Chroniques culture : La sélection BD du mois de décembre

La fin d’année est riche en parutions ! On vous fait le résumé côté bande dessinée.

Décidément, la fin d’année est bien remplie du côté des nouvelles sorties en bande dessinée ! On commence avec « Inexistences » (éd. Soleil) de Christophe Bec qui dégaine ici un album de haute volée dans sa présentation : l’ouvrage est proposé dans un grand format, est plus que généreux en ce qui concerne les visuels et a la bonne idée de mélanger textes, illustrations, BD, et roman graphique dessiné. Idéal pour se plonger dans ce récit post-apocalyptique, certes pas forcément très original, mais suffisamment sombre pour fasciner.

Changement total de registre avec le « Talk Show » (Delcourt) de notre chouchou Fabcaro. L’auteur s’y était déjà frotté, il reprend de nouveau ses planches à huit cases retraçant une interview TV avec, toujours, la même présentatrice. Le procédé est répétitif (trop ?), ce qui peut lasser mais, en même temps, permet à chaque fois de remettre une pièce dans la machine à ironie.

Enfin, pour se coucher moins bête, c’est vers le tome 6 de « Axolot » (Delcourt) qu’il faut se tourner. Toujours mené par Patrick Baud (de la chaîne Youtube Axolot) et porté par un collectif de dessinateurs, ce nouvel opus raconte l’étrangeté de la vie : comment une noix de coco a changé le monde, l’histoire de Pepsi à la tête d’une flotte militaire ou encore l’homme le plus fort du monde… Intéressant, malin, une véritable anthologie de l’insolite.

Aurélien Germain


En vrac

On ne dira jamais assez combien le dessin de Joost Swarte a révolutionné la BD moderne. Avec « Biblio + Picto » (Dargaud), il épate une fois de plus avec une anthologie de son travail autour du livre et des pictogrammes : bluffant, intelligent, ludique et génial.

Delaf reprend Gaston Lagaffe et « Le Retour de Lagaffe » (Dupuis) est une véritable réussite ! Le papa des « Nombrils » au dessin et au scénario offre des gags percutants et une mise en scène dynamique.

« Le Voyage de Shuna » (Sarbacane) est un autre chef d’oeuvre de Hayao Miyazaki publié pour la première fois en France. Un conte philosophique sur les dangers et les espoirs que crée la civilisation, à découvrir impérativement.

Adaptation fidèle du roman de Virginie Grimaldi, « Les Moments doux » (La Boîte à Bulles) est signé par le Tourangeau Vincent Henry et la prometteuse Valérie Guffanti au dessin. On y retrouve toute l’émotion et l’humour qui faisaient déjà le charme de ce best-seller drôle et touchant.

On a failli passer à côté de ce thriller impeccable : « Le Cri » (Phileas) est une adaptation, là encore, d’un polar de Nicolas Bruglet. Le duo Makyo et Laval NG fait des étincelles avec cette course contre la montre et une enquête menée sans temps mort sur fond de dérives scientifiques glaçantes.

Hervé Bourit

Chroniques culture : Notre sélection BD pour buller pendant les vacances d’avril

L’enfance du fils de Pablo Escobar, le tome 4 de la série Reckless, un héros galactique complètement crétin ou encore de la SF bien troussée : on vous propose quelques BD bien sympathiques pour bouquiner durant ces vacances d’avril…

ESCOBAR – UNE ÉDUCATION CRIMINELLE

En voilà un premier tome qui frappe fort dès le départ ! Dans « Escobar – Une éducation criminelle » (éd. Soleil), Juan Escobar – fils de qui-vous-savez – raconte sa jeunesse, son enfance passée auprès de ses « nounous » un peu particulières (= ses gardes du corps, tueurs à gages ultra-violents) qui sont finalement ses seuls amis.

Son récit est illustré par le dessin très expressif de Madrigal. Idéal pour accoucher ici d’une BD à l’humour noir et fort crédible. C’est une biographie atypique, nerveuse, portée par le second degré et l’hémoglobine. Vivement la suite de cette série !
Aurélien Germain

RECKLESS – TOME 4

C’est le retour tant attendu des maîtres Ed Brubaker et Sean Phillips, pour leur série Reckless. Et loin de se reposer sur ses acquis, le duo axe ce quatrième tome, « Ce fantôme en toi » (éd. Delcourt), sur la figure d’Anna, femme badass et assistante de l’antihéros Ethan qui ici n’intervient que sur trois pages !

Tout au long de cette bande palpitante, scène de crime terrifiante à Hollywood, manoir hanté (ou pas) et secrets bien glauques mènent la danse. Le trait est toujours aussi épais, le dessin fait des merveilles (les décors d’époque bien travaillés) et la colorimétrie reste en parfaite adéquation avec ce récit qui lorgne sur le polar. Poisseux et tendu, ce tome 4 se dévore. Vivement la suite !

A.G.

JOHNNY BICEPS

Johnny Biceps est un héros galactique, un vrai de vrai. Grand aventurier, musclé… mais surtout bien macho et bien crétin. Ce tome 1, « L’Argonaute du futur » (éd. Delcourt), se moque de ce personnage demeuré et caricatural à la poursuite de sa némésis, accompagné d’un assistant-clone, d’une guerrière médiévale et d’un docteur mihumain, mi-requin (!).

Bref, avec pareil pitch, on se doute à quelle sauce vont nous manger Karibou et Witko, les auteurs. Parodique puissance mille, boosté par un humour mâtiné de millième degré, improbable, ce Johnny Biceps vise juste. Amusant et totalement barré.
A.G.

LA SELECTION EN BREF

« Les Murailles invisibles » (Dargaud) est un formidable récit de SF signé Chauvel et Rio. Ce tome 1 nous transporte dans un futur proche, où des murs invisibles et infranchissables cloisonnent l’humanité. Un récit âpre et prenant au moment où tant de murs s’élèvent dans le monde.
Le T2 de « Magafauna » (Sarbacane) confirme le talent de Nicolas Puzenat à nous entraîner dans son univers bien particulier, où se mêlent heroic fantasy et chroniques sociales. Avec, pour parfaire le tout, un dessin sublime.

Avec « The Rock Cocks » (Dynamite), Leslie et Brad Brown voient enfin publiée en France leur saga sur la vie d’un jeune couple de musiciens, leurs galères et leurs amours dans l’Amérique d’aujoud’hui. Un premier titre de la collection Kinky, pétillant et décomplexé.
« Mo » (Claire de Lune) est le premier ouvrage d’une trilogie de Robin, Leoni et Negrin qui nous embarque dans un mystérieux royaume aux airs de Game of Thrones. Secrets, trahisons et batailles épiques au programme !
Un trio également avec Arleston, Gay et Boiscommun, pour « Succès Damné » (Drakoo), premier tome d’une série, où le fantastique règne en maître. Le destin d’un écrivain raté va basculer à la lecture d’un livre magique. Original et attachant : à suivre de près.

Hervé Bourit

Guide à Tours : l’ABC de la BD !

On n’ira pas jusqu’à dire que dès qu’on soulève un pavé du Vieux-Tours, on y trouve un dessinateur ou un scénariste de BD, mais… Plus on avance dans ce monde de bulles, et plus on est étonné de la profusion d’acteurs du secteur qui sont à Tours. Voici un tout petit aperçu…

A COMME…

Atelier POP

Ici, personne qui bulle : tout le monde est au travail sur son ordinateur, palette graphique et stylet à la main… ou stylo, pour ceux qui travaillent à l’ancienne. L’Atelier POP a été créé au tout début des années 2000, et il en a vu passer, des dessinateurs, dessinatrices, illustratrices, illustrateurs et graphistes en tout genre ! Seul Johann Leroux (alias Ullcer) était là dès le début. Ils travaillent chacun sur leur projet, se donnent des coups de main, et trouvent dans cet espace de coworking (né avant que le mot ne soit à la mode) une alternative pratique au bureau à la maison.

