on obtient moins de 8 de moyenne, on est recalé, mais si on obtient entre 8 et 10, on peut aller aux épreuves de rattrapage. Le candidat est interrogé dans les enseignements qui ont fait l’objet d’une épreuve terminale écrite : français, philosophie, et les deux enseignements de spécialité suivis en terminale. Si les notes obtenues à l’oral sont supérieures aux notes initiales obtenues à l’écrit dans ces enseignements, elles s’y substituent et le jury recalcule la note globale à l’examen en tenant compte de la meilleure note dans chaque enseignement. Et voilà !

Et les options, ça sert à quoi ?

À part le latin et le grec qui offrent des possibilités de points bonus coefficient 3 (pour encourager les élèves à étudier les langues anciennes), les options ne donnent plus de bonus. Elles sont intégrées à l’évaluation des bulletins de 1ère et de terminale qui compte pour 10 % de la note globale.

Fermeture de classe : Le collège Léonard de Vinci se mobilise

Une classe de 6e doit être supprimée au collège Vinci à Tours. Les enseignants protestent.

Collège Léonard de Vinci / Google Maps

Lundi 1er juillet au matin, devant le collège Léonard de Vinci à Tours, une vingtaine d’enseignants et de parents d’élèves se sont rassemblés.

Ils protestaient contre la fermeture d’une classe de 6e prévue à la rentrée prochaine de septembre. Un courrier a été transmis à l’inspection d’académie d’Indre-et- Loire, rappelant l’inquiétude grandissante quant au projet de fermeture d’une des 5 classes actuelles par le rectorat.

Dans les colonnes de la NR, Didier Jalans, prof d’histoire-géographie, a indiqué : « Si l’académie maintient son projet, nous aurions des effectifs supérieurs à 30 élèves par classe, avec plusieurs traducteurs ou accompagnants (AESH) dans des salles qui ne sont pas prévues pour cela. »
Le collège accueille effectivement de nombreux élèves sourds ou malentendants.

Un représentant du rectorat devait recevoir les parents et enseignants en colère, mardi 2 juillet.

[MISE A JOUR 04/07/2019 : Les enseignants ont finalement obtenu gain de cause. Le directeur académique renonce à fermer une des 5 classes

Classe inversée : une révolution pédagogique ?

Donner un cours aux côtés des élèves et non pas uniquement en face d’eux, c’est le principe de la classe inversée. Découvrez cette pédagogie qui se développe avec ce lexique désordonné !

Rapide et amusant, les test Plickers font participer toute la classe.
Rapide et amusant, les test Plickers font participer toute la classe.

On l’appelle pédagogie « inversée » car elle bouscule les codes du cours traditionnel magistral. Le professeur ne délivre plus seulement un savoir devant les élèves qui l’écoutent sagement, il les invite beaucoup plus à échanger en classe et à interagir avec lui ou avec les autres élèves. Une pédagogie du « côte à côte, plutôt que face à face » comme le définit Héloise Dufour présidente de l’association Inversons la classe.

En pratique, l’élève réalise chez lui des tâches simples via des vidéos et des supports numériques. Il a ainsi accès aux cours avant la leçon et peut y retourner à tout moment de l’année. En classe, il étudie ensuite les notions dites complexes à travers une pédagogie active (travaux de groupes, argumentations…).
Le professeur aura ainsi plus l’occasion de « répondre à des questions que les élèves se posent, plutôt qu’à des questions qu’ils ne se posent pas », résume le ministère de l’Éducation qui promeut cette nouvelle façon d’enseigner. Une Semaine de la classe inversée, du 30 janvier au 3 février, permettra d’ailleurs d’entrer dans ces classes différentes.

À Tours, six classes inversées ont été mises en place au lycée Sainte-Ursule depuis septembre. Cécile Cathelin professeure de lettres et Delphine Péron professeure de mathématiques appliquent cette méthode de la seconde à la terminale. Petit lexique pour mieux comprendre.

