L’amour par les (gros) mots !

Manon Moncoq, jeune étudiante en anthropologie à Tours, est aussi éditrice. C’est elle qui a réédité l’excellent Dico des gros mots cachés dans les mots, de sa maman Edith. Au-delà d’un parcours étonnant, une belle histoire d’amour entre une fille et sa mère.

Manon Moncoq, avec les livres réédités (Photo tmv)
Manon Moncoq, avec les livres réédités (Photo tmv)

C’est l’histoire d’un livre. Coquin mais malin, insolent mais savant. C’est l’histoire d’une fille et de sa mère. C’est une histoire de mots, d’amour, de vie. Manon Moncoq a 21 ans. Elle est étudiante en anthropologie à Tours. Mais elle aussi et déjà éditrice. Elle édite Edith. Sa maman. Auteure, par ailleurs, du jubilatoire Dico des gros mots cachés dans les mots.
Pour tout comprendre, il faut remonter dans le temps. Direction les 4 ans de Manon. À cette époque, elle est « en mode pipi caca zizi », comme elle le dit. Sa mère l’habille d’une salopette et lui dit qu’il y a deux gros mots cachés dans son pantalon. Si elle les trouve, elle peut lui dire dans le creux de l’oreille. « Il y a salope et pet ? », ose Manon. « Vite, cache-les dans tes poches, car les gros mots, ce n’est vraiment pas beau. Et si tu veux en dire, tu n’as qu’à dire ceux qui sont cachés dans les mots normaux », lui répond sa maman Edith. L’idée de son fameux dico était née. L’ouvrage paraîtra en 2008, en auto-édition. Un petit trésor, fondé sur des bases étymologiques et des définitions très personnelles et qui dévoilent « la fesse cachée des homonymes », comme l’écrit Edith. Canne à pet, corps nichons, ou encore con joint et précis pisse… Autre exemple ? « Chie ouah ouah : de l’argot chier “ emmerder ’’ et de ouah ouah “ aboyer ’’. Petit chien de merde. »

(Dessin David Gouzil)
(Dessin David Gouzil)

Le petit ouvrage cartonne. Dévoilant même sa grivoiserie sur Canal +, encensé par l’animatrice Daphné Bürki. Edith, ancienne directrice de création dans la pub « qui rêvait d’être écrivain », dixit sa fille Manon, voit son oeuvre devenir collector. Et puis arrive 2011 . La voix de Manon devient plus sourde quand elle raconte. Écrit en son propre nom après une cessation d’activité 8 ans auparavant, la justice décide qu’Edith n’a plus le droit de commercialiser son livre. Retiré de la vente. Un coup de massue terrible. « J’avais 16 ans. Pour moi, ce n’était pas possible. C’était une injustice. J’ai attendu d’être majeure pour l’éditer. Je l’ai fait pour elle, pour notre histoire », se souvient Manon.

En 2014, boulimique de lecture, amoureuse des mots, la toute jeune Manon se retrouve donc propulsée à la tête de Tache d’encre, sa maison d’édition rien qu’à elle. Un monde qu’elle ne connaît pas du tout. Chronophage, alors qu’elle doit aussi jongler avec ses (longues) études. Après un passage par Poitiers, Manon est aujourd’hui en master d’anthropologie à Tours. Son objectif ? Décrocher le doctorat.
Alors concilier l’édition et les cours, « c’est difficile certes, mais ma mère m’a toujours tiré vers le haut ». De toute façon, Manon, qui partage sa vie avec Châtellerault (normal, sa maman y est), s’est donnée à 200 % dans cette aventure. « Le monde éditorial est dur. En 2016, c’est laborieux. Mais c’est une richesse », dit-elle. Avant de rappeler de nouveau que derrière tout ça, il y a aussi « mon amour pour ma mère ». « C’est l’un des plus beaux cadeaux que je lui aie fait », souffle-t-elle. Fin 2014, Manon permet donc à sa mère de rééditer son célèbre dico. Une sorte de best-of, cette fois agrémenté d’illustrations. « Interdit aux personnes majeures sans esprit », comme le dit Manon dans un sourire. Une sortie qui sera assombrie par le drame de Charlie Hebdo quelques jours plus tard. La date de sortie du deuxième opus, en novembre 2015, tombera pendant l’horreur du Bataclan. Double peine.

