Energie : objectif économies dans le département d’Indre-et-Loire

Un peu partout en Indre-et-Loire, les municipalités se préparent à l’hiver avec, en tête, les pistes possibles pour réduire la facture énergétique.

Les faits

Ce n’est un secret pour personne : les factures énergétiques vont exploser cet hiver. Comme les habitant(e)s, les municipalités aussi prévoient de tout faire pour limiter les dégâts. À Tours par exemple, la Ville ambitionne de faire une économie de 500 000 € sur la facture annuelle. Une obligation, puisque d’après Martin Cohen, adjoint à la Transition écologique et énergétique, « dans le contexte de hausse du prix de l’énergie, nous allons passer de 4,5 millions d’euros en 2019 à 7 millions en 2022 et 10 millions en 2023 ».

Les idées et projets

Pour réduire la facture, il faut donc des idées. Dans le département, à Amboise par exemple, la mairie éteint désormais l’éclairage public, de 23 h à 5 h du matin (sauf 5 axes fréquentés par les piétons). Idem à Fondettes.

En Indre-et-Loire, les piscines ont aussi pris le pli. « La Plage » de Saint-Avertin avait notamment baissé d’un degré la température de son bassin et ce, depuis juin déjà. Tours a fait de même avec ses piscines municipales, mais aussi ses gymnases depuis la rentrée. Elle a aussi acté l’automatisation de l’extinction des ordinateurs et imprimantes raccordés aux réseaux.

Côté éclairage, le fameux « Parcours lumières » sera réduit d’une heure. Quant aux illuminations de Noël, elles seront repensées et un peu moins nombreuses, rue Nationale. « Ce qui avait déjà été le cas l’an dernier et personne ne s’en était aperçu », souligne-t-on du côté de la mairie de Tours.

Mais pas que…

Sauf que ça ne suffira pas. À plus long terme, la Ville de Tours a aussi prévu de ne déclencher la climatisation, l’été prochain, qu’à partir de 28°C et non 26. Elle réfléchit aussi à faire fonctionner moins souvent les fontaines publiques, très énergivores. Surtout, elle envisage de créer une société publique locale d’efficacité énergétique (SPL S2E), une sorte d’outil au service de la transition énergétique.

Même à la fac

Et même l’Université de Tours est concernée par le problème. Le Président et les doyens planchent actuellement sur des pistes de réflexion, tout en souhaitant le moins d’impact possible sur les 30 000 étudiant(e)s. Car la facture d’énergie, elle, s’annonce salée : près de 7 millions d’euros en 2023. Trois fois plus qu’en 2021.

Aurélien Germain

Planète conso : les habitudes ont-elles changé ?

Boom du circuit court et explosion des livraisons : le confinement a-t-il laissé des traces dans nos habitudes de consommation ? Petit tour d’horizon pour voir où nous en sommes en 2022.

Avec le confinement, le fait de ne pas pouvoir sortir de chez moi, j’ai beaucoup eu recours à Uber Eats, alors que ça ne colle pas trop avec mes convictions. » Mais Diane, la trentaine, avoue avoir tout de même pris cette habitude il y a bientôt deux ans. Et elle n’est pas la seule ! Il y a cinq ans, l’enseigne affichait une cinquantaine de livreurs indépendants sur la métropole tourangelle. Aujourd’hui, on estime qu’ils sont environ 500 à parcourir la ville à vélo, en scooter ou en trottinette électrique pour livrer des repas achetés en ligne.

Si le confinement n’a pas fait naître la commande en ligne, il aurait donc accéléré le mouvement. Et pas seulement pour la nourriture ! Côté vêtements, l’application d’achat-vente de vêtements entre particuliers Vinted aurait bénéficié en France de hausses de 16 à 17 % du nombre de marchandises échangées en ligne.

Quant au click’n’collect, il existait aussi depuis un bout de temps. Dans la grande distribution, les premiers « drive » sont apparus en 2017 par exemple.

Mais encore une fois, la pandémie a propulsé le système au plus haut au printemps 2020. +81 % de chiffre d’affaires pour les pros du drive alimentaire à l’époque, puis une croissance qui redescend, mais en restant tout de même comprise entre +40 % et +50 % dans les mois suivants (étude « L’essentiel Drive » 2021, éd. Dauvers).

Par la force des choses, de nombreux commerces de Touraine se sont d’ailleurs orientés vers la vente en ligne et le cliquer- collecter pour pallier la fermeture de leurs boutiques. Les Tourangeaux ont-ils joué le jeu du commerce local ?

La naissance du consom’acteur ?

Un peu partout en Touraine, producteurs et consommateurs ont uni leurs forces pour créer des Associations pour le maintien de l’agriculture (Amap).

En 2020, la Chambre d’agriculture n’a pas hésité à transformer sa plateforme de vente professionnelle en boutique en ligne ouverte aux particuliers : Mangez Touraine (boutique.mangeztouraine.fr) offrait ainsi aux maraîchers et arboriculteurs du 37 une option pour pallier la fermeture de leurs débouchés habituels (restauration collective et restaurants notamment).

À Saint-Pierre-des-Corps comme à Saint-Ouen-les-Vignes, producteurs et consommateurs ont uni leurs forces pour créer des Amap (association pour le maintien de l’agriculture paysanne). Les maraîchers des Quatre Saisons de la Morinerie, Jeanne et Guillaume, trouvent ainsi un débouché régulier pour leurs légumes. Et Agnès et Aurélien, qui avaient transformé leur bergerie la Corbinière en point de click’n’collect pour les clients habitués et les collègues durant le confinement, ont donné ainsi l’impulsion à la création de l’AMAP’tite Grange.

 

Acheter conscient

Autant d’exemples qui témoignent du retour des Tourangeaux vers la vente directe et les producteurs locaux en 2020, et de leur volonté d’acheter « conscient », comme l’ont fait 64 % des Français (étude Kantar/Pourdebon.com). Et sur la durée ? À Chambray-lès-Tours, le Drive du Bon Sens, avec ses produits locaux et en vrac, n’a pas passé l’hiver 2021. Et à Tours, l’épicerie vrac « Sur la Branche » a lancé un appel à l’automne (relayé dans nos pages) pour motiver les clients à maintenir leurs habitudes d’achats locaux et écoresponsables.

À l’échelle nationale, nos épiceries vrac ont en effet connu -30 % de fréquentation en moyenne en 2021. Alors qu’en est-il aujourd’hui ? D’un côté, des magasins de producteurs qui ouvrent à Saint-Cyr ou Amboise, de l’autre, des maraîchers qui s’inquiètent de la baisse de leur clientèle, et des Tourangeaux toujours aussi fans de la vente en ligne ! Une chose est sûre : nos habitudes ont donc bougé, mais en se diversifiant. Reste à choisir à quel mode de consommation nous donnerons la priorité !

Texte : Maud Martinez / Photos : Freepick

Vieux Tours : la consommation d’alcool sur la voie publique (hors terrasse) interdite

Alors que les bars viennent de rouvrir, la Préfète Marie Lajus a décidé d’interdire la consommation d’alcool sur la voie publique dans le vieux Tours (hors terrasse) et la vente d’alcool au verre dans tout le département.

Les images d’une place Plum’ et de la rue du Commerce noires de monde, sans gestes barrières, mercredi, n’ont visiblement pas beaucoup plu à la Préfète Marie Lajus… Jeudi en fin d’après-midi, un point presse a été organisé pour évoquer de nouvelles mesures « compte tenu des débordements observés à l’occasion des réouvertures ».

