Reportage : L’enfant autiste au cœur de l’attention

À Tours-Nord, un nouvel établissement expérimental accompagne de jeunes autistes. Parti à la rencontre de leurs éducateurs, tmv est revenu impressionné par leur dynamisme.

Gaëlle Fernandes, éducatrice, amuse les enfants.

Avec ses murs grisés par le temps et ses fenêtres obstruées par des volets roulants, l’ancien collège Paul-Valéry paraît bien triste. Pourtant, depuis le mois de mai, le site connaît une nouvelle vie : « Établissement Aba de Tours », peut-on lire sur la pancarte bricolée à l’entrée. Installé au rez-dechaussée, un établissement médico-éducatif accueille de jeunes autistes. Aba, c’est l’acronyme d’Applied behavior analysis, une approche basée sur l’analyse du comportement. Derrière la haie de thuyas, des fenêtres laissent percevoir quelques têtes d’enfants : l’un d’eux est en train de sauter, une jeune femme à ses côtés. C’est dans la salle de motricité que s’amuse le petit. À l’intérieur, des tapis bleus recouvrent le plancher, et la piscine à balles fait des heureux. Gaëlle Fernandes, l’une des éducatrices, agite un large tissu multicolore, pour le plus grand plaisir de Jules*, qui en redemande. Un joyeux bazar à vocation éducative, explique Johan Toulouse, psychologue Aba de l’établissement : « Jules a bien travaillé, c’est grâce à cela qu’il peut profiter de ce moment de récréation et de détente. C’est un temps de renforcement, une notion essentielle dans notre approche. »
Le renforcement ? « C’est l’inverse de la punition », répond le spécialiste. En somme, une récompense, même si Johan Toulouse n’aime pas utiliser ce mot. « Les punitions restent exceptionnelles. Le renforcement représente 99 % de notre pratique. Suite à un bon comportement, obtenir un moment de plaisir va donner envie à l’enfant de se tenir de la même manière. » À force de répétitions, les jeunes autistes, qui ont du mal à communiquer, finissent par comprendre, par exemple, que crier ou taper n’est pas une solution.

Des étagères pleines de jeux à demander.

Comme Jules, huit autres enfants de trois à sept ans et demi fréquentent les lieux. Un dixième étant sur le point d’arriver, la structure affichera complet. C’est un père d’enfants autistes qui a porté le projet d’ouverture dès 2008 avec Agir et vivre l’autisme, une association qui développe un réseau national d’établissements de ce type. De longues années ont été nécessaires pour obtenir les financements publics. La structure expérimentale, sous la tutelle de l’agence régionale de santé (ARS), se distingue par son taux d’encadrement élevé – un intervenant pour chaque enfant – ainsi que sa prise en charge spécifique (Aba).
Deux critères déterminent l’admissibilité d’un enfant : la notification d’orientation de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ainsi qu’un diagnostic d’autisme établi. « Nous bénéficions d’un agrément pour dix enfants de deux à douze ans, mais en réalité nous ciblons les plus jeunes, car plus la prise en charge est précoce, meilleurs seront les résultats », explique Félix Tran, le chef de service qui gère l’établissement tourangeau.

Pascaline Lair, éducatrice, montre une image à un enfant.

Lorsqu’un enfant arrive ici, Marc Jacob, moniteur-éducateur, détermine précisément ses difficultés à l’aide d’évaluations. « Ça nous permet de mettre en place un accompagnement individualisé, car chaque enfant est différent », estime par ailleurs le psychologue. Sur la base du curriculum établi à partir des évaluations, l’équipe éducative rédige ensuite des programmes détaillés. Un enfant peut en suivre quatre à douze en une année. Globalement, il s’agit de développer l’autonomie et la capacité à communiquer, apprendre et imiter. À chaque programme son objectif spécifique, comme uriner aux toilettes ou formuler une demande.
Pas facile, pour ces enfants, d’apprendre à demander. L’agencement de « la savane », la salle d’enseignement en environnement naturel (pour les spécialistes), a été pensé pour les y aider. Sur de hautes étagères grises reposent des bacs en plastique soigneusement étiquetés : pâte à modeler, legos, voitures, dînette… Tous ces jouets bien rangés, les enfants peuvent les voir mais pas y accéder. Pour en obtenir un, il faut le demander correctement.

