Vieux-Tours côté pile, côté face : plongée dans le cœur historique de la ville

Les touristes seraient-ils insensibles aux aléas météo ? Glissée dans une visite de l’office de tourisme incognito (ou presque, puisque je suis la seule à prendre des notes), je constate que la pluie n’arrête pas les visiteurs motivés par la découverte du Vieux-Tours, guidée par Magali. « Tu vois vraiment plein de choses que tu ne verrais pas autrement », glisse un participant à sa bande de copains.

Avouons-le : même pour les Tourangeaux de longue date, l’expérience est instructive. 90 % des centres-villes anciens seraient en réalité des restaurations. Les maisons à pans de bois étaient moins chères à construire que les maisons de pierre (et nous qui pensions qu’elles étaient chics !). Les bâtiments de la cour Ockeghem étaient au XVIIIe siècle une église transformée en écuries pour l’auberge mitoyenne… Et tant d’autres informations !

Nuits d’ivresse

Mais le Vieux-Tours n’est-il pas plus qu’une carte postale pour vacanciers en goguette ? Vous nous répondrez : c’est le quartier des bars et restaurants. Pas faux. Un petit tour dans les rues pavées certains soirs suffit à le vérifier, à tel point que l’affichage public sur la limitation du bruit ne semble pas faire son effet (au grand dam des habitants amateurs de sérénité).

Veille de jour férié. Sur les coups de 23 h, malgré les frimas, les derniers mètres de la rue du Commerce qui mènent à Plumereau sont encore bondés. Même tarif pour la place du Grand Marché ou la rue Châteauneuf. Seule la rue de la Rôtisserie, une fois passés le New Hamac et la Vida Loca, se calme au rythme des terrasses de restaurants qui se plient pour la nuit.

Phare au bout chemin, l’enseigne de la Civette. Un bar-tabac (surtout tabac) qui ne désemplit jamais, même aux heures les plus avancées, sauvant du naufrage les fumeurs en manque de nicotine. « Il ne faudrait mettre que des fêtards dans ce quartier ! ». Attablé au Bombay pour se refaire une santé, Joseph, 18 ans, vit place du grand Marché. Et il assène cette phrase avec l’assentiment de ses trois comparses : « Habiter ici, c’est la vie ! »

Ce sont en tout cas ces jeunes qui font tourner les commerces nocturnes du quartier. Dans la rue des 3 Orfèvres, la discothèque n’est pas encore ouverte, mais la supérette voisine turbine : « Ce sont les clients des bars qui nous font vivre, on travaille surtout entre 19 h et 22 h pour la vente d’alcool », explique Menad derrière son comptoir. « Après 22 h c’est la nourriture, les chips, et les sodas qui accompagneront l’alcool. La clientèle est jeune, mais ça se passe bien, il y a rarement des problèmes. »

Pause. Lecteur ou lectrice de plus de 30 ans, vous venez de prendre un coup de vieux. Pas de panique ! À chaque bar son identité, à chaque coin de rue sa tranche d’âge. Le Canadian pour les concerts de rock et metal, le Strapontin pour le jazz, et des dizaines d’autres à explorer.

Nos divagations nous mènent jusqu’à la place de la Victoire. Dernier bar avant la fin du monde, le Duke y a ouvert ses portes il y a deux mois, à la place de l’Aventure. « L’esprit du bar ? Celui que vous voudrez ! » répond Pascal en souriant. « C’est comme le nom : Duke, certains pensent à Duke Ellington, d’autres à Booba, ou à la traduction française de « The Dude » dans le film The Big Lebowski. »

L’ancien du milieu pétrolier avait quitté la mer pour ouvrir le Shelter, et à soixante-trois ans, avec un nouveau bar, il n’entend pas prendre sa retraite : « Tant que je suis jeune il n’y a pas de raison ! ». Plusieurs générations sirotent des cocktails au son du rock qu’affectionne le patron. L’expérience nous confirme donc que le Vieux-Tours reste the place-to-be de toutes les générations lorsque l’envie de boire un verre se fait sentir.

Jours heureux

7 h, 8 h, 9 h du matin… Nouveau visage pour la vieille ville. Au fil des jours, vous croiserez les employés de la métropole en opération nettoyage ou les livreurs de fût de bières alimentant le quartier. Au Tourangeau comme ailleurs, c’est l’heure du café du matin. Le quartier s’anime petit à petit. La Bicyclerie et l’épicerie Sur la Branche à la Victoire, les concept-store de Châteauneuf, les libraires rue du Commerce…

Le Vieux-Tours diurne redevient l’antique quartier des marchands qui s’agglutinaient à l’époque dans les ruelles et sur les carrois aux alentours de la collégiale Saint-Martin, aimant à pèlerins. Tandis que les étudiants Léa et Guillaume font tourner leur linge à la laverie du Grand Marché, un peu plus loin, le peintre Laurent Vermeersch apprécie la vie de quartier. Rue Eugène Sue, il est « au cœur de la vieille ville mais en périphérie de la zone bruyante ».