DES MAUX AUX MOTS

(Dessin Laurence Bastard)
(Dessin Laurence Bastard)

Manon est toujours aussi fière de sa mère. De « ce projet fou ». Parvenir à éditer ce Dico des gros mots cachés dans les mots. Deux cent trente pages cachottières à souhait. Enquillant les coquineries, les drôleries et l’amour de l’étymologie. Vingt dessinateurs, recrutés sur Facebook, illustrent la chose. Zéro censure. Manon déteste ça de toute façon. « On défend la cause de l’artiste qui est aujourd’hui bafouée », ose-t-elle. Alors ici, le subversif côtoie le salace, le caustique s’acoquine avec la gauloiserie. « Totale liberté. C’est leur premier jet ! »

Finalement, Manon Moncoq, 21 ans, étudiante et éditrice, c’est qui, c’est quoi ? Le symbole de l’amour d’une fille pour sa mère ? Oui. Parce que Manon a voulu faire de cette aventure un projet commun par tous les moyens. Effacer les sales années et montrer à tout le monde à quel point celle qu’elle considère comme sa « meilleure professeure » réussit à « faire parler les mots ». « Elle m’a ouvert les yeux sur la littérature. Elle aime la poésie qu’il y a dans une phrase. Mais au-delà de ça, je suis très proche de ma maman. L’édition du Dico a concrétisé nos relations. Nos parents sont très importants. Je me demande parfois comment certain(e)s peuvent les rejeter », ajoute Manon, visiblement touchée, les yeux qui brillent.

Le futur, les projets ? Manon hésite. Ne sait pas trop. « On en discute beaucoup », tient-elle tout de même à souligner. En attendant, avec cette saga du Dico, c’est une jolie page qui s’est tournée. La claque de 2011 et de la première version retirée du commerce est passée. Pensant à sa mère, la fille susurre : « On a eu notre revanche… »

> Le dico des gros mots cachés dans les mots, d’Edith (Tache d’encre éditions). 22 €.
> Ledicodesgrosmotscaches.com

(Dessin Christian Creseveur)
(Dessin Christian Creseveur)

Parc Futuroscope : le test !

On a fait un tour au Futuroscope, pour tester quelques-unes des nouveautés 2016, mais aussi se refaire les classiques. Entre fun, sensations fortes, spectacles et divertissements intelligents.

Image1Lapins Crétins

Vous le savez, à tmv, on est parfois un peu crétin. Inutile de dire qu’on se réjouissait de faire un tour aux côtés de nos potes, les Lapins crétins. Si le trip ne dure pas très longtemps, le voyage vous fait en revanche parcourir l’Histoire. Préhistoire, Grèce Antique, Far West ou encore les premiers pas sur la Lune… mais sauce Lapins crétins, bien sûr.
C’est stupidement délicieux, très potache (big up les prouts) et joliment réalisé : l’attraction (connue sous le nom La Machine à voyager le temps) est en 5D. Décors mouvants, écran 3D, sièges qui bougent ou encore souffle dans le visage. Les enfants adoreront. Les adultes aussi. Plaisir coupable.

La Vienne Dynamique

Depuis 1994, l’attraction fait office de passage incontournable. Parce que La Vienne Dynamique, c’est un peu le trip local, une façon différente de découvrir les environs de Poitiers. Et surtout continuer à se marrer bêtement devant un arbre qui parle et vous éternue dessus (littéralement), un type qui essaye de sauver son mariage et vous emmène dans une course effrénée. Ça bouge, ça tremble, ça secoue.

