Sociologie de la musique metal pour les nuls

Le 12 décembre, c’est la Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, mais c’est aussi et surtout la Journée internationale de la musique metal (si, si, ça existe !). L’occasion de vous décrypter un style musical souvent stigmatisé mais pourtant complexe et intéressant, idolâtré par un public multigénérationnel et fidèle.

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Les origines (pour briller en société)

Si le terme « heavy metal » a été utilisé pour la première fois par un journaliste pour décrire la musique de Jimi Hendrix, le metal tel qu’on le connaît aujourd’hui est né d’une façon qu’on pourrait simplement et naïvement résumer ainsi : le blues a engendré le rock, le rock a engendré le hard rock et le hard rock a engendré le heavy metal. Un souci de jouer toujours plus dur, plus lourd et plus méchant.
Ce style apparaît surtout en Grande-Bretagne, à la fin des années 60. Fondé il y a près de 50 ans (!), Black Sabbath est souvent considéré comme le pionnier du genre. À cette époque, personne n’a encore entendu pareils riffs et pareille musique… si maléfique. Dans ses notes, Black Sab’ va d’ailleurs jusqu’à utiliser le triton, un intervalle dissonant qu’on surnommait « Diabolus in Musica » au Moyen- Âge, celui-ci ayant été interdit car jugé dangereux et assimilé à quelque chose de diabolique. 1970, le premier album de Black Sabbath sort et dévaste le monde. Un nouveau son est né.

Le groupe Black Sabbath à ses débuts
Le groupe Black Sabbath à ses débuts

Il fait quoi dans la vie, le métalleux ? (à part vivre pour la bière et les watts)

Évacuons les clichés d’emblée : non, le métalleux n’est pas une brute écervelée. En France, les amateurs de metal sont sociologiquement très divers. Dans son ouvrage Hard rock, heavy metal, metal, histoire, cultures et pratiquants, Fabien Hein, maître de conférences en sociologie à l’Université de Metz, indique : « On trouve dans les publics du metal des ouvriers, des cadres supérieurs, des instituteurs, des médecins, des infirmières et même des professeurs d’université ! Les études montrent même plutôt un profil de type bac+2 ou 3, inséré socialement, en emploi, donc disposant d’un capital économique. »

En 2015, le site Hitek.fr avait eu la bonne idée de faire poser une multitude de festivaliers du Hellfest devant l’appareil photo avec, inscrit sur une ardoise, leur profession. On retrouvait ainsi un ingénieur en aérospatial, un chimiste, une étudiante en cinéma, un éduc’ spé’, une auxiliaire de vie, une serveuse, une manager d’une grande chaîne de restaurant, ou encore un développeur web, une ingénieure dans le nucléaire et un animateur prévention délinquance jeunesse.

Le signe des cornes, ça vient d’où ?

Le « horns up », c’est le signe de ralliement des métalleux. Poing fermé, index et auriculaire levés. Mais cela existait déjà dès l’Antiquité, le geste étant associé à l’idée d’infidélité. Alors non, ça ne signifie pas que toute la communauté metal est cocue. Mais un beau jour de 1980, Ronnie James Dio – ex-chanteur de Black Sabbath – effectue ce signe qui va se populariser… mais qui vient au départ de la grandmère du musicien ! Italienne et très croyante, elle faisait souvent cela pour conjurer le mauvais sort. Une vieille tradition italienne qui va se retrouver dans tous les concerts et que certains associent aux cornes du Diable.

Le signe des cornes, le ralliement des métalleux
Le signe des cornes, le ralliement des métalleux

Public fidèle… et consommateur

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Le label Nuclear Blast propose régulièrement de jolis objets pour les collectionneurs de vinyles.

Qui dit fan de metal, dit fan qui achète. Le métalleux est un gros consommateur (à titre d’exemple, un festivalier dépense en moyenne 387,60 € durant le Hellfest) et friand de produits dérivés. En tête, les habits. Oui, le métalleux est coquet et une garde-robe sans tee-shirt (noir) de ses groupes préférés, c’est comme une pizza à l’ananas : c’est dommage.
Fabien Hein a analysé qu’aux stands de merchandising, les paniers moyens sont plus élevés dans le metal qu’au sein d’autres familles musicales. Les groupes vendent plus de tee-shirts que de CD. Si comme partout, la vente de CD est en chute libre, celle des vinyles est en pleine expansion. D’après Amazon, le rock occupe la moitié des ventes et le metal se taille une grosse part. Certains l’ont bien compris comme le label allemand Nuclear Blast qui enquille les (ré)éditions avec multitude de pressages (vinyles colorés, gatefold, picture disc…) pour satisfaire la soif de collection des fans.