L’artiste observe avec plaisir l’évolution du secteur Grand Marché-place de la Victoire : « Il y a de nouveaux commerces, une galerie, des projets avec l’association Victoire en Transition pour le carroi aux herbes… C’est de plus en plus attractif ! ». Quant au vitrailliste Pascal Rieu, il a choisi à dessein ce quartier pour y installer logement et atelier l’an dernier : « Le quartier est animé, c’est un quartier de nuit, mais on le sait quand on le choisit ! ».

C’est cependant en journée que leur association le Quartier des Arts entend faire vibrer la vieille ville (voir encadré). Il faut en arpenter les ruelles pour découvrir les ateliers… et les très bons restaurants cachés entre les pièges à touristes des grandes artères, et les petites rues discrètes, loin du tumulte. Mais à vous de les trouver, car c’est la seule manière de vraiment connaître le Vieux-Tours : l’arpenter en dehors des sentiers battus !

Reportage : Maud Martinez
Photos : ouverture Gérard Proust NR archives / Maud Martinez / Aurélien Germain

Ces événements qui ont marqué les années ’80

[Numéro spécial années ’80] Sport, politique, société… Petite sélection de quelques événements qui ont marqué l’actualité de la décennie 80…

L’ÈRE COLUCHE

Dans les années ‘80, Coluche est partout, sur tous les fronts. À l’affiche de films, raflant aussi un césar, l’humoriste s’illustre surtout en se présentant à la présidentielle de 1981 (avant de retirer sa candidature suite aux menaces) et en créant les Restos du coeur en 1985, malheureusement toujours d’actualité en 2019. Il meurt en 1986 dans un accident de la route.

MORT DE JOHN LENNON

8 décembre 1980. 22 h 52. John Lennon rentre de studio avec son épouse Yoko Ono. Mark David Chapman, un fan obsédé des Beatles, tire 4 balles sur le musicien. L’assassin purge aujourd’hui une peine de prison et demande régulièrement une remise en liberté. Toutes ont été refusées.

TCHERNOBYL

C’est le plus grave accident nucléaire jamais répertorié. Le 26 avril 1986, à 1 h 24, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire Lénine explose. L’incident est classé au niveau 7, le plus haut qui soit. Devenue ville fantôme, Tchernobyl est paradoxalement devenue une attraction touristique… En 2017, 50 000 personnes s’y sont rendues.

LE SACRE YANNICK NOAH

Cela faisait 37 ans qu’un Français n’avait pas remporté par Roland-Garros. En 1983, Yannick Noah, 23 ans, affronte Mats Wilander devant 17 000 personnes. Et en sort vainqueur… devenant ainsi le chouchou national.

MARIAGE ROYAL

750 millions, c’est le nombre de téléspectateurs qui ont assisté devant leur téléviseur à la diffusion du mariage de la famille royale entre Diana Spencer et le prince Charles, le 29 juillet 1981.

PEINE DE MORT : LE DISCOURS DE BADINTER

Le discours est resté dans les mémoires. L’homme aussi. Le 17 septembre 1981, Robert Badinter, Garde des Sceaux, présente le projet de loi pour l’abolition de la peine de mort en France. Le lendemain, elle est votée à l’Assemblée nationale.

SIDA : LA PANDÉMIE

En janvier 1983, les chercheurs français Françoise Barré-Sinoussi et Jean- Claude Chermann, sous la direction de Luc Montagnier, isolent un nouveau virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida.

GUERRES ET TRAGÉDIES

Car il n’y a pas une décennie sans conflits, les 80’s ont aussi connu leur lot. De 1980 à 1988, guerre Iran-Irak ; guerre des Malouines en 1982 ; attentats en Ulster ; ou encore fin de la guerre du Liban… En 1984, l’Ethiopie se meurt en raison de la famine (400 000 victimes).
Quant à la République populaire de Chine, elle devient tristement célèbre pour sa vague de répressions place Tian’anmen en ‘89. Dans un mois, on commémorera les 30 ans de ce massacre. La Chine a donc décidé de bloquer l’accès à Wikipédia…

MITTERRAND ÉLU

Il est le premier socialiste à occuper le siège présidentiel sous la Ve République. En 1981, François Mitterrand devient le chef de l’État. En ‘86, c’est la première cohabitation. Il nomme Jacques Chirac Premier ministre. Deux ans plus tard, Mitterrand sera réélu face à… Jacques Chirac. Vous connaissez la suite…

LIBÉREZ LES ONDES !

