Des commerçants refusent le paiement en liquide, ce qui est illégal

Par crainte du virus et de contagion, certains commerçants en Indre-et-Loire, notamment à Tours, refusent le paiement en espèces. Mais d’après la loi, ce n’est pas permis, rappelle l’association de consommateurs CLCV37.

(Photo archives NR Jérôme Dutac)

C’est l’association de consommateurs de Touraine CLCV37 qui a donné l’alerte. « Nombre de personnes nous ont signalé avoir été confrontées à un refus de paiement en argent liquide chez un commerçant qui invoquait le risque de contagion par la manipulation des pièces et des billets », indique-t-elle.

Sauf que cela est… illégal ! La CLCV37 précise que le paiement en espèces « est le seul moyen de paiement que le commerçant est dans l’obligation d’accepter ». S’il refuse, il est passible d’une amende de 150 €. « Par ailleurs, cette attitude pourrait être qualifiée de « refus de vente » qui
est une pratique interdite par le Code de la consommation », ajoute l’association de consommateurs.

Privilégier la carte bancaire rassure les commerçants

Mais certains commerçants tourangeaux préfèrent refuser le paiement en espèces et imposer le paiement par carte bancaire. Nos confrères de France Bleu Touraine citent notamment l’exemple, rapporté par la CLCV37, d’un pharmacien au centre de Tours qui a refusé un paiement en liquide de 10 € et un commerce alimentaire qui a refusé les 5 € en liquide d’une femme de 91 ans.

En ayant fait un petit tour en ville, nous avons bien constaté que nombreux sont ceux qui privilégient le paiement par carte bancaire (et si possible, avec le sans contact). Interrogé par TMV, un commerçant situé près de la rue Nationale confie qu’il favorise effectivement ce mode de paiement : « La crise sanitaire nous a tous tellement perturbés et inquiétés… C’est vrai, je préfère que mes clients ne paient pas avec de la monnaie ou un billet qui a traîné je ne sais où… C’est un excès de précaution, ça me rassure, ça rassure mes salariés. On pense toujours à la transmission du virus, à  notre santé. »

Refus possible : les exceptions

La CLCV37 rappelle toutefois que le commerçant peut parfois refuser le paiement en liquide dans certains cas précis. Par exemple, s’il n’a pas assez de monnaie à rendre, si le consommateur paie avec plus de 50 pièces, si le billet est trop abîmé ou suspecté d’être faux, etc.

La CLCV37 précise que les personnes qui ont rencontré ou rencontreraient ce problème peuvent le signaler à cette adresse :
CLCV Touraine
1 Avenue Michelin
37 200 Tours
Ou au : 02 47 72 71 69
Ou par mail : accueil@clcv-touraine.org

Le circuit court prisé

La Ruche qui dit Oui, plateforme internet privilégiant le circuit-court et la vente directe du producteur au consommateur, s’étend sur Tours. Visite dans la plus ancienne, celle de Saint-Cyr-sur-Loire.

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La vieille 2CV se repère de loin. Sur la carrosserie, une inscription « mangez local », une autre « Mangez mieux, mangez juste », et l’adresse du site internet de la Ruche qui dit oui. Quelques mètres en avant, sur la terrasse extérieure du restaurant La Scala, Agnès Guespin s’active. Elle répartit vins, fromages sur les tables. Aide Alexis Giraudet, producteur de légumes et de céréales, à porter des sacs de carottes.
Chaque semaine, elle organise les distributions de la Ruche qui dit Oui de Saint-Cyr-sur-Loire. « Cette ruche a démarré en novembre 2012. J’en avais ouverte une à Sonzay, deux mois plus tôt », détaille la jeune femme. La Ruche qui dit Oui est un réseau de communautés d’achat direct aux producteurs locaux, créé il y a trois ans. Lorsqu’un particulier décide de monter une ruche, il s’attache à démarcher des producteurs dans un rayon de 250 km maximum. Les membres (abeilles) s’inscrivent sur internet et peuvent alors commander en ligne les légumes, viandes, œufs et autres denrées proposées chaque semaine par les agriculteurs.
Souplesse
« J’avais envie de manger sainement avec ma famille et de faire marcher les gens du coin », confie Agnès, emmitouflée dans un épais manteau en cette froide soirée de décembre. La démarche du circuit-court est aussi mise en avant. Par les abeilles et les producteurs. « Il y a un procédé engagé », confirme Évodie, membre depuis un mois et demi. À chaque distribution, plusieurs producteurs sont présents et viennent échanger avec leurs acheteurs. « C’est important de