Le festivalier du Hellfest dépense beaucoup dans la partie commerces
Le festivalier du Hellfest dépense beaucoup dans la partie commerces

[NB : on conseillera également la lecture de la thèse signée Corentin Charbonnier et abordant le thème du Hellfest comme lieu de pèlerinage. Relisez notre interview à ce propos juste ici !]

Dur, dur d’en vivre

Oublions les AC DC, Metallica et autres mastodontes qui vivent de leur musique. « C’était l’bon vieux temps », comme dirait Papy Roro. Désormais, rares sont les groupes et musiciens de metal qui n’ont pas un métier à côté. Surtout en France.
En cause, de multiples critères : baisse des ventes de CD, manque à gagner via le streaming (en 2015, un ayant-droit touchait en moyenne entre 0,003 € en flux payant), perception du metal dans l’Hexagone (coucou les reportages stéréotypés), pas de passage radio (à de rares exceptions près), coût d’un enregistrement ou d’une tournée (les cachets ne sont pas forcément bien élevés non plus), ou encore faiblesse de la promotion (si ce n’est quelques magazines spécialisés et webzines), ou timidité des collectivités, etc. Bref, jouer dans un groupe de metal, c’est un métier de passion. Disons ça ainsi.

Les genres…

Le metal est le style musical qui compte le plus de genres et de sous-genres (et de sous-sous-genres, mais épargnons les cerveaux les plus délicats). Pour faire relativement simple, le metal se structure en plusieurs courants. Parmi les plus représentatifs : le heavy metal (les origines avec les Iron Maiden, Judas Priest et consorts), le thrash metal (beaucoup plus rapide, méchant, ça tape sévère avec Slayer, Megadeth ou les premiers Metallica), le death metal (là, c’est un pied dans les entrailles, un pied dans la tombe, voix gutturale et gros riffs qui saignent, avec Obituary, Morbid Angel et plein de groupes au nom poétique), le black metal (chant aigu et criard, tempo souvent rapide, notes dissonantes, le tout marqué par une imagerie ouvertement satanique. Exemple ? Marduk, Mayhem ou encore Hellhammer) ou encore le hardcore (un dérivé violent du punk, se différenciant par ses valeurs et parfois son engagement politique).

Mais on pourrait également citer le metal progressif (chansons longues, structures à tiroir), l’indus (plus martial et industriel – comme son nom l’indique – avec Rammstein et Oomph! en tête), le doom (tempo supra lourd inspiré de Black Sabbath) et le stoner (metal enfumé avec des cigarettes qui font rire).

… et sous-genres

Sauf que le metal, c’est comme les maths. Ça devient vite compliqué. Ainsi, de tous ces styles précédemment cités, il en existe des dérivés. Cela peut aller du simple (le folk metal pour danser, le viking metal qui porte bien son nom, le nu metal et rap metal qui mélangent structures hip hop et metal des années 90) au très compliqué : le crossover, c’est un mélange de thrash metal avec du punk. Le death doom, pour votre soirée dépression, c’est le mariage de la lourdeur du death et de la tristesse du doom. Le grindcore, c’est la violence pure pour vos petites oreilles avec un mix entre le death, le punk hardcore et autres joyeusetés. Vous suivez ? Et là, on ne vient même pas de vous citer la moitié des sous-genres.

On vous épargnera donc la leçon sur le brutal-death-thrashcore-progressif-à-la-fraise.

A Tours de Bulles : la diversité de la BD

A Tours de Bulles revient à Tours pour sa 14e édition. Au menu : bande-dessinée à gogo, dédicaces d’auteurs, expos, conférences et autres animations. Interview de Philippe Septier, directeur du festival de BD.