À Sainte-Ursule, deux classes sont dédiées à cet enseignement et équipées d’un vidéoprojecteur et d’un ordinateur.
À Sainte-Ursule, 2 classes sont dédiées à cet enseignement et équipées d’un vidéoprojecteur et d’un ordinateur.

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I… comme îlot

9 h. Des élèves de seconde rentrent en classe de maths avec Delphine Péron. Ils s’agglutinent devant le bureau. « T’es avec qui ? » Ils sont placés par groupe de cinq ou six sur des « îlots » de tables dispersées dans la classe. Ainsi disposés, ils vont travailler ensemble pour construire le cours et l’expliquer à leurs camarades.
Delphine Péron s’assoit à leurs tables pour leur donner des explications. En Français, le placement est choisi. Pour Cécile Cathelin, professeure de lettres, « cette disposition permet de construire une relation plus proche avec les élèves ».

P… comme « Plickers »

« Tournez la figure que je vous ai distribuée en positionnant la lettre de votre réponse vers le haut », demande l’enseignante de maths. La question et trois réponses s’affichent au tableau. Les élèves lèvent non pas le doigt mais leur feuille. Et là, surprise, Delphine Péron sort son smartphone et balaie la pièce avec sa caméra. En un instant, l’application « Plickers » scanne les figures et calcule le taux de bonnes réponses. Tout va très vite. Ces outils numériques sont nombreux dans la pédagogie inversée, ils permettent de gérer le temps autrement et de capter l’attention des élèves.

W… comme web

Les deux professeurs alimentent leur site : vidéo, plan de travail, jeux interactifs, exercices, notes de cours, méthodologie… « Ceux qui n’ont pas vu la vidéo ont manqué quelque chose, maintenant, vous pouvez mettre vos écouteurs et la regarder sur votre téléphone », suggère Cécile Cathelin en cours de français. Le smartphone devient un outil de travail.

À côté des manuels scolaires, des outils familiers : l’ordinateur et le téléphone.
À côté des manuels scolaires, des outils familiers : l’ordinateur
et le téléphone.

A… comme autonomie

L’objectif, c’est aussi de préparer les élèves à des méthodes universitaires en leur donnant des outils et une organisation : « J’ai pas eu le temps », se plaint une élève de première. « Applique la méthode, APR : anticiper-planifier- réviser », lui répond sa professeur de français la renvoyant vers le plan de cours.

S… comme solidarité

« On souhaite que les élèves s’entraident », explique Delphine Péron. Cette façon de faire peut déstabiliser les bons éléments, habitués à retenir les notions en cours et à moins travailler chez eux. Pour ceux-là, c’est aussi apprendre à partager ses connaissances.

E… comme effervescence

« S’il-vous-plait, moins de bruit ! » C’est le risque avec les cours non-magistraux ! Cela peut même freiner certains professeurs à utiliser cette méthode. Les élèves chuchotent, parfois rigolent, se lèvent en toute liberté, mais ils ont du travail et une note de groupe !

La personnalisation de la salle, rend créatif les élèves et créé une ambiance chaleureuse
La personnalisation de la salle, rend créatif les élèves et créé
une ambiance chaleureuse

B… comme bac

« Parce qu’il y a le bac, on ne peut pas appliquer cette méthode » est un argument des profs réfractaires. Pourtant les devoirs sur table sont toujours d’actualité dans ces classes et les élèves sont plus motivés. « Actifs, ils retiennent dix fois plus », explique Delphine Péron.

D… comme diffusion

La mise en place de cette pédagogie inversée au lycée a fait quelques émules parmi les 68 enseignants de l’établissement. Sophie Gaspar, en histoire-géo, Marie Hersperger, en lettres, Mariel Murciano en espagnol et Johan Guiton, professeur de musique ont emboîté le pas sur une partie de leurs cours.

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La discussion en petit groupe permet d’établir un lien entre les élèves et les professeurs.

