Haut de la rue Nationale : un nouvel appel d’offres !

Le maire avait annoncé une remise à plat du projet. En fait, un nouvel appel d’offres a été lancé. L’étude d’un hôtel 5 étoiles est jugée « prioritaire ».

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Dessin de Giovanni déjà paru dans tmv en… novembre 2017 !

Le feuilleton du haut de la rue Nationale continue ! Le mois dernier, la municipalité avait annoncé la remise à plat du projet Porte de Loire. Mais le maire de Tours, Christophe Bouchet, a en fait lancé un nouvel appel d’offres pour redessiner le périmètre.

Publiée discrètement fin avril, la procédure d’appel public fait état d’un réaménagement paysager pour l’entrée de la ville.
Il s’agirait donc de faire construire un hôtel de luxe 5 étoiles près de la faculté des Tanneurs, symétriquement à la bibliothèque municipale.

De quoi faire monter au créneau Tours A’venir, groupe de réflexion municipale, dénonçant « un manque de transparence » et une procédure d’appel d’offres menée « sans concertation avec les Tourangeaux ».

Les postulants à l’appel d’offres ont jusqu’au 4 juin pour y répondre. Date à laquelle se tiendra le conseil municipal exceptionnel consacré… au haut de la rue Nationale.

Pour aller plus loin :

A tmv, on a aussi des idées. Retrouvez ICI nos 4 projets pour le haut de la rue Nationale !

Habitat participatif : acheter et construire ensemble

De nouvelles formes de logement se mettent peu à peu en place en France. À Tours, dans le quartier Monconseil, le projet d’un habitat participatif a vu le jour en 2012. Aujourd’hui, six familles vivent sur le même terrain.

« Nous étions plusieurs à avoir les mêmes envies : habiter en ville, avoir une maison à notre image, construite avec des matériaux respectueux de l’environnement tout en réduisant notre consommation d’énergie. » C’est ce qu’explique Lucie, une jeune maman architecte. Son projet est né en 2012 de discussions avec plusieurs familles. Pour raisons personnelles, certaines d’entre elles ne sont pas allées au bout du projet. Il a donc fallu trouver d’autres motivés.

« Nous avons fait des annonces, dans des magasins bio, sur des marchés, pour solliciter les personnes engagées comme nous. Nous voulions être six familles car financièrement c’est plus simple. Au bout d’un certain temps, nous avons réussi à constituer un nouveau groupe grâce à l’engagement de nouvelles familles. »

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Première étape : trouver un terrain. Après plusieurs idées et quelques débats, le groupe a trouvé son bonheur dans le quartier Monconseil. Il a dû défendre son projet devant un jury composé d’élus, de techniciens ou encore de Tours habitat, l’aménageur de cette zone. Depuis 2016, les familles sont installées dans leurs maisons. De superficie différente, elles sont toutes collées les unes aux autres.

Dans ce quartier encore en plein chantier, ces habitations se démarquent des autres par leur extérieur : du bois, des formes carrés, des toits plats… une esthétique chaleureuse et contemporaine. Tous les propriétaires ont fait appel aux mêmes entreprises (maçonnerie, électricité…) pour réduire les coûts. Mais en ce qui concerne l’intérieur de leurs maisons, tous ont eu une grande liberté. Ils ont utilisé les mêmes matériaux pour la construction des maisons, mais les finitions intérieures sont différentes. « Certains ont fait leurs peintures eux-mêmes, d’autres ont fait appel à des entreprises par exemple », énumère Lucie.

DES ESPACES COMMUNS

Elles ont toutes été construites sur le même terrain mais chaque maison a son indépendance. Au-delà de concevoir et construire ensemble, il y aussi eu une volonté d’un « vivre ensemble ». Ils ont d’ailleurs mis en commun plusieurs espaces du terrain. Une pièce commune, encore en travaux actuellement, scinde d’ailleurs les maisons en deux parties. « Chacun peut l’utiliser comme il l’entend aussi bien pour accueillir de la famille que pour se retrouver tous ensemble. On a dans l’idée de mettre en place des expositions, organiser des concerts… L’ouvrir au quartier pour ne pas rester coincé dans cette communauté ». Le parking au bout du quartier, le jardin derrière les maisons, le potager qui commence à prendre forme, l’atelier bricolage ou encore le garage à vélos sont des espaces ouverts aux six familles.