Dans cet espace de jeu, installé à une petite table, Tom* tient consciencieusement son feutre bleu. Concentré sur sa feuille, il s’applique : « Ils ont l’air heureux, papa et maman », l’encourage son éducatrice, tout en regardant son dessin. Ici, toute la journée, on entend un concert d’encouragements et de compliments. Toujours dans l’idée de renforcer les bons comportements. Dans la pièce d’à-côté, c’est un « bravo, ouhaou ! » qui retentit. Pascaline Lair, éducatrice, s’enthousiasme des efforts d’Emma*, la brunette assise face à elle. Ici, c’est la salle d’enseignement à table. Les espaces de travail, de petits bureaux, sont délimités par des cloisons amovibles.
Première étape : apprendre aux enfants à coopérer. Face à une demande simple, comme « lève les bras », leur collaboration va leur permettre d’obtenir un moment de jeu. L’idée, c’est de leur donner envie de venir travailler au bureau. Les apprentissages plus poussés viennent dans un second temps. « Avion », « fromage », « clé », Emma doit répéter les mots énoncés par Pascaline Lair, reproduire ses gestes ou encore sélectionner des images. À chaque bonne réponse, elle gagne un jeton. Dix jetons accumulés, et elle obtient un temps de jeu. Satisfaite, la fillette s’amuse avec une petite maison rose. « Je ne vais pas tarder à la reprendre », prévient l’éducatrice, qui s’exécute quelques minutes après, pour se lancer dans une nouvelle série d’exercices. Très cadrés, ces temps de travail durent quinze minutes par heure maximum. En parallèle, Pascaline Lair remplit une feuille de cotation, qui lui permet de mesurer précisément le comportement de l’enfant. Pour éviter toute subjectivité dans son suivi.

Au fond de la pièce, un garçon est assis à une table, face à un tableau blanc accroché au mur. Un peu comme dans une classe ordinaire. L’éducatrice, elle, se tient debout, comme le ferait une maîtresse. À sa demande, Léo* se dirige vers le tableau afin d’y inscrire une série de chiffres. Pour l’instant, il est le seul à aller à l’école, dans le cadre d’un temps partagé. « Pour les enfants comme Léo, nous travaillons sur des compétences spécifiques. Par exemple, suivre une consigne de groupe », souligne le psychologue Aba. Pour que la transition s’effectue en douceur, Léo se rend à l’école avec son éducatrice. Permettre à leur petit de rejoindre un jour l’école ordinaire, comme les autres enfants, tel est certainement le plus grand souhait des parents.

* Les prénoms ont été changés.

Reportage et photos de Nathalie Picard

> Retrouvez les témoignages du moniteur éducateur et de la directrice de l’établissement ICI 

Redonner le jeu et se remettre à travailler.

Une habitation dans les bois considérée comme "hors la loi"

#EPJTMV. Nathalie Doumas a construit son propre logement à Saint-Martin-le-Beau. En 2007, elle s’installait à la lisière d’un bois sur son terrain de 5000 m2. Mais depuis 4 ans, elle est en conflit avec la commune qui souhaite voir sa maison disparaître.

Pas facile de rencontrer Nathalie Doumas. Une fois arrivé à Saint-Martin-le-Beau par la D140, il faut « prendre à gauche au niveau du rond-point où il y a le charpentier, suivre l’usine Pullflex, reprendre à droite, et au troisième rond-point finalement à gauche ». Il faut traverser des champs, des vignes. À droite, un camp de gens du voyage, puis à nouveau des champs. Un bois apparaît. Caché sous les arbres, un circuit de moto-cross. Un dernier embranchement et quelques mètres sur un chemin de terre. Nous y voilà. Nathalie Doumas nous accueille. Finalement, on est loin du bourg de Saint-Martin lorsqu’on arrive chez elle.

