Un atelier de transformation culinaire ouvre en Touraine

#EPJTMV Pour lutter contre le gaspillage, la Banque alimentaire de Touraine et les associations la Belle et la blette, ainsi que Atouts et perspectives, collaborent cette année pour donner une deuxième vie aux aliments abîmés.

Chaque année, les Banques alimentaires de France récupèrent plusieurs tonnes de denrées dans les grandes surfaces, des aliments devenus invendables à cause des dates limites de consommation (DLC). Bien que les fruits et légumes en bon état soient redistribués tous les jours aux personnes en situation de précarité, beaucoup d’aliments sont jetés car trop abîmés pour les donner.

Pour répondre au défi du gaspillage, les banques alimentaires ont créé des ateliers de transformation culinaire. L’antenne tourangelle, à Saint-Pierre-des-Corps, prépare un de ces ateliers : un espace dédié à améliorer les denrées abîmées. Concrètement, il s’agira « d’arranger des produits invendables, car défigurés, voire moches » en conserves, confitures, soupes et autres plats déjà consommables, explique Jean-Paul Baunez, le président de la banque alimentaire de Touraine. A terme, l’atelier prévoit de faire de la découpe de viande et de poisson.

Les fruits et légumes abîéms et récuépérés à la banque alimentaire seront transformés et redistribués. Photo : Inès Figuigui/EPJT.

À l’origine prévu pour 2023, le local situé à Mettray, près de Tours, ne sera opérationnel qu’à l’hiver 2024, la faute au retard pris par les travaux. Au total, ce sont « vingt-trois ateliers de transformation en fonctionnement et presque autant en projets », rapporte Andréa Moissiard, cheffe de projets innovation sociale et relations associations de la banque alimentaire.

Élargir l’offre de la Banque alimentaire

En plus de rappeler que « les Français gaspillent environ 150 kilogrammes de denrées par an », Jean-Paul Baunez liste les bénéfices que cet atelier apportera. Entre autres, « élargir l’offre de la banque alimentaire » pour des bénéficiaires toujours plus nombreux chaque année. En 2023, ils étaient 15 000 en Touraine.

Le projet va aussi permettre de récolter plus de denrées lors des ramassages, y compris « des produits en mauvais état », souligne le président de la banque. « Ils auront une deuxième vie » après leur transformation dans l’atelier, ce qui limitera le gaspillage alimentaire. Avant la mise en place de l’atelier, les aliments trop abîmés sont jetés ou donnés à des éleveurs d’animaux.

L’atelier des Restorés de Touraine servira aussi aux agriculteurs qui veulent transformer leurs propres produits, dans une démarche de travail à façon.

À la banque alimentaire de Touraine, une centaine de bénévoles s’occupent du tri et de la redistribution. Photo : Inès Figuigui/EPJT.

Les produits seront fabriqués par la société coopérative d’intérêt collectif Les Restorés de Touraine, maître d’œuvre de l’atelier. Le cuisinier de l’atelier et les salariés seront employés, soit dans le cadre d’un chantier d’insertion, soit par une structure d’Esat (établissement et service d’aide par le travail). « Au moins 10 % des produits transformés seront reversés à la banque alimentaire de Touraine », se félicite le président. Le reste sera vendu dans des grandes surfaces.

Une coopération de trois associations

Les bénévoles de la banque alimentaire de Touraine ne sont pas seuls à porter ce projet. Les associations la Belle et la blette et Atouts et perspectives sont aussi fondateurs des Restorés de Touraine. Clément Abrassart est co-fondateur et directeur de la Belle et la blette, association qui a vocation à renforcer la résilience alimentaire sur le territoire de la Métropole de Tours. Il précise que l’objectif est « d’offrir des solutions en bout de chaîne alimentaire » en produisant de nouveaux aliments.

En plus de lutter contre le gaspillage alimentaire, une activité du quotidien pour les bénévoles des associations partenaires, la Banque alimentaire de Touraine et la Belle et la blette font régulièrement des actions dans les collèges pour sensibiliser aux pratiques anti-gaspi.