Philippe Septier, président du festival A Tours de Bulles.
Philippe Septier, président du festival A Tours de Bulles. (photo tmv)

Le festival A Tours de Bulles a su se faire une place dans la rentrée culturelle tourangelle. Revenons sur ses origines.
Avant A Tours de Bulles, nous avions un autre festival qui se déroulait chaque vendredi 13. Mais ça n’était jamais au même moment et, parfois, il y en avait plusieurs par an : difficile de continuer. C’était au-dessus de nos forces (rires) ! Quand une nouvelle équipe s’est formée, on a décidé de faire ça annuellement. D’abord, cela se passait en juin et place Plumereau. Puis nous sommes partis à la salle Ockeghem et avons maintenant envahi la place Châteauneuf ! (sourire) On essaye de proposer un festival convivial et accueillant. On travaille également beaucoup sur l’accueil des personnes en situation de handicap. Tout le monde se mélange ici. C’est la BD pour tous et le moment de découvrir la diversité de la bande-dessinée en passant un bon moment.

 

Pourquoi avoir choisi le thème « famille » cette année ?
C’est en référence à l’album de notre invitée d’honneur, Chadia Loueslati. Une sélection de planches de son roman graphique et autobiographique « Famille nombreuse » sera exposée.

 

Il y a des nouveautés pour cette édition… 2018
Oui, avec la Tour d’Ivoire des mômes. On a eu l’idée de proposer à la Quinzaine du livre jeunesse de choisir quatre album et que le public jeune puisse voter. Le dépouillement aura lieu dimanche midi et le vainqueur sera annoncé à ce moment-là. La deuxième nouveauté est le retour du concert dessiné de fin de festival. Le groupe L’Affaire Capucine s’associera à un bédéiste. C’est l’ADN du festival en fait : la BD a des liens avec plein de choses, musique, peinture, Histoire, etc. A Tours de Bulles est pluridisciplinaire, on montre que la bande-dessinée est quelque chose de plus large et plus riche qu’il n’y paraît.

 

Quels sont vos artistes coups de cœur cette année ?
C’est toujours difficile ! (rires) Je pense à Jean Dytar, auteur de Florida, un album magnifique, un vrai pavé sur la conquête de la Louisiane. Graphiquement, c’est superbe et historiquement, il y a un contenu. Il sera en conférence le samedi. Mais j’aime aussi Jean Barbaud, Janski…

 

Jean Barbaud sera présent. Il est l’artisan de « Il était une fois l’Homme », quelque chose qui réunit toutes les générations. Cela reflète parfaitement l’esprit du festival non ?
Oui, oui. C’est un festival familial, convivial, de 7 à 77 ans comme la BD. Même au-delà… (sourire) Il y a des albums plus durs et difficiles, d’autres plus légers, nous mélangeons les genres. C’est pour tout le monde.

 

Vous imposez-vous certaines restrictions dans vos sélections ?
Ah un Marsault, par exemple ja-mais ! (dessinateur controversé pour ses idées travaillant avec la maison d’édition Ring – NDLR) Sinon, on ne s’impose pas trop de limites. Vous savez, on a parfois fait de la BD érotique – jamais pornographique – ou politique, avec des albums sur les luttes sociales. Le but d’A Tours de Bulles est de montrer la variété de la BD.

 

(Photo A Tours de Bulles)
(Photo A Tours de Bulles)

Quel est votre rapport à la bande-dessinée ?
J’ai commencé avec les magazines Tintin et Spirou tout petit. J’étais un gros collectionneur avant. Mais désormais, en tant qu’organisateur de festival, j’ai un peu plus de distance avec l’objet livre en lui-même. Chez moi, je dois avoir environ 2 000 albums. Et j’en lis beaucoup à la bibliothèque. D’être dans l’association m’a permis de découvrir des genres que je ne connaissais pas forcément. Aujourd’hui, mon style de prédilection est la BD qui raconte des histoires, du vécu.

 

La BD est aujourd’hui de plus en plus adaptée au cinéma. Comment l’expliquer ?
C’est simple : ce sont des bonnes histoires ! Greg disait qu’il fallait trois choses pour faire une BD : une histoire, une histoire et une histoire. Au cinéma, on peut avoir un film magnifique avec des acteurs super, mais s’ennuyer au bout de dix minutes. La BD est d’une richesse scénaristique folle. C’est un média qui permet davantage d’imagination et de possibilités.