Pauline Phouthonessy

Pédagogies nouvelles : ces écoles qui innovent

Tmv s’est rendu à l’école démocratique, un établissement alternatif qui vient d’ouvrir à Tours. L’occasion de faire le point sur les écoles et les enseignants qui développent de nouvelles pédagogies.

À l’école démocratique, chacun est libre de vaquer à ses occupations.
À l’école démocratique, chacun est libre de vaquer à ses occupations.

Confortablement installé, le dos calé contre une chauffeuse, Lucas, 13 ans, lit une bande dessinée. Juste à côté, Anouk et Gauthier se reposent sur un matelas. Dans cet espace dédié au repos, il est interdit de faire du bruit : c’est la « salle calme » de l’école démocratique de Tours. Ouverte depuis le mois de septembre, c’est la dernière née des écoles alternatives de l’agglomération tourangelle.

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Des livres et du matériel pédagogique sont à disposition des jeunes.

Aujourd’hui, elle accueille neuf jeunes, qui rencontraient des difficultés dans le système scolaire. « C’est une communauté de vie sans hiérarchie, dont les membres sont les jeunes, les salariés et les bénévoles. Ils participent au conseil d’école, qui établit les règles. Chaque personne détient une voix donc bien sûr, les enfants sont majoritaires », explique Frédéric Miquel, le coordinateur scientifique de l’association Objectif 100 %, qui a créé l’école. Lui estime que le fonctionnement démocratique permet de responsabiliser les jeunes. Et pas question de déroger aux règles définies ensemble. Sinon, un conseil de justice est organisé pour rétablir l’ordre.

Ce matin-là, Pierre joue, Laura dessine et Gauthier surfe sur sa tablette : « Ici, je peux travailler en autonomie. En anglais, par exemple, je choisis moi-même mes exercices », apprécie l’adolescent. L’école repose sur le principe des apprentissages autonomes : les enfants sont libres de déterminer leurs objectifs et leur travail. Libres, aussi, de ne rien faire. Et pour cause, il n’y a ni cours, ni programme. Seule obligation : être présent 5 heures par jour, 36 semaines par an minimum.

« LE PROGRAMME S’ADAPTE À L’ENFANT, ET NON L’INVERSE »

Un fonctionnement bien éloigné du système scolaire, et même des autres écoles alternatives de Touraine. À la Maison des enfants, par exemple, chaque élève suit un programme individualisé. « C’est le programme qui s’adapte à l’enfant, et non l’inverse », souligne Sylvie Boutroue, la directrice de cette école Montessori. Ici, les deux ambiances de classes (3-6 ans et 6-10 ans) font la part belle à du matériel beau, bien rangé et placé à la portée de l’enfant. « La pédagogie Montessori met l’accent sur la manipulation et l’expérimentation. Elle porte attention à l’environnement éducatif — le climat scolaire, la salle et les objets — afin de favoriser les apprentissages », précise Laurence Cornu, professeur de philosophie de l’éducation à l’université François-Rabelais. Si les élèves se déplacent librement et choisissent leur matériel, ils sont soumis à des règles : « Nous nous adaptons aux besoins de l’enfant, pas à ses désirs. Le respect d’autrui, l’ordre et le calme sont essentiels », ajoute la directrice, qui cherche de nouveaux locaux pour répondre à une demande croissante.

L’école du Petit Pommier fonctionne selon la pédagogie Steiner.
L’école du Petit Pommier fonctionne selon la pédagogie
Steiner.