La bamboche, c’est donc terminé ! La Préfète a décidé d’interdire la consommation d’alcool dans le vieux Tours durant un mois, à compter du 20 mai. Cette décision ne s’applique évidemment pas aux terrasses, où l’on pourra continuer à siroter son verre. Mais oubliez la petite bière, debout, dans les allées autour de Plumereau.

Vente d’alcool au verre interdite en Indre-et-Loire

Par ailleurs, la vente d’alcool au verre est également interdite pour un mois dans l’ensemble du département. Deux arrêtés ont donc été pris. Les contrôles dans les établissements seront renforcés.  « Un emballement de l’épidémie à la faveur d’un déconfinement trop rapide ferait en effet courir au pays le risque d’un nouveau confinement », a indiqué la Préfète.

Le périmètre concerné par l’arrêté interdisant la consommation d’alcool hors terrasse est délimité par les rues suivants : rues du Poirier, Briconnet, du Commerce, des Orfèvres, du Change, de Châteauneuf, la Place du Grand Marché et la rue du Docteur Bretonneau.

Le périmètre englobe certaines rues du Vieux Tours (plan NR)

Savourons le Val de Loire : les produits locaux à l’honneur

Avec l’opération « Savourons le Val de Loire », les producteurs locaux viennent à votre rencontre pour vous faire découvrir les richesses de nos terroirs du 12 au 18 octobre.

Avis aux épicuriens tourangeaux : l’opération « Savourons le Val de Loire » revient pour la 10e année consécutive ! Du 12 au 18 octobre 2020, les producteurs adhérents de l’association Projets pour le Val de Loire mettront en avant leurs produits dans vos supermarchés, épiceries et autres magasins habituels.

Pour Laura Bizet, membre du comité organisateur, l’objectif de l’opération est multiple : « Nous nous inscrivons dans un engagement économique, mais aussi écologique en favorisant le circuit court. Savourons le Val de Loire est aussi là pour aider les producteurs à se mettre en relation avec des professionnels du secteur (industrie agroalimentaire, restaurants, cantines, réseau de magasins…) à travers un rendez-vous professionnel qui s’ajoute aux opérations pour le grand public. »

Dégustations, rencontres et échanges

Pour les 70 adhérents de l’association organisatrice, la semaine « Savourons le Val de Loire » sera donc l’occasion de se faire connaître de tous les publics, professionnels comme particuliers.

Pour rencontrer ces derniers, les producteurs s’installeront dans des espaces dédiés à Savourons le Val de Loire dans les supermarchés, hypermarchés mais aussi boutiques et épiceries qui seront de la partie. Présentation de produits, dégustations, et surtout rencontres et échanges seront au rendez-vous.

Et au cas où vous hésiteriez encore à faire vos curieux, sachez que toute la semaine un jeu-concours sera proposé, avec à la clé des dîners gastronomiques aux Hautes Roches de Rochecorbon et dans les restaurants sélectionnés par La Touraine Gourmande Cuisine en Loir-et-Cher.

Alimentation : Que mangerons-nous en 2050 ?

En 2050, la planète devrait compter 9 à 10 milliards d’habitants. En plus d’être serrés comme des sardines, nous allons devoir repenser notre façon de manger, pénurie de ressources oblige.. et histoire de sauver ce qu’il nous reste de planète. Alors dans le futur, de quoi sera faite notre assiette ?

UNE_FUTUR

LES INSECTES

PARDON ?
Ziouf, machine à remonter le temps : avril 2017, l’un des journalistes de tmv rédige un article, pour vos beaux yeux, intitulé : « J’ai testé pour vous… manger des insectes. » Au menu ? Grillons, vers à soie, criquets et petits scorpions. Hormis l’aspect peu ragoûtant de la chose (l’oeil de grillon, c’est croquang’, mais pas gourmang’), c’est étonnamment bon (les scorpions ont un goût de Curly !) et parfois bien assaisonné.
NEWS_BOUFFE_INSECTESMalgré le tabou culturel, l’entomophagie – le fait de manger des insectes donc – représente une bonne alternative à la viande. Le taux de protéines contenu dans ces bestioles serait supérieur à celui de la barbaque que certains chérissent tant, mais aussi celui des volailles ou des oeufs vendus en commerce. C’est aussi une très bonne source de minéraux (fer, zinc…) et d’acides gras oméga 3 et 6.
En outre, une étude publiée par Scientific Reports a découvert que la consommation de grillons permettait une réduction des inflammations dans le corps, grâce à une teneur en chitine et autres fibres bénéfiques à l’équilibre intestinal.

les +
> Solution viable pour nourrir les gens. Deux milliards d’individus en mangent déjà quotidiennement, alors pourquoi pas vous ?
> L’élevage d’insectes a un faible impact environnemental (peu de gaz à effet de serre).
> Ça vous entraînera pour la saison 4383 de Koh Lanta.

les –
> Les influenceurs vont chouiner avec la photo de leur pizza à la tarentule sur Instagram (pas assez de likes, hashtag tristesse)
> Les pattes, ça reste coincé entre les dents.
> Peu calorique, on ne vous conseille pas un grillon avant de taper un marathon.

ALIMENTATION IMPRIMÉE EN 3D

PARDON ?
À Halmstadt, en Suède, une maison de retraite veut tester la… nourriture fabriquée par une imprimante 3D. Il s’agirait de redonner le goût de manger aux personnes qui peuvent avoir du mal à mâcher et avaler. L’objectif ? Obtenir un visuel proche de l’original, mais avec une texture de purée. Ailleurs, les chercheurs s’affairent déjà à ce qui, selon eux, pourrait constituer la super-solution du futur. Une équipe sud-coréenne a d’ailleurs planché sur une imprimante 3D capable d’imprimer de la nourriture ciblant nos besoins nutritionnels, via de microstructures alimentaires.

les +
> De quoi fortement réduire le gaspillage alimentaire.
> On baisse les coûts associés au stockage et au transport.
> Les multiples possibilités créatives : imaginez des pâtes imprimées en forme d’astrologue de tmv… Nous, ça nous fait rêver.

les –
> Techniquement, ce n’est pas si simple. Le processus d’impression prend du temps.
> L’interaction avec les matériaux alimentaires est bien plus complexe.
> On a du mal à imaginer une raclette 3D. Et la raclette, c’est la vie.

NEWS_BOUFFE_3D

NOURRITURE 2.0

PARDON ?
En voyant le futur (probable) potentiel de tout ça, jeunes geeks et écolos idéalistes ont commencé à réfléchir au marché de la nouvelle nourriture, la new food. Certaines start-up, comme Soylent, ont lancé une boisson composée de l’ensemble des nutriments nécessaires à la survie. Le breuvage inventé par l’ingénieur américain Rob Rhinehart permettrait de remplacer les repas, puisqu’il contient de la farine d’avoine, de la maltodextrine, des protéines de riz et de soja et des fibres. NEWS_BOUFFE_2.0

Au Québec, la PME des Fermes Lufa a mélangé culture en serre sur le toit des immeubles et distribution en circuit court.
Dans la Silicon Valley, JUST INC. (ex-Hampton Creek) a mis au point une mayonnaise sans œuf, juste en transformant des petits pois jaunes (et c’est un carton commercial). La start-up Finless Foods cherche quant à elle à créer du fromage sans lait et du poisson sans pêcher. Habit, en Californie, a élaboré des régimes personnalisés en fonction de l’ADN de chacun ; ces plats sont ensuite livrés chez le client. À Londres, le laboratoire Rocks Lab a développé une technique pour emballer de l’eau dans de petites sphères en gélatine végétale qui seront aussi 100 % biodégradables.
D’autres, enfin, travaillent sur des emballages comestibles pour éviter de détruire encore plus la planète.

les +
> La nourriture du futur est destinée à tous : végétariens, carnivores, flexitariens, etc.
> Encore une solution face à l’élevage intensif !

les –
> Et le plaisir de manger dans tout ça ??
> Possibilité de (trop) déconnecter nos sens
> Parfois (souvent ?), ça n’a pas vraiment de goût
> Devoir encore se farcir des photos de plats (high-tech cette fois) sur Instagram en 2050 ? L’enfer.

