Covid, climat, bio, changements : le monde du vin en pleine mutation

Économie, société, climat… Le monde viticole s’adapte aux évolutions du monde actuel, sans négliger la qualité et l’amour du travail bien fait.

Au printemps 2020, les Français étaient confinés. Tous ? Non, d’irréductibles viticulteurs tourangeaux, ne pouvant délaisser leurs ceps trop longtemps, étaient au pied des vignes. En plein air et à distance les uns des autres, ils ne risquaient alors rien pour leur santé mais voulaient préserver celle de leurs vignobles.

Ont-ils bien fait ? La vigne n’a en tous cas pas attendu le déconfinement pour vivre sa vie : 2020 a été à Vouvray le débourrement le plus précoce de l’histoire de l’appellation. Et tout le cycle de vie de la vigne a suivi, avec des vendanges achevées en septembre dans certains domaines, quand elles trainent certaines années jusqu’à la mi-octobre.

Covid : repenser la commercialisation

Mais si les grappes de raisin ont fait fi du Covid pour faire leur petit bonhomme de chemin, les vignerons ne sont pas tous sortis indemnes de cette année 2020 pas comme les autres. « Le Val de Loire est en général bien représenté sur les cartes des restaurants, et certains vins s’exportent bien. La pandémie, avec ses confinements et fermetures, a donc eu un gros impact pour certains viticulteurs qui ont vu chuter leurs ventes. »

Pour Lionel Gosseaume, président d’InterLoire, l’interprofession des vins du Val de Loire (de Sancerre à Nantes), le Covid aura donc des effets à long terme sur la santé économique de certaines exploitations viticoles. Toutes ne sont pas dans la même situation, comme le souligne Romain Baillon, conseiller viticulture au GABBTO (Groupement des agriculteurs biologiques et biodynamiques de Touraine) : « Pour nos vignerons qui avaient déjà une clientèle constituée de particuliers, ils s’en sont bien sortis, parfois même mieux que les années précédentes. Alors que pour ceux qui vendaient à l’export ou en hôtellerie-restauration, la situation a été compliquée, il a fallu trouver de nouveaux marchés. »

Quel que soit le profil, l’adaptation est apparue comme le maître-mot du monde viticole. Du côté de Chinon, la tradition a dû s’effacer durant quelques mois, comme le souligne Fabrice Gasnier, président du syndicat des vins de l’AOC : « Chez nous, on a l’habitude de venir au domaine, chez le vigneron, pour acheter ses bouteilles. Les portes sont ouvertes en permanence. Avec le confinement, certains se sont adaptés, ont développé la livraison à domicile par exemple. »

Au domaine du Margalleau, en AOC Vouvray, la famille Pieaux travaille par exemple à la création d’un site web. Valentin Pieaux nous dit pourquoi : « Les neuf mois de fermeture des restaurants ont été compliqués pour nous. Il faut diversifier nos moyens de commercialisation, et réfléchir à comment contrer ce genre de situation, car c’est le monde vers lequel on va. » Un monde qui n’en finit pas de changer… et de se réchauffer.

Climat : anticiper les aléas

Ça chauffe ! Ou ça gèle ? Bref : ça bouge ? 2020 a été une année précoce dans tous les vignobles de Touraine, mais 2021 a été marquée par le gel pour plusieurs appellations. Chinon est passé entre les gouttes. Mais chez d’autres, le verdict a été sans appel : plus de la moitié de la récolte tuée dans l’œuf (ou plutôt dans le bourgeon). Et on ne vous parle même pas des risques de mildiou qui ont fait transpirer nos vignerons tout l’été…

Au-delà de la seule récolte 2021, c’est toute une dynamique qui se trouve freinée, comme le rappelle Hervé Denis, le président de la cave des producteurs de Montlouis-sur-Loire (Maison Laudacius) : « Nous avons eu des gels à répétition en 2016, 2017, 2019 et 2021. Les récoltes sont donc irrégulières, il devient compliqué de planifier des investissements. Et avec l’incertitude sur la production, les projets commerciaux que nous avions sont au ralenti. Nous avons trois de retard par rapport à nos ambitions de développement ! ».