 Chocs cosmiques

L’un de nos coups de cœur ! Chocs cosmiques vous installe dans des sièges inclinés, un dôme au-dessus de vos têtes qui vous emmène aux confins de l’univers. Lorànt Deutsch (qui, habituellement, nous agace un tantinet) fait ici la voix-off et nous sidère dans ce voyage intersidéral. C’est admirablement bien expliqué, la narration est parfaite, oscillant entre infos riches et passionnantes, et touches d’humour. Les animations 3D et l’immense écran HD s’occupe du reste. Décrochage de mâchoire. Wow.

Dynamic !

Hop, de nouveau, on se fait une petite séance de « ça remue l’estomac ». Dynamic !, c’est un simulateur qui vous envoie valser dans une course-poursuite avec un drone et des cascades qui, soyons clairs, vous secouent dans tous les sens.

Les Yeux Grands Fermés

Attention, moment marquant ! C’est simple, ici, vous ne verrez rien. Accompagné d’un guide non-voyant, vous marchez dans le noir le plus complet. Par petits groupes, vous vous tenez par les épaules obligatoirement, afin de ne pas vous perdre (qui a dit qu’il fallait y emmener sa belle-mère ?) et naviguez entre le froid polaire des montagnes, les rues bruyantes de New York et les marécages du Bayou. Odeurs et sensations sont décuplées, c’est relativement oppressant, mais subjuguant.
Vingt minutes qui non seulement font réfléchir à la condition des personnes aveugles, mais peuvent aussi les aider : une participation de 5 € est effectivement demandée, pour aider dans l’achat de matériel spécialisé aux personnes non-voyantes.

L’Âge de glace (Nouveauté 2016)

Image4Ah, la fameuse expérience 4D de L’Âge de glace ! Aventure totalement givrée (vous portez même une peau de bête), cette nouveauté 2016 aligne les bons points : jets de boules sur le public (on vous laisse la surprise), fausse neige qui tombe du plafond, 3D gracieuse et profonde sur un écran de 280 m² et sol légèrement tremblant (vous êtes debout)…
C’est amusant et entre le dinosaure qui vous cherche des noises et Sid qui fait l’abruti, les 10 minutes du show passent à une allure folle.

Explorarium (Nouveauté 2016)

On le sait, le Futuroscope a le chic pour divertir, tout en apprenant. C’est aussi le cas avec ce magnifique docu en 3D, dans lequel vous plongez avec Jean-Michel Cousteau dans les fonds marins. Tout y est : explications, bande-son-qui-va-bien, et gros plans qui confinent au sublime. L’attraction est née de la technologie Imax® et la salle abrite un écran hémisphérique de… 900 m² équipé d’un projecteur ultra-puissant !
Peut-être un peu trop, d’ailleurs, car suivant la place où vous vous placez, les images (splendides au demeurant) est parfois difficile à appréhender pour nos petits yeux sur 20 minutes.

Studio 16

La programmation du Studio 16 change et alterne. Ce jour-là, on a eu la chance de tomber sur D-Day, histoire de revivre en 3D le Débarquement en Normandie. Racontées par François Cluzet, ces 43 minutes captivantes de bout en bout est à la fois un fascinant documentaire informatif et un devoir de mémoire obligatoire.   liberté… Un devoir de mémoire, un devoir de reconnaissance.

Arthur 4D

Imaginée par Luc Besson himself, l’attraction est un périple volant de 5 minutes, lors duquel vous embarquez aux côtés d’Arthur et les Minimoys. 3D proprette, simulateur nerveux et quelques séquences bien senties. Toujours agréable !

Danse avec les Robots

À tmv, on est plutôt AC/DC que Martin Solveig, m’voyez ? Mais on a quand même accepté de faire un tour dans le manège qui balance les morceaux du célèbre DJ. En gros, une robot-party, où 10 robots de 7 mètres de haut vont vous balancer à droite, à gauche, tête en bas, tête en l’air. Ça remue carrément les tripes (on s’est fait le niveau max, bien sûr). On a crié (parce que ça fait du bien). On a adoré. Mais on a regretté notre burger au bacon pris le midi.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=_vsJyHRbpCY[/youtube]

Les Mystères du Kube

Pour se reposer un peu, direction le Kube, un spectacle vivant créé par Mu-Events et mélangé avec des images de synthèse. Visuellement, c’est ultra-créatif. Techniquement, c’est étonnant (suspension de foulard au plafond, trampolines incrustés dans la scène). La troupe d’acrobates file le sourire et assure physiquement.