LES MICROALGUES

CapturePARDON ?
En octobre dernier, le Salon international de l’alimentation avait déjà mis en avant les microalgues, alternative intéressante concernant le futur de notre alimentation. Se nourrissant de dioxyde de carbone, elles produisent une quantité impressionnante de protéines (50 à 100 fois plus par unité de surface que les sources animales !), de graisses et glucides, le tout sans être polluantes. Ajoutez à ça une excellente teneur en acides gras et, paf, ça fait une bonne santé cardiaque. La Spiruline et Chlorella sont déjà autorisées et peuvent être soit incorporées dans des aliments, soit vendues sous forme de compléments alimentaires. Et il reste encore 30 000 espèces de micro-algues non exploitées !

les +
> On peut même faire de la mayonnaise sans œuf avec des micro-algues. Et avec 60 % de matière grasse en moins. #ventreplat
> Une poignée d’algue spiruline contient autant de calcium que 3 verres de lait et autant de fer que 3 bols d’épinard. C’est Popeye qui va être content.
> Elle nécessite 30 fois moins de surface de culture que le soja par exemple.
> Elles sont consommées depuis la nuit des temps. Et à ce qu’on sache, les Aztèques ne s’en sont jamais plaints.

les –
> En raison de son impressionnante quantité de fer, la spiruline n’est pas franchement conseillée aux personnes souffrant d’hémachromatose (excès de fer dans le sang).
> De très rares personnes sont intolérantes et peuvent être allergiques.

LE STEAK ARTIFICIEL

NEWS_BOUFFE_STEAK

PARDON ?
De la viande produite in vitro, à partir de cellules souches, ça vous dit ? Pour certains scientifiques et professionnels, cette piste pourrait nous aider à répondre à l’explosion démographique qui nous attend au coin de la rue. Plusieurs start-up américaines se sont déjà lancées dans l’aventure. En 2013, le scientifique Mark Post avait préparé le premier prototype à Londres : le « Frankenburger » (142 grammes pour 250 000 € tout de même). Créé à partir de cellules souches de vache, il avait la même texture et la même couleur qu’un burger lambda… et plutôt bon goût, parait-il.

les +
> Le nombre de bêtes tuées pour remplir notre assiette pourrait réduire considérablement.
> Vraie solution face à l’empreinte carbone de l’élevage. > Économie de 90 % d’eau par rapport à la production de viande classique.

les –
> Le premier burger synthétique a mis 6 semaines à voir le jour. Un steak bien cuit, ça se mérite !
> Ses concepteurs estiment qu’une commercialisation pourrait se faire d’ici 10 à 20 ans. En espérant donc que la fin du monde ne soit pas passée par là entre temps.
> D’après les études d’acceptabilité menées en France, en Belgique et en Australie, la majorité des consommateurs éprouve une certaine répulsion à la viande artificielle.
> Quid des agriculteurs actuels ?

Le thé pour les nuls

Comment est né le thé ? Combien consomme-t-on de tasse dans le monde ? Pourquoi cette couleur ? D’où vient le tea time ? Et puis d’abord, peut-on marier fromage et thé ? Voici quelques savoirs pas si inutiles que ça !

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HISTOIRES DE THÉ

ET LE THÉ FUT…
Selon une légende chinoise, l’empereur Shennong avait fait bouillir de l’eau dans lesquelles tombèrent quelques feuilles. Le thé était né.

ROBERT FORTUNE, VOLEUR DE THÉ

Sacré Robert Fortune !
Sacré Robert Fortune !

C’est au XIXe siècle que Robert Fortune a volé en Chine 20 000 pieds de théiers pour les introduire en Inde. En inventant le Darjeeling, les Britanniques cassèrent ainsi le monopole chinois, faisant de ce vol l’un des plus rentables de l’histoire.

LE MATCHA
Adoré de nos jours en pâtisserie, le matcha, thé de la cérémonie du thé japonaise, a été inventé au XIIe siècle. Il était alors bouilli dans du lait avec des épices. ET LE THÉ FUT… Selon une légende chinoise, l’empereur Shennong avait fait bouillir de l’eau dans lesquelles tombèrent quelques feuilles. Le thé était né.

L’INVENTION DU SACHET
C’est par accident que l’Américain Thomas Sullivan créa le sachet en 1908. Les feuilles étaient alors livrées dans de coûteuses boîtes de métal. Sullivan les remplaça par des sachets de soie et ses clients crurent à tort qu’ils devaient faire infuser leur thé ainsi conditionné.

L’HEURE DU TEA TIME
Dans les années 1840, la duchesse de Bedford, qui trouvait que le dîner se faisait décidément trop attendre, décida de se faire une pause thé — du Darjeeling et des sandwiches. Le tea time était né.

LE SAVIEZ-VOUS ?

⇒les couleurs du thé dépendent uniquement du taux d’oxydation

⇒les principaux producteurs de thé : Chine, Inde & Kenya

⇒96 % des tasses de thé bues en Grande-Bretagne sont préparées avec des sachets.

⇒black tea : le plus récolté et le plus consommé

⇒1,5 milliard de tasses chaque jour dans le monde

⇒les couleurs du thé dépendent uniquement du taux d’oxydation

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ET SI ON PRENAIT NOTRE THÉ AVEC… DU FROMAGE ?

Insolite ? Pas tant que ça. Voici trois conseils pour les accords fromages et thés…

SAINTE MAURE DE TOURAINE ET THÉ VERT GYOKURO
Les fromages de chèvre s’associent de façon générale assez bien avec les thés verts, notamment du Japon, plus iodés et frais que leurs cousins chinois. Avec un Sainte-Maure de Touraine frais, notre experte en thés (et fromages) vous conseille donc un Gyokuro ou, à défaut, un Sencha japonais.

CaptureFOURME D’AMBERT ET LAPSANG SOUCHONG
Fromage et thé ? Et avec du bleu, en plus ?! Ils ont perdu la tête, chez tmv ? Non, non, on vous assure. En écrivant ces lignes, je me souviens de la première fois que j’ai dégusté l’accord Fourme de Montbrison & Chine pointes blanches, un thé légèrement fumé. Je n’aimais ni le bleu, ni le thé fumé. Désormais je raffole des deux. Faites-nous confiance et essayez : prenez votre fromage bleu préféré, un thé bien fumé, et mariez-les. Vous ne voudrez plus jamais les séparer.

COMTÉ AFFINÉ ET THÉ D’AUTOMNE
Comme il en faut pour tous les goûts et qu’il ne faudrait pas oublier de respecter le thème, on finit avec un accord de saison. Prenez un comté affiné, faites infuser un des thés noirs d’automne que vous trouverez ci-bas (notre conseil pour cet accord en particulier : Quartier latin chez Maison Gramm) et dégustez. Coup de foudre garanti.

Par Chloé Chateau

Les nouvelles tendances du thé

Deuxième boisson la plus bue au monde après l’eau, le thé séduit chaque année de plus en plus de consommateurs, avec leurs attentes spécifiques. Quelles sont-elles et comment les marques y répondent-elles ?