Giovanni Jouzeau (que vous avez vu passer dans nos pages fut un temps !) ajoute : « L’atelier m’a permis aussi d’avoir des conseils et quelques contacts car je sortais tout juste de ma formation. »

Chacun sa spécialité, comme Greg Lofé qui est coloriste, un métier pas si connu mais essentiel : c’est lui qui colore les planches noir & blanc fournies par les dessinateurs de BD ! Envie d’en apprendre plus sur les métiers liés à la BD ? C’est simple : l’équipe de l’Atelier POP est tous les ans au festival À Tours de Bulles ! Y’a plus qu’à patienter ! Et pour suivre leurs actualités, c’est sur Facebook @atelierpopbd

À Tours de Bulles

Le rendez-vous annuel des bédéphiles urbains, qui ne bougent pas leurs fesses jusqu’au festival de BD d’Amboise ou à la journée BD De Langeais (fainéants, va !). À Tours, cela fait maintenant 18 ans que le festival existe. Et pour la 19e édition, qui se déroulera comme d’habitude en septembre, on retrouvera une expo autour de l’album vainqueur de la Tour d’Ivoire 2022 : Lettres perdues, par Jim Bishop, et plein d’autres animations : ateliers dessins, concert-dessiné, conférences, séances de dédicaces… Tout un programme à guetter sur le site du festival www.atoursdebulles.fr.

B COMME…

Bédélire

Une institution pour les bédéphiles ! Rue du commerce, la boutique de BD a tout l’air d’une caverne d’Ali Baba avec ses meubles en bois, ses échelles pour grimper au sommet et ses albums par milliers. S’il existe depuis 1993, ce repaire des fans de bulles a fait parler de lui récemment pour autre chose que le 9e art. Ses cinq salariés ont en effet repris le magasin sous forme de société coopérative. Un format qui leur ressemble, où chacun a son mot à dire !

Et vous savez quoi ? On sait pourquoi on ne trouve pas d’étiquette pour nous guider dans les rayons : c’est pour nous pousser à nous approcher de ces libraires sympas, et profiter de leurs conseils avisés !

> 81 rue du commerce – Facebook @bedelire

La Boîte à bulles

C’est à Saint-Avertin que Vincent Henry a posé ses valises en 2012, après avoir démarré son activité en région parisienne. « J’étais un provincial malheureux à la capitale, tout simplement ! » raconte cet éditeur de bande-dessinée.

Chaque année, avec son équipe, ils sortent une vingtaine de nouveautés. Leur credo ? « La vie réelle, les tranches de vie, avec de la BD documentaire, des témoignages ou des récits intimes qui peuvent pencher vers la fiction. »

Et comme pour un éditeur de roman, l’éditeur de BD mène un travail de fourmi avec ses auteurs : « En tant qu’éditeurs, nous choisissons des projets et les mettons au point en collaboration avec les auteurs, c’est un accompagnement qui peut démarrer dès le storyboard, jusqu’aux détails finaux liés à la publication. »

Lui-même journaliste spécialisé dans ce secteur, Vincent Henry est également scénariste : on lui doit par exemple Les derniers Kalash (en coécriture avec Jean-Yves Loudes, et avec Hubert Maury au dessin), ou Jacques Damour (dessins Gaël Henry).

Avec ses deux casquettes, l’éditeur a des journées bien chargées, qui incluent aussi le suivi des ventes d’ouvrages et la promo des dernières parutions de la Boîte à Bulles : Majnoun et Leïli, chants d’outre-tombe de Yann Damezin, poème graphique rédigé en alexandrins, Prison de Fabrice Rinaudo, Sylvain Dorange et Anne Royan qui nous plonge dans le milieu carcéral, et le plus léger Le Renard, le corbeau et leurs potos de la Tourangelle Véropée.

> À suivre sur www.la-boite-a-bulles.com

Brassart

L’école tourangelle s’est fait un nom dans la formation des illustrateurs et graphistes de talent… Ce qui inclue aussi la BD ! Durant quelques années l’école a même été en partenariat avec l’éditeur Delcourt, c’est dire si elle fait référence en matière d’illustration et de dessin !

C COMME…

COMMERCES

D’autres adresses pour des BD : J’ai les Bulles, rue du Commerce, pour de l’occaz’ et du neuf à petit prix ; la Boîte à Livres qui agrandit sans cesse ses rayons BD, l’Imaginaute côté comics américains, ou le Bibliovore pour quelques secondes mains en très bon état.

Maud Martinez


Retrouvez la suite de notre dossier dans le N°431 de TMV (du 23 au 29/11/2022)

Festival de la BD d’Angoulême : entre récompenses, superbes découvertes et hommages à l’Ukraine

De la BD, de la BD… et encore de la BD ! Pour qui aime le 9e Art, le festival de la BD d’Angoulême est « the place to be ». On y a fait un tour et on vous raconte (presque) tout !

Sur la façade de l’hôtel de Ville d’Angoulême, sur fond de projection du drapeau ukrainien, un mapping de feux d’artifices pour cacher le bruit des bombes, là-bas, très loin. Et très proche aussi, avec pour la soirée d’ouverture au théâtre, un émouvant concert de dessins d’auteurs d’une douzaine de nationalités différentes, soutenu par les notes virtuose du pianiste franco-ukrainien Dimitri Naiditch.

L’Ukraine encore, dès la sortie de la gare ou sur des panneaux géants : Manara, Walter Minus, Riad Sattouf et d’autres disent leur soutien, dans ces couleurs bleu et jaune , que l’on retrouve en pin’s et en ruban chez beaucoup.

Dans ce contexte un peu particulier, la participation à cette 49e édition fut un peu moindre mais ô combien réjouissante. Des expositions à n’en plus en finir, comme celle consacrée à l’immense René Goscinny, le scénariste de Astérix, Lucky Luke, Iznogoud et tant d’autres. Un monstre de travail qui imposa ce terme « scénariste », quand celui-ci n’existait pas encore.

Astérix qui fut aussi à l’honneur cette année, avec rien moins que deux fresques, une dessinée par Boucq et l’autre par Catel, et le dévoilement d’un menhir place de la gare pour dire toute la place d’Uderzo (décédé l’an passé) et de Goscinny, inauguré par leurs deux filles.

Que dire aussi de celle sur Chris Ware, un grand monsieur qui après Angoulême, sera présenté au Centre Pompidou avec son art de l’architecture et de la composition époustouflant. On notera aussi celle de « Mortelle Adèle », très rafraichissante, tandis que le Pôle Manga explosait tous les records de fréquentations avec la magnifique exposition sur Mizuki, auteur prolifique.

Palmarès et récompenses

Ce foisonnement, cette richesse, on la retrouve aussi dans le palmarès. C’est donc Julie Doucet, la Canadienne qui récolte le Grand Prix, histoire, aussi, de lui dire qu’on adorerait qu’elle se remette à la BD ! (elle qui n’a rien publié depuis plus de 20 ans…). Car ses ouvrages féministes et pleins d’humour sont toujours autant dans l’air du temps.

Concernant les prix, le Fauve tout en or du brésilien Marcello Quintanilha pour « Ecoute Jolie Marcia » est une récompense amplement méritée, tout comme la série « Bergères Guerrières » de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais pour le Prix jeunesse.

On remarquera aussi, côté auteurs, une belle avancée avec l’annonce de la rémunération des dédicaces dans une dizaine de festivals et la visite de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui a affirmé avoir au moins 1 500 BD chez elle. Elle a salué les 85 millions de livres vendus en 2021 et la progression fulgurante du 9e Art, (merci les confinements et le pass culture !).

Angoulême 2022 fut une belle réussite, sous une météo clémente et un esprit de fête retrouvé. Ne reste maintenant plus qu’à attendre un an avant de fêter le 50e anniversaire de l’événement.

Hervé Bourit

Dans quelques jours, top départ pour le Festival de la BD d’Angoulême

Du 17 au 20 mars, place au festival international de la bande-dessinée d’Angoulême. Notre chroniqueur BD y fera un petit tour pour vous rapporter des souvenirs…

 Le 17 mars prochain, place au Festival de la bande-dessinée d’Angoulême ! Après une annulation en 2021, un report de janvier à mars en 2022, des polémiques à n’en plus finir (le prix Eco-Fauve Raja au hasard…), des défections d’éditeurs emblématiques (Glénat ne sera pas présent cette année par exemple), l’événement international de la BD maintient le cap malgré tout.

Avec le génial Chris Ware en porte étendard comme grand Prix de cette 49e édition, Angoulême est en recherche d’apaisement. La programmation tous azimuts de cette année, de Goscinny a Mizuki, de Thomas de Pourquery à Alexandre Astier en passant par d’innombrables propositions toutes aussi essentielles et surprenantes les unes que les autres, est un véritable régal et un remarquable tour de force.