Quinze ans dans un camion 

Sur le terrain, dont elle est propriétaire depuis 2004, sont répandus un peu partout des jouets. « Ils sont à mon fils. Il adore la nature et passe sa vie dehors », sourit-elle. Un poulailler, un potager, un chien… Au milieu de ce « grand jardin » trône la « maison, l’habitation, l’abri… On ne sait plus comment l’appeler », soupire-t-elle. C’est en tout cas sa demeure principale. Son logement. Pendant quinze ans, elle a vécu dans un camion. « Je suis saisonnière, mais les employeurs ne peuvent pas toujours me loger », raconte-t-elle. Sa force de travail, Nathalie Doumas l’a exportée partout en France, en Espagne ou en Suisse aussi. Lorsqu’elle a eu l’occasion de se rapprocher définitivement de sa famille, elle n’a pas hésité.

En 2008, une première procédure est lancée contre elle par la municipalité de Saint-Martin. On lui reproche de ne pas avoir eu d’autorisation pour ériger sa demeure sur un terrain non constructible. Les procédures se sont alors succédé. Les poursuites sont d’abord abandonnées en 2010, puis reprennent la même année. Depuis, Nathalie Doumas est sous le coup d’une possible demande de démantèlement de son habitation. Mais la voila arrivée au bout de son marathon juridique : sa vie va basculer le 11 décembre 2014. Mais dans quel sens ? Une attente doublée d’une menace angoissante. « Je n’ai nulle part où aller. J’ai un enfant. Je ne peux pas imaginer qu’ils me mettent à la rue », explique t-elle.

Face à la justice

Vivre à l’écart, dans un logement atypique n’est pas un choix militant. « C’est un choix de vie. Je ne veux pas être cataloguée comme une écolo extrémiste, espère Nathalie Doumas. Je n’emmerde rien, ni personne ». Il y a quelque temps, lorsque l’affaire a commencé, elle est allée à la rencontre de ses voisins. Les plus proches vivent à 150 mètres de chez elle. Elle a obtenu une dizaine d’attestations qui assurent accepter sa présence.

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Une bicoque en bois enfouie en plein cœur de la forêt. C’est en tout cas la première impression visuelle que l’on a de cette fameuse maison, qui cause tant de problèmes à la mairie de Saint-Martin. Nous traversons sa « cuisine d’été » et entrons dans son habitation. La chaleur est saisissante. Chauffée par un poêle à bois, la maison semble tout ignorer de l’hiver que nous entamons. « Lors du terrible hiver 2012, où il a souvent fait en dessous de -15°C, je n’ai eu aucun souci, relate-t-elle. J’ai mis quinze centimètres de paille dans les murs. C’est mieux isolé que la plupart des appartements ou maisons des villes. »

« On m’a d’abord reproché de vivre sur une zone A.O.P de Touraine, or je suis à 200 mètres des premiers rangs de vignes », explique-t-elle. Mais le problème ne semble plus se situer au niveau de la protection des vins de la région. La mairie a pointé du doigt le fait qu’elle vivait sur une zone non constructible. « Je n’ai aucune fondation, mon habitation est comme posée sur le sol », se défend Nathalie Doumas. Elle souhaiterait que la loi Duflot lui vienne en aide. Il y est prévu que les habitats légers soient mieux reconnus. Ou que le PLU (Plan local d’urbanisme) change et que son terrain devienne, une bonne fois pour toute, constructible pour éviter tout malentendu et contentieux juridique.