Noémie Peter- Gyan est la maman de deux enfants scolarisés à la Maison des enfants : « Ici, j’ai vu mon aîné s’épanouir, développer sa confiance en lui et son envie d’apprendre. » Même son de cloche du côté de l’école Steiner du Petit Pommier : « Les enfants sont confiants, autonomes et font preuve d’empathie. Ils développent une intelligence globale qui leur permet de s’adapter rapidement à l’école traditionnelle », estime Julien Piron, directeur de l’école. Libérées de la contrainte des programmes, ces écoles sont « hors-contrat ».
Soumises à une autorisation préalable, elles ne sont contrôlées qu’après leur ouverture : « Nous vérifions le respect des normes d’hygiène, la sécurité, les moeurs et la progression des élèves. Le cas échéant, le préfet peut intervenir pour fermer une école », déclare Yvonnick Rouyer, inspecteur adjoint au directeur académique. Ces écoles ne bénéficiant d’aucune subvention de l’État, les frais de scolarité vont de 2 500 € à 4 000 € par an. Ce n’est pas à la portée de toutes les bourses…

Qu’en est-il dans les écoles publiques ? En dehors de quelques établissements expérimentaux, les pédagogies nouvelles se développent au gré d’initiatives individuelles, selon le principe de la liberté pédagogique : « L’enseignant est soumis à deux contraintes : le respect des programmes et du socle commun de compétences. En revanche, libre à lui de choisir les méthodes pour y parvenir », indique Yvonnick Rouyer. Lisa fait partie de ces professeurs qui ont choisi d’enseigner autrement, grâce à la pédagogie Freinet : « Dans ses principes et ses valeurs, c’est une pédagogie pour l’école publique, pour une éducation populaire et laïque, insiste l’enseignante tourangelle. C’est essentiel car elle peut bénéficier à tous les enfants. » Dommage que ces initiatives ne bénéficient pas d’une meilleure visibilité. À quand des écoles publiques Freinet ?

Par Nathalie Picard

Des collégiens triés sur le bracelet

#EPJTMV. Aux collèges Christ-Roi et Sainte-Jeanne-d’Arc, deux établissements privés, les élèves portent constamment un bracelet de couleur correspondant à leur comportement. Un principe éducatif qui pose bien des questions. Reportage.

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Pour votre reportage, vous ne venez pas là uniquement afin de chercher la petite bête ? », nous demande un brin tendu Olivier Boyer, chef d’établissement du collège privé Christ-Roi. Après notre passage au collège privé Sainte-Jeanne-d’Arc, où l’on aurait posé « des questions trop pointilleuses » à Claudine Abraim, chef d’établissement, notre venue était attendue (et redoutée ?).
Et pour cause : le système de « bracelets d’autonomie » instauré dans ces deux établissements fait débat. Le principe ? Porter constamment un bracelet de couleur correspondant à un certain nombre de points acquis ou perdus selon le comportement de l’élève. Plus le collégien a de points, plus il a de droits. « La couleur du bracelet n’est pas liée aux notes, c’est en rapport avec l’autonomie et la responsabilité des élèves », explique Claudine Abraim. Chaque semaine, l’élève gagne un point. Mais au moindre écart (bavardage, oubli de matériel ou de bracelet, leçon non sue, travail non fait, etc), il est sanctionné par une perte de points.

Image10Les droits et les couleurs des bracelets varient sensiblement dans les deux établissements. À Sainte-Jeanne-d’Arc, le meilleur bracelet est violet, avec 24 points. Le moins bon, blanc. À partir de 14 points (soit 14 semaines de cours sans perte de points), un élève peut « lire en étude » quand il a terminé son travail. Plus surprenant, avec le bracelet violet, l’élève se voit accorder « la gratuité de l’étude le soir ».
Au Christ-Roi, les élèves avec le plus de droits obtiennent un bracelet vert avec 30 points, ceux avec le moins de droits en ont un rouge. Avec le bracelet vert, l’élève peut « choisir un camarade qui sera dans sa classe l’année suivante ».  Dans les deux cas, les élèves au meilleur bracelet ont accès au « graal », d’après Claudine Abraim : une salle où ils peuvent être indépendants et et qu’ils peuvent décorer à leur goût (la « salle violette » à Sainte-Jeanne-d’Arc et le « foyer » ouvert aux 4e et 3e à Christ-Roi).