Cette édition verra aussi la célébration comme jamais de la place des femmes autrices, en couronnant parmi Julie Docuet, Pénélope Bagieu et Catherine Meurisse, celle qui sera la reine de 2023. Bref de l’année de tous les dangers on passera à l’année de tous les plaisirs dans la capitale de la BD. On vous rapporte un compte-rendu après ces trois jours à buller !

Hervé Bourit / Photo archives NR – Léa Aubry

> www.bdangouleme.com

 

Chroniques culture : metal indien avec Bloodywood, redécouverte de TerreNoire et le plein de BD

Cette semaine, grosse découverte musicale avec le metal indien et original de Bloodywood, ainsi que le plein de BD, des « Sauvages Animaux » à « PMA : à la recherche d’une petite âme ».

LES CD

BLOODYWOOD – RAKSHAK

Du gros metal venant tout droit d’Inde ? Avec de la musique tradi indienne et des sonorités électro ? Et par-dessus tout, deux chanteurs, alternant les voix bien grasses et le presque rappé ? Oui, c’est possible et c’est le gros carton du moment dans la planète rock costaud. Bloodywood est en train de faire le buzz et force est de constater qu’il est mérité.

Car avec leur premier album auto-produit, ces métalleux indiens viennent d’accoucher d’une mixture aussi improbable qu’originale. Alignant les tubes, Bloodywood offre, avec « Rakshak », une bouffée de fraîcheur. Surpuissant (la guitare 7 cordes cure les oreilles, c’est sûr), très bien composé, à la fois violent, mélodique et dansant (la flûte et le tambour dhôl, typiques d’Inde), ce disque est réussi.

Avec son goût tribal (le « Roots » de Sepultura se ressent) et son côté engagé (le monumental « Dana Dan », véritable glaviot contre les violences sexuelles), Bloodywood n’est pas loin d’être catapulté haut, très haut dans la scène mondiale metal.
Aurélien Germain

TERRENOIRE – LES FORCES CONTRAIRES

Sur le scène de l’Intime Festival, il y a peu, ils nous avaient scotchés grâce à un duo voix/ claviers intense. Un bon choix pour le festival avertinois, car les deux frangins stéphanois viennent d’être couronnés « Révélation Masculine de l’année » aux dernières Victoires de la Musique. TerreNoire en profite donc pour ressortir le magnifique « Les Forces Contraires », agrémenté de 7 titres supplémentaires.

Et ce n’est pas de trop, tant on a craqué sur leur musique, portée par une poésie incandescente et des rythmes subtils et sensuels. Sans répit ils vous happent et vous relâchent en douceur, avant de vous surprendre le coup d’après. A (re)découvrir d’urgence.
Hervé Bourit

LE COIN BD

LA SELECTION DE LA SEMAINE

Avec « Les Sauvages Animaux » (éd. Casterman) De Moor et Desberg s’attaquent au monument du rock, Led Zeppelin. C’est le portrait décapant de Peter Grant, leur sulfureux manager, qu’ils dressent avec un humour au vitriol.


Et si on faisait un tour en enfer ? Avec « Volage » (Daniel Maghen), Desberg – encore lui – et le dessinateur mexicain Sandoval nous emmènent dans un conte très noir. Dans les profondeurs de l’Enfer donc, une troupe de parias s’enfuit pour échapper à l’Equarisseur et sa meute enragée dans une course poursuite haletante, sublimée par un dessin époustouflant.
Après le Mexique, c’est le Brésilien Leo qui revient avec « Neptune » (Dargaud), avec une SF qui lui est si particulière et dont il repousse les codes, album après album. Avec ce huis clos inventif, prévu en deux tomes, il réussit un tour de force magistral.

On terminera avec cette belle adaptation par Javi Rey de la pièce d’Henrik Ibsen, « Un Ennemi du peuple » (Dupuis), écrite à la fin du XIXe siècle, qui reste toujours aussi prégnante. Entre éthique et corruption, un scandale sanitaire dans une station thermale marquant. Essentiel.
H.B.

PMA : À LA RECHERCHE D’UNE PETITE ÂME

L’histoire racontée dans cette jolie bande-dessinée, c’est celle de milliers de femmes. Ce récit autobiographique signé Céline Gandner retrace le parcours d’une quadra hétéro qui se lance dans un projet de PMA avec don de sperme. Cette « maman solo » témoigne avec justesse et, parfois, une autodérision salvatrice.

C’est très intimiste, mais bouleversant, lorsqu’on s’aperçoit de ce combat de chaque instant, entre difficultés, perte de repères ou désillusions que peut impliquer ce chemin vers la PMA. Emmené par le dessin de Pauline P, cet album BD de 190 pages (éd. Delcourt) est aussi passionnant que documenté. À mettre, réellement, entre toutes les mains.
A.G.

 

Chroniques culture : un guide de la sexualité féministe, l’album de Thé Vanille et Axolot en BD

Au programme cette semaine, un petit guide de la sexualité féministe et épanouie à mettre entre toutes les mains, les curiosités d’Axolot, le disque des Tourangeaux de Thé Vanille, sans oublier la sélection BD du moment.

LE LIVRE

PETIT GUIDE POUR UNE SEXUALITÉ FÉMINISTE ET ÉPANOUIE

Pédagogique, intelligent et essentiel : trois adjectifs qui conviennent parfaitement à ce « Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie » (éditions First), signé par l’association Osez le féminisme !.

Ici, on déconstruit les idées reçues, les schémas de pensée. Le collectif aborde tous les sujets, sans tabou : anatomie féminine, relations sexuelles et affectives, univers du porno, mais aussi d’autres thèmes comme le cyber-harcèlement ou encore la culture du viol.

Agrémenté par des illustrations colorées et toujours à propos, ce guide est d’abord destiné aux 14-20 ans, mais les femmes adultes y trouveront aussi grand intérêt, tant l’ouvrage aborde les sexualités au pluriel. « Les Frangines », ces 40 autrices qui ont participé à la rédaction, viennent de livrer un guide à mettre entre toutes les mains.

Aurélien Germain


LE CD

THÉ VANILLE – FIGURE 26

C’est qu’ils nous manquaient, les Thé Vanille ! Et ouf de ouf, voilà que nos chouchous tourangeaux reviennent avec un premier album sous le bras. Avec « Figure 26 », le groupe poursuit sa lancée des très bons EP et off re de nouveau un shoot de pop ultra-vitaminée (mais pas que), comme on aime le répéter, en n’oubliant jamais de varier son propos.

La voix de Nastasia, véritable bonbon tout sucré, fait toujours son effet, tandis que, derrière, Valentin et Théo s’éclatent littéralement (l’efficace et foufou « Fast Cars »). Un long-format qu’on attendait avec impatience, un plaisir.
A.G.


LE COIN BD

AXOLOT – TOME 5

Attention, coup de cœur ! L’auteur et vidéaste Patrick Baud revient pour la cinquième fois en offrant un nouveau tome d’Axolot, du nom de sa chaîne youtube (plus de 618 000 abonné(e)s au compteur), en format BD. Et voilà, de nouveau, une franche réussite !

Portée par le trait de multiples dessinateurs (Lucie Albrecht, Yannick Grossetête, Holly R, etc.), cette bande-dessinée coopérative est bourrée d’anecdotes, toutes plus curieuses et étonnantes les unes que les autres, offrant un panorama de faits insolites, anciens ou récents (une femme qui accouche de lapins, un pilote d’avion aspiré par le cockpit qui a survécu, une chaise maudite et bien d’autres). Drôle, ludique, passionnant.
A.G.


La sélection de la semaine

On continue notre sélection de Noël avec l’immanquable sortie du nouveau Blake et Mortimer « Le dernier Espadon » (éditions Dargaud). Sur un scénario incroyable de Van Hamme, Berserik et Van Dongen brillent grâce à leurs prouesses graphiques !

Le Tome 3 de « L’Espoir malgré tout » (Dupuis) nous ravit une fois de plus. Avec cette suite palpitante et humaniste, Emile Bravo, le papa de Jules, continue de nous faire vibrer aux aventures de notre groom préféré, un Spirou plongé en pleine Seconde Guerre mondiale. Lanfeust de Troy continue, lui, d’étendre son univers pour notre plus grand plaisir. Ce tome 9 « La Forêt Noiseuse » (Soleil) laisse Arleston et Tarquin déployer tout leur talent, jouer avec humour des codes de l’heroic fantasy.