Une maison construite au fil des années… 

Des photos d’amis, de famille et des décorations sont accrochées aux murs. Au centre, une table en bois et un canapé remplissent l’espace. « Au fil des ans, des choses se sont rajoutées. Les améliorations viennent avec le temps. » Il fallait faire preuve d’ingéniosité pour construire cet habitat à partir de rien et sans compétence. Des murs se sont élevés, des pièces sont apparues. Une cuisine, une chambre, un salon…

Dans la campagne proche de Tours, ils sont plusieurs à avoir construit leur maison. « J’ai une amie pas très loin d’ici qui vit comme moi. Pour l’instant, elle n’est pas inquiétée. Je touche du bois », explique Nathalie Doumas. Sophie Robin, une amie proche et membre de l’association Vélorution, précise de son côté qu’« il y a presque une dizaine de gens qui ont bâti leur logement sans demander l’avis de personne en Touraine. Certains sur des zones non constructibles voir inondables. Ils ne sont pas mis en danger par la justice. Tant mieux. Mais c’est dur pour Nathalie. Elle respecte les lois sans faire de vague mais elle peut théoriquement être mise à la rue. Nous ne sommes pas sur un fait de société mais sur un cas unique, une histoire personnelle qui mérite indulgence et compréhension. » Nathalie Doumas rebondit : « De toute façon, je n’ai pas envie de démonter ce que j’ai construit. »

Mise à jour au 11/12/2014

Suite à la délibération du Tribunal de Tours, l’affaire a été ajournée au 11 septembre 2015. Nathalie Doumas et la mairie de Saint-Martin-le-Beau ont jusqu’à cette date pour trouver un accord. « La justice a été compréhensive », a déclaré Nathalie Doumas. Son défi va être de faire évoluer le plan local d’urbanisme (PLU) en accord avec la commune. Ainsi son logement pourrait être mis en dehors de tout problème juridique et cela définitivement.

Thomas Rideau

Vidéo : Sébastien Guerche

Kids. Montessori maison

Cécile Lawniczak a ouvert une école Montessori à Tours. Elle propose d’adapter cette pédagogie chez soi.

montessori
La pédagogie Montessori n’est pas réservée à l’école. Elle peut être appliquée à la maison, selon les mêmes principes. Cette pédagogie propose de mettre à la disposition des enfants, du matériel, comme une aide au développement de son intelligence et à l’apprentissage de la vie. Montessori, c’est avant tout un état d’esprit, une attitude bienveillante.
Il s’agit de respecter le rythme et le caractère de l’enfant, de lui faire confiance et de lui laisser le choix. « Il faut organiser chez soi un cadre favorable et sécurisé où votre petit, tout en étant accompagné, sera libre de ses mouvements. En clair, il pourra tenter tout seul ses propres expériences ! Pour développer son autonomie, on pourra lui mettre les objets du quotidien à sa portée, comme sa brosse à dents par exemple, explique Cécile Lawniczak. Pour accéder au robinet, on lui achètera un petit tabouret antidérapant. Pour lui apprendre à se coiffer, on posera sur sa table de chevet, un miroir avec sa brosse et des chouchous. Bien sûr, il faudra accepter au début que la queue de cheval de votre fille soit de travers. Ce qui est important, c’est de l’encourager. »
Chaque pièce de la maison peut devenir un lieu d’apprentissage. « Si vous préparez un gâteau, il faut le faire vraiment ensemble de A à Z, cela va jusqu’à la vaisselle à deux. Cela donne l’impression de plus d’investissement au départ, mais c’est payant pour nous, comme pour eux », conclut la directrice de la Maison des Enfants.

Anne-Cécile Cadio

La Maison des Enfants à Tours organise des formations à la méthode Montessori pour les parents. Renseignements sur lamaisondesenfants.eklablog.fr

Journées du patrimoine : l'antre de Max Ernst

Visite guidée de l’ancienne maison de l’artiste surréaliste Max Ernst, en compagnie de son propriétaire actuel, avant son ouverture exceptionnelle pour les Journées du Patrimoine.

