Formation : une année hors norme !

Enseignement à distance, nouveaux bacheliers, remise en cause des départs à l’étranger… Aux aléas habituels d’une année de formation s’ajoutent les imprévus.

En mai 2020, 82 % des lycéens et étudiants interrogés par l’IFOP admettaient privilégier la proximité géographique de leur lieu d’étude pour décider de leur orientation. En même temps, pourquoi quitter la Touraine, alors qu’on y est si bien ?

Plus sérieusement, au-delà du voeu de rester proche de sa famille, il est fort probable que le spectre du Covid-19 continue de planer sur le futur des lycéens et étudiants. Dans les établissements privés comme à l’Université de Tours, le confinement du printemps a obligé enseignants et étudiants à passer du jour au lendemain à l’enseignement à distance.

« L’exigence académique est restée la même »

La qualité de la formation en a-t-elle souffert et les futurs diplômes perdront-ils en valeur ? Non, pour Cécile Goi, Vice-Présidente de l’Université de Tours en charge de la Formation et de la Vie Universitaire : « Il n’y a pas eu d’inertie ou d’arrêt des formations au moment du passage à distance, et l’exigence académique est restée la même, grâce à l’investissement des personnels de l’Université et des étudiants. »

Rien n’indique toutefois que l’enseignement supérieur serait prêt à adopter durablement la pédagogie du blended learning qui mélange distanciel et présentiel : « À l’Université, nous avons opéré cette adaptation dans l’urgence, pour assurer la continuité pédagogique. Mais il est difficile de dire si cela serait intéressant sur le long terme : la pédagogie à distance peut être bonne, si elle s’inscrit dans une préparation et une didactique spécifiques ; et ce serait oublier l’importance du présentiel qui fait de l’université un lieu de vie, d’échange, d’apprentissage et d’exercice de la citoyenneté. »

Impact sur les formations

Et malgré la mise en place réussie des outils d’enseignement à distance, la crise Covid-19 a tout de même eu un impact sur certaines formations, qui incluaient des échanges Erasmus à l’étranger ou des stages en entreprise, pour beaucoup mis entre parenthèses cette année, et sans doute l’année prochaine…

Mais ce n’est pas là la seule nouveauté de cette rentrée et de la suivante. La plateforme Parcoursup où les futurs bacheliers enregistreront leurs voeux d’orientation ouvrira en effet ses inscriptions le 20 janvier à la première génération « nouveau bac ». Avec lui, finies les filières comme L, ES ou S : depuis la rentrée 2019, les lycéens suivent des enseignements de tronc commun à tous, auxquels s’ajoutent trois options en première, et deux options en terminale.

Les cocktails possibles sont a priori infinis, mais forcément conditionnés par les offres de chaque établissement… et par les souhaits d’orientation des élèves, qui confronteront rêves et réalité dès l’ouverture du catalogue de formations sur la plateforme web, en décembre.

Enfin, un autre changement modifie le paysage des études supérieures, avec en 2021 la disparition définitive de la première année d’études de santé PACES (Parcours d’Accès Spécifique Santé). Cette année, elle coexiste déjà avec ses deux remplaçants : le PASS (Parcours Accès Santé Spécifique) et la L.AS (Licence Option Santé). « Nous avons observé un appel d’air important sur l’entrée dans les études de santé, explique Cécile Goi. Aujourd’hui, l’Université de Tours compte 1 300 étudiants dans ces filières en première année, mais le passage en deuxième année reste sélectif. »

Entre Covid-19 et réformes, les formations de demain seront donc forcément placées sous le signe de l’inédit !

Maud Martinez


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A l’école du sabre laser

Les cours rappellent la saga Star Wars, mais c’est avant tout un sport. L’Académie française de combat au sabre-laser accueille les futurs Jedi (mais pas que) à Orléans ou à Paris. Un succès monstre.