 

Idem : le marché de la BD se porte plutôt bien dans le secteur éditorial. Pourquoi ?
Les ventes, oui. Mais c’est plus compliqué que ça. Dans le monde des auteurs, peu en vivent. Beaucoup abandonnent, d’autres se tournent vers l’illustration, certains se regroupent pour trouver des moyens et organiser des actions. Il y a peu d’auteurs dépassant le SMIC… C’est pour ça qu’on aime mettre en avant les jeunes à A Tours de Bulles.

 

Les autrices sont plutôt rares dans les festivals BD. Mais vous leur faites la part belle et elles sont nombreuses à A Tours de Bulles.
C’est clairement une volonté affichée. La profession se féminise et c’est une excellente chose. Il faut faire sortir la BD de l’image d’une bande de mecs qui travaillent pour une bande de mecs. Certaines autrices font des choses formidables.

 

Et vous n’avez pas attendu le mouvement #MeToo pour les mettre en valeur…
Exactement. On a essayé de forcer les choses ! (sourire) On assume parfaitement. J’avais vraiment l’impression qu’elles n’existaient pas dans les festivals.

 

Après cette 14e édition, c’est quoi l’avenir pour vous ?
La 15e ! (rires) On y réfléchit et on aimerait que ce soit une édition améliorée. Déjà en poursuivant notre ancrage local et sa dimension humaine. On n’a de toute façon pas vocation à devenir plus gros, nos moyens sont limités (tous sont bénévoles et le festival est gratuit – NDLR). Je veux travailler avec des gens de Tours. Pourquoi pas le Bateau Ivre ? Côté contenu, j’ai envie de faire venir quelques grands noms de l’étranger.

 Propos recueillis par Aurélien Germain

> Les 15 et 16 septembre, place Châteauneuf. Gratuit. Infos et programme sur atoursdebulles.fr

 

Happy Color : un petit tour(s) en Inde

Ce dimanche, place à la Happy Color ! Mais avant de parcourir vos 5 km sous la poudre colorée, sortez vos cahiers et prenez des notes pour briller en société (ou pas) : on vous rappelle les origines de cette fête qui a séduit le monde entier et ses différences avec la course tourangelle.

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MAIS EN FAIT, D’OÙ ÇA VIENT ?

La Happy Color s’inspire évidemment de la Fête des couleurs, plus connue sous le nom de Holi. Cette fête religieuse hindoue est un moment-clé en Inde, commémorée partout du Nord au Sud. Marquant le début du printemps, elle est célébrée au cours de la pleine lune, en février-mars. Cette année, elle a eu lieu le 2 mars. Le but, comme la Happy Color, est de se jeter de la poudre colorée dessus… et de faire la fête.

OK, MAIS C’EST QUI, HOLI ?

D’après la mythologie hindoue, Holi vient de « Holika », le nom de la soeur du roi-démon Hiranyakashipu. Ce dernier, outre le fait d’avoir un prénom impossible à écrire, régnait en despote. Arrogant et indestructible, Hiranyakashipu voulait se débarrasser de son fils Prahlad. Il faut dire que fiston refusait de vénérer son père et préférait le dieu Vishnu. De quoi compliquer les repas de famille. C’est pourquoi Hiranyakashipu tenta de tuer Prahlad, mais en vain, puisqu’il survécut à tout : mordu par les serpents, attaqué par les soldats du roi, jeté d’une falaise et écrasé par des éléphants.
Costaud le Prahlad ? Bof, surtout sauvé à chaque fois par Seigneur Vishnu. Bref, pas de quoi faire le malin. Papa demanda alors l’aide de sa soeur Holika qui ne craignait pas le feu. Elle prit alors Prahlad avec elle dans les flammes. Mais le Bien triomphant toujours du Mal (vous connaissez, vous regardez des Disney), Prahlad s’en sortit indemne, contrairement à Holika qui brûla vive (fallait pas chercher les Dieux). Prahlad fut récompensé par sa loyauté à Vishnu. Autant vous dire que si vous rencontrez une Holika pendant la Happy Color, fuyez pauvres fous !

UN JOUR FÉRIÉ SANS CASTE

Pas de chance en France, les Happy Color ne permettent pas encore cela… Mais en Inde, la Holi est un jour férié. Célébrant la fécondité, le printemps et la fusion avec le divin, la Fête des couleurs est également un instant très particulier : en effet, c’est l’un des rares moments — si ce n’est le seul — où les castes se mélangent et la hiérarchie n’existe plus.
L’écrivain indianiste Alain Daniélou décrivait Holi comme « le jour où toutes les castes se mêlent, où les inférieurs ont le droit d’insulter tous ceux devant qui ils ont dû s’incliner pendant toute l’année ». Ce qui n’est pas une raison pour cracher sur votre patron lors de la Happy Color à Tours… On vous voyait venir.

