Cap sur l’emploi avec la formation en alternance

Pourquoi et comment se lancer dans une formation en alternance : voici quelques clés pour ne rien rater !

67 % des élèves de CAP en 2022 ont trouvé un emploi dans les six mois suivant leur diplôme (Dares – 73 % pour les bacheliers professionnels), 75 % pour les diplômés du BTS, et on ne vous parle même pas des étudiants sortant d’une licence pro. Enfin si, on vous le dit quand même pour les diplômés de 2020 : 92 % ont trouvé rapidement un boulot, alors bravo !

L’alternance serait-elle donc la voie royale pour décrocher un emploi ? Pour certains métiers, la question ne se pose même pas : tous les métiers de l’artisanat ou du bâtiment par exemple, qui impliquent des savoir-faire techniques, pratiques, passent forcément par l’alternance, et depuis un bout de temps !

Coiffure, mécanique, menuiserie, cordonnerie, maçonnerie… Pas d’autre option que d’être sur le terrain pour devenir un pro. Et pour les élèves, c’est le moyen de toucher du doigt dès les premiers mois de formation le métier qui les passionne.

Pénélope, en CAP coiffure au Campus des Métiers de Joué-lès-Tours.et dans un salon de Tours centre.

Pénélope, en CAP coiffure au Campus des Métiers de Joué-lès-Tours et dans un salon de Tours centre, est ravie de son choix : « Mon stage de 3e m’a permis de confirmer que je voulais bien être coiffeuse, donc aller en seconde générale aurait été pour moi une perte de temps, car je savais ce que je voulais ! Et on n’est pas nul parce qu’on va en voie professionnelle, il faut arrêter les clichés : si c’est le métier qu’on veut faire plus tard, il ne faut pas hésiter ! »

Trouver un salon qui l’accueille n’a pas été simple, mais les efforts ont payé, et aujourd’hui Pénélope fait les shampooings, les soins, bientôt les couleurs, et dans quelques mois des coupes. Au CFA comme au salon, Pénélope est traitée comme une adulte, à 16 ans tout juste.

C’est sans doute la grosse différence pour les élèves qui choisissent l’alternance : on quitte le statut de simple élève pour endosser l’habit du salarié. Et ce, qu’on soit mineur en CAP, ou prochainement diplômé du supérieur. Pour Matthieu, qui a opté pour la licence en alternance pour sa 3e année de Bachelor Communication à Tours, avant un Master Diplomatie et relations internationales à Paris, « l’alternance m’a permis de monter en maturité, et j’aurais presque préféré commencer l’alternance dès ma deuxième année si c’était possible ».

Olga, étudiante en Bachelor Marketing & Communication.

Olga, aujourd’hui étudiante en Bachelor Marketing & Communication en alternance, a trouvé la formule qui lui convenait : « J’ai fait deux fois la première année de psycho, et je me suis arrêtée à la fin de la L2. C’était la période Covid, mais je crois que même en temps normal le système ne m’aurait pas convenue. J’avais besoin d’être un peu plus dans l’action. »

Si d’un établissement à l’autre, les rythmes de l’alternance varient (2 semaines sur 4 en entreprise pour les Bachelors de l’IUT de Tours, 3 jours par semaine chez Pigier, tous les après-midis pour les alternants du Cercle Digital…), le principe reste en effet le même : acquérir une véritable expérience professionnelle au cours de sa formation, en étant salarié d’une entreprise.

Salariés pas comme les autres

Congés payés, 35 h hebdomadaires, contrat de travail, arrêts maladie… L’alternant est en effet un salarié à part entière pour ce qui est du statut. Dans la pratique, charge à l’employeur de ne pas oublier que les alternants ne sont pas tout à fait des salariés comme les autres ! Encore en formation, c’est un expert en devenir, pas encore 100 % efficace sur les missions qui relèvent de son champ d’activité.

Et hors de question de lâcher l’alternant dans la nature : en entreprise comme dans son centre de formation, il est placé sous la responsabilité d’un tuteur ou d’une tutrice qui l’encadre tout au long de son année d’alternance.