La coopérative montlouisienne a même dû contracter un prêt, tout en assurant le paiement mensuel de ses quinze adhérents, pour qui le dicton « l’union fait la force » n’a jamais été autant d’actualité. L’interprofession InterLoire et les syndicats de producteurs veulent anticiper l’accélération de ces changements climatiques, « des questions centrales et stratégiques » selon L. Gosseaume.

Coté commercialisation, une gestion des stocks adaptée pour ne pas reculer sur les nouveaux marchés où les vins de Loire sont concurrencés par d’autres vignobles français ou étrangers. Et côté prévention, une cartographie précise des terroirs pour identifier ceux à risque et le test de nouveaux cépages durant dix ans, plus adaptés à ces conditions climatiques coté prévention, pourraient aider à se préparer à ces changements inéluctables. Sur le terrain, certains cherchent d’autres parades.

Sophie Clair et Romuald Colin, au Chai de Thélème, réfléchissent aussi à la plantation de cépages adaptés à ce nouveau climat. Mais ils misent aussi sur l’ouverture d’un gite axé sur l’œnotourisme pour compléter leur activité.

Et le bio alors ?

Autre évolution à laquelle le monde du vin s’engage : le bio, le respect de l’environnement, et au passage, de notre santé. Là encore, regard sur le futur : d’ici à 2030, 100 % des exploitations viticoles en label environnemental ? C’est l’objectif que se fixe InterLoire. À l’heure actuelle, 50 % des exploitations (pour 30 % des surfaces viticoles) sont inscrites en label Bio, HVE3, Terravitis ou Agriconfiance entre Sancerre et Nantes, en passant par la Touraine. Au GABBTO, on compte aujourd’hui 80 vignerons adhérents, sur les quelques 180 à 200 que compte l’Indre-et-Loire.

Et les chiffres grimpent d’année en année. Les motivations sont multiples : convictions profondes de nouveaux venus, ou motivations économiques face à l’engouement de la clientèle grand public pour les produits labellisés bio. À la cave Laudacius (Montlouis), on évoque ainsi la « pression sociétale » et « l’évolution des demandes pour un respect accru des terroirs et de la nature ».

Mais comme le souligne Romain Baillon, « même si parfois la motivation première est l’intérêt pour la commercialisation, les vignerons qui se forment pour se convertir en bio découvrent tout l’intérêt de ces pratiques et deviennent eux aussi des convaincus ! ». Une chose est sûre : à tmv, on est convaincus que nos vins de Touraine sont partis pour durer, grâce aux efforts déployés par ces professionnels qui ne lâchent pas la grappe tant qu’elle n’est pas mûre à point.

Les jeunes prennent le relais

À Saint-Martin-le-Beau (AOC Montlouis), Céline Avenet a rejoint son père pour créer le GAEC Les Mons Gas. Elle avait pourtant débuté son parcours dans une autre voie : la statistique, dans l’industrie pharmaceutique. Mais après deux ans de vie parisienne, retour au bercail : « J’avais déjà hésité à rejoindre la viticulture, mais j’avais peur que ce soit trop difficile. Finalement ça l’est, un peu tous les jours, mais ça me passionne ! J’adore passer ma vie dehors à chouchouter mes vignes, voir pousser le raisin. Et être en coopérative est enrichissant, il y a de l’entraide, de l’échange. Mon père ne s’attendait pas et il était à la fois heureux qu’une nouvelle génération prenne le relais, mais aussi inquiet pour moi ».