UNE

De ce côté du monde, le thé n’est plus réservé aux Anglais et aux mamies et les nouveaux consommateurs ont leurs exigences. Tmv a fait un tour en ville et plusieurs thèmes reviennent invariablement, comme la santé, raison pour laquelle on passe aujourd’hui au thé ou à l’infusion. D’où une augmentation de la demande de thé vert « qui a pris une ampleur énorme », selon Benjamin Guillien, responsable chez Palais des thés. Richard Fromentau, responsable de la Maison Lhôte, ajoute que pour ceux qui cherchent à éviter la théine, les rooibos et carcadets (infusion à base d’hibiscus) sont très en vogue.

Logiquement, puisqu’il s’agit de prendre soin de sa santé, les consommateurs recherchent aussi du bio et de l’éthique, selon Clémentine Lenglart, responsable chez Maison Gramm. Les maisons productrices ont bien analysé ces demandes. Palais des thés affiche désormais le « label bio », qui permet de vendre en vrac les thés bios (auparavant pré-conditionnés) ainsi que le label « Safe tea » (chaque lot est testé afin de s’assurer qu’il respecte les critères qualité de la marque).

Chez Dammann Frères, les lots de thé d’origines sont également analysés « pour s’assurer de leur conformité aux réglementations, mais aussi pour contrôler la qualité visuelle et gustative des produits et proposer des créations originales et équilibrées ». C’est justement ce qu’attendent les consommateurs : si le bio et l’éthique sont importants, tout comme un emballage attirant (ce n’est pas pour rien que les marques rivalisent de créativité pour les fêtes), la priorité va encore à un bon rapport qualité/prix et à des parfums et mélanges originaux, notamment de saisons.
Ainsi, Dammann Frères crée une vingtaine de nouvelles recettes (dont cinq se trouvent d’ailleurs dans leur coffret automnal « Parfums de saison »).

Ces nouveaux arômes sont également utiles pour faire face à d’autres problèmes : en effet, depuis 2016, le durcissement des lois européennes a « conduit à une quasi-pénurie des thés fumés en Europe », affirme Palais des thés. Dammann confirme et explique : c’est le processus du fumage qui rend le thé impropre à passer les tests. D’où la création d’arômes pour recréer ces saveurs fumées, chères à bien des consommateurs.

Enfin, on note que la dégustation change de visage et le thé sort de la tasse. Les consommateurs cherchent des produits qui leur font du bien (et vont parfois jusqu’à demander en boutique « un thé pour le foie, contre le cholestérol, pour maigrir… alors que nous ne sommes ni médecins, ni nutritionnistes », s’étonne Benjamin Guillien) mais aussi à utiliser le thé autrement.
Il se boit à tous les repas et peut s’associer avec toutes sortes de mets, y compris le fromage, ou bien être intégré dans les plats. Pour répondre à cette curiosité, Palais des thés a d’ailleurs sorti un coffret Ma cuisine au thé avec un livret de recettes. Il semblerait que le petit-déjeuner et l’afternoon tea n’aient désormais plus le monopole du thé.

Par Chloé Chateau

>> Retrouvez également nos petits savoirs sur le thé <<

Lougage : Louer des habits le temps d’un voyage

Louer une valise pré-remplie pour les vacances ou un week-end, avec accessoires et vêtements de créateurs ? C’est ce que propose Lougage, une start-up lancée par l’entrepreneuse tourangelle Marine Deck. Un concept dans l’air du temps.

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Marine Deck

Marine Deck le dit clairement : « la location est un nouveau mode de consommation sur lequel on devra de plus en plus compter ». Cette Tourangelle de 25 ans l’a très bien compris. Après des débuts à Paris, elle est revenue s’installer dans sa Touraine natale il y a deux mois, pour y faire prospérer Lougage.

Lougage est son bébé, son protégé. Une start-up « au concept unique et innovant », s’enthousiasme Marine. Le principe ? Les clientes filent sur son site et peuvent louer à l’unité ou une sélection de pièces tendance de créateurs, spécialisés dans les voyages et les loisirs. Elles composent elles-mêmes leur valise pour la durée de leur choix.
Au menu ? Des tenues de ski ou d’été, des robes, des chapeaux, des manteaux et bien d’autres, mais aussi des accessoires et des bijoux. Une fois la valise composée, celle-ci est livrée à la cliente et le pressing est inclus. De quoi éviter le stress de la valise avant le départ, aborder la mode différemment… et de consommer responsable, évitant par ailleurs de stocker des habits qu’on ne met plus. Aujourd’hui, 35 créateurs français travaillent avec Marine. Depuis juin 2017, plus de 150 personnes ont adopté le système.

LE PLAISIR DE L’ÉPHÉMÈRE

Marine nous accueille dans son appartement lumineux situé dans un quartier tranquille de Tours. C’est ici que vit aussi Lougage. Ou plutôt, carbure. À tel point que la jeune femme a pris deux stagiaires sous son aile (qui travaillent dur dur pendant notre interview !).
Dans son dressing, les vêtements sont rangés dans des dizaines de box étiquetés. Lavés, repassés et prêts à « se faire louer ». Chic, habillée avec style, l’oeil rieur, Marine déroule le fil de son histoire. Ce qui l’a poussée à se lancer dans cette aventure ? « J’ai toujours été adepte de la location de vêtements. Quand j’étais à l’IUT, je louais des sacs à main. On s’est d’ailleurs moqué de moi avec ça. Mais ils ne comprenaient pas que c’était un nouveau mode de consommation, de service. »

Son goût du voyage sera le déclic : « Il y a ce côté éphémère quand on prend des tenues pour partir en vacances, c’est peu rentable. » Lougage germe tout doucement. Celle qui a enchaîné des études en GEA à Tours, puis un Bachelor à Paris et un Master Insec en marketing stratégique, lâche alors son job en 2016 et dit non à un CDI chez Chronopost. Le soutien de sa maman sera décisif.
Marine, aujourd’hui, « ne regrette absolument rien ». Elle a fait ce qu’elle rêvait : combiner sa passion pour la mode et pour les voyages.

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Capture d’écran du site de location Lougage

En voyant la collection proposée par Lougage, le choix semble large. « J’ai sélectionné des créateurs inspirés du voyage et mono-produit. Il y a aussi des choses “ instagrammables ”, comme les serviettes rondes, qu’on a envie de prendre en photo pendant ses vacances et poster sur Instagram. » En parlant photo, l’un des cartons de Lougage est d’ailleurs la location de petits Polaroïd®, fournis avec une avance de dix feuilles. « Les accessoires représentent 50 % des commandes sur le site », ajoute Marine.

Dans sa lancée, Marine ne manque pas de projets. Notamment en visant de nouvelles cibles, « comme la clientèle des DOM qui vient quelques jours en métropole ». Avec, toujours en ligne de mire, un état d’esprit, une philosophie différente de la consommation. « Les gens veulent de moins en moins acheter et on loue de plus en plus, même des voitures. Ce n’est plus qu’une question d’argent, c’est également une autre génération. »

> lougage-paris.com
> facebook.com/lougageparis

> Location à l’unité sans minimum de commande (avec livraison aller-retour inclus + pressing + assurance petits dégâts). De 5 à 50 € la pièce. Valise gratuite dès 80 € de location. Tailles du 34 au 42.

Des clés pour vous aider à ne rien acheter de neuf en 2018

L’association Zero Waste France a lancé un grand défi : ne rien acheter de neuf cette année. Pour l’heure, quelques 5000 personnes sont inscrites dans l’hexagone. Nous avons concocté 5 astuces pour vous aider à réussir le défi. #EPJTMV

Sébastien Moreau, président de l'association Zéro déchet Touraine, encourage à suivre l'initiative de Zéro Waste France : rien acheter de neuf en 2018. Crédit : Alizée Touami
Sébastien Moreau, président de l’association Zéro déchet Touraine, encourage à suivre l’initiative de Zéro Waste France : rien acheter de neuf en 2018. Crédit : Alizée Touami

À Tours, l’association Zéro Déchet Touraine défend et soutient le projet. Créée il y a un an, elle interroge notre consommation. Son président, Sébastien Moreau, fait la guerre aux emballages et au plastique entre autres. Il nous glisse quelques solutions parmi les plus connues ou les plus originales pour réussir le défi.