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Ils n’étaient pas amis au départ, ont tous des âges différents (d’une trentaine d’années à une soixantaine), et ne font pas les mêmes métiers. Pour Lucie, ce projet a pu aboutir car les propriétaires ont réussi à se compléter. « Tout le monde a apporté ses compétences. Nous sommes deux architectes, il y a un manager, des informaticiens, une ex-enseignante, une biologiste, une thermicienne… ».

Ils ont tous pu, lors de l’élaboration du projet, exposer leurs envies, mais ils ont aussi dû faire quelques compromis. De longues discussions et réflexions étaient nécessaires. Tous se sont investis pour obtenir ce résultat. « Nous avons conscience que ce projet nous a demandé du temps et beaucoup d’énergie », confie Lucie.

Mais cette initiative leur a permis de faire des économies. Surtout sur l’achat du terrain qui a été divisé en six parts. Au total, Lucie pense avoir fait entre 20 000 et 30 000 euros d’économie. Aujourd’hui, ces familles en parlent autour d’elles. Et sont d’ailleurs extrêmement sollicitées. Conférences pour des associations, présentations dans le cadre de la semaine du développement durable… Elles prévoient de se rendre aux portes ouvertes de l’habitat participatif aussi. « On souhaite partager notre expérience. C’est un projet conséquent mais aujourd’hui nous sommes fiers de nous, de ce que nous avons donné et de ce que nous avons fait. »

Philippine David

Une habitation dans les bois considérée comme "hors la loi"

#EPJTMV. Nathalie Doumas a construit son propre logement à Saint-Martin-le-Beau. En 2007, elle s’installait à la lisière d’un bois sur son terrain de 5000 m2. Mais depuis 4 ans, elle est en conflit avec la commune qui souhaite voir sa maison disparaître.

Pas facile de rencontrer Nathalie Doumas. Une fois arrivé à Saint-Martin-le-Beau par la D140, il faut « prendre à gauche au niveau du rond-point où il y a le charpentier, suivre l’usine Pullflex, reprendre à droite, et au troisième rond-point finalement à gauche ». Il faut traverser des champs, des vignes. À droite, un camp de gens du voyage, puis à nouveau des champs. Un bois apparaît. Caché sous les arbres, un circuit de moto-cross. Un dernier embranchement et quelques mètres sur un chemin de terre. Nous y voilà. Nathalie Doumas nous accueille. Finalement, on est loin du bourg de Saint-Martin lorsqu’on arrive chez elle.

Quinze ans dans un camion 

Sur le terrain, dont elle est propriétaire depuis 2004, sont répandus un peu partout des jouets. « Ils sont à mon fils. Il adore la nature et passe sa vie dehors », sourit-elle. Un poulailler, un potager, un chien… Au milieu de ce « grand jardin » trône la « maison, l’habitation, l’abri… On ne sait plus comment l’appeler », soupire-t-elle. C’est en tout cas sa demeure principale. Son logement. Pendant quinze ans, elle a vécu dans un camion. « Je suis saisonnière, mais les employeurs ne peuvent pas toujours me loger », raconte-t-elle. Sa force de travail, Nathalie Doumas l’a exportée partout en France, en Espagne ou en Suisse aussi. Lorsqu’elle a eu l’occasion de se rapprocher définitivement de sa famille, elle n’a pas hésité.

En 2008, une première procédure est lancée contre elle par la municipalité de Saint-Martin. On lui reproche de ne pas avoir eu d’autorisation pour ériger sa demeure sur un terrain non constructible. Les procédures se sont alors succédé. Les poursuites sont d’abord abandonnées en 2010, puis reprennent la même année. Depuis, Nathalie Doumas est sous le coup d’une possible demande de démantèlement de son habitation. Mais la voila arrivée au bout de son marathon juridique : sa vie va basculer le 11 décembre 2014. Mais dans quel sens ? Une attente doublée d’une menace angoissante. « Je n’ai nulle part où aller. J’ai un enfant. Je ne peux pas imaginer qu’ils me mettent à la rue », explique t-elle.