Capture4Seul bémol, et pas des moindres : le foyer n’existe pas encore au Christ-Roi. « On nous promet cette salle depuis l’année dernière, mais elle n’existe toujours pas. Résultat : avoir un bracelet vert n’est pas vraiment intéressant », confie Anne*, élève de 4e. À Sainte-Jeanne-d’Arc, cette salle convoitée existe mais elle ne paye pas de mine. Elle est d’ailleurs fermée pour dégradation. « Les élèves doivent apprendre à respecter les règles », souligne Claudine Abraim. Ce système, impulsé par Olivier Boyer, est né au collège Sainte-Jeanned’Arc en 2009 : « On s’est demandé : et si on autorisait certaines choses à certains élèves au lieu de tout interdire à tout le monde comme le fait le règlement intérieur ? Avec les bracelets, on dit merci aux élèves qui ne nous cassent pas les pieds. » Alors qu’il change d’établissement il y a trois ans, il décide d’implanter ce fonctionnement au collège Christ-Roi. « C’est un  dispositif qui est loin d’être parfait, précise-t-il, mais on espère qu’il encourage les élèves, qu’il les amène à plus d’humilité et de confiance en eux. »  Sans surprise, la plupart des élèves avec les bracelets de la meilleure couleur sont plus favorables au système.Capture3
« Les droits que l’on nous accorde sont assez intéressants », explique Juliette, élève en 4e au Christ-Roi, qui a le meilleur bracelet, le vert. Mais tous ne sont pas cet avis. « Ces bracelets ne servent à rien, c’est de la ségrégation, comme dit ma mère. Je préfèrerais que personne n’en ait », explique Anne. Son ami Julien*, en 4e, a lui un bracelet rouge. Il est contre ce système. « Les élèves avec un bracelet vert sont vus par les profs comme les bons élèves, et ceux avec un bracelet rouge comme les mauvais élèves. Il y a du favoritisme. Quand on a un mauvais bracelet, on est stigmatisés. »

CaptureEt si certains estiment que les droits qui leur sont accordés sont intéressants, d’autres sont mitigés. Maxime*, en 3e » à Sainte-Jeanne-d’Arc, est très critique : « C’est un peu la prison ici. Il n’y a pas beaucoup de droits intéressants, ça ne vaut pas le coup de faire des efforts. Pour ceux qui n’ont pas le meilleur bracelet, il faut tout négocier et avoir une bonne excuse afin d’avoir accès au moindre droit. » Du côté des anciens élèves aussi, le constat est en demi-teinte. Andréa, passée par Sainte-Jeanne-d’Arc et maintenant en 1ere, recommande ce  système. Elle a gardé le meilleur bracelet de la fin de la 6e jusqu’à la 3e. « Pour moi, ce système fonctionne très bien, je n’en retiens que du positif. » À côté d’elle, son amie Shauna, qui avait un bracelet d’un niveau inférieur, tempère. « Les groupes d’amis étaient souvent composés d’élèves possédant un bracelet de même couleur. C’était quand même très strict mais maintenant que je suis au lycée, j’ai l’impression d’être plus autonome que ceux qui n’ont pas bénéficié du système. » Image8

Si ce système pose des questions, il n’est pas unique en France. On le retrouve notamment en Loire-Atlantique, au collège privé Saint-Joseph, à Machecoul. Là-bas, c’est la couleur des cartes qui donne des droits. Dans l’école élémentaire Sainte-Geneviève à Luynes, les enfants aussi sont récompensés pour leur attitude. Mais là-bas, aucune matérialisation. Les enfants n’ont ni carte, ni bracelet. Leur « couleur » est simplement écrite sur un tableau exposé en classe. « Si nous étions une plus grosse structure comme le Christ-Roi, ce serait sûrement plus facile d’être réactif avec une couleur exposée, par exemple sur un bracelet », explique Marie Robin-Brossard, chef d’établissement et professeure en petite et moyenne section.