8e continent

Dans la vie, y a des gens malins. Et d’autres, plutôt bêtes. Qui polluent les océans et menacent notre environnement en jetant tous leurs déchets dans la mer. Alors heureusement qu’il y a 8e continent, un jeu rigolo et ludique, pour lequel vous êtes installés sur une sorte de simulateur de scooter. Aux côtés d’une vingtaine de personnes, et armés d’un pisto-laser, vous devez tirer sur les ordures qui flottent dans l’eau pour les dégommer et sauver la planète.
Perso’, on a trouvé ça très drôle à faire et super chouette. On dit ça aussi parce qu’on a fini à la 1re place (vos points sont comptés et affichés à la fin). Ce qui ne nous était pas arrivé depuis la dictée surprise en classe de CM1 avec M.Conti.

Futur, l’Expo

Comme on a bêtement loupé Imagic (spectacle de magie) et Le Monde de l’invisible (nouveauté cette année), direction l’expo du futur. On y découvre 10 expériences marrantes : notamment la cuisine moléculaire, une webcam qui vous vieillit de 20 ans et répond à vos questions et un écran interactif qui vous sert de dressing et de cabine d’essayage. Magique !

La forge aux étoiles (Nouveauté 2016)

Une grosse baffe visuelle pour finir la journée, ça vous dit ? La Forge aux étoiles, c’est le spectacle du soir au Futuroscope. Tout nouveau, tout chaud et surtout tout beau. Cette aquaféerie nocturne a été imaginée et préparée par la compagnie des projets spéciaux du Cirque du soleil, 45 Degrees. Autant dire que le niveau est très élevé.
Contant l’histoire d’un géant tombé de la galaxie et qui veut retourner à la maison, ce sublime moment tout en poésie (et en démesure) est de toute beauté et se déploie sur un immense espace. Lasers, jets d’eau lumineux, projections de personnages sur des murs d’eau, ou encore 2CV qui roule sur l’eau. Spectaculaire.

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>> PARC DU FUTUROSCOPE : prog, détails, horaires et tarifs sur futuroscope.com 

Photos : Parc du Futuroscope

Education : Tempête à l’Escem

Un préavis de grève a été lancé à l’Escem pour mercredi. En attendant, la colère gronde.

Préavis de grève pour ce mercredi, la rentrée est tendue à l’Escem.
Préavis de grève pour ce mercredi, la rentrée est tendue à l’Escem.

L’Escem, l’école de commerce de Tours, Poitiers et Orléans vit une rentrée des plus incertaines. L’école a perdu son grade Master en avril 2015, ce qui lui interdit de délivrer des diplômes Grandes Écoles au-delà de 2016. Une catastrophe dans un contexte rendu déjà très tendu par la déconfirure de l’aventure FBS (la fusion des écoles de Brest, Clermont et Tours-Poitiers-Orléans).
Où en est-on aujourd’hui ? Sur le plan pédagogique, on ne sera pas loin de l’année blanche. 876 élèves sont inscrits à l’Escem, dont 490 à Tours. 380 poursuivent le programme Grande école en 3e et 4e année. Ils ont pu effectuer leur rentrée mercredi dernier, mais grâce à un accord obtenu in extremis. Le reste des effectifs est composé, pour l’essentiel, des étudiants en Bachelor. La direction annonçait cette semaine, par la voix de Roger Dutoit, (directeur général provisoire), qu’elle allait présenter à l’automne « une nouvelle offre de formations professionnalisantes, destinées à former les managers de proximité de demain, dans les domaines, par exemple, du tourisme, de l’informatique, des RH ou de la logistique. » L’objectif étant de retrouver les 1 500 à 1 800 étudiants que comptait l’Escem avant le naufrage de la fusion.