Face à la justice

Vivre à l’écart, dans un logement atypique n’est pas un choix militant. « C’est un choix de vie. Je ne veux pas être cataloguée comme une écolo extrémiste, espère Nathalie Doumas. Je n’emmerde rien, ni personne ». Il y a quelque temps, lorsque l’affaire a commencé, elle est allée à la rencontre de ses voisins. Les plus proches vivent à 150 mètres de chez elle. Elle a obtenu une dizaine d’attestations qui assurent accepter sa présence.

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Une bicoque en bois enfouie en plein cœur de la forêt. C’est en tout cas la première impression visuelle que l’on a de cette fameuse maison, qui cause tant de problèmes à la mairie de Saint-Martin. Nous traversons sa « cuisine d’été » et entrons dans son habitation. La chaleur est saisissante. Chauffée par un poêle à bois, la maison semble tout ignorer de l’hiver que nous entamons. « Lors du terrible hiver 2012, où il a souvent fait en dessous de -15°C, je n’ai eu aucun souci, relate-t-elle. J’ai mis quinze centimètres de paille dans les murs. C’est mieux isolé que la plupart des appartements ou maisons des villes. »

« On m’a d’abord reproché de vivre sur une zone A.O.P de Touraine, or je suis à 200 mètres des premiers rangs de vignes », explique-t-elle. Mais le problème ne semble plus se situer au niveau de la protection des vins de la région. La mairie a pointé du doigt le fait qu’elle vivait sur une zone non constructible. « Je n’ai aucune fondation, mon habitation est comme posée sur le sol », se défend Nathalie Doumas. Elle souhaiterait que la loi Duflot lui vienne en aide. Il y est prévu que les habitats légers soient mieux reconnus. Ou que le PLU (Plan local d’urbanisme) change et que son terrain devienne, une bonne fois pour toute, constructible pour éviter tout malentendu et contentieux juridique.

Une maison construite au fil des années… 

Des photos d’amis, de famille et des décorations sont accrochées aux murs. Au centre, une table en bois et un canapé remplissent l’espace. « Au fil des ans, des choses se sont rajoutées. Les améliorations viennent avec le temps. » Il fallait faire preuve d’ingéniosité pour construire cet habitat à partir de rien et sans compétence. Des murs se sont élevés, des pièces sont apparues. Une cuisine, une chambre, un salon…

Dans la campagne proche de Tours, ils sont plusieurs à avoir construit leur maison. « J’ai une amie pas très loin d’ici qui vit comme moi. Pour l’instant, elle n’est pas inquiétée. Je touche du bois », explique Nathalie Doumas. Sophie Robin, une amie proche et membre de l’association Vélorution, précise de son côté qu’« il y a presque une dizaine de gens qui ont bâti leur logement sans demander l’avis de personne en Touraine. Certains sur des zones non constructibles voir inondables. Ils ne sont pas mis en danger par la justice. Tant mieux. Mais c’est dur pour Nathalie. Elle respecte les lois sans faire de vague mais elle peut théoriquement être mise à la rue. Nous ne sommes pas sur un fait de société mais sur un cas unique, une histoire personnelle qui mérite indulgence et compréhension. » Nathalie Doumas rebondit : « De toute façon, je n’ai pas envie de démonter ce que j’ai construit. »

Mise à jour au 11/12/2014

Suite à la délibération du Tribunal de Tours, l’affaire a été ajournée au 11 septembre 2015. Nathalie Doumas et la mairie de Saint-Martin-le-Beau ont jusqu’à cette date pour trouver un accord. « La justice a été compréhensive », a déclaré Nathalie Doumas. Son défi va être de faire évoluer le plan local d’urbanisme (PLU) en accord avec la commune. Ainsi son logement pourrait être mis en dehors de tout problème juridique et cela définitivement.

Thomas Rideau

Vidéo : Sébastien Guerche