Radio Velpo : Un podcast collaboratif fait par et pour les enfants

Née pendant le confinement, Radio Velpo propose un podcast interactif fait par des enfants du quartier Velpeau à Tours. Aux manettes, Suzanne, 7 ans, et son papa.

(Photo Facebook Radio Velpo)

Les initiatives et projets continuent de naître pendant la quarantaine ! Radio Velpo est un podcast collaboratif apparu au début du confinement. Fait par et pour les enfants du quartier Velpeau (« mais pas que ! », précise-t-on évidemment), il est destiné aux enfants de 5 à 12 ans.

Une initiative tourangelle et familiale

Aux commandes, on retrouve la petite Suzanne, présentatrice de 7 ans qui a déjà tout d’une professionnelle. En support, son papa Jean s’occupe du montage des épisodes et récolte les contributions des enfants.

Car podcast collaboratif oblige, les jeunes peuvent proposer des chroniques, chanter, jouer de la musique ou raconter des blagues. Pour ce faire, il suffit d’envoyer ses idées à radiovelpo@gmail.com (format : 1 min 30 maximum).

Yoga, musique et invités

« Sur la radio, tu pourras écouter des recettes, des blagues, du yoga, de la musique, des expériences scientifiques et bien plus encore ! », indique la fine équipe. La radio a déjà accueilli de nombreux invité(e)s, comme l’ornithologue Julien Présent, un archéologue, mais aussi les directeurs et directrices du Museum d’histoire naturelle de Tours et du CCCOD, ou encore le chef Yves Camdeborde.

Une vingtaine d’épisodes sont déjà disponibles.

Pour écouter :

https://soundcloud.com/radio-velpo

https://planetenfants.fun/

A suivre sur : 

https://www.facebook.com/radiovelpo/

 

 

Financer son logement autrement

Aller voir son banquier, contracter un prêt pendant plus de 20 ans, ce n’est pas votre tasse de thé ? Des alternatives existent, plus collaboratives.

TONTINE OR NOR TONTINE ?

Au lieu de demander une avance à ta tante, participe à une Tontine. Ce système de prêt entre particulier est aussi appelé « contrat de prêt » et doit son nom à un banquier italien du XVIIe siècle, Lorenzon Tonti. Le pacte tontinier peut être réalisé au sein d’un cercle familial, amical, de travail ou avec des inconnus. Chacun des épargnants injecte dans l’association une somme définie, pendant une durée déterminée entre 10 et 25 ans. Soit l’argent de la cagnotte est versé en totalité à chaque membre en une fois par an, jusqu’à ce que tout le monde ait reçu sa part ; soit le pot se remplit pendant des années, investi selon un accord commun, avant d’être finalement distribué à tous, avec les bénéfices générés en prime.

UN HABITAT COLLABORATIF

Cette pratique scandinave est assez nouvelle en France. Il s’agit d’acheter à plusieurs un terrain, se mettre d’accord pour concevoir un bâtiment, le financer à plusieurs, pour finalement y vivre ensemble. Les retraités et les jeunes ménages peuvent être séduits par cette colocation dont vous êtes le propriétaire. Aussi appelé habitat participatif, il permet un mode de vie alternatif. Par exemple, de mutualiser les chambres d’amis ou le jardin, de réaliser des économies d’énergie et de favoriser les parties de Mölkky entre voisins le soir, après le travail. La loi Alur a encadré cette pratique en mettant en place une forme juridique de coopérative d’habitants ou de société d’attribution et d’autopromotion.

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LE CROWDFUNDING POUR INVESTIR

Acheter une maison ou un appartement peut aussi servir à investir. C’est plus rentable que de miser sur un cheval de course nain notamment. Et les plateformes de financement en ligne, le « crowdfunding » pour les bilingues, s’y sont mises. Certains sites proposent par exemple d’acheter une partie d’un terrain à construire, en complétant à plusieurs la part du promoteur. Une fois la maison sortie de terre, ce dernier rembourse les investisseurs à hauteur d’un pourcentage convenu. On peut aussi investir dans de l’ancien et gagner un pourcentage sur le loyer. Il est possible dans ce cas de devenir un jour propriétaire en rachetant les parts des autres. Autre exemple, devenir propriétaire pour une durée limitée.