Timothé Le Boucher est sans doute l’auteur le plus doué de sa génération : il le démontre avec ce « 47 Cordes » (Glénat) bluffant d’inventivité. Une belle histoire de métamorphe pleine de fureur et de romantisme. On termine avec une valeur sûre de la BD jeunesse : ce sympathique tome 16 des Sisters, « Cap ou pas cap » (Bamboo), à découvrir pour cet enchaînement de gags signé William et Cazenove.
Hervé Bourit

BD : le festival A Tours de bulles revient les 12 et 13 septembre

Le festival de bande-dessinée a dû s’adapter à la situation actuelle et aux conditions sanitaires. Moins de lieux clos, plus d’extérieur. Mais rendez-vous est tout de même pris place Châteauneuf, les 12 et 13 septembre, pour A Tours de bulles. Et c’est gratuit !

Les organisateurs l’ont dit eux-mêmes, dans un communiqué : il y a eu « moult questionnements » et des « difficultés liées à l’organisation des manifestations culturelles ». Mais tout est bien qui finit bien : le festival de bande-dessinée A Tours de bulles aura bel et bien lieu les 12 et 13 septembre prochains !

Contraintes sanitaires oblige, des modifications ont été apportées à l’événement : « moins d’auteurs présents, moins de lieux clos, plus d’activités à l’extérieur », précise l’équipe à la tête du festival.

Pour le reste, cette seizième édition s’annonce bullesque à souhait ! Stéphane Fert – déjà vu et lu dans le merveilleux « Peau de mille bêtes » (éditions Delcourt) – sera l’invité d’honneur. Une exposition sera d’ailleurs consacrée à l’auteur.

Justine Cuhna, Gijé et d’autres invité(e)s

Autour de Stéphane Fert, d’autres noms à retenir. On retrouvera ainsi Mobidic, Justine Cuhna (son « Dans les yeux de Lya », à lire de toute urgence !), Nina Jacqmin, Philippe Larbier, ou encore Elsa Bordier, Jean-Marie Omont, Gijé et Carbone !

Pour le reste, le programme prévoit également conférences, lectures à voix haute, spectacles, ventes de BD et – si le contexte le permet d’ici là – d’éventuels ateliers dessin. La soirée d’ouverture, quant à elle, aura lieu le 11 septembre aux cinémas Studio.


> Festival A Tours de bulles, les 12 et 13 septembre, place Châteauneuf. Gratuit. Programme complet sur www.atoursdebulles.fr

Suivez également A Tours de bulles sur leur page Facebook https://www.facebook.com/ToursdeBulles/

Affiche Stéphane Fert

BD et roman graphique : notre petite sélection

En ces temps un peu tristounets, quelques chroniques de bandes-dessinées parues ou à paraître, pour lesquelles la rédaction a eu un coup de cœur.

Le Roman graphique

Les oiseaux ne se retournent pas  Il y a, déjà, ce titre superbe. Il y a, ensuite, ce graphisme de toute beauté. Il y a, enfin, cette terrible et touchante histoire d’une petite fille en exil, fuyant la guerre. « Les oiseaux ne se retournent pas » (éd.Delcourt) porte son sujet avec finesse.
Dans toute cette misère, l’espoir se dessine en filigrane. Sublimé par le trait de Nadia Nakhlé et de splendides teintes (noir, rouge, bleu), ce roman graphique explore, avec poésie et un lyrisme bouleversant, la psyché d’une simple enfant contrainte de fuir la barbarie des adultes. A lire de toute urgence pour avoir un peu de plomb dans la tête.
A.G.

La sélection BD

Avec « Quatorze Juillet » (éditions, Casterman), Bastien Vivès et son scénariste Martin Quenehen signent l’un des chef d’œuvre de ce premier trimestre. Cette rencontre entre un jeune gendarme surinvesti et un duo père/fille traumatisé par les attentats donne à ce polar contemporain une saveur incroyable et un climax incroyable.

La BD étant un art, ce n’est pas « J’Aurais voulu faire de la Bande Dessinée » (Futuropolis) de Philippe Dupuy qui va nous contredire. Son dialogue avec Dominique A et le jazzman Stéphan Olivia est l’un des choses les plus rafraîchissantes qu’on ait lu sur le 9ème Art depuis longtemps.

Avec « Michel Fourniret » (Glénat), le spécialiste français des serial killers Stéphane Bourgoin lance une nouvelle collection qui cerne les racines du mal avec sérieux et une acuité qui fait froid dans le dos.

Nettement plus léger, « La Promesse de la tortue » (Grand Angle) nous offre un beau récit d’aventures féminin situé en 1642, où trois flibustières s’en donnent à cœur joie grâce au duo Piatszek et Tieko.


H.B.

 

A Tours de Bulles : la diversité de la BD

A Tours de Bulles revient à Tours pour sa 14e édition. Au menu : bande-dessinée à gogo, dédicaces d’auteurs, expos, conférences et autres animations. Interview de Philippe Septier, directeur du festival de BD.

Philippe Septier, président du festival A Tours de Bulles.
Philippe Septier, président du festival A Tours de Bulles. (photo tmv)

Le festival A Tours de Bulles a su se faire une place dans la rentrée culturelle tourangelle. Revenons sur ses origines.
Avant A Tours de Bulles, nous avions un autre festival qui se déroulait chaque vendredi 13. Mais ça n’était jamais au même moment et, parfois, il y en avait plusieurs par an : difficile de continuer. C’était au-dessus de nos forces (rires) ! Quand une nouvelle équipe s’est formée, on a décidé de faire ça annuellement. D’abord, cela se passait en juin et place Plumereau. Puis nous sommes partis à la salle Ockeghem et avons maintenant envahi la place Châteauneuf ! (sourire) On essaye de proposer un festival convivial et accueillant. On travaille également beaucoup sur l’accueil des personnes en situation de handicap. Tout le monde se mélange ici. C’est la BD pour tous et le moment de découvrir la diversité de la bande-dessinée en passant un bon moment.

 

Pourquoi avoir choisi le thème « famille » cette année ?
C’est en référence à l’album de notre invitée d’honneur, Chadia Loueslati. Une sélection de planches de son roman graphique et autobiographique « Famille nombreuse » sera exposée.

 

Il y a des nouveautés pour cette édition… 2018
Oui, avec la Tour d’Ivoire des mômes. On a eu l’idée de proposer à la Quinzaine du livre jeunesse de choisir quatre album et que le public jeune puisse voter. Le dépouillement aura lieu dimanche midi et le vainqueur sera annoncé à ce moment-là. La deuxième nouveauté est le retour du concert dessiné de fin de festival. Le groupe L’Affaire Capucine s’associera à un bédéiste. C’est l’ADN du festival en fait : la BD a des liens avec plein de choses, musique, peinture, Histoire, etc. A Tours de Bulles est pluridisciplinaire, on montre que la bande-dessinée est quelque chose de plus large et plus riche qu’il n’y paraît.

 

Quels sont vos artistes coups de cœur cette année ?
C’est toujours difficile ! (rires) Je pense à Jean Dytar, auteur de Florida, un album magnifique, un vrai pavé sur la conquête de la Louisiane. Graphiquement, c’est superbe et historiquement, il y a un contenu. Il sera en conférence le samedi. Mais j’aime aussi Jean Barbaud, Janski…

 

Jean Barbaud sera présent. Il est l’artisan de « Il était une fois l’Homme », quelque chose qui réunit toutes les générations. Cela reflète parfaitement l’esprit du festival non ?
Oui, oui. C’est un festival familial, convivial, de 7 à 77 ans comme la BD. Même au-delà… (sourire) Il y a des albums plus durs et difficiles, d’autres plus légers, nous mélangeons les genres. C’est pour tout le monde.

 

Vous imposez-vous certaines restrictions dans vos sélections ?
Ah un Marsault, par exemple ja-mais ! (dessinateur controversé pour ses idées travaillant avec la maison d’édition Ring – NDLR) Sinon, on ne s’impose pas trop de limites. Vous savez, on a parfois fait de la BD érotique – jamais pornographique – ou politique, avec des albums sur les luttes sociales. Le but d’A Tours de Bulles est de montrer la variété de la BD.

 

(Photo A Tours de Bulles)
(Photo A Tours de Bulles)

Quel est votre rapport à la bande-dessinée ?
J’ai commencé avec les magazines Tintin et Spirou tout petit. J’étais un gros collectionneur avant. Mais désormais, en tant qu’organisateur de festival, j’ai un peu plus de distance avec l’objet livre en lui-même. Chez moi, je dois avoir environ 2 000 albums. Et j’en lis beaucoup à la bibliothèque. D’être dans l’association m’a permis de découvrir des genres que je ne connaissais pas forcément. Aujourd’hui, mon style de prédilection est la BD qui raconte des histoires, du vécu.

