Nostalgie : pour mieux vivre le quotidien

Alexandre Liégard, collectionneur de Playmobil à la ville, monteur vidéo chez France 3 Poitou-Charentes à la scène. De sa passion naît La Piste Sherman, bel hommage aux jouets de son enfance sélectionné dans plusieurs festivals

Alexandre Liégard
Alexandre Liégard

Qu’est-ce que La Piste Sherman ?
C’est un film de Playmobil, pour les adultes qui y ont joué et ont rêvé de les voir s’animer. L’histoire : une bande de hors-la-loi sudistes veut récupérer le trésor amassé par les Yankee durant les pillages de la Guerre de Sécession.

Comment est né le projet ?
À 18 ans, j’ai réalisé un premier western d’animation avec ma collection de Playmo. Après l’avoir montré au siège français de la marque, j’y ai décroché un stage d’observation rémunéré en jouets, la gamme Playmobil western dans son intégralité ! En 2010, en pleine crise de la quarantaine, j’ai mis en ligne ce film sur YouTube. Bilan : 200 000 vues et des critiques encourageantes. J’ai eu envie d’aller plus loin. Une dizaine d’amis, tous professionnels de l’audiovisuel, m’a dit banco ; nous avons créé l’association Les Films de Copains. Chacun a apporté ses compétences bénévolement.

Est-ce facile de mettre en scène les Playmobil ?
La technique utilisée s’appelle le stop motion ou animation image par image. On décompose le mouvement en prenant une photo à chaque période, comme pour Wallace et Gromit. Sauf que les Playmo sont réputés pour leur rigidité ! C’était un vrai défi. Mais, en tant que fan, je ne concevais pas les personnages autrement et voulais respecter le jouet à 100 %. Cela a dû prendre beaucoup de temps… Le film dure sept minutes et nous a demandé un an et demi de travail en parallèle de nos activités professionnelles respectives. Cet épisode pilote a nécessité 30 jours de tournage et 100 Playmobil, dont la moitié animée. Il faut savoir que, derrière un plan large de bataille, il y a environ 10 heures d’animation et 500 photos.

Tous les Playmobil du film vous appartiennent ?
Beaucoup des personnages du film viennent de la gamme offerte à la fin de mon stage d’observation. Certains, comme Sherman ou la gare, ont été customisés par des fans rencontrés sur des forums. Afin de me procurer ceux qui manquaient pour le tournage, j’ai vendu mes Playmo vintage des années 70. Mais surtout, pour financer le projet, j’ai revendu mon incroyable collection de figurines Star Wars.

Si je vous dis « envies d’enfance » ?
La nostalgie me permet de mieux vivre le quotidien. J’en ai besoin pour passer de bons moments. Je possède les intégrales des dessins animés de ma jeunesse en VHS, je peux écouter en boucle le générique de Il était une fois… L’homme. Je participe à des rassemblements Playmobil, achète et vends sur eBay ou Le Bon Coin. Ma collection est si importante qu’elle ne peut tenir dans une seule pièce !

 lesfilmsdecopains.com

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Réforme des régions : quelle capitale ?

Philippe Lagrange, doyen de la faculté de droit et de sciences sociales de Poitiers, nous éclaire sur le projet de fusion entre le Centre, le Poitou-Charentes et le Limousin.

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Quel est selon vous le principal problème de cette fusion de trois régions ?

Le choix de la capitale régionale. Va-t-on choisir une capitale existante, Orléans, Poitiers ou Limoges ? Tours serait un choix intéressant de par sa place centrale, d’autant qu’elle n’aurait pas cet héritage de capitale régionale. Limoges est une ville très peuplée (agglomération de 282 000 habitants). Les critères sont nombreux, choisira-t-on une capitale bien desservie par le train ? Ce choix aura des conséquences.
Quels problèmes pose cette réorganisation ?
Si Poitiers perd son statut, les collectivités territoriales du Poitou-Charentes n’auront plus de raison d’être. Il pourra subsister des antennes mais les institutions seront plus centralisées. Même chose pour Limoges et Orléans si elles ne sont pas choisies. Les conseils généraux vont disparaître à l’horizon 2020, entraînant le redéploiement des fonctionnaires, des postes non renouvelés. Les rectorats, les chambres et les agences régionales seront ou non transférés. Ces ajustements coûteront cher et beaucoup de questions subsistent.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
L’accord du Parlement est encore incertain. Je pense que les députés vont dépasser le clivage droite- gauche pour voter sur ce projet. Il y a beaucoup d’insatisfaits. Le président Hollande ne peut se permettre de faire un référendum, car les gens ont plutôt tendance à voter pour ou contre la personne qui pose la question. Dans ce contexte, le désaveu serait trop important. Fusionner les régions ne nécessite pas de révision de la Constitution, problème que posera la suppression des départements. Il y a un réel besoin de réforme économique en France. Une révolution n’étant pas possible, les économies se verront sur 5 à 10 ans.
Propos recueillis par Axelle Guinon
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Université : ma thèse en 180 secondes chrono

Le Tourangeau Thomas Loyau vient de remporter le premier prix du concours Ma Thèse en 180 secondes de la Région Centre et du Poitou-Charentes.

Comment on fait pour résumer sa thèse en 180 secondes ?
Ce n’est pas toujours facile de faire de la vulgarisation. J’ai mis une journée, avec l’aide d’une amie bloggeuse, pour formuler et rendre accessible les aspects techniques. Depuis que j’ai commencé ma thèse, j’avais du mal à expliquer à mes amis ce que je faisais. J’en disais juste trois mots. Là, après mon passage, tous m’ont dit qu’ils avaient compris.

Justement, en quelques mots, vous faites quoi ?
(Rire) Je travaille sur l’élevage des poulets de ferme dans les pays chauds qui ont du mal à s’acclimater ans un laboratoire de l’Inra. Il existe une technique qui permet de faire varier la température dans la couveuse pour qu’ils soient mieux adaptés au chaud. J’ai essayé de voir ce qui se passait au niveau cellulaire. J’ai aussi regardé si cela changeait la qualité de la viande, ce qui n’est pas le cas.

Quelle reconnaissance ont les chercheurs, aujourd’hui, chez le grand public ?
Nos travaux, à l’Inra, sont assez valorisés dans la communauté scientifique. En revanche, il y a peu de choses faites à destination du grand public. La recherche parfois, est mal vue dans notre société. Dans mon domaine, on pense tout de suite aux OGM alors que nous ne travaillons pas du tout sur la modification génétique. Je crois que vulgariser, c’est un moyen de voir pourquoi nous finançons la recherche.

Et dans la communauté scientifique, réduire sa thèse à 180”, ce n’est pas mal vu ?
Je n’ai eu que des bons retours de l’équipe dans laquelle j’ai travaillé à l’Inra. Un autre concurrent m’a parlé de certaines critiques, mais franchement, je pense que ce concours est positif. C’est aussi un bon moyen d’expliquer ses recherches lors d’un entretien d’embauche : en face de nous, ce ne sont pas forcément des spécialistes.

Propos recueillis par B.R.

Thomas Loyau lors de sa victoire à Poitiers. Il représentera le Centre et le Poitou-Charentes à Lyon lors de la finale nationale début juin.
Thomas Loyau lors de sa victoire à Poitiers. Il représentera le Centre
et le Poitou-Charentes à Lyon lors de la finale nationale début juin.