Salon des jeunes inventeurs : les Géo Trouvetou débarquent à Monts

Déjà 20 ans que le salon des jeunes inventeurs de Monts offre aux créateurs en herbe la possibilité de faire entendre leur voix et de présenter leurs projets. Pour son grand anniversaire, l’équipe lui a concocté de belles surprises.

3 QUESTIONS A…

Karine Pillet, chargée de com’ et coordinatrice du salon des jeunes inventeurs.

On fête cette année la 20e édition du salon. Vous pouvez nous en dire plus sur ses origines ?
Tout a commencé en 1997. Le conseil municipal cherchait une idée d’événement pour mettre la jeunesse à l’honneur. C’est Annick Le Goff, alors adjointe à la culture, qui a imaginé un concept autour des inventions et de la création. Dès la première année, une dizaine de projets ont été déposés. Aujourd’hui, nous avons bien grandi : 62 projets sont en compétition cette année. Concernant les prix, 6 200 € seront répartis entre les différents vainqueurs, dont 2 000 € viennent de la ville de Monts et le reste de nos 22 partenaires. Nous avons aussi un partenariat avec le concours Lépine, auquel les lauréats peuvent participer gratuitement.

Qui peut concourir au salon des jeunes innovateurs ?
Il faut avoir moins de 25 ans. Nous avons créé deux catégories : les juniors (avant le lycée) et les seniors (lycée et plus). Leur projet peut concerner une amélioration du quotidien, la robotique et les objets innovants, le développement durable, un jeu de société, etc. Quand nous annonçons l’événement nous envoyons des mails à tous les établissements de France. Donc même si, de fait, beaucoup d’équipes sont de la région Centre, nous avons des candidats de tout l’Hexagone, parfois même plus loin. Cette année nous avons des Belges et il est déjà arrivé que des Chinois ou des Roumains participent !

De manière un peu pragmatique, à quoi sert ce salon, quel est son but ?
À veiller à ce que les jeunes qui ont des idées aient un lieu pour les valoriser. Le salon des jeunes inventeurs et créateurs est aussi un tremplin professionnel, notamment pour ceux qui se mettent ensuite à leur compte. Plusieurs ont eu cette chance. Nous sommes aussi en lien avec la fédération Entreprendre pour apprendre (EPA), qui propose de créer des mini entreprises dans l’enseignement (de 8 à 25 ans). Les élèves créent des objets, souvent grâce aux imprimantes 3D, et notre salon leur permet de sortir du cadre strictement scolaire pour qu’ils commercialisent leurs idées de produits. Et ça marche.

ILS ONT DÉJÀ GAGNÉ…

Image111997 ET 1999 / LUDOVIC CHOPINEAU
Il fut le premier Lauréat du salon des jeunes inventeurs et créateurs grâce à son laser musical, permettant aux personnes handicapées-moteur de jouer de la musique sans avoir besoin de toucher l’instrument, grâce à un rayon laser projeté dessus (par exemple en le fixant comme une lampe frontale). En 1999, il remporte un deuxième prix pour son invention le Téléfeu, un combiné téléphonique relié à un détecteur de fumée qui appelle directement les secours en cas d’incendie. Il a alors 13 ans et cette victoire le conduit au concours Lépine à Paris, où il remporte le 1er prix dans la catégorie jeunes inventeurs. « J’avais eu ces deux idées en regardant des reportages à la télévison », confie-t-il. Après son diplôme à l’école Polytechnique de Tours, il devient ingénieur et travaille aujourd’hui pour une grande société de développement informatique.

2014 / GUILLAUME ROLLAND Image13
Même pas 20 ans, mais déjà repéré par Google grâce à qui il a pu monter sa start-up. Tout a commencé à Monts, en 2014, alors qu’il avait à peine 18 ans. Gros dormeur, Guillaume a eu l’idée d’inventer le réveil olfactif, qui vous tire du lit en douceur grâce à une bonne odeur de café, de menthe, de toast ou même de plage ensoleillée. On ne sait pas vraiment comment il fait tout ça mais ça marche : il est le vainqueur du prix des jeunes inventeurs à Monts, puis médaillé d’or du concours international Lépine et premier finaliste français du prix Google science fair. Rien que ça. La machine sera en vente en magasin en France dès cet été et 2 800 commandes ont déjà été passées.