 

La BD est aujourd’hui de plus en plus adaptée au cinéma. Comment l’expliquer ?
C’est simple : ce sont des bonnes histoires ! Greg disait qu’il fallait trois choses pour faire une BD : une histoire, une histoire et une histoire. Au cinéma, on peut avoir un film magnifique avec des acteurs super, mais s’ennuyer au bout de dix minutes. La BD est d’une richesse scénaristique folle. C’est un média qui permet davantage d’imagination et de possibilités.

 

Idem : le marché de la BD se porte plutôt bien dans le secteur éditorial. Pourquoi ?
Les ventes, oui. Mais c’est plus compliqué que ça. Dans le monde des auteurs, peu en vivent. Beaucoup abandonnent, d’autres se tournent vers l’illustration, certains se regroupent pour trouver des moyens et organiser des actions. Il y a peu d’auteurs dépassant le SMIC… C’est pour ça qu’on aime mettre en avant les jeunes à A Tours de Bulles.

 

Les autrices sont plutôt rares dans les festivals BD. Mais vous leur faites la part belle et elles sont nombreuses à A Tours de Bulles.
C’est clairement une volonté affichée. La profession se féminise et c’est une excellente chose. Il faut faire sortir la BD de l’image d’une bande de mecs qui travaillent pour une bande de mecs. Certaines autrices font des choses formidables.

 

Et vous n’avez pas attendu le mouvement #MeToo pour les mettre en valeur…
Exactement. On a essayé de forcer les choses ! (sourire) On assume parfaitement. J’avais vraiment l’impression qu’elles n’existaient pas dans les festivals.

 

Après cette 14e édition, c’est quoi l’avenir pour vous ?
La 15e ! (rires) On y réfléchit et on aimerait que ce soit une édition améliorée. Déjà en poursuivant notre ancrage local et sa dimension humaine. On n’a de toute façon pas vocation à devenir plus gros, nos moyens sont limités (tous sont bénévoles et le festival est gratuit – NDLR). Je veux travailler avec des gens de Tours. Pourquoi pas le Bateau Ivre ? Côté contenu, j’ai envie de faire venir quelques grands noms de l’étranger.

 Propos recueillis par Aurélien Germain

> Les 15 et 16 septembre, place Châteauneuf. Gratuit. Infos et programme sur atoursdebulles.fr

 

Giovanni en BD : une bulle d’humour

Chaque semaine, il signe un dessin (toujours chouette) dans les pages de tmv. Giovanni Jouzeau, de l’Atelier Pop à Tours, sort aussi une BD cette semaine. On vous fait les présentations !

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B… COMME BD

C’est sa passion, son amour. À la maison, il y avait les Astérix et Gaston. Il dévore aussi les Spirou et se nourrit de BD belge, une influence qu’on retrouve d’ailleurs dans son coup de crayon. Giovanni aime jouer sur le décalage. Souvent drôle, toujours pertinent. Mais son idole, c’est Bill Watterson, l’auteur du génialissime comic-strip Calvin & Hobbes. « Tout simplement génial », dit Giovanni.

D… COMME DÉBUTS

« Le dessin, ça m’est venu dès la maternelle. C’était naturel, j’aimais ça… » Gamin, Giovanni a vite compris où son chemin le mènerait. « Dès 10 ans, je voulais faire de la BD », confie-t-il avec un sourire. À 12 ans, il commence ses premiers gags. Aujourd’hui, à 31 ans, il n’a toujours pas lâché le crayon.

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E… COMME ÉTUDES

Giovanni a passé un Bac S. Non par amour des maths, mais « parce qu’il fallait bien faire un truc et que je n’étais même pas au courant qu’il existait des baccalauréats en arts appliqués », se marre-t-il. C’est à 18 ans qu’il intègre l’école Brassart, à Tours. Il y passe 4 ans. « Je n’y ai pas fait de BD bien sûr. La bande-dessinée, j’ai appris tout seul, à force d’emmagasiner. Mais à Brassart, j’ai appris le graphisme. » Ce qui l’a formé d’une certaine façon, en rendant son style de dessin ultra accessible. « Avec cette formation graphique, on repère l’élément important. Rien ne doit parasiter le regard. » Résultat : dans ses dessins, le message va droit au but.
Moralité : « Apprendre des choses, ce n’est jamais du temps perdu. » (Les parents pourront remercier Giovanni pour ces paroles et les répéter à leurs enfants)

L… COMME LES CHICONS

Les Chicons, c’est une BD qui sort ce 31 mai et dans laquelle on retrouve – ô magie – Giovanni au dessin. Comment s’est-il retrouvé dans cette aventure, accompagné de Mike Zonnenberg au scénario ? « C’est un coup de bol », se réjouit le dessinateur. L’éditrice Eloïse Ragot est venue le trouver au mois d’août 2016 et lui a proposé le projet. « Après 2, 3 mois à finasser l’univers et les personnages, on a débuté le travail avec Mike. Il vient de l’audiovisuel et avait déjà fait des courts-métrages dans l’esprit des Chicons. »
Les Chicons, ce sont « deux jeunes dans le Nord, sympas mais paumés. Les filles les snobent, ils aiment glander et faire des conneries, comme voler des Caddies® pour descendre les escaliers ». Giovanni a travaillé des mois dessus, parfois 15 h par jour, sept jours sur sept. « C’est beaucoup de fatigue, mais je suis content de l’avoir fait. »

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U… COMME UN MOT POUR LES LECTEURS DE TMV (OUI, C’EST TIRÉ PAR LES CHEVEUX ET ALORS ?)

Une fois de plus, l’humour de « Gio’ » reprend le dessus. Il éclate de rire : « Oh, eh bien… Achetez ma BD. Comme ça, j’arrêterai d’être pauvre ! » Les-chicons

>>Tmv vous fait gagner cinq exemplaires des Chicons de Giovanni.
Envoyez un petit mail à redac@tmvtours. fr, un tirage au sort sera effectué

> Le book de Giovanni, c’est par ICI !

Prix du livre jeunesse : « Ma voix a été entendue »

La bande dessinée Haytam, une jeunesse syrienne, a reçu le Prix du livre jeunesse de la Ville de Tours. Haytham s’est confié à Tmv.

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Ce vendredi, les auteurs de la bande dessinée Haytham, une jeunesse syrienne recevront officiellement le Prix du livre jeunesse décerné par la Ville de Tours. Haytham, lui, sera en cours : « Je ne veux pas manquer mes TD, c’est trop important. » À 20 ans, le jeune homme dont l’histoire est racontée dans cette BD de 80 pages suit un cursus de mathématiques à Paris.

« Je ne savais pas du tout qui était Nicolas Hénin quand il m’a appelé. » D’autres journalistes tenaient à interviewer ce jeune Syrien arrivé en 2012 sans parler un mot de français et qui venait d’obtenir son bac S avec mention Bien, mais Haytham déclinait souvent. « Je ne voulais pas parler de moi seul, il y a beaucoup d’autres exemples d’intégration ! » Mais la démarche de Nicolas Hénin est différente : le journaliste a été capturé à Raqqa et gardé 10 mois en otage par l’EI. À travers l’histoire particulière d’Haytham, il veut rappeler les origines de la guerre en Syrie. Image25

« On oublie qu’une dictature a écrasé des manifestation pacifiques, explique Haytham. Quand j’ai lu la BD terminée, j’ai réalisé que le mot Daesh n’y apparaissait pas car Daesh n’existait pas en Syrie quand j’y vivais. Aujourd’hui, l’Occident se focalise sur ça et il est important de rappeler que Daesh n’est pas la source mais une conséquence du problème. »
Pour ce travail à quatre mains, Nicolas Hénin et Kyung-eun Park, le dessinateur, ont rencontré plusieurs fois Haytham. Le jeune homme a essayé d’être le plus honnête possible en racontant ce qu’il a vécu, en Syrie comme en France : «On parle beaucoup de racisme, de l’extrême-droite mais vraiment, je n’ai rencontré aucune difficulté pour m’intégrer. À l’école, mes camarades ont toujours été très gentils avec moi et m’ont beaucoup aidé. Je trouve les Français ouverts et accueillants. »

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Festival d’Angoulême : passion BD

Notre chroniqueur BD est allé buller au festival d’Angoulême. Du paradis de la bande-dessinée, il en a ramené des souvenirs… et un compte-rendu !