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Sébastien Moreau distille quelques conseils supplémentaires. Zéro déchet Touraine compte multiplier les composts partagés, en bas des immeubles ou dans les écoles.
Le maître de conférences en biologie des organisations a conscience qu’il n’est pas toujours évident de se lancer dans l’objectif zéro déchet. Sébastien Moreau compte sur les marchés en attendant l’action des grandes surfaces.« Elles ont tout intérêt à aller dans cette démarche », poursuit-il. De quoi satisfaire les consommateurs.« Qui n’a jamais râlé contre les emballages ? »

Chez Sébastien Moreau, le père Noël a emballé des cadeaux dans du tissu pour mettre fin au gâchis du papier.« Il peut même être gardé par la personne qui reçoit le cadeau », ajoute-t-il.
Il conseille de mutualiser un maximum avant même de se jeter sur l’occasion. Sur sa boîte aux lettres, il indique les objets qu’il peut prêter à ses voisins. De quoi créer du lien social.

Valentin Jamin et Charles Lemercier


Une semaine sans rien dépenser

#EPJTMV « J’achète donc je suis. » C’est le credo de notre société de surconsommation. Et si, pendant 24 h, on disait non ? C’est l’idée de la Journée mondiale sans achat, fêtée chaque 26 novembre. À tmv nous avons décidé de pousser le défi un peu plus loin : une semaine sans dépenser.

sans dépenser

JOUR 1 √

En ouvrant mon frigo d’une main tremblante, je m’aperçois que je ne pourrais pas tenir la semaine. Si je veux respecter mon défi « zéro dépense », sans finir la peau sur les os, je dois m’organiser. Tel un hamster en fin de saison, j’ai quelques (maigres) provisions. Le petit-déjeuner et le déjeuner se déroulent sans incident. Je m’autorise même un goûter.
Mais l’heure fatidique du dîner arrive. Le frigo et les placards crient famine, tout comme moi. Je décide alors de me dépanner chez mes chers voisins. On voit bien ça dans toutes les séries américaines, pourquoi pas à Tours ? Je frappe à la porte de ma voisine de palier. En attendant qu’elle m’ouvre, je répète sans cesse la même phrase dans ma tête : « Bonjour ! J’étais en train de cuisiner quand je me suis rendue compte que j’avais oublié l’ingrédient principal de ma recette… Quelle tête en l’air je suis. » La porte s’ouvre enfin. Je récite mon speech, armée de mon plus beau sourire. J’obtiens un pot de sauce tomate. Bingo.

Chez un second voisin, je récupère du sel qui me servira à rehausser mon repas improvisé. J’arrive enfin chez mon troisième (et dernier) voisin. C’est la scène finale. Je connais mon texte par cœur, désormais. Je n’oublie pas le sourire et le petit air gêné qui va bien. Jackpot ! Je reçois un paquet de pâtes, bio en plus. Je pense déjà au plat que je vais me préparer : une assiette de spaghettis nappés de sauce tomate, avec un léger arôme de gratuité.

JOUR 2 √ Capture

« Un caffè sospeso per favore ! » Rassurez-vous, mes notions d’italien s’arrêtent là. Le caffè sospeso est une tradition de solidarité, venue tout droit de Naples. En France, on appelle ça le café « suspendu » ou « en attente ». Le principe ? Commander un café et en payer deux, un pour soi et un autre pour un client qui en fera la demande. Au Corneille, petit bistrot restaurant de la rue Colbert, le patron a étendu le principe aux repas. « Qu’importe les apparences, si on me demande un café ou un repas suspendu, je dis oui », m’explique Didier, le patron. Bien sûr, le système est d’abord là pour aider les plus démunis.

Alors que je demande timidement un café suspendu, un homme accoudé au comptoir lance un « C’est pour moi ! » Dix minutes plus tard, un généreux plat chaud m’attend, dans une petite barquette à emporter. Je me délecte de ce plat savoureux, le meilleur que j’ai pu manger cette semaine (et, avec du recul, depuis quelques mois). Le patron du Corneille avoue qu’il prépare plus de plats et cafés qu’il n’y en a en attente. Le café suspendu n’est pas encore entré dans les moeurs en France. Et si le 10 décembre prochain on faisait comme les Napolitains qui fêtent la journée du caffè sospeso ? Rendez-vous au Corneille, à L’Instant Ciné ou au New Seven pour offrir un café ou un repas à un inconnu. Un petit geste de générosité qui fait du bien.

JOUR 3 X

Au temps où j’étais une consommatrice aguerrie, j’avais remarqué un grand panier en osier planté au milieu du rayon fruits et légumes du Monoprix. À l’intérieur, des pommes, des oranges, du raisin et des bananes en libre service. Cette opération, valable dans les 250 magasins de l’enseigne depuis septembre dernier, vise à encourager les enfants à manger sain. C’est avec ce doux souvenir en tête que je me rends donc au Monoprix, rue Nationale. Trois jours que je n’ai pas avalé le moindre fruit. Je frise l’overdose de pâtes à l’huile, faute de beurre frais dans mon frigo vide. Rayon fruits et légumes, je feins de m’intéresser aux mandarines bio. À 4,06 euros le kilo, ça sera pour une prochaine fois.

Soudain, le panier à fruits m’apparaît, telle une corne d’abondance. Une petite pancarte indique « Pour les enfants ». Dilemme. Suis-je encore une enfant à 20 ans ? N’ai-je pas dépassé la date limite de péremption ? En même temps, je ne suis pas vraiment adulte… Je décide que je suis une enfant et que, moi aussi, j’ai le droit à ma pomme gratuite. Le « bien manger », c’est à tout âge, non ? Granny Smith à la main, je ressors du magasin, la tête haute. « Madame ? Pouvez-vous venir par ici ? » me lance le vigile. Repérée. Face à son regard accusateur, j’explique, balbutiante, que j’ai emprunté une pomme dans le panier à fruits en libre service. « C’est pour les enfants, madame », me répond le vigile, en insistant bien sur le « madame ».
Je repars bredouille et le ventre grognant. Astuce : si vous vous lancez dans une semaine sans dépense, recrutez vos progénitures pour avoir des trucs gratuits. Ça marche à tous les coups.

Voisins, amis, collègues et même inconnus… Tous ont répondu présents pour m’épauler dans mon expérience : vivre une semaine sans dépenser.
Voisins, amis, collègues et même inconnus… Tous ont répondu présents pour m’épauler dans mon expérience : vivre une semaine sans dépenser.

