Festival de la BD d’Angoulême : entre récompenses, superbes découvertes et hommages à l’Ukraine

De la BD, de la BD… et encore de la BD ! Pour qui aime le 9e Art, le festival de la BD d’Angoulême est « the place to be ». On y a fait un tour et on vous raconte (presque) tout !

Sur la façade de l’hôtel de Ville d’Angoulême, sur fond de projection du drapeau ukrainien, un mapping de feux d’artifices pour cacher le bruit des bombes, là-bas, très loin. Et très proche aussi, avec pour la soirée d’ouverture au théâtre, un émouvant concert de dessins d’auteurs d’une douzaine de nationalités différentes, soutenu par les notes virtuose du pianiste franco-ukrainien Dimitri Naiditch.

L’Ukraine encore, dès la sortie de la gare ou sur des panneaux géants : Manara, Walter Minus, Riad Sattouf et d’autres disent leur soutien, dans ces couleurs bleu et jaune , que l’on retrouve en pin’s et en ruban chez beaucoup.

Dans ce contexte un peu particulier, la participation à cette 49e édition fut un peu moindre mais ô combien réjouissante. Des expositions à n’en plus en finir, comme celle consacrée à l’immense René Goscinny, le scénariste de Astérix, Lucky Luke, Iznogoud et tant d’autres. Un monstre de travail qui imposa ce terme « scénariste », quand celui-ci n’existait pas encore.

Astérix qui fut aussi à l’honneur cette année, avec rien moins que deux fresques, une dessinée par Boucq et l’autre par Catel, et le dévoilement d’un menhir place de la gare pour dire toute la place d’Uderzo (décédé l’an passé) et de Goscinny, inauguré par leurs deux filles.

Que dire aussi de celle sur Chris Ware, un grand monsieur qui après Angoulême, sera présenté au Centre Pompidou avec son art de l’architecture et de la composition époustouflant. On notera aussi celle de « Mortelle Adèle », très rafraichissante, tandis que le Pôle Manga explosait tous les records de fréquentations avec la magnifique exposition sur Mizuki, auteur prolifique.

Palmarès et récompenses

Ce foisonnement, cette richesse, on la retrouve aussi dans le palmarès. C’est donc Julie Doucet, la Canadienne qui récolte le Grand Prix, histoire, aussi, de lui dire qu’on adorerait qu’elle se remette à la BD ! (elle qui n’a rien publié depuis plus de 20 ans…). Car ses ouvrages féministes et pleins d’humour sont toujours autant dans l’air du temps.

Concernant les prix, le Fauve tout en or du brésilien Marcello Quintanilha pour « Ecoute Jolie Marcia » est une récompense amplement méritée, tout comme la série « Bergères Guerrières » de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais pour le Prix jeunesse.

On remarquera aussi, côté auteurs, une belle avancée avec l’annonce de la rémunération des dédicaces dans une dizaine de festivals et la visite de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui a affirmé avoir au moins 1 500 BD chez elle. Elle a salué les 85 millions de livres vendus en 2021 et la progression fulgurante du 9e Art, (merci les confinements et le pass culture !).

Angoulême 2022 fut une belle réussite, sous une météo clémente et un esprit de fête retrouvé. Ne reste maintenant plus qu’à attendre un an avant de fêter le 50e anniversaire de l’événement.

Hervé Bourit

Festival d’Angoulême : passion BD

Notre chroniqueur BD est allé buller au festival d’Angoulême. Du paradis de la bande-dessinée, il en a ramené des souvenirs… et un compte-rendu !

Les acteurs de Seuls, face aux médias.
Les acteurs de Seuls, face aux médias.

Jeudi 26 janvier, muni de mon précieux sésame, je me heurte dès la sortie de l’Hôtel de Ville à la très smart ministre de la Culture Audrey Azoulay. Ça commence bien ! D’autant que cette amoureuse du 9e Art (elle est vraiment incollable) qualifie d’emblée le Festival de joyau. Il n’en fallait pas plus pour dérider une ambiance un peu tendue entre les différents clans qui se disputent la mainmise sur le Festival. Ce dont, d’ailleurs, le visiteur lambda se fiche un peu. Une belle journée donc pour les organisateurs de cette 44e édition qui a vu la foule déferler sur la capitale des Charentes.

Et la joie d’être là continuait avec la visite des expositions du Festival comme celle, vraiment très bien mise en valeur, de Hermann, Grand Prix 2016, dont le dessin et l’univers nous ont bluffé. Cela paraissait difficile de faire mieux et pourtant… On est tombés à la renverse en voyant la sublime rétrospective consacrée au grand dessinateur américain Will Eisner, au musée de la BD. Le créateur du Spirit et inventeur du roman graphique était sublimé avec une mise en scène de son oeuvre très inventive. Que dire alors de l’oeuvre de Kazuo Kamikura, exposée au musée d’Angoulême dont l’esthétisme et le graphisme séduisent au plus haut point. Image9

Il fallait aussi voir l’expo Valérian de Christin et Mezières, dont Luc Besson s’apprête à donner vie et qui s’annonce vraiment impressionnant coté mise en scène. Du 7e Art, il en a été beaucoup question à cette édition puisqu’on a pu y voir Seuls, tiré de la BD éponyme chez Dupuis et qui s’annonce comme un des beaux succès de cet hiver. Mais aussi plein d’adaptations, notamment du côté des comics de la maison d’édition Panini (Spiderman et Avengers entre autres), et aussi des projets à la pelle puisque la BD est devenue un immense réservoir pour les réalisateurs de cinéma.
D’ailleurs, mêler BD et autres formes artistiques, c’est un peu la marque de fabrique d’Angoulême avec les fameux concerts de dessin. C’est ainsi que, le vendredi soir, on s’est retrouvés dans le superbe théâtre d’Angoulême pour écouter China Moses et voir dessiner Pénélope Bagieu. Un régal !