Aujourd’hui, Didier est rassuré car sa fille assure ! À Chançay (AOC Vouvray), Valentin Pieaux a rejoint son père et son oncle au domaine du Margalleau. Pour lui, c’était évident : « Je suis tombé dedans quand j’étais petit, comme Obélix ! Je suis né juste avant les vendanges 1995, date de la création du domaine. J’ai tout de même suivi un BTS à Montpellier, qui m’a permis d’acquérir de l’expérience en Alsace et au Chili avant de revenir ici en 2017 ».

Avec lui, il a ramené un lot de belles idées, dont la fabrication de rosé sec en bouteille dont la première cuvée (2018) s’appelle « L’intronisé ». Et notre nouvel arrivant n’a pas fini d’innover : les trois Pieaux travaillent en effet sur la création d’une nouvelle gamme élevée en fut de chêne, pour monter en gamme et séduire une nouvelle clientèle.

Texte : Maud Martinez / Photos : Adobe Stock (ouverture) & archives NR et tmv (corps de l’article)
*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.


Indre-et-Loire : la huitième semaine en chiffres

#Confinement Somme récoltée pour le CHU de Tours par une course virtuelle, nombre de personnes guéries et de cas en réanimation, surpopulation carcérale ou encore gel hydroalcoolique, on commence cette dernière (?) semaine de confinement en chiffres.

17 899 € (mise à jour le 4/05 14 h 30)

La somme récoltée par Tou(r)s en course et qui sera reversée au Fonds de dotation du CHU de Tours. Du 1er au 3 mai, cette « course virtuelle » a fait participer près de 2 000 coureurs qui devaient parcourir 5 km sur route (dans le rayon obligatoire d’un kilomètre bien sûr), sur tapis ou même dans leur jardin.

Il s’agissait de s’inscrire sur Internet (6 €), ensuite de prendre en capture d’écran son chrono et son parcours (pour prouver de la tenue des 5 km) et rajouter une petite photo et un mot doux pour les soignant(e)s.

Ces plus de 17 000 € serviront à la recherche d’un essai clinique du CHU de Tours dans la lutte contre le Covid-19.

 

(Photo Facebook Tours en course)

7/05

Cette semaine, c’est le 7 mai que l’on saura si l’Indre-et-Loire vire au vert ou passe au rouge, en vue du sas de déconfinement prévu le 11 mai. Ce lundi 4 mai, le département est toujours en orange.

29

Le nombre de personnes qui restent hospitalisées en réanimation dans le département, à cette date (article rédigé lundi 4 mai). Ils sont 116 dans toute la Région Centre.

1 232

Le nombre de personnes sorties guéries et rentrées à domicile, au total, dans toute la Région Centre. Au niveau de l’Indre-et-Loire, on compte 212 personnes rentrées chez elles guéries.

99

Le nombre de décès liés au Covid-19 en Indre-et-Loire, à cette date également. On compte 59 décès en milieu hospitalier (aucun supplémentaire depuis la veille) et 40 en Ehpad.

2 000

En litres, la quantité de gel hydroalcoolique qui sera livré par le Conseil départemental aux maires d’Indre-et-Loire à destination de tous les personnels enseignants ou non, des groupes scolaires communaux.

1 800

Le nombre de masques qui sont distribués ce lundi 4 mai aux 300 avocat(e)s du Barreau de Tours.

160 %

Le taux de surpopulation carcérale à la maison d’arrêt de Tours, fin avril. Le chiffre est en baisse par rapport au début du confinement. Il y a eu baisse des incarcérations et accélération de certaines libérations suite à l’ordonnance prise dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.

182 km/h

C’est à cette vitesse qu’un automobiliste, en état d’ivresse, circulait sur la rocade de Tours, celle-ci étant limitée à… 90 km/h. « Pendant que certains sauvent des vies, d’autres ont des comportements inqualifiables », a écrit la gendarmerie d’Indre-et-Loire sur son compte Facebook.

A.G.

Indre-et-Loire : la quatrième semaine en chiffres

#Coronavirus Masques distribués à La Riche, contrôles routiers et contraventions, litres de gel hydroalcooliques, personnes guéries… On refait la semaine 4 en chiffres !