« Oh les mecs, on ne pourrait pas se faire un foot plutôt ? »

« Quand j’ai demandé un certificat médical à mon médecin pour pouvoir pratiquer le sabre laser, c ’était rencontre du troisième type ! Un vrai dialogue de sourds… Il n’avait même pas vu Star Wars. » Julien, 28 ans, tient à le rappeler. Le sabre laser, c’est avant tout un sport. Si, si. « C’est un cours d’escrime, mélangé au kendo. Tu transpires quand même ! »
Tout comme une vingtaine d’autres dans son groupe de la Sport Saber League, Julien manie le sabre laser tous les jeudis, de 20 h à 22 h, dans une salle à Orléans. « Il y a certes une majorité d’hommes. Mais on compte aussi un bon tiers de femmes », souligne-t-il. « Et tous les milieux sociaux sont représentés : ouvriers, avocats, journalistes, gendarmes… J’ai aussi connu une mère de famille de 50 ans. Mais la moyenne d’âge est de 30 ans. »

Lui se revendique fièrement comme « geek » et « fan de Star Wars ». Le profil que l’on trouve, selon lui, le plus souvent dans cette école. Non, pardon, dans cette « Académie », comme il tient à le préciser (ne nous faisons pas d’ennemi, un coup de sabre laser dans le bidon est vite arrivé). Adrien Koch Forbin, l’un des cofondateurs de l’Académie du sabre laser en France et issu du rugby, raconte que, que ce soit à Orléans ou à Paris, « c’est un sport hyper cardio. Les instructeurs viennent de l’escrime olympique, de l’aïkido, du rugby, du kendo… Star Wars, c’est une culture. Nous, on fait du combat. Nous sommes en tenue de sport et ce n’est pas du cosplay (un loisir qui consiste à jouer le rôle d’un personnage de manga, de film, etc., NDLR). D’ailleurs, le sabre laser n’appartient pas qu’à La Guerre des étoiles. »

GUERRE ÉPÉE

N’empêche qu’avec son sabre laser, Julien sent quand même la Force monter en lui : « Je n’aurais jamais fait un sport d’épée, si ce n’était pas avec un sabre laser », souligne-t-il. « Quand je me bats, il y a le côté Star Wars qui ressort. Tu te prends pour un Jedi. » Un trip que certain(e) s ne comprennent pas forcément. « Ma grand-mère par exemple », se marre Julien. Mais aussi parfois son entourage. « J’ai l’impression d’être une bête de foire. Ils sont étonnés et posent toutes sortes de questions. Mais dans l’ensemble, les gens sont ouverts d’esprit. » Avant de préciser qu’il n’aborde pas forcément le sujet quand il rencontre une fille. De sabre laser au premier-rendez-vous tu ne parleras pas. C’est comme ça, c’est Yoda qui l’a dit (ou ma mère, je ne sais plus). Et ça évite peut-être un râteau intergalactique.

En attendant, ces sportifs 2.0 d’Orléans (mais aussi Paris et bientôt Cholet !) forment un club. Une communauté, même. Ils manient un sabre laser d’un kilo (acheté 100 € pièce aux États-Unis, chez UltraSabers) pendant deux heures. Combats mixtes au programme. Et ne vous fiez pas aux apparences : « Une petite nana peut te mettre la pâté ! », sourit Julien. Comme les autres apprentis Jedi, il n’en est qu’au niveau 1. On appelle ça « la forme de combat ». La première, Shii Cho, c’est la détermination. C’est la base. Ce n’est pas avec ça que vous mettrez une raclée à Dark Vador. Les autres formes sont appelées Makashi (concentration), Djem So (persévérance) ou encore Juyo (férocité), le 7e et dernier niveau. Le must du must. « En fait, c’est comme au judo quand on passe les ceintures. À l’Académie, ce sont des formes de sabre laser ! », explique Julien.
Et il en a de la chance, Julien… Car au final, il fait tout de même partie des heureux élus. Des rares chanceux qui ont réussi à avoir leur place (225 € l’année à Orléans ; 320 € à Paris). « On a rapidement affiché complet pour l’année », indique Adrien Koch Forbin, encore ravi de l’incroyable succès de la Sport Saber League. Un déferlement d’inscriptions. Quelques mois à peine après son ouverture, en septembre 2015, l’Académie d’Orléans est désormais devenue une machine bien huilée. Pro jusqu’au bout des gants (oui, il faut en porter pour pratiquer le sabre laser, ainsi qu’un masque intégral). Un futur incontournable, même. « On a travaillé pour que ça fonctionne. On a réussi le tour de force de faire accepter le sabre laser comme un vrai sport », se réjouit Adrien Koch Forbin.
Julien, lui, pense sincèrement que cela « va se développer en France ». Avant de remarquer : « En fait, c’est cool, car quant on y pense, je vis le lancement d’un nouveau sport… »

Plus d’informations sur le site officiel de
l’Académie : sportsaberleague.com
Sur Facebook : facebook.com/sportsaberleague