JOUR 4 √

Alors que je flânais rue Nationale, le regard envieux vers les vitrines décorées aux couleurs de Noël et sur les sacs remplis à ras bord d’emplettes en tout genre, je me suis retrouvée dans un magasin de cosmétiques. Je vous jure, je me suis littéralement fait aspirer par les portes automatiques. Comme un appel irrépressible à la consommation. À peine le seuil de la boutique franchi, un parfum d’interdit me submerge. Non pas celui du dernier gel douche vanillé, mais celui de l’envie, du besoin même, de tout acheter. Afin d’assouvir ma tentation de dégainer ma carte bancaire, je trouve la parade. « Ce fard à paupière est magnifique ! » je m’extasie, à proximité stratégique d’une vendeuse. Ni une ni deux, celle-ci s’approche de moi, flairant la bonne cliente potentielle : « Puis-je vous aider ? »

Je feins un intérêt certain pour ce fard à paupière pailleté qui me fait de l’oeil depuis le début. « Est-ce qu’il m’ira ? » Face à mon hésitation non dissimulée, la vendeuse me propose, un large sourire aux lèvres, de me maquiller. « Je suis là pour ça vous savez », m’explique-t-elle, un pinceau de maquillage entre ses doigts parfaitement manucurés.
Je ressors de la boutique quinze minutes plus tard, arborant un teint plus frais que jamais, des yeux de biche et des mains toute douces (bon, d’accord, j’ai un peu forcé sur les échantillons de crème hydratante). Conseil d’experte : ne pas lésiner sur l’intérêt porté sur le produit en question.

JOUR 5 √

Les dégustations gratuites. Parlons-en. Ce sont nos petits plaisirs inavouables qui permettent de s’en mettre plein la panse, sans dépenser un centime. J’en ai repéré une, au coin de ma rue, organisée régulièrement par une cave à vin. Mais je n’ai jamais osé franchir le cap de l’observation du coin de l’oeil. « C’est maintenant ou jamais » je me répète, le pas décidé. Phase 1 : analyse de l’environnement. Autour de la table, quelques badauds discutent entre deux gorgées de vin, la main piochant nonchalamment dans les assiettes de charcuterie et de fromages. C’est mon jour de chance. Je suis prête à bondir sur la table. « Canalise-toi », lance une petite voix dans ma tête. Furtivement, je jette un coup d’oeil à droite, puis à gauche. Cible isolée, je répète, cible isolée. Plus personne ne rôde devant la table. Je lance alors la phase 2 de mon plan d’attaque. À pas de loup, je me dirige vers la table, feignant de m’intéresser à la provenance du vin exposé.

Alors que l’hôtesse me parle de tanin et d’arôme, je m’empare, mine de rien, d’un verre de rouge. Un verre qui m’ouvre l’appétit. Il est temps de passer à l’ultime étape de mon plan. Je chaparde un morceau de fromage, puis un autre. Impossible de me refréner. J’hésite presque à abandonner mon végétarisme pour profiter des tranches de saucisson qui se battent en duel sur l’assiette en carton. Mais je résiste. Ma faim n’aura pas mon amour pour les bêtes.

Prochaine cible : le marché de Noël et ses dégustations gratuites (le pain d’épice et le vin chaud, c’est 100 % vegan non ?)

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JOUR 6 √

Aujourd’hui, retour au paléolithique (période de la Préhistoire marquée par l’apparition d’une économie de survie, pour ceux qui n’auraient pas suivi leurs cours de CM2). Je troque, non pas un silex contre une peau de bison, mais un service contre un sac de courses et une lessive. Le « service » s’appelle Milo, a 9 mois et pèse 26 kilos. C’est un beau labrador marron à la truffe frétillante et à la gueule barbouillée de bave. Me voilà dog-sitter le temps d’un après-midi. Après une première phase d’observation (« Mais c’est qui celle-là ? Qu’est-ce qu’elle me veut ? »), Milo semble m’adopter.

Deux heures de promenade dans les ruelles et parcs du Vieux Tours plus tard, je rends mon cher compagnon à quatre pattes à sa maîtresse, Carine, patronne du MYAH Café. Les adieux sont un déchirement. Déchirement vite balayé par ma récompense… Carine me tend un sac de linge tout propre et un autre rempli de produits de première nécessité. C’est la première fois de ma vie que je suis aussi heureuse d’avoir un rouleau de papier toilette et une barquette de gnocchis entre les mains.

Pour troquer, rien de plus simple. Il vous suffit d’organiser une troc party entre voisins, collègues ou amis ; ou bien vous rendre sur l’une des nombreuses plateformes d’échange entre particuliers qui se développent sur le Web : GChangeTout, Le comptoir du troc, Troc Légumes, My Troc … À vous de (re)créer la monnaie du lien !

JOUR 7 

Dernier jour, je tiens le bon bout. Seule ombre au tableau, mon frigo est désespérément vide. Ça tombe bien, Carine, la maîtresse de Milo, m’a conseillé d’aller à la Barque, café associatif rue Colbert. Là, Olivier, le patron, m’accueille à bras ouverts. Depuis six mois, il propose un frigo partagé, sous l’initiative de l’association de lutte contre le gaspillage, Disco Soupe. « Au lieu de gaspiller la nourriture, partageons-là ! », peut-on lire sur la porte du petit frigo. « L’idée est de faire profiter aux autres la nourriture que nous ne pouvons pas consommer, explique Olivier. Par exemple, les vacanciers peuvent déposer leurs restes, plutôt que de les laisser périmer chez eux. » Laitue, pain, ananas, tomates, riz, sachets de purée Mousseline®… On y trouve de tout, pour tous. Olivier me tend un cabas, je n’ai plus qu’à me servir, comme à la maison.

Le principe est ludique, convivial et surprenant. Je sors de la Barque, les bras chargés de denrées en tout genre. Et trois ananas à manger. On connaît tous un frigo ou un emplacement autour de nous qui est prêt à accueillir une zone de partage : dans une cantine, dans un hall d’immeuble, au sein d’une association, au travail…
Pour soutenir l’initiative, rendez-vous sur le site de Partage ton frigo. Ce soir, après une semaine « zéro dépense », j’ouvre mon frigo, confiante. J’ai (presque) de quoi attaquer une deuxième semaine. Comme quoi, avant d’être des consommateurs, nous sommes d’abord des producteurs de solidarité.

TEXTE : Sophie Lamberts et Salomé Mesdesirs
PHOTO : Manon Vautrier-Chollet

[#EPJTMV / Cet article fait partie du numéro 235 de tmv, entièrement réalisé par les étudiant(e)s de 2e année en journalisme de Tours]

CHRU Tours : le propre de la blanchisserie

Allier économie et écologie, c’est possible. La preuve à la blanchisserie du CHRU de Tours : ses travaux de modernisation lui ont permis de réduire son impact sur l’environnement, tout en économisant de l’argent.

Livrer du linge sain au niveau bactériologique et visuellement propre, telle est la mission de la blanchisserie du CHRU de Tours (centre hospitalier régional universitaire). Utilisé de manière intensive, son matériel dispose d’une durée de vie limitée. À partir de 2009, les responsables de la blanchisserie ont profité du renouvellement à venir pour monter un projet visant, entre autres, à améliorer la performance écologique de l’établissement.
Leur réflexion s’est structurée autour de trois axes principaux : économiser l’énergie, améliorer les conditions de travail des employés et respecter l’environnement. « Se doter de matériel innovant permet de consommer le moins possible d’énergie et de ressources naturelles, tout en respectant les obligations réglementaires », estime Philippe Gadesaudes, responsable de la blanchisserie. La modernisation, d’un coût de 4,4 millions d’euros, est un investissement pour au moins dix ans.

EN CHIFFRES

Avec ses six sites et ses plus de 2000 lits, le CHRU de Tours est un grand fournisseur de linge sale. Chaque jour, 12 tonnes sont lavées dans la blanchisserie, dont :
– 6 000 draps
– 3 000 alèses

– 9 000 pièces de « petit plat », comme les serviettes et les torchons
– 8 000 pièces de « linge en forme », comme les tenus du personnel ou les blouses pour les personnes opérées.
– 150 armoires de linge sont préparées chaque jour, puis livrées à l’occasion de 14 tournées.