Texte : Clara Lebarbey, journaliste en formation à l’EPJT

Photos : Inès Figuigui, journaliste en formation à l’EPJT

Dans le quotidien de Jean-Paul Baunez, président de la Banque alimentaire de Touraine

#VisMaVille Jean-Paul Baunez est le président de la Banque alimentaire de Touraine. Chaque jour, ce retraité donne de son énergie pour lutter contre la précarité et le gaspillage alimentaire.

11 h 30. L’activité bat son plein dans l’entrepôt de 2 200 m2 de la Banque alimentaire de Touraine, installée rue des Grands Mortiers, à Saint-Pierre des-Corps. Les quatre camions de collecte déchargent chacun leur tour les denrées collectées auprès des grandes surfaces de la Métropole.

Une trentaine de bénévoles est à pied d’œuvre, chacun à sa tâche : déchargement, tri, pesée, remplissage des données tracées par informatique, préparation des cartons pour les associations qui viendront les récupérer l’après-midi, administratif…

Au total, ce sont 123 bénévoles et trois salariés qui assurent la mission de collecte et de redistribution de l’aide alimentaire, du lundi au vendredi. Certains sont là de longue date comme Nicole, 82 ans.

Jean-Paul Baunez, le président depuis un an, est au poste depuis 6 h 45. Tous les jours depuis cinq ans, cet ancien expert-comptable tient sa place, imprégné et passionné. « J’ai toujours été attiré par le domaine du social. Je souhaitais donner du temps et de l’énergie à ma retraite. C’est à la Braderie de Tours que j’ai rencontré les membres de la Banque alimentaire sur un stand, et ça a tout de suite tilté. L’idée de se battre contre la précarité et le gaspillage alimentaire m’a parlé. »

La première mission de la Banque alimentaire est en effet de collecter les invendus des grandes surfaces, des plateformes agroalimentaires et des producteurs mais aussi les surplus de la cuisine centrale et de l’hôpital, qui représentent, avec les dons particuliers, 1 600 tonnes en 2022 soit trois millions de repas distribués.

Ensuite, les conserves, les légumes comme les produits frais gardés dans la chambre froide sont dispatchés entre les 62 associations tourangelles et le CCAS selon leur nombre de bénéficiaires. Ils étaient 15 760 à recourir à cette aide l’an dernier dans le département. Des chiffres qui ne cessent d’augmenter.

« Ces derniers mois, nous avons de 9 à 10 % de bénéficiaires de plus tandis que la collecte a baissé de 3 %, détaille Jean-Paul Baunez. Nous sommes obligés de rééquilibrer par des dons et d’aller chercher des solutions. » Le président est, en effet, chargé de coordonner, de superviser les équipes, de gérer les finances mais aussi d’impulser des projets, comme une plateforme informatique pour que les petits producteurs en milieu rural référencent leurs surplus, ou encore le futur atelier de transformation des aliments (« les Restorés de Touraine »).

Cet aspect de lutte contre le gaspillage lui tient à cœur tout comme la sensibilisation à l’équilibre nutritionnel via la cuisinette ambulante qui se balade dans les associations et collèges. « Il ne suffit pas de donner de l’aide alimentaire, il faut aussi l’accompagner. » Ce qu’il aime aussi dans son bénévolat, c’est l’ambiance « chaleureuse ». Il n’y a qu’à le voir plaisanter avec les autres bénévoles, qui n’hésitent pas à faire des kilomètres pour rejoindre l’entrepôt malgré le coût du carburant, pour comprendre qu’il s’agit bien d’une « pette famille ».

Aurélie Dunouau

Banque alimentaire : grande collecte prévue du 27 au 29 novembre

Cette année, la collecte de la Banque alimentaire de Touraine est encore plus importante en raison de la crise sanitaire actuelle.