Image8Rebelote le lendemain avec le superbe concert de Morgane Imbault (l’ex-autre moitié de Cocoon qui, sur les mots de Jean-Louis Murat et le dessin de Chabouté, a proposé un magnifique « Les Songes de Léo » élégant. Le contraste avec la soirée « BD cul » des éditions Requins Marteaux qui a suivi fut assez grand.

C’est aussi cela Angoulême : un grand écart permanent jusque dans la remise des prix. Mathieu Bonhomme, couronné pour sa reprise de Lucky Luke, et Paysage après la bataille de De Pierpont et Lambe, meilleur album 2017… le fossé est parfois vertigineux. Coup de cœur, cette année, au retour des éditions Dupuis avec de vraies propositions d’animation qui changent des stands traditionnels, l’attention portée aux mangas ou encore l’organisation pour la copie rendue cette année en quelques mois seulement. Vivement 2018 !

Hervé Bourit

Festival d’Angoulême : la BD dans tous ses états !

Le Festival de bande-dessinée d’Angoulême débutera ce 26 janvier. Tmv y envoie d’ailleurs Hervé Bourit, son chroniqueur BD.

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C’est sous une affiche magnifique signée Hermann que la 44e édition du Festival d’Angoulême laissera éclater ses bulles du 26 au 29 janvier. On se souvient  des polémiques qui ont agité le landernau BD l’an passé. Pas assez de filles auteures dans les nommés, fronde des éditeurs, auteurs en colère contre leur régime de retraite,…on en passe et des meilleurs.

C’est pourquoi on attendait cette édition 2017 « au tournant ». C’est d’ailleurs le titre d’un excellent livre (Editions Harmonia Mundi) du grand spécialiste du 9ème art Thierry GROENSTEEN qui a scruté tout cela avec l’œil du théoricien qu’il est, et qui en faisant la synthèse des mutation économiques et artistiques de la BD nous livre un tableau hyper complet et très documenté sur l’état du 9ème art.
Alors, crise de la BD ? Crise à Angoulême ? Que nenni, même si de sombres nuages s’annoncellent comme la surproduction des titres ou baisse des revenus des auteurs, le 9e Art tient encore de bout et la capital des Charentes reste contre vents et marées son plus grand haut-parleur. Pensez donc : pendant ses quatre jours, on va croiser pas loin de 2000 auteurs, dont certains venus de Chine, des Etats-Unis, du Japon, bref du monde entier.
On va baver d’admiration devant des expositions de haute volée comme celles d’HERMANN donc, de Will EISNER, de Kazuo KAMIMURA, découvrir la French Touch de Marvel ou saliver devant  celle du future film de BESSON, « Valérian » d’après l’œuvre de CHRISTIN et MEZIERES !

Incroyables, d’ailleurs, les liens que la BD peux entretenir avec le cinéma et l’animation puisqu’à Angoulême, on parle bande-dessinée avec tout une série d’événements, comme l’avant-première du très attendu « Seuls » adapté des ouvrages de GAZZOTTI et VEHLMAN ou encore la projection de l’intégrale de la série d’animation « Last Man » de Bastien VIVES. Incroyables, aussi, les liens entre BD et musique, comme ce concert de Morgan IMBAULT (l’ancienne chanteuse de COCOON) qui mettra en voie un conte musical illustré par CHABOUTE, mais aussi avec les concerts de dessin dont un à me pas manquer, la rencontre entre la délicieuse China MOSES et la non moins talentueuse Pénélope BAGIEU !

Des Tourangeaux au programme

Et puis il y aura cette foule de plus de 200 000 visiteurs et surtout cette jeunesse qui de concours en ateliers,  de rencontres en expos créées spécialement pour elle, va buller à mort. Il y aura aussi ces rencontres, ces débats, ces échanges de droits (eh oui, on parle et on fait aussi du business dans la cité de Marguerite de Valois).
On y croisera donc un paquet d’auteurs Tourangeaux, comme PEHEL, RELOM, TERREUR GRAPHIQUE … notre éditeur saint-avertinois préféré  de la Boite à bulles, et même quelques figures locales comme l’an passé Gary CONSTANT ou Eric DERIAN ! Bref on ne saura plus comme d’habitude ou donner de la tête avec des stands plein à craquer de propositions éditoriales toutes aussi tentantes les uns que les autres, sans oublier d’aller aussi jeter un œil à l’ espace bouquinistes et produits dérivées .

On finira avec des prix en veux-tu en voilà pour tous les styles pour tous les goûts avec cette année (il était temps) un grand Prix du Scénario en hommage au regretté René GOSCINNY. Bref Angoulême est toujours là, toujours vivant, et toujours bouillonnant avec une frénésie incroyable et une vitalité extraordinaire qui vaut largement le déplacement n’en déplaise à quelques âmes chagrines et grincheuses.

Hervé Bourit

>> Festival d’Angoulême. Du 26 au 29 janvier. Infos sur www.bdangouleme.com