Une stratégie qui tire, de facto, un trait sur le statut Grande école de l’Escem. Mais la poursuite des enseignements est suspendue à un préavis de grève illimité déposé pour ce mercredi et, bien sûr, à la difficile réorganisation des équipes dans la perspective d’un plan social particulièrement dramatique. Car, sur le plan social, la casse sera considérable. Sur les 215 personnes employées l’année dernière, il ne devrait pas en rester plus de 60 réparties sur les trois sites. Quant au montant de la facture à régler pour les CCI investies dans le projet, elle n’est pas encore connue, mais devrait s’avérer assez salée.

Reste également à déterminer les responsabilités juridiques et les fautes éventuelles des uns et des autres dans le dossier de la gestion de FBS. Un volet de l’affaire qui est, d’ores et déjà, aux mains de la Justice. Après le départ d’Yves Broussoux, qui avait fait l’objet d’une motion de défiance de la part du personnel, un nouveau président devrait être nommé avant la fin du mois.

Futuroscope : le sens d’une marque

Futuroscope est un groupe de musique de Tours… Mais le service juridique du Futuroscope, le parc d’attraction, souhaite que leur nom change…

À gauche, l’album d’un groupe de musique à Tours, à droite le Parc d’attraction de la Vienne. Leur point commun ? Le nom Futuroscope et un différend sur son utilisation
À gauche, l’album d’un groupe de musique à Tours, à droite le Parc
d’attraction de la Vienne. Leur point commun ? Le nom Futuroscope
et un différend sur son utilisation

Mi-mai, sur leur page Facebook, qui affiche à peine 200 likes, le groupe de musique tourangeau Futuroscope poste un message qui dénote avec leurs annonces de concerts. Envoyée par le service juridique du parc d’attraction basé de Poitiers, il dit : « La société du Parc Futuroscope a constaté que votre groupe de musique procédait à une utilisation non autorisée de la marque Futuroscope comme nom de scène. […] Nous vous demandons donc d’arrêter d’utiliser la marque […] de supprimer toute référence à la marque dans les meilleurs délais. »

Un des membres du groupe de musique raconte : « Nous leur avons répondu que nous souhaitions garder ce nom. Nous leur avons expliqué que le mot Futuroscope provoque un imaginaire. Ce néologisme, une contraction de Future et Scope qui veut dire “ regarder vers le futur “, est lié à notre musique. Nous sommes convaincus que les marques ne peuvent pas s’approprier tous les mots, surtout ceux comme celui-ci qui pourraient faire sens plus tard. » Le groupe de musique Futuroscope comprend que juridiquement, ils ne sont pas dans leur droit. Mais il souhaite, par cet échange de lettres, mettre en avant la question de la propriété intellectuelle et de l’évolution de sa perception à l’heure des nouvelles technologies. «

Aujourd’hui, Internet permet à n’importe qui de réutiliser des images, des sons, des vidéos, des mots sans souci de propriété et sans vouloir forcément faire de l’argent. » Lorsque le duo a cherché un nom, celui du Futuroscope a tout de suite sonné comme le bon. « Nous pensons qu’un tel mot doit pouvoir évoluer, ne pas être associé à un seul sens. Qui sait, dans quelques années il aura sa propre définition. »
De son côté, Le Futuroscope, le parc d’attraction, ne souhaite pas verser dans la polémique et a indiqué à tmv qu’il allait entamer un dialogue avec le groupe de musique.

Crowdfunding : Financez autrement

Collecter des fonds sur internet pour financer son projet : avec le crowdfunding, c’est tout ou rien, mais le succès est quand même au rendez-vous. Zoom sur trois initiatives.