[L’article est rédigé le 8/04 au matin. Les chiffres sont susceptibles d’évoluer]

500 000

Le nombre de masques FFP1 livrés aujourd’hui 8 avril à la Région Centre-Val de Loire. Ils seront délivrés aux personnels soignants. Cette commande sera complétée par la livraison de 1,2 million masques supplémentaires mi-avril.

6 000

Le nombre de masques en tissu réalisés par les Couturières masquées du Centre-Val de Loire. Et ce, seulement en 3 semaines ! Ces bénévoles au grand cœur (on les applaudit bien fort) vont bientôt fournir les 10 500 habitants de La Riche !

21

Le nombre de décès recensés en Indre-et-Loire. 181 personnes sont actuellement hospitalisées, dont 61 en réanimation ou soins intensifs.

73

Le nombre de personnes guéries en Indre-et-Loire, depuis le 1er mars, et depuis rentrées chez elles. Un chiffre en hausse.

140

Le nombre de personnes décédées en Région Centre. Soit huit de plus en 24 h.

10-18/10

La Foire de Tours a finalement été reportée du 10 au 18 octobre 2020 (à retrouver dans notre article juste ici). Pour rappel, elle devait d’abord se tenir début mai puis avait déjà été décalée une première fois à la fin mai.

10 000

En litres, la quantité de gel hydroalcoolique que doit avoir produit Indena : l’entreprise tourangelle spécialisée dans les extraits de plantes a lancé fin mars un projet solidaire. Sa production de gel sera donnée aux soignants et aux métiers qui en ont le plus besoin.

247

Le nombre de gendarmes d’Indre-et-Loire mobilisés, dimanche dernier, sur 98 points de contrôles. Les forces de l’ordre ont multiplié les contrôles ce week-end.

5 %

D’après le sondage Ifop-Consolab, publié ce mercredi, la proportion d’habitants de la Région Centre qui disent avoir changé de résidence pour la période du confinement. Dans cette enquête, on apprend également que ce sont surtout les 18-24 qui ont déménagé. Toujours en Centre-Val de Loire, 2% des sondés disent vivre dans un logement ne dépassant pas 30 m2.

150

Le nombre de festivals indépendants signataires de la lettre ouverte du SMA – Syndicat des musiques actuelles, appelant le gouvernement à plus de clarté quant à l’avenir des festivals. « Un faux-pas pourrait être fatal. Plus tôt seront prises vos décisions, moins préjudiciable cela sera », rappellent-ils. Le festival tourangeau Terres du Son fait partie des signataires.

2 000

Le nombre de contraventions déjà dressées en Indre-et-Loire. Avec un pic les 4 et 5 avril derniers.

A Tours, le CHU lance un appel aux dons pour des masques et du gel hydroalcoolique

#Coronavirus Le CHU de Tours demande en urgence des masques et du gel hydroalcoolique. Il a lancé un appel aux dons aux collectivités, institutions et entreprises.

(Photo Facebook CHRU)

En cinq heures, le post Facebook a été partagé plus de 700 fois. Sur les réseaux sociaux, le CHU de Tours a lancé un appel aux dons de masques et de solutions hydroalcooliques « en provenance de collectivités, institutions et entreprises ».

L’hôpital a déjà remercié la Ville de La Riche qui a fait don de masques chirurgicaux.

Le CHU précise également : « Les masques et solutions seront contrôlés strictement et mis en circulation uniquement sur validation de la Pharmacie du CHRU. »

> Pour faire un don, les entreprises et collectivités peuvent adresser leur proposition à la Pharmacie du CHRU, par mail à : secretariat.pharmacie.trousseau@chu-tours.fr

[MISE A JOUR 19/03 à 18 h 16]

A noter également que l’ASSAD-HAD lance également un appel aux dons  afin que ses personnels soignants et ses aides à domicile puissent en être équipés face au coronavirus.