La collecte se déroulera le week-end prochain. (Photo archives NR-Julien Pruvost)

A vos agendas ! Les 27, 28 et 29 novembre, la Banque alimentaire organise sa grande collecte nationale. Dans l’Indre-et-Loire, 1 500 bénévoles (vous les remarquerez grâce à leurs gilets oranges) se mobiliseront dans 130 magasins du département pour recueillir vos dons de denrées alimentaires.

Si cette collecte est habituelle, celle de cette année revêt « un caractère spécial en raison de la pandémie », souligne l’association dans un communiqué. « Face à l’épidémie de Covid-19, la Banque alimentaire de Touraine a immédiatement répondu à l’augmentation de près de 20 % des besoins d’aide alimentaire en Indre-et-Loire ». Une forte baisse des stocks a en effet été enregistrée. Cette collecte automnale est donc d’autant plus cruciale.

« La crise sanitaire de 2020, c’est 15 à 30 % de bénéficiaires en plus dans les associations et CCAS partenaires de la Banque Alimentaire de Touraine », est-il indiqué.

Collecte différentes et dispositifs

Le signal d’alarme est donc tiré. La collecte se déroulera durant tout le prochain week-end. Les gestes barrières seront évidemment respectés pour « préserver la sécurité des bénévoles et des donateurs ». Certains magasins seront également dotés de dispositifs d’auto-collecte avec des chariots placés à la sortie.

Certains, précisent la Banque alimentaire, proposeront également des collectes dématérialisées, « sous forme de lots de produits à scanner en caisse ».

L’an dernier, la Banque alimentaire de Touraine a récolté 1 185 tonnes de denrées alimentaires. Pour 2 300 000 repas distribués.

A.G.

Banque alimentaire : cuisinez mobile !

Quand la banque alimentaire de Touraine et l’association d’entraide Téméléïa s’associent, ça donne un atelier cuisine plutôt sympathique. L’idéal pour découvrir la cuisine, y prendre goût, mais aussi pour rencontrer de nouvelles personnes.

Autour de la cuisinette mobile, les participants, satisfaits, terminent la préparation de leur repas.

Branle-bas de combat en cuisine, le repas doit être prêt à midi. Au menu de ce jour : salade mixte, couscous et mousse aux fraises. Les cuistots s’affairent, respectant à la lettre les instructions de la chef. L’ambiance d’une cuisine de restaurant… dans le hall des locaux de l’association d’entraide Téméléïa à Tours. Après trois séances d’initiation à la cuisine, huit bénéficiaires de la banque alimentaire terminent de préparer le repas qu’ils partageront ce midi. Trois séances gratuites destinées à familiariser les participants à la confection de menus à la fois complets et simples.
Pour parvenir à leurs fins, Adtiyan, Sylvia et six autres apprentis cuisiniers ont disposé des conseils de Béatrix, une bénévole de la banque alimentaire. « Nous préparons des plats que les participants ont envie de cuisiner. » Et afin de pouvoir cuire la viande et rincer les légumes, une cuisinette mobile est prêtée par la banque alimentaire de Touraine (BA37). Un outil de cuisine sur roulettes, composé d’un plan de travail, d’un four, de plaques de cuisson, d’un évier. Idéal pour découvrir la cuisine et y prendre goût. Pour Daniel Doyer, président BA37, les ateliers de cuisine « sont l’occasion pour les bénéficiaires de découvrir de nouvelles recettes qu’ils peuvent reproduire ensuite chez eux en utilisant les produits que nous leur distribuons ». Mais outre cet aspect pratique, cuisiner à plusieurs a aussi vocation à permettre de « rencontrer de nouvelles personnes et à d’échanger avec elles autre chose que de simples conseils de cuisine ». Un propos confirmé par Sylvia, une des participantes, qui « apprécie l’ambiance détendue des ateliers ». Lancement réussi pour la banque alimentaire, qui prévoit de nouveaux ateliers à partir du mois de septembre.