Le début des années 80 est synonyme de libération radiophonique et télévisuelle. Des chaînes TV privées apparaissent (coucou TF1) et en face, c’est l’explosion des radios libres (au hasard, Baudecroux qui fonde « Nouvelle Radio des Jeunes », soit… NRJ !). Les radios pirates sont légalisées et vont transformer le paysage.

ET LE MUR TOMBA

Les photos sont dans toutes les têtes: le 9 novembre 1989, c’est la chute du mur de Berlin, celui-là même qui avait été érigé une nuit d’août 1961. Un symbole de la Guerre Froide s’écroule.

Photo NR archives Patrick Lavaud

INRA : quand la santé va, tout va !

A l’Inra de Nouzilly, une bonne partie des recherches sont dédiées à la santé animale. Avec en corollaire, l’amélioration de la santé humaine. Explications.

TROIS QUESTIONS À

NEWS_SCIENCE_SCHOULERCATHERINE SCHOULER / CHERCHEUSE À L’UNITÉ MIXTE DE RECHERCHE INFECTIOLOGIE ET SANTÉ PUBLIQUE (INRA – UNIVERSITÉ FRANÇOIS RABELAIS)
Vous travaillez sur la collibacilose aviaire, une maladie fréquente dans les élevages de volailles. Pourriez- vous nous en dire plus ?
Cette maladie est causée par la bactérie E. Coli, hébergée dans l’intestin des oiseaux mais aussi des êtres humains. Certaines souches, chez les volailles, sont à l’origine de maladies osseuses ou de pneumonies. Chez l’homme, E. Coli est la première cause d’infections urinaires. D’où l’intérêt de mieux comprendre cette bactérie.

Quels liens existent-ils entre santé humaine et santé animale ?
Les animaux souffrent de maladies qu’ils peuvent transmettre à l’homme. Par ailleurs, les maladies infectieuses sont traitées, chez l’animal comme chez l’homme, à l’aide d’antibiotiques. Quand certaines bactéries, dans les élevages, deviennent résistantes au traitement, ce nouveau caractère risque de se transmettre à des bactéries qui attaquent l’homme. Justement, un plan national prévoit de réduire de 25 % l’usage des antibiotiques vétérinaires d’ici à 2017.

Développez-vous des alternatives ?
Oui, on utilise par exemple des phages : ce sont des virus qui détruisent les bactéries. Une autre voie s’intéresse à des molécules antimicrobiennes, produites naturellement par l’animal malade. Ce sont des pistes pour de nouveaux médicaments.

>> Au village des sciences, vous pourrez compter des colonies de bactéries, les observer au microscope, extraire l’ADN d’une banane ou vous exercer à manier une pipette

MALADIES INFECTIEUSES : ATTENTION DANGER

Combinaison intégrale, bottes, casque ventilé, respirateur, système sophistiqué de filtration d’air… Non, il ne s’agit pas de Sam Daniels, le héros campé par Dustin Hoffman dans le film catastrophe Alerte !, mais d’un simple mannequin que vous aurez l’occasion d’observer au village des sciences. Pour autant, cet équipement de protection est bien porté par des agents de l’Inra de Nouzilly, à la plate-forme d’infectiologie expérimentale.
L’objectif : étudier des maladies infectieuses ou tester de nouveaux vaccins sur de gros animaux comme la vache, le porc ou le mouton. Puisque certaines sont contagieuses ou transmissibles à l’homme, des mesures de confinement sont nécessaires. Ici, le confinement maximal est de niveau 3 (sur 4), ce qui permet de travailler sur des maladies comme la tuberculose. > Présentation du matériel de confinement et d’un équipement de protection individuel au village des sciences.

À L’HÔPITAL DES ANIMAUX

IRM, scanner et échographe : ces appareils d’imagerie médicale sont installés à la plate-forme Chirurgie et imagerie pour la recherche et l’enseignement (Cire), qui regroupe un bloc opératoire et un service d’imagerie à l’Inra de Nouzilly. Les mêmes qu’à l’hôpital Bretonneau. Et pourtant, ils sont réservés aux animaux de grande taille, comme le mouton ou le porc.
À quoi ça sert ? « Ça permet de réaliser des observations sur des animaux vivants et d’effectuer un suivi dans le temps », répond Yves Tillet, directeur de recherche à l’Inra. Des travaux ont permis de suivre l’évolution d’une maladie des ovaires sur un modèle de brebis. Aussi, la structure est ouverte à des partenaires extérieurs. Des animaux du ZooParc de Beauval sont venus passer des examens : une hyène, un kangourou et même un tigre ! > Visite commentée de la plate-forme Cire (scanner et IRM)

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Nathalie Picard