SCI, UNE AFFAIRE DE FAMILLE

La société civile immobilière ou SCI est par définition un groupement de personnes qui s’unissent pour acquérir un bien immobilier afin d’en tirer profit, en acquérant un immeuble destiné à la location, ou pour le partager en famille. Il est avantageux de constituer une SCI si l’on veut gérer la maison parentale entre descendants par exemple. Ici, en cas de conflit, chacun peut céder sa part à tout moment, sans avoir à vendre le bien. Elle permet aussi de transmettre son logement progressivement de son vivant, à son conjoint ou ses enfants, en effectuant des dons-partage. Et pas besoin d’être une famille nombreuse, une SCI peut commencer à partir de deux personnes et peut même intégrer des mineurs. Un notaire pourra établir les statuts de la société pour éviter tout écueil.

Pauline Phouthonnesy

Habitat participatif : acheter et construire ensemble

De nouvelles formes de logement se mettent peu à peu en place en France. À Tours, dans le quartier Monconseil, le projet d’un habitat participatif a vu le jour en 2012. Aujourd’hui, six familles vivent sur le même terrain.

« Nous étions plusieurs à avoir les mêmes envies : habiter en ville, avoir une maison à notre image, construite avec des matériaux respectueux de l’environnement tout en réduisant notre consommation d’énergie. » C’est ce qu’explique Lucie, une jeune maman architecte. Son projet est né en 2012 de discussions avec plusieurs familles. Pour raisons personnelles, certaines d’entre elles ne sont pas allées au bout du projet. Il a donc fallu trouver d’autres motivés.

« Nous avons fait des annonces, dans des magasins bio, sur des marchés, pour solliciter les personnes engagées comme nous. Nous voulions être six familles car financièrement c’est plus simple. Au bout d’un certain temps, nous avons réussi à constituer un nouveau groupe grâce à l’engagement de nouvelles familles. »

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Première étape : trouver un terrain. Après plusieurs idées et quelques débats, le groupe a trouvé son bonheur dans le quartier Monconseil. Il a dû défendre son projet devant un jury composé d’élus, de techniciens ou encore de Tours habitat, l’aménageur de cette zone. Depuis 2016, les familles sont installées dans leurs maisons. De superficie différente, elles sont toutes collées les unes aux autres.

Dans ce quartier encore en plein chantier, ces habitations se démarquent des autres par leur extérieur : du bois, des formes carrés, des toits plats… une esthétique chaleureuse et contemporaine. Tous les propriétaires ont fait appel aux mêmes entreprises (maçonnerie, électricité…) pour réduire les coûts. Mais en ce qui concerne l’intérieur de leurs maisons, tous ont eu une grande liberté. Ils ont utilisé les mêmes matériaux pour la construction des maisons, mais les finitions intérieures sont différentes. « Certains ont fait leurs peintures eux-mêmes, d’autres ont fait appel à des entreprises par exemple », énumère Lucie.

DES ESPACES COMMUNS

Elles ont toutes été construites sur le même terrain mais chaque maison a son indépendance. Au-delà de concevoir et construire ensemble, il y aussi eu une volonté d’un « vivre ensemble ». Ils ont d’ailleurs mis en commun plusieurs espaces du terrain. Une pièce commune, encore en travaux actuellement, scinde d’ailleurs les maisons en deux parties. « Chacun peut l’utiliser comme il l’entend aussi bien pour accueillir de la famille que pour se retrouver tous ensemble. On a dans l’idée de mettre en place des expositions, organiser des concerts… L’ouvrir au quartier pour ne pas rester coincé dans cette communauté ». Le parking au bout du quartier, le jardin derrière les maisons, le potager qui commence à prendre forme, l’atelier bricolage ou encore le garage à vélos sont des espaces ouverts aux six familles.

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Ils n’étaient pas amis au départ, ont tous des âges différents (d’une trentaine d’années à une soixantaine), et ne font pas les mêmes métiers. Pour Lucie, ce projet a pu aboutir car les propriétaires ont réussi à se compléter. « Tout le monde a apporté ses compétences. Nous sommes deux architectes, il y a un manager, des informaticiens, une ex-enseignante, une biologiste, une thermicienne… ».

Ils ont tous pu, lors de l’élaboration du projet, exposer leurs envies, mais ils ont aussi dû faire quelques compromis. De longues discussions et réflexions étaient nécessaires. Tous se sont investis pour obtenir ce résultat. « Nous avons conscience que ce projet nous a demandé du temps et beaucoup d’énergie », confie Lucie.

Mais cette initiative leur a permis de faire des économies. Surtout sur l’achat du terrain qui a été divisé en six parts. Au total, Lucie pense avoir fait entre 20 000 et 30 000 euros d’économie. Aujourd’hui, ces familles en parlent autour d’elles. Et sont d’ailleurs extrêmement sollicitées. Conférences pour des associations, présentations dans le cadre de la semaine du développement durable… Elles prévoient de se rendre aux portes ouvertes de l’habitat participatif aussi. « On souhaite partager notre expérience. C’est un projet conséquent mais aujourd’hui nous sommes fiers de nous, de ce que nous avons donné et de ce que nous avons fait. »

Philippine David

Bienvenue au nouveau Bar Bidule !