Pour les Journées du Patrimoine, Dominique Marchès ouvre les portes de l'atelier de Max Ernst
Pour les Journées du Patrimoine, Dominique Marchès ouvre les portes de l’atelier de Max Ernst

Huismes, à quelques kilomètres de Chinon. Le soleil est écrasant ; le silence, étourdissant. Au milieu de ces 1 600 habitants, dans ce village arrosé par l’Indre, seule la voix de Dominique Marchès vient rompre la tranquillité. Voix paisible qui enveloppe les murs d’une maison dont il paraît fier… Parce que c’est ici, de 1955 à fin 1968, qu’a vécu l’un des plus grands artistes surréalistes, Max Ernst. Alors pour le commissaire d’expo et photographe Dominique Marchès (modeste, il ne se décrit pas comme un « artiste »), avoir racheté cette maison en 2006 est une sorte « d’hommage et de contribution ». Une sorte de rêve de gosse féru d’art, aussi… Lui qui, à 15 ans, était parti tout près de là, à Saché, en mobylette pour découvrir l’atelier du grand peintre et sculpteur Calder. « Ça a déterminé ma vocation… » « L’art m’a fait vivre plus richement, au niveau intellectuel », indique Dominique Marchès.
Cette richesse, il veut la transmettre. Quand il raconte la vie de l’artiste allemand, ses yeux se perdent partout. Dominique enquille les anecdotes sur le co-fondateur des mouvements Dada et surréaliste. Il est heureux de pouvoir ouvrir ses portes, lors des Journées du Patrimoine. Tout comme il le fait habituellement les week-ends. « Cela me permet de transmettre le visible, comme le jardin, la maison… et l’invisible, avec la mémoire de l’absent. Ce qui m’a intéressé en Max Ernst, c’est sa vie d’homme qui représente 60 ans du XXe siècle. Avec lui, on est face à un auteur qui a vécu pleinement cette période, ses horreurs, ses grandeurs. » Une fois entré dans cette ancienne grange, on se prend à rêver. Imaginer. C’était l’atelier de peinture de Max Ernst. Il avait commencé à travailler dans la longère située en face, « mais elle était exposée plein sud. Il y avait trop de lumière ». Impossible pour appréhender correctement les couleurs. « Alors il s’est installé dans la grange, avec la lumière du nord, plus diffuse. » Au mur, de gigantesques fresques sont posées. Un hommage de l’artiste Richard Fauget qui a reproduit la fameuse technique de frottage, inventée par Max Ernst (frotter avec un crayon les reliefs d’une surface sur laquelle on a posé une feuille de papier, NDLR). Contre une table, une très grande photo de la fontaine à Amboise, réalisée fin 1968 par l’artiste.
Dans cet atelier, le vieil évier est encore là. Il a vu passer les pinceaux de Max Ernst. Juste à côté, une petite arrière-salle, pleine de contrastes : un immense écran plat, qui diffuse un film sur l’artiste, trône au milieu de petits bancs d’époque, d’un châssis de tableau et de grandes étagères. L’odeur du vieux bois remonte aux narines. Les réminiscences du travail d’Ernst flottent dans l’air. Il a passé des heures ici. Lui qui avait acquis cette ancienne ferme, fin 1954, grâce aux 45 000 lires gagnées pour son prix à la Biennale de Venise. Lui qui revenait d’un exil aux États-Unis après la guerre. Lui qui avait passé du temps, isolé dans un désert en Arizona, alors que tous les artistes anti-nazis étaient revenus en Europe. « Peu importe le lieu, il n’était pas matérialiste. En venant à Huismes, il a trouvé un lieu paisible. » Nos pas filent vers une petite entrée à côté. Le mot « artiste » est inscrit sur un petit encadré, fixé à la porte. Une photo en noir et blanc du couple Max Ernst – Dorothea Tanning, de 1955, attire l’oeil sur ce mur blanc. Couple heureux. Couple d’artistes. « Regardez, c’est ici qu’il y avait la chambre du jardinier. Il n’habitait pas loin, mais pouvait dormir ici », raconte Dominique Marchès. Désormais, c’est une petite librairie. Où des ouvrages d’art s’alignent sur les étagères. Le dadaïsme et le surréalisme ont la part belle. Le Manifeste du surréalisme d’André Breton repose sous une cloche et l’oeil aguerri remarquera même une bouteille de vin estampillée Max Ernst !