TOUS LES COUPS SONT PERMISUNE

Pendant les jours qui précédent la Fête des couleurs, les Indiens s’approvisionnent comme ils peuvent en « munitions » ! Ballons remplis d’eau colorée, seringues, fusils à eau, etc., tout est possible. Il faut être prêt à dégainer et asperger son entourage, ses amis ou les inconnus. Les touristes sont d’ailleurs une cible privilégiée. À la Happy Color de Tours, on lance simplement la poudre colorée à la main sur les participants. Inutile de venir avec votre catapulte faite-main.

D’AUTRES VERTUS

Les Indiens sont persuadés que la Holi possède des vertus médicales avec l’action purifiante des couleurs répandues sur le corps qui renforcerait les défenses naturelles. Elle permet aussi de manifester son amour à ses proches et pardonner ses ennemis (N’hésitez pas à en faire de même à Tours #peaceandlove).
Enfin, la Fête des couleurs en Inde est l’occasion d’un grand nettoyage, où l’on s’occupe de sa maison de fond en comble. Allez les ados, prenez exemple : prenez un balai, c’est l’heure du ménage de printemps dans votre chambre !

COULEURS : LES SIGNIFICATIONS

La Happy Color Tours utilise des poudres de cinq couleurs différentes aux mêmes significations qu’en Inde : le rouge (la joie), le vert (l’harmonie), le jaune (amitié et partage), le bleu (vitalité), l’orange (l’optimisme). Là-bas, après avoir « poudré » sa victime, la coutume veut que l’on s’exclame « Bura Na Mano, Holi Hai ! » (« Ne soyez pas en colère, c’est la Holi ! »). L’esprit de fête fait le reste : on continue de s’amuser, chanter, danser, manger… et boire. Il est d’usage d’avaler du thandaï, breuvage mélangeant lait glacé, amandes, épices et graines de… cannabis !
À Tours, évitons la cigarette qui fait rire : contentez- vous du concert organisé après la course et du happy village. Et n’hésitez pas à nous envoyer vos selfies et vos bouilles colorées sur redac@tmvtours.fr ou via facebook.com/tmv.tours !

PRATIQUE
> Dimanche 3 juin, départs échelonnés de 14 h à 16 h, parvis de l’Heure tranquille. Tarifs : 20 € (adulte) et 18 € (-18 ans et demandeurs d’emploi). > Retrait des dossards et kits cadeaux sur le parvis de l’Heure tranquille, le 1er juin de 15 h à 20 h ; le 2 juin de 10 h à 20 h et le 3 juin de 9 h à 13 h.
> Infos : happycolortours.fr

Le secret du Pilates

Bientôt centenaire, le Pilates continue de conquérir les foules. D’où vient
son succès ?

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La méthode du docteur Pilates est une vieille dame née en 1919. Malgré l’arrivée de nouvelles méthodes de gymnastique, elle résiste et séduit toujours plus d’adeptes, comme Juliette, 22 ans. Elle a découvert le Pilates par hasard et elle est tombée dedans. « En fait, j’avais envie de faire du tai chi et une monitrice est venue au bureau animer un cours de Pilates. C’était vraiment un concours de circonstances. Je cherchais quelque chose de plus zen mais j’ai découvert que ce sport me convenait parfaitement. »
Juliette avoue avoir découvert des muscles qu’elle ne connaissait pas. Elle a pourtant pratiqué la gymnastique en compétition mais pour elle, la grande qualité du Pilates est de faire travailler l’ensemble des muscles en douceur et en profondeur. « C’est un sport qui n’est pas agressif, il n’y a aucune pression. Je sors apaisée de chaque séance. » Le Pilates se pratique sans musique en position assise ou allongée : deux éléments qui accentuent la concentration personnelle. Mais ces exercices, c’est quoi ? « Par exemple, tu apprends à t’enrouler autour d’un ballon, ou assis contre un mur, à le toucher avec chaque partie de ton dos. »
Contrairement au body combat, à l’aquabiking ou à d’autres sports modernes, le but n’est pas de griller des calories ou de se défouler mais de faire travailler « les muscles du dessous » c o m m e d i t j o l i m e n t Juliette. Un travail en douceur, qui évite d’avoir des courbatures en fin de séances. Un autre argument de poids séduit les pratiquantes : certains exercices peuvent être reproduits à la maison. Juliette n’est pas près de raccrocher : « Dans la rue, je m’amuse à contracter différents muscles ! Chaque semaine, j’ai hâte de découvrir de nouveaux exercices. »