Le café des enfants ouvre ses portes le 10 mai dans son tout nouveau local du 64 rue d’Entraigues.

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À ce stade, on débarque encore dans un joyeux bazar de pinceaux, de grattoirs et de meubles qui cherchent leur place. Mais le 10 mai, promis, tout sera prêt pour l’ouverture du nouveau Bar Bidule. Bénévoles et permanents de l’association ont retroussé leurs manches pour mettre fin aux travaux. Où ? Au 64, rue d’Entraigues.

L’association créée il y a 5 ans par deux mamans tourangelles sur le modèle du café des enfants parisien, sans alcool — le Cafézoïde — a enfin trouvé son nid douillet. Elle avait quitté, en décembre, ses locaux du quai Paul-Bert voués à la démolition. Aujourd’hui, le Bar Bidule dispose d’environ 80 m2 avec une partie bar/restauration adapté aux enfants, une petite cuisine, un espace jeux, lecture et ateliers, et même un jardin !

« L’idée, c’est toujours d’être un lieu de vie et d’expérimentation où la place de l’enfant est privilégié, détaille Floriane Chabal, coordinatrice de l’association. C’est un lieu de rencontres et de socialisation qui permet d’accompagner les initiatives des enfants et des adhérents, mais c’est aussi un lieu ouvert à tous. » Le principe reste le même, les horaires d’ouverture identiques : de 10 à 18 h du mercredi au dimanche avec la possibilité d’y déjeuner mais aussi de suivre les ateliers (musique, arts plastiques, etc) proposés par les volontaires.

Mais le bouclage du budget travaux s’avérant difficile, l’association a lancé une campagne de financement participatif sur helloasso.com. Son objectif : réunir, d’ici fin mai, 2 000 € qui permettront de financer les matériaux achetés, mais aussi d’investir dans du nouveau matériel pédagogique. Une étape avant d’investir, potentiellement, dans un camion permettant de proposer plus facilement les services du Bar Bidule en mode itinérant.

> facebook.com/bar.bidule.3/ 

Crowdfunding : Financez autrement

Collecter des fonds sur internet pour financer son projet : avec le crowdfunding, c’est tout ou rien, mais le succès est quand même au rendez-vous. Zoom sur trois initiatives.

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Dans la librairie de Colette, les étagères sont penchées. Pas par coquetterie, mais pour pouvoir lire les cotes des livres sans se faire mal au cou. Cette idée, la bibliothécaire de Saint-Maixent, dans les Deux-Sèvres, l’avait depuis longtemps en tête. Un jour, elle apprend qu’Escapades, librairie phare du centre-ville depuis 60 ans, doit fermer. « J’ai décidé de la racheter ! » C’était en 2006 et depuis, elle a tout fait refaire dans sa boutique. Le concept, aussi, a changé. « J’accueille maintenant un public d’enfants, pour des ateliers et je propose café et jus de fruits. » Mais cela ne suffit pas pour assurer des revenus suffisants. En février dernier, elle est prête à arrêter son activité. Une amie lui envoie alors un lien par mail. C’est un projet à soutenir, via le site Kiss kiss bank bank. Et si elle profitait du financement participatif pour réaménager sa librairie afin de proposer de la petite restauration, bio et saine, le midi ? Pour cela, elle doit construire un coin cuisine. « Les banques ne m’auraient jamais suivie vu le contexte », estime-t- elle. La libraire relance sa page Facebook pour partager son projet, elle en parle autour d’elle. Les réactions la touchent. « On n’ose pas dire qu’on est en difficulté. Quand les gens autour de moi l’ont su, ils ont réagi, m’ont soutenue… Et finalement, ce n’est pas demander l’aumône, puisqu’il y a des contreparties pour ceux qui donnent. » En dehors de Facebook, dans la réalité, elle fait goûter ses spécialités, celles qu’elle cuisinera si la collecte aboutit. « Proposer le projet sur le site et puis attendre, ça ne marche pas », indique-t-elle.