Les acteurs de Seuls, face aux médias.
Les acteurs de Seuls, face aux médias.

Jeudi 26 janvier, muni de mon précieux sésame, je me heurte dès la sortie de l’Hôtel de Ville à la très smart ministre de la Culture Audrey Azoulay. Ça commence bien ! D’autant que cette amoureuse du 9e Art (elle est vraiment incollable) qualifie d’emblée le Festival de joyau. Il n’en fallait pas plus pour dérider une ambiance un peu tendue entre les différents clans qui se disputent la mainmise sur le Festival. Ce dont, d’ailleurs, le visiteur lambda se fiche un peu. Une belle journée donc pour les organisateurs de cette 44e édition qui a vu la foule déferler sur la capitale des Charentes.

Et la joie d’être là continuait avec la visite des expositions du Festival comme celle, vraiment très bien mise en valeur, de Hermann, Grand Prix 2016, dont le dessin et l’univers nous ont bluffé. Cela paraissait difficile de faire mieux et pourtant… On est tombés à la renverse en voyant la sublime rétrospective consacrée au grand dessinateur américain Will Eisner, au musée de la BD. Le créateur du Spirit et inventeur du roman graphique était sublimé avec une mise en scène de son oeuvre très inventive. Que dire alors de l’oeuvre de Kazuo Kamikura, exposée au musée d’Angoulême dont l’esthétisme et le graphisme séduisent au plus haut point. Image9

Il fallait aussi voir l’expo Valérian de Christin et Mezières, dont Luc Besson s’apprête à donner vie et qui s’annonce vraiment impressionnant coté mise en scène. Du 7e Art, il en a été beaucoup question à cette édition puisqu’on a pu y voir Seuls, tiré de la BD éponyme chez Dupuis et qui s’annonce comme un des beaux succès de cet hiver. Mais aussi plein d’adaptations, notamment du côté des comics de la maison d’édition Panini (Spiderman et Avengers entre autres), et aussi des projets à la pelle puisque la BD est devenue un immense réservoir pour les réalisateurs de cinéma.
D’ailleurs, mêler BD et autres formes artistiques, c’est un peu la marque de fabrique d’Angoulême avec les fameux concerts de dessin. C’est ainsi que, le vendredi soir, on s’est retrouvés dans le superbe théâtre d’Angoulême pour écouter China Moses et voir dessiner Pénélope Bagieu. Un régal !

Image8Rebelote le lendemain avec le superbe concert de Morgane Imbault (l’ex-autre moitié de Cocoon qui, sur les mots de Jean-Louis Murat et le dessin de Chabouté, a proposé un magnifique « Les Songes de Léo » élégant. Le contraste avec la soirée « BD cul » des éditions Requins Marteaux qui a suivi fut assez grand.

C’est aussi cela Angoulême : un grand écart permanent jusque dans la remise des prix. Mathieu Bonhomme, couronné pour sa reprise de Lucky Luke, et Paysage après la bataille de De Pierpont et Lambe, meilleur album 2017… le fossé est parfois vertigineux. Coup de cœur, cette année, au retour des éditions Dupuis avec de vraies propositions d’animation qui changent des stands traditionnels, l’attention portée aux mangas ou encore l’organisation pour la copie rendue cette année en quelques mois seulement. Vivement 2018 !

Hervé Bourit

Festival d’Angoulême : la BD dans tous ses états !

Le Festival de bande-dessinée d’Angoulême débutera ce 26 janvier. Tmv y envoie d’ailleurs Hervé Bourit, son chroniqueur BD.

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C’est sous une affiche magnifique signée Hermann que la 44e édition du Festival d’Angoulême laissera éclater ses bulles du 26 au 29 janvier. On se souvient  des polémiques qui ont agité le landernau BD l’an passé. Pas assez de filles auteures dans les nommés, fronde des éditeurs, auteurs en colère contre leur régime de retraite,…on en passe et des meilleurs.

C’est pourquoi on attendait cette édition 2017 « au tournant ». C’est d’ailleurs le titre d’un excellent livre (Editions Harmonia Mundi) du grand spécialiste du 9ème art Thierry GROENSTEEN qui a scruté tout cela avec l’œil du théoricien qu’il est, et qui en faisant la synthèse des mutation économiques et artistiques de la BD nous livre un tableau hyper complet et très documenté sur l’état du 9ème art.
Alors, crise de la BD ? Crise à Angoulême ? Que nenni, même si de sombres nuages s’annoncellent comme la surproduction des titres ou baisse des revenus des auteurs, le 9e Art tient encore de bout et la capital des Charentes reste contre vents et marées son plus grand haut-parleur. Pensez donc : pendant ses quatre jours, on va croiser pas loin de 2000 auteurs, dont certains venus de Chine, des Etats-Unis, du Japon, bref du monde entier.
On va baver d’admiration devant des expositions de haute volée comme celles d’HERMANN donc, de Will EISNER, de Kazuo KAMIMURA, découvrir la French Touch de Marvel ou saliver devant  celle du future film de BESSON, « Valérian » d’après l’œuvre de CHRISTIN et MEZIERES !

Incroyables, d’ailleurs, les liens que la BD peux entretenir avec le cinéma et l’animation puisqu’à Angoulême, on parle bande-dessinée avec tout une série d’événements, comme l’avant-première du très attendu « Seuls » adapté des ouvrages de GAZZOTTI et VEHLMAN ou encore la projection de l’intégrale de la série d’animation « Last Man » de Bastien VIVES. Incroyables, aussi, les liens entre BD et musique, comme ce concert de Morgan IMBAULT (l’ancienne chanteuse de COCOON) qui mettra en voie un conte musical illustré par CHABOUTE, mais aussi avec les concerts de dessin dont un à me pas manquer, la rencontre entre la délicieuse China MOSES et la non moins talentueuse Pénélope BAGIEU !

Des Tourangeaux au programme

Et puis il y aura cette foule de plus de 200 000 visiteurs et surtout cette jeunesse qui de concours en ateliers,  de rencontres en expos créées spécialement pour elle, va buller à mort. Il y aura aussi ces rencontres, ces débats, ces échanges de droits (eh oui, on parle et on fait aussi du business dans la cité de Marguerite de Valois).
On y croisera donc un paquet d’auteurs Tourangeaux, comme PEHEL, RELOM, TERREUR GRAPHIQUE … notre éditeur saint-avertinois préféré  de la Boite à bulles, et même quelques figures locales comme l’an passé Gary CONSTANT ou Eric DERIAN ! Bref on ne saura plus comme d’habitude ou donner de la tête avec des stands plein à craquer de propositions éditoriales toutes aussi tentantes les uns que les autres, sans oublier d’aller aussi jeter un œil à l’ espace bouquinistes et produits dérivées .

On finira avec des prix en veux-tu en voilà pour tous les styles pour tous les goûts avec cette année (il était temps) un grand Prix du Scénario en hommage au regretté René GOSCINNY. Bref Angoulême est toujours là, toujours vivant, et toujours bouillonnant avec une frénésie incroyable et une vitalité extraordinaire qui vaut largement le déplacement n’en déplaise à quelques âmes chagrines et grincheuses.

Hervé Bourit

>> Festival d’Angoulême. Du 26 au 29 janvier. Infos sur www.bdangouleme.com

BD : le dessin selon Dawid

Dawid, l’un des neuf dessinateurs de l’atelier Cachalot installé dans le vieux Tours, vient de remporter le Prix Jeunesse de l’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée) pour le tome 2 de la série SuperS, écrite avec Frédéric Maupomé.