L’art en lumière
En grimpant l’escalier, on arrive dans l’ancien atelier de collages de l’artiste. L’étage s’étire sur la longueur. Sous des tables en verre dorment des ouvrages rares, une collection parfois jaunie par le temps. Des documents inestimables pour l’amoureux de l’oeuvre de Max Ernst l’avant-gardiste. Il y a même une invitation à une inauguration, signée Jacques Duhamel, ministre des Affaires culturelles, datée de 1971. « Je pense que je possède la plus grosse documentation sur Ernst en France », dit sans détour Dominique Marchès. Petit sourire en coin. Puis il se perd de nouveau dans le silence en se plongeant dans la lecture d’un ouvrage. Il veut retrouver une petite info. Si, si, il y tient. Les minutes passent. « Ah, voilà ! Regardez la fenêtre en face de vous. C’est Max Ernst qui l’a faite, en oculus, une sorte de rond. Elle est souvent présente dans ses oeuvres. C’est un symbole, une forme comme un astre. » La luminosité exceptionnelle qui en émane inonde effectivement toute l’immense pièce. Mais dans le fond, à l’abri de la lumière, repose paisiblement la partie bibliothèque. Catalogues ultra rares et livres uniques font leur sieste. Certains dans du plastique, vu leur vieil âge. Dominique Marchès ne semble pas s’en lasser et contemple. Encore et encore.
Le jardin de la France
La visite touche à sa fin dans le jardin. Immense. Tranquille. Tout simplement beau. Des sculptures du XIXe siècle qu’Ernst a récupérées décorent les murs. Il y a au fond, derrière le noisetier, une serre. « Dorothea, sa femme, adorait les fleurs », dévoile Dominique Marchès. Il est agréable de tout observer, de s’approcher de ces immenses arbres, rêvasser… « Pour les Journées du Patrimoine, les gens pourront bien évidemment venir dans ce jardin de près d’un hectare. En général, ils adorent ça. C’est idéal pour se reposer un peu. » Pareil jardin fait penser au titre d’une de ses oeuvres les plus connues, Le Jardin de la France. Un dernier détour se fait par la maison de Dominique Marchès. Ancienne demeure de Max Ernst aussi. De vieilles photos montrent qu’en près de soixante ans, ça n’a pas tellement changé. La grande cheminée est toujours là. Tout comme l’escalier, les grosses poutres ou encore la table à manger… L’esprit du « Pin perdu », comme le couple d’artistes l’appelait à l’époque, n’a pas disparu. « Par contre, cette partie-là ne sera pas visible pour les Journées du Patrimoine. C’est vraiment… c’est ma maison, c’est chez moi », souffle Dominique Marchès. « Je l’avais déjà ouverte, mais j’avais même retrouvé des personnes dans ma chambre. Et ça fait bizarre. »
ALLER PLUS LOIN
Un ouvrage
Pour les curieux et adeptes de l’art de Max Ernst, impossible de passer à côté du livre Max Ernst, le Jardin de la France. Un joli pavé de plus de 200 pages qui a accompagné une expo au musée des beaux-arts de Tours. Bourré d’analyses, de somptueuses photos
et riche d’une documentation très intéressante. Ce catalogue est d’ailleurs disponible
à la maison de Max Ernst, présentée dans notre
 