Côté entreprise, il faut donc regarder plus loin que le bout de sa fiche de paie. Certes, l’alternant est rémunéré de 50 % à 100 % du Smic (selon son âge et son niveau de formation), avec une exonération de cotisations sociales. Il coûte moins cher qu’un professionnel qualifié, mais il est aussi là moins souvent, et n’a pas encore toutes les clés pour exercer son métier en autonomie totale. Attention ! L’alternant c’est aussi plein de bonnes choses : de l’énergie, l’envie d’apprendre, des compétences au goût du jour puisque sa formation est en cours, et plein de bonnes idées à apporter !

Texte et photos : Emilie Mendonça / Photo ouverture : Adobe stock


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Être alternant(e) : vos droits… et vos devoirs !

Presque tous les métiers peuvent se préparer par une formation en alternance. Grâce aux aides de l’État, les entreprises ont de plus en plus la possibilité d’accueillir des jeunes. Mais être alternant, c’est adopter un statut très particulier, avec des droits mais aussi, des devoirs.

Faire financer sa formation par son entreprise

DROIT

Si les formations en alternance peuvent parfois coûter plusieurs milliers d’euros en frais d’inscription, pour les bénéficiaires, pas d’inquiétude : c’est en effet l’employeur qui doit financer le coût de la formation, tant pour le contrat d’apprentissage que pour le contrat de professionnalisation. En échange, l’étudiant-salarié s’engage à respecter droits et devoirs qui lui incombent.

Respecter les règles de l’entreprise

DEVOIR

Être en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, c’est être un salarié de l’entreprise et respecter les mêmes règles que les autres employés. Cela peut sembler évident, mais rappelons-le quand même : respecter les horaires de travail définis avec l’employeur et le règlement intérieur ; passer la visite médicale d’embauche ; se comporter avec professionnalisme avec les collègues, les supérieurs, les clients, les fournisseurs ; justifier de ses absences.

Transmettre son arrêt de travail

DEVOIR

En cas de maladie, il est essentiel de faire établir un arrêt-maladie par son médecin traitant, à transmettre à l’employeur et à la sécurité sociale. Attention ! Même si l’arrêt a lieu durant la période de formation, il faut respecter cette procédure, sous peine de se voir ôter des jours de salaire pour absence injustifiée !

Bénéficier des congés payés, mutuelle, droits sociaux et aide aux transports

DROIT

Comme tout salarié, l’alternant bénéficie de cinq semaines de congés payés par an. Il cotise aussi pour sa retraite et pour ses droits au chômage : à l’heure de l’allongement de la durée de cotisation, c’est un droit important ! Comme ses collègues, l’alternant peut souscrire à la mutuelle d’entreprise, souvent avantageuse en termes de tarifs puisqu’elle financée en partie par l’employeur.

Il peut aussi demander la participation aux frais de transport : l’entreprise paye obligatoirement 50 % de l’abonnement aux transports publics. Certaines entreprises choisissent aussi de rembourser une partie des frais de déplacement avec véhicule personnel (voiture ou vélo).

Profiter des tickets restaurants et du comité d’entreprise

DROIT

L’alternant a accès au comité d’entreprise, au même titre que n’importe lequel de ses collègues. Les tickets restaurant ou chèques-déjeuners doivent également lui être proposés. Et c’est un avantage non négligeable : ces titres restaurants sont financés au minimum à 50 % par l’employeur, et ils permettent d’acheter son déjeuner ou de payer une partie de ses courses alimentaires !

Être un étudiant modèle

DEVOIR

Tout comme il le fait au sein de son entreprise, l’alternant se doit de respecter les règles de son établissement de formation. Être présent aux cours, passer les évaluations et examens, et s’investir dans sa formation : le but, c’est de décrocher son diplôme ou sa qualification professionnelle, et sans travail et assiduité, c’est compliqué !

Obtenir sa carte d’étudiant ou d’apprenti

DROIT

Et tous les avantages qui vont avec ! Cinéma, salles de spectacles, clubs sportifs… De nombreuses structures proposent des tarifs étudiants : avec la carte d’étudiant ou d’apprenti qui est délivrée par l’organisme de formation, à vous les sorties et loisirs à prix réduits !