Les abeilles viennent retirer leurs sacs de carottes
Les abeilles viennent retirer leurs sacs de carottes

sensibiliser au circuit-court et d’expliquer notre métier », poursuit Patrick Goujon, apiculteur basé à Luynes. Cet acte « locavore » fait écho à une étude de juillet dernier, précisant que 69% des français affirment acheter des produits de leur région et 57% se déclarent attentifs au lieu de fabrication de ce qu’ils mangent.
La Ruche qui dit Oui a donc des atouts pour séduire. Comme la souplesse pour le consommateur. Aucune obligation ou minimum d’achat à chaque vente. « On est plus libres que dans une Amap », note Agnès. Chacun remplit son panier comme il le souhaite. Surtout que la variété est au rendez-vous : huile, vin, foie gras, fromages… Des produits de beauté peuvent même être proposés dans certaines ruches. « Au niveau des prix, c’est à peu près pareil que dans la grande distribution », affirme Joseph, 71 ans. Par exemple, le kilo de poireaux proposé par Alexis Giraudet oscille entre 1,50 € et 1,80 €.
Réseau
Les producteurs fixent toutefois un seuil de commande en-dessous duquel ils peuvent refuser de fournir la ruche. « Au départ, je l’ai pas mal ignoré. Pour soutenir le projet », indique Luc Rivry, venu avec plusieurs cageots de pommes. Le nez rougi par le froid, il a d’abord vu la Ruche qui dit Oui comme une opportunité « d’accentuer les débouchés, toujours dans cette démarche de circuit-court ». Avec ses camarades, ils ne sont pas présents à toutes les ventes même si leurs produits sont distribués. Un turn-over s’est mis en place chaque semaine et le fonctionnement en réseau prend corps. « Il faut être solidaire, on est dans le même bateau », martèle Patrick Goujon.
Luc Rivry prend le temps d'expliquer sa démarche du "circuit-court".
Luc Rivry prend le temps d’expliquer sa démarche du « circuit-court ».

Tous sont unanimes : la Ruche qui dit Oui n’est pas forcément le plus rentable pour eux. « C’est beaucoup de travail pour des ventes pas toujours à la hauteur », juge Luc Rivry. Il travaille avec sept ruches et réalise 800 à 1000 € de vente par semaine, sachant que les producteurs touchent 79% du prix de vente (quand la TVA est de 5,5%).  On déduit ensuite les coûts de production, le temps passé… « C’est plus pour mettre du beurre dans les épinards, parce qu’il y a du boulot », résume Patrick Goujon.
Agriculture raisonnée
Ils mettent en avant leurs idéaux : le circuit-court, donc, le bio pour certains, le respect des saisons. Les valeurs face à la grande distribution. Mais La Ruche qui dit Oui demeure dans une démarche moins engagée qu’une Amap. « Il peut y avoir un effet drive-in », reconnait Luc Rivry. « Mais j’ai collaboré avec des Amap, j’ai vu des membres qui prenaient leurs paniers et qui partaient. Ici, des gens restent discuter pendant une heure », nuance-t-il. Au contraire, ils estiment que c’est à eux de sensibiliser les abeilles à leurs combats. « L’animateur de la Ruche doit aussi tenir ce rôle », déclare Agnès.
Elle passe 8 à 10 heures pour contacter les producteurs, activer le site, se rendre disponible pour une vente… Agnès déclare toucher 6% du chiffre d’affaires d’une vente (NDLR : le site précise 7,9%). Ce qui lui revient à environ 120 euros par vente, même s’il est difficile d’établir une moyenne, les résultats fluctuant d’une semaine sur l’autre. Qu’importe, elle repartira de la vente avec l’esprit satisfait. Elle conclut : « L’important, c’est le local et l’agriculture raisonnée ».
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Une nouvelle ruche s’est ouverte à Tours-centre en novembre ! C’est par-là