Dawid

La BD, c’est son truc. Pas étonnant, me direzvous pour un dessinateur de BD ! Certes. Mais laissez-nous vous expliquer. Le dessin, oui, bien sûr, Dawid le maîtrise. Mais son mode d’expression, son langage, c’est vraiment la bande dessinée…
« J’en fais depuis que je suis tout gamin. En CE1, j’ai commencé à faire des planches. À ce moment-là, ça ne ressemblait à rien mais j’adorais ça… Puis j’ai continué. » Et de poursuivre : « Ce qui me plaît vraiment, c’est le fait de raconter une histoire en case. Je ne me sens pas illustrateur. C’est assez différent d’ailleurs comme boulot. Avec la BD, je fais vivre mes personnages, je m’amuse à les faire bouger, progressivement, à détailler leurs mouvements. Je les mets en scène. On dit souvent que la BD, c’est l’art du découpage. Faire un beau dessin, oui, c’est important. Mais j’aime surtout raconter. Et puis, je m’attache à mes personnages, alors j’ai envie de les faire vivre. »

Les personnages de Dawid ? Il y a d’abord la petite rouquine du livre Passe Passe (Éditions de la Gouttière, 2014) réalisé avec Delphine Cuveele. Sélectionné à Angoulême pour le prix Fauve jeunesse, cet album fait connaître aux lecteurs le trait, un brin espiègle, du dessinateur. Puis, en août 2015, avec le premier tome de SuperS, Dawid donne vie, avec Frédéric Maupomé, à Mat, Lili et Benji, trois orphelins aux pouvoirs surnaturels qui tentent de passer inaperçus… « Quand Frédéric m’a proposé de travailler avec lui sur cette série, j’ai tout de suite accepté. C’était vraiment le genre d’aventures que j’avais envie de raconter. Ce qui nous intéresse dans cette histoire, ce ne sont pas tant les pouvoirs des enfants mais surtout leurs relations, entre eux et avec les autres. Il y a un côté très intimiste. J’aime bien traduire ça en dessin. » PlancheS_48398

Le succès est au rendez-vous. Les lecteurs de 8 à 15 ans adhèrent. Depuis, les titres s’enchaînent sur la table du dessinateur : Dessus Dessous, sorti en 2015, remet en scène notre petite rouquine, le tome 2 de SuperS, en librairie depuis le mois d’août dernier, se voit récompensé par l’ACBD. Le tome 3 est déjà en route.
Et deux autres suivront… « On est super contents avec Frédéric. Les personnages parlent à un large public. Et puis, on a beaucoup de chance de travailler avec les éditions de la Gouttière », insiste-t-il. « Il y règne une vraie dynamique de passionnés de la BD. L’équipe épaule super bien ses auteurs et sur le terrain, elle accomplit un énorme travail pour faire connaître les livres, les défendre, avec des expos, des rencontres, etc. » Justement, à propos d’expo, ne manquez pas celle qui présentera les planches originales de SuperS, à la Maison de la BD, à Blois, à partir du 31 janvier 2017. Pour les fans de la jeune fille de Passe Passe, le troisième opus est écrit mais il faudra attendre 2018 pour sa publication…

> Samedi 17 décembre, dès 15 h, Dawid en dédicace à la Boite à livres, avec Titwane et Mickaël Roux.

Portrait par Jeanne Beutter

Vincent Henry : BD en stock

Éditeur passionné, auteur obstiné, Saint-Avertinois d’adoption, Vincent Henry n’est pas homme à vivre dans sa bulle… Du 28 au 31 janvier, il sera au festival BD d’Angoulême, coiffé de ces deux casquettes.

Vincent Henry

LE LECTEUR

— Vincent Henry grandit à Brive-La-Gaillarde. Au collège, les lectures classiques qu’on lui propose l’em…bêtent profondément. Spirou et Fripounet l’inspirent davantage. Quand au milieu des années 1970, s’ouvre à la bibliothèque municipale une section jeunesse, il s’y plaît et engloutit le stock : Buck Dany, Blueberry, Ric Hochet, etc.
A 12 ans, Vincent Henry commence à façonner sa culture BD. Mais il attendra ses 37 ans pour oser se plonger dedans en créant sa maison d’édition La Boîte à Bulles (BàB).

LE SCÉNARISTE

— En 2013, Vincent Henry passe un nouveau cap. Le cap dont il a toujours rêvé ! Celui du scénario. Il écrit d’abord « la Boîte à bulles en images : l’odyssée d’une petite maison d’édition » qui retrace les 10 premières années de la BàB. Puis, inspiré par ses filles, il imagine les histoires de « Loulou ». En janvier 2016, il signe, avec Gaël Henry aux dessins, le 1er tome du truculent « Alexandre Jacob, journal d’un anarchiste cambrioleur ». Cette fois, il est édité chez Sarbacane. Un gage de reconnaissance de son travail.

L’ÉDITEUR

— En 2003, alors chroniqueur BD, il flashe sur le travail de deux auteurs (Vanyda et José Roosevelt) et leur propose de les éditer. Alors qu’il n’a encore ni maison d’édition, ni expérience en la matière, son « aura » plaît et ils acceptent. C’est la naissance de la BàB. La ligne éditoriale est tranchante, les thèmes difficiles. Que ce soit l’alcoolisme ou la guerre, la famille ou le voyage, les sujets sont abordés par le biais de l’intime.
Treize ans plus tard, la petite entreprise, installée à Saint-Avertin depuis 2013, est toujours sur ses rails, et semble même réussir à toucher un plus large public avec des sujets d’actualité.

De Jeanne Beutter

Nos coups de cœur aux éditions La Boîte à bulles :

Doigts d’honneur. Ferenc et Bast signent un album gifle. Comprenez par là que ce docu-fiction vous met une claque en abordant la situation des femmes en Egypte…

Cher Moktar. Là, on prend une deuxième claque… Suite aux attentats de Charlie, l’auteur s’interroge sur l’identité, l’évolution des rapports aux autres dans une société… troublée.

Tempête sur Bangui. Bouleversant, Didier Kassaï raconte le conflit qui sévit dans son pays, la République centrafricaine. À lire absolument pour une réelle prise de conscience.

Sanseverino est Papillon. Un magnifique album CD aux allures d’aventures. On suit ici les diverses évasions de l’ancien bagnard Papillon, aux rythmes des chansons de Sanseverino.

#Génération[s] : rencontre avec le dessinateur Manu XYZ

C’est lui qui signera, jusqu’à la fin de saison, la BD #Génération[s] dans tmv. Portrait.

ManuXYZ
ManuXYZ (Photo tmv)

Toujours le bon mot, la petite phrase qui fait mouche. Il est comme ça, Manu XYZ. Beaucoup dans le délire, les digressions. Il manie le crayon comme il manie les mots : avec humour. Avec précision, aussi. Ce Parisien, né en juin 1969 (« Bouh, qu’il est vieux », lance-t-il d’entrée de jeu), a atterri à Saint-Avertin en mars 2014 à cause d’un… ballon d’eau chaude. Si, si. « Je faisais la vaisselle dans ma cuisine. Pardon, dans mon cloaque. Le ballon de 100 litres s’est décroché et j’ai failli être écrasé. » Un proprio rétif à effectuer les travaux, des loyers indécents, un besoin de sérénité et son apprentie venant de Véretz qui lui vante les mérites de la Touraine, où se trouve l’atelier Pop. Il n’en fallait pas plus.

Avant la BD, il a enquillé « tous les boulots qui venaient » : nettoyage, sécurité incendie, secouriste bénévole, dans les BTP, formateur, community manager… « Puis un accident m’a tourné vers le dessin de presse, notamment dans des revues informatiques. » Idéal pour lui qui possède une culture politique et économique béton… et retrouve ainsi son amour de jeunesse, le dessin. Il gribouillait déjà gamin. Et passait ses journées à la bibliothèque municipale, avec ses copains, où il mâchouillait son chewing-gum – « on était des rebelles ! » – et découvre même un jour une BD néerlandaise « avec une femme toute nue ». Il n’affinera son crayon qu’au lycée. Un mot qui le fait sourire. « Je n’ai pas le bac. Même les examens d’urine, je les rate ! »

Dans #Génération[s], que vous retrouverez chaque semaine dans tmv, il dépeint le quotidien de parents et de leurs deux ados. Acné sur la trogne façon calculette, slim taille basse et appareil dentaire. « C’est de la caricature, hein ! Je rassure les lecteurs – et détracteurs – c’est de l’exagération. » Un strip né de l’observation de quadras et de leur marmaille : « Ils ont une amnésie collective. Eux aussi ont été jeunes et ont fait des bêtises. Il y a une incompréhension intergénérationnelle. » Comprenez : tout le monde en prendra pour son grade dans la BD. Et Manu XYZ en rigole : lui-même n’a pas d’enfants ! « C’est de l’humour. C’est le miroir de chacun, un guide pour tous. Et qu’est-ce que c’est amusant à faire ! »

EN BREF
LE MÉTIER
« La réalité, c’est qu’il est très difficile de gagner sa vie en étant dessinateur de BD. Je ne conseillerais pas de vouloir en faire son métier pour des raisons bassement économiques : il faut payer un loyer et avoir un ventre pas trop vide. » ManuXYZ regrette aussi « un manque de culture graphique » dans une France trop conservatrice « dans son approche de tout » et qui refuse « de se remettre en cause, alors qu’il y a de super talents ».