Être accompagné en entreprise et en formation

DROIT

Même s’il est salarié, l’alternant est en formation, il ne faut pas l’oublier. À ce titre, il doit être accompagné en entreprise par un tuteur, qui le guidera dans l’accomplissement de ses missions et l’acquisition de nouvelles compétences, tout au long de son contrat. L’organisme de formation assure lui aussi un suivi, via un formateur chargé de veiller au bon déroulement de l’alternance. En cas de difficulté, ces deux interlocuteurs doivent répondre présent pour aider l’alternant à sortir de l’impasse.

Percevoir des aides

DROIT

L’alternant peut prétendre à certaines aides qui lui sont réservées, comme l’aide au logement Mobili- Jeune (cumulable avec les APL). Les différentes régions proposent aussi des aides complémentaires qui concernent aussi bien le logement que le transport ou les loisirs. Et comme étudiant, il a accès aux services du CROUS. Souvent peu connue, l’aide Départ 18-25 de l’ANCV est une autre belle opportunité ! L’Agence Nationale des Chèques Vacances peut en effet financer les vacances des 18-25 ans jusqu’à 250 € par an (et au plus pour 80 % des frais de séjour). Si pour le grand public, il faut justifier d’une situation financière précaire, le fait d’être engagé dans un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation donne accès au dispositif sans conditions de ressources.

Tou(r)s pour l’emploi et l’alternance mercredi

Ce mercredi, un immense forum pour l’emploi et l’alternance se tient à Tours. A la clé, 800 offres à pourvoir.

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C’est un des rendez-vous immanquables avant l’été. Le rendez-vous Tou(r)s pour l’emploi et l’alternance est organisé pour la quatrième année consécutive, ce mercredi 31 mai.

L’opération veut réunir le public en recherche d’emploi ou d’alternance avec le monde économique et de la formation.
Plus de 800 offres d’emploi seront proposées sur la journée, avec 67 entreprises et 29 organismes de formation et CFA. Des conférences seront aussi tenues durant cette manifestation parrainée par Yvan Bourgnon, gladiateur des mers, qui viendra par ailleurs raconter son tour du monde en solitaire.

À noter que, nouveauté cette année, des tablettes seront à disposition sur place pour vous guider. Une appli pour smartphone, ItiSalon, est aussi disponible. Tou(r)s pour l’emploi est organisé en partenariat avec Pôle emploi, la CCI Touraine, la Mission locale de Touraine, la préfecture d’Indre-et-Loire et la Nouvelle République.
N’oubliez pas votre CV…

> Mercredi 31 mai, de 9 h à 17 h, à l’hôtel de Ville de Tours. Entrée libre.

Orientation : L’alternance donne de la voix

Être payé pour apprendre un métier ? C’est possible, que l’on soit ingénieur ou esthéticienne. La formation en alternance prend du galon et espère s’installer enfin dans tous les secteurs.

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Je ne voulais pas être assise toute la journée », « Impossible pour moi de faire de la théorie pendant des années, » « J’avais besoin de concret ». Quand on les interroge, les mêmes phrases reviennent. Alors ils ont sauté dans le grand bain. On les trouve dans les boulangeries, les garages, les boutiques de vêtements, les salons de coiffure mais aussi les banques, les cabinets de conseil, les fabricants de logiciel. Et ils sont ravis de leurs parcours, qui surprend encore. Eux, ce sont les apprentis.
Un mode de formation très marginal en France, puisqu’il concerne seulement 6 % des jeunes de plus de 15 ans. En Allemagne, c’est 20 % et plus de 75 % en Suisse ! Comme on imagine bien que la population helvète n’est pas composée exclusivement de pâtissiers et de menuisiers, c’est bien que la formation professionnelle y est tout simplement privilégiée, et ce, quelque soit le secteur d’activité et le poste exercé.