DOSS_LIVRE

Cosméto'maison : j'ai testé pour vous !

De la cuisine à la salle de bain, il n’y a qu’un pas : je l’ai sauté en fabriquant mes cosmétiques.

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Les meringues n’ont pas de secrets pour moi. Les cosmétiques, ça ne devrait pas être plus compliqué ? Je me lance donc, pleine d’assurance, dans la confection de mes produits de beauté. Un expert me déconseille de commencer par du maquillage : « Les pigments demandent une mesure très minutieuse. Pour les rouges et les baumes, attention lors du démoulage, ils peuvent se briser. » Prudemment, j’opte pour la fabrication d’un shampoing. J’imagine qu’il s’agit simplement de mélanger 2 ou 3 trucs. Une fois le kit déballé, je me réjouis d’avoir choisi un coffret pour les débutants. Fiche de recette, ingrédients, ustensiles, conseils d’hygiène, tout y est. Je désinfecte casseroles, fouets, entonnoirs, pipette et commence le mélange. Surprise : le shampoing réclame six composants et il faut les chauffer. Soulagement : les instructions sont très claires. Une odeur de savon chaud envahit la cuisine. « Maman, ça sent bizarre ! » Trente minutes après, l’ajout du dernier ingrédient, 2 ml de fleur de tiaré, nous emmène dans les îles. J’y prends goût et résiste à l’envie d’améliorer la recette à ma sauce. Comme en pâtisserie, la cosmétique fait appel à la physique et à la chimie : la fabrication d’un produit, même facile, exige de la rigueur. Rajouter des protéines de soie là où l’on ne vous en demande pas ou doubler la quantité d’essence de rose peut déséquilibrer la composition (et provoquer une réaction lors de l’utilisation ou diminuer sa durée de conservation). Grisée par le succès (250 ml de shampoing fleurant le sable chaud), j’enchaîne avec la création d’un masque. Et côté prix, c’est une opération gagnante : ce coffret à 25 € m’a permis de fabriquer quatre produits capillaires.

Echangez votre maison !

Préparez vos vacances à moindre prix avec Adresse-a-echanger.fr, un nouveau site créé par deux Tourangelles.

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La froideur des chambres d’hôtel tombe aux oubliettes. Deux Tourangelles ont lancé, le 8 avril, le site « adresse-a-echanger.fr ». Le principe : échanger son appartement ou sa maison. Pour un weekend ou des longues vacances. Dans la lignée du couchsurfing, le site propose « une autre façon de voyager », selon Marjorie Ravier, cocréatrice du site.
Le concept n’est pourtant pas nouveau. Créé par des universitaires américains, il remonte aux années 50. Mais adresse-a-echanger est uniquement axé sur la France et l’Outre-mer. « L’idée, c’est de découvrir des régions de France que nous laissons habituellement de côté. Nous ciblons aussi les courts séjours », poursuit Manon Vonderscher, autre tête pensante du projet. Pour participer, l’utilisateur doit payer un abonnement de 59 € par an. « Aussi cher qu’une nuit d’hôtel, c’est donc vite amorti », glisse Marjorie.
Ensuite, finies les histoires de sous. Il peut alors choisir parmi les offres et rentrer en contact avec les autres membres pour caler l’échange. En plus de l’avantage financier, la convivialité est au rendez-vous. « Il est possible de laisser les bons plans et des informations utiles à la personne qui vient », confirme Edwige, une jeune Tourangelle qui a échangé avec une utilisatrice originaire de Lannion.
Et que les stressés se rassurent. Selon les fondatrices, il n’y aurait jamais eu de vols ou d’arnaques avec ce type de plateforme. « Les gens ne sont pas dans cet état d’esprit », abonde Manon. Au cas où, chaque participant est couvert par son assurance habitation, puisque c’est le statut juridique d’invité qui est octroyé. Les locataires peuvent donc participer. Et si vous ne voulez pas que quelqu’un mette les pieds sur votre table basse, un contrat d’échange est disponible pour le préciser.
Seul inconvénient pour le moment : le choix restreint de destinations. Marjorie acquiesce et nuance, dans un sourire : « Mais le site permet d’avoir d’autres idées de vacances auxquelles vous n’aviez pas songé ! Cette année, par exemple, je vais partir à Orléans, je n’y pensais pas avant d’avoir lu une proposition ! ».
www.adresse-a-echanger.fr