EN DATES

1976- Installation de la blanchisserie à Joué-lès-Tours
1995 – Remplacement de l’ensemble du matériel et passage à un système de « tri au propre » : dans les services hospitaliers, un pré-tri du linge sale est réalisé grâce à des sacs de différentes couleurs. Une fois à la blanchisserie, ce linge est d’abord lavé, puis trié.
2009 – Montage d’un projet pour remplacer 95 % du matériel
2012 – Validation du projet par la direction de l’hôpitalImage4
2013 – Lancement de l’appel d’offres en onze lots puis choix des fournisseurs
2014 – Mise en service du nouveau matériel au printemps
À partir de 2016 – Démarrage de travaux de rénovation et d’isolation du bâtiment

MOINS DE CONSOMMATION PLUS D’ÉCONOMIE

Globalement, la blanchisserie a quasiment divisé par deux sa consommation d’eau, soit une économie de 32 000 euros. Dès 2014, elle a économisé 63 % sur la quantité de gaz consommée, soit un gain de plus de 280 000 euros. Des données qui se confirment en 2015. Le tout, avec la même qualité de traitement du linge.

Textes et photos de Nathalie Picard

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Cannabis et coffee-shops : et si on ouvrait le débat ?

Cannabis/ Après l’ouverture de coffee-shops dans le Colorado et sa légalisation en Uruguay, tmv s’intéresse à l’éventualité d’une telle « révolution » en France. Débat avec Dominique Broc et Dr Costentin. Du pour…et du contre ! Et vous, votre avis ?

Le 1er janvier, le Colorado (États-Unis) a surpris son monde en ouvrant les premiers coffee-shops. Les consommateurs peuvent désormais acheter légalement du cannabis, à condition d’avoir au moins 21 ans et se limiter à 28 grammes par visite. Le tout, sans même besoin de prescription médicale.  En décembre dernier, en Uruguay, les sénateurs ont carrément approuvé la loi permettant à l’État de contrôler la production et la vente de cannabis, afin de lutter contre le narcotrafic. Une première mondiale.
En France, le pays le plus répressif d’Europe, le débat est loin d’être terminé. Tmv a interrogé Dominique Broc, initiateur et porte-parole des Cannabis social club et Jean Costentin, médecin et professeur au CNRS.

POUR
Dominique Broc, initiateur et porte-parole des Cannabis social club.

dominique broc
Dominique Broc (Photo DR)

Les politiques
Le Tourangeau qui ironise sur la « guerre aux drogués » a toujours la dent dure contre les gouvernements : « Les chefs d’État ont reconnu l’échec de la prohibition politique mise en place depuis 40 ans. Celle-ci a été inefficace, même au niveau social. »

Bien pour l’économie
« Ces coffee-shops américains, c’est bien et pas bien en même temps. On ne voit que le côté économique, car Amérique égale fric. C’est quand même tant mieux pour eux, car l’argent ne tombe pas dans les poches des mafias ». Pour lui, la décision de l’Uruguay est « déjà mieux ».

Conso et pas schizo
Pour le porte-parole, « le cannabis n’est pas responsable de la schizophrénie. La consommation a été multipliée par dix. Ce n’est pas pour autant que le samedi soir, il y a une file d’attente devant l’hôpital psychiatrique ! », indique-t-il en rappelant que « des études ont démontré qu’il n’y avait pas de lien entre schizophrénie et consommation de cannabis ».

Un réveil en France
« En France, ce n’est pas peine perdue. On assiste à un réveil. De plus en plus de gens soutiennent la régulation, alors qu’ils ne consomment même pas ! Par exemple, Daniel Vaillant (du Parti socialiste, il appelait à une régulation contrôlée du cannabis, NDLR) mais qui n’est pas écouté. » Dominique Broc souhaite que l’on aille plus loin : « il faut être responsable et assumer qu’il y a 10 % de consommateurs quotidiens en France. Pourtant, on est toujours considérés comme des criminels… »

Attention aux jeunes
« Adolescent, on n’a pas à acheter de la drogue aux dealers ! Si la politique de prévention avait été bien faite, il n’y aurait pas ça », répète Dominique Broc. « On aurait pu expliquer, être sérieux, dire que le cerveau se forme en dernier… »

Le souci, c’est donc du côté de la jeunesse selon lui. « Les gamins consomment trop tôt et ne sont pas informés. Le cannabis est dangereux pour un ado. Les problèmes d’addiction commencent très tôt. »

Cannabistrot
Coffee-shops ou pas, alors ? Dominique Broc propose des « cannabistrots » : « Des points de vente, réservés, encadrés, avec gestion des membres et une production française ». Il propose qu’on « prenne ces petites mains qui bossent illégalement pour un vrai travail dans des cannabistrots. Cela libérerait du temps pour la police face aux vrais trafiquants et aux vrais criminels… »

De toute manière, il estime impossible l’ouverture de coffee-shops en France. « Les Français ne sont pas informés. Ils en auraient une autre vision, sinon… » Avant de conclure : « Il y a beaucoup de consommateurs mais on laisse le marché aux mafias. Est-ce responsable ? »

√ Retrouvez nos archives web sur Dominique Broc et son Cannabis social club ici.

CONTRE
Jean Costentin, professeur de pharmacologie CNRS et faculté de médecine de Rouen.

Jean Costentin (Photo DR)
Jean Costentin (Photo DR)

Son avis sur l’actu
Concernant l’Uruguay, « c’est une décision législative, mais les sondages ont montré que la population était en majorité opposée ! Dans le Colorado, c’est une votation citoyenne », rappelle Jean Constentin, tout en admettant « les premiers effets économiques ».

Les coffee-shops
Pour les coffee-shops néerlandais, il pense que « ces lieux sont là pour attirer le  »frenchie », le Luxembourgeois, le Belge… On y a fait des fouilles et ceux qui venaient chercher du cannabis avaient aussi de la cocaïne etc. »

Jusqu’à 8 semaines dans les urines
« Mon problème – car je suis médecin – c’est qu’on avait à l’époque des présomptions sur les effets du cannabis. Mais le travail neurobiologique a vérifié ces suspicions. » Le professeur rappelle alors que c’est un « produit accrocheur, même si c’est une drogue douce comme le tabac ». « On a 1,5 million d’usagers réguliers qui bravent la loi pour satisfaire leur appétit. De toutes les drogues, le THC (le tétrahydrocannabinol, la molécule contenue dans le cannabis, NDLR) est le seul à se stocker durablement dans l’organisme, car il est soluble dans la graisse. Or le cerveau est riche en lipides. C’est là où se stocke le joint. Un joint égal une semaine dans la tête ! » Il rappelle alors que les consommateurs réguliers qui arrêtent du jour au lendemain auront encore des traces de cannabinoïde dans leur urine « pendant huit semaines ».

Les effets du cannabis sur l’organisme
Côté effets, Jean Costentin est à l’opposé de Dominique Broc. Il cite notamment les « effets aigus, le sournois, comme les perturbations de la mémoire : un effet désastreux pour notre pays et l’Éducation nationale. Le THC perturbe la mémoire de travail, par exemple le fait de terminer une phrase qu’on a commencée. »

Il parle aussi des « troubles amotivationnels, l’effet  »ça plane pour moi » », mais aussi « l’effet anxiolytique chez les sujets anxieux. Il va en abuser, ça ne fera plus rien sur l’anxiété, mais ça sera dix fois pire plus tard. » Le docteur s’agace « de l’effet pseudo anti-dépresseur » du cannabis et parle de risque de suicide accru, puisqu’il y a une « corrélation entre suicidalité et consommation ».

Attention aux ados
Le seul rapprochement à effectuer entre nos deux interlocuteurs concerne le cannabis chez les jeunes. « Plus tôt l’essayer, c’est plus tôt l’adopter et plus vite se détériorer. Car le cerveau de l’ado est en maturation », insiste le docteur, précisant que fumer va agir intensément sur les grands axes neuronaux et les synapses.