SES DESSINATEURS FAVORIS
Manu XYZ, passionné de romans graphiques, adore « Tardi, Hugo Pratt (Corto Maltese, c’est lui !), Will Eisner, ou encore certains comics à la Transmetropolitan ». Lui qui voit en la classique BD Belge « une madeleine de Proust », déteste, par contre, Tintin.

DO YOU SPEAK JEUNE ?
« Je parle bien le ‘’djeuns’’, parce que j’ai été community manager pour une appli d’Orange. Je voyais un flux d’émissions TV, comme celles sur NRJ12. Hum… Et en tant que formateur, j’ai eu beaucoup de jeunes. Ça m’a fait bizarre d’en voir certains écrire “ froder ’’… »

OÙ LE RETROUVER ?
Partout ! Notre dessinateur a envahi le monde. Au moins. Vous pouvez donc suivre les aventures de notre famille déjantée via Twitter sur @GenerationsLaBD, ou sur facebook.com/GenerationS.LaBD, et même sur generations-labd.blogspot.fr Partout, on vous dit…

LE SECRET
Vous avez dû remarquer les QR (mais si, ces sortes de « codes barre »), glissés subrepticement dans la BD. Oui ? Essayez donc de les lire avec votre smartphone. On vous laisse la surprise…

kids de Tours : envie de faire de la BD ?

Et si votre enfant était un génie de la BD ? Vous pouvez l’envoyer aux ateliers du festival à Tours de bulles pour le découvrir…

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Poupette a 8 ans, (presque) toutes ses dents et elle s’est obstinée à dessiner de mini bandes dessinées tout l’été. Elle veut absolument aller au festival À Tours de bulles. Aurélie Lecloux, auteur et coloriste, n’est pas surprise : « Certains enfants imaginent d’abord les images, d’autres les textes mais dès le CP, les enfants peuvent créer des bandes dessinées. »

Les goûts des petites têtes blondes restent classiques : Spirou, Tom et Jerry, Titeuf, Chi le chat se disputent le podium des icônes. Le phénomène manga frappera un peu plus tard, à l’adolescence. Chaque année, les ateliers de création de bandes dessinées animés par les huit membres d’Atelier Pop, le collectif de BD tourangeau font le plein de Franquin en herbe. « Bien sûr, c’est une initiation, explique Aurélie Lecloux. En deux heures, on leur explique d’abord le processus de création, puis on leur laisse les crayons. » Les enfants (mais aussi beaucoup de parents !) tombent des nues en découvrant les multiples étapes de la fabrication d’une BD.
Aux petits d’imaginer leur histoire, dessiner un strip de deux cases ou une chute, pour repartir avec l’ossature d’une bande dessinée à continuer à la maison. « La BD, c’est de 7 à 77 ans », confirme Julie, l’une des organisatrices. C’est la présentation de planches réalisées en milieu scolaire qui ouvre le festival ce mercredi.

À Tours de bulles, du 10 au 14 septembre à Tours. Programme des ateliers enfants sur atoursdebulles.fr

Eric Derian et la future école de BD

L’auteur de bande dessinée tourangeau vient d’être nommé à la tête de l’Académie Brassart- Delcourt. Il nous parle de cette future école de BD parisienne.

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Vous dites que c’est « la première école de BD parisienne ». En fait, c’est quoi l’Académie Brassart-Delcourt ?

L’idée, c’est de proposer une formation en trois ans à l’opposé de ce qu’enseignent les écoles d’arts appliqués. Nous, nous enseignons la bande dessinée mais aussi les métiers du livre, l’encrage, l’élaboration de scénarios. C’est illusoire de promettre à nos futurs étudiants qu’ils deviendront tous auteurs de BD. Dans la réalité, peu d’entre nous vivent exclusivement de leurs albums. Nous sommes aussi là pour apprendre aux étudiants le graphisme, l’illustration…

Pourquoi Delcourt, une maison d’édition, décide d’ouvrir cette école de BD ?
Il faudrait leur demander. Je me suis posé la question. Pour moi, ce n’est pas une question d’argent, ni de découverte des jeunes auteurs. C’est une façon d’innover pour Delcourt, qui a l’ambition de devenir un jour le n°1 de la BD en France. Et puis, je crois qu’il souhaite que le niveau de ces nouveaux arrivants augmente. Beaucoup d’éditeurs me parlent de premiers projets d’album qui se passent mal, parce que les jeunes auteurs sont mal préparés. Dans beaucoup de formations, ils ne produisent que 12 pages de BD à la fin de leur cursus. Dans la réalité, pour manger, c’est à peu près ce qu’il faut faire en un mois. C’est primordial, pour moi, que nos futurs étudiants fassent de la BD tout au long de leur formation.

Vous pensez que l’enseignement de la bande dessinée est actuellement désuet ?
Oui, désuet, c’est le bon mot. Je travaille depuis des années dans l’Atelier Pop et je vois souvent passer des stagiaires qui sont en école. Leur formation n’a pas bougé depuis les années 1970. Elles essayent de former des auteurs complets qui scénarisent, dessinent, encrent, font la couleur et le lettrage… Mais dans la réalité, la plupart des BD sont issues de collaborations entre différents professionnels.

Vous avez essuyé des critiques sur ce projet ?
Le marché de la BD, devant son apparente bonne santé, laisse de plus en plus d’auteurs galérer. Les critiques ne comprennent pas pourquoi former de nouveaux précaires. Moi, je me situe de l’autre côté de cette critique : je pense qu’en formant bien les jeunes auteurs, ils s’en sortiront mieux et les éditeurs suivront. Il y a quand même du travail.

Propos recueillis par B.R.
√ INTÉRESSÉ ?
Vous avez envie de vous lancer dans des études pour, peut-être, devenir un jour auteur de BD ? L’Académie Brassart-Delcourt recrute en ce moment les futurs étudiants. Il faut au moins avoir 16 ans et avoir envie de se lancer dans un cursus de 3 ans. L’école demande un aperçu de ce que vous faites en dessin, un CV. La lettre de motivation n’est pas obligatoire mais vivement conseillée. Toutes les infos sont sur academie-bd.fr

BONUS
On a demandé à Eric Déran 4 albums qu’il fallait lire avant de se lancer dans des études de BD.

« Je commencerais par L’art Invisible de Scott McCLoud : c’est la bible du futur auteur. Ensuite, Lapinot et les carottes de Patagonie de Lewis Trondheim, qui représente pour moi, l’essence même de la bande dessinée. Avec des moyens graphiques très faibles, naïvement, il donne des leçons sur la BD moderne. Sinon Batman : Year one parce que Frank Miller et David Mazzucchelli montrent plusieurs écoles graphiques. Enfin, Les Bijoux de la Castafiore, c’est un classique mais cette aventure de Tintin est un bijou de non-action et d’érotisme étouffé. »

20 ans de Bédélire : notre reportage en BD

Comme un clin d’œil aux fans du 9e art, nous avons décidé de vous raconter l’histoire de Bédélire, la mythique librairie de bd de Tours, avec des cases et des bulles.

Cliquez sur une photo pour agrandir la bande-dessinée !
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+ LA FÊTE D’ANNIVERSAIRE
Pour les 20 ans de Bédélire : soirée au Petit Faucheux autour d’un concert illustré, alliant jazz et dessin. La première performance évoquera Johnny scrapbook, danseur des années folles. Puis le groupe Chromb ! invite Benjamin Flao, dessinateur. samedi 7 décembre, à 20 h 30. De 7 € à 12 €.
++ LE OFF DU VENDREDI 13
La genèse du Festival À tours de bulles, c’est d’abord des passionnés de bd qui se réunissaient tous les vendredis 13 autour d’un repas. À partir de 1999, le off du vendredi 13 se déroule chaque week-end suivant un vendredi 13. une association est créée et prend la main en 2004.
+++ LES AUTRES LIBRAIRIES
Il existe d’autres librairies de bande dessinée à tours, seulement elles ont chacune leur spécificité (même si elles se concentrent rue du Commerce), que ce soit en manga (Azu-manga), en comics (Imaginaute,) ou en occasion (J’ai les bulles).