Longtemps cantonnée aux métiers manuels et aux métiers de bouche, la formation en alternance est enfin entrée dans les grandes écoles et à l’université. Mais encore trop souvent par la petite porte. « J’ai toujours été major de mes promotions et quand j’ai opté pour un master en apprentissage, certains ne comprenait pas : c’était vu comme une filière de garage, explique Julie. En 2010, l’Escem ne le présentait pas même sur son site ! C’est l’un de mes professeurs qui m’en a parlé. Ce côté négatif reste très présent : aujourd’hui encore, les gens sont étonnés que j’ai un bac +5 en alternance. » Sitôt son master obtenu, Julie a signé un CDI à la Société générale, l’entreprise qui l’avait accueillie en alternance. Et ce serait à refaire, la jeune femme le referait sans hésiter : « J’ai même eu le luxe de pouvoir choisir entre plusieurs postes à la sortie de mon école. À 22 ou 23 ans, c’est une vraie chance. »

Pour les étudiants, l’apprentissage offre deux avantages uniques : être en condition de travail réel tout en bénéficiant de la (relative) indulgence due à un apprenti et percevoir un salaire. Un étudiant apprenti de 21 ans touche ainsi 895 euros par mois, une somme qui peut faciliter la prolongation des études supérieures. Et c’est l’employeur et l’État qui financent sa formation. Un argument qui convainc aussi les jeunes qui souhaitent acquérir leur indépendance sans sacrifier leurs études.
L’université a développé son propre CFA, le Centre de Formation des Apprentis des Universités Centre-Val de Loire, qui propose plus de 100 formations en alternance, dont une trentaine à Tours : licence professionnelle Gestion de l’environnement Métier des déchets, juriste d’entreprise, Master 2 en Management des Equipes, Santé et Qualité de Vie au Travail, journaliste, génie électrique ou licence pro Optométrie et basse vision, le catalogue est large.

Des entreprises diverses et variées

Et les entreprises d’accueil se sont, elles aussi, diversifiées. On y trouve même la mairie de Tours. Depuis 2014, elle accueille chaque année des apprentis : jardiniers, cuisiniers ou techniciens en informatique… « Il nous semblait évident de soutenir ce mode de formation ». confirme Thibault Coulon, adjoint délégué à l’emploi. L’apprentissage est une évidence pour les métiers manuels, dans lesquels la pratique, la transmission du « coup de main » est essentielle. Mais il a d’autres atouts pour convaincre les futurs ingénieurs ou techniciens spécialisés. Dans les entreprise high-tech, l’alternance est un réservoir d’innovation : « L’étudiant est complètement intégré à l’entreprise, cette visibilité sur plusieurs mois le rassure et le pousse à s’investir sur des projets, explique Julien Rousseau, directeur de Suivideflotte. net, spécialiste de la géolocalisation. En reliant l’école et l’entreprise, ces travailleurs en alternance nous enrichissent : ils offrent leurs connaissances, un regard extérieur, l’expérience de leurs professeurs et celle de leurs camarades. Les stagiaires apportent beaucoup d’idées, il faut parfois leur expliquer que les propositions doivent toujours rester en adéquation avec le monde de l’entreprise et les besoins de nos clients. »

De même, dans les métiers des ressources humaines, le terrain est le pivot d’une formation cohérente, selon Bérengère, qui suit en alternance un Master 2 Management Stratégique des RH et Performance Durable à l’IAE de Tours : « Impossible de se passer de la pratique ! Notre métier est un métier social, où il faut être avec les salariés et connaître leur quotidien ».
Une fois leur diplôme obtenu, c’est cet ancrage dans le terrain qui est le meilleur atout des apprentis. Les périodes en entreprise représentent entre la moitié et les deux-tiers de leur temps de formation. Ils ont développé des compétences professionnelles, une connaissance du milieu du travail, de ses exigences, des droits et des devoirs d’un salarié, qui facilitent leur embauche. À Tours, le CFA des Douets forme chaque année un millier d’apprentis du CAP au BTS. Et pour valoriser ses formations, l’établissement mise sur deux cartes : la rareté, comme la formation ascensoriste (deux seulement en France) et l’ancrage dans le territoire pour les métiers de bouche ou de vente.
La rentrée 2017 offre ainsi une nouveauté : le CAP Vente alimentaire. Mais l’établissement l’admet : il reste un gros travail de pédagogie à faire auprès des collèges et des parents pour expliquer que l’apprentissage est tout sauf un choix par défaut. Quel que soit le niveau du diplôme.

>> FORUM DE L’ORIENTATION : Le 20 et 21 janvier, de 9 h à 17 h, au Parc des Expositions