Capture2Dans ces deux collèges, les bracelets ont pris une part très importante dans la vie des élèves. S’ils le montrent à l’entrée de Sainte-Jeanne-d’Arc et dès qu’ils ont besoin de prouver qu’ils ont le droit de faire quelque chose, ils deviennent aussi un moyen d’identification. Lola, élève au Christ Roi, soupire : « Maintenant, quand on parle à quelqu’un qu’on ne connaît pas, on ne demande pas son prénom mais la couleur de son bracelet. »

*Les prénoms ont été modifiés.

Reportage de Jeanne Laudren et Chloé Marriault
Photos de Nathanja Louage et Victorine Gay

EXTRAIT DU RÈGLEMENT INTÉRIEUR DU COLLÈGE SAINTE-JEANNE-D’ARC

Bracelet blanc : de 0 à 3 points.
Pas de droits particuliers.

Bracelet jaune : de 4 à 8 points.
Droit d’exercer ses fonctions de délégué Droit de participer à un club ou au spectacle de fin d’année Droit d’accompagner un élève ou de se rendre au secrétariat sur demande d’un professeur

Bracelet rose : de 9 à 13 points.
Droit d’accès à un ordinateur de la salle d’étude pour réserver ses cours au choix Droit de se faire prêter une clé par un adulte de l’établissement Droit d’être responsable d’un club (à partir du niveau 5e)

Bracelet vert : de 14 à 17 points.
Droit de lire en étude quand on a plus de travail. Droit de proposer son aide à la cantine des maternelles. Droit d’accès à la zone de “travail de groupe” dans la salle d’étude.

Bracelet bleu : de 18 à 23 points.

Droit d’accès à une salle d’étude autonome sur la pause méridienne. Droit de choisir une heure pendant les cours au choix du vendredi après-midi.

Bracelet violet : 24 points.
Droit de choisir sa place en classe (si accord du professeur ou du surveillant). Droit d’être en étude autonome (sur décision du surveillant) ou dans une salle annexe à la salle de cours (sur décision du professeur). Droit d’avoir accès à une salle sur une pause déjeuner, et aux récréations, ou l’on peut écouter de la musique, avoir un accès libre à des ordinateurs… Gratuité de l’étude le soir. Membre de droit d’accès à la zone d’ordinateurs dans la salle d’étude. Droit de déjeuner au rez-de-chaussée. Droit de sortie libre pendant l’étude du soir.

Ces profs qui filent la pêche aux enfants !

Il y a quelques semaines, à la rédaction de tmv, on se racontait la rentrée des enfants… Puis est née l’idée d’une galerie de portraits. Envie de parler autrement du métier d’enseignant, de montrer ceux qui donnent envie aux enfants d’aller à l’école. Si, si, c’est fou, mais ça existe. La preuve en images.

Image8ISABELLE DE SAINT-LOUP,

ENSEIGNANTE EN CE1 À L’ÉCOLE SAINT-MARTIN, TOURS

« Tous les matins, c’est un grand bonheur de venir en classe », s’enthousiasme toujours Isabelle de Saint-Loup, à deux ans et demi de la retraite. Les yeux bleus pétillants, elle se présente aux élèves comme elle est, pas seulement une maîtresse, mais une personne dans toute sa globalité. Entière et passionnée, elle se raconte sans crainte et nourrit son métier de sa vie extérieure.
Son credo ? « Conjuguer rigueur et fantaisie, discipline et détente. » Toujours dans le souci de permettre à chaque élève d’exprimer sa singularité. « On ne doit pas s’ennuyer chez maîtresse », leur dit-elle souvent. Quand ils ont fini leur travail, ils peuvent se reposer dans une pièce adjacente à la classe ou se lancer dans une nouvelle activité : « Je prévois toujours des exercices supplémentaires pour ne pas freiner l’élan des plus rapides, tout en prenant du temps avec ceux qui rencontrent plus de difficultés. » Ce qui l’émerveille, c’est « cette étincelle qui surgit dans le regard d’un enfant lorsqu’il a compris. » Ce qu’elle appelle « la beauté de la compréhension ».