Le Tours gratuit : donnez comme vous prenez

Café en attente, Gratiferia, Happy troc… Des mouvements ponctuels de gratuité venus du monde entier se multiplient à Tours, entre nouveaux modes de consommation et façon locale de repenser les échanges humains.

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Sur une grande ardoise noire, à l’Instant ciné rue Bernard-Palissy, treize petits bâtons suivent le mot café. Comme ces traits que l’on trace, en comptant les jours. Là, ce sont des consommations « en attente » : quelqu’un paye deux cafés et en laisse un sur ce tableau, afin de l’offrir à un(e) inconnu( e). Bienvenue dans une de ces nombreuses zones gratuites qui prolifèrent tout doucement à Tours. Un petit geste désintéressé pour changer les choses. Comme cela. Parce qu’on sous-estime parfois la largesse du cœur humain.
Ce concept (aussi appelé café suspendu), Sylvain Petitprêtre, le gérant de l’Instant ciné, y a immédiatement accroché. « Quatre étudiantes sont venues me voir et je me suis tout de suite lancé. » Il prend son ardoise, y inscrit les consommations en attente : café, expresso, thé ou encore jus de fruits… Ses clients se prêtent au jeu. Payer 4 € au lieu de 2 € pour être solidaire, aider. « L’exemple typique, ce sont les petits groupes d’étudiants. S’ils sont cinq ou six, il y en aura souvent un qui ne peut rien consommer, faute de moyens. » Il peut donc prendre un café suspendu. « Il y aussi des retraités… », en raison de leur petite retraite ou simplement pour retisser un lien social un peu usé. On se pose alors la question des malintentionnés qui voudraient avoir leur petit café gratuit : « Alors oui, bien sûr, ça marche sur la confiance », souffle Sylvain Petitprêtre, avec un large sourire.
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Lancée au départ en Italie, cette idée de café en attente a beaucoup plu à quatre copines de l’IUT de Tours. Julie, Agathe, Élisabeth et Ingrid, étudiantes en Gestion des entreprises et administrations (GEA), ont décidé de tenter le coup pour leur projet d’école. « Il n’y avait rien à Tours, ville pourtant connue pour ses cafés. Il y avait un potentiel. Et je trouvais ça tellement bien… On s’est donc lancées en novembre », raconte Ingrid Merleau. Voix douce, posée, elle explique s’être heurtée au refus de certains cafetiers de la place Plumereau et du Monstre. « À cause des stéréotypes… On s’imagine le SDF qui vient, dégoûte le client », soupire-t-elle, trouvant cette attitude « dommage ». « L’un d’eux nous a même dit : “ Je ne vois pas pourquoi je paierais le chauffage pour quelqu’un qui ne paie pas son café ’’… »
Pourtant, cela ne coûte rien au gérant et il peut poser ses conditions. Pour l’instant, ils ne sont que quatre cafés tourangeaux à participer. Les étudiantes aimeraient, bien sûr, plus de participants. « Ça a de très bonnes répercussions et ce n’est pas du boulot en plus pour eux ! » Un concept qui pourrait d’ailleurs aussi donner des idées à d’autres. « Baguette en attente » utilise le même principe : une achetée pour soi, l’autre mise en attente pour une personne dans le besoin. Une centaine d’établissements dans une soixantaine de villes en France participe. Succès plus mitigé en Touraine, puisque, pour l’instant, seule la boulangerie EmiNico à La-Croix-en-Touraine (près de Bléré) joue le jeu.
Cette philosophie du prendre et donner, c’est aussi ce que va tenter La Belle Rouge, à Joué-lès- Tours, une salle proposant habituellement des manifestations artistiques et culturelles. Le 18 mai, elle organise une Gratiferia. Un néologisme en espagnol qui signifie foire gratuite. L’idée, née dans les quartiers populaires d’Argentine, a tapé dans l’œil de Charlotte Ameslon, gérante de la salle, il y a deux mois. « C’est un marché gratuit, c’est sympa ! Pas d’argent, pas de troc ; tout dans un esprit de récup’ pour éviter de jeter », s’enthousiasme- t-elle. Venez les mains dans les poches, sans porte-monnaie, et… prenez ce qui vous fait envie ! Dix minutes après avoir créé l’événement sur Facebook, elle recevait déjà une cinquantaine de réponses ! « Il faut croire que les gens attendaient ça. Là, tout sera gratuit : et pas seulement les objets, mais aussi des services. »