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Dans la librairie de Colette, les étagères sont penchées. Pas par coquetterie, mais pour pouvoir lire les cotes des livres sans se faire mal au cou. Cette idée, la bibliothécaire de Saint-Maixent, dans les Deux-Sèvres, l’avait depuis longtemps en tête. Un jour, elle apprend qu’Escapades, librairie phare du centre-ville depuis 60 ans, doit fermer. « J’ai décidé de la racheter ! » C’était en 2006 et depuis, elle a tout fait refaire dans sa boutique. Le concept, aussi, a changé. « J’accueille maintenant un public d’enfants, pour des ateliers et je propose café et jus de fruits. » Mais cela ne suffit pas pour assurer des revenus suffisants. En février dernier, elle est prête à arrêter son activité. Une amie lui envoie alors un lien par mail. C’est un projet à soutenir, via le site Kiss kiss bank bank. Et si elle profitait du financement participatif pour réaménager sa librairie afin de proposer de la petite restauration, bio et saine, le midi ? Pour cela, elle doit construire un coin cuisine. « Les banques ne m’auraient jamais suivie vu le contexte », estime-t- elle. La libraire relance sa page Facebook pour partager son projet, elle en parle autour d’elle. Les réactions la touchent. « On n’ose pas dire qu’on est en difficulté. Quand les gens autour de moi l’ont su, ils ont réagi, m’ont soutenue… Et finalement, ce n’est pas demander l’aumône, puisqu’il y a des contreparties pour ceux qui donnent. » En dehors de Facebook, dans la réalité, elle fait goûter ses spécialités, celles qu’elle cuisinera si la collecte aboutit. « Proposer le projet sur le site et puis attendre, ça ne marche pas », indique-t-elle.

À 43 jours de la date butoir, elle a réuni plus de 25 % des 6 000 € espérés. À une centaine de kilomètre de la librairie de Colette, à Chauvigny dans la Vienne, Pascal Fonchain affiche sans détour ses ambitions. « Kalfarm se veut être un leader mondial du bienêtre animal. » Depuis 2011, l’entreprise CBHF industrie développe des produits aux couleurs de la marque maison Kalfarm. Leur innovation phare ? Un outil d’écornage de bovin baptisé Horn’up, désormais commercialisé à travers le monde. « Développer un réseau et des gammes de produits coûte cher avant d’en rapporter, » détaille le directeur général de cette entreprise. Pour passer à la vitesse supérieure, il entrevoit une solution : l’augmentation de fonds propres. Le financement participatif semble lui offrir une solution.

Outre les sites comme Ulule, il existe des sociétés qui proposent à n’importe qui d’investir dans des projets d’entreprise. La différence, c’est que ce n’est plus un don… mais bien un investissement avec une prise d’actions. En échangeant avec son entourage professionnel, Pascal Fonchain se heurte à quelques réticences. « Souvent, les entrepreneurs ouvrent leur capital pour boucher les trous, mais n’ont pas les moyens nécessaires pour développer l’entreprise. » Un écueil qu’il pense pouvoir éviter. « Cet apport doit avoir un effet de levier pour développer l’entreprise. » Il a rencontré des acteurs du financement participatif afin de trouver le partenaire idéal. Il a même opéré une modification de la structure capitalistique de CBHF industrie pour accueillir des fonds. Son projet de développement séduit Poitou Charentes Innovation (PCI) et Finance Utile. Le premier lui permet d’amorcer le développement de son entreprise. Le second se charge de présenter son projet à des investisseurs potentiels. « On crée une holding destinée au financement de la société », explique Matthieu Gabard, chargé d’affaires de Finance utile. Dans cette holding, on retrouve « des particuliers au sens large du terme. Il y a des investisseurs un peu plus aguerris que Monsieur Tout-le-Monde. »

La levée de fonds est en cours. L’objectif de Pascal Fonchain et des actionnaires de la première heure est de réunir 450 000 €. « Pour  »boucher les trous », développer la gamme et notre réseau commercial », précise l’entrepreneur. Cette prise de participation assurerait encore plus 70 % aux actionnaires historiques. « Et laisse la main au chef d’entreprise. » Le retour sur investissement est défini au départ dans un pacte d’associés par des projections à 5 ou 7 ans. Pour la première fois depuis 2011, le compte d’exploitation de CBHF industrie est à l’équilibre. Ses produits français destinés aux éleveurs n’attendent plus qu’un coup de pouce d’investisseurs privés pour tenter de vivre sa success-story.