À 43 jours de la date butoir, elle a réuni plus de 25 % des 6 000 € espérés. À une centaine de kilomètre de la librairie de Colette, à Chauvigny dans la Vienne, Pascal Fonchain affiche sans détour ses ambitions. « Kalfarm se veut être un leader mondial du bienêtre animal. » Depuis 2011, l’entreprise CBHF industrie développe des produits aux couleurs de la marque maison Kalfarm. Leur innovation phare ? Un outil d’écornage de bovin baptisé Horn’up, désormais commercialisé à travers le monde. « Développer un réseau et des gammes de produits coûte cher avant d’en rapporter, » détaille le directeur général de cette entreprise. Pour passer à la vitesse supérieure, il entrevoit une solution : l’augmentation de fonds propres. Le financement participatif semble lui offrir une solution.

Outre les sites comme Ulule, il existe des sociétés qui proposent à n’importe qui d’investir dans des projets d’entreprise. La différence, c’est que ce n’est plus un don… mais bien un investissement avec une prise d’actions. En échangeant avec son entourage professionnel, Pascal Fonchain se heurte à quelques réticences. « Souvent, les entrepreneurs ouvrent leur capital pour boucher les trous, mais n’ont pas les moyens nécessaires pour développer l’entreprise. » Un écueil qu’il pense pouvoir éviter. « Cet apport doit avoir un effet de levier pour développer l’entreprise. » Il a rencontré des acteurs du financement participatif afin de trouver le partenaire idéal. Il a même opéré une modification de la structure capitalistique de CBHF industrie pour accueillir des fonds. Son projet de développement séduit Poitou Charentes Innovation (PCI) et Finance Utile. Le premier lui permet d’amorcer le développement de son entreprise. Le second se charge de présenter son projet à des investisseurs potentiels. « On crée une holding destinée au financement de la société », explique Matthieu Gabard, chargé d’affaires de Finance utile. Dans cette holding, on retrouve « des particuliers au sens large du terme. Il y a des investisseurs un peu plus aguerris que Monsieur Tout-le-Monde. »

La levée de fonds est en cours. L’objectif de Pascal Fonchain et des actionnaires de la première heure est de réunir 450 000 €. « Pour  »boucher les trous », développer la gamme et notre réseau commercial », précise l’entrepreneur. Cette prise de participation assurerait encore plus 70 % aux actionnaires historiques. « Et laisse la main au chef d’entreprise. » Le retour sur investissement est défini au départ dans un pacte d’associés par des projections à 5 ou 7 ans. Pour la première fois depuis 2011, le compte d’exploitation de CBHF industrie est à l’équilibre. Ses produits français destinés aux éleveurs n’attendent plus qu’un coup de pouce d’investisseurs privés pour tenter de vivre sa success-story.

Souvent utilisé par les groupes de musique, le crowdfunding s’ouvre peu à peu à d’autres domaines culturels. Comme le cinéma. À Tours, Léopold Bellanger n’a que 22 ans, mais se lance déjà dans son premier court-métrage. Le Sens de la vie, c’est l’histoire d’un frère et une sœur. Elle ne parle pas, lui accuse une déficience mentale. Un jour, les deux découvrent, qu’ils ont trois pères. Commence leur quête du pourquoi. Léopold Bellanger est sorti du conservatoire en septembre dernier et joue déjà dans de nombreuses pièces de théâtre. C’est également une des nouvelles têtes du réalisateur Jean-Pierre Mocky. « Très vite, j’ai voulu comprendre comment on faisait un film. » Léopold Bellanger a simplement souhaité réaliser son court-métrage, mettre en scène son histoire. C’est sa rencontre avec l’association tourangelle des Tontons Filmeurs qui lui a donné le virus du cinéma. « J’ai écrit un scénario. Depuis des années, je suis fasciné par les familles, celles dans lesquelles tout se passe bien ou ça dérape, les conséquences. »

En septembre dernier, il propose le scénario du Sens de la vie aux Tontons filmeurs. L’association est séduite. Reste le financement… En dehors des systèmes classiques de production cinématographique, Les Tontons filmeurs fonctionnent avec très peu de subventions. « C’est la première fois que nous avons lancé un appel aux dons sur Ulule, explique Amandine Lopes, membre de l’association. Le court-métrage de Léopold a ouvert une brèche dans notre mode de financement. » L’objectif, fixé à 400 €, est atteint en quinze jours avec plus d’une dizaine de contributeurs. Même si la somme semble dérisoire, elle permet de payer l’hôtel, le train et les repas pour les artistes. « Tu es obligé d’expliquer ton projet pour que les gens adhèrent et donnent de l’argent, sourit Léopold Bellanger. On a tourné un trailer pour montrer aux donneurs à quoi ça pouvait ressembler. Le crowdfunding nous a permis d’encore mieux cerner mon projet et de savoir si ça valait le coup. » C’est aussi un argument de poids pour les demandes de subventions. « Nous avons envoyé une demande à Ciclic, qui s’occupe du cinéma pour la Région Centre, sans trop y croire, continue Amandine. Le fait d’avoir déjà trouvé une partie du budget par le crowdfunding nous a permis d’être pris au sérieux. » Pour les Tontons filmeurs, cette expérience réussie donne une nouvelle perspective aux projets qu’ils mènent. Ils viennent de lancer leur deuxième appel aux dons pour un projet de ciné-concert, il y a quelques jours.