Image142013 / KARINE NICIER 
La jeune designeuse a cherché à créer des objets qui s’adaptent à notre espace et à nos besoins. Un jour, alors qu’elle dîne avec ses parents, elle casse involontairement une chaise et se rend compte que dans cette position le dossier permettrait d’en faire un banc. L’idée est lancée mais il lui faudra trois ans pour réaliser son prototype (conception d’une maquette, étude de marché, etc.). À 25 ans, quasiment 26, elle tente le salon des jeunes inventeurs et remporte le premier prix. Cela lui vaudra une sélection au concours Lépine à Paris, où elle remporte la médaille de bronze dans la catégorie concours international en 2014. La jeune femme cherche actuellement des financements pour commercialiser son concept, dont elle a décliné plusieurs versions.

LES INVENTIONS WTF

L’équipe de tmv a eu accès à la liste complète des inventions proposées depuis 1997 et on vous a répertorié les plus improbables. C’est cadeau, bisou.

#Sadique Une gratteuse de banco qui, sur les tickets gagnants, gratte automatiquement la partie “nul si découvert”.

#Simplification Le skate-shoes, une planche de skate avec chaussures intégrées, comme ça si on tombe on est toujours dessus. Moins pratique pour les flip quand même…

#Non Le vélo-mer, sorte de scooter des mers qui fonctionne comme un vélo avec des pédales reliées à des palmes pour le faire avancer. Parce qu’on aime quand c’est pratique.

#Mignon Le parachute à Doudou. Bon d’accord ça ne sert à rien mais rien que d’entendre votre enfant dire “regarde Patapon il vole” suffira.

#AyezPitié Un jeu de société intitulé “la course à l’emploi”, pour découvrir plein de métiers tout beaux tout bien. Oui mais non, on fait déjà ça toute notre vie alors laissez-nous passer notre enfance tranquille.

#PuerMoins Satisockchen : derrière ce nom barbare, un emballage donnant un parfum aux chaussettes. En vente dans toutes les auberges de jeunesse.

>>Le Salon des jeunes inventeurs et créateurs de Monts aura lieu les 28 et 29 mai. 
>>INFOS ICI

Art-thérapie : le soin, tout un art

Rencontre avec des art-thérapeutes tourangeaux pour parler de ce métier, de plus en plus visible dans les institutions médicales.