Cannabis = schizophrénie
Pour le médecin, le rapport entre cannabis et schizophrénie est avéré. Il cite ainsi diverses études, notamment celle réalisée en Suède dans les années 70, époque où le pays était laxiste en la matière. Une étude gigantesque qui a suivi « 50 000 appelés aux armées et vus par des psys » et a prouvé « qu’avoir fumé plus de 50 joints avant ses 18 ans multipliait par six le risque d’être schizophrène ». Désormais, le pays a changé toute sa législation et l’explicite « depuis la maternelle, avec 40 h de cours. Le pays a maintenant la plus faible incidence des toxicomanies ».

Dosage ?
Jean Costentin fustige les coffee-shops, dans lesquels « le cannabis n’est pas du tout moins dosé qu’ailleurs ! » Il parle de « manipulation et sélections génétiques » et rappelle que la demande du consommateur est un dosage plus fort, car de fait plus accrocheur. « Le fait de réglementer ne raisonnera pas les gens. »

Cannabis, tabac, alcool
Le cannabis étant mélangé avec du tabac pour rouler un joint, le Dr Costentin rappelle que ce mélange multiplie par 6 à 8 le facteur de goudron cancérigène et de 200°C la température de combustion. « Il y a 73 000 morts par an à cause du tabac. En 2030, il y en aura 90 000, sachez-le… »

Enfin, il précise que « cannabis + alcool font très mauvais ménage. Notre pays macère dans l’alcool, c’est une folie supplémentaire. Il y a une démagogie dans tout ça… »

« Une folie »
Ce débat ? « Une folie », pour le médecin qui se dit « hors de lui » et parle « en tant que professionnel, docteur, père et grand-père ». Avant de conclure : « Touche pas à nos mômes ! »

  @rrêt sur images : « Cannabis, et si on parlait santé ? » avec J. Costentin
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Propos recueillis par
Aurélien GERMAIN
 

Le circuit court prisé

La Ruche qui dit Oui, plateforme internet privilégiant le circuit-court et la vente directe du producteur au consommateur, s’étend sur Tours. Visite dans la plus ancienne, celle de Saint-Cyr-sur-Loire.

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La vieille 2CV se repère de loin. Sur la carrosserie, une inscription « mangez local », une autre « Mangez mieux, mangez juste », et l’adresse du site internet de la Ruche qui dit oui. Quelques mètres en avant, sur la terrasse extérieure du restaurant La Scala, Agnès Guespin s’active. Elle répartit vins, fromages sur les tables. Aide Alexis Giraudet, producteur de légumes et de céréales, à porter des sacs de carottes.
Chaque semaine, elle organise les distributions de la Ruche qui dit Oui de Saint-Cyr-sur-Loire. « Cette ruche a démarré en novembre 2012. J’en avais ouverte une à Sonzay, deux mois plus tôt », détaille la jeune femme. La Ruche qui dit Oui est un réseau de communautés d’achat direct aux producteurs locaux, créé il y a trois ans. Lorsqu’un particulier décide de monter une ruche, il s’attache à démarcher des producteurs dans un rayon de 250 km maximum. Les membres (abeilles) s’inscrivent sur internet et peuvent alors commander en ligne les légumes, viandes, œufs et autres denrées proposées chaque semaine par les agriculteurs.
Souplesse
« J’avais envie de manger sainement avec ma famille et de faire marcher les gens du coin », confie Agnès, emmitouflée dans un épais manteau en cette froide soirée de décembre. La démarche du circuit-court est aussi mise en avant. Par les abeilles et les producteurs. « Il y a un procédé engagé », confirme Évodie, membre depuis un mois et demi. À chaque distribution, plusieurs producteurs sont présents et viennent échanger avec leurs acheteurs. « C’est important de

Les abeilles viennent retirer leurs sacs de carottes
Les abeilles viennent retirer leurs sacs de carottes

sensibiliser au circuit-court et d’expliquer notre métier », poursuit Patrick Goujon, apiculteur basé à Luynes. Cet acte « locavore » fait écho à une étude de juillet dernier, précisant que 69% des français affirment acheter des produits de leur région et 57% se déclarent attentifs au lieu de fabrication de ce qu’ils mangent.
La Ruche qui dit Oui a donc des atouts pour séduire. Comme la souplesse pour le consommateur. Aucune obligation ou minimum d’achat à chaque vente. « On est plus libres que dans une Amap », note Agnès. Chacun remplit son panier comme il le souhaite. Surtout que la variété est au rendez-vous : huile, vin, foie gras, fromages… Des produits de beauté peuvent même être proposés dans certaines ruches. « Au niveau des prix, c’est à peu près pareil que dans la grande distribution », affirme Joseph, 71 ans. Par exemple, le kilo de poireaux proposé par Alexis Giraudet oscille entre 1,50 € et 1,80 €.
Réseau
Les producteurs fixent toutefois un seuil de commande en-dessous duquel ils peuvent refuser de fournir la ruche. « Au départ, je l’ai pas mal ignoré. Pour soutenir le projet », indique Luc Rivry, venu avec plusieurs cageots de pommes. Le nez rougi par le froid, il a d’abord vu la Ruche qui dit Oui comme une opportunité « d’accentuer les débouchés, toujours dans cette démarche de circuit-court ». Avec ses camarades, ils ne sont pas présents à toutes les ventes même si leurs produits sont distribués. Un turn-over s’est mis en place chaque semaine et le fonctionnement en réseau prend corps. « Il faut être solidaire, on est dans le même bateau », martèle Patrick Goujon.
Luc Rivry prend le temps d'expliquer sa démarche du "circuit-court".
Luc Rivry prend le temps d’expliquer sa démarche du « circuit-court ».

Tous sont unanimes : la Ruche qui dit Oui n’est pas forcément le plus rentable pour eux. « C’est beaucoup de travail pour des ventes pas toujours à la hauteur », juge Luc Rivry. Il travaille avec sept ruches et réalise 800 à 1000 € de vente par semaine, sachant que les producteurs touchent 79% du prix de vente (quand la TVA est de 5,5%).  On déduit ensuite les coûts de production, le temps passé… « C’est plus pour mettre du beurre dans les épinards, parce qu’il y a du boulot », résume Patrick Goujon.
Agriculture raisonnée
Ils mettent en avant leurs idéaux : le circuit-court, donc, le bio pour certains, le respect des saisons. Les valeurs face à la grande distribution. Mais La Ruche qui dit Oui demeure dans une démarche moins engagée qu’une Amap. « Il peut y avoir un effet drive-in », reconnait Luc Rivry. « Mais j’ai collaboré avec des Amap, j’ai vu des membres qui prenaient leurs paniers et qui partaient. Ici, des gens restent discuter pendant une heure », nuance-t-il. Au contraire, ils estiment que c’est à eux de sensibiliser les abeilles à leurs combats. « L’animateur de la Ruche doit aussi tenir ce rôle », déclare Agnès.
Elle passe 8 à 10 heures pour contacter les producteurs, activer le site, se rendre disponible pour une vente… Agnès déclare toucher 6% du chiffre d’affaires d’une vente (NDLR : le site précise 7,9%). Ce qui lui revient à environ 120 euros par vente, même s’il est difficile d’établir une moyenne, les résultats fluctuant d’une semaine sur l’autre. Qu’importe, elle repartira de la vente avec l’esprit satisfait. Elle conclut : « L’important, c’est le local et l’agriculture raisonnée ».
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Une nouvelle ruche s’est ouverte à Tours-centre en novembre ! C’est par-là