ALLER PLUS LOIN

On vous conseille de faire un tour sur les adresses des projets dont on vient de parler via ces liens :

Un déjeuner au service de la librairie

Finance utile

Sens de la vie

Pour les intéressé(e)s, renseignez- vous sur leguideducrowdfunding. com, afin de trouver les clés pour réussir dans le financement participatif. Enfin, une petite lecture s’impose : Crowdfunding, le financement participatif bouscule l’économie !, de Vincent Ricordeau.

Pauline Peretz : "Donner la parole aux gens"

Interview de Pauline Peretz, directrice éditoriale du site participatif Raconter la vie, où tout à chacun peut se raconter.

Raconter la vie
Pierre Rosanvallon (à gauche) et Pauline Peretz (à droite) valident les couvertures des futurs ouvrages prévus pour janvier. (Photo DR raconterlavie.fr/le-blog)

 
Quand est née cette idée de Raconter la vie ?
Pierre Rosanvallon* avait cette idée en tête depuis longtemps. À travers des biais éditoriaux et web, il voulait donner la parole aux gens, parler de leur vie. La progression du Front national l’a décidé à concrétiser son projet. Il y a eu une prise de conscience politique d’un moment grave. Il fallait réactiver une solution narrative déjà existante dans la première partie du XIXe siècle, avec ces ouvriers qui n’avaient pas accès aux suffrages…
Le site fonctionne plutôt bien !
Oui, vraiment. On a parlé de nous dans Libération, France Inter… Ça a boosté le site. On a 1 500 membres inscrits, parfois il y a eu des week-ends avec un afflux de cinquante récits… Bon, tout n’est pas publiable : parfois, ce sont des pamphlets ou la forme n’est pas appropriée. Et ces derniers jours, il y a eu beaucoup de demandes de partenariats.
Vous êtes plutôt surpris de ce succès ?
Agréablement surpris par la couverture des médias, mais aussi par les retours sur le site et des récits de qualité littéraire et sociale !
Vous parlez de « Parlement des invisibles ». D’où vient ce terme ? Et comment pourrait-on les définir ?
C’est le titre donné au manifeste de Pierre Rosanvallon qui explique son ambition. Au départ, c’est un souci politique qui l’a animé : ces gens dont on ne raconte pas la vie, qu’on « méprise », qu’on ignore. Il fallait leur donner une représentation qui passe par la narration, un récit qui ait un poids politique et fasse émerger les questions sociales. Ces invisibles, ce sont ceux dont on ne parle pas. Ces gens loin du radar.
Y a-t-il certains récits qui vous ont particulièrement marquée ?
Dans notre collection, on a « Chercheur au quotidien » par exemple : un chercheur connu, mais personne ne sait ce qu’il vit tous les jours, ses soucis… Sur le site, il y a aussi ce « Ligne 11 ». C’est ma ligne de métro ! (rires) Le conducteur du métro raconte tout, on voit tout, les malentendus, son quotidien… C’est très réussi. Ou encore « Sous le même toit », qui parle de la cohabitation forcée entre deux personnes récemment divorcées. Ah, et l’histoire d’une hypokhâgneuse de banlieue.
Est-ce qu’on peut donc parler de roman de la société d’aujourd’hui ?
Oui, c’est la « base-line » du site. On encourage la narration pure, la véracité qui nous anime : c’est un témoignage social, pas seulement un roman.
Pour vous, y a-t-il une dérive démocratique en ce moment ? Comment se traduit-elle ?
(hésitante) On voit un sentiment d’indifférence d’une classe politique qui s’éloigne du terrain, une dérive vers le populisme et des revendications populistes.
Êtes-vous fière de participer à ce site ?
Très fière et heureuse, honorée. J’ai toujours eu ce souci de proximité à l’égard de la société. Et avec ce site, j’apprends beaucoup…
*Né en 1948, à Blois, cet historien occupe une chaire au Collège de France et dirige les sites La Vie des idées et Raconter la vie. Propos recueillis par Aurélien Germain