FABIEN MAIGNAUT,Image6

PROFESSEUR DE TECHNOLOGIE AU COLLÈGE DU VAL-DE-L’INDRE, MONTS

« La technologie, c’est une matière concrète, ancrée dans le réel. » Une spécificité que Fabien Maignaut sait bien exploiter pour susciter l’intérêt des élèves. Dans sa salle de classe, de la fraiseuse à l’imprimante 3D, les jeunes mettent la main à la pâte. Le cours magistral ? Très peu pour lui : « C’est ce qu’on me demandait en début de carrière, mais je ne m’y retrouvais pas. Heureusement, la pédagogie a évolué. Aujourd’hui, je travaille sous forme de projets. Ça me permet d’aborder le programme tout en construisant le cours avec les élèves. Rien n’est figé. »
En troisième, ils créent et vendent un prototype de produit. De vrais entrepreneurs : « Étude de marché, conception, coût… Nous simulons le fonctionnement d’une entreprise. » Certains élèves auront même le privilège de présenter leur création lors d’un salon des jeunes inventeurs. De quoi motiver les troupes. Une satisfaction ? « Voir des élèves s’investir et s’épanouir dans leur projet. » Certains, lui en reparlent même plusieurs années après.

Image9LAURENT COSTE,

PROFESSEUR DE LETTRES MODERNES ET DE THÉÂTRE AU LYCÉE VAUCANSON, TOURS

« L’option théâtre, j’y cours ! Je viens ici avec grand plaisir », affirme Méline, lycéenne en terminale. L’enseignant qui fait courir ses élèves s’appelle Laurent Coste. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son envie de partager et de transmettre porte ses fruits. Une question essentielle guide sa réflexion : « Comment déclencher une prise de parole ? » Face à la résistance des élèves, il teste de nouvelles techniques. 20 ans d’enseignement, et toujours l’envie de se renouveler. Son approche ? « De plus en plus ouverte. L’enseignant est seul face à sa préparation, ses élèves et ses copies. Dans ce métier de solitude, il faut ouvrir les murs : aller au théâtre avec les élèves, nouer des partenariats avec des comédiens ou des libraires… Sortir de l’entre-soi. »
Son lien avec les jeunes, il le décrit comme une relation teintée d’échanges, de spontanéité et de bienveillance : « Je suis d’abord là pour leur redonner confiance. Je leur dis souvent qu’il y aura forcément du bon dans ce qu’ils vont produire. » Les élèves, eux, le lui rendent bien.

PASCALE DELPLANQUE,Image5

ENSEIGNANTE EN PETITE SECTION DE MATERNELLE À L’ÉCOLE JEAN DE LA FONTAINE, CHAMBRAY-LÈS-TOURS

« Quand je serai grande, je serai maîtresse. » Pascale Delplanque était l’une de ces petites filles à la vocation précoce. « Enseigner, c’est une évidence », affirme-t-elle encore après 33 ans de carrière. Dans sa classe, c’est un peu comme à la maison. Chaussons aux pieds, les enfants peuvent regarder tranquillement des livres sur le canapé, préparer le repas dans la cuisine, coucher bébé dans sa chambre ou téléphoner. De beaux espaces de jeux, mais pas seulement : « Dans la cuisine, nous avons appris à mettre le couvert. S’occuper d’un bébé est l’occasion de parler d’hygiène corporelle. Ces espaces sont agencés pour que les enfants apprennent à jouer ensemble et à se parler. »
Développer le langage et vivre avec les autres, ce sont les apprentissages essentiels de cette première année d’école. « Il y a des règles et je leur explique pourquoi. Une fois ce cadre posé, je leur laisse une grande liberté. » Pascale les emmène souvent en sortie, à la découverte du monde extérieur : « J’aime la spontanéité des petits. Avec eux, c’est toujours l’aventure. »