Elle qui dit en avoir « marre de cette société de sur-consommation qui gaspille » a bien conscience que les gens risquent d’être gênés. « Ils vont probablement dire : je n’ose pas. Mais servez-vous, c’est gratuit ! » Une culture inhabituelle qui demande un temps d’adaptation. Car beaucoup pensent encore que ce ne peut pas être gratuit ET désintéressé… Autre zone de gratuité, autre démarche, le Happy troc. Organisé par Adresse à échanger, ce « rendez-vous convivial permet de s’échanger des objets (CD, vêtements, etc.) : du troc ! », explique Marjorie, fondatrice du site. Ce nouveau mode de consommation, qui a essaimé dans six villes de France, aura lieu à Tours à table, le dimanche 13 avril, de 16 h à 18 h. « Il suffit de s’inscrire sur notre site. Il y a une quarantaine de places. Ensuite, vous troquez gratuitement ! »
Une initiative mise en place, car Marjorie et sa collègue Manon sont « à fond sur la tendance du consommer autrement ». Et là encore, comme le café suspendu, « cela marche beaucoup à la confiance. C’est un principe de réciprocité. On n’échange pas qu’un objet. On échange aussi un bon moment ». À chaque fois, au-delà du simple côté gratuit, il y a aussi et surtout cette façon de repenser les rapports humains. « De partage », comme insiste Yohan Vioux, graphiste de Sous le manteau. Avec l’auteur Jérémy Bouquin, le photographe Philippe Lucchese et la relectrice Isabelle Maximin, ils mettent à disposition de tous des cartes postales, avec une petite histoire et un visuel. « On donne un accès gratuit à la lecture, au partage. On l’avait déjà fait avec des petits livres. » Là, leurs cartes postales sont disséminées dans Tours, dans le tramway, à l’Instant ciné… « Toutes racontent une histoire globale. Il y en a 25 au total et pour l’instant, 14 ont été distribuées. Certains les jettent par terre, d’autres les font voyager. Il y en a même une qui a atterri à… l’île de la Réunion ! »
Ces Tourangeaux ont fait ça pour « faire réagir sur notre société. » Un acte gratuit comme un autre, par ailleurs auto-financé à 100 % : « Les cent exemplaires de chaque carte sont imprimés par nos propres moyens… »
Lancée en 2011, la zone de gratuité à la fac des Tanneurs a eu un sacré succès, tout comme ses autres éditions. Idem pour celle du Bar Bidule chez Colette, ou encore celle mise en place rue Nationale à Noël 2013. Elles doivent être appréhendées. Expliquées. Comprises. S’habituer à penser en terme de « je prends ce dont j’ai besoin », plutôt que « je prends tout ce que je peux et j’amasse, car c’est gratuit ». Petit à petit, le 100 % gratis fait son chemin. Tours doit simplement se familiariser avec ces nouveaux modes de consommation et d’échange. L’écrivain Cesare Pavese disait : « Les choses gratuites sont celles qui coûtent le plus : elles coûtent l’effort de comprendre qu’elles sont gratuites… »
Aurélien Germain
++ Café en attente
tmv a décidé de s’associer à l’initiative Café en attente. Pour rappel, les établissements participant pour l’instant au concept sont : Sa Majesté des couches et le Corneille (rue Colbert), l’Instant ciné (rue Bernard-Palissy) et New 7 (Sanitas). Si vous voulez jouer le jeu, direction la page Facebook « Café en attente Tours ». Et rien ne vous empêche non plus de vous inscrire sur « Baguette en attente ».
+ E-books
De nombreux livres, tombés dans le domaine public, sont disponibles gratuitement en PDF sur livrespourtous.com ou encore ebooksgratuits. com À lire sur votre ordinateur ou sur smartphone et tablettes.