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J’ai envie de coller des bulles, là, tout autour et puis de les éclater ! » Isabelle*, 10 ans, sérieuse, cherche un nouveau moyen de continuer la peinture qu’elle a entamée avant l’été. Elle est assise devant sa toile qui représente un chapiteau de cirque, très coloré. De ses petits doigts, elle essaye de faire exploser les alvéoles d’un papier bulle résistant. Elle ne s’éparpille pas pour autant et reste concentrée sur l’avancement de son œuvre. À ses côtés, Audroné Berthier écoute, intervient très peu, propose de manipuler elle-même les ciseaux. L’art-thérapeute, bienveillante, dirige avec douceur la séance hebdomadaire. Tous les vendredis, elle rencontre Isabelle dans son atelier à l’Institut d’éducation motrice (IEM) Charlemagne, à Ballan-Miré. La pièce, pas très grande, est baignée d’une douce lumière qui rentre par une grande fenêtre. Les œuvres de ses patients remplissent l’atelier bordé de grandes étagères. Sur celle-ci, des dizaines de boîtes, de rouleaux de papier, de peinture, de capuchons, de petits objets… « Quand vous rentrez, vous pourriez penser que c’est le bazar, rigole Audroné Berthier. Le but, c’est que tout le matériel soit visible, ça permet de donner des idées aux patients, que ce ne soit pas imposé. » La séance continue. Isabelle plonge consciencieusement un pinceau dans un petit pot de colle blanche et l’applique par petite touche sur son tableau. Elle prend ensuite les bulles soigneusement découpées par Audroné Berthier et les presse délicatement contre la toile déjà peinte. L’art-thérapeute s’extasie devant la multitude de points en plastique : « On dirait de la pluie ! » Isabelle agite les bras en souriant.
Smiley et handicap
Au bout d’une heure de discussion et d’art plastique, Audroné Berthier annonce la fin de la séance. « Alors, Isabelle, tu trouves que c’est joli ce que tu as réalisé cet après-midi ? » Elle tend alors un morceau de bois avec des smileys plus ou moins heureux dessus. Isabelle saisit celui avec un petit sourire avant de sortir de l’atelier. Audroné Berthier est heureuse de la séance. Elle s’occupe d’une vingtaine de patients à l’IEM Charlemagne. Handicapés moteurs, certains trouvent dans l’art-thérapie une espace de liberté bénéfique. « Mais contrairement à ce qu’on peut lire parfois, l’art-thérapie ne guérit pas comme un médicament peut le faire, explique-t-elle. Si c’était le cas, Van Gogh aurait encore ses deux oreilles ! Mais je pense que l’art-thérapie permet de débloquer certaines choses. Contrairement à un kiné ou un ergologue, nous travaillons sur la partie saine du corps, ce qui marche bien. »
Audroné Berthier travaille main dans la main avec l’équipe médicale. « Chaque patient est unique. L’art-thérapeute s’adapte à eux. Dans quelques minutes, je vais recevoir Baptiste*. C’est un garçon qui ne s’exprime presque pas avec la parole. Nous avons essayé de trouver quelque chose qui lui plaisait, mais finalement, l’art plastique ne semblait pas lui convenir. Au bout de quelques séances, c’est la musique qui lui a plu. » Le garçon rentre à son tour dans l’atelier d’art-thérapie. Audroné Berthier lui propose d’écouter un CD et sort d’un placard une boîte remplie de maracas, de tambours et de petites percussions. Baptiste saisit un petit flacon rempli de graines et se met à battre en rythme alors qu’un morceau de blues sort des enceintes. Pendant une heure, le jeune homme ne parle pas beaucoup mais s’exprime avec ses percussions et son plaisir de jouer de la musique. Audroné Berthier a découvert l’art-thérapie au bout d’un long parcours professionnel. Le travail avec les personnes handicapées, elle l’a commencé dans son pays d’origine, en Lituanie. Bénévole dans une association handisport, elle est passée par la case Beaux-arts et le sport professionnel. Parcours atypique, quand elle s’installe en France, elle rentre en tant qu’éducatrice à l’Institut Charlemagne en 1999. Un jour, alors qu’elle s’occupe d’un atelier d’art créatif, une psychologue lui lance : « Mais tu fais de l’art-thérapie en fait ! » Audroné Berthier connaît vaguement le terme. Elle se renseigne. Elle tombe sur l’Afratapem, l’école de Tours. Elle est diplômée en 2005.
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Cas d’école
Direction la Tranchée où se trouve la formation d’art-thérapie de Tours. C’est un cas unique en Europe. Créée en 1976, elle forme chaque année des professionnels agréés par l’État. L’Afratapem a exporté son modèle dans plusieurs villes en France mais aussi en Corée, en Croatie, au Portugal, au Brésil… « L’art-thérapie est un terme très à la mode en ce moment, commence Richard Forestier, un des fondateurs de l’école et responsable du diplôme universitaire. Notre problème aujourd’hui, c’est que n’importe qui peut porter le titre d’art-thérapeute. Il suffit de faire quelques semaines de formation dans une école peu scrupuleuse et non reconnue. » Remonté, Richard Forestier insiste sur le sérieux des professionnels qui sortent de l’Afratapem : « Il faut faire attention avec l’art. C’est un domaine qui peut être néfaste pour certaines personnes. Une séance d’art-thérapie est forcément prescrite par un médecin au sein d’une équipe pluridisciplinaire. » Pour cette sommité de l’art-thérapie, il ne faut pas non plus confondre la pratique traditionnelle, liée à la psychologie, et celle moderne apprise à l’Afratapem. « Elle s’adresse à des patients sensibles aux arts, explique Richard Forestier. Elle exploite le potentiel artistique dans un but thérapeutique. » Musique, art plastique, calligraphie… L’art-thérapie possède ses spécialités et demande aux professionnels d’être compétents dans leur domaine artistique.
Les origines
Pour Richard Forestier, les prémices de la discipline sont nées dans les écoles de musique en Touraine. Au début des années 1970, plusieurs communes ont commencé à proposer l’apprentissage d’un instrument à tout le monde, pas seulement dans le but de former des musiciens aguerris, mais aussi pour ceux qui voulaient se faire plaisir. Cette pratique a ensuite franchi l’entrée des écoles. En 1975, des pédopsychiatres, à Tours, ont commencé à faire rentrer l’art dans leur service. La création de l’Afratapem était la suite logique. « L’art-thérapeute ne donne jamais son avis sur l’œuvre de son patient. C’est lui qui évalue sa pratique. Je me rappelle d’un vieux monsieur en maison de repos qui prenait beaucoup de plaisir à reproduire des cartes postales. Autour de lui, tout le monde s’est mis à lui rapporter des cartes postales de retour de vacances. Il se retrouvait à chaque fois avec une pile à recopier. On ne peut pas dire qu’il y avait une once de créativité dans ce qu’il faisait. Seulement, il n’était jamais aussi heureux que quand il se penchait sur ses dessins. Il diffusait en plus son bonheur. »
* Les prénoms ont été changés.
 
ALLER + LOIN
La bible, pour l’école de Tours, c’est le livre de Richard Forestier. Mis à niveau régulièrement, c’est une référence qui évolue en même que la profession et les recherches universitaires.
Tout savoir sur l’art-thérapie, ed. Favre, 7e édition.