Image7ISABELLE BOURGOIN,

ENSEIGNANTE EN POSTE D’APPUI À LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES (PARE) À L’ÉCOLE NELSON-MANDELA, CHÂTEAU-RENAULT

Lorsqu’un enfant est triste, Isabelle Bourgoin lui propose un « bon de gros chagrin » : il peut y inscrire ce qui l’affecte, le garder ou le déposer dans son « pot à soucis ». Ce genre d’outils, l’enseignante en a inventés plus d’un, chacun dans un objectif précis : gérer ses émotions, développer sa confiance en soi ou apprendre à vivre en groupe. « Je me suis vite aperçue qu’il n’était pas simple de réussir à transmettre des apprentissages. Si l’enfant n’est pas disponible pour se mettre au travail, ça ne marche pas. »
Face à ce constat, elle s’interroge : comment donner envie d’apprendre ? En questionnement permanent, l’enseignante trouve des pistes dans ses lectures ou lors de formations. « Pour les motiver, j’utilise des jeux, des activités en musique ou en mouvement. Quant à la relaxation, elle me permet de développer leur concentration. » Cette année, elle n’a pas de classe attitrée, mais intervient auprès d’élèves en difficulté : « Je peux leur accorder plus de temps. Ils apprécient qu’un adulte s’intéresse vraiment à eux. »

UNE ENSEIGNANTE D’ANGLAIS,Image11

DANS UN COLLÈGE DE L’AGGLOMÉRATION TOURANGELLE

Elle n’avait pas envie de se mettre en avant, pas envie de se raconter. Mais une fois la discussion lancée, elle avait beaucoup à dire sur son métier. « Je suis professeur d’anglais, mais ce qui m’importe, au-delà de ma discipline, ce sont les liens avec les enfants. » Des liens qu’elle tisse petit à petit, à force de patience et d’observation. Et avec du temps, beaucoup de temps : « Les collégiens, c’est un public compliqué, mais c’est justement ce qui me plaît. Il faut passer du temps avec eux pour les connaître. C’est important. Ça me permet de comprendre pourquoi, à un moment donné, un jeune n’est pas disponible pour travailler, à cause d’une difficulté familiale par exemple. »
Et l’apprentissage de l’anglais ? « On parle une langue pour communiquer. Les voyages et les correspondances avec des anglophones permettent de donner du sens aux apprentissages. Du vécu et de vrais échanges, c’est quand même plus joyeux. »

MAVILLE_dernier portraitDOMINIQUE LEROUX,

PROFESSEUR DE LETTRESHISTOIRE AU LYCÉE PROFESSIONNEL NADAUD, À SAINT-PIERRE-DES-CORPS

« Je me suis reconverti dans l’enseignement par conviction et réalisme. » Ancien animateur socio-culturel, Dominique Leroux souhaitait aller plus loin dans l’accompagnement des jeunes. Quinze ans après, il ne regrette rien. Ses trois mots d’ordre ? Respect, ambition et empathie. « Le respect que l’on se doit mutuellement, c’est essentiel. L’ambition, car je crois que la vie ne mérite pas d’être médiocre. Quand mes élèves ne sont pas assez ambitieux pour eux-mêmes, je le suis pour eux. Et l’empathie, car elle me permet de les comprendre. »
Les élèves subissent souvent leur orientation en lycée professionnel. « Notre travail, en équipe, c’est de leur montrer que ce n’est pas une voie de garage. Ça peut être une voie d’excellence, s’ils s’en donnent la peine et s’ils reprennent confiance. » Car souvent, leur passage au collège les a abimés. Depuis la rentrée, Dominique Leroux est chargé d’accompagner des jeunes en décrochage : « Les élèves, quelque soit leur parcours, sont tous éducables. » Un discours optimiste qui lui permet d’avancer.

Portraits réalisés par Nathalie Picard