Souvent utilisé par les groupes de musique, le crowdfunding s’ouvre peu à peu à d’autres domaines culturels. Comme le cinéma. À Tours, Léopold Bellanger n’a que 22 ans, mais se lance déjà dans son premier court-métrage. Le Sens de la vie, c’est l’histoire d’un frère et une sœur. Elle ne parle pas, lui accuse une déficience mentale. Un jour, les deux découvrent, qu’ils ont trois pères. Commence leur quête du pourquoi. Léopold Bellanger est sorti du conservatoire en septembre dernier et joue déjà dans de nombreuses pièces de théâtre. C’est également une des nouvelles têtes du réalisateur Jean-Pierre Mocky. « Très vite, j’ai voulu comprendre comment on faisait un film. » Léopold Bellanger a simplement souhaité réaliser son court-métrage, mettre en scène son histoire. C’est sa rencontre avec l’association tourangelle des Tontons Filmeurs qui lui a donné le virus du cinéma. « J’ai écrit un scénario. Depuis des années, je suis fasciné par les familles, celles dans lesquelles tout se passe bien ou ça dérape, les conséquences. »

En septembre dernier, il propose le scénario du Sens de la vie aux Tontons filmeurs. L’association est séduite. Reste le financement… En dehors des systèmes classiques de production cinématographique, Les Tontons filmeurs fonctionnent avec très peu de subventions. « C’est la première fois que nous avons lancé un appel aux dons sur Ulule, explique Amandine Lopes, membre de l’association. Le court-métrage de Léopold a ouvert une brèche dans notre mode de financement. » L’objectif, fixé à 400 €, est atteint en quinze jours avec plus d’une dizaine de contributeurs. Même si la somme semble dérisoire, elle permet de payer l’hôtel, le train et les repas pour les artistes. « Tu es obligé d’expliquer ton projet pour que les gens adhèrent et donnent de l’argent, sourit Léopold Bellanger. On a tourné un trailer pour montrer aux donneurs à quoi ça pouvait ressembler. Le crowdfunding nous a permis d’encore mieux cerner mon projet et de savoir si ça valait le coup. » C’est aussi un argument de poids pour les demandes de subventions. « Nous avons envoyé une demande à Ciclic, qui s’occupe du cinéma pour la Région Centre, sans trop y croire, continue Amandine. Le fait d’avoir déjà trouvé une partie du budget par le crowdfunding nous a permis d’être pris au sérieux. » Pour les Tontons filmeurs, cette expérience réussie donne une nouvelle perspective aux projets qu’ils mènent. Ils viennent de lancer leur deuxième appel aux dons pour un projet de ciné-concert, il y a quelques jours.

ALLER PLUS LOIN

On vous conseille de faire un tour sur les adresses des projets dont on vient de parler via ces liens :

Un déjeuner au service de la librairie

Finance utile

Sens de la vie

Pour les intéressé(e)s, renseignez- vous sur leguideducrowdfunding. com, afin de trouver les clés pour réussir dans le financement participatif. Enfin, une petite lecture s’impose : Crowdfunding, le financement participatif bouscule l’économie !, de Vincent Ricordeau.

Réforme des régions : quelle capitale ?

Philippe Lagrange, doyen de la faculté de droit et de sciences sociales de Poitiers, nous éclaire sur le projet de fusion entre le Centre, le Poitou-Charentes et le Limousin.

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Quel est selon vous le principal problème de cette fusion de trois régions ?

Le choix de la capitale régionale. Va-t-on choisir une capitale existante, Orléans, Poitiers ou Limoges ? Tours serait un choix intéressant de par sa place centrale, d’autant qu’elle n’aurait pas cet héritage de capitale régionale. Limoges est une ville très peuplée (agglomération de 282 000 habitants). Les critères sont nombreux, choisira-t-on une capitale bien desservie par le train ? Ce choix aura des conséquences.
Quels problèmes pose cette réorganisation ?
Si Poitiers perd son statut, les collectivités territoriales du Poitou-Charentes n’auront plus de raison d’être. Il pourra subsister des antennes mais les institutions seront plus centralisées. Même chose pour Limoges et Orléans si elles ne sont pas choisies. Les conseils généraux vont disparaître à l’horizon 2020, entraînant le redéploiement des fonctionnaires, des postes non renouvelés. Les rectorats, les chambres et les agences régionales seront ou non transférés. Ces ajustements coûteront cher et beaucoup de questions subsistent.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
L’accord du Parlement est encore incertain. Je pense que les députés vont dépasser le clivage droite- gauche pour voter sur ce projet. Il y a beaucoup d’insatisfaits. Le président Hollande ne peut se permettre de faire un référendum, car les gens ont plutôt tendance à voter pour ou contre la personne qui pose la question. Dans ce contexte, le désaveu serait trop important. Fusionner les régions ne nécessite pas de révision de la Constitution, problème que posera la suppression des départements. Il y a un réel besoin de réforme économique en France. Une révolution n’étant pas possible, les économies se verront sur 5 à 10 ans.
Propos recueillis par Axelle Guinon
ET VOUS, QU’EN PENSEZ-VOUS ? LAISSEZ VOS AVIS EN COMMENTAIRE !

BD/Dessin : portrait d'Amandine Alamichel

C’est elle qui signera, jusqu’à la fin de la saison, la BD en fin du journal tmv.

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Vous avez découvert « Marou et le chien » à la fin de tmv, la semaine dernière ? Ces deux petits personnages sont nés dans la tête d’Amandine. La jeune illustratrice indépendante croquera désormais pour vous, chaque semaine, ces petits bouts d’absurdité canine. Et comme on trouve que sa vie ressemble à un livre illustré pour les enfants, on avait envie de vous la raconter comme ça…
Amandine Alamichel est née il y a trente ans avec des grands yeux bleus qui sourient. C’était en Normandie, là où on a inventé la crème fraîche et le cidre doux. Quand elle a découvert Gaston Lagaffe, à 9 ans, elle a fermement décidé que « quand elle sera plus grande, elle dessinera elle aussi des histoires ». Lors des ses années collège, elle a même posté une grande enveloppe pour envoyer sa propre BD de 48 pages aux célèbres éditions Dupuis. Parce qu’elle aimait beaucoup Spirou. « Tellement qu’un jour j’ai acheté 300 vieux magazines Spirou d’un coup ».
Atelier Grizzly
Entre temps, en grandissant, Amandine a voulu protéger les animaux sauvages alors, par exemple, elle a recensé des phoques. Oui, l’environnement, c’était aussi son truc. Puis le féminisme. Puis la mauvaise foi. Puis les trucs rigolos. Alors après avoir travaillé avec des enfants pour leur apprendre à regarder les petites fleurs et les gros insectes, elle s’est reconcentrée sur l’illustration. Maintenant elle fait partie d’une troupe d’artistes réunis sous le nom « d’atelier Grizzly » à Poitiers. Ils sont reconnaissables à leurs pattes et à leurs griffes. Tous ensemble, et chacun dans leur coin, ils travaillent dans un atelier troglodytique partagé où il y a des canapés et des croissants.
Alors, pour bien se concentrer sur ses dessins, Amandine écoute et regarde d’un oeil les sketchs de Camelot « Ça me colle à ma table, je ne m’éparpille pas.» Quand elle n’est pas en train de gribouiller dans cette grotte, Amandine habite dans une yourte. Elle y boit beaucoup de café, joue du violoncelle et collectionne depuis peu les oeufs cassés des bébés oiseaux qui se sont envolés. Et quand cet été, elle nous a présenté Marou le chat muet et le chien au long nez, à tmv on était très content de l’embaucher !
J.L.P.

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